Reportage
Allemagne : en finir avec le sida d’ici 2020
12 mai 2017
12 mai 201712 mai 2017Assis au volant de sa Mini Cooper, vêtu d’un pantalon de cuir traditionnel bavarois et d’un éléga
Assis au volant de sa Mini Cooper, vêtu d’un pantalon de cuir traditionnel bavarois et d’un élégant gilet noir, Maik respire la santé. Difficile de croire que neuf ans auparavant, il luttait pour rester en vie.
Maik a 43 ans et il est ingénieur et testeur de véhicules pour un grand constructeur automobile allemand. Il parle lentement, avec douceur : « à cette époque, je ne pensais pas pouvoir reconduire une voiture un jour ».
Il y a neuf ans, Maik a laissé ses médecins pour le moins perplexes. Il avait perdu 30 kilos et était tombé très malade. En son for intérieur, Maik savait qu’il avait peut-être le VIH : en tant qu’homme gay, il savait qu’il était davantage exposé au risque d’infection, mais il était prudent et son dernier test de dépistage, 10 ans auparavant, était revenu négatif. Mais il était inquiet. « J’avais en tête les vieilles images du sida », explique-t-il. « J’étais terrifié ».
Malgré des symptômes évidents, son médecin ne lui propose pas de test de dépistage du VIH, se contentant de le renvoyer chez lui avec des pastilles pour la gorge afin de soigner son infection buccale. « Pour moi », se souvient Maik, « cela suffisait à prouver que je n’avais pas le VIH ».
Ce n’est que lorsqu’il fut adressé à un spécialiste que l’éventualité du VIH est apparue et que Maik s’est vu proposer un test de dépistage. Le résultat est revenu positif. Maik avait le VIH et son système immunitaire était en train de s’affaiblir. « Je me suis dit que j’allais mourir parce que je n’avais pas eu le courage de faire un test de dépistage ».
À la maison, il laisse alors le choix à son partenaire. « Va-t-en maintenant ou reste et regarde-moi mourir ».
Son partenaire est resté et Maik a reçu un traitement antirétroviral.
Un vrai miracle : seulement six semaines plus tard, il était de retour au travail. « J’ai été incroyablement chanceux », raconte Maik. Aujourd’hui, il travaille à temps plein 40 heures par semaine et fait même du sport.
Maik a choisi de raconter son histoire pour inspirer et encourager les autres à se faire dépister dans le cadre de la campagne de l’organisation non gouvernementale allemande Deutsche AIDS-Hilfe pour en finir avec le sida en Allemagne d’ici à 2020. Intitulée « Kein AIDS für Alle », cette campagne vise à stopper les nouvelles infections à VIH et à s’assurer que plus personne ne développera le sida d’ici à 2020.
« La fin de l’épidémie de sida est à portée de main en Allemagne et faire en sorte que les gens connaissent leur état et puissent accéder au traitement est capital pour atteindre cet objectif », a déclaré le Directeur exécutif de l’ONUSIDA Michel Sidibé.
Le VIH en Allemagne (chiffres de 2015 de l’Institut Robert Koch)
85 000 personnes vivant avec le VIH
72 000 personnes connaissant leur statut séropositif au VIH
60 700 personnes sous traitement antirétroviral
3 200 nouvelles infections à VIH
<500 décès liés au sida
Le traitement anti-VIH est disponible en Allemagne depuis plus de 20 ans, ce qui a empêché la propagation du sida et permis aux personnes vivant avec le VIH de vivre plus longtemps et en meilleure santé. On estime toutefois que plus d’un millier de personnes développent le sida chaque année en Allemagne en raison d’un diagnostic tardif ou parce qu’elles n’ont pas accès au traitement.
« Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les gens ne font pas de test de dépistage. Certains pensent qu’ils ne sont pas exposés au risque, et même les médecins n’admettent pas toujours la nécessité d’un test de dépistage », explique Silke Klumb de Deutsche AIDS Hilfe. « Il existe aussi encore en Allemagne une grande peur de la stigmatisation et de la discrimination. Et malheureusement, tout le monde n’a pas accès aux services anti-VIH : les migrants sans papiers, par exemple, sont l’un des groupes laissés pour compte ».
La campagne Kein AIDS für Alle va permettre d’informer les gens sur les risques d’infection à VIH et de montrer qu’un résultat positif au test de dépistage n’est pas une condamnation à mort, mais la première étape d’une vie longue et en bonne santé.
« N’attendez pas qu’il soit trop tard », insiste Maik. « Faites régulièrement des tests. Un diagnostic positif au VIH est une expérience traumatisante. Mais il est possible de bien vivre avec le VIH, à condition de recevoir un traitement ».
Le VIH est le virus qui provoque l’infection à VIH. Le sida est le stade le plus avancé de l’infection à VIH.
La campagne aura aussi pour but d’éliminer la stigmatisation et la discrimination autour du VIH et d’encourager les personnes issues des populations clés à se tourner vers les services de prévention, de dépistage, de traitement et de soins anti-VIH grâce à des initiatives innovantes. Des médecins apporteront aussi leur contribution dans le cadre des efforts en faveur d’un diagnostic plus précoce du VIH.
Deutsche AIDS Hilfe est une association indépendante sans but lucratif de 120 organisations membres autonomes, notamment des organisations qui proposent des services de traitement contre le sida et la dépendance aux drogues, des projets de prévention du VIH, des centres gays et lesbiens et des projets de logement et de soins à domicile. Ensemble, ces organisations s’engagent pour la prévention, le traitement, les soins et l’appui contre le VIH et en faveur de la sensibilisation au VIH dans toute l’Allemagne.
Dans le cadre des actions pour le respect des engagements de la Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida, l’ONUSIDA œuvre en faveur des prestations de services à base communautaire et du renforcement des capacités des organisations de la société civile pour la fourniture de services de prévention, de traitement et de soins anti-VIH sur la base d’une approche non discriminatoire qui respecte, promeut et protège les droits de l’homme.