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Déclaration d’engagement pour intensifier les efforts en vue de mettre fin au sida, d’éliminer les injustices sociales, mais aussi d’atteindre les femmes et filles laissées pour compte

12 novembre 2019

Cette année marque le 25e anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) qui a vu 179 gouvernements adopter un Programme d’action historique. Ce document affirme clairement que les droits à la santé de la reproduction font partie intégrante des droits humains, qu’ils sont essentiels à l’autonomisation et à l’émancipation des femmes et des filles, mais aussi pour parvenir de manière plus générale à l’égalité des sexes et au développement durable.

Du 12 au 14 novembre, les gouvernements kenyan et danois ainsi que le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) organisent ensemble le Sommet de Nairobi dont l’objectif est de mobiliser la volonté politique et les engagements financiers nécessaires pour mettre enfin en place le Programme d’action dans sa totalité.

Au cours de cette conférence, l’ONUSIDA soulignera l’importance de la prévention, du traitement et des soins liés au VIH en tant que partie intégrante de l’agenda de la CIPD. L’ONUSIDA se prononcera également en faveur de services de santé de la reproduction et sexuelle pour tous, ainsi que pour l’accès à des services adaptés aux besoins des adolescentes et des jeunes femmes.

Le premier jour de cette conférence, la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a fait une déclaration d’engagement au nom du Secrétariat de l’ONUSIDA en vue d’intensifier les efforts pour mettre fin au sida, d’éliminer des injustices sociales, mais aussi d’atteindre les femmes et filles laissées pour compte.


En ma qualité de Directrice exécutive de l’ONUSIDA et de coorganisatrice de la Global HIV Prevention Coalition (GPC), je vais accélérer les activités inachevées du Programme d’action de la CIPD, de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, ainsi que de la Déclaration politique sur le VIH et le sida.

Chaque semaine, 6 200 adolescentes et jeunes femmes sont infectées du VIH. La mortalité maternelle est la première cause de décès chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans.  Cette situation est intolérable, immorale et déraisonnable, et ce, 25 ans après Le Caire.

Malgré les progrès réalisés dans la prévention du VIH auprès des adolescentes et des jeunes femmes, trop restent encore oubliées, en particulier celles victimes de formes croisées de stigmatisation, de discrimination et d’inégalités. Elles sont ainsi exposées à un risque élevé de contamination au VIH et aux IST, de grossesse non désirée, d’avortement dangereux, mais aussi de violences basées sur le genre et de pratiques néfastes. Rien de surprenant à cela : les normes et les tabous liés au genre et touchant à leurs vies et droits sexuels et de la reproduction sont omniprésents, l’accès à une éducation sexuelle complète reste limité et la piètre qualité des services réduit leurs choix et n’arrive pas à apporter aux jeunes femmes toutes les interventions nécessaires à leur émancipation. Le GPC estime qu’en 2018, moins de la moitié des zones à forte prévalence du VIH disposait de programmes de prévention du VIH spécialisés. Un résultat bien loin de l’objectif mondial de fournir ces services à 90 % des adolescentes et des femmes d’ici 2020.

Nous disposons pourtant du savoir-faire pour leur transmettre le potentiel inhérent à la prévention et satisfaire leurs droits. Nous devons agir sans attendre pour les écouter, leur rendre justice et nous assurer que la CSU leur corresponde.

Nous saluons les 28 ministres représentant les pays parmi les plus touchés par le VIH pour leur leadership politique et leurs engagements pris ici, à Nairobi, le 11 novembre, au cours de la réunion des ministres du GPC.  

Nous avons également entendu les appels à l’action et les demandes de jeunes femmes. Notre engagement s’adresse à toutes les adolescentes, et à tous les jeunes, appartenant notamment aux populations clés confrontées à l’épidémie du VIH dans le monde entier.

L’ONUSIDA s’engage au plus haut niveau et en collaboration avec nos entités sœurs du Programme conjoint de l’ONUSIDA et de la famille de l’ONU au sens large à promouvoir une volonté politique qui fera la différence en matière de prévention du VIH, mais aussi des droits et de la santé de la reproduction et sexuelle des jeunes femmes.  Et cela, grâce au soutien que nous apportons ensemble aux gouvernements nationaux et avec la participation active de la société civile et des organisations communautaires de femmes et de jeunes, dans toute leur diversité, dans notre prise de décision ;

En particulier sur le continent africain, où les jeunes femmes sont les plus touchées par l’épidémie, nous nous engageons à poursuivre une initiative stratégique avec l’UNFPA et l’ONU Femme pour éliminer les barrières et les normes sociales néfastes qui favorisent leur plus grande vulnérabilité face au VIH.

D’ici fin 2020, le partenariat GPC aidera des pays à :

  • Supprimer les lois imposant aux ados d'obtenir l’accord parental pour accéder à des services de santé de la reproduction et sexuelle, dont la contraception, ainsi que le dépistage, la prévention et le traitement liés au VIH, dans 4 pays d’Afrique subsaharienne : le Lesotho, le Malawi, l’Ouganda et la Zambie. Ce type de lois menace la santé publique et ne fait que nuire grandement aux jeunes.
  • Garantir aux adolescentes et jeunes femmes l’accès à des informations, à une éducation et à des services intégrés de santé de la reproduction et sexuelle dans des régions où le VIH est extrêmement présent, dans 7 pays : le Botswana, l’Eswatini, le Lesotho, le Mozambique, la Namibie, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe. L’accent sera mis sur une prévention efficace du VIH et des IST au sein des services de contraception et d’élargir le choix de la contraception. Il s’agira également de s’attaquer aux violences sexuelles et basées sur le genre au sein de programmes transversaux intensifiés afin de libérer les facteurs sociaux et économiques permettant aux jeunes femmes de s’épanouir, ainsi que d’exercer leurs droits à la santé de la reproduction et sexuelle.

Dans le monde entier, nous nous engageons auprès des ados et des jeunes et de toutes les communautés les plus touchées par l’épidémie du VIH à :

  • Tirer le maximum du leadership et des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour répondre au mieux aux besoins et aux exigences des adolescentes, des jeunes femmes et d’autres populations clés vivant avec le VIH ou exposées à un risque élevé de contamination, dans toute leur diversité. L’accent sera mis sur les actions de prévention au niveau local et de terrain, ainsi que sur des approches qui luttent contre la pauvreté, la discrimination et les violences basées sur le genre.
  • Galvaniser la volonté politique pour mettre fin aux injustices sociales dans 30 pays répartis dans toutes les régions par le biais du Partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH. Nous devons affronter ouvertement la peur, les menaces, la violence, la persécution, les lois pénales, les traitements humiliants, ainsi que les violations des droits essentiels et des libertés fondamentales de chaque être humain auxquels sont confrontées au quotidien certaines des communautés les plus oubliées du monde, en particulier les populations clés fortement touchées par l’épidémie du VIH comme les professionnel(le)s du sexe, les personnes transgenres, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes ayant une autre orientation sexuelle ou identité de genre, les personnes qui consomment de la drogue, en détention et migrantes, pour ne citer que ces groupes.
  • Pour finir, le Secrétariat de l’ONUSIDA élaborera et fournira une méthodologie simplifiée pour aider les pays à recueillir des données fiables sur les populations clés afin d’améliorer la planification et la mise en place de la prévention, du traitement et des services d’aide liés au VIH, ainsi que de protéger les droits, la sécurité et la dignité d’être humain de ces groupes. Certaines communautés sont tellement marginalisées et discriminées que des gouvernements refusent même de reconnaître leur existence et encore moins de considérer leurs membres comme des citoyennes et citoyens à part entière de leur pays.

Il est indispensable de mettre en place rapidement tous ces engagements si nous voulons garantir que les promesses prises au Caire atteignent tout le monde dans nos efforts pour parvenir aux ODD d’ici 2030. Ce n’est qu’en plaçant les communautés au centre de notre travail et en investissant dans les ripostes dirigées par des organisations communautaires, des femmes et des jeunes que nous serons en mesure de léguer un monde meilleur aux jeunes générations actuelles et à celles à venir.

Conférence internationale sur la population et le développement

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