Reportage
Mr Gay England met les stigmatisations liées au VIH sur le devant de la scène
06 septembre 2019
06 septembre 201906 septembre 2019En devenant Mr Gay England 2018, Philip Dzwonkiewicz souhaitait utiliser sa visibilité pour parle
En devenant Mr Gay England 2018, Philip Dzwonkiewicz souhaitait utiliser sa visibilité pour parler du VIH. Après avoir lutté pendant des années pour assumer son statut sérologique, il a décidé de ne plus le cacher.
« Aujourd’hui, j’ai arrêté de vivre plusieurs vies en parallèle », a-t-il déclaré. « Mon statut sérologique n’est plus un secret, ce qui m’a enlevé un poids énorme des épaules. »
L’année suivante, il a également utilisé la compétition Mr Gay Europe 2018, où il a fini troisième, pour continuer d’attirer l’attention sur le VIH. « Je suis toujours surpris lorsque les gens me disent que je n’ai pas l’air d’avoir le VIH. Cela montre bien que les idées fausses ont la peau dure », continue-t-il.
Ce danseur et performeur londonien dans l’âme n’a pas hésité un instant pour être au cœur d’un documentaire. Le film Jus+ Like Me montre comment M. Dzwonkiewicz accepte son statut sérologique, ainsi que les répercussions sur ses relations avec ses partenaires et sa famille. Depuis son lancement, ce documentaire a remporté les European Cinematography Awards ainsi que le Queen Palm International Film Festival. Il a également atteint les demi-finales des London Independent Film Awards et des ARFF Berlin International Awards.
« Je suis sud-africain, donc le sida ne m’est pas inconnu, mais j’ai été surpris par le nombre de personnes qui sont sorties de l’ombre après avoir vu le film et ont raconté leur quotidien avec le VIH », raconte Tom Falck, le producteur exécutif du film. Il a senti que l’histoire de M. Dzwonkiewicz avait beaucoup de potentiel. En effet, l'une de ses relations s’est terminée parce qu’il n’avait pas dit qu’il avait le VIH. Tom Falck respecte cependant la décision prise par certaines personnes de ne pas révéler leur statut sérologique. « L’histoire de Phil est tellement inspirante et authentique. Beaucoup s’y retrouvent », explique-t-il.
Le film a reçu de manière générale un très bon accueil, mais les producteurs sont conscients que les stigmatisations sont toujours monnaie courante. « Les messages de haine sur les réseaux sociaux confirment totalement que nous avons atteint notre objectif », continue-t-il. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’être spectateurs. Il est important de lutter ensemble contre les injustices et les discriminations. »
Dans le film, M. Dzwonkiewicz espère que le documentaire aidera quelqu’un « dans la même situation. » M. Falck et lui ainsi que le metteur en scène Samuel Douek ont lancé la campagne #JUSTLIKEME pour éviter que le sujet ne tombe aux oubliettes. Ils souhaitent ainsi encourager d’autres personnes à sortir de l’ombre pour partager leur histoire.
M. Dzwonkiewicz explique qu’il conseille depuis plusieurs années ses amis à titre privé, mais qu’il a rejoint aujourd’hui l’équipe de Positive East, une organisation non gouvernementale apportant des services d’assistance liés aux VIH, où il aide des gens dans sa situation. « Je veux apporter ma petite contribution et aider comme je peux celles et ceux qui en ont besoin », continue-t-il. Son travail auprès d’autres malades lui ouvre les yeux sur la situation dans d’autres communautés.
« Les personnes que je rencontre ont une autre origine sociale que moi, mais toutes leurs histoires se ressemblent », explique M. Dzwonkiewicz. Il est convaincu que les personnes concernées doivent s’entraider. Il se souvient comment 56 Dean Street, la principale clinique londonienne du National Health Service dédiée à la santé sexuelle, l’a accompagné à toutes les étapes, depuis le dépistage en passant par le traitement jusqu’à comprendre le concept « U = U » (untransmittable = undectectable, non transmissible = indétectable). À l’instar des personnes prenant quotidiennement des antirétroviraux, M. Dzwonkiewicz ne peut plus transmettre le VIH, car le virus est maintenant indétectable dans son sang.
« Ma qualité de vie s’est nettement améliorée depuis que j’apporte ici des conseils, de l’aide et un soutien psychologique », poursuit-il à propos de 56 Dean Street.
« Je ne suis pas mon statut sérologique », déclare-t-il. « Je suis comme tout le monde qui vit à 100 %. »