Reportage

La 51e Conférence mondiale de l’Union sur la santé respiratoire s’ouvre aujourd’hui alors que la COVID-19 menace d’inverser la baisse du nombre de victimes de la tuberculose

20 octobre 2020

La 51e Conférence mondiale de l’Union sur la santé respiratoire placée sous le thème « Advancing Prevention » s’est ouverte aujourd’hui. Pour la première fois depuis sa création il y a 100 ans, la conférence est organisée en ligne à cause de la pandémie de COVID-19. Cette manifestation fournira des informations scientifiques récentes sur la tuberculose, la pollution de l’air et la lutte antitabac. Elle proposera également des sessions dédiées à la COVID-19 et aux domaines où elle coïncide avec la santé respiratoire et les maladies infectieuses. Son Altesse Impériale, la princesse consort Akishino du Japon, l’ancien président Bill Clinton, Shannon Hader, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA, et Divya Sojan, une infirmière et survivante de la tuberculose, pour ne citer que quelques noms, interviendront au cours de cette conférence.

Selon le Rapport 2020 sur la lutte contre la tuberculose de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le nombre de décès liés à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH a reculé de 63 % depuis 2010. Ce résultant encourageant n’est plus très loin de l’objectif mondial (-75 %) adopté avec la Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida. Toutefois, ce document révèle également que la tuberculose reste la principale cause de mortalité parmi les personnes vivant avec le VIH. Un peu plus de 200 000 victimes lui étaient imputables en 2019, soit 30 % de tous les décès des suites d’une maladie opportuniste.

Moins de la moitié des 815 000 personnes environ vivant avec le VIH et ayant contracté la tuberculose en 2019 a été identifiée, diagnostiquée et recensée par les programmes nationaux comme recevant un traitement pour les deux maladies. La majorité d’entre elles passent soit entre les mailles des programmes, ne sont pas diagnostiquées ou soignées correctement ou encore leur traitement n’est pas consigné comme il le devrait. Néanmoins, dans plus de 80 pays et territoires, une fois un diagnostic établi, 90 % au moins des personnes souffrant de tuberculose connaissent leur statut sérologique et 88 % des personnes vivant avec le VIH et suivant un traitement de la tuberculose reçoivent une thérapie antirétrovirale qui les maintient en bonne santé.

La tuberculose peut être soignée et il est possible d’empêcher les contaminations. L’OMS recommande depuis 2004 un traitement préventif de la tuberculose pour toutes les personnes qui viennent d’apprendre leur séropositivité. Ainsi, cela évite qu’elles ne contractent la tuberculose, ce qui sauve des vies. Jusqu’à récemment, cette couverture était pourtant totalement inadaptée. Néanmoins, la combinaison d’efforts militants, d’un volontarisme politique, d’une meilleure disponibilité d’options de traitement plus courtes et plus faciles à respecter, d’un financement adapté et de l’engagement des communautés s’est traduite par une augmentation impressionnante du nombre de personnes vivant avec le VIH recevant un traitement préventif de la tuberculose.

En 2019, l’OMS indiquait que 3,5 millions d’entre elles avaient commencé un traitement préventif contre la tuberculose, alors qu’elles n’étaient que 1,8 million un an auparavant. Ces 5,3 millions de personnes au total pour ces deux années représentent déjà 88 % de l’objectif 2022 fixé à 6 millions dans la Déclaration politique des Nations Unies sur la tuberculose, ce qui donne bon espoir d’atteindre cet objectif avant l’heure.

« Il a fallu des dizaines d’années pour effacer les doutes du personnel de santé et des communautés, pour mobiliser des financements dédiés au traitement préventif de la tuberculose et pour investir dans la recherche en vue de mettre au point des traitements plus courts, plus efficaces et mieux acceptés », a déclaré Shannon Hader, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA. « Il est l’heure à présent de mettre la barre plus haut et d’élargir l’accès et l’utilisation de meilleurs traitements préventifs à quiconque en a besoin. »

La COVID-19 perturbe toutefois déjà les services destinés au VIH et à la tuberculose en venant s’ajouter à la double stigmatisation qui entrave parfois l’accès à ces services. Par ailleurs, les mesures de confinement dressent un obstacle supplémentaire au dépistage ou à la collecte d’un traitement de la tuberculose et du VIH, et cette nouvelle pandémie détourne des ressources humaines, financières et des laboratoires de la lutte contre la tuberculose et le VIH.

Dans le monde, on estime qu’un confinement de trois mois et un retour à la normale de 10 mois pourraient ajouter 6,3 millions de cas de tuberculose en plus et 1,4 million de décès supplémentaires imputables à cette maladie au cours des cinq prochaines années. La pandémie de COVID-19 ferait prendre un retard de cinq à huit ans au moins à la lutte contre la tuberculose, ramenant l’incidence de cette infection et les décès liés dans le monde en 2021 à des niveaux enregistrés pour la dernière fois respectivement en 2013 et en 2016.

« Aujourd’hui plus que jamais, il est temps que les communautés du VIH et de la tuberculose joignent leurs efforts et lancent un appel pour des investissements dans des traitements préventifs et curatifs plus courts, ainsi que pour un meilleur contrôle des infections, le tout renforcé par une protection socio-économique et des droits humains nécessaires aux populations », a poursuivi Shannon Hader, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA. « La solidarité mondiale est indispensable pour maîtriser les pandémies de la COVID-19, de la tuberculose, du VIH et les épidémies futures. Ensemble, nous devons mettre en place et distribuer de manière équitable une prévention combinée, y compris des vaccins, et un traitement pour toutes et tous. Autrement dit, garantir un accès véritablement universel qui accorde la priorité à celles et ceux qui en ont le plus besoin. »