Reportage
Accélérer et étendre les services anti-VIH en République centrafricaine
11 mars 2021
11 mars 202111 mars 2021La République centrafricaine a accompli des progrès notables dans sa riposte au VIH au cours des
La République centrafricaine a accompli des progrès notables dans sa riposte au VIH au cours des quatre dernières années. Les nouvelles infections continuent de baisser et le nombre de personnes sous antirétroviraux est ainsi passé de moins de 25 000 en 2016 à plus de 47 000 en 2019.
Malgré ces progrès, la République centrafricaine reste loin des objectifs 90-90-90. Ainsi, moins de la moitié des 100 000 personnes vivant avec le VIH ont accès au traitement et le gouvernement estime que moins de 20 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable. Par ailleurs, la qualité de la prise en charge des personnes suivant une thérapie est insuffisante. Des études récentes révèlent un taux très élevé d’échec immunologique et thérapeutique chez les personnes vivant avec le VIH sous traitement.
Diverses causes contribuent à cette situation, notamment la prise en charge « hospitalo-centrée », l’indisponibilité du suivi biologique dans les zones rurales, les moyens humains et matériels insuffisants dans les établissements de santé et les laboratoires, ainsi que l’absence d’approches communautaires favorisant l'observance et la sensibilisation. À ces facteurs systémiques, il faut ajouter le fait que depuis décembre 2020, le pays est confronté à une résurgence de la crise politique et sécuritaire qui complique l’accès aux traitements.
Il est nécessaire de simplifier et d’adapter la cascade des services liés au VIH en vue de tenir compte des préférences et des attentes des différents groupes de personnes vivant avec le VIH tout en réduisant les charges inutiles pesant sur le système de santé. La République centrafricaine s’est fixé pour nouvel objectif une prise en charge centrée sur les personnes.
Le pays a pour ambition de diversifier, d'accélérer et de généraliser les services différenciés. L’Initiative catalytique promue par l’ONUSIDA avec le soutien financier du Luxembourg permet de soutenir le pays dans la réalisation de cette ambition. Une première étape décisive a été franchie avec l’organisation d’une table ronde sur « l’initiative catalytique sur les services différenciés de VIH et de tuberculose. » Cette rencontre a réuni le ministère de la Santé, le Comité National de Lutte contre le SIDA, la société civile, des personnes vivant avec le VIH, des acteurs de la tuberculose, des populations clés, des organisations de jeunesse, l’ONU, Médecins Sans Frontières et la Croix-Rouge française.
Les participants ont passé en revue les programmes pilotes de services différenciés existants dans le pays ainsi que les obstacles liés à leur mise en œuvre. Tous ont souligné la nécessité urgente d’étendre les services différenciés, en particulier dans le contexte actuel d’insécurité croissante et de défis humanitaires qui rendent difficile l’accès des patients aux services de lutte contre le VIH et la tuberculose.
Comme l’a souligné Patrick Eba, Directeur Pays de l’ONUSIDA pour la République centrafricaine, « c’est dans le contexte actuel de crise sécuritaire que l’approche des services différenciés a toute sa valeur en République centrafricaine. »
Les participants ont convenu des activités à mettre en œuvre dans le cadre de l’initiative et ont validé le calendrier de réalisation du projet afin d’améliorer la qualité de la prise en charge et du suivi biologique des personnes vivant avec le VIH et la tuberculose, en encourageant la mise en œuvre des services différenciés.
Marie-Charlotte Banthas Bata, Directrice de la Lutte contre les Maladies transmissibles au ministère centrafricain de la Santé et de la Population, ci-dessus centre, s’est félicitée « de cette opportunité offerte par l’ONUSIDA pour lever les goulots d’étranglement afin améliorer la prise en charge globale du VIH. »
Bienvenu Gazalima, Président du Réseau National des associations de personnes vivant avec le VIH en République centrafricaine, a mis l’accent sur le fait que « les organisations communautaires doivent être au centre de la mise en œuvre des approches différenciées. »
Les prochaines étapes clés seront la documentation des approches différenciées existantes dans le pays et l’élaboration d’un document d’orientation national permettant d’élargir leur couverture.