Reportage

Puiser dans les expériences pour améliorer les soins anti-VIH chez les populations clés en Afrique de l’Ouest

18 octobre 2021

Des participantes et participants de quatre pays (Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau et Sénégal) se sont réunis à Saly, au Sénégal, pour mettre en commun le savoir-faire développé lors de la mise en œuvre du projet régional de renforcement des capacités et de capitalisation des expériences pour une meilleure prise en charge du VIH chez les populations clés en Afrique de l’Ouest (ReCCAP), déployé par ENDA Santé et financé par l’Initiative d’Expertise France.

Le projet vise à renforcer les populations locales afin de leur permettre de cartographier les sites et d’estimer la taille des populations clés sur une base continue au niveau local, de mener des analyses détaillées des services et des besoins en matière de VIH et d’utiliser les résultats pour adapter les services offerts et accroître leur efficacité.

« Le manque de données sur les populations clés empêche le développement d’interventions qui répondent à leurs besoins spécifiques. La cartographie programmatique et les estimations quantitatives généralement réalisées par des cabinets de conseil internationaux ne sont pas toujours adaptées aux besoins des parties prenantes sur le terrain. Des données existent parfois, souvent obsolètes, car les cibles sont dynamiques et mobiles », a déclaré Sidy Mokhtar Ndiaye, responsable des recherches chez ENDA Santé.

La Guinée-Bissau, par exemple, a pu partager son expérience dans l’estimation quantitative et des besoins de quatre groupes de population clé, notamment une analyse des besoins des détenus dans trois prisons du pays. « C’est la première fois qu’une étude sur le VIH a été menée dans les prisons du pays. Les données seront utilisées pour élaborer le nouveau plan stratégique national de lutte contre le VIH », a déclaré Miriam Pereira, responsable du suivi et de l’évaluation chez ENDA Santé Guinée-Bissau. Le pays a terminé le lancement de deux formations nationales ; l’une sur la surveillance par les communautés qui a été utile pour suivre la pandémie de COVID-19 ; l’autre sur la mise en œuvre de la cartographie des populations clés dans quatre régions : Bissau, Bafatá, Bubaque et Mansôa, notamment dans des bars, des restaurants, des hôtels et des espaces publics.

La réunion, qui a accueilli des membres d’entités partenaires et des personnes qui avaient bénéficié de deux formations régionales en 2019 et 2021, a été l’occasion de partager des expériences opérationnelles Sud-Sud et d’élaborer des recommandations pour renforcer les leçons apprises et étendre le projet, en particulier en termes de couverture géographique, avec le soutien de l’ONUSIDA.

« Les populations clés et leurs partenaires de sexualité représentent 69 % des nouvelles infections au VIH en Afrique occidentale et centrale.  Et pourtant, dans la région, le financement reçu pour les programmes destinés aux populations clés ne représente que 2,4 % des financements entre 2016 et 2018. Des projets comme ReCCAP sont essentiels pour promouvoir un investissement plus important dans les populations clés et une programmation éclairée par des données probantes », a déclaré Marie Engel, conseillère régionale de l’ONUSIDA.