Reportage
Déclaration de la Directrice exécutive de l’ONUSIDA lors de la 65e session de la Commission des stupéfiants
14 mars 2022
14 mars 202214 mars 2022Introduction
Introduction
Merci à vous, M. l’ambassadeur Ghislain D’hoop et à la Belgique qui assure la présidence de la 65e Commission des stupéfiants, merci aux honorables membres de la Commission, aux États membres, à la société civile et aux réseaux de consommateurs et de consommatrices de drogues, aux agences des Nations Unies et à tous les collègues.
Ma sœur Ghada Waly, je vous remercie pour le solide leadership de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et votre soutien indéfectible à la position commune des Nations Unies sur la législation sur les drogues.
J’aimerais commencer par exprimer ma solidarité envers la population ukrainienne qui souffre de tant de violence et d’injustice. Au cours des 15 dernières années, l’Ukraine a mis en place une des ripostes au VIH les plus vastes et les plus efficaces d’Europe.
Aujourd’hui, tous les aspects de cette riposte au VIH s’effondrent et la vie de centaines de milliers d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes vivant avec le VIH et des groupes clés ne tient plus qu’à un fil.
J’appelle tous les partenaires à rétablir les services essentiels pour les personnes séropositives et touchées par le virus en Ukraine
En juin dernier, les États membres ont adopté la Déclaration politique 2021 sur le VIH et le sida. La résolution contient des engagements ambitieux, notamment de nouveaux objectifs pour 2025 afin de permettre à la riposte de combler son retard pour mettre fin au sida d’ici 2030.
L’année dernière, l’ONUSIDA a travaillé avec tous les pays et partenaires pour développer et adopter la stratégie mondiale contre le sida. Le fil conducteur de la stratégie consiste à mettre fin aux inégalités au sein d’une épidémie où 65 % de toutes les nouvelles infections se situent dans des groupes spécifiques, y compris les consommateurs et consommatrices de drogues et les personnes incarcérées.
Nous savons que si nous continuons au rythme actuel, c’est-à-dire si nous ne comblons pas les inégalités dans la riposte au VIH, alors le monde pourrait enregistrer 7,7 millions de décès dus au sida au cours des dix prochaines années.
La riposte mondiale au VIH, qui accusait déjà du retard avant la COVID-19, est aujourd’hui encore plus fragilisée alors que la crise de la COVID-19 se poursuit.
Et les toxicomanes et les personnes incarcérées continuent d’être parmi les principales victimes !
Dans le monde, les services de réduction des risques ne sont pas disponibles au niveau et à l’échelle requis pour mettre fin au sida. Et c’est vrai dans la communauté et dans les prisons. Dans trop de pays, ces services ne sont pas du tout disponibles.
Sans garantie d’un accès ininterrompu aux services anti-VIH et de réduction des risques, nous ne mettrons pas fin au sida chez les toxicomanes et les personnes incarcérées, et nous ne mettrons donc pas fin au sida TOUT COURT.
Les principaux obstacles à l’accès aux services anti-VIH et de réduction des risques pour les toxicomanes et les personnes incarcérées sont la criminalisation, la stigmatisation et la discrimination.
Nous ne mettrons pas fin aux inégalités et au sida sans lutter contre ces obstacles et sans supprimer les lois et politiques punitives.
En particulier, les consommatrices de drogues sont confrontées à des obstacles juridiques, politiques et sociaux pour accéder aux services vitaux de lutte contre le VIH et de réduction des risques. Nous devons investir dans des services de réduction des risques adaptés aux besoins des femmes et qui ne les jugent pas.
Nous faisons actuellement face à une crise de financement de la réduction des risques dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Le gouvernement et les donateurs n’ont investi qu’à hauteur de 5 % des fonds nécessaires à une riposte efficace. Nous devons intensifier les investissements dès maintenant, en mettant l’accent sur le financement des ripostes dirigées par les communautés. Ce sont en effet les plus efficaces.
CONCLUSION
Membres de la Commission, je crois en votre exemplarité.
Nous devons estimer à sa juste valeur la santé et les droits humains de chaque consommateur et consommatrice de drogues et la dignité de chaque prisonnier et prisonnière.
Nous devons mettre en œuvre nos engagements pour créer des environnements juridiques favorables. Nous devons encourager et intensifier la réduction des risques comme une approche sûre, efficace et essentielle pour mettre fin au sida.
Nous devons supprimer les lois et politiques punitives et discriminatoires. Cela inclut les lois qui criminalisent la consommation et la possession de drogues, comme indiqué dans notre nouvelle Stratégie mondiale de lutte contre le sida.
Notre travail pour mettre fin aux inégalités qui favorisent le sida doit reposer sur la science, des données probantes et les droits humains.
Vous, membres de la Commission, je vous invite vivement à respecter ces principes afin de nous remettre sur la bonne voie pour mettre fin au sida d’ici 2030.
Je vous remercie de votre attention.
Winnie Byanyima
Directrice exécutive de l’ONUSIDA
Vienne, le 14 mars 2022