Communiqué de presse
Message des Nations Unies : les inégalités entravent la fin de la pandémie de sida
29 novembre 202229 novembre 2022DAR ES SALAAM / GENÈVE, le 29 novembre 2022—Une analyse menée par les Nations Un
DAR ES SALAAM / GENÈVE, le 29 novembre 2022—Une analyse menée par les Nations Unies à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida révèle que les inégalités entravent la fin du sida. Au rythme actuel, le monde n’arrivera pas à atteindre les objectifs internationaux de lutte contre le sida. Le nouveau rapport de l’ONUSIDA, Inégalités dangereuses, montre que des actions urgentes sont nécessaires pour lutter contre les inégalités et permettre à la riposte mondiale au sida de respecter ses objectifs.
L’ONUSIDA a indiqué plus tôt cette année que la riposte au sida était en danger : les nouvelles infections augmentent et des personnes continuent d’en mourir dans de nombreuses régions du monde. Aujourd’hui, un nouveau rapport de l’ONUSIDA montre que les inégalités sont la raison sous-jacente. Par ailleurs, il indique comment les leaders du monde entier peuvent lutter contre ces inégalités et il leur demande de faire preuve de courage pour prendre des actions fondées sur les preuves fournies.
Le rapport Inégalités dangereuses révèle l’impact sur la riposte au sida de différentes inégalités : celles entre les sexes, celles auxquelles sont confrontées les populations clés et celles entre les enfants et les adultes. Il explique par ailleurs comment l’aggravation des contraintes financières complique la lutte contre ces inégalités.
Le rapport montre comment les inégalités entre les sexes, ainsi que les normes de genre néfastes freinent la fin de la pandémie de sida.
« Le monde ne pourra pas vaincre le sida tout en renforçant le patriarcat », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Nous devons lutter contre les multiples inégalités auxquelles sont confrontées les femmes. Dans les régions très touchées par le VIH, les femmes victimes de violences commises par leur partenaire intime ont jusqu’à 50 % de risque en plus de contracter le VIH. Dans 33 pays, entre 2015 et 2021, seuls 41 % des femmes mariées âgées de 15 à 24 ans prenaient leurs propres décisions en matière de santé sexuelle. La seule feuille de route efficace pour mettre fin au sida, atteindre les objectifs de développement durable et garantir la santé, les droits et la prospérité partagée est une feuille de route féministe. Les organisations et les mouvements de défense des droits des femmes sont déjà en première ligne de ce travail ambitieux. Les leaders doivent les soutenir et apprendre d’eux. »
Les effets des inégalités entre les sexes sur les risques liés au VIH chez les femmes sont particulièrement prononcés en Afrique subsaharienne, où les femmes représentaient 63 % des nouvelles infections au VIH en 2021.
Dans cette région, les adolescentes et les jeunes femmes (15-24 ans) sont trois fois plus susceptibles de contracter le VIH que les adolescents et les jeunes hommes du même âge. Le facteur principal est un déséquilibre entre les sexes. Une étude a montré que le fait de permettre aux filles de finir leur scolarité secondaire peut réduire de moitié leur vulnérabilité à une infection au VIH. Ce risque diminue encore plus lorsque cette mesure est accompagnée par une série d’aides à l’émancipation. Les leaders doivent s’assurer que toutes les filles sont scolarisées, protégées contre des violences souvent perçues comme la norme, y compris les mariages d’enfants, et ont des possibilités économiques qui leur garantissent un avenir prometteur.
En mettant fin au déséquilibre endémique du rapport de force, les politiques peuvent réduire la vulnérabilité des filles au VIH.
Les formes toxiques de masculinité découragent les hommes à se soigner. En 2021, alors que 80 % des femmes vivant avec le VIH avaient accès à des médicaments, seuls 70 % des hommes séropositifs suivaient un traitement. Multiplier les programmes de transformation des relations entre femmes et hommes dans de nombreuses régions du monde est essentiel pour stopper la pandémie. Une plus grande égalité entre les sexes profitera à tout le monde.
Le rapport montre que les inégalités d’accès au traitement entre les adultes et les enfants freinent la riposte au sida. Alors que plus des trois quarts des adultes vivant avec le VIH suivent une thérapie antirétrovirale, seule un peu plus de la moitié des enfants séropositifs prennent des médicaments qui leur sauvent la vie. Ce déséquilibre a des conséquences mortelles. En 2021, les enfants représentaient 4 % des personnes vivant avec le VIH, mais 15 % des décès dus au sida. Combler l’écart de traitement pour les enfants sauvera des vies.
La discrimination, la stigmatisation et la criminalisation des populations clés coûtent des vies et empêchent le monde d’atteindre les objectifs convenus en matière de sida.
Une nouvelle analyse n’a montré aucune baisse significative des nouvelles infections chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en Afrique occidentale et centrale, ainsi qu’en Afrique orientale et australe. Face à un virus infectieux, l’absence de progrès parmi les populations clés sape l’ensemble de la riposte au sida et contribue à expliquer le ralentissement des avancées.
Partout dans le monde, plus de 68 pays criminalisent encore les relations sexuelles entre personnes du même sexe. Une autre analyse soulignait dans le rapport que les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes qui vivent dans des pays africains où les lois sont extrêmement répressives sont plus de trois fois moins susceptibles de connaître leur statut sérologique vis-à-vis du VIH que leurs homologues vivant dans des pays où les lois sont les moins répressives et où les progrès sont beaucoup plus rapides. Les travailleurs et travailleuses du sexe qui vivent dans des pays où le commerce du sexe est criminalisé ont 7 fois plus de risques d’être séropositifs que les pays où le commerce du sexe est légal ou partiellement légalisé.
Le rapport montre les progrès possibles dans la lutte contre les inégalités et souligne les domaines dans lesquels la riposte au sida a fait de grands pas en avant. Par exemple, alors que les enquêtes auprès des populations clés mettent souvent en évidence une couverture de services plus faible pour ces groupes sociaux, trois comtés du Kenya ont atteint une couverture de traitement du VIH plus élevée chez les travailleuses du sexe que parmi la population générale féminine (15-49 ans). Ce bon résultat a été facilité au fil des années par de solides programmes de lutte contre le VIH qui intègrent aussi des services dirigés par les communautés.
« Nous savons quoi faire pour mettre fin aux inégalités », a déclaré Mme Byanyima. « Garantir la scolarisation, la sécurité et l’émancipation de toutes nos filles. Lutter contre les violences sexistes. Soutenir les organisations de femmes. Promouvoir des formes de masculinité saine afin de remplacer les comportements toxiques qui exacerbent les risques pour tout le monde. Garantir que les services pour les enfants vivant avec le VIH les atteignent et répondent à leurs besoins, en comblant l’écart de traitement afin que nous mettions définitivement fin au sida pédiatrique. Décriminaliser les relations entre personnes du même sexe, les travailleurs et travailleuses du sexe, ainsi que les toxicomanes, et investir dans des services dirigés par les communautés qui permettent leur inclusion. Tout cela aidera à éliminer les obstacles aux services et à prendre soin de millions de personnes. »
Le nouveau rapport montre que le financement des donateurs contribue à catalyser l’augmentation du financement national : les augmentations du financement externe de la lutte contre le VIH pour les pays du PEPFAR et du Fonds mondial en 2018-2021 ont accompagné l’augmentation du financement national par une majorité de gouvernements nationaux. Il est urgent d’effectuer de nouveaux investissements pour lutter contre les inégalités liées au VIH. À l’heure où nous avons plus que jamais besoin de la solidarité internationale et d’un regain de financement, trop de pays à revenu élevé réduisent leur aide à la santé mondiale. En 2021, il manquait 8 milliards de dollars aux financements disponibles pour les programmes de lutte contre le VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire. L’augmentation du soutien des donateurs est vitale pour remettre la riposte au sida sur la bonne voie.
Les budgets doivent donner la priorité à la santé et au bien-être de toutes les personnes, en particulier les populations vulnérables les plus touchées par les inégalités liées au VIH. Les pays à revenu faible et intermédiaire ont besoin d’une bouffée d’air budgétaire pour investir dans la santé. Cela passe entre autres par une annulation de dette importante et une fiscalité progressive. L’éradication du sida coûte beaucoup moins cher que ne pas mettre y fin.
En 2021, 650 000 personnes sont mortes des suites du sida et 1,5 million d’autres ont été contaminées par le VIH.
« L’action attendue des leaders mondiaux est claire comme de l’eau de roche », a déclaré Mme Byanyima. « En un mot : pousser pour l’égalité. L’égalité de l’accès aux droits, l’égalité de l’accès aux services, l’égalité de l’accès aux meilleures découvertes scientifiques et aux meilleurs médicaments. Pousser l’égalité n’aidera pas seulement les populations marginalisées. Tout le monde en profitera. »
ONUSIDA
Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.