Health and development

Press Release

Plusieurs organisations mondiales actives dans le domaine de la santé vont adopter de nouvelles modalités de collaboration pour agir plus efficacement

Les dirigeants des 11 principales organisations mondiales actives dans les domaines de la santé et du développement ont signé aujourd’hui un engagement historique en vue de trouver de nouvelles modalités de collaboration pour atteindre plus vite les objectifs de développement durable des Nations Unies.

Cette initiative, coordonnée par l’Organisation mondiale de la Santé, concerne 11 organisations, auxquelles d’autres devraient se joindre ultérieurement.

Cet engagement fait suite à une demande formulée par la Chancelière allemande Angela Merkel, du Président ghanéen Nana Addo Dankwa Akufo-Addo et de la Première Ministre norvégienne Erna Solberg, avec le soutien du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Antonio Guterres, en vue de mettre au point un plan mondial pour définir comment améliorer la collaboration entre les acteurs mondiaux pour atteindre plus vite les cibles liées à la santé du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

« Pour que le développement durable soit possible – pour mettre fin à la pauvreté, pour promouvoir des sociétés pacifiques où chacun ait sa place et pour protéger l’environnement – il est essentiel que les populations soient en bonne santé. Cependant, malgré les grandes avancées obtenues dans la lutte contre bon nombre des principales causes de décès et de maladie, nous devons redoubler d’efforts si nous voulons atteindre plusieurs des cibles liées à la santé », ont annoncé les dirigeants des organisations réunis aujourd’hui à Berlin, à l’occasion du Sommet mondial de la santé. « Le Plan d’action mondial représente un engagement historique en faveur de nouvelles modalités de collaboration afin d’atteindre plus vite les objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Nous tenons à redéfinir les modalités de collaboration de nos organisations afin d’apporter aux pays un soutien plus efficient et plus efficace et pour que l’ensemble des populations soient en meilleure santé et jouissent de plus de bien-être », ont-ils ajouté.

Le groupe a décidé de définir de nouvelles modalités de collaboration afin d’optimiser l’utilisation des ressources et de mesurer les progrès accomplis de façon plus transparente et plus engagée. La première phase de l’élaboration du plan est organisée autour de trois axes stratégiques : l’alignement, l’accélération et la redevabilité.

  • L’alignement : les organisations se sont engagées à coordonner leurs processus programmatiques, opérationnels et de financement pour améliorer l’efficacité et l’impact collectifs concernant plusieurs priorités communes, comme l’égalité entre les sexes et la santé de la mère, du nouveau‑né, de l’enfant et de l’adolescent ainsi que la santé reproductive.
  • L’accélération : les organisations ont décidé de définir des approches communes et de coordonner leur action dans des domaines où elles sont susceptibles d’accélérer le rythme de progression en matière de santé dans le monde. Le premier ensemble de sept « accélérateurs » comprend la participation des communautés et de la société civile, la recherche-développement, les données et le financement durable.  
  • La redevabilité : pour améliorer la transparence et la redevabilité envers les pays et les partenaires du développement, les organisations innovent en définissant des étapes communes pour près de 50 cibles liées à la santé qui se rapportent à 14 objectifs de développement durable. Ces étapes constitueront des points de contrôles essentiels et des références communes qui permettront de déterminer où en sera le monde en 2023 et s’il est en bonne voie d’atteindre les objectifs fixés pour 2030.

Le Plan d’action mondial permettra également de renforcer l’action collective et d’obtenir des fonds afin de lutter contre les inégalités entre les sexes qui empêchent d’accéder aux services de santé et pour améliorer la qualité globale des soins de santé dispensés aux femmes et aux filles, y compris les services de santé sexuelle et reproductive.

La Banque mondiale, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Gavi, l’Alliance du vaccin, le Mécanisme mondial de financement, ONU-Femmes, l’ONUSIDA, le PNUD, l’UNFPA, l’UNICEF, Unitaid et l’OMS ont déjà souscrit au Plan d’action mondial pour la santé et le bien-être de tous. Le Programme alimentaire mondial s’est engagé à y souscrire dans les prochains mois.

La version finale du plan sera présentée à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2019.

Contact

UNAIDS
Sophie Barton-Knott
tel. +41 79 514 6896
bartonknotts@unaids.org

Feature Story

Tirer les leçons de la riposte au sida pour maîtriser les MNT

27 septembre 2018

Les maladies non transmissibles (MNT) sont de loin les principales causes de mortalité dans les populations du monde entier, responsables de 71 % du total des décès à l’échelle de la planète. Selon la définition de l’Organisation mondiale de la Santé, les MNT sont des maladies de longue durée qui évoluent en général lentement. Les quatre principaux types de maladies non transmissibles, qui représentent 80 % de l’ensemble des décès prématurés dus à des MNT, sont les maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies respiratoires chroniques et le diabète.

Des individus de tous âges peuvent être touchés par des MNT, mais elles ont tendance à survenir chez les sujets plus âgés. De plus en plus de personnes vivant avec le VIH accèdent au traitement et vivent donc plus longtemps, et elles sont par conséquent de plus en plus touchées par des MNT. Par ailleurs, être séropositif au VIH accroît également le risque de développer une MNT, soit en raison de l’infection elle-même, soit à cause des effets secondaires des médicaments utilisés pour traiter le VIH. De ce fait, les soins apportés aux personnes vivant avec le VIH doivent davantage inclure les soins relatifs aux MNT.

Dans de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire, les taux de MNT augmentent en raison du nombre croissant de personnes qui fument, boivent de l’alcool, se sédentarisent et modifient leurs habitudes alimentaires. Les taux de mortalité par MNT ajustés par rapport à l’âge sont quasiment deux fois supérieurs dans les pays à revenu faible et intermédiaire à ceux constatés dans les pays à revenu élevé.

Cependant, les réussites enregistrées à ce jour dans la riposte au sida montrent ce qui peut être fait si les pays prennent des mesures déterminantes. Il devient de plus en plus évident que si le monde veut maîtriser les MNT, il faut tirer les leçons de la riposte au sida et les appliquer à la riposte aux MNT.

Dans les régions où vivent la plupart des personnes vivant avec le VIH, les systèmes de santé ont été conçus pour prendre en charge en priorité les pathologies aiguës, et non les maladies chroniques. Pourtant, les programmes de lutte contre le VIH dans ces mêmes pays peuvent être de bons modèles qui illustrent comment élargir les services de prise en charge des MNT, assurer la continuité des soins, soutenir l’observance du traitement et impliquer les communautés.

La riposte au sida a eu un impact majeur sur la santé mondiale. Retombées des diagnostics et des traitements précoces, services anti-VIH servant de point d’entrée vers des services de santé plus larges dans de nombreux pays, importance de la lutte contre la pauvreté et d’autres déterminants sociaux de la santé, sensibilisation des communautés et création d’une demande de services, importance de la place centrale à donner à la société civile et aux communautés, avec leur engagement, leur activisme, leur action de sensibilisation et leur mobilisation : tous ces éléments sont autant de leçons essentielles tirées de la riposte au sida qui peuvent orienter la riposte aux MNT.

« La riposte au VIH a montré que l’impossible était possible », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « L’ONUSIDA travaillera avec ses partenaires du système des Nations Unies afin d’échanger les meilleures pratiques issues de la riposte au sida pour orienter les pays, les communautés et les autres partenaires ».

Le 27 septembre, dans le cadre de l’action mondiale de lutte contre les MNT, les pays se réuniront au siège des Nations Unies à New York, aux États-Unis, pour la troisième Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles. L’ONUSIDA fait partie de la Task-force inter-agences des Nations Unies sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles et partagera ses connaissances lors de la réunion de haut niveau.

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Les cellules de surveillance : des sources de données réalistes pour les décideurs

27 août 2018

Des cellules de surveillance sanitaire (plates-formes logicielles conçues pour soutenir la prise de décisions concernant les ripostes sanitaires des pays) sont en train de voir le jour un peu partout en Afrique, faisant le lien entre données et prise de décision afin d’améliorer la santé et la vie de dizaines de millions de personnes parmi les plus vulnérables dans le monde.

L’intégration, le stockage et la visualisation des données sont au cœur du concept de cellule de surveillance, afin de fournir des données transparentes et renforcées sur toute une série de maladies. Bien que les cellules de surveillance soient des espaces de travail virtuels, certains pays utilisent aussi des locaux bien réels dans lesquels il est possible de discuter du travail analytique et d’agir en fonction de celui-ci.

L’idée qui sous-tend une cellule de surveillance sanitaire est que les données, qu’elles concernent la disponibilité des médicaments anti-VIH, les effets d’une grève des agents de santé ou les diagnostics de cancer du col de l’utérus, sont centralisées, tout en étant accessibles à tous. Tandis que par le passé, les données sanitaires concernant les différentes maladies étaient réparties entre plusieurs bases de données au sein de ministères de toutes sortes, d’organisations agissant sur une maladie en particulier, etc., les cellules de surveillance recueillent les données au sein d’un lieu et d’un système uniques, sous une forme facile à partager. Les informations détenues par la cellule de surveillance peuvent être utilisées sur tablette ou sur ordinateur dans tout le pays.

« Nous devons continuer d’innover dans notre riposte au VIH », a déclaré Michel Sidibé, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « Disposer d’informations fiables et actualisées est vital si le monde veut pouvoir respecter son engagement d’en finir avec le sida et atteindre les Objectifs de développement durable ».

En regroupant les données sanitaires dans la cellule de surveillance virtuelle, il est possible de proposer des services de santé améliorés et plus ciblés aux personnes qui en ont besoin. Par exemple, le fait d’avoir des données concernant des quartiers spécifiques d’une ville permet de favoriser une approche des services de prévention du VIH en lien avec le lieu et la population locale, afin de s’assurer que les bons services atteignent les bonnes personnes au bon endroit.

Autre exemple, en combinant les données sur le VIH, la tuberculose et le cancer du col de l’utérus, des interconnexions entre les maladies peuvent être constatées et il est possible d’y apporter une réponse. Les données peuvent être visualisées en temps réel, ce qui permet notamment de surveiller les niveaux de médicaments anti-VIH pour pouvoir anticiper et réagir aux ruptures de stock. L’étude des effets des campagnes de dépistage et de traitement du VIH en Ouganda, l’efficacité du dépistage du cancer du col de l’utérus en Côte d’Ivoire, ou encore les tests et les nouveaux diagnostics pour le paludisme en Zambie sont d’autres exemples des bénéfices qu’apportent les cellules de surveillance aux ripostes sanitaires.

Cinq pays ont mis en place des cellules de surveillance : la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Lesotho, la Zambie et l’Ouganda. Des données concernant les indicateurs, notamment sur le VIH, la tuberculose, le paludisme, les maladies non transmissibles et la santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile sont collectées, et les différents pays recueillent des informations différentes en fonction de la situation locale. La Namibie, le Mozambique et le Zimbabwe se préparent également à lancer des cellules de surveillance, et plusieurs autres pays sont en phase de planification.

Dans le cadre de son travail, l’ONUSIDA a aidé les pays à mettre leurs cellules de surveillance sur pied en collaborant avec eux afin de sélectionner les indicateurs spécifiques et de relier les données de chaque pays à sa cellule de surveillance. Les pays qui possèdent des systèmes de collecte de données déjà en place, qui recueillent des données ventilées par âge et par sexe et au niveau local, qui bénéficient d’une bonne infrastructure de connexion à Internet et qui disposent d’un personnel local qualifié, sont les mieux placés pour créer leur propre cellule de surveillance.

Grâce au programme sur les cellules de surveillance, l’appui de l’ONUSIDA aux pays s’est trouvé renforcé, l’ONUSIDA étant en mesure de soutenir des systèmes d’information sanitaire d’une façon unique au sein du système des Nations Unies. Ainsi, l’ONUSIDA contribue au suivi des pays et des programmes d’une manière plus intelligente dans les pays qui ont investi dans les cellules de surveillance.

« Pour nous, l’intérêt de la cellule de surveillance est de regrouper de multiples ensembles de données et de partager des analyses solides selon une approche visuelle et compréhensible », explique Andrew Kashoka, Directeur adjoint chargé des technologies de l’information auprès du Ministère zambien de la Santé.

Pour l’avenir, l’ONUSIDA prévoit de veiller à ce que les pays disposent d’un appui technique de façon à pouvoir continuer de faire fonctionner leurs cellules de surveillance sans l’aide de l’ONUSIDA. L’ONUSIDA travaille également avec des partenaires, notamment les Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies, le secteur privé et d’autres, afin de réduire la dépendance des pays envers l’appui de l’ONUSIDA dans la mise en place et la gestion des plates-formes.

De tels investissements dans les technologies et la collaboration entre l’ONUSIDA, les gouvernements et les partenaires encouragent les approches innovantes dans la riposte au sida, avec pour but ultime de mettre fin à l’épidémie de sida comme menace pour la santé publique d’ici à 2030.

Documents

Rapport du Secrétaire général - Mise en oeuvre de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida et des déclarations politiques sur le VIH/sida (Assemblée générale - Soixante-douzième session)

03 avril 2018

La soixante-douzième session de l’Assemblée générale se déroule alors que l’on se trouve à mi-chemin de la phase d’accélération de la lutte mondiale contre le VIH. Les données communiquées par les pays sur l’épidémie et les programmes montrent que des progrès importants sont réalisés.

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L’Afrique du Sud teste les distributeurs automatiques de médicaments

03 mai 2018

Grâce à de nouveaux distributeurs automatiques de médicaments, les personnes vivant avec le VIH et d’autres maladies chroniques peuvent désormais accéder plus vite et plus facilement à des médicaments essentiels, dans le cadre d’un projet pilote mené à Johannesburg, en Afrique du Sud.

L’organisation à but non lucratif Right to Care est en train de tester trois de ces distributeurs de médicaments, mis en place dans un centre commercial et deux hôpitaux. La plupart des personnes qui utilisent ces nouvelles machines ont accès à des prescriptions renouvelées de médicaments contre le VIH.

Les distributeurs mettent les usagers en relation avec des aides-pharmaciens par liaison vidéo pour des consultations à distance dans l’une des 11 langues officielles sud-africaines. De la consultation à la remise des médicaments, l’ensemble de la procédure ne prend que quelques minutes.  

Les distributeurs sont installés dans des établissements de santé publique qui prennent en charge des patients atteints d’affections chroniques, pour veiller à ce que les patients reçoivent et observent un traitement efficace. Les usagers des distributeurs reçoivent un ticket indiquant la date de leur prochaine visite et un SMS de rappel leur est envoyé. Le système alerte le pharmacien si le patient est en retard pour chercher ses médicaments.

Ce dispositif pourrait bien changer la donne dans l’élargissement de l’accès au traitement anti-VIH. Mbulawa Mugabe, Directeur national de l’ONUSIDA en Afrique du Sud, explique : « L’un des plus gros problèmes que nous avons aujourd’hui dans la plupart des pays d’Afrique, c’est que les établissements de santé sont saturés. Nous devons trouver des moyens de soulager cet engorgement, dans l’intérêt des patients eux-mêmes, mais aussi pour les systèmes de santé ».

Les personnes vivant avec le VIH sont souvent contraintes d’attendre plusieurs heures pour obtenir leur prescription dans un dispensaire local. La procédure prend aussi un temps précieux aux pharmaciens qualifiés. Désormais, ces tâches sont assurées par des préparateurs en pharmacie qui travaillent avec un système automatique pour délivrer les comprimés en quelques minutes.

Les distributeurs automatiques de médicaments ont été mis au point par une filiale de Right to Care, Right e-Pharmacy, en collaboration avec l’entreprise allemande Mach4 et avec le soutien des agences pour le développement allemande et américaine GIZ et USAID. Les essais actuels sont menés en collaboration avec le Département de la Santé de la province du Gauteng et Right to Care espère pouvoir étendre le projet à deux autres pays d’Afrique dans un avenir proche.

L’Afrique du Sud connaît le plus fort taux de prévalence du VIH au monde et délivre un traitement gratuit à 4,2 millions de personnes. Cyril Ramaphosa, Président de l’Afrique du Sud, a récemment fixé comme objectif l’élargissement du traitement anti-VIH à 2 millions de personnes en plus d’ici à 2020. Avec des millions de Sud-Africains ayant accès aux médicaments auprès des dispensaires et des hôpitaux, des innovations telles que ces distributeurs automatiques devraient aider l’Afrique du Sud à atteindre ces objectifs ambitieux.


L’Afrique du Sud teste un système qui pourrait changer la donne dans le traitement du VIH

Reportage de Zaheer Cassim pour VOA dans le township d’Alexandra à Johannesburg.

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Un cri de ralliement unitaire : il est temps de rendre les systèmes de santé plus flexibles et innovants

16 avril 2018

Sept mois après le lancement du plan de rattrapage en Afrique centrale et occidentale, les progrès visant à augmenter le nombre de personnes sous traitement antirétroviral continuent de stagner dans la région. De nombreux pays n’atteindront pas les objectifs ciblés d’ici à 2020 si les systèmes actuels restent inchangés.

« Globalement, nous avons constaté une augmentation de 10 % du nombre de personnes sous traitement, ce qui est insuffisant », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « Aujourd’hui, l’urgence est encore plus grande ».

M. Sidibé a tout de même mis en avant la réussite de la République démocratique du Congo, qui a connu une nette hausse du nombre de personnes vivant avec le VIH ayant accès aux médicaments antirétroviraux. Cette tendance positive est imputable notamment à une étroite collaboration entre le leadership politique et la société civile, ainsi qu’au dépistage du VIH à l’échelon communautaire et à la formation de 11 000 agents de santé.

« Plus que jamais, il est indispensable de repenser les systèmes de santé et d’imaginer des alternatives pour l’accès des personnes aux soins », a-t-il ajouté. 

L’appel à déléguer les soins des patients aux communautés a été largement relayé lors de l’AFRAVIH, la Conférence internationale francophone de lutte contre le VIH et les hépatites organisée début avril à Bordeaux, en France. Lors de la cérémonie d’ouverture, M. Sidibé a brièvement partagé la scène avec l’organisation de la société civile Coalition PLUS. Ses représentants ont déclaré que la clé du succès pour en finir avec le sida impliquait d’unir les forces entre les médecins et les agents de santé communautaires et de donner davantage de marge de manœuvre aux communautés pour répondre aux besoins locaux de leurs propres populations.

Avec pour mot d’ordre « Démédicaliser », l’organisation a expliqué que les médecins ne seraient jamais remplacés, mais qu’ils étaient trop peu nombreux et que les personnes vivant avec le VIH n’avaient pas besoin de soins intensifs.

Le récent rapport de Coalition Plus affirme que les gouvernements et les médecins devaient déléguer davantage de tâches aux infirmières et aux agents de santé communautaires. En plus de permettre une prévention plus ciblée et un accès plus rapide au traitement, la délégation des actes non médicaux soulagerait des systèmes de santé déjà surchargés. L’Afrique centrale et occidentale représente 17 % de la population totale de personnes vivant avec le VIH, mais 30 % des décès sont dus à des maladies liées au sida dans la région. Selon l’ONUSIDA et ses partenaires, cette région pourrait tirer un vrai bénéfice des modèles de soins communautaires.

Ce qui inquiète Médecins Sans Frontières (MSF), c’est le risque de voir une baisse significative des ressources allouées au traitement nuire aux récentes améliorations en Afrique centrale et occidentale. Cette inquiétude provient du fait que le Fonds mondial estime à 30 % la baisse des dotations de fonds à la région pour 2018-2020, par rapport aux subventions accordées pour la riposte au VIH lors de la période précédente. En 2016, MSF a été parmi les premiers à tirer la sonnette d’alarme concernant le nombre élevé de décès dus au VIH dans la région, et le fait que jusqu’à 80 % des enfants n’ont pas la possibilité d’accéder au traitement antirétroviral. Nathalie Cartier, Conseillère sur la politique concernant le VIH et chargée de la sensibilisation chez MSF, a déclaré que son organisation soutenait le plan de rattrapage pour l’Afrique centrale et occidentale, mais qu’il fallait le mettre en œuvre dans son intégralité. « La volonté politique était prometteuse, mais il est temps maintenant d’en faire une réalité sur le terrain, pour que les personnes vivant avec le VIH puissent en récolter les bénéfices », a-t-elle expliqué.

Le Fond mondial soutient le plan de rattrapage en Afrique de l'Ouest et du Centre et collabore étroitement avec les pays pour maximiser l'impact des ses investissements. Selon eux, la mobilisation de ressources domestiques additionnelles est essentielle pour renforcer les systèmes de santé à long terme et favoriser leur appropriation par les pays.

Une raison de plus pour décentraliser les systèmes de santé et tirer profit des innovations pour maintenir les frais de santé à un faible niveau.  L’auto-dépistage du VIH, les nouveaux médicaments et les stratégies à fort impact impliquant les communautés sont des aspects fondamentaux pour améliorer l’efficacité.  « Avec le dépistage sur le lieu des soins au sein des communautés et des ménages, le délai est réduit au minimum entre le diagnostic et la mise sous traitement », a expliqué Cheick Tidiane Tall, Directeur du Réseau EVA, un réseau de pédiatres spécialisés dans les soins liés au VIH. « Sur le long terme, cela représente beaucoup de vies sauvées et de ressources économisées », a-t-il ajouté.

Le Professeur Serge Eholié, spécialiste ivoirien des maladies infectieuses et tropicales, ne pouvait pas être plus d’accord avec lui.  « Des systèmes de santé flexibles profitant des diverses innovations sont une question de bon sens », a-t-il déclaré. S’adressant au Ministre de la Santé de République centrafricaine, Pierre Somse, il lui a demandé : « Que répondez-vous à cela ? »

M. Somse, lui aussi médecin de formation, lui a fait cette réponse : « Nous autres médecins restons des médecins, mais il est nécessaire que nous nous appuyions sur les communautés, et inversement ».  « Les patients sont au cœur de cette question ; ils sont et devraient toujours demeurer notre priorité », a-t-il ajouté.

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Les services de santé communautaires chinois : un modèle pour le monde

21 août 2017

Le Centre de santé communautaire de Yuetan se niche dans une ruelle étroite d’un ancien quartier résidentiel du centre de Pékin, en Chine. Sa cour est pleine de vélos, et non de voitures : un signe qui indique que le centre est fréquenté par des personnes qui vivent à proximité.

« Notre centre et ses neuf dispensaires communautaires affiliés fournissent des services à 150 000 personnes vivant dans le quartier de Yuetan », explique Du Xue Ping, Directeur du Centre de santé communautaire de Yuetan. « En plus des médicaments, nous assurons aussi des actions de promotion de la santé, en encourageant les gens à mener une vie saine. Nous savons qu’il vaut bien mieux prévenir que guérir ».

Le centre mêle le meilleur de la médecine chinoise et de la médecine occidentale, avec près de 420 000 patients traités chaque année. Il vient en aide à la population rapidement vieillissante de la communauté, en supervisant deux maisons de retraite et des agents qui rendent visite à domicile aux personnes âgées et aux personnes ayant des problèmes de mobilité.

Cette structure fait partie du système médical chinois à plusieurs niveaux très réputé, qui rapproche avec succès les services vitaux des populations dans tout le pays. Dans le cadre de ce système, les maladies graves sont traitées dans les grands hôpitaux, tandis que les services de routine sont assurés par des centres de santé communautaires. Selon les données chinoises, on comptait en 2015 plus de 34 000 dispensaires communautaires semblables fournissant des services de santé essentiels à 706 millions de personnes en Chine. « Les centres de santé communautaires représentent la première ligne de défense dans la protection de la santé des personnes », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « L’interface centrée sur la famille et le lien clair entre le personnel et les patients sont un exemple parfait de l’interconnexion entre les individus ».

M. Sidibé a visité le centre de santé communautaire afin d’en savoir plus sur son approche holistique et complète et sur la manière dont le système de santé communautaire chinois pourrait éclairer l’initiative des 2 millions d’agents de santé communautaires récemment adoptée par l’Union africaine.

Dans les années 1970, les médecins de village « aux pieds nus » de la Chine ont permis d’améliorer de façon spectaculaire l’accès aux soins dans les communautés rurales, inspirant bien d’autres pays. La Chine a exporté ce modèle en envoyant des équipes de médecins et d’infirmières en Afrique.

« De ma propre expérience, je sais quelle contribution la Chine a apportée aux soins de santé primaires en Afrique », a déclaré M. Sidibé. « Quand j’étais enfant, c’est un médecin chinois qui fournissait les services médicaux élémentaires aux gens de mon village au Mali ».

« Le monde a beaucoup à apprendre de l’expérience chinoise », a ajouté M. Sidibé. « Je suis très impressionné par le professionnalisme que j’ai pu observer aujourd’hui ».

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En finir avec la stigmatisation et la discrimination dans les centres de santé au Mexique

25 août 2017

Le Mexique a pris des mesures pour renforcer l’accès aux services de santé des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI). Un nouveau code de conduite du Ministère de la Santé vise à mettre un terme à la stigmatisation et la discrimination fondées sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle dans tous les centres de santé du pays.

En établissant des lignes directrices et des actions spécifiques à mener dans le cadre de la prestation de services de santé, le code de conduite sera mis en œuvre dans l’ensemble du système de santé national afin de garantir un accès efficace à la santé tout en respectant la dignité et l’autonomie des personnes LGBTI.

Le code de conduite prévoit une formation des personnels de santé des établissements médicaux publics visant à éviter les expressions et les attitudes discriminatoires et à respecter la vie privée des patients. Parmi les diverses dispositions, il stipule clairement que tout soi-disant traitement pour « guérir l’homosexualité ou la transsexualité » doit être proscrit. Il impose aux centres de santé d’appliquer une politique de tolérance zéro vis-à-vis de la discrimination et de mener des enquêtes en cas d’accusations de discrimination. Les centres de santé doivent également promouvoir des campagnes permanentes sur la santé sexuelle et reproductive et la prévention du VIH à destination des personnes LGBTI.

Ce code de conduite a été élaboré dans le cadre d’un processus participatif élargi auquel se sont associés le Comité de coordination des Instituts de santé nationaux et des hôpitaux spécialisés, le Centre national de prévention et de contrôle du VIH, la clinique spécialisée Condesa de Mexico, le Conseil national de prévention de la discrimination et des représentants de la société civile ainsi que des organisations LGBTI.

Les prochaines étapes comprennent un processus de formation sur son application pratique, avec la participation de la société civile et des organisations communautaires. La mise en œuvre commencera par une phase pilote dans les principales villes du pays.  

Quotes

« Le Ministère de la Santé prévoit des mécanismes complets qui garantissent l’accès à la prise en charge médicale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes. Je prie instamment les personnels de santé de se conformer à notre devoir constitutionnel selon lequel chacun devrait jouir du droit à la santé. »

José Narro Robles Secrétaire chargé de la Santé, Mexique

« Avec ce protocole, le Mexique franchit une étape décisive dans la garantie que les services de santé sont fournis conformément aux droits de l’homme. L’objectif zéro discrimination se trouve au cœur de la vision de l’ONUSIDA et représente l’une des cibles de l’accélération de la riposte. »

César A. Núñez Directeur régional de l’ONUSIDA pour l’Amérique latine et les Caraïbes

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