HIV Prevention


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La prophylaxie pré-exposition gagne du terrain, mais trop lentement
17 janvier 2022
17 janvier 2022 17 janvier 2022Plus de dix ans se sont écoulés depuis la publication des premières preuves de l’efficacité de la prophylaxie pré-exposition (PPrE) à prise orale quotidienne. La PPrE est désormais une option supplémentaire à prendre en compte pour les personnes les plus exposées au risque de contracter le VIH. Son adoption dans le monde entier n’a fait qu’augmenter même pendant la pandémie de COVID-19 : les données nationales montrent en effet qu’environ 845 000 personnes vivant dans 54 pays au minimum ont reçu la PPrE en 2020, soit une augmentation de 43 % depuis 2019 et de 182 % depuis 2018.
L’avancée de la PPrE est toutefois tirée par un nombre limité de pays, notamment les États-Unis d’Amérique, et, en Afrique orientale et australe, le Kenya et l’Afrique du Sud où vivaient 158 630 personnes ayant reçu la PPrE au moins une fois en 2020 dans la région, soit 19 %.
La disponibilité de la PPrE continue toutefois de souffrir de problèmes fondamentaux : le nombre total de personnes utilisant cette option de prévention en 2020 ne représentait que 28 % de l’objectif de 3 millions d’utilisateurs et utilisatrices dans les pays à revenu faible et intermédiaire, ce qui ne correspond qu’à 8 % du nouvel objectif mondial pour 2025.
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Rapport mondial actualisé sur le sida — Faire face aux inégalités — Leçons tirées de 40 ans de lutte contre le sida pour les ripostes à la pandémie
14 juillet 2021
Les personnes vivant avec le VIH sont davantage exposées au risque de contracter la COVID-19 sous une forme grave et d'en mourir, mais la grande majorité d’entre elles se voient refuser l’accès aux vaccins contre la COVID-19. Les populations clés et leurs partenaires sexuels représentent 65 % des nouvelles infections au VIH, mais sont largement exclues des ripostes au VIH et à la COVID-19. 800 000 enfants vivant avec le VIH ne suivent pas le traitement indispensable pour les maintenir en vie. Lire le Communiqué de presse
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Press Statement
L’ONUSIDA se félicite de l’autorisation du cabotegravir injectable à action prolongée en tant que prophylaxie pré-exposition dans le cadre de la prévention du VIH
22 décembre 2021 22 décembre 2021La Food and Drug Administration des États-Unis a annoncé plus tôt cette semaine qu’elle autorisait pour la première fois un médicament de prévention du VIH à action prolongée. Le cabotegravir injectable à action prolongée (CAB – LA) est approuvé aux États-Unis d’Amérique en tant que prophylaxie pré-exposition (PPrE) pour les adultes et les adolescents exposés à un risque d’infection au VIH lors de rapports sexuels.
C’est la première fois qu’un médicament antirétroviral injectable est disponible en tant que PPrE dans le cadre de la prévention du VIH. Cette solution à action prolongée est une avancée importante et un nouvel outil précieux de prévention anti-VIH qui facilitera l’acceptation et l’adhésion à la prévention.
Une PPrE à action prolongée telle que le CAB-LA, administré au début sous forme de deux injections espacées d’un mois, suivies d’une nouvelle injection tous les deux mois, pourrait offrir un meilleur choix aux adultes et adolescents exposés à un risque élevé de VIH et qui ne souhaitent pas prendre ou ont du mal à prendre un comprimé tous les jours. Les entreprises qui détiennent de nouvelles technologies doivent partager leurs connaissances et leurs formules avec les fabricants de médicaments génériques afin de garantir la disponibilité et l’accessibilité des traitements dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
L’ONUSIDA appelle à ce que ce nouveau médicament soit rapidement accessible aux personnes qui en ont le plus besoin non seulement aux États-Unis d’Amérique, mais aussi partout dans le monde, et qu’il soit abordable. Nous ne devons pas répéter les erreurs commises il y a trente ans, alors que des thérapies pouvant sauver des vies n’étaient disponibles que pour celles et ceux qui en avaient les moyens. Pour rendre ce nouveau médicament disponible au plus grand nombre, nous devons avoir recours à des stratégies sur le marché comme la concurrence avec des médicaments génériques et la gestion des droits de propriété intellectuelle axée sur la santé publique, soit par le biais d’accords volontaires, soit en profitant de la marge de manœuvre offerte par l’ADPIC.
La disponibilité équitable de ce médicament à travers le monde entier nécessite plusieurs actions essentielles. Premièrement, il doit être approuvé rapidement par les autorités réglementaires régionales et nationales. Il est ici encourageant de constater que le laboratoire à l’origine du CAB-LA a déjà déposé une demande d’autorisation auprès de l’Autorité sud-africaine de réglementation des produits de santé (SAHPRA) et qu’une décision est attendue début 2022. Toutefois, il faut aller beaucoup plus loin. Deuxièmement, le prix de vente doit baisser en combinant des mesures telles que l’octroi de licences et l’intégration des fabricants de médicaments génériques. Troisièmement, les programmes nationaux de prévention du VIH doivent élaborer des plans de déploiement et préparer leurs systèmes de santé et leurs communautés à proposer cette nouvelle option de prévention du VIH dès qu’elle sera disponible.
À l’heure actuelle, la prophylaxie pré-exposition (des comprimés de Tenofovir et d’Emtricitabine) doit être prise oralement tous les jours. Lorsque c’est le cas, elle est très efficace pour prévenir les infections du VIH chez les personnes exposées à un risque important. Cependant, nombreuses sont celles à avoir des difficultés à prendre un comprimé tous les jours. Une autre option de plus en plus disponible, l’anneau vaginal contenant de la dapivirine, se profile comme un outil de prévention supplémentaire pour les femmes exposées à un risque élevé d’infection au VIH.
L’option offerte par le CAB-LA pourrait changer la donne pour la riposte au VIH, rendant la PPrE plus simple ou moins lourde pour tous les sexes. Elle pourrait également permettre d’éviter la stigmatisation associée à la thérapie orale quotidienne et d’améliorer la posologie correcte et le respect des prescriptions, ce qui est essentiel pour assurer l’efficacité de la PPrE.
La décision prise cette semaine par la Food and Drug Administration américaine fait suite aux résultats de deux essais. Le premier, l’essai HPTN 083, a été mené auprès de 4 566 hommes gays et ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que des femmes transgenres dans des centres de recherche en Argentine, au Brésil, au Pérou, aux États-Unis, en Afrique du Sud, en Thaïlande et au Vietnam. Le CAB – LA a réduit de 66 % le risque d’infection sexuelle au VIH par rapport à une PPrE orale à prise quotidienne. Au cours du deuxième essai dit HPTN 084 mené auprès de 3 223 femmes à risque âgées de 18 à 45 ans sur 20 sites répartis dans sept pays d’Afrique subsaharienne (Botswana, Eswatini, Kenya, Malawi, Afrique du Sud, Ouganda et Zimbabwe), le CAB – LA a réduit le risque d’infection au VIH de 89 % par rapport à la PPrE orale à prendre tous les jours.
Notre action
Region/country
Documents
Considérations éthiques en matière d’essais de prévention du VIH
27 janvier 2021
L’ONUSIDA et l’Organisation mondiale de la Santé ont publié une mise à jour du document d’orientation sur les considérations éthiques relatives aux essais de prévention du VIH. Cette actualisation publiée 21 ans après la première édition est le fruit d’années de travail et a impliqué la consultation de plus de 80 spécialistes et membres de la société publique. En savoir plus
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Transforming Vision into Reality: The 2024 Global Alliance Progress Report on Ending AIDS in Children by 2030 - Summary
22 juillet 2024


Mettre à jour
Les préservatifs sont un élément essentiel de la prévention combinée
22 novembre 2021
22 novembre 2021 22 novembre 2021Lorsqu’ils sont utilisés correctement et de manière systématique, les préservatifs avec lubrifiants masculins et féminins offrent une très bonne protection contre le VIH, les infections sexuellement transmissibles et les grossesses non désirées. L’utilisation du préservatif a eu un impact considérable sur la pandémie mondiale de sida : des simulations montrent que l’usage accru du préservatif depuis 1990 a évité environ 117 millions de nouvelles infections au VIH, près de la moitié (47 %) d’entre elles en Afrique subsaharienne et plus d’un tiers (37 %) en Asie et dans le Pacifique.
Si le taux d’utilisation du préservatif augmente pour couvrir 95 % des rapports sexuels à haut risque d’ici 2025 et si toutes les autres interventions de prévention restent au niveau de 2019, alors un tiers environ de l’objectif de baisse des nouvelles infections à VIH sera réalisé. L’utilisation systématique du préservatif, bien que possible, se révèle difficile à atteindre parmi toutes les populations. Dans de nombreux pays, par exemple, les femmes ont besoin d’être davantage actrices de leur vie et de bénéficier d’un soutien plus important pour négocier l'usage du préservatif à chaque rapport. Certaines personnes choisissent également d’autres méthodes de prévention du VIH lorsqu’elles sont disponibles. Les préservatifs seuls ne sont donc pas suffisants pour contrôler l’épidémie de VIH. Réaliser l’objectif de prévention pour 2025 visant à réduire les nouvelles infections au VIH à moins de 370 000 cas par an nécessite des investissements accrus dans la prévention combinée du VIH afin d’assurer que 95 % des personnes exposées à un risque d’infection ont accès et utilisent des préservatifs, et peuvent choisir parmi la gamme complète d’autres choix de prévention.
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Opinion
Quarante ans de sida : l’égalité reste un facteur essentiel pour affaiblir une épidémie encore vivace
01 décembre 2021
01 décembre 2021 01 décembre 2021Edwin Cameron
Le 1er décembre, nous célébrons la Journée mondiale de lutte contre le sida.
Cette année, nous avons aussi fêté un bien triste anniversaire. Le 5 juin 2021 a en effet marqué les quarante ans depuis le premier regroupement officiel de cas inquiétants et inexpliqués de maladies et de décès qui allaient plus tard prendre le nom de sida. Ces quarante dernières années ont vu d’énormes progrès médicaux et scientifiques, mais la mort et la stigmatisation restent beaucoup trop présentes autour de nous.
De trop nombreuses personnes ne se font pas dépister ou meurent dans le silence et la honte. Le traitement n’atteint pas celles et ceux qui en ont besoin, et les inégalités et la discrimination entravent notre riposte mondiale.
Aujourd’hui, je suis en mesure de m’exprimer à ce sujet, car le hasard de la vie m’a permis de survivre au sida. Il y a 24 ans, j’ai commencé un traitement antirétroviral qui m’a sauvé la vie. Cela m’a fait prendre conscience des effets délétères des lois et les politiques discriminatoires vis-à-vis des personnes mises en danger par cette redoutable épidémie. Laissez-moi vous raconter.
Mon infection au VIH remonte plus ou moins à Pâques 1985. J’étais un jeune trentenaire en début de carrière. À cette terrible époque, aucun traitement n’existait : contracter le VIH revenait à signer son arrêt de mort. Toutes les personnes qui avaient ou étaient suspectées d’avoir le VIH ou le sida suffoquaient sous une chape de stigmatisation et de peur.
Comme beaucoup, je n’ai pas révélé mon statut sérologique. J’espérais contre toute attente échapper au spectre de la mort. Peine perdue. Le sida a pris possession de mon corps douze ans après mon infection. Je suis tombé terriblement malade et j’ai vu la mort en face.
Mais mes privilèges m’ont donné accès à un traitement et aux soins. J’étais entouré de l’amour de ma famille et de mes amis, et je voulais reprendre mon travail en tant que juge. J’ai survécu en ayant accès rapidement au traitement antirétroviral.
En 1999, j’ai annoncé publiquement ma séropositivité. J’ai expliqué que les antirétroviraux m’avaient protégé d’une mort certaine, mais que des millions d’autres personnes en Afrique n’y avaient pas accès.
Aujourd’hui, je fais figure d’exception en Afrique : j’occupe un poste officiel, je parle ouvertement de mon homosexualité et de ma vie avec le VIH. Je ne le dis pas pour attirer les compliments, mais parce la honte, la peur, l’ignorance et la discrimination continuent de réduire trop de personnes au silence dans trop d’endroits dans le monde.
D’expérience, au plus profond de moi, je connais le pouvoir de la stigmatisation, de la discrimination, de la haine et de l’exclusion.
Et, après vingt-cinq ans au poste de juge, j’ai été témoin de trois choses. Premièrement, la stigmatisation et la honte ont un effet destructeur. Deuxièmement, les lois punitives et discriminatoires nuisent aux ripostes de santé publique. Troisièmement, le manque de protection légale et de recours juridique alourdit davantage le terrible fardeau du VIH/SIDA.
Les raisons expliquant pourquoi l’égalité est au cœur de la riposte au VIH/SIDA
Environ 37,7 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde. Pour la plupart d’entre nous, des progrès réconfortants ont atténué le fardeau de la mort, de la maladie et de la honte. Aujourd’hui, nous sommes en mesure d’atteindre notre objectif 90-90-90 (90 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90 % d’entre elles ont accès au traitement et 90 % de ces dernières ont une charge virale indétectable).
En Afrique, l’épidémie présente toutefois un visage tragique. L’Afrique subsaharienne concentre deux tiers des cas de VIH, et les jeunes femmes représentent 63 % des nouvelles infections dans cette région.
Voici un autre chiffre tout aussi préoccupant : les populations clés (travailleur-ses du sexe, membres de la communauté LGBTQI+, toxicomanes, population carcérale, hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes) représentent 65 % des nouvelles infections au VIH dans le monde.
Face à ces faits parlants, la nouvelle stratégie annoncée par l’organisation des Nations Unies dédiée à la lutte contre l’épidémie, l’ONUSIDA, a été la bienvenue. Ce document souligne la manière dont les inégalités font les beaux jours du sida. Par conséquent, leur éradication est au cœur de la nouvelle approche de l’ONUSIDA.
Une approche basée sur les droits va dans le bon sens. Elle montre que les droits humains sont tous interconnectés. L’épidémie de sida en est la preuve : le droit à la santé ne peut pas être dissocié, en théorie ou en pratique, du droit à l’égalité.
La conclusion à en tirer est sans équivoque : pour surmonter le sida d’ici 2030, nous devons renforcer l’égalité au sein de l’humanité.
La bonne nouvelle, c’est que la protection et le respect des droits permettent d'endiguer le sida. Les données probantes de l’ONUSIDA montrent très clairement comment « les inégalités alimentent l’épidémie de VIH et bloquent les progrès nécessaires pour mettre fin au sida ». Comme l’indique à juste titre The Lancet : « Le succès de la riposte au VIH repose sur l’égalité – non seulement l’égalité dans l’accès à la prévention, à la prise en charge et au traitement... mais aussi l’égalité face à la loi. »
Les programmes de défense des droits humains et les réformes sensées du droit réduisent la stigmatisation et la discrimination. Pourtant, le manque de financements et d’efforts est criant. La situation est simple : dans beaucoup trop de sociétés, le spectre de la stigmatisation s’abat sur les personnes vivant avec le VIH et le sida ou exposées à ces deux fléaux. La discrimination est présente dans les sociétés et leurs lois, et l’abrogation des lois punitives non avenues se fait à un rythme désespérément lent.
Non aux lois punitives et discriminatoires
Les lois punitives et discriminatoires ciblent les populations clés les plus exposées au VIH/SIDA. Elles ciblent l’orientation sexuelle, l’identité de genre, le statut sérologique, l’usage de drogues et le travail du sexe.
Ainsi, trop de pays criminalisent encore les personnes LGBTQI+. De plus, le risque de contracter le VIH est extrêmement plus élevé chez les femmes transgenres.
Et personne ne fait l’objet de discrimination uniquement pour un seul motif. Les répercussions toxiques de la discrimination se mêlent à des formes variées d’environnements hostiles. On parle ici à juste titre d’« intersectionnalité ». Par exemple, une travailleuse du sexe est attaquée pour sa sexualité, son sexe, son statut socio-économique et son statut sérologique vis-à-vis du VIH. Le résultat est inquiétant : les travailleur-ses du sexe ont 26 fois plus de risques de contracter le VIH.
Dans l’ensemble, la force brutale du droit pénal musèle le bon travail de la lutte contre le sida. Elle intensifie les inégalités, les inégalités et l’exclusion.
De fait, la criminalisation des personnes vivant avec le VIH et la répression envers les populations clés compromettent les efforts de prévention. Elles réduisent l’accès aux services, ce qui peut augmenter les infections au VIH.
Ces lois punitives ne se limitent pas à « laisser les gens de côté ». Elles les marginalisent activement. Elles augmentent la peur et la stigmatisation, et tiennent les personnes les plus exposées à distance des services de santé et des protections sociales.
Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA, a confié un souvenir poignant : « La stigmatisation a tué mon frère. Il était séropositif et serait encore parmi nous s'il était allé chercher ses antiviraux au dispensaire, mais il a eu peur d’être reconnu là-bas et jugé par des personnes qui le connaissaient. » Sa conclusion ? « Nous devons lutter contre la stigmatisation et la discrimination, car elles tuent. »
D’autres conséquences nuisent à nos sociétés. La discrimination s’immisce dans la collecte de données et de preuves, car les populations criminalisées et stigmatisées se retrouvent ainsi souvent sous-représentées ou absentes.
Cela reflète leur réalité au quotidien : elles sont confrontées à une forme extrême de stigmatisation, leur existence est niée, invisibilisée et effacée.
Cette oblitération est extrêmement néfaste. Cela signifie que nous ne savons pas si les services sont accessibles et adaptés. Cela signifie que des informations importantes risquent de ne pas être obtenues. Cela signifie que la violence et la discrimination à l’encontre des populations invisibles restent inconnues et non résolues.
Nous devons donc demander : Comment peut-on éliminer les obstacles à l’accès aux services si nous ne voyons même pas les personnes qu’ils écrasent ? Que pouvons-nous faire ?
Une chose est sure : nous pouvons aider à créer des environnements juridiques favorables, émancipatoires et qui apportent une protection.
Un environnement juridique favorable
La riposte au sida est liée aux valeurs démocratiques et à des systèmes juridiques efficaces. L’état de droit, la liberté d’expression, la liberté de manifester et d’autres droits humains fondamentaux sont importants.
Il est essentiel de créer un environnement juridique favorable. Cela signifie que nous avons recours à la loi pour autonomiser plutôt que pour opprimer. Nous devons nous défaire des lois pénales qui punissent sans raison. Il s’agit de parvenir à l’égalité devant la loi.
L’accès à la justice, la revendication de réformes juridiques, la sensibilisation ainsi que les campagnes éducatives et le dynamisme militant de la société civile, qui n’oublie pas les populations clés, sont essentiels. Tout cela favorise un changement positif et aide à placer les auteurs de violations des droits humains devant leurs responsabilités.
C’est ce que nous ont montré les quarante dernières années. Des militantes et militants fervents, intègres et courageux d’ACT UP à New York et de Treatment Action Campaign en Afrique du Sud sont parvenus à des avancées vitales dans le traitement du sida. Ces hommes et ces femmes ont lutté pour la justice et pour trouver la riposte au sida la plus efficace. En Afrique du Sud, la société civile a attaqué la politique de l’autruche du gouvernement du président Mbeki devant la plus haute Cour et cette dernière a ordonné au gouvernement de commencer à fournir des ARV.
Pour eux, comme pour moi, et pour encore beaucoup trop de personnes aujourd’hui, il s’agissait d’une bataille dont l’issue déterminait la vie ou la mort, le bien-être ou la maladie, la science ou l’effet pernicieux des idées préconçues, la discrimination ou la justice et l’égalité, et la façon dont des pratiques justes instaurent des politiques de santé publique sensées et qui sauvent des vies.
La nouvelle stratégie de l’ONUSIDA s’inscrit dans cette dynamique. Elle vise à garantir l’accès à la justice et la reddition de compte en faveur des populations clés et des personnes vivant avec le VIH ou affectées par le virus. Elle appelle à juste titre à renforcer la collaboration entre les principales parties prenantes, à soutenir les programmes de connaissance des droits et à élargir l’assistance juridique. Elle prévoit également un engagement considérable, des investissements plus importants et une diplomatie stratégique de la part de la communauté internationale.
La pandémie de COVID-19 n’a pas changé ces objectifs, mais son impact sur les inégalités en a accru l’urgence. Les confinements anti-infection ont perturbé les services liés au VIH et au sida (les établissements de santé ont été fermés ou les ressources ont été réallouées à la COVID-19 ou il y a eu des pénuries d’antirétroviraux).
D’autre part, des leçons ont été tirées et la technologie de l’ARNm pourrait accélérer la découverte d’un vaccin contre le sida.
Bien qu’il n’y ait toujours pas de remède, le sida n’est plus synonyme d’une mort assurée. Vingt-quatre ans après avoir pris mes premiers antirétroviraux, je mène une vie heureuse et épanouie. Notre défi réside en nous-mêmes et dans nos sociétés : il s’agit de surmonter la peur, la discrimination et la stigmatisation pour garantir que les traitements vitaux et les messages soient accessibles de manière juste et équitable.
L’éradication du sida d’ici 2030 est un objectif réaliste. Mais pour y parvenir, nous devons respecter, protéger et satisfaire les droits fondamentaux des personnes vivant avec le VIH et exposées au risque d’infection. Nous devons adopter les aspirations démocratiques, placer les populations clés au centre de notre riposte, fournir des ressources pour réduire les inégalités et les injustices, et promouvoir les environnements juridiques qui nous permettront de mettre fin au sida.
Ces 40 dernières années ont été difficiles, mais elles nous ont appris une chose : nous pouvons mettre fin au sida si le soutien, la recherche scientifique, la concentration et l’amour sont au rendez-vous.
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Press Release
L’ONUSIDA avertit que des millions de personnes mourront à cause du sida et que la pandémie continuera de faire des ravages si la classe dirigeante ne s’attaque pas aux inégalités
29 novembre 2021 29 novembre 2021GENÈVE, le 29 novembre 2021—L’ONUSIDA a émis aujourd’hui un avertissement fort : si la classe dirigeante ne parvient pas à lutter contre les inégalités, le monde pourrait enregistrer 7,7 millions* de décès dus au sida au cours des 10 prochaines années. L’organisation avertit également qu’en cas d’absence de mesures transformatives nécessaires pour mettre fin au sida, l’humanité restera également engluée dans la crise de la COVID-19 et aura de très mauvaises cartes en main pour faire face aux futures pandémies.
« Il s’agit d’un appel à l’action de toute urgence », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Les avancées contre la pandémie de sida, qui accusaient déjà un retard, sont confrontées aujourd’hui à des difficultés encore plus grandes alors que la crise de la COVID-19 continue de faire des ravages, perturbant entre autres les services de prévention et de traitement du VIH, la scolarisation et les programmes de prévention de la violence. Nous ne pouvons en aucun cas être placés devant le choix entre mettre fin à la pandémie de sida d’aujourd’hui et se préparer aux pandémies de demain. Il n’y a pas d’autre choix que d’atteindre ces deux objectifs. À l’heure actuelle, nous sommes bien partis pour les rater tous les deux. »
Cette mise en garde est présentée dans un nouveau rapport de l’ONUSIDA publié en amont de la Journée mondiale de lutte contre le sida (1er décembre) et intitulé Unequal, unprepared, under threat: why bold action against inequalities is needed to end AIDS, stop COVID-19 and prepare for future pandemics.
Certains pays, y compris ceux qui affichent les taux de VIH les plus élevés, ont accompli des progrès remarquables contre le sida. Ils montrent ainsi ce qui est possible. Cependant, avec 1,5 million de nouvelles infections au VIH en 2020 et des chiffres en augmentation dans certains pays, les nouvelles contaminations ne reculent pas assez vite dans le monde pour mettre fin à la pandémie. Les infections puisent également dans les inégalités. Six nouvelles infections au VIH sur sept chez les ados en Afrique subsaharienne touchent une adolescente. Dans le monde, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les travailleur-ses du sexe et les toxicomanes ont 25 à 35 fois plus de risques de contracter le VIH.
La COVID-19 sape la riposte au sida dans de nombreuses régions. Le dépistage du VIH a ralenti de manière quasi homogène et, en 2020, moins de personnes séropositives ont commencé un traitement dans 40 pays sur 50 livrant un rapport à l’ONUSIDA. L’offre de prévention du VIH est elle aussi touchée. En 2020, les services de réduction des risques pour les toxicomanes ont connu des perturbations dans 65 % des 130 pays interrogés.
« Il est toujours possible de mettre fin à l’épidémie d’ici 2030 », a affirmé le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dans son message pour la Journée mondiale de lutte contre le sida. « Mais cela nécessitera d’intensifier les efforts et la solidarité. Pour vaincre le sida et renforcer la résilience face aux futures pandémies, nous avons besoin d’une action collective. »
Ce nouveau rapport de l’ONUSIDA examine cinq éléments essentiels du plan adopté par les États membres lors de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/sida. Ces aspects fondamentaux doivent être mis en œuvre de toute urgence pour mettre fin à la pandémie de sida, mais ils manquent de financement et de priorisation pour la prévention, la préparation et la riposte à la pandémie. Ces éléments incluent :
- Des infrastructures dirigées par les communautés et situées au sein des communautés.
- Un accès équitable aux médicaments, vaccins et technologies de santé.
- Un soutien envers le personnel en première ligne de la pandémie.
- Des ripostes à la pandémie reposant sur les droits humains.
- Des systèmes de données centrés sur les personnes et qui révèlent les inégalités.
Des personnalités mondiales de la santé et de la riposte aux pandémies apportent leur soutien à l’appel à des investissements renforcés et à des changements de lois et de politiques pour mettre fin aux inégalités qui favorisent le sida et d’autres pandémies.
« Si nous ne prenons pas les mesures nécessaires pour lutter contre les inégalités qui favorisent le VIH aujourd’hui, non seulement nous ne parviendrons pas à mettre fin à la pandémie de sida, mais le manque de préparation de l’humanité sera dangereux face aux futures pandémies », a déclaré Helen Clark, co-présidente du Groupe indépendant sur la préparation et la riposte à la pandémie, dans un avant-propos spécial du rapport de l’ONUSIDA. « Les pandémies s’enracinent dans les fractures des sociétés pour s’épanouir. Le personnel scientifique, médical, infirmier et communautaire qui réalise un travail formidable pour mettre fin aux pandémies ne peut réussir que si les leaders mondiaux prennent les mesures qui leur permettront d’y parvenir. »
L’ONUSIDA et les experts mondiaux de la santé soulignent que des millions de personnes mourront et le monde sera englué pendant des décennies dans des pandémies concomitantes si les efforts sont maintenus au rythme actuel. Toutefois, les leaders peuvent, en faisant preuve de courage et de cohésion, lutter contre les inégalités qui nourrissent les pandémies, mettre fin au sida, surmonter la crise de la COVID-19 et assurer la protection contre la menace de pandémies futures.
« Les agents pathogènes, allant du VIH au virus à l’origine de la COVID-19, s’immiscent dans les failles et les fissures de notre société avec un opportunisme alarmant », a déclaré Paul Farmer de Partners in Health, une organisation à but non lucratif qui, depuis des décennies, lutte efficacement contre le sida dans des contextes de pauvreté matérielle. « Le fait que la pandémie de sida suive les inégalités structurelles profondes ne doit cependant pas nous faire baisser les bras. Nos équipes, dans la campagne haïtienne et dans le monde entier, ont systématiquement montré qu’il est possible de réduire rapidement les disparités dans les résultats liés au VIH et de renforcer sans attendre les systèmes de santé en fournissant une prise en charge complète, des solutions solides de prise en charge et d’assistance sociale, ainsi qu’en apportant une plus grande dose de justice sociale. Nous ne devons pas nous fixer un objectif inférieur à cela. »
Cette année marque les 40 ans du signalement des premiers cas de sida. D’énormes progrès, en particulier dans la démocratisation de l’accès au traitement, ont été accomplis depuis le moment où les investissements ont été à l’hauteur des ambitions. En juin 2021, 28,2 millions de personnes avaient accès au traitement anti-VIH, contre 7,8 millions en 2010, bien que les progrès aient considérablement ralenti.
Les pays dotés de lois et de politiques reposant sur des données probantes, et jouissant d’une implication et d’un engagement forts des communautés, mais aussi de systèmes de santé solides et inclusifs ont obtenu les meilleurs résultats, tandis que les régions présentant les déficits de ressources les plus importants et les pays disposant de lois punitives qui n’ont pas adopté une approche à la santé fondée sur les droits sont les plus touchés.
« Nous savons ce qui fonctionne grâce aux ripostes contre le sida qui livrent des résultats exceptionnels dans certains endroits, » a déclaré Mme Byanyima, « mais nous devons généraliser ces bonnes pratiques sans oublier personne. Nous disposons d’une stratégie efficace qui a été adoptée par les dirigeantes et dirigeants. Toutefois, nous devons mettre chacun de ses aspects en œuvre, sans exception. Mettre fin aux inégalités pour mettre fin au sida est un choix politique qui nécessite des réformes politiques audacieuses et des financements. Nous sommes à la croisée des chemins. Les leaders ont le choix entre des actions audacieuses et des demi-mesures. »
* L’estimation de 7,7 millions de décès liés au sida entre 2021 et 2030 correspond aux prévisions des modèles de l’ONUSIDA si la couverture des services anti-VIH reste au niveau de 2019. Si la Stratégie mondiale contre le sida 2021–2026 : Mettre fin aux inégalités, mettre fin au sida et les objectifs pour 2025 sont atteints, l’ONUSIDA estime qu’au moins 4,6 millions de ces décès peuvent être évités au cours de la décennie.


Mettre à jour
L’appartenance ethnique influence la fourniture des services anti-VIH aux États-Unis d’Amérique
15 novembre 2021
15 novembre 2021 15 novembre 2021Les disparités concernant la fourniture des services anti-VIH par groupe ethnique sont documentées dans plusieurs régions du monde développé.
Aux États-Unis, les nouvelles infections au VIH touchent de manière disproportionnée les personnes noires : ce groupe concentre en effet 41 % des contaminations en 2019, alors qu’il ne compte que pour 13 % environ de la population nationale. Cela est imputable en partie à la faible couverture des services de prévention du VIH. Ainsi, la prophylaxie pré-exposition n’était prescrite qu’à 8 % de la population noire américaine et à 14 % des Hispaniques/Latinos éligibles contre 63 % des blancs.
Des études révèlent également des disparités raciales considérables dans les résultats du traitement du VIH. Parmi les facteurs responsables de cette situation : une durée plus longue avant d’entamer une thérapie et une prise en charge, un respect plus faible du traitement, une stigmatisation et une discrimination plus marquées, un manque de confiance ou d’accès vis-à-vis des prestataires de santé, ainsi qu’un accès inadapté à l’assurance maladie. Beaucoup de ces disparités concernent les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes des communautés noires et latinos qui doivent faire face à la fois aux inégalités raciales et à l’homophobie.
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Cinq questions sur la riposte au VIH au Gabon
02 novembre 2021
02 novembre 2021 02 novembre 2021Au terme du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui s’est tenu à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses de Françoise NDAYISHIMIYE, Directrice nationale de l’ONUSIDA au Gabon
« Au terme de ce sommet, je rentre avec quelques messages importants qui vont inspirer mon plaidoyer et l’organisation de l’appui au pays : (1) Le sommet a souligné un besoin de renforcement des infrastructures et du financement des organisations communautaires pour permettre leur meilleure implication dans les systèmes de santé. Je salue le Président Macky Sall qui donne l’exemple en promettant aux acteurs de la société civile de son pays un million de francs CFA pour le renforcement de leurs actions. C’est un exemple qui devrait être suivi par d’autres Chefs d’Etat, cela va faire partie de mon plaidoyer ; (2) La nécessité de mettre à jour les politiques de santé pour les aligner sur les données scientifiques les plus récentes pour répondre à la pandémie de VIH centré sur la réduction des inégalités. Le Gabon pourra y arriver car le pays s’apprête à préparer son nouveau plan stratégique 2023-2027. L’ONUSIDA va accompagner ce processus et appellera la conjugaison des efforts de toutes les organisations coparraines à faire de même ; (3) la nécessité de mettre en place un mécanisme de suivi de l’appel et des recommandations issus de ce sommet. »
Le Gabon a des atouts et avance à petit pas mais surement dans sa réponse au VIH. Avec un soutien approprié, le pays peut reprendre la trajectoire visant à éliminer le sida d’ici à 2030. L’accès au dépistage et aux traitements antirétroviraux (ARV), gratuit depuis 2005, s’est modernisé avec la généralisation de l’utilisation du Dolutégravir ; la décentralisation de la prise en charge ; et l’implication accrue de la société civile dans l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sous traitement ARV. La législation a dépénalisé l’homosexualité pour favoriser leur accès aux services de prévention et de prise en charge. Les législations en faveur de l’égalité de l’homme et de la femme et contre les violences faites aux femmes sont des ajouts majeurs qui favoriseront l’environnement juridique et politique pour accélérer la réponse au VIH.
Il reste cependant des progrès à faire dans le renforcement de la chaîne d’approvisionnement et de gestion des intrants en particulier des antirétroviraux pour éviter des ruptures de stock des intrants nécessaires pour les luttes contre le VIH et les autres endémies. En outre, il faudra investir des ressources conséquentes pour renforcer la prévention et prioriser davantage les populations clés et notamment les adolescents et les jeunes y compris ceux qui vivent avec le VIH : ils ont besoin d’être soutenus par des pairs, de recevoir une éducation sur la santé sexuelle et reproductive à l’école et en dehors, afin de leur garantir un avenir sans VIH. Pour y arriver, une réponse multisectorielle est indispensable. En tant que pays champion pour l’initiative Education Plus, le Gabon est le mieux placé pour accélérer des actions holistiques pour prévenir les nouvelles infections chez les jeunes et en particulier les jeunes filles.
1. Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ?
Ces cinq dernières années ont été marquées de plusieurs grandes avancées au Gabon. Tout d’abord, à la politique de gratuité des tests de dépistage et des antirétroviraux (ARV) pour toutes les lignes thérapeutiques adoptée depuis 2005, s’est ajoutée l’adoption de la politique « Tester et traiter », la décentralisation des services de prise en charge et la prise en charge totale de la femme enceinte séropositive.
Le Dolutégravir est désormais inclus dans le protocole de première intention y compris chez la femme enceinte ou allaitante. Davantage d’efforts ont été investis dans la lutte conjointe contre le VIH et la tuberculose, telle que l’utilisation des appareils GenXpert pour la réalisation du diagnostic précoce (PCR) et de la charge virale VIH dans toutes les provinces.
Dans l’ensemble, l’implication de la société civile dans la réponse au VIH, à la tuberculose et aux autres pandémies a été renforcée, bien que beaucoup reste à faire à ce niveau.
La dépénalisation de l'homosexualité a été votée et signée par le président Bongo le 7 juillet 2020, permettant un meilleur accès aux services et un environnement favorable pour diminuer la stigmatisation et la discrimination.
2. Quels sont les principaux défis à relever ?
Les cinq dernières années ont été marquées par des ruptures de stock répétitives pour les ARV, les tests de dépistage du VIH et les préservatifs. Elles sont généralement liées à la faible qualité de la planification des besoins, de l’organisation de toute la chaîne d’approvisionnement et de gestion des intrants en particulier des antirétroviraux, et l’insuffisance des fonds au moment opportun.
La reconnaissance, la valorisation des apports des organisations de la société civile et l’institutionnalisation des acteurs de la santé communautaire (ASC) reste un défi majeur au Gabon. Ces derniers n’ont pas de cadre juridique pour le rôle qu’ils jouent dans la réponse au VIH.
La prise en charge pédiatrique reste problématique avec moins de 40% des enfants séropositifs ayant accès aux traitements ARV. L'appui aux adolescents et aux jeunes vivant avec le VIH sur le plan socio-éducatif et médical reste insuffisant. Il est primordial de mettre en place un cadre adéquat dédié aux adolescents pour leur prise en charge et de renforcer les réseaux de PVVIH et de jeunes qui permettraient de mettre en œuvre des liens de coaching et de mentoring.
Enfin, l’allocation des ressources gouvernementales ne couvre pas le minimum des besoins des PVVIH, et souvent favorise le financement du traitement ARV au détriment de la prévention. Il faut investir davantage de moyens dans la sensibilisation et prévention du VIH et autres infections sexuellement transmissibles, en particulier auprès des populations difficiles d’accès et au niveau de la zone des trois frontières (Gabon, Cameroun et Guinée Equatoriale) où la prévalence du VIH est deux fois plus élevée par rapport à la prévalence nationale (estimations nationales).
3. Comment la COVID-19 a-t-elle affectée la riposte au VIH dans votre pays ?
L’accessibilité géographique et financière des patients aux soins VIH a été limités. Nous continuons à observer des retards d’approvisionnement avec des ruptures de stock de certains médicaments ARV et autres intrants qui limitent l’opérationnalisation de la politique de donner trois à six mois de traitement ARV aux patients stables.
Bien que l’implication des acteurs communautaires ait permis d’améliorer la situation, la vulnérabilité des PVVIH est notable pendant la crise de la COVID-19 du fait du ralentissement des activités liées au VIH, et la difficulté d’accéder aux soins en cas de maladies opportunistes.
4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?
Je souhaite saluer les rôles clés joués par les associations et les réseaux des personnes vivant avec le VIH qui se battent pour améliorer la prise en charge de leurs pairs en difficulté avec un soutien financier quasi inexistant. J’appelle à plus de soutien à leur endroit pour diminuer le fardeau qu’ils portent bénévolement et sans moyen. J’appelle également à des efforts conjoints dans l’action impliquant les associations des PVVIH, les communautés LGBTI, les mouvements de jeunes, les femmes et hommes des médias, les célébrités, notamment les sportives, les chanteurs, les danseurs qui sont des modèles pour les jeunes et les leaders traditionnels et religieux qui ont une part importante dans la réponse au VIH. Tout en saluant les efforts du gouvernement dans la prise en charge, j’appelle à un effort additionnel pour la prévention. Enfin le secteur privé pourrait jouer un rôle important au Gabon et aider à faire la différence en accompagnant les actions de prévention du VIH au Gabon. C’est tous ensemble qu’on arrivera à éliminer le sida comme problème de santé publique d’ici à 2030 !
5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?
J’ai deux requêtes : (1) Rendre la lutte contre le sida véritablement multisectorielle et investir aussi bien dans la prise en charge des PVVIH que dans la prévention du VIH. (2) Octroyer une attention particulière et un soutien financier aux associations de lutte contre le sida, en particulier ceux des personnes vivant avec le VIH qui sont épuisées par des efforts bénévoles continus.