Men who have sex with men

Feature Story

La justice n’est jamais un don, mais une victoire : des activistes des Caraïbes orientales ont élaboré une stratégie efficace contre les lois qui criminalisent les personnes LGBT

31 août 2022

Pendant près de 150 ans, être gay à Saint-Kitts-et-Nevis faisait de vous un criminel.  Ce que les autorités coloniales appelaient inhumainement « le crime abominable de sodomie » était inscrit dans le droit et avait pour effet de punir, stigmatiser, discriminer les personnes LGBT et de les empêcher d’être elles-mêmes. 

Cette semaine, la Haute Cour de ce pays des Caraïbes a jugé que les dispositions qui criminalisaient les actes sexuels privés entre partenaires du même sexe allaient à l’encontre de la constitution et que la criminalisation devenait nulle et non avenue avec effet immédiat. 

Maître Nadia Chiesa a souligné que le dossier à Saint-Kitts-et-Nevis portait sur plusieurs violations de droits constitutionnels par des dispositions pénales : les droits à la vie privée, à la liberté personnelle, à l’absence de discrimination et à la liberté d’expression.  

« Le dossier n’a pas été étayé uniquement par des arguments juridiques, mais aussi par de nombreux exemples illustrant l’effet de ces lois sur les personnes dans la communauté et dans tous les aspects de leur vie », a expliqué Mme Chiesa.  

Les preuves apportées par les plaignants et plaignantes touchaient des problèmes rencontrés régulièrement par les membres de la communauté LGBT à Saint-Kitts-et-Nevis.  Figurait en tête « une tendance à éviter les services de santé sexuelle, y compris le dépistage du VIH, par peur de la stigmatisation par les prestataires de soins de santé ou la société au sens large ».  

« Les programmes de lutte contre le VIH sont censés se concentrer sur les populations clés, y compris les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, pourtant certains gouvernements ont mis en place des politiques pour ne pas se conformer à ces approches, ou encore on observe de facto une absence d’action de la part des autorités chargées de fournir des services aux communautés. Cette preuve était très importante pour étayer l’argumentaire juridique concernant la discrimination », explique Veronica Cenac, avocate à Sainte-Lucie et une des principales instigatrices de l’initiative.   

Aujourd’hui, l’évolution de la législation va permettre d’améliorer tout un éventail de services. Le changement de la législation sauvera et changera des vies.  

Alors que les activistes fêtent leur succès, tous et toutes soulignent également l’importance de réfléchir sur le processus qui a mené à cette victoire et d’en tirer des leçons, de contribuer à apporter leur expérience aux efforts des autres et de fournir des informations sur les prochaines étapes nécessaires pour mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination.  

La stratégie qui allait finalement renverser une loi du 19e siècle a vu le jour il y a sept ans. Le mois dernier, cette initiative a attaqué et renversé la loi sur la « sodomie » à Antigua-et-Barbuda. Des actions similaires ont été lancées à la Barbade, à la Grenade et à Sainte-Lucie.  

Cette approche s’inspire d’exemples récents aux Caraïbes de recours à l’examen de la législation en vue de renverser les lois qui criminalisaient les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) au Belize, au Guyana et à Trinité-et-Tobago. Sous la direction de l’Eastern Caribbean Alliance for Diversity and Equality (ECADE), un regroupement d’avocats et avocates, de groupes de la société civile et d’organisations de défense des droits humains a élaboré un plan spécial pour viser des lois discriminatoires dans les Caraïbes orientales. 

Le processus de l’ECADE reposait sur trois piliers.  

Premièrement, plutôt que de se concentrer sur la création d’une dynamique positive dans la couverture médiatique des affaires, les efforts de communication se sont focalisés sur la sensibilisation et la prise en compte des connaissances des communautés. L’équipe a travaillé pour identifier les points forts et les soutiens, tout en prévoyant de remédier aux écueils potentiels. 

Deuxièmement, la stratégie reposait fondamentalement sur le renforcement des institutions. 

« Il ne s’agissait pas uniquement d’intenter des poursuites en justice », a déclaré Kenita Placide, directrice exécutive de l’ECADE. « Mais de bâtir une communauté. »  

L’une des parties réclamantes était l’organisation non gouvernementale St. Kitts and Nevis Alliance for Equality (SKNAFE). La présidente de la SKNAFE, Tynetta McKoy, a révélé que l’organisation était prête à soutenir la prochaine étape du travail : renforcer l’implication du public.  

« La majorité des membres de la communauté... savent qu’il s’agit d’une première étape et qu’il reste encore beaucoup à faire en matière d’éducation et de sensibilisation du public. Au niveau communautaire, il s’agit d’un tremplin. Nous allons continuer », a-t-elle déclaré. 

La troisième étape de la stratégie consistait à assurer la sécurité des justiciables et de la communauté au sens large. L’ECADE a souligné l’importance de penser aux demandeurs et demandeuses au-delà de l’affaire et de s’assurer que ces personnes puissent vaquer à leurs occupations en toute sécurité, en particulier lorsque leurs noms et visages ont circulé dans les médias.  

L’ECADE a remercié chaudement les contributions du Human Dignity Trust, du Kaleidoscope Trust, du Réseau juridique VIH du Canada, de l’University of the West Indies Rights Advocacy Project (URAP) et de la Caribbean Vulnerable Communities (CVC) Coalition, entre autres, pour leurs contributions variées. Il s’agissait notamment de soutenir la recherche fondamentale et d’offrir des conseils stratégiques. 

Mme Cenac a indiqué qu’une nouvelle phase de la stratégie visera à encourager les gouvernements à adopter une législation protectrice. Cela garantira à la communauté LGBT et aux autres groupes vulnérables d’être couverts par les mêmes protections juridiques que les autres citoyens et citoyennes.     

E. Anthony Ross Q.C., avocat principal, a appelé les gouvernements des Caraïbes à prendre les devants pour garantir que leurs lois défendent les droits constitutionnels garantis des citoyens et citoyennes. 

« [Cette décision juridique] n’a rien créé de nouveau. La constitution confère spécifiquement ces droits. Les procureurs généraux et procureuses générales doivent en prendre note. Il est temps de passer au crible toutes les lois et de corriger ces lois discriminatoires. »

Le VIH et les homosexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

Press Statement

Saint-Kitts-et-Nevis devient le dernier pays en date à déclarer que les lois criminalisant les personnes LGBT sont inconstitutionnelles

GENÈVE, le 30 août 2022—L’ONUSIDA salue la décision de la Haute Cour de Saint-Kitts-et-Nevis qui a déclaré que les lois criminalisant le sexe gay sont inconstitutionnelles. Autrement dit, ces dernières sont supprimées immédiatement du code pénal. La Cour a donné une suite favorable à la requête des plaignants et plaignantes concernant les articles 56 et 57 de la loi Offences Against the Person Act qui selon eux violaient le droit à la vie privée et à la liberté d’expression.

« Cette décision historique est une étape importante dans la garantie de l’égalité et de la dignité pour la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre à Saint-Kitts-et-Nevis et dans toutes les Caraïbes », a déclaré Luisa Cabal, directrice de l’ONUSIDA pour l’Amérique latine et les Caraïbes. « Aujourd’hui, Saint-Kitts-et-Nevis rejoint un nombre croissant de pays des Caraïbes qui ont tourné le dos à ces lois coloniales qui bafouent les droits humains des personnes et freinent la riposte à la pandémie de VIH. Tout le monde profite de cette décriminalisation. »

En plus de violer les droits humains des personnes LGBT, les lois qui punissent les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe constituent un frein important à l’amélioration des résultats en matière de santé, y compris dans la riposte au VIH. De fait, ces lois alimentent la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des personnes LGBT. Par ailleurs, elles dressent des barrières aux membres de cette communauté qui cherchent et reçoivent des soins de santé, car ces personnes ont peur des sanctions ou d’être arrêtées. La dépénalisation sauve et change des vies.

La plainte contre le gouvernement de Saint-Kitts-et-Nevis a été déposée par un citoyen, Jamal Jeffers, et l’organisation St. Kitts and Nevis Alliance for Equality, avec le soutien de l’Eastern Caribbean Alliance for Diversity and Equality. La décision rendue par la Haute Cour fait suite à une décision similaire rendue par la Haute Cour d’Antigua-et-Barbuda en juillet. Les tribunaux du Belize et de Trinité-et-Tobago ont également supprimé des articles de leurs codes pénaux qui criminalisaient les relations sexuelles entre personnes du même sexe.

Toutefois, sept pays des Caraïbes, tous d’anciennes colonies britanniques, continuent de criminaliser les rapports sexuels entre adultes consentants. Il s’agit de la Barbade, de la Dominique, de la Grenade, du Guyana, de la Jamaïque, de Sainte-Lucie et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

« La société civile caribéenne est déterminée et la décision des tribunaux des Caraïbes est sans ambiguïté. Les jours de ces lois coloniales néfastes sont comptés », a déclaré Luisa Cabal. « Les pays qui n’ont pas encore supprimé ces lois doivent le faire de toute urgence, pour la santé et les droits humains de toute leur population. »

L’arrêt de la Cour réduit à 68 le nombre de pays dans le monde qui criminalisent les relations sexuelles entre personnes du même sexe. Au début du mois, Singapour a annoncé l’abrogation de la législation qui condamnait les rapports sexuels gays par une peine de prison allant jusqu’à deux ans.

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UNAIDS Geneva
Michael Hollingdale
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Le VIH et les homosexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

Press Statement

L’ONUSIDA salue l’abrogation de la loi qui criminalisait les personnes LGBT à Singapour

GENÈVE, le 22 août 2022—L’ONUSIDA salue l’annonce faite par Singapour d’abroger le paragraphe 377a du code pénal du pays qui criminalisait les relations sexuelles consenties entre hommes. Adoptée en 1938 alors que Singapour était une colonie britannique, cette loi punissait les rapports sexuels gays consentis d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux ans.

Dans son discours annuel qui abordait entre autres des mesures pour supprimer cette législation, le Premier ministre singapourien, Lee Hsien Loong, a déclaré que les rapports sexuels entre hommes consentants ne devaient pas être criminalisés et qu’il n’y avait aucune raison de poursuivre les gens pour ce motif ni d’en faire un crime. Il a déclaré que les personnes gays étaient des concitoyens à part entière et qu’elles désiraient vivre leur propre vie, participer à la communauté et apporter pleinement leur contribution à Singapour.

« La fin de la criminalisation des hommes gays est une excellente nouvelle, tant pour la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre à Singapour que pour le pays dans son ensemble », a déclaré le directeur régional de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique, Taoufik Bakkali. « L’ONUSIDA salue cette décision. Elle représente une étape importante pour le respect des droits humains des personnes LGBT à Singapour et la création d’une société plus ouverte, tolérante et inclusive où les gens peuvent être eux-mêmes et aimer qui ils veulent sans craindre d’être emprisonnés. Ce changement vital sauvera des vies et profitera à tout le monde, et inspirera d’autres pays à en faire de même. D’autres pays devraient rejoindre le groupe croissant de nations qui mettent fin à la criminalisation. »

Les lois qui punissent les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe, ainsi que la violation des droits humains des personnes LGBT, constituent un obstacle majeur à l’amélioration des résultats en matière de santé, y compris dans la riposte au VIH. Une législation punitive favorise la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des personnes LGBT, dissuade les personnes LGBT de demander des soins de santé par peur d’être dénoncées auprès des autorités et de faire face à des sanctions et à l’emprisonnement, et empêche les pays de mettre en place des politiques qui répondent correctement aux différentes formes que prennent les épidémies au sein de leurs populations.

Singapour rejoint une liste croissante de pays qui ont récemment décriminalisé les relations entre personnes du même sexe, notamment Antigua-et-Barbuda, le Botswana, le Bhoutan et l’Angola. Pour finir, la décision de Singapour fait baisser à moins de 70 pays à travers le monde ceux qui criminalisent encore les relations consentantes entre personnes du même sexe. La décriminalisation ne marque pas la fin de la lutte contre la stigmatisation et l’exclusion, mais elle représente un grand pas en avant.

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Le VIH et les homosexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

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Haïti livre un modèle de service aux populations clés

16 août 2022

Imaginez qu'une large partie de la population vous accuse des tragédies qui frappent votre pays. Tremblements de terre. Cyclones. Inondations.

Imaginez maintenant que vous n'avez pas accès aux programmes de réponse aux catastrophes pour cette raison.

Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) en Haïti sont victimes de préjugés fortement enracinés. La discrimination limite souvent leurs chances dans la vie. Les possibilités d’éducation et d’emploi se réduisent comme peau de chagrin. Même l’accès aux soins de santé peut devenir une épreuve.

Fondée en 1999, la SEROvie Foundation associe la promotion de la santé auprès de la communauté LGBT à la défense des droits humains et à l’autonomisation socio-économique. Aujourd’hui, l’organisation gère des projets dans neuf départements.

L’ONUSIDA soutient SEROvie pour garantir que les besoins des communautés de populations clés ne soient pas oubliés au cours des ripostes aux catastrophes. Cette intervention permet aux personnes séropositives de continuer à recevoir une thérapie antirétrovirale et de pouvoir obtenir de l'aide lorsqu'elles en ont besoin. Au-delà de la phase d’urgence, les bénéficiaires reçoivent un soutien pour retrouver une source de revenus et réintégrer leur foyer. Ces personnes obtiennent également un soutien psychosocial pour faire face au deuil et au traumatisme.

En 2016, SEROvie a fondé la clinique J.C Ménard à Port-au-Prince. Cet établissement se place au service des personnes LGBT et d’autres populations clés, y compris les professionnelles du sexe et leurs clients. Ici, SEROvie puise dans plus de vingt ans d’expérience dans la fourniture d’une assistance sanitaire et sociale pour mettre en place une offre exhaustive de services.

Avec l’aide de plusieurs partenaires, notamment l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), J.C Ménard propose une gamme de services gratuits pour lutter contre la violence sexiste, la stigmatisation et la discrimination, et encourager la planification familiale et la prévention du VIH, y compris en offrant une PPrE. Le centre fournit également un traitement et des soins contre le VIH, les IST et la tuberculose. 

Dans le laboratoire interne, l'équipe technique gère à la fois le diagnostic et le suivi du traitement. Elle suit le parcours de chacun et chacune, depuis le test positif jusqu'à la suppression virale. Au cours des 12 derniers mois, la clinique a réalisé sur place un dépistage du VIH auprès de 6 000 personnes et a aidé plus de 1 500 patients et patientes à gérer leur traitement. En plus de distribuer des médicaments, l'établissement échange avec d’autres centres pour éviter les ruptures de stock et les dépassements de la date de péremption.

Des travailleurs et travailleuses sociaux évaluent la situation de chaque bénéficiaire pour déterminer les besoins. La psychologue, Darline Armand, affirme que le moment le plus important de son travail est le premier échange avec une personne qui vient de découvrir sa séropositivité.

« Elle doit se sentir en sécurité », explique-t-elle.

Gregory Jacques, responsable des pairs, explique que la clinique utilise à la fois la sensibilisation et le guidage par les pairs comme approches stratégiques. Les éducateurs et éducatrices abordent avec les bénéficiaires les thèmes des relations, des risques et de la sécurité, et leur apportent des informations précises. Les navigateurs et navigatrices sont également des personnes séropositives qui guident les autres dans le processus de traitement et de soins.

« Ce qui fait la différence, c’est que [les bénéficiaires] savent que l'on est comme eux », explique un navigateur.

Dans la salle communautaire, des bénéficiaires obtiennent des informations sur le thème de la santé et des relations en participant à des activités dans la bonne humeur. C’est également là que ces personnes se rencontrent pour les groupes de soutien et les échanges.

L’équipe de suivi et d’évaluation mesure minutieusement les performances du programme. Elle recense tout, du nombre de personnes vivant avec le VIH identifiées au nombre de sessions de sensibilisation menées avec des prêtres vaudou, en passant par le dépistage indicateur. Au cours de l’année écoulée, plus de 15 000 personnes ont reçu des messages de sensibilisation sur le VIH, la violence sexiste, la stigmatisation et la discrimination de la part de la clinique. Plus de 1 500 personnes bénéficient de services complets de soins et de traitement anti-VIH, tandis que plus de 1 500 sont sous PPrE.

Steeve Laguerre, cofondateur de SEROvie, est ébahi et lucide quant au chemin parcouru par l’organisation.

« Les services que nous fournissons sont entièrement déterminés par les besoins des personnes que nous servons », explique-t-il. « Nous recherchons des financements qui correspondent à leurs demandes. Les bénéficiaires sont toujours la boussole de notre travail. » 

Cette approche centrée sur les bénéficiaires est précieuse pour les Caraïbes au sens large. Selon le rapport actualisé 2022 sur le sida, En Danger, l’année dernière, quatre nouvelles infections sur cinq dans la région étaient liées aux communautés de populations clés et à leurs partenaires sexuels. Parallèlement, la majeure partie du financement des activités régionales de prévention combinée avec les populations clés provient de sources internationales. 

« Les stratégies communautaires de prise en charge des patients et patientes permettent de réduire le diagnostic tardif et le manque de suivi tout en améliorant les résultats du traitement », a déclaré le directeur pays de l’ONUSIDA pour Haïti, Dr Christian Mouala. « Ces approches doivent obtenir les ressources nécessaires et être intégrées correctement dans la riposte nationale. »

Press Release

Urgence de la variole du singe : l’ONUSIDA appelle à riposter par des mesures de santé publique basées sur les droits et par un accès équitable aux vaccins

GENÈVE, le 23 juillet 2022 - L’ONUSIDA appelle les gouvernements à répondre immédiatement à la déclaration de l’Organisation mondiale de la Santé sur la variole du singe, urgence de santé publique de portée internationale. L’OMS a reçu plus de 16 000 signalements dans 75 pays. L’épidémie survient particulièrement, mais pas exclusivement, chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. 

« L’Organisation mondiale de la Santé lance un appel urgent fondé sur des preuves manifestes que la variole du singe représente une menace mondiale pour la santé des communautés et nécessite une riposte mondiale », a déclaré le Dr Matthew Kavanagh, Directeur exécutif par intérim de l’ONUSIDA. « Cette épidémie peut être stoppée si les gouvernements, les prestataires de santé, les communautés et les laboratoires pharmaceutiques agissent sans délai. Les actions de santé publique efficaces doivent s’appuyer sur les enseignements douloureux tirés de la riposte à la pandémie de sida et sur les principes de solidarité, d’égalité, de non-discrimination et d’inclusion. Le virus, qui se propage par un contact étroit, peut toucher n’importe qui. Mais il touche surtout les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, qui sont discriminés dans de nombreuses communautés. La stigmatisation et la discrimination compromettent la riposte à l’épidémie, car elles forcent les personnes symptomatiques à se cacher, ce qui ne protège ni leur santé ni celle de leur communauté. Cela peut également amener les autorités de santé publique à mésestimer le degré d’urgence. Nous devons faire preuve de compassion envers les personnes touchées, pas de discrimination. L’ONUSIDA invite les gouvernements à nouer des partenariats et à impliquer les communautés touchées dans le développement, la mise en œuvre et le suivi de toutes les étapes de la riposte. 

« Nous craignons que certains pays à revenu faible et intermédiaire aient du mal à accéder aux vaccins déjà déployés dans les pays à revenu élevé. La répétition du nationalisme et des inégalités en matière de vaccins prolongerait l’épidémie et approfondirait injustement les souffrances liées à ce virus.  Nous appelons les gouvernements et les fabricants de vaccins à collaborer pour garantir que toutes les personnes en ayant besoin accèdent aux vaccins et en bénéficient, y compris dans les pays endémiques.

« L’ONUSIDA tient à reconnaître le leadership des organisations dirigées par des communautés d’hommes gays, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Dans de nombreux pays, elles ont fait preuve de proactivité dans la riposte à l’épidémie, la sensibilisation, la lutte contre les fausses informations et le soutien aux efforts de vaccination. »

L’épidémie de variole du singe montre que des communautés continueront d’être menacées par des virus. La coordination et la solidarité internationales sont donc essentielles pour la santé publique. En effet, les virus ne peuvent disparaître que si toute l’humanité y met du sien.

L’ONUSIDA enjoint à tous les médias qui couvrent l’épidémie de variole du singe de suivre les mises à jour régulières publiées par l’OMS.

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Assurer la sécurité des personnes LGBTI en temps de guerre

16 mai 2022

En amont de la Journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie (IDAHoBiT) organisée chaque année le 17 mai, l’ONUSIDA s’entretient avec Evelyn Paradis, la directrice exécutive d’ILGA-Europe (l’association des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles et intersexuées basée en Europe), sur  la protection des droits des personnes LGBTI lors de crises humanitaires. 

Comment les crises humanitaires affectent-elles particulièrement les personnes LGBTI ?  

Les crises humanitaires touchent tout le monde, mais certaines communautés ont parfois besoin d’une réponse spécifique en raison de vulnérabilités préexistantes. Ces vulnérabilités particulières font que des personnes ne se sentent pas en sécurité lorsqu’elles ont à faire à des organisations humanitaires qui fournissent la sécurité d’un abri ou une aide alimentaire et médicale de base. Ne pas savoir si on s’occupera d’elles sans les discriminer et si on les accueillera et les prendra en charge tout simplement est un obstacle à l’aide humanitaire pour ces personnes.

L’ILGA est très active dans la crise ukrainienne.  Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontées les personnes LGBTI touchées par la guerre 

Dans la crise ukrainienne, nous constatons que les personnes LGBTI ne sont pas intégrées de facto dans les chaînes d’approvisionnement des premiers secours. Les médicaments liés à la transition et spécifiques à l’intersexualité, comme le traitement hormonal substitutif et, dans une certaine mesure, les médicaments pour les personnes vivant avec le VIH, ne font pas encore partie intégrante des approvisionnements humanitaires. En outre, une part importante de la communauté LGBTI ne peut pas répondre à ses besoins fondamentaux, en raison d’inégalités socio-économiques antérieures au conflit.

Les femmes transsexuelles dont les papiers indiquent qu’elles sont de sexe masculin peuvent être obligées de rejoindre l’armée ou ne sont pas autorisées à quitter le pays avec d’autres femmes, ce qui les place dans une situation potentiellement très dangereuse.

Avoir accès à un abri sûr est également un problème. En Ukraine, beaucoup de personnes LGBTI ne se sentent pas en sécurité et se sentent exposées dans de nombreux abris, tandis que certaines personnes déplacées dans le pays signalent être confrontées à la discrimination lorsqu’elles tentent de louer un appartement. Par conséquent, de nombreux groupes LGBTI ont mis en place des abris pour soutenir leurs communautés. Certaines personnes qui restent et sont visibles ont été victimes d’attaques physiques, car la LGBTIphobie était déjà un problème en Ukraine avant la guerre.

Tout cela se passe alors que les personnes LGBTI sont confrontées aux mêmes difficultés que tout le monde : trouver de l’argent, de la nourriture, prendre soin de leurs proches et bien plus encore.

Que font des organisations comme l’ILGA pour les aider 

Nous envoyons un soutien financier direct aux groupes qui restent en Ukraine et fournissons un soutien direct à leurs communautés, ainsi qu’aux groupes LGBTI dans les pays d’accueil. Nous travaillons aussi activement à mobiliser des ressources pour tous les groupes LGBTI qui se mobilisent et aider les personnes LGBTI en Ukraine et à l’étranger. Nous travaillons avec des groupes et organisations humanitaires d’envergure comme l’ONUSIDA et leur communiquons les besoins sur le terrain, tout en militant auprès des institutions et des gouvernements européens pour qu’ils prennent des mesures à la fois en faveur des communautés LGBTI en Ukraine et des personnes LGBTI qui ont quitté le pays.

Que peut-on faire pour mieux répondre aux besoins spécifiques des personnes LGBTIQ+ en situation de crise humanitaire ?  

Nous constatons que le travail humanitaire et le développement de mesures de protection, comme la protection contre la violence sexiste ou l’accès aux médicaments, n’intègrent pas du tout une approche du point de vue LGBTI. À bien des égards, nous avons dû partir de zéro, notamment en établissant des contacts avec des acteurs du secteur humanitaire.

Bien qu’il soit encore tôt dans cette crise particulière pour fournir des recommandations spécifiques, il ne fait aucun doute que le travail en cours aura beaucoup à nous apprendre. Par conséquent, nous nous assurerons qu’à l’avenir les points de vue et les besoins de personnes LGBTI sont intégrés dès le départ dans la riposte des acteurs humanitaires.

De nombreuses organisations communautaires et de la société civile aident les personnes LGBTI touchées par la guerre en Ukraine.  À quels défis sont-elles confrontées dans l’exécution de ce travail important ?  

La structure de la plupart des organisations LGBTI ne les préparait pas au travail humanitaire, et pourtant elles aident à couvrir les besoins fondamentaux en plus du travail qu’elles continuent à fournir pour leurs communautés. Mais elles ne peuvent pas tout faire. Si elles deviennent les premières interlocutrices pour obtenir de l’aide et une assistance, cela se fera aux dépens de beaucoup d’autres problématiques, comme la défense des droits. C’est vrai aussi bien en Ukraine que dans les pays d’accueil.

Les inégalités, la stigmatisation, la discrimination et les violations des droits humains continuent d’empêcher les personnes LGBTI d’accéder aux services anti-VIH et de santé dont elles ont besoin. Comment pouvons-nous parvenir à un changement politique, juridique et social positif ?  

Le travail qui a commencé avec le secteur humanitaire montre qu’il y a un besoin, mais cette situation est aussi une chance. Si le secteur humanitaire intègre dès le départ les personnes et une perspective LGBTI dans son travail, cela peut marquer un changement positif pour ces communautés, en particulier en temps de crise.

Le 17 mai, Evelyn Paradis interviendra au cours d’une rencontre dans le cadre de la journée IDAHOBIT. Elle expliquera comment mieux protéger les droits des personnes LGBTIQ+, en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine, et comment garantir l’égalité des droits pour tous et toutes. Pour en savoir plus

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L’entrepreneuriat social, un outil d’autonomisation pour la communauté LGBTI

20 avril 2022

L’impact économique de la pandémie de COVID-19 sur les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) est considérable. Une enquête menée en 2020 auprès de plus de 20 000 membres de la communauté LGBTI dans 138 pays a montré que beaucoup avaient perdu leur emploi en raison de la pandémie. En outre, les personnes LGBTI ont été victimes d’une augmentation de la discrimination, des crimes de haine et des arrestations. La criminalisation, combinée à la stigmatisation et à la discrimination de ce groupe dans certains pays, a entravé la capacité de ses membres à chercher un soutien économique et sanitaire essentiel.

Au Brésil, au Ghana, en Inde, à Madagascar et en Ouganda, plusieurs des 23 bénéficiaires du Fonds de solidarité de l’ONUSIDA aident des organisations LGBTI à renforcer leurs capacités économiques et l’impact social pour leurs communautés respectives à travers divers projets d’entrepreneuriat social.

L’Ouganda accueille plus de 1,5 million de personnes réfugiées. Les relations sexuelles entre personnes du même sexe sont illégales dans le pays et le statut de réfugié-e s’accompagne de nombreux autres obstacles, notamment l’exclusion sociale. De plus, la pandémie de COVID-19 a détruit les moyens de subsistance de nombreuses personnes réfugiées en Ouganda qui appartiennent à des populations clés. Grâce à une subvention du Fonds de solidarité, la Simma Africa Creative Arts Foundation a créé le Rainbow Drip Craft Shop Project. Ce magasin commercialise des articles d’art et d’artisanat, notamment des bijoux en laiton et en perles, des chaussures en cuir fabriquées à la main et des vêtements en Ankara de style fusion fabriqués par des personnes LGBTI, des adolescentes et de jeunes femmes issues de camps et de communautés d’accueil de réfugié-es. « La boutique est devenue un espace sans danger et un moyen pour la communauté d’exprimer sa créativité et de canaliser ses compétences et ses talents pour établir des moyens de subsistance autonomes », a déclaré Natasha Simma de Simma Africa.

En collaboration avec les communautés ougandaises LGBTI et de travailleur-ses du sexe, la Vijana Na Children’s Foundation (VINACEF Uganda) a ouvert un salon communautaire offrant divers soins de beauté. Environ 80 membres de la communauté ont été mis en lien avec des services sociaux et formés à la gestion financière et d’une entreprise sociale. « Le projet d’entrepreneuriat social a renforcé l’implication et les capacités des communautés LGBTI et des travailleurs et travailleuses du sexe tout en leur permettant d’acquérir et d’utiliser de nouvelles compétences pour dégager un revenu durable », a déclaré Benard Ssembatya, directeur exécutif du VINACEF Uganda. Forte de cette expérience, VINACEF Uganda met en place un réseau de salons pour améliorer l’accès à l’information sur le VIH, les droits sexuels et reproductifs, la tuberculose, le cancer et les maladies non transmissibles à destination des membres de la communauté.

De même, au Brésil, l’Associação Social Anglicana de Solidariedade do Cerrado (Casa A+) a concrétisé le projet Empodera Mais en puisant dans les talents des membres des communautés LGBTI et des travailleur-ses du sexe dans le domaine des soins de beauté. « Nous avons motivé des membres issus de situations vulnérables à participer au projet d’entrepreneuriat social. Nous leur avons fourni pour cela le kit Empodera Mais qui contient des équipements et des produits de base afin de se lancer dans le domaine de la coiffure et des soins esthétiques », a déclaré Maurício Andrade, le fondateur de Casa A+. Les compétences techniques fournies ont encouragé les membres à lancer des activités dans les soins de beauté, ce qui leur a permis de surmonter les difficultés liées à la pandémie de COVID-19. Des partenariats techniques avec des spécialistes, un institut de beauté et des institutions telles que le service municipal de développement des ressources humaines de Palmas ont permis aux participant-es d’avoir une expérience sur le terrain avant le lancement de leur propre entreprise et de créer un réseau professionnel pour échanger des expériences et obtenir de nouvelles opportunités commerciales.

Au Ghana, la Hope Alliance Foundation et l’OHF Initiative ont lancé le Community Economic Empowerment Program pour créer des entreprises sociales dirigées par des personnes LGBTI et vivant avec le VIH afin de les aider économiquement à faire face à des défis complexes liés au cadre légal et à la COVID-19. L’initiative a fourni une formation professionnelle apportant des compétences dans la production de produits alimentaires et d’hygiène à 30 jeunes, a soutenu la création d’entreprises sociales dans la mode et a soutenu la rénovation et le réaménagement de 10 petites entreprises sélectionnées ayant été touchées par la COVID-19.

En Inde, la plateforme en ligne d’artistes Nachbaja.com a été mise en place pour surmonter les défis posés par la discrimination et la rémunération déloyale, ainsi que les difficultés liées à la sécurité des artistes de la communauté LGBTI. Au cours de la même période, Gaurav Trust a ouvert ses portes à des membres de la communauté pour intégrer un salon de beauté communautaire, La Beauté and Style, et a mobilisé des financements supplémentaires pour assurer sa pérennité et sa croissance.

Let’s Walk Ouganda est un autre exemple de croissance réussie. Son projet Jump Start vise à accueillir de petites entreprises de la mode, du design et de la production de savon liquide dirigées par des gays et d’autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Les membres de la communauté ont fait preuve d’ingéniosité pour développer, élargir et diversifier leurs entreprises en réinvestissant savamment dans de nouvelles activités commerciales les revenus générés par la vente du premier lot de produits. Cela a conduit au développement et au lancement de l’application Stall App soutenue par l’ONUSIDA. Il s’agit d’une application de marketing social en ligne qui pourrait aider à stimuler la vente de produits développés par plusieurs entreprises dirigées par des populations clés, y compris d’autres bénéficiaires du Fonds de solidarité.

« Nous devons prendre conscience que pendant que le reste du monde se remet de l’impact économique de la pandémie de COVID-19, les communautés marginalisées en ressentiront les effets encore longtemps. Par conséquent, il est de la plus haute importance de continuer à soutenir les entreprises sociales innovantes dirigées par les communautés, pensées pour préserver leurs moyens de subsistance et surmonter des obstacles spécifiques », a déclaré le directeur de l’innovation de l’ONUSIDA, Pradeep Kakkattil.

La restauration de l’autonomie et de la dignité des communautés LGBTI doit être fondée sur des initiatives menées par ces dernières, en mettant l’accent sur la lutte contre les inégalités. Le fil conducteur qui relie ces initiatives variées est l’ingéniosité des personnes LGBTI face aux aléas. Les bénéficiaires ont démontré le potentiel que recèle l’autonomisation par l’art, la créativité et les compétences professionnelles encouragées par le financement de démarrage du Fonds de solidarité.  Il est crucial de reconnaître et d’accepter la diversité dans l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans tous les domaines afin de rendre la communauté visible, de la protéger de la stigmatisation, de la discrimination et de la violence, et de l’impliquer dans la riposte aux pandémies.

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Indonésie : former le personnel de santé afin d'améliorer les services anti-VIH pour les jeunes populations clés

30 mars 2022

« Les jeunes d'ici n’ont pas un accès régulier aux services anti-VIH. Je veux vraiment inciter mes proches à se faire dépister, mais tout le monde a tellement peur. Les informations manquent, leur famille ne les soutient pas assez et mes proches ont peur de connaître leur statut », explique Andika Bayu Aji, un jeune originaire de Papouasie occidentale en Indonésie.

L’épidémie de VIH chez les jeunes en Asie et dans le Pacifique est négligée, même si environ un quart des nouvelles infections au VIH dans la région touchent les personnes âgées de 15 à 24 ans. La grande majorité des jeunes touchés par le VIH dans la région appartiennent aux populations vulnérables : personnes vivant avec le VIH, gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, personnes transgenres, travailleurs et travailleuses du sexe et consommateurs et consommatrices de drogues injectables.

Comme dans de nombreux pays de la région, les infections au VIH chez les jeunes en Indonésie, qui représentent près de la moitié des nouvelles infections, sont imputables à la stigmatisation et à la discrimination, à un manque d'éducation pour sensibiliser sur le VIH, à l’absence de services adaptés aux jeunes et à des tabous sociaux.

« Les jeunes sont bien trop souvent victimes de stigmatisation et de discrimination dans les environnements de santé. Le personnel de santé représente la première interface humaine. Si les services sont mauvais, les jeunes ne les utiliseront pas et diront aux autres jeunes de ne pas les utiliser. Ce qui nous limite, c'est que nous avons accès à quelques établissements seulement, parce que beaucoup, voire la plupart, ne sont pas adaptés aux jeunes », explique Sepi Maulana Ardiansyah, connu sous le nom de Davi et qui est coordinateur national d’Inti Muda, le réseau national des populations clés de jeunes en Indonésie.

Une étude récente menée par Inti Muda et l’Université de Padjaran a révélé une très faible propension chez les jeunes à accéder aux services dans des provinces comme la Papouasie occidentale, principalement en raison du manque de services adaptés à cette classe d'âge et du fait que le personnel de santé comprend mal les problèmes des populations clés. Les jeunes rencontrent souvent des difficultés d’accès aux services en raison de l’éloignement des cliniques et des hôpitaux, ainsi que des obstacles tels que l’âge minimum autorisé pour faire un dépistage.

La stigmatisation et la discrimination, en particulier la discrimination de la part des prestataires de soins de santé, découragent de nombreuses populations clés de jeunes à accéder aux services anti-VIH. Les principales problématiques concernent des préoccupations relatives à la vie privée et à la confidentialité. Parmi les autres obstacles, le rapport indique que les heures d’ouverture des cliniques publiques sont souvent inadaptées au quotidien des personnes, et que le personnel de santé peut porter un jugement dans ses suppositions et à travers son comportement, en particulier sur les questions liées à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre et à la santé mentale.

Entre le 14 et le 18 mars, Inti Muda, avec le soutien technique de Youth LEAD et de l’ONUSIDA, a organisé une formation de sensibilisation destinée au personnel de santé de deux villes, à Sentani et Jayapura, dans la région de la Papouasie occidentale. Plus de 50 personnes y ont participé. Quelques jours avant la formation, Inti Muda a organisé un festival qui a rassemblé plus de 80 jeunes. Cette manifestation s'inscrivait dans une volonté d'impliquer les jeunes dans la riposte au VIH et de générer une dynamique pour demander accès aux services anti-VIH.

« Avant cette formation, je ne connaissais pas les différents besoins des populations clés, ce qui entrave notre capacité à les toucher. Nous avons découvert des techniques importantes pour atteindre les jeunes, comme fournir des consultations adaptées, être sur Internet et les encourager à se faire dépister », résume Kristanti du District Health Office de Jayapura.

« J’ai appris que les jeunes ont des besoins variés. La formation nous permettra d’améliorer nos services pour qu’ils soient adaptés aux jeunes, ce qui est désormais notre priorité », ajoute Hilda Rumboy, sage-femme responsable du Département des services anti-VIH au Centre de santé primaire de Waibhu.

La formation et le festival ont été soutenus par le ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce (DFAT). L’investissement récent de 9,65 millions de dollars australiens réservé par le gouvernement australien à partir de la sixième reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial), y compris le financement du DFAT de 2 millions de dollars australiens précédemment promis à l’ONUSIDA, vise à réduire le nombre annuel de nouvelles infections au VIH parmi les populations clés au Cambodge, en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux Philippines.

« Pour mettre un terme à l’épidémie de sida, il est essentiel de s'assurer que les jeunes et les groupes vulnérables aient accès à des informations précises et digestes sur la manière de se protéger du VIH, et que les équipements de dépistage soient bon marché et accessibles. C'est avec fierté que nous travaillons aux côtés des communautés locales et de l’ONUSIDA pour augmenter la disponibilité des informations sur le VIH, améliorer la portée et la qualité des services médicaux et encourager les jeunes et les groupes vulnérables à se faire dépister », a déclaré Simon Ernst, conseiller ministériel par intérim dans le domaine de la Gouvernance et du Développement humain auprès de l’Ambassade d’Australie en Indonésie.

La formation repose sur le manuel élaboré par Youth LEAD en 2021. Ce guide a bénéficié du soutien financier du Fonds mondial par le biais du Programme de développement durable des services anti-VIH pour les populations clés en Asie, ainsi que de l'assistance de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Asie et le Pacifique. Dans le cadre de la subvention DFAT octroyée pour les deux prochaines années, Youth LEAD étendra la formation à deux autres pays, le Cambodge et les Philippines, en soutenant des réseaux dirigés par des jeunes dans ces pays afin de proposer cette formation.

« Les jeunes rencontrent encore de nombreux défis qui les empêchent d’accéder aux soins de santé vitaux dont ils ont besoin. Le Bureau pays de l’ONUSIDA pour l’Indonésie travaille en étroite collaboration avec l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions et le DFAT pour veiller à ce que les réseaux dirigés par des jeunes aient la possibilité et les capacités de leadership pour prendre le contrôle de la riposte au VIH et s’impliquer directement dans la création d’espaces sans danger où les jeunes peuvent accéder aux services anti-VIH sans stigmatisation ni discrimination », a déclaré Krittayawan Boonto, directrice pays de l’ONUSIDA pour l’Indonésie.

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L’Atlas des populations clés s’enrichit de nouveaux indicateurs

06 janvier 2022

L’Atlas des populations clés (The Key Population Atlas) de l’ONUSIDA est un outil en ligne qui fournit une série d’informations sur les membres des populations clés dans le monde entier, ainsi que sur les personnes vivant avec le VIH. Les populations concernées sont les travailleur-ses du sexe, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les consommateur-rices de drogues injectables, mais aussi les personnes transgenres et incarcérées.

Les informations sur les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont été élargies avec l’arrivée de 11 nouveaux indicateurs issus des projets EMIS et LAMIS. Jouissant d’un financement de la Commission européenne, le projet EMIS-2017 a collecté des données auprès de cette population dans 50 pays entre octobre 2017 et janvier 2018. De son côté, le projet LAMIS est son pendant dans 18 pays d’Amérique latine et a terminé de recueillir des données en mai 2018.

Les 11 nouveaux indicateurs figurant dans l’atlas des populations clés ont été choisis en raison de leur grande pertinence pour les communautés. Il s’agit de la syphilis, la syphilis symptomatique, la gonorrhée, la gonorrhée symptomatique, la chlamydia, la chlamydia symptomatique, le dépistage d’infections sexuellement transmissibles, la communication au partenaire en cas de syphilis, la communication au partenaire en cas de gonorrhée, ainsi que la vaccination contre l’hépatite A et B.

Les infrastructures dirigées par les communautés et présentes dans les communautés sont essentielles pour lutter contre les inégalités qui favorisent les pandémies, comme celles du sida et de la COVID-19, ainsi que pour assurer la continuité des services de santé et protéger les droits et les moyens de subsistance des plus vulnérables. Les conclusions de l’EMIS et du LAMIS seront importantes pour informer les organisations de la société civile travaillant sur la santé sexuelle, la prévention du VIH et les droits des minorités sexuelles, ainsi que pour les décisions politiques, la planification de la prévention non communautaire, l’épidémiologie et la modélisation.

« Pour ne laisser personne de côté, nous avons besoin de collecter des données centrées sur les individus qui révèlent les inégalités entravant l’accès aux services. Il est essentiel d’identifier les groupes les plus touchés et ne pouvant pas accéder aux services. Cela permettra à la Commission européenne, aux États membres de l’Union européenne ainsi qu’à la société civile et aux organisations communautaires de répondre aux besoins spécifiques des hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes », a déclaré la représentante de l’ONUSIDA auprès de l’Union européenne, Jantine Jacobi.

La société civile et les organisations communautaires, en particulier celles dirigées par les populations clés, sont en mesure de compléter les ripostes traditionnelles aux pandémies des systèmes de santé. Pour cela, elles doivent être traitées comme des partenaires à part entière, être impliquées dans la gouvernance, la conception, la planification et la budgétisation des ripostes aux pandémies, et jouir du soutien technique et financier nécessaire pour faire la différence.

Les résultats des nouveaux indicateurs contribueront à renforcer le rôle des partenariats et des communautés dans chaque pays et serviront de base à la prise de décision et à la planification des politiques. Par exemple, en Irlande, le rapport EMIS-2017 National Report reconnaît que « le dépistage du VIH et des IST a augmenté par rapport aux enquêtes précédentes. Cette évolution est en partie imputable aux interventions efficaces puisant dans les conclusions des enquêtes précédentes et menées par les acteurs et la communauté des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Certaines de ces interventions positives en lien avec le dépistage du VIH peuvent également être attribuées à la disponibilité accrue du dépistage au sein de la communauté. »

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