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Assemblée mondiale de la Santé : l’ONUSIDA enjoint aux leaders de lutter contre les inégalités et de respecter totalement les droits humains afin de vaincre les pandémies émergentes

GENÈVE, le 24 mai 2022— À l’occasion de la soixante-quinzième Assemblée mondiale de la Santé qui s’est tenue à Genève en Suisse, l’ONUSIDA a demandé aux dirigeants et dirigeantes de lutter contre les inégalités mondiales qui favorisent les pandémies telles que le VIH et la COVID-19. L’ONUSIDA a insisté sur le fait que le respect universel des droits humains est essentiel pour la santé de toute l’humanité.

Dans son discours adressé aujourd’hui à l’Assemblée mondiale de la Santé, la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a enjoint aux leaders d’accorder la priorité aux investissements nécessaires pour mettre fin à la pandémie de sida, de mieux préparer le monde aux futures pandémies et d’assurer la sécurité sanitaire de toute l’humanité sans exception.

« Le niveau de préparation de l’humanité pour stopper les pandémies d’aujourd’hui ou prévenir celles de demain reste dangereusement faible, car nous ne disposons pas de plans efficaces pour garantir l’accès aux technologies de santé et financer les organisations communautaires fiables pour la riposte aux pandémies », a déclaré Mme Byanyima. « Nous pouvons vaincre les pandémies et protéger la santé de toutes les personnes si nous faisons preuve d’audace dans la lutte contre les inégalités, si nous plaçons les droits humains au centre de notre riposte. »

Dans son discours, Mme Byanyima a abordé trois grandes problématiques de la préparation aux pandémies : l’accès, le financement et les communautés.

Communautés : pour vaincre les pandémies et protéger la santé de tous et toutes, nous avons besoin d’organisations communautaires correctement financées qui fournissent des services, vont à la rencontre des populations et livrent des informations fiables. Elles doivent être partie intégrante de la riposte de santé publique. Les communautés, qui connaissent le mieux la situation sur le terrain et ont instauré des relations de confiance nécessaires, doivent disposer des ressources et de la latitude nécessaires pour diriger leur action.

Accès : pour mettre fin au sida, vaincre la COVID-19 et stopper les pandémies du futur, l’accès mondial aux technologies de santé vitales et qui mettent fin aux pandémies est essentiel. Nous devons remplacer les règles de propriété intellectuelle qui restreignent l’accès aux médicaments vitaux pour les personnes dans le Sud par des règles imposant le partage technologique. Cela démocratiserait l’accès aux vaccins et aux traitements contre la COVID-19, ainsi qu’aux nouveaux médicaments à action prolongée pour la prévention et le traitement du VIH, mais aussi aux médicaments contre d’autres pandémies.

Financement : notre sécurité sanitaire collective et l’efficacité des ripostes mondiales à la pandémie exigent que nous les financions correctement. Cela passe par la reconstitution totale des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Cela signifie également que les pays à revenu faible et intermédiaire doivent être en mesure d’augmenter leurs investissements de santé grâce à la mobilisation progressive des ressources nationales et à la solidarité internationale, sans être entravés par la dette ou marginalisés dans l’attribution des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international.

Lors de l’Assemblée mondiale de la Santé, l’ONUSIDA a salué les progrès réalisés dans le développement d’un nouvel instrument de préparation et de riposte aux pandémies. Elle a fait valoir qu’il devait inclure les fondamentaux suivants :

  • Placer les droits humains au cœur des ripostes aux pandémies.
  • Réserver une place privilégiée aux communautés, y compris en les impliquant à la préparation et à l’architecture des ripostes aux pandémies au niveau national, régional et mondial.
  • Garantir l’accès aux technologies de santé et aux contre-mesures médicales en tant que biens de santé publique pour permettre à toutes les personnes qui en ont besoin de jouir d’un accès équitable.
  • Instaurer des systèmes de données axés sur les personnes qui soient capables d’identifier les inégalités.
  • Soutenir le personnel de santé, y compris le personnel de santé communautaire en première ligne des pandémies.

L’ONUSIDA a également félicité chaleureusement Tedros Adhanom Ghebreyesus pour sa reconduction au poste de directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé à l’occasion de l’Assemblée mondiale de la Santé. « Toutes nos félicitations à vous, mon frère Tedros ! Nous brûlons de poursuivre notre collaboration qui a pour but d’assurer la santé de tous et toutes », a déclaré Mme Byanyima.

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Opinion

Afrique du Sud : la Free State University décerne un titre honorifique à la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima

30 avril 2022

Voici le discours prononcé par la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, lors de la cérémonie de remise des diplômes organisée sur le campus Qwaqwa de l’University of the Free State d’Afrique du Sud

Cher vice-président adjoint, Professeur Naidoo, distingué(e)s responsables de cette formidable université, Mesdames et Messieurs, cher(e)s diplômé(e)s,

Je tiens à remercier l’University of the Free State Sciences pour l’honneur qui m’est échu de recevoir un titre de docteur honorifique de cette prestigieuse université. Je sais qu’à travers moi, vous reconnaissez le travail de tous ceux et celles qui œuvrent en faveur de la justice sociale dans le monde, en particulier pour le droit universel à la santé. C’est pleine d’humilité que je me tiens devant vous et je suis fière de rejoindre la communauté Kovsie !

La salle où nous nous trouvons porte le nom d’un homme courageux et sage. Madiba nous a dit, et je le cite ici, que « l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ». Je ne pourrais dire mieux. J’ai été touchée d’apprendre que cette université avait décerné un titre honorifique de docteur au président Mandela en 2001.

Mes deux parents étaient enseignants. L’un à l’école primaire et l’autre à l’école secondaire. Ils faisaient fi des conventions. Nous, leurs enfants, ils nous ont poussés et encouragés à relever des défis. Ils nous ont appris que ce qui compte le plus dans le monde, c’est d’appartenir à sa communauté et de lutter pour la justice.

Pour moi, comme pour tant d’autres sur le continent africain, votre lutte pour l’égalité en Afrique du Sud, une lutte inachevée comme nous pouvons le constater, est source d’inspiration. À l’époque horrible de l’apartheid, même le nom de votre province, l’État libre, laissait un goût amer dans la bouche. Aujourd’hui, alors que la longue marche se poursuit, l’objectif que vous visez rend votre nom d’État libre aussi beau que ces mots le méritent.

Je souhaite partager avec vous trois réflexions sur la liberté. Ces pensées s’inspirent en grande partie de l’histoire des gens de votre pays, y compris des mouvements étudiants passés et actuels.

La première est que la véritable liberté va bien au-delà de la liberté de vote ou, dans le cas de votre pays, de la liberté de ne pas être mis au ban de la société. La vraie liberté apparaît lorsque chacun et chacune d’entre nous est en mesure de s’épanouir. L’éducation est ici essentielle. Elle doit être un droit pour tous et toutes et non un privilège réservé à certaines personnes. Chaque fois que je me rends dans mon village natal de Ruti en Ouganda, je rencontre des amis et amies qui n’ont pas eu les mêmes chances que moi. Ces personnes ont mis brusquement un terme à leur scolarisation à cause d’un mariage précoce, parce qu’elles devaient prendre soin d’un proche malade ou travailler pour aider leur famille, ou parce qu’elles ne pouvaient pas payer les frais de scolarité. Il faut aider toutes les filles et tous les garçons à aller au bout de leur scolarité. Les écoles doivent fournir un enseignement de qualité, être des lieux sans danger et émancipatoires, et, j’ajouterai, de joie, des lieux où l’on peut passer de bons moments et profiter de sa jeunesse ! Les efforts que vos étudiants et étudiantes ont effectués en faveur de l’ouverture et de la réforme de l’enseignement supérieur, de la suppression des aspects néfastes de son héritage, de l’inclusion générale, ont été un défi pour vous, pour vos institutions, mais vous avez accompli des avancées importantes et vous méritez d’être félicités pour les progrès réalisés. Bravo à tous et à toutes ! Oui, nous suivons vos engagements : Rhodes Must Fall [retrait d’une statue controversée sur un campus, ndt], suppression des frais de scolarité et vous inspirez d’autres étudiants et étudiantes du monde entier à lutter pour l’inclusion et l’égalité.

Ma seconde réflexion est qu’aucun et aucune d’entre nous n’est libre si nous ne sommes pas libres jusqu’à la dernière personne. C’est pourquoi la lutte pour la liberté doit toujours être transversale. Sur tout le continent et dans le monde entier, l’Afrique du Sud est un exemple pour les mouvements intersectionnels, pour la lutte contre les inégalités raciales ou encore pour l’égalité des sexes et pour les personnes LGBTQ. Ce sont ces actions inclusives qui rendent le monde libre. Alors, continuez à être cette lumière dans la nuit, en tant que pays, étudiant et étudiante, et anciens et anciennes diplômés. Luttez contre la stigmatisation, luttez contre la criminalisation. Dès que vous êtes témoin du rejet d’une personne à cause de sa race, parce qu’elle est une femme, gay ou trans, défendez-la. La tolérance ne suffit pas : soyez un ou une allié pour toutes les personnes marginalisées, en étant non seulement de leur côté, mais aussi à leur côté.

La troisième réflexion est que la liberté n’est jamais donnée, elle est toujours gagnée. Et elle n’est jamais acquise définitivement ou entièrement en un claquement de doigts, elle doit être acquise encore et encore. Tous les progrès accomplis ont été le fruit de mouvements collectifs, de l’organisation de personnes extraordinaires et ordinaires. J’ai participé aux mouvements des femmes en Afrique et dans le monde entier. Nous avons fait beaucoup de progrès en organisant des choses, en nous tenant la main, dans toute notre diversité. Les héros et les héroïnes les plus importants ne figurent pas dans les livres d’histoire ou ne parlent pas du haut d’une estrade comme moi, c’est vous, vous qui travaillez ensemble et formez des collectifs.

Utilisez la force que votre éducation vous offre. Utilisez-la pour demander des comptes et revendiquer des droits, pour vous-même et pour les autres. L’éducation m’a permis de quitter mon village rural de Ruti en Ouganda, où nous n’avions ni eau courante ni électricité et de siéger dans notre parlement national. J’ai été membre du parlement. Cela m’a conduit à diriger une organisation mondiale emblématique, Oxfam International, et, aujourd’hui, à mener le travail des Nations unies dans le monde entier pour lutter contre le sida. Tout cela en partant de mon petit village.

Mais cette force que l’éducation m’a donnée ne me rend jamais fière en elle-même. Elle me rend responsable de ce que je dois faire pour permettre à d’autres de s’élever, afin de rendre ce monde équitable et juste. Ma fierté, c’est ce que je peux faire avec les autres pour rendre le monde plus juste. Les diplômes ne sont que des outils pour atteindre un objectif.

Aujourd’hui, vous êtes à l’honneur. Vous avez parcouru un long chemin jusqu’ici. Je sais que vous allez fêter cette journée comme il se doit. Mais laissez-moi vous donner un défi. Alors que vous quittez ce magnifique campus pour faire votre entrée dans le monde et faire une différence, mon défi pour vous est le suivant :

découvrez le vaste monde et œuvrez pour bâtir une société où chaque fille et chaque garçon bénéficient de l’éducation complète et de qualité qu’ils méritent.

Allez à travers le monde pour bâtir une société qui garantit l’égalité pour tous et toutes. Pour que plus personne ne connaisse la discrimination pour son sexe, son origine ethnique, sa sexualité. L’égalité pour tous et toutes.

Sortez pour bâtir un pouvoir collectif, je crois au pouvoir des gens. Le changement n’est possible que grâce au pouvoir des gens. N’attendez jamais que les bons leaders arrivent et dirigent, vous êtes le leader qui doit prendre l’initiative.

Une société plus égalitaire sera bénéfique à tout le monde – aux riches, aux pauvres, aux personnes avec des capacités et à celles avec moins de compétences. Une société plus égalitaire est bénéfique pour tout le monde : elle est plus sûre, plus prospère, plus durable, plus saine et plus heureuse.

Je suis optimiste au fond de moi. Permettez-moi de vous raconter une histoire. C’est mon dernier défi. Vous êtes le résultat de l’histoire de votre pays. Nous tous et toutes en Afrique, en particulier ma génération, sommes le résultat de l’histoire de notre continent, y compris de celle de votre pays. Nous avons regardé, nous avons suivi ce qui s’est passé dans ce pays et nous avons attendu votre indépendance, car elle allait être l’indépendance de tout notre continent. Permettez-moi de vous dire que lorsque vous avez gagné votre liberté, nous sommes tous et toutes précipités pour voir l’Afrique du Sud, les Sud-Africains et les Sud-Africaines, parce que pendant de nombreuses années, nos passeports portaient un tampon qui disait : « Valable pour tous les pays à l’exception de la République d’Afrique du Sud ». Nous n’avions pas le droit de venir ici tant qu’il y avait encore l’Apartheid. C’était la résistance en provenance du reste de l’Afrique. Alors, lorsque vous avez acquis votre liberté, nous nous sommes empressés de voir la libération de la dernière partie de notre continent. Lorsque mon tour est arrivé et que je suis arrivée à l’aéroport de Johannesburg, qui ne portait pas encore le nom d’O.R. Tambo, il portait un autre nom, quand je suis arrivée, j’ai vu de nombreuses jeunes femmes au bureau de l’immigration et j’ai donné mon passeport à l’une d’entre elles. Elle m’a regardée avec un grand sourire et m’a dit « Bienvenue en Afrique du Sud » et je lui ai dit « Merci ». Puis elle a dit : « Comment ça va en Afrique ? » J’ai dit « En Afrique ? » « Oui, là d’où vous venez, comment c’est en Afrique ? » J’ai été frappée par le fait que cette jeune femme n’avait pas encore conscience que l’Afrique du Sud faisait partie de l’Afrique. Et bien sûr, j’ai discuté avec elle du fait que l’Afrique est là où l’on est. Et elle m’a dit : « D’accord, je sais, mais je veux dire là d’où vous venez. » Voici donc mon dernier défi pour vous, cher(e)s diplômé(e)s de ma promotion, vous êtes issus d’une histoire qui vous a coupé du reste de votre continent. Voici toutefois ce que je vous laisse, un défi et une bénédiction : sortez à travers le monde et soyez fiers d’être des Africains et des Africaines. Acceptez votre continent en entier. Sortez en sachant que nous avons une histoire en tant que continent et un destin en tant que continent. Mettez-vous au service de votre continent et tirez-en le meilleur parti.

Ce n’est donc pas seulement un honneur pour moi de recevoir ce titre honorifique et je vous en remercie. C’est un honneur pour moi de partager cette journée avec vous, cher(e)s diplômé(e)s, et de vous donner ma bénédiction, vous le futur, ou plutôt permettez-moi de dire, le présent de l’Afrique.

Je vous remercie.

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Press Statement

Répercussions importantes de la COVID-19 : les décès dus à la tuberculose chez les personnes séropositives augmentent pour la première fois depuis 2006

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose 2022 et face à l’augmentation inédite depuis plusieurs années des décès dus à la tuberculose chez les personnes séropositives, l’ONUSIDA appelle de toute urgence à encourager le diagnostic et le traitement de la tuberculose

GENÈVE, le 23 mars 2022— La tuberculose est la première cause de mortalité chez les personnes vivant avec le VIH. Elle est responsable d’environ un tiers des décès dus au sida dans le monde. Entre 2006 et 2019, les efforts coordonnés et intensifiés de prévention, de diagnostic et de traitement des deux maladies ont permis de réduire de 68 % les décès dus à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH. Cependant, dans son Rapport mondial sur la tuberculose 2021, l’Organisation mondiale de la Santé a annoncé que les décès dus à la tuberculose chez les personnes séropositives ont augmenté pour la première fois en 13 ans, passant de 209 000 en 2019 à 214 000 en 2020.

« L’augmentation des décès dus à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH est alarmante et prouve bien que les progrès contre la pandémie sont fragiles », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « L’arrivée de la pandémie de COVID-19 a happé l’attention qu’accordait l’humanité au VIH et à la tuberculose. Cela s’est traduit par des vies inutilement perdues et des objectifs fondamentaux non atteints pour le VIH, la tuberculose et d’autres maladies. Une action urgente et des investissements accrus sont nécessaires pour retrouver le droit chemin. »

Les personnes vivant avec le VIH sont 18 fois plus susceptibles de contracter la tuberculose. Bien que les traitements actuels permettent de guérir environ 85 % des personnes atteintes de tuberculose, le taux de réussite du traitement pour les personnes vivant avec le VIH est beaucoup plus faible, de l’ordre de 77 %. Cela montre bien qu’il est important d’intensifier les efforts de prévention ainsi que le traitement des deux maladies.

Une action concertée et collective dans ce domaine a déjà sauvé des vies ces dernières années. Entre 2018 et 2020, quelque 7,5 millions de personnes vivant avec le VIH ont reçu un traitement préventif contre la tuberculose, dépassant ainsi l’objectif mondial de 6 millions. Mais il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre les inégalités sous-jacentes qui continuent de favoriser la propagation du VIH et de la tuberculose.

Les personnes réfugiées et déplacées sont particulièrement exposées au risque de contracter la tuberculose. Fin 2020, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a estimé que 82,4 millions de personnes dans le monde avaient été déplacées. La guerre en Ukraine a déjà contraint 3,5 millions de personnes à fuir le pays et des millions d’autres sont déplacées sur le territoire national. Il est essentiel que l’Ukraine et ses pays voisins reçoivent rapidement de l’aide pour fournir des services de santé essentiels aux personnes touchées par la guerre, y compris des services contre la tuberculose et le VIH.   

« En cette période de crise, il est possible de construire un avenir qui résistera aux pandémies si les dirigeants et dirigeantes travaillent ensemble pour lutter contre les inégalités qui nous mettent tous et toutes en danger », a déclaré Mme Byanyima. « Bien que le sida, la tuberculose et la COVID-19 ont leurs propres modes de propagation, nous observons que chacun s’enracine dans les inégalités sociales et économiques qui rendent certaines communautés plus vulnérables, ce qui menace le monde entier. Nous pouvons lutter contre ces inégalités ou nous pouvons laisser ces pandémies se poursuivre. La décision nous appartient. »

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial) est le principal financeur international pour les programmes de lutte contre la tuberculose. La COVID-19 a toutefois eu un impact dévastateur. Entre 2019 et 2020, le nombre de personnes traitées contre la tuberculose dans les pays où le Fonds mondial investit a diminué d’environ 1 million. Cette année, à l’occasion de sa septième reconstitution, le Fonds mondial appelle à un financement supplémentaire de 18 milliards de dollars pour sauver 20 millions de vies et combler ainsi le retard qu’a pris l’humanité pour mettre fin au VIH, à la tuberculose et au paludisme. Le financement total des besoins du Fonds mondial est essentiel pour éradiquer ces trois maladies d’ici 2030 et instaurer des systèmes de santé nationaux solides pour répondre aux pandémies émergentes.

L’ONUSIDA continue de travailler avec des partenaires pour atteindre les objectifs du VIH et de la tuberculose fixés pour 2025. Il s’agit notamment de garantir que 90 % des personnes vivant avec le VIH reçoivent un traitement préventif contre la tuberculose et de réduire de 80 % les décès dus à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH (par rapport à 2010). Pour y parvenir, cela nécessitera le financement complet du Fonds mondial, ainsi que des investissements dans la recherche et le développement, dans l’élargissement des services ainsi que dans l’adoption de stratégies nouvelles et innovantes pour atteindre tous ceux et celles qui en ont besoin.

Contact

UNAIDS Geneva
Sophie Barton-Knott
tel. +41 79 514 68 96
bartonknotts@unaids.org
UNAIDS Media
communications@unaids.org

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Related: TB disease and deaths declining among people living with HIV, but there have been some reversals due to the COVID-19 pandemic

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Message de Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida 2021

Chères amies, chers amis,

Je vous salue à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Je profite de cette occasion pour assurer le monde entier de ma solidarité alors que la présence simultanée de différentes pandémies nous ébranle.

Cette année, le monde s’est mis d’accord sur un plan audacieux qui, si les dirigeantes et dirigeants le respectent, mènera à l’éradication du sida d’ici 2030. C’est une perspective fantastique.

Mais aujourd’hui, nous, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, tirons la sonnette d’alarme. Le sida n’a pas perdu son statut de pandémie, les indicateurs sont au rouge et nous ne parviendrons à surmonter cette pandémie que par une action rapide pour mettre fin aux inégalités qui l’alimentent.

Nous constatons la quasi-disparition des décès dus au sida et des nouvelles infections au VIH dans les pays où les leaders prennent des actions audacieuses et concertées, puisent dans les dernières découvertes scientifiques, apportent des services qui répondent aux besoins de toutes les personnes, protègent les droits humains et défendent un financement adéquat.

Mais ce n’est le cas qu'à certains endroits et pour certaines personnes.

Sans l’approche de lutte contre les inégalités dont nous avons besoin pour mettre fin au sida, le monde aura sûrement aussi du mal à mettre fin à la pandémie de COVID-19 et ne sera pas préparé aux pandémies du futur. Ce qui serait extrêmement dangereux pour chacune et chacun d’entre nous.

Les avancées de la lutte contre le sida, qui accusaient déjà un retard, sont confrontées aujourd’hui à des difficultés encore plus grandes alors que la crise de la COVID-19 continue de faire des ravages, perturbant entre autres les services de prévention et de traitement du VIH, la scolarisation et les programmes de prévention de la violence.

Si nous continuons sur notre lancée actuelle, nous n’arriverons pas à faire infléchir suffisamment vite la tendance et nous risquons de voir la pandémie de sida se prolonger pendant des décennies. Nous devons accélérer la mise en place d’une série d’actions concrètes convenues par les États membres des Nations Unies pour lutter contre les inégalités qui favorisent le VIH.

Notre lutte contre la pandémie de sida a été riche en enseignements : nous avons beaucoup appris sur ce dont nous avons besoin en plus pour combattre le sida et toutes les pandémies.

Nous avons besoin de toute urgence d’infrastructures suffisantes dans les communautés et dirigées par les communautés. Elles doivent être intégrées à un système de santé publique solide et être appuyées par un mécanisme robuste de reddition de compte vis-à-vis de la société civile.

Nous avons besoin de politiques pour garantir un accès équitable et abordable à la science.

Chaque nouvelle technologie doit être mise sans attendre à la disposition de tous ceux et toutes celles qui en ont besoin.

Nous devons protéger notre personnel de santé et augmenter leur nombre pour répondre à nos besoins urgents.

Nous devons protéger les droits humains et instaurer la confiance dans les systèmes de santé.

Ce sont eux qui nous permettront de venir à bout des disparités imputables aux inégalités et de mettre fin au sida. Mais leur réalisation est trop souvent inégale, ils sont sous-financés et ne sont pas reconnus à leur juste valeur.

Je salue les communautés en première ligne qui ont ouvert la voie aux approches les plus efficaces, qui sont les moteurs du changement et qui poussent les leaders à faire preuve d’audace. Je vous le dis : continuez à faire pression.

Les leaders mondiaux doivent collaborer d’urgence pour s’attaquer directement à ces défis. Je vous le dis : faites preuve de courage et joignez le geste à la parole.

Mettre fin à la pandémie de sida d’aujourd’hui et se préparer aux pandémies de demain sont deux objectifs indissociables. La seule et unique clé du succès consiste à atteindre ces deux objectifs. À l’heure actuelle, nous sommes en chemin pour les rater tous les deux.

Si nous nous attaquons aux inégalités qui freinent les progrès, nous pouvons tenir notre promesse de mettre fin au sida d’ici 2030. C’est entre nos mains.

Chaque minute, nous perdons une vie précieuse emportée par le sida. Nous n’avons pas de temps à perdre.

Mettons fin aux inégalités. Mettons fin au sida. Mettons fin aux pandémies.

Merci.

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Opinion

Comment mettre fin à l'épidémie de sida en Afrique occidentale et centrale

31 octobre 2021

Winnie Byanyima, Directrice Exécutive de l’ONUSIDA

L'épidémie de sida en Afrique occidentale et centrale est une urgence permanente. Les premières avancées obtenues contre le VIH dans cette région ne se sont pas traduites par les progrès durables qui ont pu être réalisés dans d'autres parties de l'Afrique subsaharienne.

L'année dernière, la région a enregistré 150 000 décès liés au sida et 200 000 personnes ont été nouvellement infectées par le VIH. Chaque semaine, plus de 1000 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont infectées par le VIH dans la région. En Afrique occidentale et centrale, 1,2 million de personnes attendent toujours de pouvoir commencer leur traitement pour le VIH qui leur sauvera la vie. Seuls 35% des enfants vivant avec le VIH en Afrique occidentale et centrale reçoivent un traitement.

Or la crise de la COVID-19 a entravé les services et exacerbé les inégalités qui alimentent l'épidémie de VIH. Si nous n'agissons pas maintenant, non seulement de nombreuses autres vies seront perdues, mais contenir la pandémie de sida sera d’autant plus difficile et coûteux dans les années à venir.

Mettre fin au sida est possible : il existe un ensemble d'approches qui ont prouvé leur efficacité, y compris dans des contextes difficiles.

Qu’il s’agisse du leadership du Cap Vert en matière d'élimination de la transmission verticale du VIH, ou de la décision du Cameroun, l'année dernière, de supprimer les frais d'utilisation pour tous les services liés au VIH dans les établissements de santé publique et les sites communautaires agréés, de nombreux exemples qui montrent la voie existent déjà. En alignant les politiques publiques sur celles qui ont fait leurs preuves, nous pouvons mettre fin au sida comme nous l'avons promis.

Les pays et les communautés tirent déjà parti de l'expérience et de l'expertise de la réponse au sida pour réduire l'impact de la COVID-19 dans toute la région. De la Côte d'Ivoire à la Guinée en passant par le Sénégal, les autorités de santé publique, les organisations internationales, les acteurs de la société civile et les communautés de personnes vivant avec et affectées par le VIH ont travaillé ensemble pour s'assurer que les personnes vivant avec le VIH continuent de recevoir leurs médicaments. Elles se sont afférées à fournir des services de soins et de prévention de manière sûre et innovante, à livrer de la nourriture aux personnes qui avaient perdu leurs revenus en raison des confinements, à transmettre des messages sur l'importance de l'hygiène et de la distanciation sociale pour rester en bonne santé, et à dissiper les mythes qui alimentent la stigmatisation et la discrimination et affaiblissent les messages de santé publique.

Cet esprit de coopération et de partenariat est essentiel pour renforcer les réponses aux pandémies.

Cette semaine, sous l’égide du Président du Sénégal, Macky Sall, l'ONUSIDA et l'Institut de la société civile pour le VIH et la santé en Afrique occidentale et centrale organisent un sommet à Dakar, sur les manières de combler les lacunes de la riposte au VIH dans la région et renforcer la préparation aux pandémies.

Voici trois des mesures audacieuses que nous devons prendre.

Premièrement, valoriser et soutenir les communautés pour qu’elles soient au centre de la planification et des services.

Les communautés connaissent la situation sur le terrain - il faut leur donner les ressources et l'espace nécessaires pour mener la riposte. Les pays doivent mettre en place un environnement propice à la pleine participation des communautés à la fourniture de services en tant que partie intégrante de la réponse de santé publique. Elles doivent être invitées à la table des discussions en tant que co-planificateurs. Ainsi elles pourront mettre en avant leurs expériences et préoccupations, et jouer leur rôle essentiel dans l’évaluation de la performance des réponses de santé.

Les pays doivent lever les obstacles juridiques, politiques et programmatiques qui freinent cette évolution, et augmenter leur soutien financier pour enfin permettre la contribution incomparable des communautés.

Deuxièmement, augmenter les investissements.

Les pays doivent accroître l’ampleur des prestations en matière de prévention, de dépistage et de traitement, et éliminer tous les obstacles financiers afin de garantir un accès universel aux services.

L'engagement d'Abuja d'investir 15% des budgets gouvernementaux dans la santé publique doit être respecté. Les engagements conjoints pris par les ministres de la santé et des finances lors de la Réunion des Dirigeants Africains d'augmenter les recettes nationales consacrées à la santé doivent être tenus.

Les bailleurs de fonds internationaux doivent eux aussi intensifier leur soutien, alors que nous traversons la pire crise depuis des décennies. Pour créer l'espace budgétaire nécessaire, il faudra annuler la dette afin de soutenir les gouvernements à accroître les investissements pour la santé et à s’attaquer aux déterminants sociaux qui aggravent les risques du VIH et de pandémie.

Une action internationale visant à prévenir une concurrence fiscale nuisible et les flux financiers illicites est également essentielle. Il est difficile d'avancer vers une fiscalité équitable et progressive, et d'augmenter les revenus nationaux, lorsque les grandes entreprises et les particuliers fortunés ont systématiquement la possibilité, au niveau international, d'échapper aux impôts que le citoyen ordinaire doit payer, et qui sont essentiels pour la santé, l'éducation, la protection sociale et l'investissement économique.

Troisièmement, s'attaquer aux inégalités qui alimentent l'épidémie.

La COVID-19 a une fois de plus montré au monde comment les épidémies se nourrissent des inégalités, tant entre les pays qu’au sein même de ceux-ci. La nouvelle stratégie de l'ONUSIDA adoptée plus tôt cette année place la lutte contre les inégalités au centre de sa mission visant à mettre fin au sida.

Les inégalités sont le moteur du VIH. Les groupes de personnes vulnérables représentent 44% des nouvelles infections au VIH en Afrique occidentale et centrale. Leurs partenaires représentent 27% supplémentaires.

La stratégie de la CEDEAO pour le VIH, la tuberculose, les hépatites B et C et la santé et les droits sexuels et reproductifs des populations clés le dit si bien :

« La protection des droits de l'homme pour tous les membres de chaque population clé est cruciale pour le succès. Les lois discriminatoires ou créant des obstacles doivent être réformées, afin de garantir que les populations clés soient exemptes de stigmatisation, de discrimination et de violence et que leur vulnérabilité au VIH soit réduite. »

L’inégalité entre les genres est également un moteur du VIH : parmi les nouvelles infections au VIH chez les jeunes en Afrique du centre et de l’ouest, près des trois quarts concernent des adolescentes et des jeunes femmes. L'enjeu est le pouvoir—ou plutôt l’absence de pouvoir de celles-ci.

Les recherches montrent que le fait de permettre aux filles de terminer leurs études secondaires divise de moitié leur risque de contracter le VIH, et le fait de combiner cela avec un ensemble de services et de droits pour l'autonomisation des filles le réduit encore davantage.

L'initiative Education Plus, coorganisée par l’UNICEF, l’UNESCO, le FNUAP, l’ONU Femmes et l’ONUSIDA, avec des gouvernements, la société civile et des partenaires internationaux, contribue à accélérer les actions et les investissements nécessaires pour que chaque fille africaine soit scolarisée, en sécurité et forte.

Ce que nous devons faire pour mettre fin au sida est aussi ce que nous devons faire pour permettre le plein essor de l'Afrique.

Les gouvernements, les organisations internationales, les scientifiques, les chercheurs, les organisations dirigées par les communautés et les acteurs de la société civile ne peuvent pas réussir seuls ; mais ensemble, ils peuvent créer un partenariat imbattable et une force imparable pour mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030.

Sommet régional sur le VIH

Feature Story

La Première Dame de Côte d'Ivoire parraine une consultation nationale sur le VIH et la tuberculose pédiatriques

11 juin 2021

Malgré les grands progrès réalisés depuis les premiers jours de l'épidémie de VIH, la réponse au VIH chez les enfants est toujours à la traîne par rapport à la réponse pour les adultes.

Les enfants vivant avec le VIH sont particulièrement sensibles à la tuberculose (TB), l'une des principales causes de décès liés au sida. En 2020, selon les statistiques gouvernementales, 9 400 personnes sont mortes de maladies liées au sida en Côte d'Ivoire, dont 800 enfants de moins de 14 ans. Le pays comptait 21 000 personnes de moins de 15 ans vivant avec le VIH, dont 49 % seulement avaient accès à une thérapie antirétrovirale. Comment corriger une telle inégalité était la question au cœur d'une consultation nationale sur le VIH et la tuberculose pédiatriques qui s'est tenue du 8 au 10 juin à Abidjan, en Côte d'Ivoire.

La consultation intitulée "Agir ensemble pour une génération sans sida et sans tuberculose" visait à améliorer la prévention et la prise en charge du VIH et de la tuberculose chez les enfants et les adolescents en Côte d'Ivoire.

Dans son discours d'ouverture, Dominique Ouattara, la Première Dame de Côte d'Ivoire, a appelé à " l'élaboration d'une feuille de route ambitieuse qui permettra à la Côte d'Ivoire de réaliser ses engagements ". Elle a invité tous les participants à engager un dialogue sur les défis et les actions prioritaires à mener, et à discuter des rôles, des responsabilités et des contributions de chaque partenaire.

La consultation s'inscrit dans le cadre de l'Initiative Confessionnelle, une initiative de l'ONUSIDA et du Plan d'urgence du Président des Etats-Unis pour la lutte contre le sida qui organise des consultations et des formations nationales en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Kenya, au Nigeria et en République-Unie de Tanzanie.

"La consultation a permis de présenter la situation nationale en matière de diagnostic, de traitement et de prévention du VIH et de la tuberculose chez les enfants, d'identifier les principaux défis, d'exposer les solutions, les actions prioritaires et les ressources nécessaires pour améliorer le déploiement national d'un traitement et d'un diagnostic pédiatriques optimaux du VIH et de la tuberculose, et d'identifier les bonnes pratiques à reproduire par le biais de la société civile et des organisations confessionnelles", a déclaré Patrick Brenny, le directeur régional de l'ONUSIDA pour l'Afrique occidentale et centrale.

La Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur l'élimination du sida et le programme Start Free, Stay Free, AIDS Free n'ont pas atteint leurs objectifs en matière de sida pédiatrique. À l'échelle mondiale, on estime que 160 000 enfants ont contracté le VIH en 2020, ce qui est loin de l'objectif mondial de 20 000. Une nouvelle modélisation a également montré que la pandémie de COVID-19 pourrait avoir un impact majeur sur les nouvelles infections par le VIH chez les enfants en Afrique subsaharienne.

Mme Ouattara a appelé les 350 participants à œuvrer à la réduction des inégalités et a demandé à toutes les parties prenantes d'unir leurs forces pour parvenir à la certification de l'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant. "Aujourd'hui, en 2021, aucun enfant ne doit mourir du sida ou de la tuberculose dans notre pays", a-t-elle ajouté.

Mettre à jour

Allocution d’ouverture de la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, lors de la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida

08 juin 2021

Excellences, éminents délégués, chers collègues et  amis.

Merci à vous, M. le Président de l’Assemblée générale Volkan Bozkir, Mme la Secrétaire générale adjointe Amina Mohammed, MM. les co-facilitateurs Gertze, Ambassadeur de Namibie, et Fifield, Ambassadeur d’Australie, et tous les États membres. Ensemble, vous avez rédigé, négocié et rendu cette Déclaration politique. Ce texte sera à la base de notre travail pour mettre fin à cette pandémie qui ravage des communautés depuis 40 ans.

Le sida n’est pas encore éradiqué. Il s’agit d’une des pandémies les plus mortelles des temps modernes. 77,5 millions de personnes ont été infectées par le VIH depuis le début de l’épidémie. Nous avons perdu près de 35 millions de personnes du sida. Chaque minute, une personne meurt du sida. L’urgence est là ! Les chiffres du VIH ne suivent pas la trajectoire que nous avions promise ensemble. En effet, alors que nous affrontons les conséquences de la crise de la COVID, nous pourrions même assister à une résurgence de la pandémie.

Mais notre destin n’est pas de voir la pandémie de VIH sévir éternellement. Malgré tous les revers, nous sommes en mesure de mettre fin au sida comme menace de santé publique d’ici l’horizon 2030, tel que nous l’avons promis, si nous agissons de concert.

Mais si nous continuons comme avant, alors notre échec est programmé. Les efforts qui ont permis d’accomplir d’énormes progrès ne nous permettront pas d’arriver à destination, car la route que nous empruntons est bloquée. Les preuves et les analyses ne laissent aucun doute possible. Les inégalités de pouvoir, de statut, de droits et de représentation alimentent la pandémie de VIH. Les inégalités tuent. Comme l’indique la stratégie mondiale de lutte contre le sida : pour mettre fin au sida, nous devons mettre fin aux inégalités qui le perpétuent.

Cette approche présente un autre avantage considérable. Les mêmes lois, politiques et services de santé centrés sur les personnes nécessaires pour mettre fin au sida aideront également le monde à tourner la page de la COVID-19, à être prêt à lutter contre les futures pandémies et à encourager une croissance économique inclusive et les droits humains universels. Nous en profiterons toutes et tous.

Voici trois changements audacieux que nous devons prendre ensemble :

  1. Nous devons mettre fin aux inégalités dans l’accès aux technologies de la santé en encourageant le meilleur de la science et en en faisant bénéficier tout le monde.
    La COVID-19 a montré que la science évolue à la vitesse de la volonté politique. Nous devons accélérer la science du sida en investissant dans des innovations pour le traitement, la prévention, les soins et les vaccins, en tant que biens communs universels.
    Et nous devons utiliser la science comme levier pour réduire les inégalités, non pour les renforcer.
    Par exemple, mettons en premier à disposition du Sud, et pas des années après les personnes vivant dans les pays riches, les nouveaux médicaments antirétroviraux à action prolongée qui faciliteront le traitement et la prévention du VIH chez les femmes dans toute leur diversité et chez les populations clés.
    Assurons-nous que tous les médicaments capables d’empêcher le décès de personnes vivant avec le VIH sont fabriqués par plusieurs laboratoires à un prix abordable, en particulier dans le Sud où la maladie se concentre.
    Nous avons besoin de financements, mais nous devons également réformer les règles inadaptées en matière de propriété intellectuelle et soutenir une production décentralisée à l’échelle mondiale, de sorte que l’accès aux sciences vitales ne dépende plus de votre passeport.
  2. Nous devons mettre fin aux inégalités d’accès aux services essentiels, en assurant la santé et l’éducation de chacune et chacun. Pour de nombreuses communautés, les nouvelles infections au VIH sont devenues rares et mener une longue vie épanouie avec le VIH est la norme. Mais au sein de certains pays et entre les pays, le fossé se creuse entre les personnes qui ont accès à des services de prévention, de traitement et de soins et dont les droits sont respectés, et toutes les autres qui en sont exclues.
    Aujourd’hui, nous fixons des objectifs audacieux et ambitieux pour apporter le traitement et la prévention du VIH à 95 % des personnes qui en ont besoin. Pour y parvenir, nous devons réinventer les services de lutte contre le VIH : accès facilité et conception orientée sur la vie des personnes.
    Nous devons nous assurer que toutes les filles finissent leur éducation secondaire, qu’elles disposent de tous les services et jouissent de tous leurs droits.
    Nous devons mettre fin aux redevances pour les services essentiels et fournir ces services par le biais de systèmes publics financés par les impôts et les taxes. Nous devons intégrer les services fournis par les communautés. Nous devons lutter contre l’évasion fiscale qui érode les ressources nationales allouées à la santé et à l’éducation.
    La plupart des pays en voie de développement sont confrontés à une grave crise fiscale, avec une perte de revenus supérieure à 20 % en 2020 et des budgets de santé menacés, l’Afrique étant tout particulièrement sous pression.
    C’est le moment d’augmenter les revenus, ce qui nécessite de mettre fin à l’évasion et à la concurrence fiscales qui vident les coffres du trésor public.
    Nous avons également besoin de restructurer la dette pour surmonter le choc de la COVID 19 et de mettre en place un mécanisme de résolution équitable de la crise de la dette. Nous devons intensifier l’engagement d’aider à hauteur de 0,7 % du revenu national brut de tous les pays développés, et non revenir dessus. Nous devons également veiller à ce qu’une plus grande part de l’allocation des 650 milliards de dollars américains de droits de tirage spéciaux du FMI aille en direction des pays à revenu faible et intermédiaire.
  3. Nous devons mettre fin aux inégalités dans la réalisation des droits, en particulier pour les personnes vivant avec le VIH et les personnes vulnérables ou touchées par le VIH.
    Je salue l’engagement des États membres en faveur de réformes de la législation et de la protection des droits. Les données probantes montrent que lorsque les lois sont renforcées pour soutenir l’égalité des sexes et les droits des populations clés et lutter contre la stigmatisation, alors les pays enregistrent de meilleurs résultats dans les programmes de traitement et de prévention, au bénéfice de toutes et tous. Ils font fléchir le VIH.
    Nous devons continuer à avancer sur notre voie commune, en nous débarrassant des lois nuisibles, punitives, obsolètes et souvent coloniales et de toutes les formes de discrimination.

L’heure nous invite à la collaboration entre les secteurs et entre les pays. Les fausses promesses du populisme ne font pas le poids face à la biologie : comme le rappelle la COVID, nous ne sommes pas seulement en interconnexion, nous sommes inséparables.

Nous ne pouvons pas mettre fin au sida dans un pays ou sur un continent seulement, nous ne pouvons mettre fin au sida que partout à la fois.

Je rends hommage aux groupes de la société civile du monde entier, dont la lutte contre les inégalités est le moteur de l’action. Vous, les communautés, les groupes de femmes et les mouvements populaires, nous empêchez de faire du sur place ; parfois, la pression exercée n’est pas agréable, mais je vous dis une chose : continuez de nous obliger à aller de l’avant. Continuez la lutte ! La pression exercée par les personnes est essentielle pour mettre fin aux inégalités et au sida.

Martin Luther King a déclaré que l’arc de l’univers moral est long, mais qu’il tend vers la justice. Il ne dit pas que ce processus est automatique. Comme il l’a indiqué, « le progrès social n’arrive jamais sur les roues de l’inévitabilité ; il est porté par les efforts incessants des gens. » La trajectoire des nouvelles infections au VIH et des décès dus au sida n’infléchira pas en continuant à faire comme avant, mais nous pouvons la tirer vers le bas.

Nous ne pouvons pas adopter une attitude neutre face aux inégalités. Pour nous remettre sur la bonne voie pour en finir avec le sida, nous devons les affronter délibérément. La seule alternative est un cercle vicieux marqué par l’injustice, la maladie et les crises. La chose la plus irréaliste que nous puissions faire aujourd’hui est d’imaginer pouvoir surmonter nos crises par des ajustements mineurs ou en bricolant une solution.

Il ne tient qu’à nous que l’Histoire se souvienne de nous comme des personnes ayant tenu leurs promesses ou les ayant bafouées, qui ont échoué ou réussi, comme les personnes qui ont mis fin au sida ou uniquement comme celles qui auraient pu mettre fin au sida.

Les épidémies amplifient ce que nous avons de pire : les inégalités, les injustices et la peur, mais aussi ce que nous avons de meilleur : l’ingéniosité, la résilience et le courage.

Je suis persuadée que nous réussirons ensemble. Merci.

Réunion de haut niveau

Feature Story

Pour vaincre le sida, l’humanité doit mettre fin aux inégalités qui favorisent l’épidémie

21 mai 2021

Par Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA, et Tomas Tobé, membre du Parlement européen et Président du Comité du Parlement européen pour le développement

La lutte contre le VIH se poursuit quarante ans après le diagnostic des premiers cas de sida. Bien que l’humanité dispose aujourd’hui des connaissances scientifiques et de l’expertise médicale pour maintenir en vie et en bonne santé les personnes séropositives et prévenir les nouvelles infections au virus, nous accusons toutefois un retard pour mettre fin à l’épidémie du sida comme menace de santé publique d’ici 2030.

En 2019, près de 700 000 personnes sont mortes de maladies opportunistes. À cela s’ajoutent 1,7 million de nouvelles contaminations au VIH, soit plus de trois fois l’objectif fixé en 2016 qui nous aurait permis de respecter l’agenda pour mettre fin à l’épidémie du sida.

Les personnes qui ont le plus besoin de médicaments, d’informations et d’outils de prévention n’y ont tout bonnement pas accès. Nous avons besoin d’une nouvelle approche qui réduit les inégalités favorisant l’épidémie du sida et met l’accent sur les personnes en privilégiant les droits humains, le respect et la dignité.

Les injustices et les inégalités sociales alimentent en effet les épidémies. Par exemple, l’épidémie du sida a un impact dévastateur sur toute une génération de jeunes femmes et de filles en Afrique subsaharienne. Dans cette région, environ 4 500 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans contractent le VIH chaque semaine et elles ont deux fois plus de risque d’être séropositives que leurs homologues masculins.

Dans le même temps, les filles et les jeunes femmes sont confrontées à des violences sexuelles et basées sur le genre, à des grossesses non désirées et à l’obligation de quitter l’école. Pourtant, l’un des moyens les plus sûrs de les protéger du VIH consiste à leur permettre de finir leur éducation secondaire, éducation sexuelle complète comprise.

Il est également extrêmement préoccupant de constater que plus de 60 % des nouvelles infections aux VIH dans le monde sont recensées parmi les populations clés (gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, toxicomanes, travailleur-ses du sexe, personnes transgenres, population carcérale et migrante) et leurs partenaires sexuel-les. À cause de la marginalisation et de la criminalisation, le droit à la santé, au bien-être et à la dignité de communautés entières et de groupes de personnes est bafoué.

Cela peut et doit changer.

La Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026 de l’ONUSIDA fournit des conseils clairs, efficaces et concrets pour créer des sociétés plus justes afin que l’humanité comble son retard pour mettre fin à l’épidémie de sida comme menace de santé publique d’ici 2030.

Cette stratégie vise à mettre les personnes au centre, à éliminer les obstacles sociaux et structurels qui empêchent certaines personnes d’accéder aux services liés au VIH, à donner les moyens aux communautés de montrer la voie, à renforcer et à adapter les systèmes afin qu’ils fonctionnent pour les personnes les plus touchées par les inégalités et à mobiliser pleinement les ressources nécessaires pour mettre fin au sida.

L’Union européenne possède le poids politique, les moyens financiers et les outils réglementaires pour contribuer de manière significative à la lutte mondiale contre le VIH/sida. Le Parlement européen vient d’adopter une résolution sur l’accélération des progrès et la lutte contre les inégalités en vue d’éliminer le sida comme menace de santé publique d’ici à 2030 en adéquation avec la Stratégie mondiale de lutte contre le sida.

Ce texte définit des mesures concrètes que l’UE devrait prendre pour éradiquer le sida. Il s’agit notamment de soutenir les efforts des pays partenaires pour construire des systèmes de santé solides et résilients capables de fournir une couverture de santé universelle prenant en compte le VIH, de donner la priorité à la santé dans le cadre des relations UE-Afrique et d’augmenter les investissements en faveur de l’ONUSIDA et du Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.

Cette résolution vise également à mobiliser le leadership de l’UE dans la lutte contre les facteurs liés aux droits humains et aux inégalités entre les sexes qui alimentent le VIH/sida et à veiller à ce que l’UE apporte son soutien aux ripostes menées par les communautés en tant qu’éléments clés d’une réponse efficace au VIH/sida.

Le mois prochain, les pays se rassembleront au cours de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/sida, où il est attendu qu’ils appuient le nouveau plan audacieux pour mettre fin à l’épidémie de sida, y compris en définissant de nouveaux objectifs pour 2025.

Le respect de ces objectifs permettrait de faire reculer considérablement le nombre de nouvelles infections au VIH et celui des décès liés à des maladies opportunistes. Il les ramènerait respectivement à 370 000 nouvelles contaminations et 250 000 décès en 2025. La lutte contre les inégalités qui alimentent l’épidémie du VIH sera essentielle à la réussite.

La pandémie de COVID-19 a révélé de profondes inégalités sociales et économiques, des systèmes de santé publique sous-financés et la fragilité des ripostes mondiales. Il est certain que la COVID-19 menace les avancées chèrement acquises de la riposte au VIH/sida, ainsi que d’autres progrès à venir pour mettre fin au sida d’ici 2030.

Néanmoins, les pays bénéficient également de l’infrastructure et des leçons tirées de la lutte contre l’épidémie de VIH afin de créer une riposte plus efficace aux deux pandémies. En effet, la situation actuelle nous offre une opportunité unique de transformer le droit à la santé en des systèmes fondés sur les droits, équitables et centrés sur les personnes.

Nous devons utiliser cette chance pour renforcer la solidarité internationale, notamment à l’aide d’investissements pérennes dans le développement, afin de construire des sociétés plus résilientes qui renforcent la sécurité de tou-tes.

L’UE et l’ONUSIDA partagent des valeurs fondamentales : l’humanité et l’égalité pour veiller à n’oublier personne. Le monde est encore capable de mettre fin à l’épidémie du sida d’ici 2030, mais il n’y parviendra pas sans voir émerger des sociétés plus fortes fondées sur les principes de l’égalité des sexes, de la justice sociale et de la reconnaissance des droits humains universels, y compris des droits et de la santé sexuelle et reproductive.

Dans le cas contraire, cela mettrait en péril la vie de millions de personnes et compromettrait la mission commune consistant à mettre en œuvre l’Agenda de développement durable 2030, qui inclut l’objectif de mettre fin au sida comme menace de santé publique.

Cette tribune a été publiée pour la première fois sur theparliamentmagazine.eu

Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026

Press Statement

Déclaration de la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, concernant la décision des États-Unis d’Amérique de soutenir la levée des droits de propriété intellectuelle (ADPIC) sur les vaccins contre la COVID-19

Je salue l’annonce de la représentante américaine au Commerce, Katherine Tai, qui apporte son soutien à la levée des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins contre la COVID-19.  

Il s’agit du genre de décisions ambitieuses dont le monde a désespérément besoin, alors que nous sommes témoins de scènes d’horreur dans des pays comme l’Inde, où seules 9 personnes sur 100 ont déjà été vaccinées. À ce jour, plus de 1,1 milliard de doses de vaccin ont été administrées dans le monde, dont plus de 80% dans des pays à revenu intermédiaire élevé et élevé, et seulement 0,3% dans des pays à faible revenu.

La course est engagée pour vacciner la majorité de la population mondiale afin de réduire le nombre de victimes avant de voir émerger des variants plus virulents de la COVID-19 qui rendraient les vaccins actuels inefficaces. Plus vite nous pourrons renforcer l’approvisionnement mondial en vaccins, plus vite nous pourrons contenir le virus et moins nous aurons de chances d’assister un jour à l’apparition de variants résistant aux vaccins existants. Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a déclaré : « personne n’est protégé d’une pandémie tant que tout le monde ne l’est pas. »

La  levée des ADPIC favoriserait le partage de technologies, de données, de savoir-faire, de brevets et d’autres droits de propriété intellectuelle dans le monde entier. L’annonce de l’administration américaine est un signe fort en direction des autres membres du G7 et de l’Union européenne afin qu’ils apportent aussi leur soutien à la levée des ADPIC de l’Organisation mondiale du commerce et incitent d’autres pays à placer véritablement les individus devant les profits. Cette prise de position remarquable du gouvernement américain est une étape fondamentale vers un vaccin universel.

Pour garantir que toutes et tous, partout dans le monde, aient accès à un vaccin efficace, nous avons également besoin de mettre en commun des technologies par le biais du COVID-19 Technology Access Pool de l’Organisation mondiale de la Santé, ainsi que des financements pour contribuer à instaurer un réseau de production de vaccins dans les pays en développement. Ensemble, ces trois actions peuvent permettre de créer un système durable pour vacciner l’humanité, atteindre l’immunité de groupe nécessaire et ouvrir la voie à une meilleure préparation aux pandémies futures. 

Comme nous l’avons appris au cours des 40 années de lutte contre le sida, un accès équitable aux technologies médicales est essentiel à la fois pour sauver des vies et pour réduire l’impact des maladies infectieuses sur les personnes, les communautés et les nations.

Nous remercions le président Biden et son administration pour les engagements humanitaires généreux concernant la COVID-19 et pour cette annonce.

Press Release

Le Secrétaire général des Nations Unies appelle à se concentrer davantage sur la fin des inégalités en vue de mettre fin au sida

Quarante ans après le signalement des premiers cas de sida et à quelques semaines de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/sida, le Secrétaire général des Nations Unies a publié un nouveau rapport contenant des recommandations et des objectifs afin que l’humanité comble son retard pour mettre fin au sida

NEW YORK, le 30 avril 2021—Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a averti que l’épidémie de VIH continue de se développer dans plusieurs contextes malgré les efforts soutenus et les progrès accomplis dans la lutte contre le VIH dans certaines zones et auprès de certaines populations. Il a émis pour cela un ensemble de 10 grandes recommandations.* Si tous les pays les appliquent, la pandémie de sida sera supprimée à l’horizon 2030 de la liste des menaces de santé publique comme indiqué dans les Objectifs de développement durable. Dans un nouveau rapport, Lutter contre les inégalités et redresser le cap pour mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030, le Secrétaire général des Nations Unies encourage à lutter contre les inégalités qui barrent la route du progrès. 

« Jusqu’à présent, les progrès qui ont été accomplis dans le cadre de l’action contre le VIH n’ont, en définitive, jamais suffi à mettre fin à la pandémie. Il est impératif de sortir de ce cycle de plus en plus coûteux et précaire et de corriger le tir de toute urgence », déclare M. Guterres dans le rapport. « Si les cibles mondiales en 2020 n’ont pas été atteintes, c’est principalement à cause des inégalités. L’élimination des inégalités est porteuse de changement pour les personnes vivant avec le VIH, les communautés et les pays. »

Les objectifs mondiaux définis dans la Déclaration politique de 2016 de l’Assemblée générale pour mettre fin au VIH/sida n’ont pas été atteints, et de loin, ce qui a permis à la pandémie de sida de se développer dans de nombreuses régions et de nombreux pays. Le 1,7 million de nouvelles infections au VIH enregistrées en 2019 est ainsi trois fois supérieur à l’objectif fixé pour 2020, qui devait être inférieur à 500 000 nouveaux cas. En outre, les 690 000 décès dus au sida en 2019 dépassent largement l’objectif de 2020 consistant à réduire les décès à moins de 500 000 par an.

« Mettre fin au sida comme menace de santé publique d’ici 2030 est toujours un objectif réalisable. De nombreux pays montrent que des progrès rapides contre le VIH sont possibles lorsque l'on adopte des stratégies éclairées par des données probantes et des approches basées sur les droits humains », a souligné la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Cela nécessite néanmoins une véritable volonté politique pour lutter contre les injustices sociales et les inégalités, qui continuent d’aggraver la vulnérabilité de certains groupes de personnes et de certaines communautés face à une infection au VIH. »

Le rapport indique que la COVID-19 a engendré de nouvelles difficultés. Le Secrétaire général des Nations Unies prévient toutefois que la COVID-19 n’est pas une excuse pour ne pas atteindre les objectifs de lutte contre le sida. Il s’agit plutôt d’un signal d’alarme destiné aux pays : ils ne peuvent plus se permettre de ne pas investir suffisamment dans la préparation et dans les ripostes aux pandémies.

Parallèlement, la pandémie de COVID-19 a révélé les nombreux bienfaits collatéraux apportés par les investissements dans la santé et le développement liés au VIH. De fait, les services communautaires qui ont vu le jour dans le cadre de la riposte au VIH permettent aujourd’hui de surmonter les obstacles extraordinaires imputables à la COVID-19.

Les 10 recommandations pour redresser le cap comprennent les aspects suivants : lutter contre les inégalités et atteindre toutes les personnes vivant avec ou exposées au risque d’infection au VIH afin de réduire les nouvelles infections à moins de 370 000 par an et les décès dus au sida à moins de 250 000 par an d’ici 2025 ; donner la priorité à la prévention du VIH pour garantir que 95 % des personnes exposées à un risque d’infection ont accès à des options de prévention du VIH efficaces d’ici 2025 ; et éliminer les nouvelles infections chez les enfants.

Le rapport souligne qu’il est essentiel de traiter les facteurs sociaux et structurels qui perpétuent les inégalités. Il souligne, par exemple, comment des inégalités entre les sexes alimentées par des normes de genre néfastes limitent chez les femmes l’utilisation des services de lutte contre le VIH et de santé sexuelle et reproductive en perpétuant les violences sexistes et en réduisant leur pouvoir de décision, que ce soit en empêchant les femmes et les filles de refuser des rapports sexuels non souhaités, de négocier des rapports sexuels plus sûrs ou de contrôler leur risque d’infection.

Ce rapport montre également comment les communautés vulnérables, marginalisées et criminalisées, telles que les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les toxicomanes, les travailleurs et travailleuses du sexe, les personnes transgenres, la population carcérale et la population migrante, demeurent également exposées à un risque d’infection à VIH plus élevé que la population générale, car elles ne reçoivent pas les informations et les services essentiels de traitement, de prévention et de soins anti-VIH.

Le Secrétaire général des Nations Unies décrit comment les communautés de personnes vivant avec le VIH, exposées et touchées par le virus constituent le pilier de la riposte au VIH. Les initiatives menées par des personnes séropositives, des femmes, des populations clés, des jeunes et d’autres communautés touchées identifient et comblent des inégalités et des lacunes dans les services essentiels, défendent les droits de leurs pairs et élargissent la portée, l’échelle et la qualité des services de santé.

Dans ce rapport, M. Guterres salue la stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021–2026 récemment adoptée par l’ONUSIDA : End Inequalities, End AIDS. « L’ONUSIDA a articulé sa stratégie mondiale de lutte contre le sida pour 2021–2026 autour des enseignements tirés par les pays, les villes et les populations qui ont réussi à accélérer leur riposte face au VIH au cours des cinq dernières années », a déclaré M. Guterres. « Les parties prenantes de l’action mondiale contre le sida et l’ONUSIDA se sont penchées plus particulièrement sur la question des inégalités en vue d’élaborer une nouvelle stratégie audacieuse, assortie de nouveaux objectifs ambitieux, précis et adaptés afin d’aider en priorité les personnes les plus défavorisées. »

Ce rapport voit le jour 25 ans après la création de l’ONUSIDA et décrit comment la COVID-19 a révélé au grand jour les inégalités sociales et les faiblesses du système de santé. Le Secrétaire général des Nations Unies déclare que le monde devrait tirer parti de l’expérience de la riposte à la pandémie de sida pour renforcer les systèmes de santé à travers le monde et améliorer la préparation aux pandémies. Il appelle également à renforcer la solidarité mondiale pour combler l’écart entre les ressources nécessaires et celles réellement allouées à la lutte contre le VIH et pour que les investissements annuels dédiés au VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire atteignent 29 milliards de dollars d’ici 2025. 

 

*Voici les 10 recommandations figurant dans le rapport du Secrétaire général des Nations Unies :

  1. Réduire et mettre fin aux inégalités aiguës et croisées qui entravent les progrès pour mettre fin au sida.
  2. Donner la priorité à la prévention du VIH et faire en sorte que, d’ici à 2025, 95 % des personnes exposées au risque d’infection par le VIH aient accès à des options de prévention combinées appropriées, hiérarchisées, centrées sur la personne et efficaces et que ces personnes y aient recours.
  3. Remédier aux carences en matière de dépistage, de traitement et de suppression virale du VIH qui limitent l’efficacité des mesures de riposte au VIH, et atteindre, d’ici à 2025, les cibles 95–95–95 fixées pour le dépistage et le traitement dans toutes les sous-populations, tous les groupes d’âge, y compris les enfants vivant avec le VIH, et dans tous les contextes géographiques.
  4. Éliminer la transmission verticale du VIH et mettre fin au sida pédiatrique.
  5. Placer l’égalité des genres et les droits humains des femmes et des filles dans toute leur diversité au premier plan des efforts visant à atténuer le risque et les conséquences du VIH.
  6. Appliquer le principe de « participation accrue des personnes vivant avec le VIH/sida » et donner aux groupes de personnes vivant avec le VIH, aux femmes, aux adolescentes et adolescents et aux jeunes, ainsi qu’aux populations clefs, les moyens de jouer un rôle déterminant dans la lutte contre le VIH.
  7. Respecter, protéger et réaliser les droits humains des personnes vivant avec le VIH, exposées au risque d’infection et touchées par le VIH, et faire en sorte que, d’ici à 2025, moins de 10 % des personnes vivant avec le VIH et des populations clefs soient victimes de stigmatisation et de discrimination.
  8. Renforcer la solidarité mondiale pour combler le déficit de ressources consacrées à la riposte au VIH et porter ces investissements annuels dans les pays à revenu faible et intermédiaire à 29 milliards de dollars d’ici 2025.
  9. Accélérer la mise en œuvre d'une couverture sanitaire universelle et des systèmes de soins de santé primaires solides, reconstruire en mieux vers plus d’équité en tenant compte des enseignements de la pandémie de COVID-19 et des crises humanitaires, et améliorer la sécurité sanitaire mondiale et la préparation aux pandémies futures.
  10. Tirer parti des 25 années d’expérience du Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), de ses compétences et de son mandat pour mener une action collaborative multisectorielle, multipartite et fondée sur les droits afin de mettre fin au sida et d’apporter, à chaque personne, la santé qui est considérée comme bien public mondial.

 

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UNAIDS Geneva
Sophie Barton-Knott
tel. +41 79 514 6896
bartonknotts@unaids.org
UNAIDS Geneva
Michael Hollingdale
tel. +41 79 500 2119
hollingdalem@unaids.org

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