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Press Statement
Déclaration de Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA, lors de la Journée mondiale de la santé
07 avril 2021 07 avril 2021Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA et Secrétaire générale adjointe des Nations Unies
7 avril 2021
Tisha (nous avons changé son nom) vit dans un bidonville d’Afrique orientale. Cette jeune femme avait déjà dépassé de trois semaines la date prévue pour son accouchement lorsqu’elle a été envoyée en urgence à la maternité de la ville.
Les soins apportés par le personnel médical ont permis à Tisha de mettre au monde un garçon en bonne santé qu’elle a appelé Okello. Mais cela n’a pas été un moment de joie pour Tisha et sa famille. L’hôpital a en effet refusé de la laisser sortir, car elle ne pouvait pas payer la facture de 30 $ pour l’accouchement.
Tisha a été emmenée sans autre forme de procès dans un service spécial de détention qui hébergeait 42 autres femmes pauvres et elle s’est vu partager un lit déjà occupé par deux femmes et leurs bébés. Tisha et Okello ne pouvaient pas sortir tant que la facture ne serait pas réglée. Or elle allait augmenter tous les jours, lui ont annoncé les infirmières. Tisha et son fils ont été retenus jusqu’à ce qu’elle trouve l’argent pour payer la facture.
Cette histoire effroyable ne fait pas figure d’exception. Faire payer les soins de santé est la forme la plus régressive pour financer le domaine de la santé. Toutefois, selon la Banque mondiale, deux tiers des pays africains continuent de facturer des redevances à tous les niveaux de la prise en charge.
Dix mille personnes meurent quotidiennement, car elles n'ont pas accès aux soins. Tous les ans, 100 millions de personnes tombent dans l’extrême pauvreté en essayant de payer des frais pour les services de santé, soit trois personnes par seconde.
Ces énormes inégalités dans la prise en charge médicale continuent de s’aggraver à l'heure où les systèmes de santé du monde entier sont de plus en plus motivés par la recherche du profit. La plupart des pays les plus pauvres du globe essaient de vendre la santé en passant par une assurance santé et des redevances. Mais comment peut-on vendre la santé à quelqu’un qui n’a même pas assez pour survivre, à quelqu’un qui n’a pas de travail et qui lutte pour trouver de quoi manger.
Nombreux sont les gouvernements à déclarer ne pas pouvoir payer pour la santé, mais ils le pourraient en réalité s’ils mettaient en place un système fiscal progressiste, empêchaient les entreprises de cacher leurs bénéfices à l’étranger et mettaient un terme aux cadeaux fiscaux. Ces pays feraient ainsi un grand pas en avant pour résorber les inégalités criantes concernant l’accès aux services publics, notamment la prise en charge médicale.
Les modèles reposant sur les profits fragmentent déjà des systèmes de santé fragilisés qui excluent de nombreuses personnes : les pauvres, les personnes LGBTI (lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée), la population carcérale, les travailleurs et travailleuses du sexe, les consommateurs et consommatrices de drogues injectables et de nombreux groupes marginalisés. Cette manière de financer la santé n’est pas équitable. Par ailleurs, les droits humains de groupes marginalisés se trouvent bafoués, ce qui les empêche d’accéder à des soins de santé de qualité.
Les inégalités face aux droits humains se transforment alors en inégalités de santé. Le droit UNIVERSEL à la santé est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Il y est écrit que « toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. »
Les plus grandes avancées dans ce domaine ont souvent vu le jour en réponse à une crise d’envergure. Il suffit de penser aux systèmes de santé en Europe et au Japon suite à la Seconde Guerre mondiale ou à la manière dont le sida a favorisé l’émergence de la couverture sanitaire universelle en Thaïlande.
Aujourd’hui, aux prises à la crise de la COVID-19, les responsables du monde entier ont la possibilité de construire les systèmes de santé qui ont toujours manqué et qui ne peuvent plus attendre. Nous ne pouvons pas nous permettre de n’apporter que des changements cosmétiques, nous avons besoin d’un changement radical et transformatif. La riposte à la COVID-19 nous offre l’occasion de modifier les règles et de garantir l’égalité.
En cette Journée mondiale de la santé, faisons entendre cet appel pour garantir que la vie des personnes passe avant les profits. Demandons aux gouvernements de s’engager à garantir que toute personne, sans discrimination, aura accès à des soins de santé de qualité. Le droit à la santé est un droit humain inaliénable.
La crise du coronavirus que nous traversons aujourd’hui, à l’image des autres crises mondiales avant elle, a le potentiel de voir émerger les solutions de santé nationales et mondiales dont nous avons tant besoin. Ne ratons pas cette occasion !


Press Statement
Message de la Directrice exécutive de l’ONUSIDA à l’occasion de la Journée zéro discrimination 2021
01 mars 2021 01 mars 2021Cette année, la Journée zéro discrimination a lieu dans un contexte particulièrement difficile.
A priori, les virus ne font pas de différence entre les gens, mais nous constatons une nouvelle fois que les crises et les sociétés le font.
La COVID-19 a creusé les failles qui traversent notre société. Nous voyons que les communautés marginalisées, celles qui avaient déjà du mal à joindre les deux bouts, souffrent le plus sur le plan économique, sont reléguées au dernier rang pour recevoir des services vitaux et servent de bouc émissaire pour la crise.
Et pourtant, une fois encore, les communautés les plus exclues sont les premières à offrir leur aide. Leur expertise s’enracine dans leurs expériences, leur empathie et leur acharnement à démontrer que la santé et la reprise peuvent atteindre tout le monde.
L’ONUSIDA apporte son soutien aux communautés du monde entier qui revendiquent l’égalité. Nous refusons résolument toutes les inégalités, qu’elles reposent sur le genre, les revenus, la race, le handicap, l’orientation sexuelle, l’ethnicité et la religion. Des telles inégalités défigurent la société et entravent la justice et la dignité.
Nous exigeons la fin de la discrimination, de la stigmatisation et de la criminalisation.
Nous invitons l’ensemble des institutions et des personnalités influentes non seulement à ne pas discriminer, mais aussi à lutter contre la discrimination.
La discrimination tue. Elle exacerbe les situations d’urgence et alimente les pandémies.
L’humanité est en retard pour éradiquer le sida à l’horizon 2030. Ce retard n’est pas imputable à un manque de connaissances, de capacités ou de moyens, mais à des inégalités structurelles qui sont autant de freins. Par exemple, des recherches montrent que les lois punitives concernant l’orientation sexuelle multiplient par deux le risque de contamination au VIH chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Il est essentiel de supprimer ce type de lois pour vaincre la pandémie de VIH.
Par ailleurs, la discrimination à l’encontre des migrants, des migrantes et d’autres populations exclues stigmatisées les empêche de se faire dépister, soigner et aider pour la COVID-19. Cela est préjudiciable pour tout le monde.
Nous observons que la discrimination qui balafre nos pays a des répercussions aussi au niveau international. L’arrivée de nouveaux vaccins contre la COVID-19 s’est accompagnée d’inégalités criantes. 10 pays seulement ont administré plus de 75 % de tous les vaccins de la COVID-19, alors que plus de 130 pays n’ont pas reçu une seule dose. Pour l’Afrique du Sud, ce n’est rien de moins qu’un apartheid vaccinal. Comme l’a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, « Parler de l’égalité vaccinale, c’est parler en définitive des droits humains... Le nationalisme vaccinal va à l’encontre de ce principe. » Dans le monde entier, et dans chaque pays, nous devons considérer chaque personne sur un pied d’égalité.
Mettre fin aux inégalités permettra de promouvoir les droits humains de toutes et tous, d’instaurer des sociétés mieux préparées pour vaincre la COVID-19 et les pandémies à venir, mais aussi de favoriser la reprise et la stabilité économiques.
Nous avons besoin de garantir le droit universel à la santé. Cela doit passer par des soins de santé apportés et financés par le secteur public, mais aussi accordés à tous et toutes, sans réserve ni jugement.
Nous devons collégialement signaler la discrimination dès que nous la voyons et œuvrer pour donner l’exemple.
La santé, la sécurité, l’égalité et la prospérité du monde en dépendent.
Le leadership déployé par les communautés victimes de discrimination est une source d’inspiration pour moi. Leur détermination, leur courage et leur vision sont notre étoile au firmament. Les Nations Unies sont à leur côté. Elles défendent ardemment l’égalité.
Mettons fin aux inégalités. Exigeons zéro discrimination.
Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA


Press Statement
Message de Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l'ONUSIDA, pour la Journée mondiale du sida 2020
01 décembre 2020 01 décembre 2020Cette année, la Journée mondiale de lutte contre le sida 2020 ne ressemblera pas aux éditions précédentes.
La COVID-19 menace les progrès accomplis au cours des 20 dernières années dans le domaine de la santé et du développement, y compris pour ce qui est des avancées de la lutte contre le VIH.
Elle accentue les inégalités existantes comme l’ont fait les autres épidémies avant elle.
Inégalités entre les sexes, raciales, sociales et économiques : notre monde s’enfonce dans les inégalités.
La cause du VIH a su créer une mobilisation au cours de l’année passée pour défendre nos acquis, protéger les personnes vivant avec le VIH et d’autres groupes vulnérables, et repousser le coronavirus, et je m'en réjouis.
Campagnes en faveur de la délivrance d’ordonnances pour plusieurs mois de traitement du VIH, organisation de livraisons à domicile de médicaments ou mise à disposition d’une aide financière, de nourriture ou d’un logement à des groupes à risques : les militants et militantes de la cause du VIH et les communautés touchées ont une nouvelle fois apporté la preuve de leur efficacité indispensable dans la riposte au VIH. Merci à vous !
La dynamique inhérente aux communautés, initiée par une responsabilité partagée entre leurs membres, a joué un rôle essentiel dans nos victoires contre le VIH.
Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de cette force pour surmonter les épidémies concomitantes du VIH et de la COVID-19.
Chères amies, chers amis. Dans sa riposte à la COVID-19, l’humanité ne peut pas répéter les erreurs du passé dans la lutte contre le VIH lorsque des millions de personnes vivant dans des pays en voie de développement sont mortes en attendant un traitement.
Aujourd’hui encore, plus de 12 millions de personnes attendent d’obtenir un traitement contre le VIH et 1,7 million d’infections imputables à l’absence d’accès aux services essentiels ont été enregistrées en 2019.
Voici pourquoi l’ONUSIDA milite ardemment en faveur d’un vaccin universel contre le coronavirus.
À problèmes mondiaux, solidarité mondiale.
Alors que les premiers signes d’efficacité et d’innocuité apparaissent pour des vaccins potentiels contre la COVID-19, l’espoir est permis, d’autres suivront. Toutefois, des menaces sérieuses pèsent sur leur accès équitable. Nous appelons les entreprises à partager librement leur technologie et leur savoir-faire, ainsi qu’à renoncer à leurs droits sur la propriété intellectuelle afin que le monde puisse produire à très grande échelle et à la vitesse nécessaire les vaccins efficaces pour protéger tout le monde et permettre à l’économie mondiale de se redresser.
Notre objectif pour mettre un terme à l’épidémie de sida avait déjà pris du retard avant l’arrivée de la COVID-19. Nous devons à présent mettre l’accent sur les personnes afin de remettre la riposte au sida en capacité de réussir. Nous devons mettre un terme aux injustices sociales qui exposent des personnes à un risque d’infection au VIH. Et nous devons lutter en faveur du droit à la santé. Les gouvernements n’ont aucune excuse pour ne pas investir pleinement dans l’accès universel à la santé. Des obstacles comme les redevances à payer en avance par les utilisateurs et utilisatrices écartent certaines personnes des soins et doivent être supprimés.
Les droits humains des femmes et filles doivent être respectés sans exception, quant à la criminalisation et à la marginalisation des hommes gays, des personnes transgenres, des travailleurs et travailleuses du sexe et des toxicomanes, elles doivent cesser.
Alors que 2020 touche à sa fin, le monde fourmille de dangers et les mois à venir ne seront pas faciles.
Seules une solidarité mondiale et une responsabilité partagée seront en mesure de nous aider à vaincre le coronavirus, mettre un terme à l’épidémie de sida et garantir le droit universel à la santé.
Merci.
Winnie Byanyima
Directrice exécutive de l'ONUSIDA
Secrétaire général adjoint des Nations Unies
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Feature Story
Nouvelle stratégie mondiale de lutte contre le sida : écrire ensemble l’histoire
09 juillet 2020
09 juillet 2020 09 juillet 2020La directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a présenté un programme ambitieux pour remettre la riposte internationale au VIH sur les rails. Elle a pris la parole lors d’une allocution inaugurant une réunion de la Conférence internationale sur le sida 2020 portant sur la nouvelle stratégie mondiale de lutte contre le sida de l’ONUSIDA.
« Plus tôt cette semaine, j’ai alerté que l’humanité n’atteindrait pas les objectifs internationaux de lutte contre le VIH en 2020. La nouvelle stratégie de l’ONUSIDA fournira une feuille de route pour remettre la riposte mondiale sur les rails afin d'en finir avec l’épidémie de sida d’ici 2030 », a déclaré Mme Byanyima. « La prochaine stratégie de l’ONUSIDA devra s’attaquer très clairement aux domaines où nous accusons encore un retard comme la prévention combinée et les droits humains des populations clés, ainsi que la lutte contre les vulnérabilités multiples dont sont victimes les filles et les jeunes femmes en Afrique subsaharienne. »
Cette réunion a donné l’occasion aux participant-es d’échanger avec l’ONUSIDA sur les principes et les problèmes fondamentaux que devrait aborder en priorité la prochaine stratégie mondiale de lutte contre le sida de l’ONUSIDA.
Deborah Birx, coordinatrice pour les États-Unis de la lutte internationale contre le sida et coordinatrice pour la riposte au coronavirus à la Maison Blanche, a souligné le besoin de « réunir les données, les communautés et les gouvernements afin de s’attaquer aux problèmes auxquels est confrontée quotidiennement la population. »
L'assemblée a convenu que la stratégie devra porter sur les vulnérabilités essentielles qui exposent des personnes à des risques, y compris les normes traditionnelles et de genre, les difficultés d’accès à des moyens de subsistance et à l’éducation, ainsi que l’exclusion et la marginalisation des populations clés.
« La santé ne se limite pas à elle-même. La santé a aussi à voir avec la justice sociale. Il ne suffit pas de distribuer des préservatifs aux professionnel-les du sexe si nous ne prenons pas parallèlement en compte tous les facteurs qui les empêchent de les utiliser », a expliqué Rico Gustav, directeur exécutif du Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH et président du comité stratégique du Fonds mondial.
Pour réduire les écarts, il est nécessaire d’élaborer des programmes étayés par des preuves afin qu’ils soient adaptés à la multiplicité des épidémies et des contextes. « Nous disposons des outils pour faire la différence, mais nous devons les amener au niveau local. Nous devons personnaliser davantage les solutions », a indiqué Quarraisha Abdool Karim du Centre du programme de recherche sur le sida en Afrique du Sud.
L'assemblée a réclamé sans ambages que les communautés soient placées au centre de la riposte afin d’être les moteurs du changement tout en signalant la nécessité d’investir dans les communautés. Elles doivent en effet pouvoir jouer leur rôle de leader dans la riposte, demander des comptes à quiconque, aider à concevoir et réaliser des ripostes au VIH, à la tuberculose et à la COVID-19 respectant les droits humains et prenant en compte les individus, ainsi qu’atteindre les populations difficiles d’accès.
« Comment pouvons-nous nous assurer l’engagement d’autrui si les financements manquent », a souligné Lucy Wanjiku de l’association Kenya Positive Young Women Voices.
« Les communautés doivent être placées au cœur de la riposte. Autrement dit, elles doivent obtenir des financements, être impliquées dans la prise de décisions et ouvrir des espaces civiques pour nous mettre toutes et tous face à nos responsabilités », a ajouté Ludo Bok, responsable du groupe Santé et Développement du Programme des Nations Unies pour le développement.
Les intervenant-es ont demandé de réfléchir sérieusement aux changements nécessaires et à un engagement collectif pour modifier la façon dont nous luttons contre le VIH. L'assemblée a convenu du besoin de centrer le discours sur la santé en tant que droit fondamental et en tant que construction sociale. Un traitement et une prévention du VIH ne peuvent pas être fournis s’il existe toujours des inégalités d’accès aux informations, à l’éducation, aux soins de santé, à la réduction des risques, à la santé sexuelle et de la reproduction, à des moyens de subsistance stables, à des opportunités économiques, ainsi qu’à la protection contre la violence et à l’accès à la justice.
« J’ai l’impression d’une nouvelle prise de conscience de l’urgence. Nous ne pouvons pas continuer de faire comme avant tout en espérant que les résultats changent, » a conclu Mme Byanyima. « Les gens attendent de cette stratégie qu'elle donne le nouveau cap tant attendu à la riposte mondiale au sida, au Programme commun de l’ONUSIDA, ainsi qu’à l’éradication du sida dans chaque pays et dans chaque communauté. »
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31 octobre 2024


Press Release
Objectifs 2020 : des avancées disparates. Le rapport de l’ONUSIDA sur l’épidémie mondiale de sida fait état d’un échec accentué par la COVID-19
06 juillet 2020 06 juillet 2020Depuis 2015, 3,5 millions d’infections au VIH et 820 000 morts supplémentaires liés au sida sont imputables à des objectifs non atteints. Elles auraient été évitées si les objectifs 2020 avaient été réalisés. La riposte pourrait également revenir dix ans en arrière au moins, si la pandémie de COVID-19 interrompt gravement les services de lutte contre le VIH.
GENÈVE, 6 juillet 2020—Un nouveau rapport de l’ONUSIDA relate des avancées notables, mais marquées par de grands écarts, en particulier dans le déploiement de l’accès à la thérapie antirétrovirale. La disparité des avancées d’un pays à l’autre et au sein d’un même pays empêchera d’atteindre les objectifs mondiaux de la riposte au VIH fixés pour 2020. Le rapport Agissons maintenant avertit même de la perte d’avancées et de la stagnation du progrès si nous ne faisons rien. Il souligne l’urgence pour les pays de redoubler d’efforts et d’agir sans tarder pour soigner les millions de personnes laissées de côté.
« Nous devrons mener des actions efficaces chaque jour de la décennie à venir pour remettre le monde sur la voie des objectifs 2030 et mettre fin à l’épidémie du sida », a déclaré Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA. « Des millions de vies ont été sauvées, en particulier des vies de femmes en Afrique. Les nombreuses avancées enregistrées doivent être partagées avec toutes les communautés du monde. La stigmatisation et la discrimination ainsi que les inégalités généralisées sont autant d’obstacles à surmonter pour mettre fin à l’épidémie de sida. Les pays doivent écouter les preuves apportées, prendre leurs responsabilités et défendre les droits humains. »
Quatorze pays ont atteint le triple objectif 90-90-90 du traitement contre le VIH (90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique ; 90% des personnes se sachant séropositives suivent un traitement antirétroviral ; 90% des personnes sous traitement antirétroviral présentent une charge virale indétectable). Alors qu’il affiche l’un des taux de prévalence parmi les plus élevés au monde, 27 % en 2019, l’Eswatini fait partie de ces pays et a même déjà dépassé ces objectifs pour atteindre le suivant : 95-95-95.
Le déploiement de la thérapie antirétrovirale a sauvé des millions de vies et évité des millions de nouvelles infections. Pourtant, 690 000 personnes sont mortes de maladies opportunistes liées au sida l’an dernier. 12,6 millions sur les 38 vivant avec le VIH n’avaient pas accès au traitement vital.
« Le sida n'est pas terminé en Côte d'Ivoire. Nous devons accélérer la mise sous traitement des personnes vivant avec le VIH et intensifier la recherche des perdus de vue. », a affirmé Eugène Aka Aouélé, Ministre de la Santé et de l'Hygiène Publique de Côte d'Ivoire.
Le monde a accumulé un grand retard dans la prévention de nouvelles infections au VIH. 1,7 million de personnes a contracté le virus, soit plus du triple de l’objectif mondial. On constate des progrès en Afrique orientale et australe, où les nouvelles infections au VIH ont reculé de 38 %, depuis 2010. Ces chiffres contrastent dramatiquement avec ceux d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, où les nouvelles infections au VIH ont explosé de 72 % depuis 2010. Leur nombre a également bondi de 22 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et de 21 % en Amérique latine.
Le rapport Agissons maintenant fait état d’avancées disparates délaissant trop de personnes vulnérables. 62 % environ des nouvelles infections au VIH concernent les populations clés et leurs partenaires sexuel-les, comme les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel-les du sexe, les consommatrices et consommateurs de drogues et la population incarcérée, alors même qu’elles ne représentent qu’une très faible part de la population globale.
La stigmatisation, la discrimination, les autres inégalités sociales et l’exclusion forment autant d’obstacles stratégiques. Les populations marginalisées qui redoutent le jugement, la violence ou les arrestations rencontrent des difficultés à accéder aux services de santé sexuelle et de la reproduction, notamment en lien avec la contraception et la prévention du VIH. La stigmatisation des personnes vivant avec le VIH demeure monnaie courante. Au moins 82 pays criminalisent une forme de transmission du VIH, l’exposition au virus ou la non-divulgation de son statut sérologique. Le commerce du sexe relève du Code pénal dans au moins 103 pays, et pas moins de 108 pays criminalisent la consommation ou la possession de drogue destinée à une consommation personnelle.
Les femmes et les filles en Afrique subsaharienne continuent de former la majeure partie de la population concernée. Elles représentent 59 % des nouvelles infections dans la région en 2019. 4 500 adolescentes et jeunes femmes entre 15 et 24 ans contractent le VIH chaque semaine. Les jeunes femmes comptent pour 24 % des nouvelles infections au VIH en 2019, alors même qu’elles ne forment que 10 % de la population en Afrique subsaharienne.
Cependant, lorsque des services exhaustifs de lutte contre le VIH sont accessibles, le taux de transmission chute littéralement. Une couverture efficace a réduit les inégalités et le taux d’incidence des nouvelles infections au VIH en Eswatini, au Lesotho et en Afrique du Sud. Elle combine les options de prévention comme le soutien socio-économique des jeunes femmes et une couverture de traitement étendue permettant d’obtenir une charge virale indétectable chez des populations jusque là délaissées.
La pandémie de COVID-19 a lourdement perturbé la riposte au sida et pourrait continuer sur sa lancée. Une interruption totale de six mois du traitement contre le VIH entraînerait plus de 500 000 morts supplémentaires en Afrique subsaharienne l’année prochaine (2020-2021). Ce revers ramènerait le taux de mortalité lié au sida dans la région à celui de 2008. Une interruption, ne serait-ce que de 20 %, provoquerait 110 000 morts supplémentaires.
Jeanne Gapiya, Présidente de l'Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du sida au Burundi souligne que « Mettre fin à la pandémie de COVID-19 dès 2020 et à celle de VIH comme enjeux de santé public à l’horizon 2030 ne constituent pas deux combats, mais un seul et même combat : le combat pour mettre fin aux inégalités et œuvrer pour le plein respect des droits humains de toutes et de tous. »
Pour lutter contre les épidémies conjuguées de VIH et de COVID-19, l’ONUSIDA et ses partenaires mènent une campagne mondiale en faveur d’un vaccin universel contre la COVID-19. L’appel a déjà reçu la signature de 150 responsables et spécialistes du monde entier. Il exige que tous les vaccins, traitements et tests soient libres de brevet, produits en masse et distribués gratuitement et équitablement à l’ensemble de la population.
L’ONUSIDA presse également les pays à augmenter leurs investissements pour combattre ces deux maladies. Les investissements pour riposter au VIH ont chuté de 7 % entre 2017 et 2019 et représentent 18,6 milliards de dollars US. Ce revers signifie qu’il manque 30 % au budget de 26,2 milliards de dollars US nécessaire à une riposte efficace au VIH pour 2020.
« Nous ne laisserons pas les pays pauvres passer en dernier. La protection contre ces virus mortels ne doit pas dépendre de votre compte en banque ni de la couleur de votre peau », insiste Mme Byanyima. « Nous ne pouvons pas puiser dans les financements d’une maladie pour en soigner une autre. Le VIH et la COVID-19 doivent bénéficier de financements exhaustifs pour éviter la perte massive de vies humaines. »
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Press Release
La Directrice exécutive de l’ONUSIDA fait le bilan de la lutte contre le VIH/la COVID-19 lors de l’ouverture de la réunion du CCP
24 juin 2020 24 juin 2020GENÈVE, le 24 juin 2020—La 46e réunion du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA s’est ouverte le 23 juin 2020. Organisé en ligne pour la première fois à cause de la pandémie de COVID-19, ce rassemblement de trois jours se composera de discussions et de réflexion sur la riposte au VIH, les liens entre les deux pandémies du VIH et de la COVID-19, ainsi que le travail du Secrétariat et du Programme commun.
Dans son discours inaugural à la réunion du CCP, Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA, a analysé la situation du VIH/COVID-19 à la mi-2020 et a expliqué à son public en ligne que l’épidémie de VIH est toujours urgente et d’actualité.
« Même avant la COVID-19, nous étions en retard par rapport à nos objectifs pour 2020. Aujourd’hui, la crise de la COVID-19 risque de nous éloigner encore plus de notre cap », a averti Mme Byanyima. « Au titre de Programme commun, nous devons nous attaquer aux problèmes de fond pour sortir de cette crise et vaincre les deux pandémies, mais aussi encourager l’apparition de sociétés sures, justes et résilientes », a-t-elle ajouté.
Mme Byanyima a enjoint aux pays d’apprendre les leçons d'une histoire marquée par un accès inéquitable aux services de lutte contre le VIH et de les appliquer pour lutter contre la COVID-19. Elle a souligné que des millions de personnes sont mortes de maladies opportunistes alors que des médicaments existaient qui auraient pu leur sauver la vie. Réserver l’accès aux médicaments aux groupes pharmaceutiques s’est traduit par des prix que les personnes vivant dans les pays en voie de développement ne pouvaient pas se permettre.
Dans le même esprit, Mme Byanyima renouvelé son appel en faveur d’un vaccin de la COVID-19 pour toutes et tous et d’un accord international stipulant que tout vaccin ou traitement découvert pour la COVID-19 doit être mis à disposition de tous les pays. « Les pays en voie de développement ne doivent pas être exclus à cause des prix pratiqués, » a-t-elle continué.
La Directrice exécutive a également souligné l’importance accrue de l’ONUSIDA au cours d’une nouvelle pandémie et la manière unique dont son expérience et son expertise peuvent garantir que les investissements dans la riposte à la COVID-19 tirent profit des leçons vitales apprises de la riposte au VIH.
Soutenir le traitement et la prévention du VIH, travailler en première ligne avec les communautés, encourager les droits humains et l’égalité des sexes, faire campagne contre la stigmatisation et la discrimination : voici quelques-unes des missions centrales de l’ONUSIDA, a-t-elle expliqué lors de la réunion. L’ONUSIDA va poursuivre son action en respectant ces missions et aller à la rencontre des personnes les plus oubliées, mais elle va également modifier les priorités de la politique internationale et s’attaquer aux inégalités qui exposent certaines personnes à un risque plus élevé d’infection au VIH et à la COVID-19, a-t-elle poursuivi.
Passant au thème de la prochaine stratégie mondiale de l’ONUSIDA, Mme Byanyima s’est engagée à ce que cette nouvelle stratégie essentielle pensée en vue d’une meilleure riposte au VIH reflète les contributions et l’engagement les plus vastes possible, aussi bien du CCP, que de ses membres et de la communauté internationale du sida. Elle a proposé de présenter un avant-projet ambitieux lors de la 47e réunion du CCP prévue en décembre 2020 et qu’une version finale soit revue et adoptée par le CCP en mars 2021.
Mme Byanyima a informé le CCP sur la transformation interne de l’ONUSIDA en soulignant la manière dont elle encourage les principes du leadership des femmes afin de permettre de changer la culture de l’organisation. Toute une batterie de mesures supplémentaires, notamment une refonte du système de gestion des performances et une fonction éthique indépendante, garantissant la bonne poursuite de cette transformation a été annoncée.
Mme Byanyima a terminé son allocution en rappelant les retours extraordinaires attendus des investissements dans l’ONUSIDA. Elle a indiqué qu’il est essentiel que l’ONUSIDA, mais aussi d’autres sources de financement comme le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ou le Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida, soient financées dans leur totalité.
« La COVID-19 nous montre qu’investir dans les principes, les stratégies, l’infrastructure et l’expertise liés au VIH dépasse largement le cadre de la riposte au sida », a-t-elle conclu.
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Feature Story
Pia Wurtzbach nous parle de son action pour soutenir la riposte à la COVID-19
27 mai 2020
27 mai 2020 27 mai 2020Pia Wurtzbach, Miss Univers 2015 et Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique, s’engage depuis longtemps en faveur de la riposte au sida aux Philippines et dans le reste de la région. Elle a ajouté récemment une nouvelle corde à son arc en apportant son soutien à la riposte à la COVID-19 Elle a ainsi lancé un appel aux dons afin de distribuer 25 000 masques aux hôpitaux de Manille et elle s’implique dans des campagnes de prévention de la COVID-19 et du VIH sur les réseaux sociaux.
L’ONUSIDA s’est entretenue avec Mme Wurtzbach sur son engagement en ces temps difficiles.
Comment en êtes-vous venue à organiser une collecte pour donner des masques à des établissements de santé de Manille ?
J’ai commencé par acheter 5 000 masques à mes frais afin d’identifier un fournisseur abordable et fiable. J’en ai trouvé un et j’ai passé commande avant de donner les masques à quatre hôpitaux. Une fois prête et en sachant que cela marchait, j’ai lancé la collecte de fonds en me tournant vers le secteur privé aux Philippines et vers les contacts de mon réseau. À l’heure actuelle, j’ai pu donner des masques à 30 hôpitaux dans le Grand Manille. Nous avions prévu d'en fournir à d’autres hôpitaux en dehors de la capitale, mais le confinement ne nous le permet pas encore. Par ailleurs, j’ai offert des repas à une unité de soins intensifs dans l’un des hôpitaux du Grand Manille. Le personnel de santé du service vit en effet à l’hôpital et ne rentre pas chez lui. Grâce à mes dons, j’ai l’impression de les aider.
Comment continuez-vous à soutenir la riposte au VIH en tant qu’Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUSIDA ?
Je suis chaque jour en contact avec LoveYourself, l’organisation issue de la société civile pour laquelle je m’engage bénévolement aux Philippines. Nous faisons le point sur ce qui se passe et nous identifions les besoins des personnes vivant avec le VIH. J’utilise mes profils sur les réseaux sociaux pour publier des informations sur la prévention du VIH et de la COVID-19, ainsi que sur la manière de rester en bonne santé. J’informe mes abonné-es sur l’aide offerte par LoveYourself aux personnes séropositives au cours de la pandémie de COVID-19, comme les livraisons à domicile d’antirétroviraux.
Quelles questions sur le VIH et la COVID-19 recevez-vous des personnes vivant avec le VIH ou appartenant aux populations clés ?
Les questions les plus fréquentes concernent la manière d’accéder aux médicaments, et les gens veulent savoir si les stocks suffiront pour les renouvellements d’ordonnance. C’est fantastique que des organisations comme LoveYourself aux Philippines aident des personnes vivant avec le VIH à obtenir leur traitement. J’admire beaucoup Vinn (Ronivin Garcia Pagtakhan), le fondateur de LoveYourself, car il utilise sa propre voiture pour livrer des médicaments aux quatre coins de la ville directement chez les gens. C’est un super-héros des temps modernes.
Comment trouvez-vous la motivation pour continuer votre action en ces temps difficiles ?
J’ai tellement de chance d’avoir beaucoup de proches dans le secteur, qui sont aussi infirmiers ou infirmières. Vous seriez surpris de savoir que la personne qui s’occupe de me maquiller est diplômée en soins infirmiers et que des photographes le sont aussi. Aux Philippines, il y a énormément d’infirmiers et infirmières qui finissent par faire autre chose tout en restant dans le domaine médical et en connaissant beaucoup de gens dans ce secteur. J'entends tellement de leurs histoires et je sais qu’elles reflètent la réalité des hôpitaux et leur environnement de travail.
À les écouter, j’ai ressenti le besoin de faire quelque chose. J’ai conscience d’avoir beaucoup de chance de pouvoir rester chez moi. Je me suis alors dit : que puis-je faire pour me rendre utile ? C’est ce qui m’a poussé à lancer mon appel aux dons. Le personnel médical m’a envoyé des messages de remerciement et même une vidéo où l’équipe me remercie. Lorsque je vois que des personnes en première ligne prennent le temps de me dire merci, cela me donne envie d’en faire encore plus.
La collecte de dons me donne l’impression d’avoir une mission et un objectif. Le message que je souhaite passer, c’est : si tu es chez toi et que tu as des abonné-es sur Instagram ou que tu es peut-être un-e influenceur-se ou une célébrité, ou populaire dans ton école, utilise cette plateforme ! C’est le moment ! Nous ne pouvons pas rester là à attendre que cela passe. La solution doit venir de nous.
Qu’est-ce qui vous manque le plus de la vie avant la pandémie de COVID-19 ?
J’ai l’impression que je considérais beaucoup de petites choses comme normales. Aller au travail était normal, voyager était normal, ma vie accaparée par mon travail était normale. Je me souviens qu’avant le confinement j’ai fait un burn-out, car je travaillais trop. Je n’avais jamais un jour ou un week-end de libres. Je travaillais du lundi au dimanche. Et je me disais que j’avais besoin de m’accorder du temps rien que pour moi. Et tout à coup, c’est arrivé. Je prends juste le temps maintenant de réfléchir et de me demander ce qui compte vraiment pour moi.
Tout me manque. Marcher dans la rue me manque, la circulation me manque, voir d’autres personnes me manque. J’ai l’impression que le confinement nous donne véritablement le temps de réfléchir sur ce qui compte pour nous. J’ai le sentiment que lorsque nous sortirons de quarantaine et d’isolation volontaire, nos priorités seront claires.
Comment s’organisent vos journées pendant cette quarantaine chez vous ?
Vous savez, le bon côté du confinement, c’est que j’ai plus de temps pour moi. Tous les jours, je vais sur la terrasse sur le toit de mon immeuble pour faire du sport, j’emporte mon tapis de yoga avec moi et je passe quelques heures à faire le plein de lumière et de sport. J’ai mon programme quotidien. J’ai l’impression qu’avoir un petit rituel donne du sens à ma journée. Lorsque je me réveille le matin, j’essaie d’envoyer tous mes e-mails et de travailler un peu. L’après-midi, je fais de l’exercice. Et le soir, je fais des gâteaux ou je regarde la télévision ou Netflix. En résumé, mon quotidien se compose de travail, de lumière et de temps pour moi. J’ai l’impression que c’est un bon équilibre, car je suis plus productive et je prends soin de moi.
Quels sont vos prochains objectifs une fois que vous aurez donné les 25 000 masques ?
Rien n’est encore décidé, mais mon équipe et moi réfléchissons aux moyens d’aider les personnes qui ont besoin d’un soutien financier et de leur donner de la nourriture. Par ailleurs, j’aimerais me concentrer sur les réseaux sociaux sur des messages concernant la santé mentale en prodiguant des conseils sur la manière de contrôler ou gérer ses peurs. Les gens sont chez eux et sur leurs téléphones. Ils pourraient aussi bien lire quelque chose qui les aide à gérer leur stress.
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Opinion
Santé : un accès gratuit à la santé pour tout le monde et partout
20 mai 2020
20 mai 2020 20 mai 2020Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA — Article publié à l’origine dans le World Economic Forum’s Insight Report (mai 2020)
Reconnaître la catastrophe pour la santé publique
Nous avons constaté que la probabilité de mourir de la COVID-19 dans les pays riches est fortement influencée par les déterminants socio-économiques se cachant derrière une mauvaise santé. Les pauvres vivant dans des pays pauvres seront les plus en danger, car davantage susceptibles d’être déjà malades et ces pays comptent des centaines de millions de personnes souffrant de malnutrition ou immunovulnérables. Le quart de la population urbaine mondiale qui vit dans des bidonvilles et de nombreuses personnes réfugiées et déplacées ne peuvent pas appliquer l’éloignement physique ou se laver constamment les mains.
La moitié de la population mondiale n’a pas accès aux soins de base dont elle a besoin même en temps normal. Alors que l’Italie dispose d’un médecin pour 243 habitants, la Zambie n’en a qu’un pour 10 000 personnes. Le Mali dispose de trois respirateurs par million d’habitants. En moyenne, les dépenses annuelles de santé dans les pays à faible revenu sont de 41 $ seulement par personne, soit 70 fois moins que dans les pays à revenu élevé.
La pression que la pandémie exerce sur les établissements de santé ne touchera pas seulement les personnes infectées par la COVID-19, elle aura aussi un impact sur toute personne ayant besoin de soins. Nous avons déjà observé ce phénomène par le passé. L’épidémie d’Ebola en Sierra Leone s’est ainsi accompagnée d’une augmentation de 34 % de la mortalité maternelle et de 24 % du taux de mortinatalité à cause du recul de l’accès aux soins prénatals et postnatals.
L’Organisation internationale du Travail prévoit la destruction de 5 à 25 millions d’emplois et une perte de revenus du travail chiffrée entre 860 et 3 400 milliards de dollars. Une vague d’appauvrissement rendra les traitements inaccessibles à un nombre encore plus élevé de personnes. Aujourd’hui déjà, les redevances empêchent chaque année un milliard de personnes d’accéder aux soins de santé. Cette exclusion des soins vitaux ne nuira pas seulement aux personnes directement touchées, mais elle mettra tout le monde en danger, car il est impossible de contenir un virus si des personnes ne peuvent pas se permettre de se faire dépister ou soigner.
Les confinements sans compensation, dans leur forme la plus rudimentaire, forcent actuellement des millions de personnes à choisir entre se mettre en danger ou mourir de faim. Dans de nombreuses villes de pays en voie de développement, plus de trois quarts des travailleur et travailleuses dépendent du secteur informel et gagnent leur vie au jour le jour. De nombreuses personnes qui resteront chez elles n’auront pas assez à manger et, par conséquent, elles seront beaucoup à ne pas respecter le confinement et à s’exposer au risque d’infection au coronavirus.
Nous assistons par ailleurs à des comportements similaires à ceux de la riposte au sida. Les gouvernements rencontrant des difficultés pour contenir la crise peuvent chercher des boucs émissaires, tels les migrant-es, les minorités, les populations marginalisées. En faisant ainsi, cela complique encore l’accès aux personnes, le dépistage et le traitement pour endiguer le virus. Les pays donateurs quant à eux peuvent se replier sur eux-mêmes en ayant l’impression qu’ils ne peuvent plus se permettre d’aider les autres. Toutefois, comme la COVID-19 est une menace pour tout le monde peu importe où se trouve le virus, cela se fera non seulement au détriment des pays en voie de développement, mais cela augmentera aussi la tâche des pays donateurs.
Et pourtant, malgré la douleur et la peur, cette crise nous offre une chance de faire preuve de leadership audacieux, vertueux et collaboratif pour modifier le cours de la pandémie et de la société.
Saisir la chance pour la santé publique
Contrairement à l’idée reçue qu’une riposte à une crise enlève la capacité nécessaire pour réaliser des réformes de santé importantes, les plus grandes avancées dans ce domaine ont généralement vu le jour en réponse à une crise d’envergure. Il suffit de penser aux systèmes de santé en Europe et au Japon après la Seconde Guerre mondiale ou à la manière dont le sida et la crise financière ont débouché sur la couverture sanitaire universelle en Thaïlande. Au cours de la crise actuelle, les leaders du monde entier ont la possibilité de construire les systèmes de santé qui ont toujours manqué et qui ne peuvent plus attendre.
Couverture sanitaire universelle
Cette pandémie montre également que, dans l’intérêt de tout le monde, les personnes qui ne se sentent pas bien ne devraient pas commencer par compter leurs sous avant de chercher de l’aide. Alors que la lutte continue pour museler une forme virulente de coronavirus, l’abolition immédiate des redevances dans le domaine de la santé est devenue une nécessité extrême.
La gratuité des soins de santé est vitale et pas uniquement pour lutter contre les pandémies : lorsque la République démocratique du Congo a instauré la gratuité des soins en 2018 pour affronter Ebola, la population s’est mise à utiliser beaucoup plus le système de santé à tous les niveaux. Les consultations pour cause de pneumonie et de diarrhée ont plus que doublé et le nombre de naissances à l’hôpital a augmenté de 20 à 50 %. Ces bons résultats ont néanmoins disparu dès que les soins sont redevenus payants. La gratuité des soins mettrait un terme à une tragédie sociale qui voit chaque année 100 millions de personnes tomber dans l’extrême pauvreté à cause des frais de santé.
Comme nous ne disposons pas encore de vaccin contre la COVID-19, tous les pays doivent être en mesure de contenir et d’endiguer ce virus. L’apparition de nouvelles pandémies étant inévitable, chaque pays dans le monde a ainsi besoin d’un système de santé universel solide et ininterrompu.
Les médicaments et les soins modernes financés par le denier public doivent être fournis à tout le monde, peu importe où les personnes vivent. Les gouvernements doivent intégrer aux systèmes publics les services dirigés par les communautés afin de garantir un accès universel. Cette crise révèle aussi que notre santé nécessite que le personnel de santé qui nous protège et s’occupe de nous soit aussi protégé et que l’on s’occupe de lui.
Comme la santé et la subsistance sont étroitement liées, tous les pays devront aussi renforcer leurs systèmes de protection sociale pour améliorer leur résilience. La COVID-19 rappelle au monde entier que nous avons besoin de gouvernements actifs, rendant des comptes et responsables afin de réguler les marchés, réduire les inégalités et apporter les services publics essentiels. Cela marque le grand retour de l'État.
Financer notre santé
Le fardeau de la dette avait déjà conduit de nombreux pays en voie de développement à réaliser des coupes budgétaires concernant la santé publique. Les gouvernements prêteurs, les institutions financières internationales et les acteurs financiers privés doivent prolonger les moratoires de remboursement de la dette annoncé récemment et aller encore plus loin. Ils doivent ainsi reconnaître la couverture sanitaire universelle comme bien public mondial. La proposition faite par la Jubilee Debt Campaign et des centaines d’autres organisations de la société civile met à jour le niveau d’ambition nécessaire.
Les donateurs bilatéraux et les institutions internationales de financement, y compris la Banque mondiale, doivent également proposer des subventions, pas des prêts, afin de lutter contre l’impact social et économique de la pandémie auprès des groupes les plus pauvres et vulnérables, y compris les populations travaillant dans le secteur informel et les groupes marginalisés. L’aide apportée au financement actuel du système de santé des pays en voie de développement doit être renforcée. Doubler les dépenses de santé publique dans les 85 pays les plus pauvres du monde où vivent 3,7 milliards d’habitants coûterait 159 milliards de dollars environ. Cela ne représente même pas 8 % des dernières incitations fiscales des États-Unis. Cela fait plaisir d’entendre les pays donateurs utiliser la rhétorique inspirante et sans détour d’un nouveau Plan Marshall, mais les contributions annoncées à l’heure actuelle ne suffisent pas.
Leadership économique
Le monde économique aussi a besoin d’une nouvelle forme de leadership. Cette dernière doit reconnaître que l’économie dépend de sociétés en bonne santé, ainsi que d’un équilibre sain entre le marché et l’État. Comme l’a souligné Emmanuel Macron, le président français, « ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. » La dernière décennie a en effet vu l’explosion de la commercialisation et de la mercantilisation des systèmes de santé dans le monde. Il faut y mettre un terme.
Comme l’ont indiqué 175 multimillionnaires dans une lettre ouverte publiée lors de la Réunion annuelle du Forum économique mondial de Davos en 2020, l’heure est arrivée pour « les membres de la classe d’êtres humains la plus privilégiée qui ait jamais marché sur la terre » d’apporter leur soutien à des « taxes et impôts plus élevés et plus équitables sur les millionnaires et milliardaires et de contribuer à prévenir l'évasion et la fraude fiscales des particuliers et des entreprises. » Les leaders économiques responsables devraient apporter leur soutien aux réformes de l’impôt sur les entreprises, au niveau national et mondial, ce qui se traduira nécessairement par des taux d’imposition plus élevés, par la perte d’exemptions et par la fermeture des paradis fiscaux et autres niches fiscales.
Malgré les leçons apprises du sida, la monétisation de la propriété intellectuelle a engendré un système de gigantesques monopoles privés, un manque de recherches dans les maladies clés et des prix que la majorité de la population mondiale ne peut s’offrir. Les pays devront avoir recours à toute la flexibilité disponible pour garantir la disponibilité des traitements essentiels pour toute leur population et obtenir de nouvelles règles du jeu qui accordent la priorité à la santé collective sur les profits privés. Un consensus international préalable doit régner sur le fait que tout vaccin ou traitement découvert pour la COVID-19 doit être mis à disposition de tous les pays. La proposition du Costa Rica en faveur d’un « regroupement mondial des brevets » permettrait à toutes les technologies mises au point pour la détection, la prévention, le contrôle et le traitement de la COVID-19 d’être librement disponible. Ainsi, aucune entreprise ni aucun pays ne pourrait s’arroger un monopole. Les pays en voie de développement ne doivent pas être exclus à cause des prix pratiqués ou être relégués en queue de peloton pour obtenir les solutions.
La coopération internationale doit faire peau neuve et elle a besoin pour cela de leadership. La crise de la COVID-19 révèle que notre système multilatéral est injuste, dépassé et incapable de répondre aux défis d’aujourd’hui. À l’avenir, nous affronterons des menaces encore plus terribles que cette pandémie. Seul un multilatéralisme inclusif et juste nous permettra de les surmonter.
Tout le monde a besoin de tout le monde
La pandémie de COVID-19 est simultanément une crise qui aggrave les inégalités existantes et un miroir qui les révèle au grand jour.
La riposte au VIH prouve que seule une approche prenant en compte les droits et l’égalité universelle permettra aux sociétés de dépasser la menace existentielle des pandémies. La couverture sanitaire universelle n’est pas un cadeau que font les riches aux pauvres, mais un droit universel, ainsi qu’un investissement partagé pour notre sécurité et notre bien-être communs.
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Press Statement
L’ONUSIDA lance un appel en faveur d’un renforcement des dépenses de santé et de la protection sociale, aspect essentiel de la riposte économique à la COVID-19
17 avril 2020 17 avril 2020
Déclaration de la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, concernant la riposte économique à la COVID-19. Allocution faite au cours d’un évènement en ligne organisé le 16 avril 2020 et coparrainé par le Global Development Policy Center et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement
La COVID-19 tue. Toutefois, l’ampleur et les conséquences de la pandémie sont humaines.
Le décès de milliers de personnes et la disparition des moyens de subsistance de millions d’autres étaient évitables. Ces pertes résultent des inégalités extrêmes profondément ancrées dans notre économie mondiale.
La hausse brutale des courbes de mortalité, l’ampleur des pertes économiques et l’agitation sociale dans plusieurs pays sont le fruit de nos choix politiques, une conséquence du modèle économique que nous avons créé.
La COVID-19 a fait entrer la planète dans une phase de récession. Le Fonds monétaire international indique que les répercussions de la vague de confinement vont être plus catastrophiques que celles de la crise financière mondiale de 2008. L’Organisation internationale du Travail s’attend à ce que la COVID-19 détruise l’équivalent de 195 millions de postes à plein temps.
Comme nous l’avons appris de celle du VIH, les épidémies causent des ravages dans un monde pétri d’inégalités. Elles se gorgent de celles existantes et affectent surtout les populations les plus vulnérables et marginalisées : celles qui n’ont pas accès aux soins de santé, qui ne disposent pas de systèmes de protection sociale, de congés maladie ou qui n’ont pas d’eau pour se laver les mains. Les personnes dont le droit à la santé est bafoué sont les premières touchées et sont celles qui payent le prix le plus fort.
Lorsque les gouvernements accordent la priorité aux régimes de santé privés par rapport aux soins de santé universels financés par des deniers publics, ils font un choix et déclarent que le droit à la santé devient le privilège de quelques personnes qui peuvent se le permettre. En période d’épidémie, ce choix détermine ni plus ni moins qui va vivre et qui va mourir. Quiconque jouit du privilège d’accéder aux soins de santé survit, les autres meurent.
Les gouvernements doivent investir dans une protection sociale universelle. Les communautés pauvres du monde entier nous disent : « Si nous ne travaillons pas, nous allons mourir de faim avant même d’attraper le coronavirus. » C’est un choix auquel personne ne devrait être confronté. Cette crise sanitaire se transforme rapidement en une crise alimentaire.
Notre économie foisonne d'exemples de modèles commerciaux qui fonctionnent sur du personnel dépourvu de protection. Ces modèles exploitent la main-d’œuvre et les sous-traitants, ne les aident pas ou ne les protègent pas.
La crise climatique est une autre conséquence de notre modèle économique pernicieux qui exploite les écosystèmes dont nous dépendons. Et, ici aussi, ce sont les plus pauvres, les moins responsables de cette exploitation, qui sont touchés de plein fouet. À l’heure où je vous parle, dans le Pacifique, des populations ne luttent pas uniquement contre la COVID-19, mais sont en train de reconstruire après le passage du cyclone Harold.
Rien de tout cela n’est fortuit. C’est intentionnel. Je viens d'affirmer que nous récoltons les fruits des choix humains, mais il s’agit souvent de ceux des HOMMES. Les hommes continuent de monopoliser les conseils d’administration des entreprises et de peupler les couloirs de la politique, alors que c’est aux femmes que revient en grande majorité la tâche de s’occuper des autres. Les femmes doivent prendre soin des malades dans leur famille au cours d’une pandémie ou marcher encore plus longtemps pour trouver de l’eau potable.
Mais tout espoir n’est pas entièrement mort. Nous apercevons quelques lueurs ici ou là, et les enseignements font leur chemin. Des gens prennent conscience que la santé et la protection sociale sont importantes. Cela signifie que si nous surmontons cette crise, nous devons repartir sur de nouvelles bases, pas reprendre d’où nous étions.
Nous voyons des pays créer des impôts de « solidarité » sur les grandes entreprises et sur les riches contribuables. Nous entendons parler de l’annulation de la dette des étudiantes et étudiants, de la suppression des frais de santé, y compris des redevances, et d’une augmentation du soutien apporté aux aidantes et aidants. Voilà de nouvelles perspectives.
Néanmoins, nous voyons d’autres pays s’engager sur une tout autre voie : baisses d’impôts pour les plus riches ou sauvetage financier de grandes entreprises sans garantie que ces aides amélioreront le sort du personnel et des sous-traitants sur le terrain. Bref, nous enregistrons des signaux contradictoires.
L’enveloppe destinée à la santé et à la protection sociale doit être revue à la hausse. Cela pourrait jeter les fondements de la reconstruction, afin que cette dernière ne se limite pas à un sauvetage financier improvisé.
Nous devons sortir autres de cette crise, avec la détermination de changer de modèle économique. Nous avons besoin d’un Global Green New Deal qui incite à penser en priorité aux personnes et à la planète.
Un nouveau modèle économique qui démocratise la couverture sanitaire et la protection sociale universelles auprès de toutes et tous, qui favorise des conditions de travail décentes et paye des salaires décents, où les fruits sont distribués tout au long de la chaîne d’approvisionnement et où chaque partie prenante en profite de manière équitable. Un modèle qui respecte les engagements de l’Accord de Paris sur le climat.
Nous nous trouvons à la croisée des chemins et je prie pour que les leaders du monde entier se décident en faveur de choix différents.
Notre action




Feature Story
En Norvège, des organisations communautaires œuvrent en faveur de la santé, de la dignité et des droits
17 mars 2020
17 mars 2020 17 mars 2020Aujourd’hui n’est pas un matin pas comme les autres pour Winnie Byanyima. La Directrice exécutive de l’ONUSIDA monte en effet dans le camping-car de l’hépatite à Oslo, en Norvège, afin d’en savoir plus sur le travail de ProLAR. Cette organisation d’aide aux toxicomanes fournit différents services, notamment un traitement de substitution aux opiacés, ainsi qu’un dépistage du VIH et de l’hépatite C. Elle milite également en faveur du changement de la législation sur les drogues, afin qu’elle soit étayée par des données probantes et implique les communautés touchées.
« Nous accueillons les toxicomanes au chaud dans un espace où ils et elles n’ont rien à craindre. Nous pouvons ainsi parler, mieux nous connaître, avant d’effectuer les tests nécessaires », explique Ronny Bjørnestad, directeur exécutif de ProLAR.
D’après l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, en 2019, la Norvège comptait près de 9 000 personnes consommant des drogues injectables, en particulier dans les deux plus grandes villes du pays, Oslo et Bergen. En 2015, le gouvernement norvégien avait dévoilé un plan d’action sur la toxicomanie et les addictions qui mettait l’accent sur la prévention, les interventions précoces, le traitement et la réinsertion des personnes consommant des drogues. En 2018, le Centre européen de contrôle des maladies a indiqué que seules six nouvelles infections au VIH avaient été identifiées parmi les personnes s’injectant des drogues en Norvège.
Dans la capitale norvégienne, Mme Byanyima a également visité Sjekkpunkt (Checkpoint) qui offre gratuitement et de manière anonyme aux gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes un service de dépistage du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles. Rolf Martin Angeltvedt, le directeur de l'organisation Helseutvalget qui chapeaute Sjekkpunkt, explique que « Sjekkpunkt ne refuse personne qui vient discuter et faire un test. Nous proposons un dépistage gratuit, anonyme et rapide. »
Au cours des dernières années, la tendance est fortement à la baisse pour ce qui est des nouvelles infections chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en Norvège. Dans ce pays, le mode de transmission du VIH le plus signalé en 2018 était la transmission hétérosexuelle.
Après avoir quitté Sjekkpunkt, Mme Byanyima a rencontré des représentants d’organisations de la société civile qui se consacrent aux problématiques des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus. Les discussions ont tourné autour du travail du sexe, du chemsex, du vieillissement des populations, des migrations, des jeunes et des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées. En Norvège, les groupes issus de la société civile jouent un rôle essentiel dans la lutte contre l’épidémie de sida, car ils viennent renforcer les efforts de prévention, de traitement et de soins.
« Les réseaux et les organisations de personnes vivant avec ou touchées par le VIH qui aident celles dans la même situation ont une importance capitale. Plus que jamais, la société civile occupe une place primordiale pour lever les barrières de l'accès à la santé, à la dignité et à la jouissance des droits humains. Je vous encourage à construire des ponts avec des organisations de la société civile actives dans d’autres régions du monde. Nous devons travailler ensemble pour inverser la tendance actuelle inquiétante marquée par le recul des libertés et le manque de financement de la société civile, sinon nous n’atteindrons pas l’objectif de mettre un terme à l’épidémie de sida d’ici 2030 », conclut Mme Byanyima.