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Un membre du personnel de l’ONUSIDA témoigne de l’invasion de l’Ukraine
18 mars 2022
18 mars 2022 18 mars 2022Le 24 février, Olena Sherstyuck, responsable de la présence mondiale de l’ONUSIDA en Ukraine, n’a pas eu d’autre choix que de fuir Kiev. Nous avons discuté avec elle depuis son nouveau refuge dans l’ouest de l’Ukraine.
Le 24 février, à quoi avez-vous pensé en premier ?
Ma journée a commencé très tôt. Mon fils m’a envoyé un message à 5 heures du matin en me disant : « On dirait que la guerre est déclenchée. » Lorsque je suis sortie sur mon balcon, j’ai entendu des bruits puissants qui ressemblaient à des bombes.
Avez-vous décidé à ce moment-là de quitter Kiev ?
Au début, je suis montée en voiture avec mes chats, puis, après avoir contacté le directeur national et le reste du personnel, j’ai décidé d’aller dans ma maison de campagne qui a un jardin, hors de la ville. J’y ai retrouvé mon fils et sa femme.
Le lieu était-il suffisamment sûr ?
Lorsque je suis arrivée, j’ai compris que c’était pire qu’en ville. En effet, ma maison se trouve près de l’aéroport de Hostomel qui était la cible de missiles. Nous avons à peine dormi. Le ciel était rouge. Ce que j’aime dans cette maison, ce sont ses baies vitrées panoramiques, mais cette fois-ci, c’était loin d’être agréable. Les vitres vibraient sans cesse.
Qu’avez-vous fait ensuite ?
Le 25 février à minuit, nous avons décidé de partir pour l’ouest de l’Ukraine. J’avais travaillé dans la région pendant cinq ans alors que je travaillais pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance et j’y suis retournée après. Par conséquent, cette région montagneuse m’a semblé être une bonne option.
Pour cela, il a fallu conduire 28 bonnes heures, car nous avons dû zigzaguer pour éviter les combats et changer plusieurs fois d’itinéraire parce que des routes étaient fermées ou des ponts détruits. Notre itinéraire changeait constamment. Le trajet a été plutôt difficile.
J’ai demandé à des amis de la région de m’aider à trouver un endroit où loger et nous vivons maintenant dans une maison en bois de cinq pièces avec une cuisine commune.
Avez-vous pris contact avec votre équipe et votre responsable ?
Le bureau de l’ONUSIDA en Ukraine est un petit bureau et depuis la COVID-19, nous restons en contact par toutes sortes de moyens, en utilisant WhatsApp, Viber, etc. Tous les matins, nous avons notre réunion d’équipe habituelle. Cela nous aide à maintenir le contact. Des collègues de la région et de la plateforme mondiale ont également pris des nouvelles, ce qui me donne une impression de normalité.
Une impression de normalité, vraiment ?
Je n’arrive pas à dormir ni à manger, mais le travail, les réunions et les efforts de coordination m’aident à garder la tête sur les épaules. Cela me permet de continuer.
Cependant, je suis scotchée aux infos. Je n’arrive pas à arrêter de regarder et de lire ce qui se passe. Je pense à mon appartement en ville et à mon jardin, et quand nous pourrons toutes et tous retourner à Kiev.
Je n’ai aucun regret d’être partie. Je ne suis ni une combattante ni dans l’armée, donc je ne veux pas gêner les personnes qui combattent. La première semaine, j’étais sous le choc et je pensais que cela se terminerait rapidement, mais cela fait maintenant trois semaines.
Je suppose que vous avez pris votre passeport et votre téléphone, mais qu’en est-il de la nourriture et des vêtements ?
J’ai pris mes papiers importants, mon passeport et mon ordinateur de travail, mais je n’avais que des vêtements de jardinage dans ma maison, donc je porte une veste d’homme à tout faire depuis. Disons simplement que j’ai l’air un peu débraillée, mais je ne suis pas la seule ! (Rire.)
Pour ce qui est de la nourriture, il y a des petits marchés et jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de pénurie. Nous essayons de nous occuper en aidant des femmes de la région à faire du pain et d’autres activités communes sont organisées dans le village.
(Une pause) Vous entendez ça, Charlotte ? Vous avez entendu la sirène annonçant un raid aérien ? Elle s’est tue maintenant.
N’ayant jamais vécu une telle situation, quel conseil avez-vous pour nous ?
Tout d’abord, dans ces moments-là, les relations personnelles avec des gens sont très utiles. Non seulement j’ai pu entrer en contact avec mes collègues du moment, mais je l’ai aussi fait avec mes ancien-nes ami-es du travail.
Et dès le premier jour, j’ai pu contacter les nombreux réseaux de personnes vivant avec le VIH et d’autres organisations non gouvernementales avec lesquelles je travaille pour voir comment elles gèrent la situation. Autrement dit, j’ai passé beaucoup de temps au téléphone, mais ce sont des relations professionnelles et personnelles que j’ai établies au fil des ans. Je voulais savoir si tout le monde était en sécurité.
Je dois dire que l’ONUSIDA a très bien communiqué et transmis des informations clés sur les services disponibles, le lieu et avec quel acteur, des services tels que les renouvellements de thérapie antirétrovirale ou le traitement de substitution aux opioïdes, puis elle a mis à jour les informations. Avant la guerre, j’étais membre du comité national de surveillance et du comité programmatique qui supervise les subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Par conséquent, mes collègues et moi essayons d’assurer le suivi des points du programme. Ce n’est pas facile, et pour le suivi par exemple, de nombreuses personnes se terrent encore dans les caves, ce qui complique les choses.
Par ailleurs, il est vraiment difficile d'élaborer une stratégie. Au début, tout le monde prend des décisions sur le vif. Nos partenaires, d’autres organisations internationales, en fait tout le monde s’efforçait d’aider et malheureusement, nous avons fait beaucoup de choses en double. Un jour, on me demandait de trouver des matelas, un autre, quelqu’un avait besoin de gaz, maintenant les choses semblent être mieux organisées.
J’ai appris qu’il faut du temps pour comprendre comment agir et réagir et qu’il est important de trouver sa niche. Il faut éviter de trop se disperser.
Merci pour ces bons conseils. Autrement dit, il s’agit de distribuer les rôles et d’exploiter les points forts de chaque organisation pour travailler mieux de manière générale ?
C’est cela. L’aide de la plateforme mondiale est aussi utile. Je travaille principalement avec des partenaires sur place. Pour moi, cela représente 90 % de mon temps et, en raison des choses à faire dans tous les sens et de la situation en constante évolution, il a été utile que le siège nous donne une vue d’ensemble.
Comment ?
C’est rassurant de savoir que des pays comme la Pologne et la République de Moldavie et des personnes se sont engagés à aider l’Ukraine. Je sais maintenant ce que font nos collègues dans la région en ce qui concerne les stocks de thérapie antirétrovirale et le recours à l’aide internationale. En Ukraine, nous avons adopté davantage de normes européennes, de sorte que, par exemple, nos réglementations sur les médicaments et la propriété intellectuelle sont proches des normes européennes et ont peu de points communs avec les anciens pays satellites soviétiques. Notre législation contient des chapitres sur les populations clés et interdit la discrimination. Le gouvernement ukrainien a financé des services de prévention de base du VIH pour des centaines de milliers de personnes issues des populations clés. Nous avons également vraiment encouragé les services de réduction des risques, car le VIH en Ukraine touche principalement les consommateurs et les consommatrices de drogues injectables. Des milliers de personnes suivent un traitement de substitution aux opioïdes et utilisent la prophylaxie préexposition. Les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées font également partie intégrante de la stratégie du pays en matière de droits humains. Je ne peux pas imaginer de telles évolutions dans de nombreux pays d’Europe de l’Est.
D'autres réflexions avant de conclure ?
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Empowering youth to lead Togo’s HIV response

31 octobre 2024




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La Journée zéro discrimination à Dakar est l’occasion de libérer la parole sur le VIH avec les étudiants de l’école de gestion BEM
01 mars 2022
01 mars 2022 01 mars 2022Le niveau élevé de stigmatisation et de discrimination à l'égard des personnes vivant avec le VIH et des diverses populations clés continue de faire obstacle à la lutte contre le sida.
Partout dans le monde, on pointe du doigt des personnes ou des groupes jugés "différents", pour des raisons aussi nombreuses qu’injustifiées. Dans le contexte du VIH, la discrimination, qui désigne le traitement injuste ou inéquitable d'une personne en raison de son statut sérologique réel ou supposé, empêche la reconnaissance des risques, la gestion de la situation et la prise en charge des personnes concernées. Les comportements discriminatoires et la stigmatisation liées au VIH s’enracinent dans des inégalités sociales préexistantes et les renforcent, ce qui exclut encore davantage les personnes touchées par le virus et alimente l’épidémie.
Dans le cadre de la Journée zéro discrimination du 1er mars 2022, l’ONUSIDA, accompagné du Réseau National des Associations de Personnes vivant avec le VIH (RNP+) du Sénégal et de Trace Sénégal, discute avec les étudiants de la BEM Management School de Dakar. C’est l’occasion de solidifier la compréhension du VIH et de sa réponse parmi les étudiants, et d’exposer les situations de stigmatisation et de discrimination liées au VIH. C’est aussi une façon de favoriser l’engagement dans la lutte contre ces obstacles au sein d’une communauté d’étudiants potentiellement amenés à occuper des postes à responsabilité dans le futur.
“Nous sommes très engagés dans la sensibilisation du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles pour protéger la santé et le bien-être de nos étudiants”, dit monsieur Diakhaté, Directeur d’école de gestion BEM Dakar. “Nous avons immédiatement saisi l’opportunité de recevoir l’ONUSIDA et ses partenaires ici, puisque nous savons que ce genre d’échanges peut jouer un rôle déterminant dans le développement et l’engagement de nos étudiants en tant que membres de la société et en tant que professionnels. Nous restons fidèles à la vision du PDG qui consiste à voir nos étudiants devenir militants et acteurs d'un monde de paix, de tolérance et de progrès responsables ”. La discussion s’est tenue dans un environnement convivial et ouvert, propice à l’établissement d’une relation de confiance entre les intervenants et les jeunes afin de libérer la parole.
La connaissance du VIH chez les 15-24 ans au Sénégal et en Afrique de l’Ouest et du Centre est encore limitée. Seuls 27,5 % des jeunes sénégalais parviennent à identifier correctement les moyens de prévention de la transmission sexuelle du VIH et à rejeter les principales idées reçues sur la propagation du virus. Les informer et les aider à mieux connaître le VIH pour lutter contre la discrimination constituent ainsi d’une intervention essentielle en faveur de la prévention.
Pour sensibiliser les étudiants, des acteurs clés dans la lutte contre la discrimination et la stigmatisation liées au VIH ont tenu à partager leurs expériences personnelles.
Soukeyna Ndiaye, activiste profondément engagée aux côtés des personnes vivant avec le VIH et Présidente du RNP+, témoigne sur son vécu. Elle raconte comment elle a été exclue par sa famille, qui voulait la priver de « ses responsabilités de femme et de mère » après avoir appris son statut sérologique. « Les gens me regardaient avec pitié, comme si j’étais déjà morte ». Ses enfants aussi ont souffert de discrimination à l’école, notamment de la part des enseignants qui organisaient des conseils de classe pour discuter de leur « cas ». Aujourd’hui, grâce aux médicaments, Soukeyna est en bonne santé et aucun de ses sept enfants n’a le VIH. Dans un monde sans discrimination, elle vivrait normalement.
Wassour Touré est le Président de l’Association Départementale And Juboo (ADAJ), une association de personnes vivant avec le VIH. En wolof, And Juboo veut dire « vivre ensemble dans la paix et la tolérance ». Il partage un témoignage poignant sur les traitements discriminatoires qu’il a pu observer dans un hôpital. « Les personnes vivant avec le VIH devaient attendre que tous les autres patients soient passés avant d'être pris en charge. On les mettait sur un banc, à part, en attendant qu’un docteur s'occupe d’eux séparément ». L’indignation et l’étonnement se faisaient sentir dans la salle, reflétant une réelle empathie des étudiants, mais montrant aussi que la discrimination et la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH sont un sujet dont on parle bien trop peu. « Je n’avais aucune idée de tout ça ! » s’exclame une étudiante, « ça me choque. Il faut qu’on en parle. Pourquoi je n’en ai jamais entendu parler ? »
De toute évidence, les intervenants ont su éveiller les consciences et provoquer des réactions fortes parmi les étudiants. « L'histoire de tous ces gens m'a beaucoup émue et j'aimerais vraiment contribuer à lutter contre toute cette discrimination », explique une étudiante.
L’ONUSIDA souhaite élaborer un partenariat à plus long terme avec les étudiants. La création d’un groupe de discussion et d’un programme de jeunes ambassadeurs contre la discrimination et la stigmatisation permettraient d’impliquer des étudiants de BEM dans les activités de plaidoyer, aux côtés de l’ONUSIDA et ses partenaires. « Les étudiants ont une énergie et une volonté contagieuses. Cela peut être déterminant dans la lutte contre la discrimination et la stigmatisation–un domaine où « montrer le bon exemple » est particulièrement important », dit Patrick Brenny, Directeur Régional de l’ONUSIDA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. « Travailler avec eux peut permettre d’atteindre un public encore plus large, d’une façon personnelle et crédible. Nous nous réjouissons de l’enthousiasme des étudiants pour notre projet. »
La volonté des étudiants de BEM de bâtir un environnement plus inclusif, exempt de discrimination sous toutes ses formes, est particulièrement encourageante dans un pays où les questions de droits humain sont parfois contentieuses, et où l'on observe régulièrement des manifestations en faveur d’un durcissement de la législation condamnant l'homosexualité. Les jeunes sont les moteurs du rayonnement économique et social du Sénégal et il est essentiel de s’appuyer sur eux pour préparer le futur du pays. Encourager le dialogue sur le VIH et apporter aux étudiants les connaissances nécessaires sur le virus, les méthodes de prévention, de dépistage, et de traitement sont parmi les éléments clés de ce cheminement, et une étape cruciale pour donner aux jeunes les moyens de lutter contre la discrimination et la stigmatisation liées au VIH.
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Garantir que la réduction des risques reste disponible en Ukraine
09 mars 2022
09 mars 2022 09 mars 2022Dix jours après le début du conflit en Ukraine, l’ONUSIDA s’est entretenue avec Oleksii Kvytkovskyi, responsable de l’antenne Volna Donbas Resource Center de l’Association ukrainienne des personnes dépendantes aux drogues, une organisation non gouvernementale qui travaille avec des consommateurs et consommatrices de drogues injectables dans le pays.
Comment vous sentez-vous Oleksii ?
J’en ai assez d’avoir peur et de fuir. J’ai décidé de continuer à faire ce que je fais depuis 14 ans : défendre les droits des communautés clés, notamment des consommateurs et consommatrices de drogues injectables et des personnes dans le besoin.
Il ne s’agit pas du premier conflit que vous traversez, n’est-ce pas ?
Il y a huit ans, j’étais là lors du conflit entre la Fédération de Russie et la partie orientale de l’Ukraine. Comme vous le savez, [ces zones] sont désormais des républiques autoproclamées. J’ai trois enfants et deux sont nés pendant ce conflit, l’un en 2014 et l’autre en 2019.
Je travaille toujours dans quatre villes de l’oblast (région) de Luhansk qui sont sous contrôle du gouvernement ukrainien et se trouvent pratiquement sur la ligne de front : Sievierodonetsk, Lysychansk, Rubizhne et Kreminna.
En quoi consiste aujourd’hui votre travail ?
Dans notre organisation non gouvernementale, nous recevons et redistribuons ensuite des traitements de substitution aux opioïdes (TSO), ainsi que de la nourriture et de l’eau aux personnes qui en ont besoin. Notre stock de TSO tiendra jusqu’à la fin du mois. Cela représente environ 28 jours. Après je ne sais pas ce que nous ferons.
L’accès à la thérapie antirétrovirale est également problématique dans certaines villes. Pour faire simple, nous regardons qui manque de quoi et s’il y a des risques d’interruption [du traitement].
Beaucoup de personnes ont-elles quitté votre région ?
Rares sont les personnes à s’en aller, car elles n’ont pas assez d’argent pour le faire. Jusqu’à présent, la priorité est accordée à l’évacuation des femmes, des enfants en bas âge et des personnes âgées.
Notre organisation non gouvernementale s’est tournée vers des organisations internationales et nous avons reçu l’aide du Réseau eurasien de réduction des risques, du Réseau eurasien des consommateurs et consommatrices de drogues et de Volna, ce qui nous aide vraiment à fournir une aide d’urgence.
Et vous ?
J’ai imploré ma femme de prendre les enfants et de partir pour Lviv. Je leur ai même trouvé un endroit où vivre, mais elle m’a dit qu’elle ne me quitterait pas, et elle est restée.
Mais j’ai peur. J’ai peur pour mes enfants et pour ma femme que j’aime.
Qu’est-ce qui vous fait avancer ?
Je vais au travail tous les jours. Les gens me demandent si je crains pour ma vie. Je réponds toujours : « Lorsque l’on résout les problèmes de quelqu’un, on oublie la peur et la guerre sans s'en rendre compte. Alors, résoudre le problème d’une personne de la communauté devient votre objectif numéro un et on se met à aider d’une manière ou d’une autre. »
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Opinion
Nous ne pouvons pas laisser le conflit en Ukraine anéantir le traitement du VIH, de la tuberculose et de la COVID-19 en Europe de l’Est
09 mars 2022
09 mars 2022 09 mars 2022Michel Kazatchkine — Cet article est paru à l’origine sur The Telegraph
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé sans surprise un appel demandant que de l’oxygène et du matériel médical essentiel atteignent en toute sécurité les personnes en ayant besoin en Ukraine, et elle œuvre pour instaurer un transit sûr pour les livraisons à travers la Pologne. Mais cet appel n’est pas nouveau non plus. Nous l’avons déjà entendu par le passé.
L’annexion russe de la Crimée et le conflit dans les oblasts de Donetsk et Luhansk dans l’est de l’Ukraine en 2014 ont menacé l’approvisionnement en médicaments contre le VIH et la tuberculose. Les efforts fragiles de part et d’autre de la frontière intérieure et des financements du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ont permis de continuer à approvisionner en médicaments les territoires séparatistes malgré le conflit des huit dernières années.
Si la Russie vient à occuper de nouveaux territoires en Ukraine, il faut s’attendre à ce qu'il soit aussi difficile de garantir l’accès à ces médicaments pour les personnes vivant avec la tuberculose et le VIH ; les risques sont élevés si toutefois [cet accès] n’est pas déjà perdu.
Les autorités séparatistes du Donbass et l’administration russe en Crimée ont ainsi brusquement arrêté le traitement par agoniste opioïde (TAO) pour les consommateurs et consommatrices de drogues injectables, ce qui a entraîné beaucoup de souffrances et de décès par overdose et des suites d’une tentative de suicide.
Les ONG travaillant avec les communautés touchées au Donbass ont littéralement été fermées. Des décennies de lutte contre le VIH et la tuberculose nous ont appris à quel point la société civile, le leadership communautaire et les droits humains sont essentiels pour mettre fin à ces maladies.
La Fédération de Russie refuse de considérer le TAO comme une mesure de réduction des risques pour réduire le risque de transmission du VIH lorsque des personnes se partagent des aiguilles.
À l’inverse, l’Ukraine est un exemple en matière de réduction des risques, notamment en ce qui concerne le TAO et les programmes d’échange des aiguilles. Cela n’est pas rien en Europe de l’Est et en Asie centrale où l’épidémie de VIH continue d’enregistrer la croissance la plus rapide au monde.
Quelque 1,6 million de personnes vivent avec le VIH dans la région (dont 70 % en Russie) et ce chiffre augmente de 146 000 nouvelles infections environ chaque année. La consommation de drogues représente près de 50 % des nouvelles contaminations, mais les rapports sexuels non protégés devraient devenir la première cause dans les années à venir.
Toutefois, l’Ukraine affiche une des plus belles réussites dans la région pour ce qui est de garantir l’accès aux médicaments antirétroviraux (146 500 bénéficiaires l’année dernière).
Ces progrès étaient déjà menacés avant le conflit, alors que les restrictions liées à la COVID-19 ont entraîné une baisse d’un quart du nombre de personnes testées en 2020. Les semaines et les mois de conflit à venir entraîneront l’anéantissement total de ces efforts.
L’Europe de l’Est reste également l’épicentre mondial de la tuberculose multirésistante. Malgré les progrès réalisés au cours des dix dernières années, la prévalence de la tuberculose, les niveaux de mortalité et, en particulier, l’incidence de la tuberculose multirésistante restent élevés en Ukraine. Ainsi, le pays concentre la deuxième population de cas la plus importante dans la région.
La tuberculose pharmacorésistante représente environ 27,9 % des nouveaux cas de tuberculose et 43,6 % des patients et patientes déjà sous traitement. La réussite du traitement de la tuberculose multirésistante est d’environ 50 %.
Si la COVID-19 a déjà réduit de moitié le nombre de détections de cas en 2020, il n’est pas difficile d’imaginer que la situation actuelle le réduira à zéro.
Alors que les systèmes de santé s’effondrent et que les services de traitement et de prévention sont interrompus, la mortalité due au VIH, à la tuberculose, à la tuberculose multirésistante et à la COVID-19 augmentera rapidement en Ukraine. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et des villes comme Lviv manquent de médicaments et de matériel médical.
Il est inquiétant de voir que les répercussions du conflit vont aussi dépasser les frontières de l’Ukraine : plus d’un million de personnes réfugiées ont déjà fui pour sauver leur vie. L’impact de cette situation se fera sentir dans toutes les villes et régions frontalières d’Europe centrale dont la riposte à la tuberculose, au VIH et, plus récemment, à la COVID-19 a été fragile.
Les points aux frontières et les pays voisins devront anticiper et faire face à une avalanche de nouveaux besoins en matière de santé. Nous sommes dans une impasse : la coopération internationale et la solidarité envers la région de l’Europe de l’Est n’ont pas été des axes forts de la riposte mondiale à la pandémie au cours des deux dernières années.
L’arrivée du matériel de santé de l’OMS et la formation d’un couloir sécurisé pour les personnes réfugiées sont des bribes de bonnes nouvelles sur fond de tragédie. Nous avons besoin de beaucoup plus.
Les systèmes et les installations de santé doivent être protégés, fonctionnels, sûrs et accessibles à toutes les personnes qui ont besoin de services médicaux essentiels, et le personnel de santé doit être protégé.
Michel Kazatchkine est maître de conférence au Graduate Institute for International Affairs and Development de Genève, en Suisse, et ancien Secrétaire général des Nations Unies et Envoyé spécial de l’ONUSIDA pour le VIH/sida en Europe de l’Est et en Asie centrale. Auparavant, il était Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
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En Ukraine, le réseau de lutte contre le VIH réfléchit et s’organise rapidement
08 mars 2022
08 mars 2022 08 mars 2022Lorsqu’elle est réveillée par les bombardements sur Kiev le 24 février, premier jour du conflit, Valeriia Rachynska se retourne dans son lit et essaie de se rendormir. Originaire de Luhansk, elle a en effet déjà traversé un conflit en 2014.
« Je pense que mon cerveau a analysé le bruit et s’est rendu compte que j’étais suffisamment loin du danger », a-t-elle déclaré lors d’une vidéoconférence tenue depuis un petit village de l’ouest de l’Ukraine. « Mais quand j’ai vu mes enfants pleurer et avoir peur, j’ai su qu’il était temps de déménager encore une fois. »
Ses deux garçons et elles passent alors la nuit suivante dans un abri antiaérien avant de quitter leur maison dans la capitale avec son frère et sa famille.
Directrice des droits humains, du genre et du développement de la communauté pour 100% Life, le plus grand réseau de personnes vivant avec le VIH en Ukraine, elle explique que pour pouvoir continuer à aider les gens, elle doit d’abord trouver un endroit plus sûr.
« C’est comme lorsque l’oxygène manque dans un avion », explique Mme Rachynska. « Vous mettez d’abord votre masque, puis vous aidez les autres. »
Pour elle et son organisation, il était essentiel d’avoir accès à Internet, un réseau de téléphonie mobile stable, des banques ouvertes et un relatif sentiment de sécurité. Ces derniers temps, elle a l’impression de gérer un central téléphonique.
« Je réponds à tous les appels et j’essaie de les rediriger vers les bonnes personnes », explique-t-elle. « Cela n’arrête pas et à cause des nombreuses attaques et de l'imprévisibilité de la situation, je ne peux anticiper qu’une étape à la fois. »
Elle tire son chapeau à Dmytro Sherembey, responsable de 100% Life, pour avoir déjà pris ses dispositions.
« Beaucoup de gens nous ont dit : « Vous paniquez pour rien », mais chez 100% Life, nous avons transféré nos serveurs informatiques, nos documents et tout ce qui était jugé sensible vers l’ouest de l’Ukraine, voire jusqu’en Pologne et en l’Allemagne. »
Quelques collègues sont restés à Kiev en pensant tenir bon, mais 10 jours plus tard, beaucoup ont aussi pris la route.
« Nous nous concentrons désormais sur l’évacuation et l’hébergement des personnes vivant avec le VIH et de leurs familles, ainsi que des groupes marginalisés. Nous louons pour cela des bus », a déclaré Mme Rachynska, emmitouflée dans un sweat-shirt bleu à capuche. « Pour celles qui ne vivent pas à Kiev, nous envoyons de l’argent par virement bancaire pour leur permettre d’acheter de la nourriture et d’autres produits essentiels. »
Le pays dispose de suffisamment de réserves de médicaments anti-VIH jusqu’en avril, mais avec l’aide de partenaires internationaux et de la coordination de l’ONUSIDA, 100% Life a organisé très rapidement la livraison de médicaments vitaux supplémentaires en Pologne. Le gouvernement polonais a mis à disposition un entrepôt et a accepté d’apporter une aide logistique pour fournir une thérapie antirétrovirale aux personnes vivant avec le VIH en Ukraine.
L’Ukraine est le deuxième pays le plus touché par l’épidémie de sida dans cette région. On estime à 250 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH en Ukraine. Plus de la moitié suit une thérapie antirétrovirale qui consiste en la prise quotidienne de médicaments pour que les personnes séropositives restent en bonne santé.
« Notre plus grand défi en ce moment est de sauver des vies, d’assurer la sécurité et de faire en sorte que les gens restent sous traitement », a-t-elle déclaré. Le réseau 100% Life a déjà retravaillé des aspects clés de son programme en vue d’obtenir des financements du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme afin de répondre aux besoins immédiats.
Depuis son arrivée en 2011 au sein de 100% Life, Mme Rachynska a observé les progrès accomplis par l’Ukraine pour inverser la tendance de l’épidémie de sida. Elle est particulièrement fière de l’impact positif que les programmes de réduction des risques, y compris le traitement de substitution aux opioïdes et les stratégies d’échanges d’aiguilles et de seringues, ont eu en Ukraine pour réduire les nouvelles infections à VIH. Dans le pays, le VIH continue d’affecter de manière disproportionnée les consommateurs et consommatrices de drogues injectables et l’offensive militaire en cours risque de perturber les options de thérapies de substitution. Elle a déclaré que 100% Life travaillait activement pour éviter cela.
Ses autres préoccupations concernaient la protection des travailleuses et travailleurs du sexe, des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées et des consommateurs et consommatrices de drogues injectables. Connaissant la violence et la stigmatisation subies par ces groupes pendant le conflit dans l’est de l’Ukraine, elle craint que les populations clés deviennent les cibles de la violence.
« Notre prochaine mission sera de commencer à recenser les violations des droits humains », a-t-elle déclaré. « C’est très important pour moi. »
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À l’occasion de la Journée zéro discrimination, l’Irlande et l’ONUSIDA renforcent leur partenariat pour mettre fin à l’épidémie de sida
01 mars 2022 01 mars 2022DUBLIN/GENÈVE, le 1er mars 2022 — L’Irlande annonce aujourd’hui que son financement de base pour l’ONUSIDA passera de 2,4 millions d’euros en 2021 à 2,5 millions d’euros en 2022. L’annonce a été faite lors d’une réunion à Dublin entre le ministre irlandais de l’Aide au développement à l’étranger et de la Diaspora, Colm Brophy, et la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima.
L’Irlande est partenaire de l’ONUSIDA et nous soutient depuis plus de 20 ans. Elle soutient des programmes qui réduisent l’impact du VIH parmi certains des groupes les plus vulnérables, notamment les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que les jeunes femmes et les filles. Outre la contribution de 2,4 millions d’euros en 2021, l’Irlande a fourni 1 million d’euros en faveur du Programme d’éradication de la discrimination de l’ONUSIDA.
« L’Irlande est une figure emblématique de la riposte mondiale au sida et continue d’être une alliée sur laquelle l’ONUSIDA peut compter », a déclaré Mme Byanyima. « Cette contribution financière supplémentaire d’Irish Aid est un signal important à un moment où le monde doit intensifier ses efforts pour supprimer les lois néfastes et les remplacer par des lois qui autonomisent afin que les personnes puissent recevoir des services anti-VIH qui transforment et sauvent des vies. »
Cette année, la Journée zéro discrimination est placée sous le thème : « Abolissons les lois discriminantes, adoptons des lois protectrices ». À cette occasion, l’ONUSIDA met l’accent sur la nécessité urgente d’agir contre les lois discriminatoires. Dans de nombreux pays, des lois ont pour effet de défavoriser certaines personnes, de les exclure de services essentiels ou de soumettre leur mode de vie à des restrictions injustifiées, simplement en raison de qui elles sont, ce qu’elles font ou qui elles aiment. Ces lois sont discriminatoires : elles bafouent les droits humains et les libertés fondamentales.
Le 1er mars, Journée zéro discrimination, nous fêtons le droit de quiconque à mener une vie épanouie et productive dans la dignité et à l’abri de la discrimination.
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« Mon but dans la vie est de mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination, et cela commence par I = I » : témoignage d’un militant anti-VIH en Thaïlande
01 mars 2022
01 mars 2022 01 mars 2022C’était une journée comme les autres à Bangkok, en Thaïlande. Pete allait au travail et menait une vie assez normale. Il gérait avec sa sœur l’entreprise familiale d’import-export de légumes frais avec des pays voisins d’Asie du Sud-Est. Il était heureux et avait une relation sérieuse depuis longtemps avec son petit ami. Tout semblait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce jour-là, son partenaire et lui décident de faire un dépistage du VIH. Cette décision va brusquement bouleverser sa vie.
« J’ai découvert mon statut sérologique vis-à-vis du VIH en 2016 et peu après, j’ai quitté mon entreprise parce que je ne savais pas s’il allait me rester encore longtemps à vivre. Sans conseils ni assistance psychologique, j’avais beaucoup d’idées fausses sur le VIH et j’ai commencé à déprimer », explique-t-il.
« Je m’en voulais d’avoir contracté le VIH et je n’arrivais pas accepter cette idée. Je suis tombé dans la drogue, le chemsex [rapports sexuels accompagnés de consommation de drogues, ndt], j’ai rompu avec mon partenaire et j’ai fait plusieurs tentatives de suicide », poursuit-il. « Mais après avoir reçu le soutien d’organisations locales de personnes vivant avec le VIH, j’ai décidé de reprendre le contrôle de ma vie. J’ai commencé à parler ouvertement du VIH pour aider d’autres jeunes à vivre avec un statut sérologique positif. Même si je n’avais jamais prévu de faire cela, je savais que je devais le faire. C’est ainsi que je suis devenu militant de la cause du VIH », continue-t-il.
Aujourd’hui, Pete (dont le pseudonyme Pete Living with HIV est célèbre sur Internet) est un militant anti-VIH bien connu en Thaïlande. Il a fait beaucoup de chemin depuis son diagnostic. Il a passé ces dernières années à bâtir une communauté en ligne destinée aux personnes séropositives. Dans cet espace sécurisé, les internautes peuvent se connecter et partager librement leurs histoires et leurs expériences dans un environnement ouvert où la stigmatisation et la discrimination n’ont pas leur place. Son groupe Facebook, qui, pour des raisons évidentes, a des règles d’adhésion strictes, compte plus de 1 300 membres.
« J’ai créé cet espace parce que je n’avais pas d’endroit pour raconter mon histoire. Je voulais créer une plateforme où les personnes vivant avec le VIH peuvent être fières d’elles-mêmes et se rappeler qu’elles ne sont pas seules. Personne ne mérite d’être stigmatisé, harcelé, déshumanisé ou méprisé. Tout le monde mérite d’être aimé, respecté et accepté », explique-t-il.
En 2019, le pays a présenté le partenariat thaïlandais pour éradiquer la discrimination. Ce programme appelle le gouvernement et la société civile à intensifier leur collaboration sur la stigmatisation et la discrimination dans les environnements de santé et au-delà, y compris sur le lieu de travail, dans les systèmes éducatif, législatif et judiciaire. L’ONUSIDA a été impliquée dès les prémices de cette initiative. L’organisation a apporté une assistance technique pour élaborer une stratégie zéro discrimination et un plan quinquennal d’action, un plan de suivi et d’évaluation, mais aussi sa mise en œuvre grâce aux efforts communs du gouvernement et de la société civile.
Pete pense que cette initiative est un élément essentiel pour mettre fin à l’épidémie de sida, car la stigmatisation et la discrimination restent le principal obstacle aux services anti-VIH. « Bien que je remarque un net recul au fil des ans, je suis encore la cible de stigmatisation et de discrimination lorsque je me rends à des visites de contrôle pour les infections sexuellement transmissibles. Le personnel infirmier et les médecins continuent de me juger », indique-t-il.
Pete est également devenu un militant passionné et s’exprime sur l’importance de la stratégie I = I (indétectable = intransmissible) lors de conférences et de forums internationaux. « I = I a changé ma vie. Je lutte et je promeus sans cesse la stratégie I = I, car ses messages ont le pouvoir de changer la vie des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus. Mais, plus important encore, cela peut changer le comportement de la société et lutter contre la stigmatisation et la discrimination », poursuit-il.
Avec I = I, le traitement du VIH a transformé le paysage de la prévention du VIH. Le message est clair et change la vie : les personnes vivant avec le VIH qui suivent une thérapie antivirale et ont une charge virale indétectable ne peuvent pas transmettre le VIH à leur partenaire. Savoir qu’elles ne peuvent plus transmettre le VIH lors de rapports sexuels peut redonner confiance aux personnes séropositives et la réelle volonté de reprendre le contrôle de leur relation avec leur partenaire du moment ou à venir.
Pete a lancé en 2020 une campagne axée sur I = I et la sensibilisation à la santé mentale. « Grâce à mes publications sur les réseaux sociaux, je sensibilise à l'importance d’écouter et de respecter les gens et leurs expériences. I = I est la clé pour aider les personnes vivant avec le VIH à surmonter l’autostigmatisation et les sentiments négatifs comme la honte, qui les empêchent d’accéder à un traitement ou de le suivre durablement. La stratégie I = I est une source d’encouragements, qui rappelle aux personnes vivant avec le VIH qu’elles peuvent être fières d’elles », conclut-il.
Pete renforce aujourd’hui ses partenariats avec des acteurs et des alliés nationaux de la riposte au VIH afin de veiller à ce que les messages liés à I = I, à la prévention du VIH et à l’éradication de la discrimination soient relayés et atteignent différents publics. Il représente également un groupe de travail multisectoriel chargé de concevoir et de mettre en œuvre l’Indice de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH en Thaïlande, une enquête qui sera menée cette année. Il a apporté son soutien aux Nations Unies en Thaïlande dans diverses campagnes, notamment la campagne Everybody Deserves Love Valentine’s Day et la campagne Zéro discrimination, dans laquelle il implique des jeunes originaires de toute la Thaïlande.
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L’ONUSIDA appelle à la protection des personnes séropositives et touchées par le virus en Ukraine et à la continuité des services de santé et de lutte contre le VIH
25 février 2022 25 février 2022GENÈVE, le 25 février 2022 —Au milieu de l’offensive militaire en cours contre l’Ukraine, l’ONUSIDA appelle à la protection du personnel de santé et à la continuité des services anti-VIH et de santé pour toutes les personnes, y compris celles vivant avec le VIH et touchées par le virus. L’Ukraine est le deuxième pays le plus touché par l’épidémie de sida dans cette région. On estime que 260 000 personnes vivent avec le VIH en Ukraine, dont 152 000 suivent une thérapie antirétrovirale. Celle-ci consiste en la prise quotidienne de médicaments pour que les personnes restent en vie et en bonne santé.
« Les personnes vivant avec le VIH en Ukraine n’ont plus que quelques semaines de thérapie antirétrovirale et leur vie est en jeu si l’accès [aux médicaments] est interrompu », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Les centaines de milliers de personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus en Ukraine doivent avoir un accès ininterrompu aux services vitaux de lutte contre le VIH, notamment à la prévention, au dépistage et au traitement du VIH. »
À ce jour, le gouvernement ukrainien, en collaboration avec la société civile et les organisations internationales, a mis en œuvre l’une des ripostes au VIH les plus vastes et les plus efficaces d’Europe de l’Est et d’Asie centrale. Cependant, avec l’offensive militaire en cours, les efforts et les progrès accomplis dans la riposte au VIH risquent sérieusement d’être perdus, mettant encore plus de vies en danger.
Le droit à la santé et l’accès aux services anti-VIH doivent toujours être protégés, et le personnel de santé, les porte-paroles de la société civile, les utilisateurs et les utilisatrices ne doivent jamais être des cibles dans un conflit. Le conflit militaire en cours touche tout le monde en Ukraine, mais il risque d’être particulièrement difficile pour les personnes vivant avec le VIH et les populations clés, y compris les toxicomanes, les travailleurs et travailleuses du sexe, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que les personnes transgenres.
Comme l’a souligné le Secrétaire général des Nations Unies, les Nations Unies s’engagent à soutenir dans cette période de besoin les personnes en Ukraine, qui ont déjà souffert « de tant de décès, de destruction et de déplacement » à cause de l’offensive militaire.
Avec le soutien du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, du Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida et de l’ONUSIDA, le gouvernement ukrainien et les partenaires de la société civile fournissent des services de prévention et de traitement du VIH aux personnes séropositives et aux populations clés dans tout le pays depuis de nombreuses années et sont prêts à apporter un soutien supplémentaire pendant la crise actuelle.
Le personnel de l’ONUSIDA reste sur le terrain en Ukraine. Il œuvre pour que les personnes vivant avec le VIH et les populations clés en Ukraine aient un accès continu aux services vitaux en mettant l’accent sur les civils les plus vulnérables. L’ONUSIDA continuera de soutenir la prévention, le dépistage, le traitement, les soins et l’assistance en matière de VIH pour les personnes touchées par la crise en Ukraine.
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Le Fonds de solidarité de l’ONUSIDA aide les travailleuses du sexe au Ghana
04 février 2022
04 février 2022 04 février 2022Susana Dartey a grandi à Jamestown, l’un des plus anciens quartiers d’Accra, la capitale du Ghana. Elle y a été témoin jour après jour des abus et de l’exploitation dont sont victimes les travailleuses du sexe. Forte de cette expérience, elle a décidé de fonder la Women of Dignity Alliance (WODA) pour émanciper les professionnelles du sexe et lutter contre les inégalités auxquelles elles sont confrontées.
« Étant donné que le travail du sexe est illégal au Ghana, nos adhérentes sont victimes de nombreux abus et ne peuvent pas les signaler de peur d’être arrêtées », explique Mme Dartey qui est aussi la directrice exécutive de WODA. L’équipe de WODA est passée d’une adhérente en 2016 à 16 aujourd’hui et se compose de travailleuses du sexe en activité ou qui ont arrêté. « Je viens du même quartier. Le théâtre m’a appris à m’exprimer et je me suis rendu compte que je pouvais utiliser la même méthodologie ou technique pour donner une voix à ces femmes », continue Mme Dartey.
Deux catégories de travailleuses du sexe existent au Ghana : les « roamers » et les « seaters ». Les premières sont mobiles et se rendent chez leurs clients, tandis que les secondes ont un lieu fixe et travaillent de chez elles ou dans une maison close. En 2020, la prévalence du VIH chez les professionnelles du sexe au Ghana était estimée à 6,9 %.
La pandémie de COVID-19 a été difficile pour les travailleuses du sexe au Ghana, car les restrictions liées aux confinements ont compliqué l’exercice de leur activité. Elles signalent également avoir l’impression d’être oubliées par l’aide officielle apportée à la société dans son ensemble pendant la pandémie.
Face à ces obstacles, Mme Dartey est déterminée à donner aux travailleuses du sexe les moyens de devenir des modèles pour les femmes au sein de leur communauté grâce au projet Women Empowered Through Social Entrepreneurship (L’émancipation des femmes grâce à l’entrepreneuriat social) qui jouit du soutien du Fonds de solidarité de l’ONUSIDA.
Pour faire face aux problèmes socio-économiques engendrés par la pandémie de COVID-19, WODA encourage des entreprises sociales prometteuses qui sont fondées, dirigées, exploitées et développées par des professionnelles du sexe elles-mêmes. L’association s’est donné pour objectif d’émanciper jusqu’à 400 d’entre elles, directement ou indirectement.
Le programme repose sur trois domaines : des formations sur la création pérenne de revenus, des informations sur la prévention de la COVID-19 chez les travailleuses du sexe et la possibilité pour ces femmes de devenir des moteurs de changement au sein de leurs communautés.
Mme Dartey explique que les travailleuses du sexe suivent des formations dans des domaines aussi variés que les soins esthétiques, la fabrication de savon, la production de confiseries, la boulangerie et la décoration florale. Les bénéficiaires du projet sont formées aux méthodes opérationnelles des entreprises sociales et ont la possibilité d’apprendre des compétences entrepreneuriales auprès de spécialistes.
« Je travaille comme « roamer » depuis huit ans et la COVID-19 a rendu mon travail difficile comme jamais. Avant l’arrivée de la COVID-19, je pouvais gagner jusqu’à 230 cedis par jour, mais aujourd’hui, j’arrive à peine à en gagner 50. J’ai été heureuse quand Susana m'a parlé de l’initiative soutenue par le Fonds de solidarité de l’ONUSIDA. J’aime aider les femmes à se sentir belles. J’ai vraiment hâte d’apprendre des choses en pédicure, manucure et maquillage pour gagner ma vie », raconte une des bénéficiaires.
Une partie des efforts pour aider les populations clés et les communautés vulnérables à surmonter les difficultés engendrées par la pandémie de COVID-19 consiste à soutenir des sources de revenus durables qui viennent de ces communautés. Le Fonds de solidarité de l’ONUSIDA a été créé pour mettre en avant l’ingéniosité des populations clés en permettant l’accès au financement pour la création d’entreprises sociales pérennes.
« Mon espoir est de réunir ces femmes et de les voir trouver leur propre objectif. Ce projet est tourné vers leur avenir et, à la fin du projet, les travailleuses du sexe auront créé des entreprises sociales qui leur appartiennent », explique Mme Dartey lorsqu’on lui demande ce qu’elle attend de ce projet.
Une bénéficiaire qui souhaite créer un salon d'esthétique déclare : « J’ai rencontré Susana début 2021 et depuis je suis une autre personne. Grâce à WODA, je peux maintenant être fière de mes compétences en maquillage et en fabrication de bases de perruque. » Elle demande également la légalisation du travail du sexe. « Je veux que le travail du sexe soit légal afin que la police cesse de nous arrêter et de nous harceler », conclut-elle.
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Assurer l’autonomie des consommateurs et consommatrices de drogues injectables en Ouganda
18 janvier 2022
18 janvier 2022 18 janvier 2022Les difficultés causées par la pandémie de COVID-19 ont aggravé les difficultés rencontrées par les toxicomanes.
En Ouganda, les confinements liés à la COVID-19 ont entravé l’accès au traitement anti-VIH et à d’autres services de santé, y compris à la thérapie médicalement assistée destinée aux toxicomanes, à savoir la fourniture de doses quotidiennes de méthadone. L’accès aux systèmes d’assistance, tels que les centres d’accueil, a également été touché.
« Pendant le confinement dû à la COVID-19, j’ai eu beaucoup de mal à accéder à la dose quotidienne de ma thérapie médicalement assistée à cause des restrictions de déplacement, car il fallait une autorisation du conseil local. Toutefois, c’était très compliqué et très long d’obtenir cette autorisation de déplacement du conseil local, par conséquent cela a été difficile de vivre sans accéder à ces services essentiels », a déclaré Nsereko Joshua (nous avons changé son nom) qui suit actuellement une thérapie médicalement assistée.
Une analyse des répercussions de la pandémie de COVID-19 menée en juillet 2020 par l’Uganda Harm Reduction Network (UHRN) a révélé un recul de l’accès aux préservatifs, à la prophylaxie pré-exposition, aux conseils, à l’assistance psychosociale, au dépistage du VIH, aux services de santé sexuelle et reproductive, ainsi qu’à l’assistance juridique. Cette étude a également souligné une augmentation de 25 % des violations des droits humains signalées chez les consommateurs et consommatrices de drogues injectables pendant le confinement lié à la COVID-19. L’analyse indique entre autres que les arrestations et les détentions, les violences basées sur le genre et les expulsions nocturnes par la police se sont multipliées.
Lorsque le Fonds de solidarité de l’ONUSIDA pour les populations clés a été dévoilé en décembre 2020, Wamala Twaibu, fondateur et président de l’Eastern Africa Harm Reduction Network et de l’UHRN, a vu une opportunité d’autonomiser les consommateurs et consommatrices de drogues injectables. Il a imaginé une transformation de la communauté qui permettrait à ses membres de s’entraider en cas de besoin en gérant leurs propres sources de revenus.
« Cela faisait plus de sept ans que je consommais des drogues injectables et je sais à quoi ressemble le quotidien de toxicomanes. Mon ambition est d’améliorer la santé, les droits humains et le bien-être socioéconomique des toxicomanes », a-t-il déclaré.
M. Twaibu a noté que la consommation de drogues injectables et la dépendance à la drogue ont souvent des impacts à long terme sur le statut socioéconomique et la santé d’une personne. Le manque de compétences professionnelles, les antécédents criminels, la stigmatisation et la discrimination, ainsi que la criminalisation de l’usage de drogues sont quelques-uns des principaux problèmes qu'affrontent régulièrement les consommateurs et consommatrices de drogues injectables.
L’UHRN a demandé et a obtenu en 2021 une subvention du Fonds de solidarité de l’ONUSIDA afin de lancer le projet Empowered PWID Initiative for Transformation (EPIT). Grâce à l’EPIT, les membres de la communauté qui suivent actuellement une thérapie médicalement assistée développeront des compétences en artisanat afin d’avoir une source de subsistance pérenne. M. Twaibu a souligné que le projet reposera sur la transmission de connaissances et de compétences en gestion d’une petite entreprise aux consommateurs et consommatrices de drogues injectables.
Environ 80 personnes sous thérapie médicalement assistée seront impliquées dans l’EPIT, elles seront réparties en 16 groupes de cinq et six groupes au moins seront dirigés par une femme dans les cinq arrondissements de Kampala.
Une approche « Save, take and return » sera utilisée pour garantir la pérennité de cette initiative. Cette stratégie encourage les bénéficiaires à épargner chaque jour une partie des bénéfices générés par les entreprises sociales avant de récupérer cet argent quelques mois plus tard.
« Ce fonds s’intéresse à l’émancipation socioéconomique des populations clés sous l’égide de la communauté touchée. C’est ce qui fait tout son intérêt. Il est important que la communauté détienne la mainmise sur l’initiative, car il ne faut rien faire pour nous sans nous impliquer », a déclaré M. Twaibu. « Le changement est possible lorsque nous nous entraidons sans discrimination ni stigmatisation. Je souhaite voir une communauté de consommateurs et consommatrices de drogues injectables transformée et responsabilisée, [avec ses membres] capables de se soutenir mutuellement en cas de besoin », a-t-il ajouté.
Compte tenu des effets de la pandémie de COVID-19 jusqu’à aujourd’hui, M. Twaibu a peur que la prochaine vague n’affecte l’initiative. Il prévoit toutefois un programme d’artisanat totalement prêt et fonctionnel dans les cinq arrondissements de Kampala et un déploiement dans d’autres régions où travaille l’UHRN.
Maintenant qu’il fait partie du projet EPIT, M. Joshua aborde l’avenir avec plus d’optimisme. « J’ai hâte de guérir complètement de la toxicomanie et je pense que la thérapie médicalement assistée me permettra d’y arriver », a-t-il déclaré. « Et je pense que le programme EPIT me donnera l’occasion de renforcer ma motivation et de démontrer que je prends ma guérison au sérieux avec la possibilité de gagner quelque chose pour ma subsistance et pour le transport afin de chercher mon traitement. Je pense que même après ce programme, ces compétences m’aideront à soutenir ma famille et moi-même. »