West and Central Africa

Opinion

Comment mettre fin à l'épidémie de sida en Afrique occidentale et centrale

31 octobre 2021

Winnie Byanyima, Directrice Exécutive de l’ONUSIDA

L'épidémie de sida en Afrique occidentale et centrale est une urgence permanente. Les premières avancées obtenues contre le VIH dans cette région ne se sont pas traduites par les progrès durables qui ont pu être réalisés dans d'autres parties de l'Afrique subsaharienne.

L'année dernière, la région a enregistré 150 000 décès liés au sida et 200 000 personnes ont été nouvellement infectées par le VIH. Chaque semaine, plus de 1000 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont infectées par le VIH dans la région. En Afrique occidentale et centrale, 1,2 million de personnes attendent toujours de pouvoir commencer leur traitement pour le VIH qui leur sauvera la vie. Seuls 35% des enfants vivant avec le VIH en Afrique occidentale et centrale reçoivent un traitement.

Or la crise de la COVID-19 a entravé les services et exacerbé les inégalités qui alimentent l'épidémie de VIH. Si nous n'agissons pas maintenant, non seulement de nombreuses autres vies seront perdues, mais contenir la pandémie de sida sera d’autant plus difficile et coûteux dans les années à venir.

Mettre fin au sida est possible : il existe un ensemble d'approches qui ont prouvé leur efficacité, y compris dans des contextes difficiles.

Qu’il s’agisse du leadership du Cap Vert en matière d'élimination de la transmission verticale du VIH, ou de la décision du Cameroun, l'année dernière, de supprimer les frais d'utilisation pour tous les services liés au VIH dans les établissements de santé publique et les sites communautaires agréés, de nombreux exemples qui montrent la voie existent déjà. En alignant les politiques publiques sur celles qui ont fait leurs preuves, nous pouvons mettre fin au sida comme nous l'avons promis.

Les pays et les communautés tirent déjà parti de l'expérience et de l'expertise de la réponse au sida pour réduire l'impact de la COVID-19 dans toute la région. De la Côte d'Ivoire à la Guinée en passant par le Sénégal, les autorités de santé publique, les organisations internationales, les acteurs de la société civile et les communautés de personnes vivant avec et affectées par le VIH ont travaillé ensemble pour s'assurer que les personnes vivant avec le VIH continuent de recevoir leurs médicaments. Elles se sont afférées à fournir des services de soins et de prévention de manière sûre et innovante, à livrer de la nourriture aux personnes qui avaient perdu leurs revenus en raison des confinements, à transmettre des messages sur l'importance de l'hygiène et de la distanciation sociale pour rester en bonne santé, et à dissiper les mythes qui alimentent la stigmatisation et la discrimination et affaiblissent les messages de santé publique.

Cet esprit de coopération et de partenariat est essentiel pour renforcer les réponses aux pandémies.

Cette semaine, sous l’égide du Président du Sénégal, Macky Sall, l'ONUSIDA et l'Institut de la société civile pour le VIH et la santé en Afrique occidentale et centrale organisent un sommet à Dakar, sur les manières de combler les lacunes de la riposte au VIH dans la région et renforcer la préparation aux pandémies.

Voici trois des mesures audacieuses que nous devons prendre.

Premièrement, valoriser et soutenir les communautés pour qu’elles soient au centre de la planification et des services.

Les communautés connaissent la situation sur le terrain - il faut leur donner les ressources et l'espace nécessaires pour mener la riposte. Les pays doivent mettre en place un environnement propice à la pleine participation des communautés à la fourniture de services en tant que partie intégrante de la réponse de santé publique. Elles doivent être invitées à la table des discussions en tant que co-planificateurs. Ainsi elles pourront mettre en avant leurs expériences et préoccupations, et jouer leur rôle essentiel dans l’évaluation de la performance des réponses de santé.

Les pays doivent lever les obstacles juridiques, politiques et programmatiques qui freinent cette évolution, et augmenter leur soutien financier pour enfin permettre la contribution incomparable des communautés.

Deuxièmement, augmenter les investissements.

Les pays doivent accroître l’ampleur des prestations en matière de prévention, de dépistage et de traitement, et éliminer tous les obstacles financiers afin de garantir un accès universel aux services.

L'engagement d'Abuja d'investir 15% des budgets gouvernementaux dans la santé publique doit être respecté. Les engagements conjoints pris par les ministres de la santé et des finances lors de la Réunion des Dirigeants Africains d'augmenter les recettes nationales consacrées à la santé doivent être tenus.

Les bailleurs de fonds internationaux doivent eux aussi intensifier leur soutien, alors que nous traversons la pire crise depuis des décennies. Pour créer l'espace budgétaire nécessaire, il faudra annuler la dette afin de soutenir les gouvernements à accroître les investissements pour la santé et à s’attaquer aux déterminants sociaux qui aggravent les risques du VIH et de pandémie.

Une action internationale visant à prévenir une concurrence fiscale nuisible et les flux financiers illicites est également essentielle. Il est difficile d'avancer vers une fiscalité équitable et progressive, et d'augmenter les revenus nationaux, lorsque les grandes entreprises et les particuliers fortunés ont systématiquement la possibilité, au niveau international, d'échapper aux impôts que le citoyen ordinaire doit payer, et qui sont essentiels pour la santé, l'éducation, la protection sociale et l'investissement économique.

Troisièmement, s'attaquer aux inégalités qui alimentent l'épidémie.

La COVID-19 a une fois de plus montré au monde comment les épidémies se nourrissent des inégalités, tant entre les pays qu’au sein même de ceux-ci. La nouvelle stratégie de l'ONUSIDA adoptée plus tôt cette année place la lutte contre les inégalités au centre de sa mission visant à mettre fin au sida.

Les inégalités sont le moteur du VIH. Les groupes de personnes vulnérables représentent 44% des nouvelles infections au VIH en Afrique occidentale et centrale. Leurs partenaires représentent 27% supplémentaires.

La stratégie de la CEDEAO pour le VIH, la tuberculose, les hépatites B et C et la santé et les droits sexuels et reproductifs des populations clés le dit si bien :

« La protection des droits de l'homme pour tous les membres de chaque population clé est cruciale pour le succès. Les lois discriminatoires ou créant des obstacles doivent être réformées, afin de garantir que les populations clés soient exemptes de stigmatisation, de discrimination et de violence et que leur vulnérabilité au VIH soit réduite. »

L’inégalité entre les genres est également un moteur du VIH : parmi les nouvelles infections au VIH chez les jeunes en Afrique du centre et de l’ouest, près des trois quarts concernent des adolescentes et des jeunes femmes. L'enjeu est le pouvoir—ou plutôt l’absence de pouvoir de celles-ci.

Les recherches montrent que le fait de permettre aux filles de terminer leurs études secondaires divise de moitié leur risque de contracter le VIH, et le fait de combiner cela avec un ensemble de services et de droits pour l'autonomisation des filles le réduit encore davantage.

L'initiative Education Plus, coorganisée par l’UNICEF, l’UNESCO, le FNUAP, l’ONU Femmes et l’ONUSIDA, avec des gouvernements, la société civile et des partenaires internationaux, contribue à accélérer les actions et les investissements nécessaires pour que chaque fille africaine soit scolarisée, en sécurité et forte.

Ce que nous devons faire pour mettre fin au sida est aussi ce que nous devons faire pour permettre le plein essor de l'Afrique.

Les gouvernements, les organisations internationales, les scientifiques, les chercheurs, les organisations dirigées par les communautés et les acteurs de la société civile ne peuvent pas réussir seuls ; mais ensemble, ils peuvent créer un partenariat imbattable et une force imparable pour mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030.

Sommet régional sur le VIH

Documents

La réponse au VIH en Afrique occidentale et centrale

29 octobre 2021

La réponse au VIH en Afrique occidentale et centrale s'améliore, mais pas assez rapidement pour mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030. Au cours de l'année écoulée, la pandémie de COVID-19 a perturbé les services de lutte contre le VIH et d'autres services de santé, et elle a mis en évidence la vulnérabilité des populations de la région aux chocs de santé publique, climatiques, socio-économiques et sécuritaires, ainsi que le besoin urgent de systèmes de protection sociale inclusifs.

Feature Story

Paiement d’allocations en espèces et sans condition aux ménages marginalisés pendant la pandémie de la COVID-19

29 octobre 2021

La COVID-19 a mis en avant la nécessité cruciale d’ajouter aux ripostes à la pandémie des mesures de protection sociale qui atteignent et profitent aux populations marginalisées.

Lorsque la pandémie a touché l’Afrique occidentale et centrale début 2020, la région était déjà confrontée à de graves difficultés socio-économiques et aux crises humanitaires. Les restrictions sociales imposées pour la contenir ont exacerbé ces problèmes. Les populations pauvres et vulnérables, y compris les personnes vivant avec le VIH et les populations clés, ont été durement touchées.  

Entre juin et août 2020, avec l’aide de l’ONUSIDA et en partenariat avec le Réseau africain des personnes vivant avec le VIH en Afrique de l’Ouest, des études menées dans 17 pays de la région sur la situation et les besoins des personnes séropositives ont révélé que jusqu’à 80 % des personnes vivant avec le VIH avaient perdu leurs moyens de subsistance et que plus de 50 % d’entre elles avaient besoin d’une aide financière et/ou alimentaire.  

En juillet 2020, les résultats de l’étude ont poussé l’ONUSIDA et le Programme alimentaire mondial (PAM) à lancer un projet pilote sur des allocations en espèces et sans condition en vue d’aider les personnes vivant avec le VIH et les populations clés à faire face à l’impact socio-économique du VIH et de la COVID-19 dans quatre pays prioritaires : le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Niger. L’initiative a été conçue pour tirer parti des accords existants du PAM avec les prestataires de services, mais aussi de l’engagement de la communauté de l’ONUSIDA, ainsi que des relations avec les réseaux de la société civile dans les quatre pays prioritaires.

Les allocations en espèces sont de plus en plus reconnues comme une forme efficace de protection sociale ayant un effet social et économique positif. Elles apportent un supplément de revenu, ce qui évite aux ménages la vente des biens essentiels ou la déscolarisation de leurs enfants, avec des effets multiplicateurs sur les économies locales. Elles constituaient 40 % environ des dépenses nettes de sécurité sociale dans le monde en 2018, mais moins de 20 % en Afrique occidentale et centrale.

Alors que la pandémie se propageait dans cette région, seuls quelques pays (dont la Côte d’Ivoire et le Sénégal) ont accordé un soutien supplémentaire aux ménages vulnérables sous la forme d’allocations en espèces ou d’aides sociales.

L’objectif immédiat du projet pilote était de faire bénéficier environ 5 000 foyers d’allocations uniques en espèces et sans condition, allant de 88 USD par bénéficiaire (en Côte d’Ivoire) à 136 USD (au Cameroun).

« Je suis très reconnaissance pour cette aide. Je l’ai utilisée pour payer ma formation en couture et pour acheter une machine à coudre afin de lancer ma propre activité. J’ai également pu aider ma mère qui a perdu son emploi en raison de la pandémie », a déclaré une jeune femme vivant avec le VIH au Cameroun.

Des organisations de la société civile et des prestataires de services financiers ont été engagés lors de la planification du projet pilote. L’éligibilité aux transferts a été décidée sur la base de divers critères de vulnérabilité, et les allocataires ont été identifié-es avec le soutien d’organisations communautaires. Des étapes supplémentaires ont consisté à sensibiliser les bénéficiaires, à distribuer les allocations en espèces, à résoudre les problèmes du processus et à assurer son suivi. Une attention particulière a été portée à la confidentialité et à la réduction de potentielles stigmatisations des bénéficiaires.

Dans les quatre pays, près de 4 000 bénéficiaires ont reçu une allocation et on estime qu’environ 19 000 autres membres du foyer ont également bénéficié des transferts d’argent. Ces allocations ont été en majorité consacrées à l’alimentation, aux soins de santé, à l’éducation et au logement, ou à des activités génératrices de revenus. Les expériences des pays varient en fonction du degré d’implication des partenaires communautaires et de l’engagement des acteurs gouvernementaux.  

Le projet pilote a montré qu’il est possible de fournir rapidement des aides en espèces aux personnes marginalisées vivant avec le VIH et aux populations clés dans des circonstances très difficiles et que ce type d’aide représente un soutien d’urgence précieux.   

Les enseignements tirés du projet incluent la nécessité d’élaborer des approches inclusives et flexibles, de travailler de manière claire et transparente pour les partenaires communautaires et d’impliquer systématiquement les partenaires communautaires tout au long du processus. La définition de critères d’éligibilité clairs et impartiaux, leur application cohérente et la sensibilisation des bénéficiaires et des communautés sont également primordiales.

Le renforcement des capacités et d’autres aides (y compris financières) pour les partenaires communautaires sont tout aussi fondamentaux. Les organisations communautaires, les équipes-conseils reconnues, ainsi que les pairs-éducateur-rices étaient essentiels pour établir la confiance, identifier et atteindre les bénéficiaires visés, minimiser la stigmatisation et évaluer l’impact des transferts d’argent. S’engager avec les structures gouvernementales dès le début du projet permet de créer le potentiel pour des améliorations durables.  

Les allocations uniques en espèce de ce type peuvent aider les ménages à résister aux chocs à court terme, mais elles ne suppriment pas la nécessité d’intégrer entièrement les populations vulnérables et marginalisées dans les ripostes aux crises et les systèmes complets de protection sociale. Il est impératif que les pays d’Afrique déploient dans leur population une protection sociale inclusive et polyvalente qui soit accessible et durable. Le processus exige aussi de mettre plus d’accent sur les personnes dans le cadre d’allocations en espèce et de les intégrer dans d’autres formes de prestations sociales et d’assistance qui ne sont pas nécessairement basées sur l’argent en espèces, par exemple la gratuité ou la subvention des soins de santé primaires, l’éducation, l’eau et l’énergie.

À la suite de cette expérience pilote sur l’utilisation des transferts d’argent pour soutenir les personnes les plus vulnérables vivant avec le VIH et les populations clés, l’ONUSIDA et le Civil Society Institute for Health ont renforcé leur collaboration sur la promotion d’une protection sociale inclusive prenant en compte le VIH en Afrique occidentale et centrale. Récemment, ils ont organisé, avec le financement de LUXDEV et en collaboration avec plusieurs coparrainants de l’ONUSIDA, un atelier de renforcement des capacités afin de mobiliser et de renforcer les capacités de la société civile et des communautés. L’atelier visait aussi à promouvoir le dialogue et la collaboration entre les organisations de la société civile, les partenaires et les gouvernements en vue de faire avancer la protection sociale inclusive et prenant en compte le VIH dans la région.

Sur la base des recommandations de l’atelier, un certain nombre d’activités de suivi ont été convenues pour améliorer le rôle et le positionnement des communautés dans l’expansion de la protection sociale sensible au VIH dans leurs pays et leur région. 

« Au Niger, les allocations en espèces sont arrivées au bon moment. Elles ont été utilisées par les bénéficiaires pour faire des réserves de nourriture et payer leur loyer, mais surtout pour permettre aux enfants de poursuivre leur scolarité. Cette initiative a démontré la valeur et l’importance de collaborer avec les communautés et nos coparrainants pour atteindre un objectif commun », a déclaré El Hadj Fah, directeur pays de l’ONUSIDA pour le Niger.

Sommet régional sur le VIH

Vidéo

Mettre à jour

Le manque de moyens financiers freine la riposte au VIH en Afrique occidentale et centrale

25 octobre 2021

Le sous-investissement dans la riposte au VIH des pays à revenu faible et intermédiaire est l’une des principales raisons expliquant pourquoi les objectifs mondiaux pour 2020 n’ont pas été atteints. Au cours des cinq dernières années, les ressources financières disponibles étaient constamment inférieures aux ressources nécessaires, et, en 2020, elles étaient inférieures de 29 % à l’objectif annuel de 26 milliards de dollars (en dollars américains constants de 2016).

En Afrique occidentale et centrale, le manque important de ressources et la dépendance ininterrompue aux financements directs (tels que les redevances pour les services de santé) sont associés à des baisses plus modestes de l’incidence de l’infection au VIH et du taux de mortalité liée au sida par rapport à l’Afrique orientale et australe. De fait, dans cette dernière région, la combinaison d’investissements nationaux et internationaux a favorisé l’expansion rapide de la prévention, du dépistage et du traitement du VIH dans les zones fortement touchées, entraînant un repli important et constant du taux d’infection au VIH et de mortalité liée au sida.

Notre action

Téléchargement

 

Feature Story

Cinq questions sur la riposte au VIH en République Centrafricaine

28 octobre 2021

À la veille du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui se tiendra à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses de Marie Engel, a. i. Directrice de l’ONUSIDA en Centrafrique.

« L’épidémie de COVID-19 a bousculé le système de santé en RCA, déjà mis à mal par les multiples conflits militaro-politiques. Dans un contexte où les personnels de santé sont épuisés et les patients atteints de COVID-19 sont stigmatisés, les personnes vivant avec le VIH sont d’autant plus vulnérables. Plus que jamais, les capacités des acteurs communautaires doivent être renforcées. »

Marie Engel a. i. Directrice de l’ONUSIDA en Centrafrique

La riposte au VIH se situait encore très haute dans les priorités nationales en RCA ces dernières années. L’engagement du gouvernement accompagné de l’augmentation des financements internationaux ont permis d’investir dans des programmes à haut impact et ont porté leurs fruits : les nouvelles infections à VIH et les décès liés au sida sont en baisse, la couverture des traitements est en hausse.

Outre les défis existants d’une stigmatisation extrême des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et les violences fondées sur le genre, l’épidémie de COVID-19 a apporté son lot de complications intenses, en fragilisant encore davantage les services de dépistage, de prévention et en mettant en danger le suivi des patients sous antirétroviraux (ARV). Lorsque les systèmes de santé sont à ce point ébranlés, les acteurs communautaires font de leur mieux pour compenser tous les manques, mais peinent à y parvenir, faute de soutien et de moyens suffisants. Lors de la reconstruction des systèmes, nous devons nous attaquer à ce lourd fardeau systémique que sont les profondes inégalités sociales, économiques et entre les sexes qui nourrissent les vulnérabilités des personnes vivant avec le VIH.

1.  Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ?

Malgré les défis liés au contexte social, politique et humanitaire ces dernières années, la lutte contre le VIH et le sida demeure une priorité de santé publique pour le gouvernement. Les instances nationales se sont engagées à mettre à échelle des stratégies efficientes pour l’élimination des nouvelles infections et la promotion de l’accès universel aux soins et traitements des personnes qui en ont besoin. En particulier, une coopération nationale et internationale renforcées des acteurs logistiques et de santé a été mise en place pour délivrer des services dans le contexte d’insécurité et d’urgence. De telles ambitions ont été saluées par le Fonds mondial, qui a triplé son financement.

D’après les estimations Spectrum (2020), les nouvelles infections sont passées de près de 6 500 en 2015 à moins de 5 000 en 2019, le nombre de décès de 5 500 en 2015 à moins de 4 000 en 2019. La couverture en traitement est passée de moins de 25% des adultes vivant avec le VIH en 2015, à près de 45% en 2019. Nous saluons la mise en œuvre du plan d’accélération de la prise en charge des enfants et adolescents VIH+ et les efforts pour accélérer la prise en charge pédiatrique du VIH.  

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

Seulement 70% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut et moins de la moitié sont sous traitement antirétroviral. De plus, la rétention sous antirétroviraux (ART) est entravée par l'insécurité, le déplacement et la mobilité des populations et les ruptures de stock récurrentes des ART.

Le VIH est toujours fortement stigmatisé, et de nombreuses populations clés déclarent éviter les services de dépistage et de traitement du VIH. Les statistiques sont frappantes : d’après les estimations du Stigma Index, près de la moitié des PVVIH ont déjà connu une forme de stigmatisation en raison de leur statut VIH (2018). La violence fondée sur le genre est extrêmement élevée et exacerbée par l'insécurité permanente.

Le pays reste fortement dépendant de l'aide internationale – d’après des estimations nationales, le financement des donateurs représentant plus de 90 % des dépenses liées au VIH. Le Fonds mondial contribue à lui seul à environ 80 % de l'ensemble des financements liés au VIH. Et les fonds disponibles sont très inférieurs aux montants nécessaires pour financer le plan stratégique national VIH.

3. Comment la COVID-19 a-t-elle affecté la riposte au VIH dans votre pays ?

L’épidémie de COVID-19 a eu des impacts négatifs sur le système de santé globale en RCA, déjà mis à mal par les multiples conflits militaro-politiques. Malgré une reprogrammation des ressources vers la riposte à la COVID-19, les personnels de santé ont travaillé en sous-capacité car un grand nombre souffraient de COVID-19 ou bien craignaient de l’attraper. Les prestations de services ont tourné au ralenti et les laboratoires ont été surchargés. Les médicaments et autres intrants de santé ont été souvent en rupture de stock.

Une évaluation rapide de l’impact de la COVID-19 sur la réponse à la tuberculose, VIH et paludisme en RCA a montré que la pandémie de la COVID-19 a notamment limité l’accès au dépistage et perturbé le continuum de soins. La pandémie a causé une détérioration des principaux indicateurs de qualité de prise en charge et une augmentation des cas de perdus de vue. Il a été noté la crainte des patients de se rendre dans les FOSA de peur de contracter la COVID-19 et d'être stigmatisés comme un patient atteint de la maladie à COVID-19. Enfin, les confinements à répétition ont entrainé la paupérisation des personnes vivant avec le VIH.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

Nous souhaitons saluer le travail remarquable des acteurs communautaires qui manquent grandement de financement.

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

Lutter contre les inégalités croisées, sociales, économiques et entre les sexes, qui accroissent la vulnérabilité au VIH des personnes et rendent les personnes vivant avec le VIH plus susceptibles de mourir de maladies liées au sida.

Sommet régional sur le VIH

Feature Story

Cinq questions sur la riposte au VIH en Côte d’Ivoire

27 octobre 2021

À la veille du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui se tiendra à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses de Dr Brigitte QUENUM, Directrice Pays de l’ONUSIDA en Côte d’Ivoire.

« Ces 5 dernières années en Côte d’Ivoire ont été marquées par une remarquable trajectoire de progression et d’amélioration dans la vie des personnes vivant avec le VIH. Bien sûr, l’épidémie de COVID-19 a mis un frein à l’accès des services de dépistage et de prévention. Mais si le gouvernement investit davantage dans les programmes communautaires, nous pouvons renverser cette tendance. »

Dr Brigitte QUENUM Directrice Pays de l’ONUSIDA en Côte d’Ivoire

Les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) en Côte d’Ivoire ont vu récemment des résultats plus qu’encourageants : diminution des nouvelles infections, des décès liés au sida et une meilleure prise en charge par les programmes de prévention et de traitement. Malheureusement, ces tendances ont été interrompues par la COVID-19 et les restrictions qui ont diminué l’accès aux services de santé essentiels.

Ce contexte représente aussi une opportunité de réformer la riposte au VIH et faire encore mieux : notamment, en ciblant davantage les populations les plus à risques telles que les adolescentes et les jeunes filles, et en investissant davantage dans les programmes pédiatriques. Enfin, et surtout, le gouvernement doit remédier à l’hyper-dépendance de la riposte aux fonds extérieurs en augmentant les ressources nationales dédiées au VIH.

1. Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ?

La Côte d’Ivoire a fait des progrès considérables et a amorcé sa transition épidémique. Selon les estimations de Spectrum (2021), les nouvelles infections ont diminué de 50% entre 2010 et 2020, et les décès liés au sida ont baissé de plus de moitié. Ces résultats sont entre autres liés à une amélioration de la couverture des traitements et de la qualité des programmes spécialisés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 77% des PVVIH connaissent leur statut sérologique, 74% des PVVIH sont sous traitement ARV et 61% des PVVIH ont une charge virale supprimée.

Le dynamisme des organisations de la société civile ainsi que le soutien important du PEPFAR, du Fonds mondial mais aussi des agences du système des Nations unies ont permis de renforcer les efforts en faveur du respect des droits de l’homme et à mieux orienter la riposte vers les populations qui en ont le plus besoin.

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

D’après les estimations de PEPFAR, près de 80% du financement de la riposte au VIH en Côte d’Ivoire provient de ressources extérieures, et notamment de PEPFAR et du Fonds mondial. Cette immense dépendance expose le pays à un manque de prévisibilité et de stabilité de financement. De plus, des défis au niveau programmatique persistent, notamment un meilleur ciblage des populations clé est nécessaire -- surtout des adolescentes et jeunes femmes, touchées par l’épidémie de façon disproportionnée comparativement aux hommes du même âge. Le dépistage et la prise en charge pédiatriques du VIH ainsi que le développement de stratégies efficaces pour cibler les hommes de plus de 25 ans infectés par le VIH font également partie des défis programmatiques à relever.

3. Comment la COVID-19 a-t-elle affecté la riposte au VIH dans votre pays ?

Selon le Rapport sur les résultats 2021 du Fonds mondial, la Côte d’Ivoire fait partie des pays où la COVID-19 a entraîné en 2020 une baisse de l’accès aux services de dépistage et de prévention du VIH. Ce constat a également été fait la même année dans une étude réalisée par le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS) réalisée en 2021. La COVID-19 a accentué les inégalités pour les populations les plus vulnérables déjà confrontées à des difficultés d’accès aux services VIH.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

Les leaders méconnus sont ces hommes et femmes qui travaillent chaque jour pour garantir des services de qualité aux PVVIH, aux populations vulnérables et autres populations. Leur engagement continu est crucial pour consolider les résultats de la riposte et espérer un jour tendre vers la fin du sida.

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

Investir davantage de ressources domestiques pour mettre fin à l’épidémie du VIH en Côte d’Ivoire.

Sommet régional sur le VIH

Feature Story

Cinq questions sur la riposte au VIH en Guinée

27 octobre 2021

À la veille du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui se tiendra à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021, l’ONUSIDA a posé à ses directeurs nationaux de la région cinq questions sur la riposte au sida dans leur pays. Voici les réponses du Dr Job Sagbohan, Directeur Pays de l’ONUSIDA en Guinée.

“La COVID-19 a eu un impact désastreux sur les personnes vivant avec le sida en Guinée. Il est grand temps qu’on se ressaisisse pour apporter les soins, les tests et les ressources nécessaires pour une réponse appropriée -- et surtout que l’on unisse les efforts des partenaires gouvernementaux, communautaires et privés pour sauver des vies.”

Dr Job Sagbohan Directeur Pays de l’ONUSIDA en Guinée

Alors que les dernières années montraient des résultats encourageants, l’épidémie de COVID-19 en Guinée est venue renverser les tendances de façon inquiétante -- un taux de dépistage et de rétention des personnes recevant des traitements antirétroviraux en baisse, une hausse des décès parmi les patients coinfectés par la tuberculose et le VIH, et une reprogrammation du financement pour le VIH au profit de la COVID-19. Il faut saisir ce sursaut d’intérêt politique dans les problématiques de santé publique pour travailler ensemble et investir nos efforts à bon escient.

En priorité, nous devons donner sa juste place aux communautés, à la société civile et au secteur privé pour accélérer les progrès vers une population en meilleure santé. Le gouvernement et tous les partenaires engagés doivent repenser leur financement des réponses au sida et à la COVID-19 comme des investissements complémentaires et non pas mutuellement exclusifs au risque d’échouer sur les deux tableaux. Enfin, un cadre législatif robuste et juste doit être mis en place pour que ces acteurs soient tenus responsables de leurs actions et travaillent main dans la main avec le gouvernement dans l’intérêt de la société.

1.  Quels sont les principaux progrès réalisés dans la riposte de votre pays à l’épidémie de VIH au cours des cinq dernières années ? 

Tout d’abord, de nets progrès en termes de traitement : d’après les estimations de l’ONUSIDA, le nombre de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) recevant des antirétroviraux (ARV) est passé d’environ 35 000 en 2015 à plus de 61 000 en 2020. Ceci représente un bond du taux de couverture ARV d’environ 30% des PVVIH à près de la moitié. Bien qu’encore trop élevé, le taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant est passé de 22% en 2015 à 16% en 2020. Malheureusement, il faut noter que le nombre de nouvelles infections à VIH a quasi doublé sur la même période (de près de 3000 en 2015 à environ 5300 en 2020).

2. Quels sont les principaux défis à relever ?

Nous constatons encore énormément de discrimination et de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH, ce qui constitue un frein systémique aux progrès de la riposte. Le gouvernement doit replacer la lutte contre le VIH plus haut dans ses priorités, et s’engager à augmenter la part du budget national au financement de la riposte au VIH, actuellement trop faible.  Enfin, nous devons dédier plus d’efforts à renforcer les capacités de nos partenaires clés -- la société civile et les associations communautaires -- et travailler de façon et cohérente avec le secteur privé.

3. Comment la COVID-19 a-t-elle affecté la riposte au VIH dans votre pays ?

L’impact de la COVID-19 sur la réponse au VIH se manifeste surtout par de nombreuses restrictions sanitaires et par la diminution de la fréquentation des structures sanitaires. On note l’insuffisance de ciblage des populations clés, le ralentissement des actions communautaires et la rupture des intrants de lutte contre le sida (tels que ARV, tests, et autres médicaments). En dehors du temps de travail des acteurs consacré à la lutte contre la COVID-19, on observe une reprogrammation des ressources de lutte contre le VIH en faveur de la réponse à la COVID-19.

Ces éléments se traduisent par la diminution du nombre de personnes séropositives dépistées de 18% (de près de 24 000 en 2019 à près de 19 500 en 2020), et la diminution de 16% du nombre total de personnes mises sous antirétroviraux (de près de 20 500 en 2019 à moins de 17 500 en 2020) d’après les estimations de l’ONUSIDA. De plus, la rétention des patients sous ARV au cours du 1er trimestre de 2020 est en baisse comparativement au dernier trimestre de 2019. Le dépistage est également affecté (baisse de 11%). Enfin, les décès chez les patients coinfectés par la tuberculose et le VIH est à nouveau en légère hausse.

Ces tendances dramatiques nous éloignent de plus en plus des objectifs fixés par le pays.

4. Qui sont les leaders méconnus de la riposte au sida dans votre pays ?

Nous souhaitons reconnaitre le travail dévoué de la plupart des membres du gouvernement, des parlementaires, et des partenaires du secteur privé.

5. Si vous pouviez demander à votre chef d’État de changer une chose pour renforcer la riposte au VIH, quelle serait-elle ?

L’augmentation du budget national pour la lutte contre le VIH et son leadership pour la mise en œuvre de la stratégie nationale pour la mobilisation du secteur privé pour le financement de la lutte. 

Sommet régional sur le VIH

Feature Story

Puiser dans les expériences pour améliorer les soins anti-VIH chez les populations clés en Afrique de l’Ouest

18 octobre 2021

Des participantes et participants de quatre pays (Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau et Sénégal) se sont réunis à Saly, au Sénégal, pour mettre en commun le savoir-faire développé lors de la mise en œuvre du projet régional de renforcement des capacités et de capitalisation des expériences pour une meilleure prise en charge du VIH chez les populations clés en Afrique de l’Ouest (ReCCAP), déployé par ENDA Santé et financé par l’Initiative d’Expertise France.

Le projet vise à renforcer les populations locales afin de leur permettre de cartographier les sites et d’estimer la taille des populations clés sur une base continue au niveau local, de mener des analyses détaillées des services et des besoins en matière de VIH et d’utiliser les résultats pour adapter les services offerts et accroître leur efficacité.

« Le manque de données sur les populations clés empêche le développement d’interventions qui répondent à leurs besoins spécifiques. La cartographie programmatique et les estimations quantitatives généralement réalisées par des cabinets de conseil internationaux ne sont pas toujours adaptées aux besoins des parties prenantes sur le terrain. Des données existent parfois, souvent obsolètes, car les cibles sont dynamiques et mobiles », a déclaré Sidy Mokhtar Ndiaye, responsable des recherches chez ENDA Santé.

La Guinée-Bissau, par exemple, a pu partager son expérience dans l’estimation quantitative et des besoins de quatre groupes de population clé, notamment une analyse des besoins des détenus dans trois prisons du pays. « C’est la première fois qu’une étude sur le VIH a été menée dans les prisons du pays. Les données seront utilisées pour élaborer le nouveau plan stratégique national de lutte contre le VIH », a déclaré Miriam Pereira, responsable du suivi et de l’évaluation chez ENDA Santé Guinée-Bissau. Le pays a terminé le lancement de deux formations nationales ; l’une sur la surveillance par les communautés qui a été utile pour suivre la pandémie de COVID-19 ; l’autre sur la mise en œuvre de la cartographie des populations clés dans quatre régions : Bissau, Bafatá, Bubaque et Mansôa, notamment dans des bars, des restaurants, des hôtels et des espaces publics.

La réunion, qui a accueilli des membres d’entités partenaires et des personnes qui avaient bénéficié de deux formations régionales en 2019 et 2021, a été l’occasion de partager des expériences opérationnelles Sud-Sud et d’élaborer des recommandations pour renforcer les leçons apprises et étendre le projet, en particulier en termes de couverture géographique, avec le soutien de l’ONUSIDA.

« Les populations clés et leurs partenaires de sexualité représentent 69 % des nouvelles infections au VIH en Afrique occidentale et centrale.  Et pourtant, dans la région, le financement reçu pour les programmes destinés aux populations clés ne représente que 2,4 % des financements entre 2016 et 2018. Des projets comme ReCCAP sont essentiels pour promouvoir un investissement plus important dans les populations clés et une programmation éclairée par des données probantes », a déclaré Marie Engel, conseillère régionale de l’ONUSIDA.

Feature Story

La mobilisation communautaire et les technologies numériques accélèrent la riposte au VIH et à la COVID-19 au Gabon

13 octobre 2021

Le Gabon est l’un des pays partenaires impliqués dans l’initiative Partenariat pour accélérer les tests de la COVID-19 (PATC) en Afrique. Le projet, développé dans le cadre d’un partenariat entre l’ONUSIDA et le Centre Africain de Contrôle et de Prévention des Maladies, vise à encourager l’action collective pour lutter contre les pandémies concomitantes de VIH et de COVID-19 par le biais d’un engagement communautaire renforcé. Ces efforts passent notamment par le déploiement de personnel de santé communautaire.

Le Bureau pays de l’ONUSIDA pour le Gabon, en collaboration avec d’autres acteurs, a choisi de commencer par impliquer les parties prenantes communautaires pour venir en aide aux populations les plus vulnérables, en particulier aux personnes séropositives et à la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée (LGBTI), dans le contexte de la COVID-19.

Afin d’améliorer la coordination, d’assurer la réussite de la mise en œuvre et de minimiser les risques, toutes les parties prenantes ont été impliquées dès la phase de conception du projet. Le gouvernement, le ministère de la Santé et le comité de pilotage national du plan de riposte à la pandémie ont été impliqués au plus haut niveau et ont nommé des responsables pour suivre le processus de développement et lancer le projet. Des membres du ministère de la Santé spécialistes des programmes nationaux ont rejoint le projet aux côtés d’un cabinet ministériel, ainsi que de porte-paroles de la société civile et de partenaires de développement.

Le projet soutiendra le déploiement de plus de 70 personnes afin d’accélérer la riposte à la COVID-19 parmi les populations vulnérables et d’atténuer l’impact du coronavirus sur la riposte au VIH et les services pour d’autres maladies, la santé sexuelle et reproductive et la violence sexiste. Il contribuera notamment à garantir la continuité des services en impliquant davantage les communautés. Le projet couvrira quatre régions du Gabon (Libreville, Lambaréné, Port-Gentil et Franceville) gravement touchées par la COVID-19 et qui enregistrent la prévalence du VIH la plus élevée du pays.

Avant le lancement officiel du projet, l’ONUSIDA a signé un accord avec la Croix-Rouge gabonaise qui, à son tour, a signé des accords avec le personnel de santé communautaire sélectionné, des membres de six associations et réseaux impliqués dans la riposte au VIH et à la violence sexiste et qui travaillent avec la communauté LGBTI et sur le thème de la santé sexuelle et reproductive.

« Le partenariat avec le Centre Africain de Contrôle et de Prévention des Maladies et l’appui apporté par l’ONUSIDA offrent une lueur d’espoir aux communautés du Gabon qui sont souvent livrées à elles-mêmes. Cela montre que les communautés sont en mesure d’innover et de faire la différence même avec un soutien minime. L’implication des communautés devrait toujours être au cœur de la riposte aux pandémies. Nous espérons que ce soutien pourra se pérenniser, car les besoins sont encore énormes », a déclaré la directrice pays de l’ONUSIDA pour le Gabon, Françoise Ndayishimiye.

Le projet a également un aspect innovant dans le suivi des acteurs communautaires. Une application numérique mobile a été développée pour aider le personnel de santé communautaire à collecter des données en temps réel, surveiller et rendre compte de ses activités. L’application facilite le rendu de rapports hebdomadaires sur la sensibilisation et soutient les activités des personnes vivant avec le VIH et avec la tuberculose, y compris pour ce qui est de la santé sexuelle et reproductive, de la prévention des grossesses précoces, du VIH, de la violence sexiste, de la COVID-19 et de la discrimination.

Feature Story

Lancement d'une brochure explicative sur le modèle de loi sur les drogues en Afrique occidentale

28 septembre 2021

Depuis que la Commission des drogues de l'Afrique de l'Ouest a lancé une loi type révolutionnaire sur les drogues en 2018, la société civile de la région et au-delà a engagé les parties prenantes sur la nécessité d'utiliser la loi type comme modèle pour la réforme nationale.

La loi type sur les drogues promeut, entre autres, la disponibilité de services de réduction des risques ainsi que la décriminalisation de la possession de drogues pour usage personnel, ce que l'ONUSIDA réclame depuis longtemps.

Comme la loi type sur les drogues est, de par sa conception, un document long et technique, l'ONUSIDA a soutenu le Réseau ouest-africain sur les politiques en matière de drogues (WADPN) et le Consortium international sur les politiques en matière de drogues (IDPC) pour élaborer et diffuser deux nouveaux outils importants pour la société civile : une ressource plus courte et plus accessible qui résume les points clés de la loi type sur les drogues et un petit guide pour les organisations non gouvernementales locales afin d'explorer comment utiliser la loi type sur les drogues dans leur travail. En d'autres termes, le premier explicatif de plaidoyer porte sur les "ingrédients" clés de la loi type sur les drogues et le second contient une liste de méthodes et de stratégies sur la manière d'utiliser ces ingrédients pour mieux intégrer la loi dans un plaidoyer et faire progresser la réforme de la politique en matière de drogues, sur la base des expériences de la région.

Les documents ont été lancés les 27 et 30 septembre lors de webinaires virtuels en anglais, et français-portugais en direct sur Facebook et peuvent être consultés en anglais, en français et en portugais sur le site https://fr.wadpn.org/resources.

"Ces nouveaux outils soutiendront et renforceront directement le plaidoyer de la société civile en faveur de politiques de lutte contre la drogue plus axées sur la santé et les droits en Afrique de l'Ouest et, à leur tour, renforceront la réponse au VIH parmi les personnes qui consomment des drogues ", a déclaré Patrick Brenny, directeur de l'équipe d'appui régional de l'ONUSIDA pour l'Afrique occidentale et centrale.

Adeolu Ogunrombi, commissaire de la Commission des drogues de l'Afrique de l'Ouest, a souligné que les besoins et les demandes en matière de traitement de la toxicomanie et de réduction des risques sont élevés, mais que l'offre de services est faible dans la région, et a précisé que la loi fournit des orientations à cet égard. Il a également noté qu'il a été ­démontré que la criminalisation de la possession d'équipements et de matériels, tels que les aiguilles, les seringues et autres accessoires, ­nuit à la fourniture et à l'utilisation des services de réduction des risques et a un impact négatif sur la santé publique.

Une étude de cas a été présentée par Chinwike Okereke, représentant d'une organisation de la société civile et point focal de la Commission des drogues de l'Afrique de l'Ouest au Nigeria, sur l'utilisation de la loi type sur les drogues. En 2020, une coalition d'organisations de la société civile a fait des présentations sur la loi type sur les drogues aux principaux décideurs, notamment le ministère fédéral de la Justice, la Commission de réforme de la législation sur les drogues et l'Agence nationale de lutte contre la drogue. "Le modèle de loi sur les drogues a permis d'avoir des discussions en face à face et de susciter un engouement pour la réforme, ce qui a conduit à une table ronde sur la réforme de la loi sur les drogues où tous les acteurs clés du gouvernement fédéral, de la justice pénale et des États, ainsi que la société civile, ont plaidé en faveur de l'adoption de la loi comme modèle de réforme", a-t-il déclaré. Un engagement plus poussé avec la Commission de réforme de la législation sur les drogues a ensuite conduit à la création d'un groupe de travail qui oeuvre activement à la refonte des lois sur les drogues dans le pays. Il a également encouragé la société civile à utiliser les nouveaux explicatifs et a exhorté les partenaires techniques et financiers à investir davantage dans cet effort à travers l'Afrique de l'Ouest, car la réforme des lois prend du temps.

Documents

Article connexe: À Dakar, le CEPIAD s’adresse aux femmes toxicomanes

Notre action

S'abonner à West and Central Africa