West and Central Africa

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La République centrafricaine adopte un plan pour lutter contre les inégalités entre les sexes dans la riposte au sida

08 septembre 2021

Alida Nguimale est une survivante. Elle est séropositive depuis 21 ans et vit en République centrafricaine. Il y a une dizaine d’années, elle a perdu deux enfants des suites de maladies opportunistes. À l’époque, elle ne savait pas qu’elle vivait avec le VIH, et la thérapie antirétrovirale vitale ainsi que les médicaments destinés à prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant étaient rares en République centrafricaine.

S’exprimant lors de la cérémonie d’ouverture d’une rencontre de travail nationale sur le VIH et le genre coorganisée dans la capitale centrafricaine Bangui par le ministère de la Promotion de la femme, le ministère de la Santé, le Conseil national sur le sida et l’ONUSIDA les 30 et 31 août, Mme Nguimale a expliqué comment elle a été expulsée de son domicile par son partenaire violent qui l’a accusée de faire entrer le VIH dans leur foyer. Elle a également évoqué s’être sentie démunie face au déni et à la violence de son partenaire qui avait refusé d’accepter son propre diagnostic positif au VIH.

L’histoire de Mme Nguimale illustre la vulnérabilité au VIH à laquelle sont exposées les femmes en République centrafricaine et les obstacles auxquels elles sont confrontées pour accéder aux services de santé. En 2019, plus de 56 % de toutes les nouvelles infections au VIH dans le pays concernaient des femmes et des filles, et 60 % des personnes séropositives dans le pays sont des femmes. D’après les données de l’enquête MICS-6 publiée en 2021 par le gouvernement avec le soutien des Nations Unies, 23,6 % des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans ont été mariées ou ont conclu une union maritale avant leurs 15 ans. Plus de 21 % des femmes d’Afrique centrale ont subi une mutilation génitale féminine. Durant le seul mois de janvier 2021, 340 cas de violences sexistes, dont 72 viols, ont été recensés par le système de gestion des informations sur la violence sexiste en République centrafricaine.

« La vulnérabilité au VIH des femmes et des filles en République centrafricaine est la conséquence d’une insécurité, de violences et de crises humanitaires endémiques associées à des formes de masculinité toxiques et à des normes sociales néfastes. La pandémie de sida ne pourra pas prendre fin sans renouveler les efforts et la reddition de compte pour mettre fin à ce déluge de violences sexistes et à la marginalisation sociale des femmes », a déclaré Denise Brown, représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies en République centrafricaine, coordonnatrice humanitaire et coordonnatrice résidente des Nations Unies.

Pour la première fois, le gouvernement de République centrafricaine, avec le soutien de l’ONUSIDA, a mené une évaluation approfondie de l’épidémie de VIH et de la riposte dans le pays sous l’aspect du genre. Le rapport a été discuté et adopté lors de la rencontre de travail nationale sur le genre et le VIH. Ce document a mis en lumière que les femmes, les filles et les populations clés sont laissées de côté dans les récents progrès réalisés contre le VIH dans le pays. La prévalence du VIH est la plus élevée parmi les travailleuses et travailleurs du sexe (15 %), et les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (6,4 %), par rapport à 3,6 % parmi la population générale. Le faible accès aux services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant reste également inquiétant, avec moins de 25 % des femmes ayant recours à ces services dans trois des sept zones de santé du pays.

« Le rapport d’évaluation du genre révèle un angle mort au sein de notre riposte. Nous devons recentrer nos efforts sur les interventions transformatives qui fonctionnent pour les femmes, les filles et les populations clés », a déclaré le ministre centrafricain de la Santé, Pierre Somse.

En s’appuyant sur les recommandations de l’évaluation sur le genre, les participantes et participants à la réunion ont développé et adopté un plan d’action pour mettre en œuvre des mesures clés en 2021-2023. Le plan d’action comprend une combinaison d’interventions structurelles, biomédicales et comportementales en vue de promouvoir l’éducation et la sensibilisation sur les questions du genre, de lutter contre les obstacles juridiques, sociaux et culturels à l’accès aux services de lutte contre le VIH par les femmes, les filles et les populations clés, de mettre en œuvre des modèles de soins différenciés qui favorisent l’accès aux services de santé, sociaux et psychosociaux pour les femmes, y compris pour la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant et de garantir la reddition de compte pour les progrès accomplis dans les domaines du genre, du VIH et de la tuberculose. La ministre de la Promotion de la femme, Marguerite Ramadan, a souligné que le rapport d’évaluation et le plan opérationnel qui en découle sont essentiels pour mettre en œuvre la vision de l’égalité énoncée dans la Déclaration politique des Nations Unies sur le sida 2021

Exprimant sa satisfaction après l’adoption du plan opérationnel, le directeur pays de l’ONUSIDA pour la République centrafricaine, Patrick Eba, a déclaré : « L’ONUSIDA donne le meilleur d’elle-même lorsqu’elle réunit le gouvernement, la société civile, les partenaires de développement et d’autres acteurs pour évaluer sans complaisance la riposte nationale au VIH et formuler un agenda collectif d’action. Il n’y a pas de meilleure façon de défendre les droits de millions de femmes comme Mme Nguimale qui revendiquent dignité, justice et santé. » 

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Au Nigeria, l’état d’Anambra s’engage à éliminer la transmission verticale du VIH d’ici fin 2022

06 septembre 2021

Dans le monde, les nouvelles infections au VIH chez les enfants ont reculé de plus de la moitié (53 %) entre 2010 et 2020, mais cette dynamique connaît un sérieux ralentissement. Les disparités sont particulièrement importantes au sein des services de prévention de la transmission verticale (de la mère à l’enfant) du VIH en Afrique occidentale et centrale où plus de la moitié des femmes enceintes séropositives ne sont pas sous traitement. 

24 % des femmes enceintes vivant avec le VIH dans le monde qui ne suivent pas de traitement antirétroviral vivent au Nigeria, ce qui fait du pays le plus grand contributeur parmi les sept pays qui représentent la moitié de toutes les nouvelles infections à VIH chez les enfants dans le monde. Dans le monde, un bébé sur sept qui naît avec le VIH est nigérian. Pour cette raison, il est urgent d’étendre des programmes durables pour l’élimination de la transmission verticale du VIH dans le pays et le gouvernement s’est engagé à mettre fin à la transmission verticale d’ici fin 2022.

Le ministre nigérian de la Santé, Osagie Ehanire, a présidé une consultation nationale sur la transmission verticale du VIH en mai 2021 et a promis le soutien et l’engagement pleins et entiers du gouvernement pour collaborer avec l'ensemble des partenaires afin de s’assurer qu’aucun bébé ne naît avec le VIH. Le gouvernement pilote le Programme national de lutte contre le sida, les infections sexuellement transmissibles et l’hépatite (National AIDS, Sexually Transmitted Infections Control and Hepatitis Programme, NASCP) pour fournir un soutien technique à tous les états fédéraux nigérians  et élaborer des plans opérationnels réalisables afin d'atteindre cet objectif. En outre, le ministère fédéral de la Santé a livré 1,7 million des 4 millions de kits de dépistage du VIH et de la syphilis commandés pour garantir que toutes les femmes enceintes soient dépistées où qu’elles habitent dans le pays.

« La livraison des kits de dépistage du VIH est un signe fort de volontarisme politique et de l’appropriation par le gouvernement nigérian de l’objectif d’une génération sans sida. En priorité, l’équipe conjointe des Nations Unies sur le sida poursuit son engagement auprès du gouvernement dans ses efforts pour éliminer la transmission verticale du VIH dans le pays », a déclaré Erasmus Morah, directeur pays de l’ONUSIDA au Nigeria.

Le NASCP, soutenu par l’Agence nationale pour le contrôle du sida (National Agency for the Control of AIDS, NACA), fournit un soutien technique à tous les états nigérians, en mettant toutefois l’accent sur cinq d’entre eux : l’Abia, l’Anambra, l’Ebonyi, le Kaduna et le Taraba. L’équipe commune apporte un soutien financier et technique, y compris pour l’analyse des données pour chaque état. Chaque état pilote son propre processus de planification et choisit la stratégie et les activités clés.

Selon le gouvernement, la prévalence du VIH dans l’état d’Anambra s'élève à 2,2 %. En 2020, moins de 30 % des femmes enceintes ont fait un test du VIH et moins d’un quart des femmes enceintes séropositives a eu accès à une thérapie antirétrovirale, même si plus de 90 % des femmes enceintes se sont rendues dans un établissement de soins prénataux en Anambra. On estime que le nombre de nouvelles infections au VIH chez les enfants a augmenté de 73 % entre 2015 et 2020 dans cet état. Compte tenu de sa prévalence du VIH et de l’augmentation des nouvelles infections au VIH chez les enfants, l’Anambra a récemment reçu de l’aide pour élaborer un plan opérationnel en vue d’éliminer la transmission verticale du VIH.

Les responsables de l’état, notamment le secrétaire du gouvernement fédéral, Solo Chukwulobelu, et le commissaire à la santé de l’Anambra, Vincent Okpala, ont rencontré des représentants de la NASCP, de la NACA et de l’équipe conjointe des Nations Unies. Ces concertations ont permis d’élaborer le cadre d’action de l’état d’Anambra pour l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Ce document présente de manière succincte les services de prévention de la transmission verticale du VIH fournis dans l’état et décrit les stratégies pour atteindre chaque femme enceinte dans l’état, les engagements du gouvernement fédéral et les activités clés, ainsi que les échéances. Le cadre fournit une action spécifique aux prestataires privés et publics pour apporter à chaque femme enceinte de l’état des services de dépistage du VIH, mais aussi un traitement antirétroviral et un test de la charge virale à toutes les femmes enceintes testées séropositives au VIH. Le cadre contient également l'engagement d'assurer la prophylaxie antirétrovirale à la naissance et le diagnostic précoce du VIH pour chaque nourrisson, ainsi que la continuité des soins pour les mères et leurs bébés. Les gouvernements national et fédéral ainsi que les donateurs existants financeront l’initiative.

La coordonnatrice nationale de la NASCP, Akudo Ikpeazu, a déclaré : « Il est important de travailler en étroite collaboration avec la Première dame de l’État au titre de championne de l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant pour s’assurer de n’oublier aucune femme enceinte au Nigeria. »

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L’ONUSIDA en deuil après la mort de Cyriaque Yapo Ako

22 juillet 2021

Brigitte Quenum, Directrice pays de l’ONUSIDA pour la Côte d’Ivoire

C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le 15 juillet 2021 le décès de Cyriaque Yapo Ako, l’un des pionniers de la riposte au VIH en Côte d’Ivoire et en Afrique.

Membre fondateur du Ruban Rouge CI en 1994, il n’a jamais cessé de promouvoir le rôle des communautés dans la riposte au VIH. Au poste de directeur exécutif de RIP+ dans les années 2000, il a ensuite apporté son expertise à plusieurs organisations, notamment la Coalition internationale pour la préparation au traitement, African Men for Sexual Health and Rights et I CHANGE CI. Par ailleurs, il a collaboré en tant que personne-ressource pour l’assistance technique avec plusieurs partenaires, notamment l’ONUSIDA, Population Services International, le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida et le Programme des Nations Unies pour le développement.

En tant que membre fondateur d’Arc-en-Ciel en 2003, la première organisation non gouvernementale pour les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes au sein de la riposte au sida en Côte d’Ivoire, il a défendu la nécessité de créer un espace sécurisé destiné aux minorités sexuelles en Afrique, en particulier en Côte d’Ivoire, où les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes sont fréquemment sujets à la stigmatisation, à la discrimination et à la violence.

Dynamique et habité d’une ferveur militante, il s’est exprimé plusieurs fois au nom des personnes les plus marginalisées et négligées de la riposte au sida.

Entre 2004 et 2009, il a représenté les personnes vivant avec le VIH et les minorités sexuelles dans le cadre du mécanisme national de coordination en Côte d’Ivoire, où il a défendu ardemment des ripostes au VIH centrées sur les personnes dans le développement des applications de lutte contre le VIH pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Il a milité pour les droits des personnes vivant avec le VIH et, plus largement, des droits des populations clés au cours de plusieurs conférences internationales. En tant qu’intervenant, il a ainsi défendu ses positions dans des exposés et des discours, notamment au cours de la Conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique (ICASA) en 2008 à Dakar au Sénégal, de l’ICASA 2011 à Addis-Abeba en Éthiopie, de l’ICASA 2013 au Cap en Afrique du Sud et de la Conférence internationale sur le sida 2016 organisée à Durban en Afrique du Sud.

Son décès est une perte douloureuse pour toutes les personnes impliquées dans la riposte au sida, en particulier celles qui s’engagent à défendre les plus vulnérables.

Il était un ami, un frère et un collègue pour beaucoup d’entre nous.

Que son âme repose en paix.

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Le PNUD et l’ONUSIDA soutiennent plus de 300 femmes séropositives enceintes et allaitantes à Abidjan

08 juillet 2021

Comme le reste du monde, la COVID-19 frappe durement la Côte d’Ivoire. En réponse, le gouvernement a élaboré un plan de riposte nationale dès que les premiers cas de COVID-19 ont été confirmés en mars 2020. Malheureusement, les mesures restrictives de protection de la population ont eu un impact sur l’utilisation des services de santé, y compris ceux liés au VIH, menaçant le fragile suivi des soins par les personnes vivant avec le VIH. Les femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH et leurs enfants, l’un des groupes les plus vulnérables, ont été particulièrement touchées, et une priorité a été de préserver leur accès aux services et aux soins afin d’éviter de voir des années d’efforts réduits à néant.

Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l’ONUSIDA ont uni leurs forces pour aider à retenir 333 femmes séropositives enceintes et en cours de lactation dans les services prénataux, de maternité et pédiatriques à Abidjan. Le projet fournira, sur neuf mois, 1 000 colis alimentaires et 1 000 colis d’hygiène pour apporter aux bénéficiaires une assistance alimentaire et les aider à se protéger contre la COVID-19.  Chaque colis alimentaire contient 20 kg de riz, six litres d’huile, 10 pains de savon et quatre boîtes de farine infantile ; un kit d’hygiène contient deux bouteilles de gel hydroalcoolique, deux bouteilles de savon liquide et 50 masques chirurgicaux. Le projet vise également à garantir que les femmes aient accès à l’offre complète de services développés dans le cadre du programme de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant (transmission verticale) en Côte d’Ivoire, afin de s’assurer que tous les enfants des bénéficiaires du projet exposés à un risque d’infection fassent l’objet d’un dépistage précoce et aient accès aux soins appropriés, mais aussi de veiller à la documentation et au partage des bonnes pratiques.

L’une des bénéficiaires, Ouattara Maimouna, qui vit avec le VIH depuis cinq ans et est une mère allaitante de trois enfants, a déclaré : « Docteur, ce cadeau était incroyablement important pour nous. Cela nous a beaucoup aidées ! Ce stock de nourriture me permet de nourrir ma famille. Je ne peux pas vous en remercier suffisamment, car j’ai épuisé toutes les possibilités pour préserver le petit commerce qui faisait vivre ma famille. »

« Environ 700 colis d’hygiène et 700 colis alimentaires ont été distribués depuis le début du projet en décembre 2020. Les partenaires opérationnels du Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) sont unanimes pour dire que les kits ont contribué à garantir que les femmes enceintes et allaitantes respectent la prévention de la transmission verticale du VIH et continuent d’utiliser les services de soins pédiatriques, ainsi que les groupes d’entraide », a déclaré la directrice nationale de l’ONUSIDA pour la Côte d’Ivoire, Brigitte Quenum.

À ce stade de la mise en œuvre, des leçons peuvent d’ores et déjà être tirées. Le projet a été très bien accueilli par les bénéficiaires en raison de leur vulnérabilité qui a été aggravée par la crise du COVID-19. L’aide a permis d’améliorer le respect des rendez-vous lors des différentes consultations prénatales, d’améliorer la continuité du traitement et du dépistage de la charge virale pour les femmes enceintes et allaitantes et de renforcer le lien entre les femmes vivant avec le VIH et le personnel assurant une prise en charge clinique et communautaire. Le projet souligne également l’importance de prendre en compte la composante sociale dans les soins aux femmes dans la prévention de la transmission verticale des services de lutte contre le VIH.

La distribution des colis alimentaires et d’hygiène se poursuivra jusqu’à la fin de l'année 2021. La vulnérabilité des femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH a augmenté au cours de la riposte à la COVID-19 et il est nécessaire d’élaborer des stratégies d’assistance qui répondent à leurs besoins spécifiques. « La mobilisation du PNUD, de l’ONUSIDA, du PEPFAR et d’organisations non gouvernementales partenaires a assuré une coalition de soutien en faveur de la sensibilisation et de l’élargissement des efforts en direction des populations vulnérables », a ajouté Mme Quenum. « Bien que cette initiative unique soit utile, des efforts doivent être faits pour intégrer d’autres activités, telles que la promotion de la nutrition et l’intégration d’une composante sociale dans les soins aux femmes vivant avec le VIH dans les services de transmission verticale et d’autres situations de prise en charge. »

Une étude portant sur la protection sociale inclusive et prenant en compte le VIH débutera dans les mois à venir en collaboration avec les principaux ministères impliqués. Il sera par ailleurs nécessaire de mobiliser des fonds pour les aspects sociaux liés aux femmes vivant avec le VIH et de militer en faveur d’aides durables.

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Formation sur le thème des données de localisation et d’estimation de la taille des populations clés en Afrique occidentale et centrale

25 juin 2021

Alors que les populations clés et leurs partenaires sexuels représentent 69 % des nouvelles infections au VIH en Afrique occidentale et centrale, atteindre l’objectif 95–95–95 parmi ces groupes aura un impact significatif sur l’épidémie de VIH dans la région. Toutefois, les programmes à destination de ces populations sont insuffisants. Selon Frontline AIDS, entre 2016 et 2018 en Afrique occidentale et centrale, la région n’accordait que 2,4 % des investissements alloués à la lutte contre le VI au financement des programmes pour les populations clés.

Les informations stratégiques (données et analyses de qualité) sont cruciales à la riposte au VIH, pour garantir la reddition de comptes et pour fixer des objectifs ambitieux et mesurables dans le temps afin de suivre l’évolution. 

« On a beau toujours répéter le vieil adage « Mesurer, c’est savoir », il continue de s’appliquer à la riposte au VIH. Au fil des années, la collecte, l’analyse et la diffusion de données ont permis de mieux comprendre l’épidémie de VIH et ont aidé les programmes à atteindre les bonnes personnes au bon endroit et au bon moment », a déclaré Marie Engel, conseillère auprès de l’équipe d’appui aux régions de l’ONUSIDA pour l’Afrique occidentale et centrale.

Une trentaine de personnes issues de quatre pays (Sénégal, Côte d’Ivoire, Guinée et Guinée-Bissau) et appartenant majoritairement à des organisations au service des populations clés ont récemment participé à une session de formation à Saly au Sénégal. L’objectif consistait à renforcer leurs compétences concernant la collecte et l’analyse de données sur la localisation et l’estimation de la taille des populations clés. Au cours de cette rencontre, qui s’inscrivait dans un projet sous-régional appelé RECCAP financé par Expertise France et l’organisation non gouvernementale Enda Santé en collaboration avec l’Université Johns Hopkins, les participantes et participants ont reçu une formation aux méthodes fondamentales d’analyse statistique et d’estimation de la taille de populations, ainsi qu’aux outils de cartographie de la santé, ou encore à l’analyse et à la présentation des données collectées. L’ONUSIDA et l’Organisation mondiale de la Santé ont parrainé la participation de plusieurs personnes.

« Le développement des capacités locales permettra de mettre en place des programmes parfaitement adaptés à l’évolution des différentes situations en localisant les dynamiques de la vulnérabilité au VIH et en analysant l’influence des combinaisons sociospatiales sur les données épidémiologiques. La diversité des profils des participants et participantes sélectionnés et la pluralité des expériences de l’équipe de formation garantissent un transfert de connaissances et un véritable partage », a déclaré Daouda Diouf, directeur général d’Enda Santé.

Il reste à espérer que la formation permettra aux populations clés d’exercer leur leadership. Il s’agit en effet d’un élément essentiel pour garantir que les ripostes au VIH sont inclusives, équitables, efficaces, performantes et pérennes.

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La Première Dame de Côte d'Ivoire parraine une consultation nationale sur le VIH et la tuberculose pédiatriques

11 juin 2021

Malgré les grands progrès réalisés depuis les premiers jours de l'épidémie de VIH, la réponse au VIH chez les enfants est toujours à la traîne par rapport à la réponse pour les adultes.

Les enfants vivant avec le VIH sont particulièrement sensibles à la tuberculose (TB), l'une des principales causes de décès liés au sida. En 2020, selon les statistiques gouvernementales, 9 400 personnes sont mortes de maladies liées au sida en Côte d'Ivoire, dont 800 enfants de moins de 14 ans. Le pays comptait 21 000 personnes de moins de 15 ans vivant avec le VIH, dont 49 % seulement avaient accès à une thérapie antirétrovirale. Comment corriger une telle inégalité était la question au cœur d'une consultation nationale sur le VIH et la tuberculose pédiatriques qui s'est tenue du 8 au 10 juin à Abidjan, en Côte d'Ivoire.

La consultation intitulée "Agir ensemble pour une génération sans sida et sans tuberculose" visait à améliorer la prévention et la prise en charge du VIH et de la tuberculose chez les enfants et les adolescents en Côte d'Ivoire.

Dans son discours d'ouverture, Dominique Ouattara, la Première Dame de Côte d'Ivoire, a appelé à " l'élaboration d'une feuille de route ambitieuse qui permettra à la Côte d'Ivoire de réaliser ses engagements ". Elle a invité tous les participants à engager un dialogue sur les défis et les actions prioritaires à mener, et à discuter des rôles, des responsabilités et des contributions de chaque partenaire.

La consultation s'inscrit dans le cadre de l'Initiative Confessionnelle, une initiative de l'ONUSIDA et du Plan d'urgence du Président des Etats-Unis pour la lutte contre le sida qui organise des consultations et des formations nationales en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Kenya, au Nigeria et en République-Unie de Tanzanie.

"La consultation a permis de présenter la situation nationale en matière de diagnostic, de traitement et de prévention du VIH et de la tuberculose chez les enfants, d'identifier les principaux défis, d'exposer les solutions, les actions prioritaires et les ressources nécessaires pour améliorer le déploiement national d'un traitement et d'un diagnostic pédiatriques optimaux du VIH et de la tuberculose, et d'identifier les bonnes pratiques à reproduire par le biais de la société civile et des organisations confessionnelles", a déclaré Patrick Brenny, le directeur régional de l'ONUSIDA pour l'Afrique occidentale et centrale.

La Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur l'élimination du sida et le programme Start Free, Stay Free, AIDS Free n'ont pas atteint leurs objectifs en matière de sida pédiatrique. À l'échelle mondiale, on estime que 160 000 enfants ont contracté le VIH en 2020, ce qui est loin de l'objectif mondial de 20 000. Une nouvelle modélisation a également montré que la pandémie de COVID-19 pourrait avoir un impact majeur sur les nouvelles infections par le VIH chez les enfants en Afrique subsaharienne.

Mme Ouattara a appelé les 350 participants à œuvrer à la réduction des inégalités et a demandé à toutes les parties prenantes d'unir leurs forces pour parvenir à la certification de l'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant. "Aujourd'hui, en 2021, aucun enfant ne doit mourir du sida ou de la tuberculose dans notre pays", a-t-elle ajouté.

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Plateforme UNITY : publication du rapport annuel sur la violence à l’encontre des minorités sexuelles et de genre au Cameroun

05 mai 2021

La plateforme UNITY vient de publier son rapport annuel 2020 sur la violence à l’encontre des minorités sexuelles et de genre au Cameroun. Ce document rédigé tous les ans par le réseau de 34 organisations de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) formant cette plateforme recense en 2020 plus de 2 000 cas de violence et de violations des droits à l’encontre de 930 membres de minorités sexuelles et de genre, par rapport à 1 400 cas seulement en 2019. Plus de la moitié des cas signalés concernaient des violences psychologiques, le reste étant composé de violences physiques, sexuelles, économiques ou juridiques et de discours haineux. Les hommes gays sont les premières victimes de violences (552), suivis par les lesbiennes (214) et les personnes transgenres (64).

Le rapport Transphobie : le visage d’une nouvelle crise, met l’accent en particulier sur les violences à l’encontre de la communauté transgenre qui sont de mieux en mieux documentées. Selon les résultats d’une enquête menée par le Réseau Indépendant des Trans d’Afrique et publiés dans le rapport, 53 % des personnes transgenres interrogées ont déjà été victimes de violences liées au genre dans des établissements de santé. Les auteurs de violences sont aussi bien des inconnus dans la rue (45 %), que des membres de la famille (41 %), des connaissances plus ou moins proches (33 %), des partenaires intimes (26 %) ou des ex-partenaires (10 %).

La plateforme UNITY, hébergée par la Fondation camerounaise pour le sida (Camfaids), présente dans le rapport annuel sa réponse aux violences. Celle-ci passe par les services disponibles au sein des organisations membres et des services externes proposés en partenariat avec d’autres organisations lorsque cela est nécessaire.

Son action commence par la documentation et l’investigation et se poursuit par une prise en charge médicale (consultations, examens, soins, traitement, fourniture de médicaments), l’assistance psychologique (conseils, évaluation de la santé psychologique, consultations psychologiques et rendez-vous de suivi), l’assistance sociale (fourniture d’un moyen de subsistance, aide à la recherche d’emploi, admission dans un logement temporaire si nécessaire) et l’assistance juridique (conseils juridiques, aide à la rédaction et au dépôt d’une plainte) fournis par une ou plusieurs organisations de la plateforme.

« Nous disposons d’un système de spécialistes des questions liées la violence basée sur le genre au sein de chaque organisation membre d’UNITY qui sont le premier point de contact des victimes. Ces dernières sont rassurées, se sentent en sécurité et comprises simplement parce qu’elles se trouvent dans un environnement qu’elles connaissent bien », explique le directeur exécutif de Camfaids, Nickel Liwandi.

Les mécanismes externes peuvent inclure une assistance juridique avec l’intervention d’un ou d’une avocate ou d’un membre de la police, une prise en charge médicale par le biais de consultations médicales spécialisées, des examens, une intervention chirurgicale mineure ou considérable et une attestation médico-légale ou une assistance sociale avec un transfert vers un refuge géré par une organisation partenaire.

L’ONUSIDA a soutenu récemment les efforts de la plateforme UNITY et d’autres organisations de la société civile dans la création d’un espace d’échange entre les organisations LGBT et d’autres organisations de la société civile mettant en œuvre des programmes de lutte contre le VIH avec les populations clés, comme CAMNAFAW (Cameroun National Association for Family Welfare) et CARE Cameroun. L’objectif consiste à assurer le suivi de l’assistance fournie aux personnes persécutées en raison de leur identité de genre réelle ou perçue ou de leur orientation sexuelle.

Des mesures continuent d’être prises pour mobiliser les agences des Nations Unies et les « porte-paroles » identifiés au sein des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des institutions partenaires afin de soutenir les efforts de sensibilisation de la société civile, ainsi que pour institutionnaliser une plateforme de coordination et d’observation régulières des progrès réalisés dans la mise en œuvre du plan quinquennal 2020–2024 récemment adopté par le Cameroun pour réduire les obstacles à l’accès aux services contre le VIH relevant de violations des droits humains.

« La mobilisation des organisations LGBT camerounaises au sein de la plateforme UNITY est précieuse car elle nous fournit les preuves nécessaires pour sensibiliser et agir. Le nouveau rapport de la plateforme UNITY servira à évaluer les progrès réalisés pour atteindre les objectifs du Plan quinquennal 2020–2024. L’ONUSIDA s’engage à soutenir les efforts du pays en lien avec notre vision de zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida », a déclaré le responsable de l’intervention stratégique de l’ONUSIDA pour le Cameroun, Steave Nemande.

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Une mission conjointe soutient la riposte au VIH dans la région ivoirienne de Gboklè/Nawa/San Pedro

30 avril 2021

La région de Gboklè/Nawa/San Pedro est le deuxième centre économique de la Côte d’Ivoire et l’une des régions les plus touchées par l’épidémie de VIH. Elle attire, d'une part, une main-d’œuvre nombreuse en raison de son dynamisme économique et de son industrie, principalement dans les activités liées au port et à l’agriculture, et d'autre part, des travailleurs et travailleuses du sexe, ainsi que d’autres populations clés.

Du 16 au 20 avril, une mission conjointe du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)/ONUSIDA est allée sur le terrain faire le point sur la riposte au VIH à l’heure de la COVID-19. La mission a évalué la manière dont cette riposte prend en compte les besoins des personnes les plus vulnérables.

La délégation a d’abord rendu une visite de courtoisie aux autorités administratives et sanitaires de la région, puis s’est rapidement concentrée sur les sites offrant des services aux personnes vivant avec le VIH et aux populations clés. Dans les structures de santé visitées, que ce soit à l’Hôpital régional de San Pedro, ci-dessus, ou au centre de santé de l’organisation non gouvernementale APROSAM (Association pour la Promotion de la Santé de la Femme, de la Mère et de l’Enfant), l’équipe n’a pu que constater l’engagement et la détermination des équipes de santé et administratives. « Nous avons créé une équipe d’assurance qualité au sein de l’hôpital afin de garantir que nos services prennent en compte les besoins de chaque patient et patiente », a déclaré Alexandre Kissiedou, directeur de l’hôpital régional de San Pedro.

La visite de l’APROSAM a été l’un des temps forts de la mission. La délégation a eu de longues discussions avec des représentantes et des représentants d’une dizaine d’associations qui se sont rendues au siège de l’APROSAM pour cette rencontre. Des échanges fructueux ont eu lieu avec des membres d’associations de personnes vivant avec le VIH et de populations clés, ainsi qu’avec des membres d’organisations non gouvernementales travaillant avec des jeunes.

« C’est la première fois que la société civile reçoit la visite de représentantes et représentants nationaux de deux agences des Nations Unies », a déclaré Odette Koffi, directrice exécutive de l’APROSAM, une association impliquée dans la riposte au VIH, à la tuberculose et au paludisme dans la région. Elle a également signalé que la société civile s’engage pleinement dans la riposte au VIH, mais qu’elle manque de moyens pour répondre aux besoins de toutes les personnes.

« Les activités rémunérées ne fonctionnent plus comme avant. Aujourd’hui, nous n’arrivons même pas à manger correctement et nous ne pouvons pas prendre d’antirétroviraux à jeun », a expliqué Maya Rose Nean. C’est ainsi que la directrice de l’association locale CERBAS qui s’adresse aux femmes vivant avec le VIH décrit l’impact de la COVID-19 sur les femmes séropositives dans le pays.

S’exprimant au nom de la délégation, Brigitte Quenum, Directrice pays de l’ONUSIDA en Côte d’Ivoire, a souligné le travail vital des organisations non gouvernementales dans la riposte au VIH et a félicité l’engagement des organisations de la société civile, des personnes vivant avec le VIH et des populations clés. Elle a déclaré que le PNUD et l’ONUSIDA vont discuter pour satisfaire certains des besoins urgents abordés avec la société civile. Les deux organisations ont fait un don de 400 colis de produits alimentaires et d’hygiène destinés aux personnes vulnérables vivant avec le VIH et aux populations clés.

Le dernier jour de la mission, l’accent a été mis sur les droits humains avec une visite au centre d’accueil Élan d’Amour, ci-dessus, qui propose un hébergement temporaire aux personnes séropositives et aux victimes de stigmatisation, discrimination et violence sexiste, y compris à des personnes venant de zones reculées qui viennent obtenir des soins ou leur traitement antirétroviral. La délégation s’est ensuite rendue dans une permanence juridique soutenue par le PNUD. Ces visites ont permis à la délégation d’appréhender la situation des droits humains dans la région, mais aussi de comprendre leur implication dans les vulnérabilités spécifiques liées au VIH. À la suite de ces deux visites, les deux agences se sont mises d’accord sur un projet commun visant à mieux aborder les questions du VIH et des droits humains dans la région.

Pour les deux équipes, cette mission a été un succès. Les différents besoins identifiés feront l’objet d’actions concertées soit entre le PNUD et l’ONUSIDA, soit en travaillant avec d’autres organismes coparrainants capables d’apporter des solutions adaptées.

Brigitte Quenum, Directrice pays de l’ONUSIDA en Côte d’Ivoire, ci-dessus à gauche, a rencontré le préfet du département de San Pedro. 

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Moins de 60 % des femmes enceintes vivant avec le VIH en Afrique occidentale et centrale ont accès à des services pour mettre fin à la transmission verticale du VIH

19 avril 2021

Des avancées ont été faites au niveau de l’engagement en faveur de l’éradication de la transmission verticale du VIH (de la mère à l’enfant). En Afrique orientale et australe par exemple, 95 % des femmes séropositives enceintes recevaient en 2019 une thérapie antirétrovirale afin d’éviter une transmission verticale du VIH.

Mais de telles avancées ne se retrouvent pas partout. En Afrique occidentale et centrale, la situation n’est pas aussi encourageante. De fait, la couverture des services de prévention de la transmission verticale dans la région figure parmi les plus faibles au monde. En 2019, seuls 58 % des femmes séropositives enceintes de la région obtenaient une thérapie antirétrovirale afin d’éviter une transmission verticale du VIH.

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Guinée équatoriale : l’ONUSIDA soutient une campagne contre la COVID-19 au sein des communautés

29 mars 2021

Le gouvernement de la Guinée équatoriale a lancé une nouvelle campagne communautaire contre la COVID-19 avec le soutien de l’ONUSIDA. 

Le bureau pays de l’ONUSIDA sur place apporte son aide au gouvernement depuis le début de la pandémie de COVID-19. Il a appuyé des campagnes de dépistage et de sensibilisation auprès des personnes séropositives et rejoint aujourd’hui la nouvelle campagne communautaire en fournissant un soutien financier au ministère de la Santé afin d’aider les bénévoles et de faciliter leurs déplacements. 

La campagne se concentrera d'abord pendant 10 jours sur l’île Bioko afin de poursuivre sur le continent à partir de la fin mars. Depuis février, le nombre d’infections à la COVID-19 a bondi à Malabo, la capitale de la Guinée équatoriale. La nouvelle campagne permettra aux autorités sanitaires d’identifier les personnes contaminées par le coronavirus et d’isoler rapidement les patientes et patients à haut risque afin de limiter les risques de transmission. 

Le directeur général de la coordination des hôpitaux, Juan José Owono Okiri Nkogo, a déclaré : « Deux jours seulement après le lancement de la campagne, nous avons déjà détecté près de 50 cas positifs qui ont été rapidement pris en charge et renvoyés vers les centres de référence. »

Justino Obama, le président du Comité national de lutte contre la COVID-19, a salué les efforts de l’ONUSIDA. « La Guinée équatoriale remercie le bureau de l’ONUSIDA pour son soutien », a-t-il déclaré.

« Tout comme pour le VIH, la solidarité et la responsabilité sont nos armes les plus efficaces contre la COVID-19. Grâce à ces valeurs, nous allons gagner la bataille de la COVID-19, » a conclu la directrice pays de l’ONUSIDA pour la Guinée équatoriale, Jeanne Seck Ndeng.

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