Reportage
L’héritage d’une star du rock aide des enfants vivant avec le VIH
01 mars 2007
01 mars 200701 mars 2007« Où qu’il soit, il applaudit, » dit avec émotion Maria Lucia Araujo de la réaction qu’aurait son fils Cazuza en voyant le foyer pour enfant ‘Viva Cazuza’, créé à sa mémoire.
Cazuza, un des artistes les plus connus du Brésil, est mort en 1990 à Rio de Janeiro d’une maladie liée au sida ; il avait 32 ans. Aujourd’hui, 65 enfants vivant avec le VIH bénéficient du soutien de la Sociedade Viva Cazuza, une organisation sans but lucratif financée par les droits d’auteur de ses chansons et consacrée à aider des enfants vivant avec le VIH.
En février 1989, Cazuza est devenu la première personnalité brésilienne à annoncer publiquement qu’il était séropositif au VIH. Après sa mort, Maria Lucia Araujo a fondé le foyer pour enfants vivant avec le VIH.
Maria Lucia Araujo ne savait rien du VIH ou du sida lorsqu’elle a appris le diagnostic de son fils. « Lorsqu’il m’a annoncé qu’il était séropositif, j’ai pensé qu’il serait remis d’ici un an, » dit-elle. Le décès de son fils a bouleversé sa vie. Mariée à un homme riche, elle n’avait pas besoin de travailler, mais il lui fallait faire quelque chose. « Je serais devenue folle et je n’aurais plus pu dormir si je n’avais rien fait, » ajoute-t-elle.
C’est pourquoi elle a ouvert ce foyer, le premier de ce type à Rio. Depuis son ouverture, l’organisation a aidé 67 enfants. Avec l’arrivée des médicaments antirétroviraux, la santé des enfants s’est améliorée. « Les enfants fréquentent les écoles locales et ont une vie active comme tous les autres enfants du quartier, » affirme Maria Lucia Araujo.
L’ONUSIDA estime que 2,3 millions d’enfants de moins de 15 ans vivent avec le VIH dans le monde et, d’après un récent rapport de l’UNICEF, quelque 15,2 millions d’enfants de moins de 18 ans ont perdu un de leurs parents ou les deux en raison du sida.
« Il est vraiment nécessaire d’aider les enfants vivant avec le VIH au Brésil, » déclare le Dr Laurent Zessler, Coordonnateur de l’ONUSIDA au Brésil. « Nous devons faire en sorte que ces enfants ne subissent aucune discrimination. Les enfants vivant avec le VIH peuvent poursuivre l’école et vivre une vie active et bien remplie ; on ne peut pas permettre que le VIH leur vole leur enfance, » ajoute-t-il.
« Depuis la mort de mon fils, la nature du virus a beaucoup changé ; ce n’est plus la maladie des gay, aujourd’hui toujours plus de femmes sont touchées. Elles n’ont souvent aucune idée qu’elles sont séropositives et transmettent le virus à leurs enfants sans le savoir, » déclare Maria Lucia.
Les enfants suivent des voies diverses avant d’arriver au foyer. L’un des 24 enfants vivant actuellement dans la maison est Danielle, 15 ans, qui est arrivée il y a dix ans avec sa sœur après le décès de sa mère car son père ne pouvait pas faire face. Au cours de son séjour, elle a établi de bons rapports avec son père et espère pouvoir un jour vivre avec lui.
José, du Paraguay, a été trouvé à l’âge de trois ans abandonné et très malade dans un hôpital à la frontière paraguayenne. Aujourd’hui, à neuf ans, José veut devenir cinéaste.
L’organisation soutient aussi de jeunes adultes qui ont quitté leur famille. Une fois pas semaine, le dispensaire du foyer est ouvert aux adultes séropositifs au VIH, afin qu’ils viennent y chercher leurs antirétroviraux. Comme pour tous les Brésiliens séropositifs, le traitement antirétroviral est offert gratuitement par le gouvernement.
En plus d’un appui matériel, la Sociedade Viva Cazuza maintient aussi un site Internet sur lequel le public peut poser des questions sur le sida à des experts. Ces derniers répondent à environ 12 000 questions chaque mois. Maria Lucia est choquée par les questions que l’on pose encore 20 ans après l’apparition du sida au Brésil. « Les questions les plus courantes restent les suivantes : ‘Comment attrape-t-on la maladie ?’ ou ‘Comment puis-je me protéger contre cette maladie ?’ Le sida ce n’est pas comme le cancer pour lequel les experts ne savent pas vraiment ce qui le provoque ou comment le prévenir – pour prévenir le sida, c’est simple, utilisez un préservatif, » dit-elle encore.
Maria Lucia est devenue une porte-parole de premier plan de la lutte contre le sida et paraît régulièrement à la télévision. Elle estime que l’héritage de son fils ne réside pas seulement dans ‘ses magnifiques chansons’, mais aussi dans le fait d’annoncer ouvertement qu’il était infecté pas le VIH et en poursuivant ses apparitions publiques malgré la progression de la maladie. « Il a énormément œuvré pour éduquer les gens et aider à réduire la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH, » conclut-elle.
Liens:
Site Internet de la Sociedade Viva Cazuza (en portugais ou en anglais uniquement)
Site Internet de Cazuza (en portugais ou en anglais uniquement)
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