Reportage
‘Swing’ et ‘Sisters’: activités de proximité parmi la communauté engagée dans le commerce du sexe en Thaïlande
19 mars 2009
19 mars 200919 mars 2009Cheminant dans la foule, Surang Janyan salue de la main son amie Gop, qui est l’une des nombreuses personnes qu’elle croisera ce soir le long de la Walking Street de Pattaya – une longue rue qui longe l’un des quartiers chauds de la Thaïlande.
Surang Janyam est la Fondatrice et Directrice de Swing, une petite association qui apporte son appui aux professionnel(le)s du sexe en Thaïlande. Elle se rend régulièrement chez Gop vers minuit pour s’assurer qu’elle ou ses employé(e)s n’ont besoin de rien. Gop est propriétaire de l’un des bars les plus populaires de Pattaya, le ‘Wild West Boys’, où se rendent les hommes pour assister au spectacle et pour passer un peu de temps avec les professionnels du sexe qui y travaillent, au bar ou en privé pour fournir des services sexuels.
Près de 70 professionnels du sexe travaillent pour Gop, et Surang connaît bien un grand nombre d’entre eux. « Les membres de Swing viennent nous parler et nous donner des préservatifs, » explique Gop. « Et ils expliquent aux garçons comment les utiliser correctement. » Les membres et bénévoles de Swing distribuent plusieurs milliers de préservatifs chaque mois et fournissent des renseignements sur le VIH et sur la manière de se protéger du virus.
Le VIH parmi les professionnel(le)s du sexe et l’accès aux services constituent l’un des grands défis de la riposte au sida en Thaïlande. Il est extrêmement important que les professionnel(le)s du sexe aient accès aux services de prévention et de traitement du VIH sans avoir à craindre la discrimination.
Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA
« Le VIH parmi les professionnel(le)s du sexe et l’accès aux services constituent l’un des grands défis de la riposte au sida en Thaïlande, » explique Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « Il est extrêmement important que les professionnel(le)s du sexe aient accès aux services de prévention et de traitement du VIH sans avoir à craindre la discrimination. »
Swing travaille avec un grand nombre de bars et surtout de propriétaires de bars. « Il est important de gagner la confiance des propriétaires de bars pour avoir accès aux professionnel(le)s du sexe eux/elles-mêmes, » précise Patrick Brenny, Coordonnateur de l’ONUSIDA en Thaïlande. « Le faible niveau – environ 28% – des connaissances relatives au VIH parmi les professionnel(le)s du sexe en Thaïlande est préoccupant et il est important de pouvoir leur apporter les compétences nécessaires pour qu’ils/elles puissent se protéger ainsi que leurs clients. »
Plus loin dans la rue, Surang rencontre une autre de ses amies, Nueng, qui travaille pour Sisters, le premier service de conseil en Thaïlande dédié exclusivement à la communauté transsexuelle. Pendant la haute saison, Pattaya reçoit quelque 1000 personnes transsexuelles.
« Nous avons créé le centre en 2005 pour obtenir l’appui du public et une meilleure acceptation de la communauté transsexuelle à Pattaya, » déclare Nueng, qui est responsable des activités de proximité de Sisters. « Avant la création de notre centre, la communauté transsexuelle n’avait aucun lieu où se réunir et ne savait à qui s’adresser pour obtenir conseil et soutien. Il y avait des services pour les professionnel(le)s du sexe hommes et femmes, mais rien pour les personnes transsexuelles, nous étions isolées et les gens ne nous comprenaient pas. »
Pattaya est devenu le lieu favori de permission des soldats américains durant la guerre du Viet Nam et est depuis lors une des points chauds du tourisme sexuel qui attire des milliers de visiteurs chaque année.
Sisters, comme Swing, dispose d’un centre d’accueil à Pattaya, qui offre des services médicaux, le conseil, l’acquisition de compétences ainsi que des activités sociales comme le maquillage, le sport et la cuisine.
Nueng est elle-même transsexuelle et comprend donc bien la stigmatisation et la discrimination auxquelles sont confrontées les professionnelles du sexe transsexuelles.
« Nous rencontrons bien des problèmes en raison de notre transsexualité, » explique-t-elle. « Si nous tentons d’accéder aux services de santé, le personnel est souvent bien peu aimable avec nous et nous traite injustement. C’est pourquoi nous essayons d’offrir un soutien à nos sœurs transsexuelles et de mieux sensibiliser la communauté afin que les gens nous acceptent mieux. »
Nueng porte un T-shirt que le groupe a fait imprimer, afin les membres de l’association soient facilement reconnues lorsqu’elles travaillent. Les T-shirts sont rose vif et portent les mots ‘Sisters, notre autre foyer’.
Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA a visité les deux organisations cette semaine afin de mieux comprendre comment elles effectuent leurs activités de proximité parmi la communauté engagée dans le commerce du sexe à Pattaya.
La collaboration avec les professionnel(le)s du sexe pour définir leurs besoins et plaider en faveur de politiques et programmes susceptibles d’améliorer leur santé, leur sécurité et leur participation à la riposte au sida est une stratégie avérée et un élément essentiel de l’approche de l’ONUSIDA.