Reportage
Le PNUD engage les communautés namibiennes dans un débat sur le VIH
01 février 2010
01 février 201001 février 2010Une version de ce reportage a été initialement publiée sur www.undp.org
Qu'est-ce qui incite les gens à avoir plus d'un partenaire sexuel à la fois ? « Désir sexuel et satisfaction » ; « C'est la norme culturelle et sociale » ; « La pauvreté et la faim ; c'est une façon de survivre ». Ce sont là quelques-unes des conclusions d'un débat mené par plusieurs communautés de la région de Caprivi, dans le nord-est de la Namibie, sur ce qu'on appelle les « partenariats multiples et simultanés ». Dans cette région du pays la plus touchée par l'épidémie de VIH, les données ont montré qu'une femme enceinte sur trois vivait avec le virus en 2008.
Ce débat communautaire, qui s'est tenu fin 2009, fait partie d'une série de débats organisés dans tout le pays, dans le cadre d'un programme national qui encourage les communautés à dialoguer sur les causes du VIH et du sida, de manière à faciliter la lutte contre l'épidémie au niveau local.
Autrefois, le mariage voulait dire quelque chose. A présent ce n'est plus le cas, et hommes et femmes ont de nombreux partenaires sexuels.
Un participant au projet du PNUD « Renforcement des capacités communautaires par le dialogue ». Décembre 2009.
Le programme, connu sous le nom de « Renforcement des capacités communautaires par le dialogue » est placé sous l'égide du Ministère namibien de la décentralisation, du logement et du développement rural, et bénéficie du concours du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Namibie.
La propagation rapide du VIH en Namibie est imputable principalement aux partenariats multiples et simultanés. « Autrefois, le mariage voulait dire quelque chose. A présent ce n'est plus le cas, et hommes et femmes ont de nombreux partenaires sexuels », affirme l'un des participants.
« En réunissant des hommes, des femmes et tous ceux touchés par le VIH, on leur permet de se faire entendre, de faire connaître leurs besoins et d'influencer les décisions prises dans la lutte contre le VIH », déclare le responsable de ce programme du PNUD, Immanuel Mwilima.
Ce programme est une méthodologie testée et éprouvée visant à renforcer la capacité des communautés à identifier les préoccupations, à envisager des solutions et à esquisser un plan d'action dans la lutte contre le sida.
Cette approche encourage les débats fondés sur la confiance et le respect mutuel. Selon M. Henk Van Renterghem, Coordonnateur de l'ONUSIDA en Namibie, les débats communautaires offrent une occasion unique de renforcer la capacité des communautés à interpeller l'administration locale et les partenaires du développement sur la question des ressources affectées à la riposte au sida.
“« Les communautés sont trop souvent considérées comme les bénéficiaires passifs des interventions sur le VIH. Elles sont insuffisamment consultées dans les processus descendants destinés à recenser les besoins et les priorités », affirme M. Van Renterghem.
Les communautés sont trop souvent considérées comme les bénéficiaires passifs des interventions sur le VIH. Elles sont insuffisamment consultées dans les processus descendants destinés à recenser les besoins et les priorités.
M. Henk Van Renterghem, Coordonnateur de l'ONUSIDA en Namibie.
A ce jour, les communautés de neuf régions ont entamé des débats sur ces questions avec des résultats impressionnants. Dans la région de Caprivi, des chefs traditionnels ont donné l'exemple, en participant volontairement à des séances de conseil et en se prêtant à des tests de dépistage, s'attaquant à la stigmatisation liée à ce comportement. L'un des chefs a déclaré : « Il est choquant de constater que tant de membres de nos familles et de nos proches sont morts des suites du sida… Si ce programme avait été lancé plus tôt, ces gens-là seraient encore en vie. »
De nombreux obstacles demeurent toutefois. Par exemple, 17,8% des femmes enceintes sont séropositives en Namibie. « L'une des principales difficultés que rencontrent les communautés rurales au niveau de l'accès aux services de traitement, de soins et d'appui est l'isolement social, la discrimination et les mentalités et pratiques culturelles dont sont victimes les séropositifs. Le programme offre aux communautés la chance de se pencher sur leurs pratiques, normes et valeurs culturelles », affirme Lebogang Motiana, Représentant résident adjoint du PNUD en Namibie. Tout en comptant parmi les cinq pays les plus touchés par le VIH dans le monde, la Namibie enregistre à présent un recul du nombre des personnes séropositives par rapport au niveau record de 22% atteint en 2002.