Reportage
Campagne axée sur le VIH et le commerce du sexe dans la région Asie/Pacifique
20 octobre 2010
20 octobre 201020 octobre 2010«J’ai été arrêté quand la police a vu que j’avais des préservatifs.» «Les droits des travailleurs du sexe sont bafoués.» «Les travailleurs du sexe deviennent clandestins. On ne sait plus où ils sont.»
Ce sont quelques-uns des témoignages échangés lors de la première rencontre de la région Asie/Pacifique sur le VIH et le commerce du sexe, tenue à Pattaya en Thaïlande, du 12 au 15 octobre. Quelque 152 participants venus de huit pays* de la région – dont des travailleurs du sexe, des représentants du gouvernement, de la société civile et des Nations Unies – se sont réunis pour lancer un appel en faveur d’un accès universel aux services de prévention, de traitement, de soins et d’assistance en matière de VIH pour les travailleurs du sexe.
Les travailleurs du sexe subissent directement les effets de lois et pratiques coercitives, qui violent leurs droits humains et entravent l’évolution de la lutte contre le VIH.
Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA, responsable de la gestion et des relations extérieures.
Accueillie par le gouvernement royal de Thaïlande et co-organisée par l’ONUSIDA et l’UNFPA, en collaboration avec le réseau Asia-Pacific Network of Sex Workers (APNSW), cette rencontre a permis aux participants de partager leurs stratégies et de développer des plans d’action à mettre en place sur le territoire.
Le commerce du sexe est à l’origine de nombreuses nouvelles contaminations par le VIH dans la région Asie/Pacifique. On estime à 10 millions le nombre de femmes asiatiques qui vendent des services sexuels à 75 millions d’hommes, qui ont à leur tour des relations intimes avec 50 millions d’autres personnes. Dans certains pays de la région, la prévalence du VIH parmi les travailleurs du sexe est proche de 20 %. Les participants ont souligné que les dépenses en matière de services liés au VIH avaient chuté – bien que ces derniers aient fait la preuve de leur utilité – et qu’un tiers seulement des travailleurs du sexe de la région avaient accès aux programmes de prévention du VIH.
Les participants ont également pointé du doigt les nombreuses lois et politiques répressives qui peuvent empêcher les travailleurs du sexe d’avoir accès aux services liés au VIH. « Les travailleurs du sexe subissent directement les effets de lois et de pratiques coercitives, qui violent leurs droits humains et entravent l’évolution de la lutte contre le VIH, » a souligné Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA, responsable de la gestion et des relations extérieures, qui assistait à la rencontre. « Il est essentiel d’être à leur écoute. »
Les participants à la rencontre ont écouté ces travailleurs leur expliquer qu’ils étaient fréquemment victimes de harcèlement et de violences, mais également exposés à des accusations et des peines de prison. Les participants ont fait remarquer que diverses mesures prises dans le cadre de nouvelles lois visant à combattre la traite d’êtres humains dans des pays comme le Cambodge, les îles Fidji et la Thaïlande ont exacerbé cette situation, citant des cas récents où le simple fait d’être en possession d’un préservatif a conduit à des arrestations.
«Nous sommes confrontés quotidiennement à une réalité brutale faite d’arrestations, de violences et de discriminations,» a déclaré Kay Thi Win, présidente d’APNSW et responsable, au Myanmar, d’un programme en direction des populations marginalisées. Ce programme très efficace existe depuis longtemps et il est principalement géré par des travailleurs du sexe actuels ou anciens. «Nous voulons inverser la situation en exigeant que les initiatives conçues ’pour’ nous soient conçues ‘avec’ nous», a-t-elle déclaré.
*Cambodge, Chine, Fidji, Indonésie, Myanmar, Pakistan, Papouasie Nouvelle-Guinée et Thaïlande.
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