Reportage

Le rôle clé des entreprises dans la riposte au sida en Afrique

06 avril 2011

Intervenants du colloque 2011 d’Heineken sur le VIH/sida

Alors que l’épidémie entame sa trentième année d’existence, le secteur des entreprises est-il un partenaire à part entière de la riposte au sida en Afrique ? Un colloque organisé récemment par Heineken N.V. à Amsterdam a mis en lumière les nombreuses contributions possibles du secteur privé.

Ce colloque, qui avait pour thème Le partage des responsabilités dans « le monde du travail » en Afrique, a dressé le bilan des pratiques suivies actuellement par les entreprises en Afrique – sur le lieu de travail et à l'extérieur. Il a également examiné les voies permettant d’améliorer leurs bonnes pratiques. Trois des principales questions abordées concernaient l’accès aux traitements anti-VIH, la résistance aux traitements et l’insuffisance des financements.

« La lutte anti-VIH constitue, pour de multiples raisons, un investissement rentable pour l’entreprise », a déclaré le Dr Hedia Belhadj, directrice de l’ONUSIDA pour les partenariats. « L’attention portée au VIH sur le lieu de travail crée la confiance parmi le personnel et contribue à la durabilité de la productivité. Dans un cadre plus large, cette attention portée au VIH permet d’accroître les marchés de consommation, renforce la croissance économique et réduit la pauvreté », a-t-elle ajouté.

L’attention portée au VIH sur le lieu de travail crée la confiance parmi le personnel et contribue à la durabilité de la productivité. Dans un cadre plus large, cette attention portée au VIH accroît les marchés de consommation, renforce la croissance économique et réduit la pauvreté.

Le Dr Hedia Belhadj, directrice des partenariats pour l’ONUSIDA

Le colloque a réuni des représentants du gouvernement néerlandais comme l’Ambassadeur pour le sida, le Dr Marijke Wijnroks, et des responsables d’organisations internationales et non gouvernementales, d’organismes de santé publique et du secteur privé.

M. Ben Knapen, le ministre néerlandais des Affaires européennes et de la Coopération internationale, a souligné l'importance des partenariats conclus avec le secteur privé dans la lutte contre le VIH. « Mon gouvernement pense que les partenariats public-privé constituent un moyen important de lutte contre le VIH. Le fait de réunir des partenaires issus des secteurs public et privé crée les synergies et les leviers dont nous avons besoin pour renforcer nos efforts », a indiqué M. Knapen.

Les connaissances, financements, capacités et contacts du secteur privé sont des ressources inestimables pour l’efficacité de la riposte au sida. Par l’utilisation de leurs moyens de communication et de leurs compétences en marketing, les entreprises peuvent accroître la sensibilisation au sida et promouvoir les changements de comportement parmi leurs employés, leur famille et leurs communautés. Ces entreprises peuvent ainsi intégrer des messages de prévention en faveur de l’égalité des sexes dans leurs supports de communication et instaurer des politiques de tolérance zéro pour stopper les stigmatisations et les discriminations.

Le secteur privé peut devenir un partenaire à part entière de la riposte mondiale

Selon l’ONUSIDA, deux personnes séropositives sur trois vont au travail chaque jour. Le lieu de travail peut donc jouer un rôle crucial dans l’atténuation de l’impact exercé par l’épidémie de sida, et l’élargissement de l’accès à la prévention, aux traitements, aux soins et au soutien anti-VIH. Les salariés qui vivent avec le VIH et suivent un traitement idoine peuvent mener une vie saine et productive pendant de nombreuses années. Heineken – qui emploie plus de 70 000 personnes dans le monde – a pris conscience de l'enjeu de cette réalité.

Au début des années 1980, le groupe a ainsi construit des centres de soins et formé son personnel quant aux soins médicaux destinés aux employés. En 2001, il a adopté et mis en œuvre une politique de lutte contre le VIH sur le lieu de travail, laquelle a permis d’améliorer la riposte au sida parmi les employés et leur famille.

Actuellement, les programmes du groupe brassicole liés au lieu de travail incluent une campagne intitulée « Connaître son statut sérologique ». Cette campagne organise des services de conseil et de dépistage volontaires, ainsi que des formations assurées par des éducateurs médicaux recrutés parmi le personnel, lesquels mènent par ailleurs des actions de sensibilisation auprès des élèves des écoles locales.

Des comités antisida ont été établis dans neuf entreprises brassicoles pour superviser les campagnes d’information, la distribution des préservatifs, les séances d'information destinées aux personnes séropositives et les actions de sensibilisation menées lors de la Journée mondiale du sida.

Heineken fournit des traitements médicaux à tous ses employés vivant avec le VIH. Le groupe garantit en outre à ses employés et à leur famille la fourniture à vie de ces traitements – même en cas de départ de l’entreprise.

Toutes les entreprises ne sont pas aussi ouvertes à ce type d'engagement – ou en mesure de l'assumer. Les participants ont considéré que la question de la durabilité et de la pérennité de l’engagement des entreprises constitue un obstacle majeur pour la mise en application des politiques liées au VIH sur le lieu de travail, étant donné que les services nationaux ont plus de difficultés à fournir des services anti-VIH de qualité identique.

Le Dr Belhadj a souligné l’importance de la nouvelle norme de l’OIT sur le VIH/sida dans le monde du travail. En définissant les rôles et les responsabilités à tous les niveaux des processus politiques et décisionnels, de la mise en œuvre et de l’évaluation des programmes anti-VIH dans le monde du travail, cette norme fournit aux entreprises une large plateforme pour promouvoir des lieux de travail sains.

Les participants du colloque ont estimé que pour devenir des partenaires à part entière de la riposte au sida, les entreprises doivent mener des activités de mobilisation de haut niveau. Le secteur privé peut peser de tout son poids pour promouvoir la responsabilisation et la transparence, par la publication de rapports sur ses dépenses destinées aux programmes de protection sociale. Il peut stopper la trajectoire ascendante des coûts relatifs aux médicaments, aux fournitures et aux approvisionnements, et participer à des partenariats public-privé novateurs sur la recherche et le développement.