Reportage

L'événement parallèle à la Réunion de haut niveau appelle à l'inclusion et la reconnaissance totales des populations clés à risque de VIH dans toutes les ripostes au VIH

10 juin 2011

Photo : UNIC

La stigmatisation et la discrimination ainsi que les environnements juridiques punitifs continuent de bloquer l'accès aux services anti-VIH à des personnes qui en ont besoin dans le monde. Après trente ans d'épidémie, ils demeurent un obstacle majeur à l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH. Pour identifier des moyens de surmonter ces obstacles, un dialogue communautaire a offert aux populations clés à risque accru de VIH une plateforme essentielle et exclusive à la Réunion de haut niveau sur le sida de l'Assemblée générale des Nations unies pour partager leur expertise et leur expérience. Les participants, qui représentaient les leaders parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des consommateurs de drogues injectables, de personnes transsexuelles et de professionnels du sexe, ont renforcé leur appel pour une reconnaissance et une protection totales de leurs droits dans toutes les ripostes au VIH nationales.

Dix ans après la Déclaration d'engagements de 2001, à l'occasion de laquelle les États membres se sont engagés à éliminer la discrimination contre les personnes vivant avec le VIH et les groupes vulnérables, de nombreux pays manquent encore de lois contre la discrimination et usent d'approches punitives envers les populations clés, ce qui crée des barrières entre ces personnes et les services anti-VIH. Les pays citent la stigmatisation comme l'unique et plus grand obstacle à l'accélération des progrès en matière de riposte au VIH ; cependant, les programmes de réduction de la stigmatisation ne disposent pas des ressources nécessaires, ne sont pas à la bonne échelle ou ne visent pas à profiter aux populations clés.

L'événement, organisé par les gouvernements britanniques et sud-africains, en partenariat avec l'Alliance internationale contre le VIH/sida (IAA) et la Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR), était l'occasion pour les leaders des populations clés à risque de VIH de décrire ce qui était nécessaire et ce qui fonctionne dans les environnements criminalisés et discriminatoires dans lesquels ils vivent au quotidien. De nombreuses communautés ont pris des mesures radicales pour surmonter les violations des droits de l'homme et l'absence d'accès à des services anti-VIH n s'organisant pour réclamer des droits, en fournissant des services par le biais de leurs pairs, en travaillant avec la police locale et les leaders de gouvernements pour bénéficier d'une reconnaissance et d'une protection. Ce qui est indispensable à présent, c’est un meilleur appui et un espace politique, juridique et social pour que ces groupes continuent de trouver et mettre en œuvre les solutions qui sont efficaces pour eux.

Le respect total des droits de l'hommes des populations clés et des interventions factuelles qui ciblent les réalités auxquelles ils font face, ainsi qu'un appui au leadership et la capacité à identifier des solutions pour leurs communautés, sont tous indispensables pour faire avancer la riposte au sida

Jan Beagle, Directrices exécutive adjointe, Gestion et relations extérieures, ONUSIDA

Plutôt que de décrire simplement les obstacles auxquels ils sont confrontés en matière d'accès aux services, ils ont donné des exemples où leur population clé affectée a bénéficié d'un meilleur accès et proposé des solutions concrètes sur la gestion de ces obstacles de manière pratique.

Le ministre du Développement international du Royaume-Uni, Stephen O’Brien, a ouvert la réunion en insistant sur le fait que pour avoir des ripostes au sida efficaces, il est indispensable de travailler avec les populations clés sans préjudice et de s'attaquer aux lois restrictives qui font entrave à l'accès aux services pour les populations clés.

Alexei Kurmanayevsky de Russie a partagé son expérience en tant que consommateur de drogues injectables vivant avec le VIH. Les participants incluaient également Penninah Mwangi, directeur de l'association des hôtesses de bar à Nairobi, Kenya, l'une des plus anciennes organisations dirigée par des professionnels du sexe en Afrique. Marcela Romero, Argentine, est intervenue en tant que personne transsexuelle. Othman Mellouk du Maroc s’est exprimé sur les obstacles en matière de fourniture de services anti-VIH aux hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes.

L'événement était présidé par Michaela Clayton, directrice exécutive d'ARASA et co-présidente du Groupe de référence de l'ONUSIDA sur le VIH et les droits de l'homme, qui a également invité des intervenants de son étage. Jan Beagle, directrice exécutive adjointe, gestion et relations extérieures, ONUSIDA, a souligné le besoin d'une approche basée sur les droits de l'homme pour s'attaquer au VIH. « Le respect total des droits de l'hommes des populations clés et des interventions factuelles qui ciblent les réalités auxquelles ils font face, ainsi qu'un appui au leadership et la capacité à identifier des solutions pour leurs communautés, sont tous indispensables pour faire avancer la riposte au sida » a déclaré Mme Beagle.

Les recommandations clés de chaque intervenant et discussion en séance ont été regroupées dans une liste d'étapes futures recommandées à présenter aux présidents de la Réunion de haut niveau sur le sida.

Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le sida

Trente ans après le début de l'épidémie de sida et dix ans après la session spéciale décisive de l'Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/sida, le monde se rassemble à nouveau pour examiner les progrès accomplis et tracer la future voie de la riposte mondiale au sida à l'occasion de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le sida qui se déroulera du 8 au 10 juin 2011 à New York. Les États membres devraient adopter une nouvelle déclaration visant à réaffirmer les engagements actuels et à initier des actions pour orienter et soutenir la riposte mondiale au sida.