Reportage

Les partenaires se réunissent pour faire baisser le risque d'infection par le VIH chez les migrants et les populations mobiles

10 juin 2011

(de gauche à droite) Paul De Lay, directeur exécutif adjoint du Programme de l'ONUSIDA, Rosilyne Borland, coordonnatrice VIH/promotion de la santé à l'OIM, William Lacy Swing, directeur général de l'OIM, Udo Janz, directeur du HCR à New York, et le Dr Sophia Kisting, directrice du programme OIT/sida, lors de la rencontre sur la migration et le VIH organisée au siège de l'ONU à New York le 10 juin 2011.
Photo : ONUSIDA/B. Hamilton

Le monde compte 214 millions de migrants internationaux et 740 millions de migrants internes que les conditions parfois difficiles du processus de migration peuvent rendre vulnérables à une infection par le VIH. Pourtant, même avec l'intérêt croissant envers la santé et les droits de ce groupe important, les liens entre migration, mobilité des populations et VIH restent largement incompris.

À l'occasion de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale sur le sida à New York, des représentants des gouvernements, des partenaires de la société civile et des représentants d'agences intergouvernementales se sont réunis afin d'examiner la relation entre migration et épidémie de sida et d'étudier les moyens d'élargir l'accès aux services anti-VIH pour les personnes qui se déplacent.

Cet événement, qui a eu lieu le 10 juin en marge de la Réunion de haut niveau, était coparrainé par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), l'Organisation internationale du Travail (OIT), le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l'ONUSIDA.

L'ambassadeur William Lacy Swing, directeur général de l'OIM, et le Dr Paul De Lay, directeur exécutif adjoint du Programme de l'ONUSIDA, ont organisé conjointement la rencontre. Cette dernière fait suite à la signature d'un accord de coopération révisé entre les deux organisations en janvier de cette année. L'accord porte sur la vulnérabilité potentielle des migrants au VIH et intensifie les efforts d'intégration des migrants et des populations mobiles dans les politiques et les programmes de lutte contre le sida au niveau national, régional et international.

Nous devons tirer parti des bénéfices de la migration pour les migrants et les États en veillant à ce que les migrants puissent accéder aux services de prévention, de traitement, de soins et d'appui en matière de VIH.

William Lacy Swing, directeur général de l'OIM

« Nous devons tirer parti des bénéfices de la migration pour les migrants et les États en veillant à ce que les migrants puissent accéder aux services de prévention, de traitement, de soins et d'appui en matière de VIH », a déclaré l'ambassadeur Swing.

Le Dr De Lay a soulevé un problème auquel sont quotidiennement confrontées de nombreuses personnes « en déplacement » : la discrimination. Il a évoqué la nécessité de combattre avec fermeté la discrimination à l'égard des migrants et des migrants potentiels, qui entrave la liberté de circulation. Cela concerne notamment les restrictions liées au VIH en matière d'entrée, de séjour et de résidence dans certains pays. « Chaque individu devrait bénéficier des mêmes conditions d'accès à la liberté de circulation, quel que soit son état sérologique vis-à-vis du VIH. L'ONUSIDA s'oppose à toute restriction imposant un traitement spécial pour les personnes atteintes par le VIH et limitant la circulation uniquement sur la base de l'état sérologique. Ces restrictions sont discriminatoires », a-t-il indiqué.

Meilleures pratiques

Cet événement a mis en avant l'importance de l'échange des meilleures pratiques et des enseignements tirés par les gouvernements et la société civile en matière de gestion de la migration et du VIH et de défense des droits des migrants pour l'accès aux soins et aux services sociaux.

Les participants ont admis que, même si la mobilité en elle-même n'entraîne pas forcément un risque sanitaire accru, les conditions parfois difficiles du processus de migration (avant la migration, pendant le déplacement, dans les communautés de destination et lors du retour) peuvent avoir un impact sur la santé des migrants et les rendre plus vulnérables au virus.

Engagements internationaux

Les participants ont examiné les progrès accomplis sur plusieurs engagements internationaux et cadres d'orientation, notamment les sections de la Déclaration d'engagement de l'UNGASS sur le VIH/sida de 2001 qui visent à faciliter l'accès aux programmes de lutte contre le VIH pour les migrants et les travailleurs mobiles.  

Chaque individu devrait bénéficier des mêmes conditions d'accès à la liberté de circulation, quel que soit son état sérologique vis-à-vis du VIH.

Dr Paul de Lay, directeur exécutif adjoint du Programme de l'ONUSIDA

Les aspects liés à la migration de la Recommandation de l'OIT sur le VIH/sida et le monde du travail de 2010 (n° 200) ont également été évoqués. Le Dr Sophia Kisting, directrice du programme OIT/sida, a souligné que la stigmatisation et la discrimination, les conditions de travail difficiles et les longues périodes passées loin de leurs familles et de leurs cultures augmentent la vulnérabilité des travailleurs migrants au VIH. “« C'est pourquoi la recommandation mentionne expressément les travailleurs migrants. Elle invite les pays d'origine, de transit et de destination à prendre des mesures pour garantir l'accès à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH pour ces travailleurs », a-t-elle déclaré.

Dans le cadre de ses projets de coopération technique, l'OIT a défendu une approche intégrée impliquant toute une variété d'acteurs, par exemple gouvernements, agences de recrutement et syndicats. Des programmes menés en Indonésie, au Népal et au Sri Lanka ont démontré l'utilité de cette approche et sont parvenus à inclure le VIH dans la préparation des travailleurs migrants avant leur départ et à initier un dialogue politique entre les pays d'origine et de destination.

Aborder ces questions revêt une importance capitale, étant donné que, par exemple, selon le comité national sur le sida du Sri Lanka, entre 30 et 40 % des femmes sri-lankaises testées séropositives au VIH sont rentrées chez elles après avoir vécu au Moyen-Orient.

Udo Janz, directeur du bureau du HCR à New York, a salué l'opportunité offerte par cet événement de consolider les acquis et de définir les futures actions pour garantir aux migrants et aux populations mobiles, y compris ceux qui subissent un déplacement forcé, l'accès aux services anti-VIH.    

Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le sida

Trente ans après le début de l'épidémie de sida et dix ans après la session spéciale décisive de l'Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/sida, le monde se rassemble à nouveau pour examiner les progrès accomplis et tracer la future voie de la riposte mondiale au sida à l'occasion de la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies sur le sida qui se déroulera du 8 au 10 juin 2011 à New York. Les États membres devraient adopter une nouvelle déclaration visant à réaffirmer les engagements actuels et à initier des actions pour orienter et soutenir la riposte mondiale au sida.