Reportage
Les programmes VIH pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles sont progressivement intensifiés en Inde.
17 mai 2012
17 mai 201217 mai 2012Rupali a toujours senti qu'elle était différente. Née en tant que garçon en Inde, elle aimait porter des vêtements de filles et, finalement, à l'âge de 20 ans, elle décidait de révéler à sa famille son orientation sexuelle. Elle a déclaré vouloir vivre comme une femme.
« Quand j'ai finalement décidé de parler de mon orientation et de mon identité sexuelle, j'étais effrayée, » déclare cette jeune femme de 22 ans. « Mais finalement j'en ai parlé à tout le monde, ma famille, mes voisins et mes amis. »
Rupali a exercé plusieurs métiers, mais a trouvé qu'il était trop difficile de vivre ouvertement en tant qu'homme ayant des rapports sexuels avec des hommes et de travailler dans un bureau ordinaire. Ainsi, elle a travaillé comme professionnelle du sexe à New Delhi ces deux dernières années. Avec l'argent qu'elle gagne elle subvient aux besoins de sa mère et de son plus jeune frère. Depuis plusieurs années déjà, sa mère a un problème cardiaque et Rupali doit payer tous les mois pour des médicaments onéreux.
Mais son travail menace sa santé car Rupali est plus exposée au risque d'infection à VIH.
En Inde, l'épidémie de VIH affecte sérieusement les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transsexuelles. Parmi cette population, 427 000 personnes (en 2010) sont considérées comme étant plus exposées car elles ont des partenaires sexuels multiples et beaucoup reçoivent de l'argent en échange de sexe.
« Lorsqu'un client est saoul, il est souvent difficile de le convaincre d'utiliser des préservatifs », affirme Rupali.
Alors que le commerce du sexe permet de payer ses factures, Rupali a été attaquée à plusieurs reprises. Comme de nombreuses personnes transsexuelles, Rupali trouve qu'il est difficile de se faire complètement accepter par sa famille et la communauté. « Les voyous locaux nous maintiennent constamment dans un état de terreur. Nous craignons qu'ils nous agressent au visage avec des couteaux ou qu'ils nous battent. Mais nous craignons encore plus la police, » affirme Rupali.
En Inde, la prévalence au VIH parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes a atteint 7,3%, ce qui est 20 fois plus élevé que parmi la population en général. De récentes données montrent que la prévalence au VIH parmi les personnes transsexuelles dans les principales villes comme Bombay et Delhi est montée en flèche à presque 25%. Les programmes VIH pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles sont progressivement intensifiés.
La Pahal Foundation à Faridabad reçoit des financements du gouvernement de l'état de Haryana pour fournir des dépistages du VIH, des traitements pour les maladies sexuellement transmissibles, des conseils et des préservatifs à 750 hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transsexuelles, mais des centaines d'autres utilisent leurs dispositifs tous les mois.
Nombreux parmi nous, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, essayent au mieux de paraîtres normaux, mais à l'occasion nous sommes « démasqués ». Je connais plusieurs personnes qui ont perdu leur emploi car elles ont été sévèrement discriminées par rapport à leurs collègues
Manoj Kumar Verma, travailleur de proximité à la Pahal Foundation
« Chacun d'entre eux a besoin d'un système de soutien. Sans le soutien de leurs famille et de la société, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transsexuelles se suicident ou quittent leur foyer très souvent, » dit Maksoom Ali, chef de projet de Pahal.
La fondation constate que seules quelques personnes qu'elle soutient sont ouvertes avec leurs familles pour ce qui concerne leur statut sérologique.
« L'emploi est un véritable problème pour les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transsexuelles, » selon Manoj Kumar Verma, travailleur de proximité de Pahal. « Nombreux parmi nous, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, essayent au mieux de paraître normaux, mais à l'occasion nous sommes « démasqués ». Je connais plusieurs personnes qui ont perdu leur emploi car elles ont été sévèrement discriminées par rapport à leurs collègues. »
Quelques progrès ont été constatés en Inde pour les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les personnes transsexuelles. Dans l'étape suivante du programme national de lutte contre le sida de l'Inde (NACP4) il y a des plans pour développer et mettre en œuvre des programmes focalisés sur les besoins spécifiques des personnes transsexuelles. Il y a trois ans, dans un jugement historique, la Haute cour de Delhi a décriminalisé le sexe entre les hommes adultes.
Rupali est impliquée dans une organisation pour les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes dans l'ouest de Delhi et elle souhaite apporter une contribution à sa communauté. « Chacun a des rêves, mais tous ne se réalisent pas, » affirme Rupali. « Cela est vrai pour moi, mais je veux faire quelque chose pour ma communauté et je souhaite être une meilleure personne. »