Reportage
Une appropriation par les pays accrue pour assurer la pérennité à long terme des services anti-VIH en Ukraine
10 octobre 2012
10 octobre 201210 octobre 2012Les représentants du Conseil de coordination du Programme de l'ONUSIDA (CCP) se sont rendus en Ukraine les 4 et 5 octobre pour en savoir plus sur son programme national de lutte contre le sida et constater les progrès réalisés et les obstacles restant à surmonter dans la riposte au sida du pays. Il s'agissait de la première visite de l'organe directeur de l'ONUSIDA dans la région Europe de l'Est et Asie centrale.
La délégation du CCP a rencontré la Vice-Première ministre et Ministre de la Santé ukrainienne, le Dr Raisa Bogatyryova, ainsi que d'autres responsables gouvernementaux, des partenaires de développement, des représentants de la société civile et des communautés, notamment des membres de réseaux nationaux et régionaux de personnes vivant avec le VIH, et l'équipe nationale des Nations Unies.
La rencontre avec le Dr Bogatyryova a été l'occasion de discuter du concept de responsabilité partagée et d'examiner les moyens de renforcer le financement national.
Le gouvernement ukrainien a multiplié par 10 ses investissements nationaux en faveur de la lutte contre le VIH (entre 2005 et 2010) et réussi à augmenter le financement extérieur en particulier pour les programmes de prévention, de soins et d'appui anti-VIH pour les populations les plus touchées. Toutefois, 50 % de la riposte au sida du pays restent dépendants des aides des donateurs.
« La situation actuelle en Ukraine confirme l'importance de la décision du pays d'opter pour le leadership et la responsabilisation de l'État dans notre lutte commune contre le VIH », a indiqué la Vice-Première ministre. « Nous nous engageons à élargir encore davantage le traitement et la prévention du VIH en Ukraine, avec une nouvelle stratégie nationale de lutte contre le sida pour les cinq prochaines années », a-t-elle ajouté.
La délégation et la Vice-Première ministre ont évoqué la nécessité d'étendre les services de prévention et de traitement anti-VIH, car le programme actuel de traitement anti-VIH dans le pays répond aux besoins de 25 % seulement des personnes concernées. Elles ont également souligné l'importance de créer un environnement propice pour faciliter l'accès aux services anti-VIH des populations les plus exposées au risque d'infection, notamment les professionnel(le)s du sexe, les consommateurs de drogues et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
La situation actuelle en Ukraine confirme l'importance de l'appropriation par le pays et du leadership de l'État dans notre riposte commune au sida
Dr Raisa Bogatyryova, Vice-Première ministre et Ministre de la Santé ukrainienne
L'Ukraine est le pays le plus touché par l'épidémie de VIH en Europe de l'Est, avec un nombre de personnes vivant avec le VIH estimé à 230 000. La consommation de drogues injectables est la principale cause d'infection à VIH dans le pays, avec une prévalence du VIH de 21,5 % chez les consommateurs de drogues injectables.
Les membres de la délégation ont eu la possibilité de visiter plusieurs établissements de santé pour observer le travail effectué sur le terrain. À la clinique du sida de Kiev, par exemple, le gouvernement et les partenaires de la société civile proposent des services pour les personnes vivant avec le VIH et celles qui consomment des drogues, avec traitement anti-VIH et anti-tuberculeux, traitement d'entretien et de substitution et soutien psychologique. Également située à Kiev, la Clinique Lavra est un établissement médical spécialisé qui fournit des soins cliniques aux patients séropositifs au VIH et abrite un centre d'accueil communautaire qui propose des tests de dépistage du VIH ainsi que des services de prévention et de soins pour les consommateurs de drogues, les professionnel(le)s du sexe et les personnes transsexuelles.
La délégation a également rencontré des femmes à la maternité du Centre de santé reproductive et de périnatalogie de Kiev, qui propose des services visant à éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants et des traitements d'entretien et de substitution pour les femmes enceintes qui consomment aussi des drogues. Il a également été question des prestataires de services (professionnels de santé, psychologues, travailleurs sociaux et de proximité et bénévoles) pour en savoir plus sur leurs activités et les obstacles auxquels ils sont confrontés.
Les efforts pour l'élimination des nouvelles infections à VIH chez les enfants et le maintien de leurs mères en vie ont donné des résultats positifs en Ukraine, où 96 % des femmes enceintes vivant avec le VIH ont reçu une prophylaxie antirétrovirale en 2011. La transmission du VIH de la mère à l'enfant est passée de 28 % en 2001 à 4,7 % en 2009.
Durant toute la visite, la délégation a souligné le rôle clé joué par les organisations de la société civile dans la défense des services anti-VIH pour les populations les plus exposées et leur prestation, ainsi que les soins et l'appui aux personnes vivant avec le VIH, et dans la réduction de la stigmatisation et de la discrimination envers les communautés touchées.
« J'ai vu la société civile en action dans cette région et je dois dire qu'elle est particulièrement puissante en Ukraine. Le partenariat entre les organisations de la société civile et les autorités nationales et locales est essentiel pour intensifier et pérenniser les services anti-VIH pour les populations les plus vulnérables en Ukraine », a déclaré Matt Southwell, Représentant des ONG pour l'Europe au CCP.
« La visite sur le terrain du CCP en Ukraine a été une excellente occasion de présenter à la délégation les difficultés spécifiques de l'un des pays fortement touchés de l'ONUSIDA qui subit l'épidémie la plus grave en Europe », a déclaré Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, Gestion et gouvernance. « Les membres de la délégation ont également pu se rendre compte du rôle fondamental de l'ONUSIDA pour mener l'équipe commune des Nations Unies, avec l'appui du Coordonnateur résident et de l'équipe nationale des Nations Unies ».
La délégation du CCP était composée du Ministre délégué à la Santé polonais et Président du CCP, du Vice-Président indien du CCP, de délégués des États-Unis d'Amérique, du Royaume-Uni, du Togo, de la République indépendante d'Iran et du Salvador, du groupe constitutif des ONG européennes, de trois organismes coparrainants de l'ONUSIDA (OMS, ONUDC, FNUAP) et de la Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, Gestion et gouvernance.