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Le Zimbabwe accélère sa riposte au VIH

09 juin 2015

Une délégation du Conseil de coordination du Programme (CCP) de l'ONUSIDA a réalisé une visite de terrain au Zimbabwe du 2 au 4 juin afin d'avoir un aperçu direct de la manière dont le pays accélère sa riposte nationale au sida pour mettre fin à l'épidémie comme menace de santé publique d'ici 2030.

Le Zimbabwe est victime de l'une des plus importantes épidémies de VIH du monde, avec un nombre de personnes vivant avec le VIH estimé à 1,4 million pour une prévalence du VIH chez les adultes de 15 %. Toutefois, le pays est en train d'intensifier son action et d'augmenter les investissements dans ses programmes de prévention et de traitement du VIH pour inverser la situation.

Le Zimbabwe a posé les bases de l'accélération de sa riposte en 2000, en introduisant une taxe innovante sur le revenu imposable dont 3 % sont dédiés au financement des programmes de lutte contre le sida. Grâce à cette taxe, le pays a accru son financement national pour le VIH de 40 % entre 2011 et 2014 et, en combinaison avec les investissements internationaux, qui représentent actuellement 85 % du financement total, le pays a obtenu des résultats positifs. Le Zimbabwe a enregistré une baisse de 60 % des décès dus au sida depuis le pic de l'épidémie en 1997 et une baisse de 75 % des nouvelles infections à VIH chez les enfants au cours des dix dernières années, selon des estimations nationales.

« Le Zimbabwe est en train d'imaginer des programmes qui couvrent un nombre croissant de personnes qui en ont besoin. Des choses qui semblaient impossibles, comme l'arrêt des nouvelles infections à VIH chez les enfants, sont désormais une réalité tangible pour le pays », a déclaré Jan Beagle, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA, qui a conduit la visite. « La décision du Zimbabwe d'investir ses maigres ressources dans la riposte nationale au sida démontre que des programmes rentables, avec un recours significatif aux partenariats public-privé et aux systèmes de délivrance communautaires, représentent des investissements intelligents qui donnent des résultats positifs ».

À l'occasion d'un rassemblement avec des représentants des Ministères de la Santé et des Finances, du secteur privé, de partenaires de développement et d'organisations non gouvernementales internationales et régionales, les membres du CCP ont discuté des opportunités et des défis pour l'accomplissement des objectifs ambitieux de la stratégie Accélérer pour mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030. Tous les partenaires ont mis en avant la nécessité de pérenniser la riposte au sida. Ils ont reconnu que malgré les progrès et l'engagement d'investissement accru du gouvernement du Zimbabwe, notamment son ambition d'atteindre 30 % de dépenses issues de ressources nationales pour la lutte contre le VIH d'ici 2018, il faudra toujours avoir recours à la solidarité mondiale pour soutenir la riposte pendant encore plusieurs années.

Le rôle de plus en plus important joué par le secteur privé pour atteindre les personnes a été souligné, de même que les opportunités que ce secteur offre pour contribuer encore davantage à la riposte au sida.

« Au Zimbabwe, il existe un engagement fort en faveur de la riposte au sein de la classe politique, dans les ministères, chez les parlementaires, dans la société civile et dans le secteur privé », a expliqué Tapuwa Magure, Président du Conseil national sur le sida. « Cette coopération multisectorielle est fondamentale pour accélérer la riposte au sida, ce que le Zimbabwe s'engage à faire, notamment avec son action pour accomplir les objectifs 90-90-90 ».

Les jeunes et le VIH

La question des jeunes et du VIH a été au cœur de l'agenda de cette visite de terrain. Les deux tiers de la population du Zimbabwe ont moins de 25 ans et la prévalence du VIH est près de trois fois supérieure chez les femmes âgées de 15 à 24 ans que chez les hommes du même âge.

La délégation du CCP a évoqué l'accélération de la riposte au sida avec des adolescents et des jeunes adultes lors d'une visite dans une école et de rencontres avec des réseaux de jeunes ainsi qu'avec de jeunes professionnels du sexe. Des questions centrales sont apparues, notamment l'importance d'aider tous les enfants à aller à l'école et de veiller à ce qu'ils bénéficient d'une éducation sexuelle appropriée à leur âge et éclairée par des faits probants. Les moyens de mieux utiliser le téléphone mobile et les réseaux sociaux pour la prévention du VIH ont également été au cœur des discussions. Les jeunes se sont sentis particulièrement concernés par l'amélioration de l'accès aux services anti-VIH en milieu rural.

La délégation du CCP était composée de représentants du Zimbabwe, de Suisse, d'Ukraine, du Maroc, de Pologne et du Royaume-Uni, ainsi que des organisations non gouvernementales représentées au CCP et des organismes coparrainants de l'ONUSIDA. Au cours de la visite, la délégation a rencontré des partenaires nationaux impliqués dans la riposte au sida, en particulier des représentants du gouvernement, du Conseil national sur le sida, de partenaires de développement, d'organisations communautaires et de la société civile, du secteur privé et de l'équipe nationale des Nations Unies. La délégation a également visité plusieurs sites à Hararé et dans ses alentours, ainsi que le district de Hwange, pour observer des exemples de prestation de services anti-VIH et de services de santé au sens plus large et de mobilisation communautaire. Parmi ces sites, les délégués ont visité des dispensaires et des sites de programmes de délivrance de traitement à assise communautaire et de prévention du VIH sur le lieu de travail.