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L'effondrement du financement mondial de la lutte contre le sida

21 juillet 2016

Pour atteindre les objectifs de la stratégie Accélérer, il est impératif d'augmenter et d'anticiper dès maintenant les ressources destinées à la riposte au sida. Si le monde n'est pas en mesure de trouver ces investissements, nous n'en finirons pas avec le sida comme menace de santé publique d'ici à 2030.

Telle est la conclusion d'un événement intitulé « L'effondrement du financement mondial de la lutte contre le sida », organisé le 19 juillet dans le cadre de la 21e Conférence internationale sur le sida à Durban, en Afrique du Sud.

Les participants ont souligné que le financement de la riposte au sida devait suivre les principes de responsabilité partagée et de solidarité mondiale, et pourtant les dépenses des pays donateurs consacrées au VIH ont baissé de 13 % en 2015 par rapport aux niveaux de 2014.

Treize des quatorze gouvernements concernés ont diminué leur contribution par l'intermédiaire des canaux bilatéraux et multilatéraux. Cette baisse s'explique en partie par une appréciation du dollar américain, mais 12 des 14 gouvernements ont réduit leur contribution dans leur monnaie propre.

Le gouvernement des États-Unis est le plus gros bailleur de fonds international de la riposte au sida. Il a fourni 66 % des ressources internationales en 2015, mais lors de la réunion il a été indiqué qu'aucune augmentation des investissements n'était attendue pour l'avenir.

57 % des 19 milliards de dollars mis à la disposition des pays à revenu faible et intermédiaire proviennent de sources nationales. Les participants ont indiqué que l'insuffisance des ressources disponibles pour la lutte contre le VIH est aigüe en raison d'allocations ineffectives, de programmes inefficaces et de la corruption.

Les participants ont conclu qu'aucune action à elle seule, qu'il s'agisse de baisse de prix, de taxation, de gains de rentabilité ou d'augmentation des contributions des donateurs, ne pourra combler le manque : il faut une combinaison de mesures.

Déclarations

« Les dépenses militaires mondiales s'élèvent chaque année à 1 750 milliards de dollars. Une petite part de cette somme peut financer la fin du sida. »

Michael Weinstein Président de AIDS Health Care Foundation

« Les nouvelles infections à VIH ne baissent pas chez les adultes. Il faut continuer d'intensifier les programmes de prévention et de traitement. Pour faire des progrès significatifs, les investissements pour en finir avec le sida comme menace de santé publique mondiale d'ici à 2030 doivent être accrus et anticipés au cours des quatre prochaines années, sinon nous serons noyés par la hausse des coûts. »

Jose A. Izazola Responsable Évaluation et économie, ONUSIDA

« A-t-on aujourd'hui assez d'argent pour mettre fin au sida ? Non. Y a-t-il des interventions quelconques pour résoudre le problème ? Il n'existe pas de solutions individuelles ; ce qu'il faut, c'est une combinaison de mesures, notamment une baisse des coûts et une augmentation des recettes. »

Steven Forsythe Président du Réseau international sida et économie (IAEN)

« La stagnation des financements est une réalité. Les gains de rentabilité permettent seulement de gagner du temps avant de foncer dans le mur. Il est temps de changer de modèle économique. »

Michael Ruffner Directeur chargé du financement durable et de la transition, Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida