Reportage

L'EECAAC 2016 s'ouvre avec un appel urgent adressé à l'Europe de l'Est et à l'Asie centrale à accélérer la riposte pour mettre fin au sida

23 mars 2016

La cinquième Conférence sur le sida en Europe de l'Est et en Asie centrale (EECAAC 2016) s'est ouverte le 23 mars à Moscou, en Russie, par des débats portant sur les mesures urgentes que les pays et les partenaires doivent prendre pour accélérer la riposte et mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030.

Cette conférence de trois jours, qui est aussi le plus grand forum sur le VIH de la région, réunit plus de 2 000 militants, scientifiques, experts, professionnels de santé et travailleurs communautaires venus de plus de 70 pays. Ils échangeront ainsi leurs meilleures pratiques et stratégies de riposte au sida.

L'EECAAC 2016 va également s'appuyer sur les engagements pris en 2015 par les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) de contribuer au renforcement de la coopération internationale en appui aux efforts des pays pour atteindre leurs objectifs en matière de santé. Parmi ces derniers figure l'objectif de traitement 90-90-90 à atteindre d'ici 2020, essentiel pour mettre fin à l'épidémie de sida comme menace pour la santé publique d'ici 2030.

Dans son message officiel adressé aux participants à la conférence, Dmitry Medvedev, Premier ministre russe, a déclaré que « le problème de l'infection à VIH va bien au-delà de la sphère médicale, réunissant des partenaires multiples, depuis les professionnels de santé et les scientifiques jusqu'à la société civile, aux gouvernements et aux experts ».

Représentant le gouvernement russe, Olga Golodets, Vice-Premier ministre, a confirmé que la Fédération de Russie contribuait à l'effort mondial pour mettre fin à l'épidémie de sida. Elle a remercié l'ONUSIDA pour son dialogue constructif. « Je suis certaine qu'ensemble, nous pouvons arrêter l'épidémie de sida », a-t-elle déclaré.

Dans son discours d'ouverture de la conférence, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a fait part de son appui au renouvellement de l'engagement urgent ciblé sur la lutte contre l'épidémie de sida en Russie et dans toute la région. « Conformément aux Objectifs de développement durable et au principe de ne laisser personne de côté, nous devons avoir le courage d'examiner toutes les options politiques progressistes en Europe de l'Est et en Asie centrale. Une riposte urgente est nécessaire pour inverser la tendance des nouvelles infections à VIH dans la région et accélérer les actions pour mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030 », a-t-il déclaré.

Veronika Skvortsova, Ministre de la Santé de la Fédération de Russie, a souligné que la Russie avait réussi à diviser par cinq le nombre d'enfants infectés par le VIH nés de mères vivant avec le VIH au cours des dernières années. « En 2006, le risque de transmission verticale du VIH était de 10,5 % (...). En 2015, les données indiquent qu'il n'était plus que de 2 %. 98 % des enfants sont donc nés en bonne santé », a déclaré Mme Skvortsova.

Anna Popova, Coprésidente de la conférence et Chef de l'Agence de santé publique russe Rospotrebnadzor, a exprimé l'espoir que l'EECAAC 2016 fasse perdurer la tradition d'un effort conjoint pour l'obtention de résultats concrets afin d'accroître rapidement la couverture des services de prévention et de traitement du VIH.

Yana Panfilova s'est exprimée au nom des adolescents vivant avec le VIH : « nous sommes prêts à devenir les leaders de demain qui créeront un monde où le VIH ne sera qu'un petit aspect de nos vies épanouies et productives ! ».

Plusieurs pays d'Europe de l'Est et d'Asie centrale font des progrès dans le sens de l'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant. On ne peut pourtant pas en dire autant en ce qui concerne la prévention des nouvelles infections à VIH. Selon les estimations, entre 2000 et 2014, les nouvelles infections à VIH sont passées de 100 000 à 140 000 par an dans la région. La faible couverture de traitement du VIH pour les personnes vivant avec le virus représente également un problème majeur pour la plupart des pays. Fin 2014, on estime que 1,5 million de personnes vivaient avec le VIH en Europe de l'Est et en Asie centrale, dont plus de 70 % en Russie.