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Les ministres africains appellent à un effort mondial pour mettre fin au sida chez l'enfant

10 mai 2016

Les ministres africains chargés de la santé ont appelé la communauté internationale à faire de la fin de l'épidémie de sida chez les enfants une priorité politique mondiale. Réunis le 10 mai à Abidjan, en Côte d'Ivoire, ces dignitaires ont lancé un appel pour que la Déclaration politique sur la fin du sida, qui doit être adoptée lors de la prochaine Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du sida, intègre des objectifs d'élargissement des services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant et des services pédiatriques de dépistage et de traitement du VIH.

Parmi les participants figuraient 11 ministres nationaux, ainsi que des vices-ministres et de hauts responsables des programmes de lutte contre le VIH venus de toute l'Afrique, le continent qui compte près de 90 % de tous les enfants vivant avec le VIH.

En 2014, 2,6 millions d'enfants vivaient avec le VIH et 32 % ont eu accès à un traitement antirétroviral. Sans traitement, la moitié de tous les enfants vivant avec le VIH meurent avant leur deuxième anniversaire.

« Mettre fin au sida chez les enfants nécessite d'agir à deux niveaux », a déclaré la Première dame de Côte d'Ivoire, Dominique Ouattara, qui est aussi Ambassadrice spéciale de l'ONUSIDA pour l'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant et la promotion du traitement pédiatrique contre le VIH. « D'un côté, nous devons prévenir les nouvelles infections à VIH chez les enfants et, de l'autre, nous devons fournir des traitements et des soins à tous les enfants qui vivent avec le VIH ».

Les progrès sont constants dans la prévention des nouvelles infections à VIH chez les enfants, en veillant à ce que toutes les femmes enceintes dépistées positives au VIH et les femmes vivant avec le VIH reçoivent un traitement. Ces avancées ont permis de bâtir une base solide pour mettre fin au sida chez les enfants. Mais pour parler du sida au passé, de bien meilleurs résultats sont nécessaires dans l'ensemble du processus de traitement contre le VIH chez l'enfant.

L'ONUSIDA estime qu'il est possible de mettre fin à l'épidémie de sida chez l'enfant d'ici 2020 si les objectifs de prévention et de traitement sont atteints d'ici 2018. Ces objectifs impliquent notamment de parvenir à 95 % de couverture de traitement pour les femmes enceintes et les enfants vivant avec le VIH.

Les tendances actuelles vont dans le sens de la faisabilité de ces objectifs. Des avancées majeures ont été accomplies dans la fourniture de médicaments antirétroviraux aux femmes enceintes vivant avec le VIH pour prévenir la transmission du virus à leurs bébés. Entre 2010 et 2014, les nouvelles infections à VIH chez les enfants ont chuté de 58 %. Durant la même période, la couverture du traitement anti-VIH chez les enfants vivant avec le VIH a plus que doublé.

Toutefois, il faut en faire davantage pour veiller à ce qu'aucun enfant ne soit laissé à l'écart. « Aujourd'hui, nous avons des protocoles de traitement efficaces, mais combien d'enfants meurent encore à l'ère du traitement antirétroviral ? », a demandé Jeanne Gapiya Niyonzima, Présidente de l'Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et aux Malades du SIDA du Burundi et mère d'un enfant décédé de causes liées au sida à l'âge de 18 mois.

« Il s'agit d'une question de justice sociale, d'une question d'égalité », a affirmé Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA. « Nous avons l'opportunité d'adopter une Déclaration politique sur la fin du sida avec la Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la fin du sida pour nous aider à fixer des objectifs concrets, de manière à ce que le traitement devienne universel pour tout le monde, absolument partout ».

Les ministres africains qui ont assisté à la réunion d'Abidjan ont lancé un appel pour que la Déclaration politique sur la fin du sida intègre des objectifs clairs visant l'élargissement des services de prévention et de traitement afin d'en finir avec le sida chez les enfants. Pour y parvenir, les ministres ont validé le principe d'une mobilisation immédiate anticipée des ressources consacrées au traitement du VIH chez l'enfant et à l'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant.

Les évolutions scientifiques peuvent améliorer les résultats des traitements chez les enfants de manière spectaculaire. Les ministres ont souligné l'importance d'exploiter et d'étendre pleinement les outils innovants, notamment les technologies utilisées sur le lieu des soins pour un diagnostic précoce chez le nourrisson, les protocoles de traitement pédiatriques recommandés par l'Organisation mondiale de la Santé et les approches de prestations de services centrées sur la famille, qui améliorent le suivi des soins et l'observance des traitements.

Les ministres ont appelé l'ONUSIDA à coordonner les initiatives sur le traitement pédiatrique du VIH entre tous les secteurs. « Nous devons renforcer la coopération entre les acteurs pour obtenir de meilleurs résultats pour les enfants », a expliqué Juliet Kavetuna, Vice-Ministre de la Santé et des Affaires sociales de Namibie. « Si nous travaillons en silo, nous n'atteindrons jamais notre objectif ».

La réunion s'est achevée sur une note extrêmement optimiste au regard du potentiel d'accomplissement des objectifs de 2018 pour les enfants. « Nous savons ce que nous avons à faire », a déclaré David Parirenyatwa, Ministre de la Santé et de l'Enfance du Zimbabwe. « L'aspect essentiel consiste à le faire de manière systématique et à veiller à ce que les financements suivent correctement ».

Selon Sarah Opendi, Ministre d'État de l'Ouganda chargée des soins primaires, « en travaillant ensemble, nous pouvons mettre fin à l'épidémie de sida chez les enfants, mais aussi chez les adultes ».

Avant le discours de clôture de la Première dame de Côte d'Ivoire, M. Sidibé a été nommé Grand Officier de l'Ordre National de la République de Côte d'Ivoire, en reconnaissance de son leadership mondial au nom des enfants touchés par le VIH. En recevant sa distinction, M. Sidibé a encouragé tous les participants à œuvrer en faveur de l'objectif de mettre fin au sida chez l'enfant.

Des donateurs de premier rang, des responsables de programmes et des représentants de la société civile impliqués dans le traitement du VIH chez l'enfant, ainsi que des représentants du secteur privé, ont également assisté à la réunion ministérielle. L'événement était organisé par l'ONUSIDA, le gouvernement de Côte d'Ivoire, ELMA Philanthropies, Funders Concerned About AIDS, The Children’s Investment Fund Foundation, Johnson & Johnson et le Luxembourg. Plus de 150 personnes venues de 34 pays y ont participé.