Reportage

Les méthodes employées pour démontrer la précision des chiffres sur le traitement du VIH

26 juillet 2018

Estimer le nombre de personnes vivant avec le VIH qui sont sous traitement est essentiel pour suivre les succès et les autres aspects de la riposte mondiale au sida. Non seulement le traitement anti-VIH permet de maintenir ces personnes en vie, mais en réduisant leur charge virale, il diminue fortement le risque qu’une personne vivant avec le VIH transmette le virus à quelqu’un d’autre.

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L’ONUSIDA a publié ses dernières estimations du nombre de personnes vivant avec le VIH ayant accès au traitement antirétroviral dans son nouveau rapport intitulé Un long chemin reste à parcourir. Selon les estimations, 21,7 millions de personnes étaient sous traitement anti-VIH fin 2017, sur les 36,9 millions de personnes vivant avec le VIH.

Au total, ce sont 143 pays qui ont fourni les données que l’ONUSIDA a utilisées pour calculer ces estimations, ce qui représente 91 % du nombre total estimé de personnes sous traitement dans le monde. Ces 143 pays ont présenté des décomptes réels du nombre de personnes sous traitement, et non des estimations ; des estimations sont néanmoins utilisées pour les quelques pays qui ne donnent pas de décomptes. Tous les six mois, les pays transmettent leur nombre de personnes sous traitement (adultes et enfants, par sexe) au moyen de l’outil mondial de suivi sur le sida (GAM). Des données similaires sont intégrées dans le logiciel d’estimation épidémiologique Spectrum.

L’ONUSIDA apporte une assistance technique et une formation aux responsables de la santé publique et aux responsables d’établissements de santé (les personnes qui compilent les chiffres dans les pays), afin de s’assurer que leurs rapports sur la couverture du traitement sont exacts. En outre, chaque année, en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance, l’Organisation mondiale de la Santé et d’autres partenaires qui soutiennent la prestation de services de traitement anti-VIH, l’ONUSIDA examine et valide les chiffres sur le traitement transmis à la fois au moyen de l’outil GAM et de Spectrum.

Lorsque l’on compare les estimations de l’ONUSIDA sur la couverture du traitement dans les pays avec les estimations sur la couverture du traitement effectuées dans les enquêtes en population d’évaluation de l’impact du VIH (PHIA) et d’autres études, on constate des niveaux de couverture de traitement analogues (voir graphique).

En 2017, l’ONUSIDA a procédé à une « triangulation » des données, de manière à confirmer ou infirmer les résultats de sa collecte de données annuelle. Cette analyse avait vocation à répondre à une question simple : la production de médicaments antirétroviraux et le volume acheté sont-ils suffisants pour traiter le nombre de personnes indiquées comme étant sous traitement antirétroviral ?

Fin 2016 dans le monde, 19,4 millions de personnes étaient sous traitement antirétroviral, avec un nombre estimé à 14,1 millions de personnes ayant accès à un traitement dans les pays à revenu faible et intermédiaire où les médicaments génériques sont disponibles.

Une étude des exportations et des achats nationaux de médicaments antirétroviraux menée en Inde en 2016 a révélé un chiffre de 11,4 millions de personnes-années de traitement. En ajoutant les médicaments antirétroviraux génériques produits dans d’autres pays, l’estimation donne un chiffre de 14,2 – 16,2 millions de personnes-années de traitement, ce qui est suffisant pour traiter les 14,1 millions de personnes dans les pays à revenu faible et intermédiaire où les médicaments génériques sont disponibles.

En 2018, l’ONUSIDA a conclu un partenariat avec l’Organisation mondiale de la Santé, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et une sélection de partenaires techniques et de ministères de la Santé dans 28 pays, la plupart en Afrique subsaharienne, afin de mener des études sur la qualité des données et des chiffres transmis sur le traitement, ainsi que pour rectifier les rapports actuels et précédents sur ces chiffres en cas de détection d’un décompte excessif ou insuffisant. Les précédentes études sur la qualité des données réalisées depuis 2016 ont été utilisées pour ajuster les estimations, par exemple en tenant compte des personnes transférées d’un établissement à un autre, mais répertoriées par les deux établissements, ou des personnes décédées, qui ne suivent plus de traitement ou qui ont émigré, mais qui ne sont pas identifiées et n’ont pas été radiées des registres de traitement.

L’annexe du rapport Un long chemin reste à parcourir concernant les méthodes de calcul contient davantage de détails sur le calcul du nombre de personnes sous traitement, et les détails sur la réalisation de la triangulation figurent dans un document publié lors d’un exercice de triangulation antérieur.