Reportage
La version 4.2 du modèle Thembisa révèle des progrès limités dans la riposte au VIH en Afrique du Sud
28 juin 2019
28 juin 201928 juin 2019L’Afrique du Sud travaille d’arrache-pied pour généraliser le dépistage du VIH et augmenter la su
L’Afrique du Sud travaille d’arrache-pied pour généraliser le dépistage du VIH et augmenter la suppression virale chez les patientes et patients suivant une thérapie antirétrovirale. Toutefois, l’actualisation annuelle du modèle Thembisa dévoilée au cours de la 9e conférence sud-africaine sur le sida organisée en juin indique que le pays n’a pas encore atteint ses objectifs en matière de couverture du traitement et de prévention du VIH.
Les résultats (version 4.2) ont été publiés par des chercheurs du Centre for Infectious Diseases Epidemiology and Research de l’université du Cap. Le modèle Thembisa sert à estimer l’état de l’épidémie du VIH et il est financé par l’ONUSIDA via une subvention octroyée par les United States Centres for Disease Control (CDC). Cette étude utilise des données en provenance de diverses sources dont des études récentes réalisées par le Human Sciences Research Council et le Medical Research Council of South Africa.
L’Afrique du Sud s’est engagée à atteindre l’objectif ambitieux 90–90–90 de l’ONUSIDA d’ici 2020. Le but de cette stratégie est d’assurer que 90 % des personnes vivant avec le VIH soient dépistées et connaissent leur statut, que 90 % des personnes vivant avec le VIH reçoivent un traitement et que 90 % des personnes recevant un traitement aient une charge virale supprimée. Les dernières estimations fournies par Thembisa montrent que la situation en Afrique du Sud à la mi-2018 était de 90–68–88. Cela signifie que la suppression totale de la charge virale parmi toutes les personnes vivant avec le VIH était de 55 %, soit 18 % en deçà de l’objectif de 73 %.
Le modèle Thembisa estime par ailleurs que le taux de dépistage du VIH et de traitement chez les hommes est inférieur à celui des femmes. Ainsi, en 2018, 47 % des hommes séropositifs voyaient leur charge virale supprimée contre 58 % pour les femmes. Cet écart est également visible dans le nombre annuel de décès imputables au sida. Il a certes reculé de moitié entre 2010 et 2018, mais la surreprésentation des hommes ne cesse d’augmenter.
Les femmes, quant à elles, représentaient 62 % des nouvelles infections au VIH chez les adultes entre 2017 et 2018. Le responsable du modèle Thembisa, Leigh Johnson, explique que deux facteurs entravent la réduction de l’incidence du VIH : d’une part, la faible couverture du traitement antirétroviral et la nécessité d’améliorer l’acceptation du traitement sur le long terme et les relations avec les malades, et d’autre part le recul notable de l’utilisation du préservatif. Il indique par ailleurs que les adolescentes et les jeunes femmes (15–24 ans) représentent 31 % des cas de transmission suite à une relation sexuelle et donc que cette tranche de la population mérite une attention toute particulière.
Les conclusions de l’étude Thembisa tirent la sonnette d’alarme face à la lenteur des progrès pour ce qui est de la réduction de l’incidence du VIH. Ce modèle estime à plus de 240 000 le nombre de nouvelles infections pour l’année dernière en Afrique du Sud, soit une baisse de moins de 40 % par rapport à 2010. L’objectif de l’ONUSIDA, cependant, est de réduire de 75 % les nouvelles infections par an entre 2010 et 2020. Pour y arriver, l’Afrique du Sud devrait passer sous la barre des 100 000 nouveaux cas d’ici mi-2020 ce qui la place face à un défi de taille.
Les conclusions du modèle Thembisa montrent que le KwaZulu-Natal, la province la plus touchée par l’épidémie du VIH, a réussi à réduire de 49 % les nouvelles infections par an entre 2010 et 2018. L’étude estime également qu’elles ont baissé de 55 % chez les enfants, passant de 29 000 en 2010 à 13 000 en 2018.
Pour en savoir plus sur l’étude et ses résultats, veuillez consulter le site Internet de Thembisa : https://thembisa.org/downloads