Reportage

Cinq directeurs et directrices pays de l’ONUSIDA à la tête de la riposte à la COVID-19

11 juin 2020

L’expérience de Celina Miranda, médecin et directrice pays de l’ONUSIDA au Salvador, s’est révélée très précieuse à l’heure de l’épidémie de COVID-19. Elle s’est sentie très honorée lorsque la coordonnatrice résidente des Nations Unies l’a nommée à la tête de l’équipe nationale de riposte à la COVID-19 au sein des Nations Unies.

« J’ai accepté ce défi, car j'ai acquis les compétences nécessaires pour gérer ce type de situations grâce à mon expérience professionnelle avec l’ONUSIDA sur le VIH », explique-t-elle.

À l’heure actuelle, elle s’est occupée de six cas confirmés de COVID-19 au sein du personnel de différentes agences des Nations Unies. « Quelques malades ont dû passer par l’hôpital, d’autres par la quarantaine volontaire, mais la phase critique de l’infection est dépassée pour tout le monde », ajoute Mme Miranda.

Le travail de coordination de la lutte contre la COVID-19 consiste en particulier à déterminer la capacité des hôpitaux locaux à recevoir et à soigner le personnel des Nations Unies et leurs proches. Le Salvador n’était pas prêt à affronter la pandémie, indique-t-elle, ce qui a compliqué la tâche.

Les équipes pays des Nations Unies ont nommé Mme Miranda et quatre de ses collègues responsables de la coordination de la lutte contre la COVID-19 dans leur pays respectif.

Pour Vladanka Andreeva au Cambodge, Yafflo Ouattara au Tchad, Job Sagbohan au Burkina Faso et Medhin Tsehaiu au Kenya, endosser une telle responsabilité est également un grand honneur.

Mme Andreeva explique comment les Nations Unies au Cambodge ont créé début mars une équipe interne de préparation et de riposte à la COVID-19. On s’est ensuite tourné vers elle pour diriger les efforts afin de garantir que les quelque 2 500 membres du personnel des Nations Unies et leurs proches ont accès aux informations, traitement, soins et soutien les plus à jour pour la COVID-19. Elle a élaboré un plan d’accès d’urgence destiné à la famille des Nations Unies et a encouragé la mise en place d’une procédure d’évacuation médicale, ainsi que des services d’assistance psychologique destinés au personnel.

M. Sagbohan est épidémiologiste et a travaillé pour l’Organisation mondiale de la Santé au cours des épidémies d’Ebola et de fièvre jaune. Il raconte avoir passé beaucoup de temps à rassurer le personnel pour qu'il surmonte le stress et la peur. « Les membres du personnel avaient peur. Ainsi, au cours du confinement, j’ai reçu jusqu’à 300 appels par semaine malgré les comptes rendus des assemblées générales virtuelles régulières qui leur étaient destinés dans tout le Burkina Faso. »

Et d’expliquer que malgré l’équipe restreinte et le manque de ressources de l’ONUSIDA par rapport à d’autres agences, les connaissances sur les maladies infectieuses ont été d’une grande aide. Il a rapidement demandé à avoir des contacts dans différentes organisations et a organisé un groupe de travail des Nations Unies contre la COVID-19. « J’ai pu m'appuyer sur le relais de personnes fiables et motivées pour m’aider et cela a fait toute la différence. »

Selon Yafflo Ouattara, la fonction de coordination de la lutte contre la COVID-19 convient parfaitement aux directeurs et directrices pays de l’ONUSIDA. « Nous avons l’habitude d’obtenir l’adhésion de nos cosponsors, nous avons donc le travail d’équipe dans la peau », dit-il. Au Tchad, son travail consiste principalement à étendre la couverture des unités de soins intensifs et d’établir un système de référence solide pour gérer les cas graves. Près de 7 000 personnes, membres du personnel des Nations Unies et leurs proches, vivent dans le pays, parfois à des endroits où les établissements de santé sont fermés la nuit.

À l’instar d'autres collègues, il a également apporté son aide au plan national d’urgence contre la COVID-19 afin de garantir que les personnes vivant avec le VIH accèdent à leur traitement et aux soins.

Il déclare que la pandémie a révélé au grand jour des lacunes importantes du système de santé du pays. « Non seulement des investissements essentiels dans les soins intensifs n’ont pas été faits, mais certains produits de première nécessité comme les gants, les masques ou le savon manquent tout simplement. »

Vivre dans un monde marqué par la COVID-19 ne se fait pas sans un certain nombre de changements. « [La crise] nous donne une chance d’intervenir et de nous faire entendre pour réformer les systèmes », déclare M. Ouattara.

Medhin Tsehaiu est d’accord avec lui. Elle est fière de l’implication de l’ONUSIDA dans des problématiques plus larges.

« Nous sommes bien là et nous contribuons activement et volontiers à notre part du travail », indique-t-elle. Mais elle est persuadée que la COVID-19 a changé pour toujours la manière de travailler.

Elle explique qu’avec toutes les réunions en ligne et l’arrêt des déplacements, le personnel était beaucoup plus disponible et qu’il n’y avait ainsi pas de temps mort dans la communication, mais que cela était très chronophage. « La crise nous rassemble, que cela nous plaise ou non, et cela nécessite une collaboration intense », continue Mme Tsehaiu.

Outre sa longue liste de tâches liées à sa fonction de coordinatrice pour la COVID-19, elle a lancé avec quelques autres personnes le fonds de solidarité des Nations Unies pour le Kenya. Après avoir pesé le pour et le contre, un compte en banque a été ouvert où le personnel peut choisir de faire des dons pendant trois mois afin que l’argent récolté soit distribué à des personnes dans le besoin.

« C’est une manière pour le personnel de montrer son empathie et son soutien à la population kényane en ces temps difficiles », indique-t-elle.

Pour ce qui est de la solidarité, Mme Andreeva explique que la pandémie a été véritablement un test pour la réforme des Nations Unies au niveau des pays, pas uniquement à propos de la riposte à la pandémie, mais aussi en ce qui concerne les aspects du devoir de diligence. Selon une étude menée en mai, 90 % du personnel au Cambodge indique que la direction des Nations Unies au niveau du pays prend les bonnes décisions pour gérer la crise.

Récemment, au cours d’une assemblée générale virtuelle rassemblant 300 membres du personnel des Nations Unies au Salvador, les retours étaient aussi positifs. Mme Miranda déclare ne pas chercher les éloges ni les remerciements supplémentaires. « Tout ce que j’aime, c’est aider les gens et les voir guérir, croquer la vie à pleines dents. »

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