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Statut sérologique inconnu : les jeunes et les hommes particulièrement concernés
17 décembre 2019
17 décembre 2019 17 décembre 2019Il est essentiel que les personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique. Ainsi, elles peuvent avoir accès à un traitement pour rester en bonne santé. Et lorsque leur charge virale atteint un niveau indétectable grâce au traitement, elles ne peuvent plus transmettre le virus à leurs partenaires sexuels. Néanmoins, le pourcentage de personnes connaissant leur statut sérologique varie selon les régions et les tranches de la population.
En Afrique orientale et australe, par exemple, les jeunes et les hommes vivant avec le VIH en sont généralement moins conscients que les femmes. Alors que près de 90 % des femmes de plus de 25 ans porteuses du virus connaissaient leur statut en 2018 (résultat imputable principalement aux efforts visant à empêcher la transmission de la mère à l’enfant du VIH), seuls 80 % des hommes de la même classe d’âge, 66 % des jeunes femmes et 50 % des jeunes hommes (ces deux groupes comprenant des individus âgés de 15 à 24 ans) savaient qu’ils étaient séropositifs. Quant à l’Afrique occidentale et centrale, ces écarts y sont encore plus criants.
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Supprimer les barrières à la PPrE
09 décembre 2019
09 décembre 2019 09 décembre 2019La prophylaxie pré-exposition (PPrE) orale s’est montrée très efficace dans la réduction des nouvelles infections lorsqu’elle est proposée en tant qu’option supplémentaire de prévention du VIH chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, aux personnes transgenres et aux travailleur(se)s du sexe.
Cette méthode est à présent déployée en Afrique subsaharienne où elle s’adresse aux couples sérodifférents, ainsi qu’aux adolescentes et aux jeunes femmes qui sont exposées à un risque supérieur de contamination. Ce moyen de prévention est bien accepté lorsque des mesures sont prises pour lutter contre la stigmatisation et les idées préconçues dans les communautés, lorsque les femmes et les filles disposent d’informations précises et pertinentes sur la PPrE et lorsque cette solution est présentée comme une méthode de prévention autonomisante et un choix en faveur d’une vie épanouie.
Cependant, pour continuer à étendre l'accès à la PPrE dans le monde, les pays doivent se pencher sur les aspects réglementaires et sur les obstacles qui empêchent les personnes souhaitant l’utiliser de le faire
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Mettre un terme au sida, c’est l’affaire de toutes et tous
02 décembre 2019
02 décembre 2019 02 décembre 2019Alors que nous sommes rassemblés aujourd’hui pour la Journée mondiale de lutte contre le sida 2019, nous nous souvenons que le nombre de personnes nouvellement infectées par le VIH et mourant de maladies opportunistes ne recule pas suffisamment vite, et ce, malgré des progrès incroyables. Nous nous souvenons que, malgré ces avancées, des besoins énormes restent insatisfaits. Les ressources allouées à la riposte au sida doivent être renforcées. Nous nous souvenons que 38 millions de femmes, d’hommes et d’enfants vivent aujourd’hui avec le VIH. Nous nous souvenons que, malgré les efforts réalisés dans le monde entier, le sida reste l’une des premières menaces pour la santé et le développement de notre époque.
La riposte au VIH soude toutefois le monde comme aucune autre crise sanitaire avant elle. Elle nous a appris que nous devons écouter les personnes infectées et celles les plus exposées aux risques pour apprendre d’elles. Le sida nous a appris que nous devons nous attaquer aux corrélations dramatiques entre santé, injustices, inégalités, pauvreté et marginalisation. Le sida nous a également appris que le défi présenté par l’éradication de l’épidémie est bien trop important pour qu’un secteur puisse le relever à lui seul.
Les gouvernements, les organisations non gouvernementales, la société civile, les communautés et les entreprises, tous disposent de ressources et de compétences propres et complémentaires pour faire une différence dans le cadre de la riposte internationale au sida. Lorsque plusieurs secteurs réussissent à mettre leurs atouts en commun, alors l’impact augmente considérablement.
Les entreprises ont été et continuent d’être partie intégrante de la riposte au sida. Elles jouent un rôle que ce soit pour lutter contre la stigmatisation liée au VIH/sida, pour instaurer des collaborations vitales avec des compagnies de tous les secteurs, pour mettre en place des programmes de traitement, de diagnostic et de prévention sur le lieu du travail et dans les communautés environnantes...
Aujourd’hui, dans chaque région du monde, les entreprises les plus performantes sont totalement intégrées aux sociétés autour d’elles. Les entreprises reconnaissent que le bien-être de leurs employé(e)s et de leurs partenaires, mais aussi des communautés au sein desquelles elles évoluent et qu’elles servent, est essentiel à leur futur commun.
Mettre fin à l’épidémie du sida sans que la riposte oublie quiconque changera profondément la vie de millions de personnes à travers le monde, pour les générations à venir, et les entreprises peuvent faire la différence. C’est la raison pour laquelle, les leaders économiques, autrement dit, nous, sommes déterminés à jouer notre rôle. Nous souhaitons renouveler notre engagement pour mettre fin au sida.
Nous enjoignons aux entreprises de s’engager dans la mesure de leurs moyens ; de proposer des services liés au VIH sur le lieu du travail à leur personnel, aux personnes à leur charge et aux communautés ; de proposer des compétences, de l’expertise et des ressources institutionnelles ; de créer des partenariats avec le secteur public, les organisations non gouvernementales et communautaires locales ; mais aussi de militer à tous les niveaux pour aider les personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus. Le leadership des entreprises dans le domaine du VIH a le potentiel de faire une différence depuis la base de la société jusqu’aux plus hautes sphères internationales de prise de décision.
Ce que nous faisons aujourd’hui aura un impact demain. Guidés par la vision de l’ONUSIDA, à savoir zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro mort liée au sida, et en collaboration avec GBCHealth, nous pouvons faire la différence et, ensemble, nous pourrons mettre fin au sida d’ici 2030.
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Discours de Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA à Orkney, dans la province sud-africaine du Nord-Ouest
01 décembre 2019
01 décembre 2019 01 décembre 2019Je suis honorée et très heureuse d’être ici parmi vous à Orkney, dans la province sud-africaine du Nord-Ouest, pour passer ma première Journée mondiale de lutte contre le sida depuis ma nomination au poste de Directrice exécutive de l’ONUSIDA.
Merci beaucoup pour l’accueil chaleureux que m’a manifesté votre communauté.
Lors de la Journée mondiale de lutte contre le sida, mais aussi toute l’année, nous nous souvenons des millions de vies perdues des suites du VIH au cours des 40 dernières années, dont plus de 3,5 millions rien qu’en Afrique du Sud. Des vies arrachées par le désespoir, la stigmatisation et l’exclusion.
Nous pensons aussi aux difficultés et à la résilience de toutes les personnes en vie aujourd’hui grâce aux progrès extraordinaires que le monde a réalisés contre l’épidémie.
Je commencerai par rendre hommage à votre mouvement de libération qui a pris ses racines dans les townships de toute l’Afrique du Sud. Votre lutte a inspiré et motivé le monde entier pour agir afin de mettre un terme au système pervers de l’apartheid. Amandla !
Le monde a le regard rivé sur l’Afrique du Sud
Le monde a une nouvelle fois le regard rivé sur l’Afrique du Sud.
Après avoir commencé sur le tard, vos efforts contre le sida enregistrent aujourd’hui des résultats remarquables ! Plus de 5 millions de Sud-Africains vivant avec le VIH suivent maintenant une thérapie antirétrovirale. Cela représente 20 % des personnes ayant accès à un traitement dans le monde.
Entre 2010 et 2018, le nombre de décès liés au sida a reculé de 53 %.
Plus de 95 % des femmes séropositives enceintes suivent un traitement.
L’incidence du VIH a quant à elle baissé de 44 % entre 2012 et 2017. C’est incroyable !
Mais même ici en Afrique du Sud, malgré tous ces progrès, nous ne pouvons pas relâcher nos efforts, car nous avons encore beaucoup de chemin à faire. En effet, près de 2,5 millions de personnes vivant avec le VIH ne suivent toujours pas de traitement. Nous avons encore du travail. Chaque semaine, plus de 1 400 adolescentes et jeunes femmes sont contaminées. Nous ne pouvons tolérer cela.
Ainsi, aujourd’hui, pour la Journée mondiale de lutte contre le sida, ici en Afrique du Sud et dans le monde entier, engageons-nous pour surmonter les défis et les barrières qui se dressent toujours sur notre chemin.
Les gouvernements se sont engagés à mettre fin au sida d’ici 2030. Nous devons tenir cette promesse. Toutefois, nos efforts actuels ne suffiront pas.
Je vais maintenant présenter cinq aspects essentiels pour éradiquer le sida. Ils nécessitent d’accélérer et de concentrer notre action.
Les femmes et les filles payent le plus lourd tribut
Premièrement, nous n’arriverons pas éradiquer le sida sans faire de progrès considérables dans le domaine des droits des femmes et des filles, ainsi que de l’égalité des sexes en Afrique.
Il est inacceptable que, dans le monde entier, le VIH reste la première cause de mortalité pour les femmes âgées de 15 à 49 ans.
Des millions de femmes et de filles pauvres ne sont pas autorisées à prendre des décisions sur leur santé et leur corps.
Dans le monde, quinze millions d’adolescentes (âgées de 15 à 19 ans) ont été victimes de rapports sexuels non consentis au cours de leur vie.
Trois milliards de femmes et de filles vivent dans des pays où le viol conjugal n’est pas un crime.
Ça suffit.
Toutes les femmes et les filles doivent avoir le droit de choisir si elles veulent des rapports sexuels et avec qui, ainsi que leur méthode de protection.
Nous avons besoin que toutes les jeunes femmes et les filles soient autonomes, mises sur un pied d’égalité avec les hommes et les garçons, et puissent être les actrices de leur vie.
Alors que nous savons que la scolarité des filles réduit leur risque d’infection au VIH, nous devons les autonomiser sans exception afin qu’elles restent à l’école.
Nous devons fédérer le potentiel de différents mouvements : celui de la lutte contre le VIH, ainsi que des mouvements de jeunes et de femmes, et ce, afin de promouvoir l’égalité des sexes et mettre fin aux violences basées sur le genre. Ainsi, nous parviendrons à battre le sida.
Deuxièmement, nous devons protéger les droits de l’homme de tous, mettre fin à la marginalisation et à la terrible injustice qu’est la mortalité liée au sida.
Même si nous pouvons nous réjouir que 24,5 millions de personnes dans le monde suivent aujourd’hui un traitement efficace, ce n’est toutefois pas encore suffisant au vu des 770 000 décès liés à une maladie opportuniste en 2018.
Il serait déplacé d’accepter qu’en 2019, des personnes vivant avec le VIH continuent de mourir du sida.
Il ne s’agit pas d’un problème scientifique. Il s’agit plutôt d’une question touchant aux inégalités, à l’impuissance et à l’exclusion. Et ça, nous pouvons le changer.
Le système fonctionne enfin pour des millions de personnes vivant avec le VIH, mais il continue de faire défaut aux populations marginalisées : les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les travailleur(se)s du sexe, les personnes transgenres, consommatrices de drogue ou incarcérées, les travailleur(se)s étranger(ère)s et les migrant(e)s.
En 2018, plus de la moitié des nouvelles infections au VIH dans le monde ont touché les populations clés et leurs partenaires.
Les injustices sociales et les violations des droits de l’homme favorisent l’épidémie du VIH. Nous devons les combattre, sinon nous perdrons la bataille de la prévention du VIH.
Chacun a le droit d’avoir accès à la santé et aux informations, ainsi que d’être traité avec respect et dignité.
En cette Journée mondiale de lutte contre le sida, j’appelle tous les pays à abroger les lois qui discriminent et criminalisent des groupes de personnes et les empêchent d’accéder à des services vitaux.
Troisièmement, nous devons utiliser les avancées scientifiques et technologiques pour sauver des vies. Le monde a déjà dépensé des milliards de dollars pour mettre au point les tests les plus rapides de l’histoire, le meilleur traitement possible ainsi que de nouveaux outils de prévention comme la prophylaxie pré-exposition (PPrE) et d’autres méthodes contrôlées par la femme.
À présent, il s’agit de les mettre en place dans chaque communauté et dans chaque pays.
Ici, en Afrique du Sud, vous avez fait des progrès impressionnants en vue d’atteindre l’objectif 90–90–90 :
· 90 % des Sud-Africains vivant avec le VIH connaissent leur statut.
· 68 % d’entre eux suivent un traitement contre le VIH.
· Et 88 % de ces derniers ont une charge virale indétectable. Et nous savons qu’indétectable = intransmissible (I = I).
Je souhaite également souligner les progrès de certains districts, ici, en Afrique du Sud, qui ont atteint l’objectif 90–90–90 avant la date butoir.
Mais où en serait aujourd’hui le premier 90 sans l’utilisation des tests rapides ?
Où en serait votre deuxième 90 s’il fallait toujours attendre des mois ou des années pour obtenir un traitement ?
Et combien de personnes auraient vu leur charge virale supprimée s’il fallait encore suivre un régime thérapeutique composé de 3, 6, voire 12 comprimés par jour au lieu d’un comprimé combiné à dose fixe ?
Dans des cliniques et des pays à travers le monde, ces moyens d’un autre temps nous empêchent d’atteindre l’objectif 90–90–90. Nous ne pourrons pas mettre fin à l’épidémie du sida au 21e siècle si nous continuons d’utiliser des outils et des stratégies du 20e siècle.
La science et l’innovation développent leur plein potentiel uniquement lorsqu’elles sont mises entre les mains de la population.
Il ne nous reste plus que 13 mois pour atteindre l’objectif 90–90–90, nous avons encore fort à faire et tant de vies à sauver.
Aujourd’hui, j’appelle chaque ministre de la Santé, chaque programme national contre le sida, chaque organisation communautaire à faire preuve d’audace et à ne plus attendre pour passer à la vitesse supérieure. Amenons la science, l’innovation et la technologie à apporter leur contribution aux personnes.
Les organisations communautaires indépendantes demandent des comptes
Quatrièmement, les organisations communautaires sont au cœur du rapport de l’ONUSIDA publié lors de la Journée mondiale de lutte contre le sida.
Vendredi dernier, j’ai visité la clinique Block X de Tshwane et j’ai rencontré des personnes exceptionnelles vivant avec le VIH. J’ai découvert le projet Ritshizde qui rassemble cinq organisations majeures de personnes vivant avec le VIH sous la férule de l’association sud-africaine Treatment Action Campaign. J’ai vu la manière dont il pousse les communautés à demander des comptes. Il invite les personnes vivant avec le VIH à contrôler les services auxquels elles ont accès, lutter pour changer la forme des services fournis et placer les officiels, ainsi que les fournisseurs de services devant leurs responsabilités.
Nous pouvons dépenser des milliards de dollars ou de rands pour construire de superbes cliniques afin de distribuer des millions de médicaments. Mais nous n’arriverons vraiment à faire une différence pour les personnes que si nous donnons la possibilité aux organisations communautaires à la base de la société de placer les fournisseurs de services devant leurs responsabilités et de dévoiler les injustices.
Ici, en Afrique du Sud, j’ai entendu parler de l’Operation Sukhuma Sakhe. Ils’agit d’un modèle de développement communautaire au KwaZulu-Natal qui place les communautés au centre du développement. Il s’agit d’une approche intégrée pour autonomiser les communautés, prendre en compte les forces traversant la société, ainsi que lutter contre la pauvreté et les inégalités. Je salue la décision de Monsieur le Ministre de la Santé, Zweli Mkhize, pour avoir lancé ce programme alors qu’il était Premier du KwaZulu-Natal.
Financer la fin du sida
Pour finir, nous n’arriverons pas à mettre fin au sida sans les ressources pour tenir la distance.
Nous saluons l’engagement du gouvernement sud-africain pour financer la lutte contre le VIH à hauteur de près de 2 milliards de dollars par an à partir de ressources publiques nationales. L’Afrique du Sud est pionnière dans les investissements en faveur de la lutte contre le sida. J’invite tous les gouvernements à suivre son exemple.
L’Afrique, la région la plus touchée par l’épidémie, est toutefois confrontée à des défis économiques importants qui mettent en danger sa capacité d’investissement dans les soins de santé pour tous ses habitants.
Quatre problèmes sont ici à prendre en compte.
Le premier est l’évasion fiscale. Des milliards de dollars de bénéfices quittent l’Afrique vers des paradis fiscaux offshore ce qui réduit la capacité des gouvernements africains à investir dans le domaine de la santé et d’autres projets de développements prioritaires et vitaux.
Aucun gouvernement ne peut résoudre à lui seul le problème de l’évasion fiscale des entreprises. Les pays d’Afrique, les grands perdants, doivent exiger une action concertée, internationale et rapide. La procédure BEPS 2.0 encouragée par le Groupe des 20 et jouissant de l’assistance technique de l’Organisation de coopération et de développement économiques est un pas dans la bonne direction.
Le second problème est la stagnation frustrante, voire le recul, de la mobilisation des ressources nationales dans toute l’Afrique. Malgré une décennie d’embellie économique, les réformes fiscales progressistes qui auraient pu permettre d’allouer des enveloppes plus importantes aux investissements sociaux n’ont pas vu le jour. Les pays africains ne disposent pas des systèmes pour récolter les impôts et les taxes des investissements privés, en particulier ceux des entreprises internationales. Ils n’arrivent pas à obtenir les ressources dont ils ont besoin.
Le troisième problème est la dette. Entre 2008 et 2017, les impôts collectés par rapport au produit intérieur brut ont reculé (de 20 % à 18 %), alors que la masse de la dette a augmenté de 10 % par an. Alors que les emprunts ont permis jusqu’à présent aux économies africaines de prospérer, ils sont devenus un problème majeur.
La moitié des pays à faible revenu en Afrique sont déjà en situation de surendettement ou à la limite. Le remboursement de la dette ronge aujourd’hui les budgets publics, ce qui menace ce qui nous est le plus cher : les investissements de santé publique, notamment la riposte au sida.
Deux exemples. Au cours des trois dernières années (entre 2015 et 2018), les dépenses de santé au Kenya ont chuté de 9 %, alors que le service de la dette a augmenté de 176 %. En Zambie, les chiffres sont encore plus édifiants : les dépenses de santé ont baissé de près de 30 % et le service de la dette a cru de 790 %.
L’Afrique est entrée dans une nouvelle crise de la dette.
Les personnes vulnérables, dont celles vivant avec le VIH, ne doivent pas payer les pots cassés. L’ONUSIDA va collaborer avec les pays africains en vue de trouver des solutions pour sortir de cette situation tout en protégeant et en augmentant les investissements dans les soins de santé universels, y compris dans la riposte au sida.
Le cinquième et dernier problème touche à la responsabilité partagée pour mettre fin au sida. Chers partenaires et donateurs rassemblés ici aujourd’hui, je vous prie de ne pas relâcher vos efforts en cette période difficile. La part de l’aide allouée à la santé publique a stagné ces dernières années. Il faut renverser la vapeur.
Sur une note plus positive, le mois dernier, dans le cadre de la reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial), les dons de gouvernements et de fondations ont atteint un niveau historique en réponse à l’appel du président français, Emmanuel Macron. Cela prouve bien que la solidarité internationale existe encore. Elle n’a jamais été aussi forte.
Nous ne pouvons pas permettre que les plus démunis et les plus vulnérables payent de leur vie.
J’appelle tous les donateurs, les partenaires de développement, les fondations et le secteur privé à aller encore plus loin. Même avec la reconstitution du Fonds mondial et le soutien incroyable apporté par le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida, il nous reste à combler le manque toujours croissant d’investissements nécessaires pour mettre fin une bonne fois pour toutes au sida.
Conclusion
Chers camarades, nous pouvons battre le sida si nous concentrons notre action, intensifions et accélérons notre travail pour atteindre l’objectif 2030.
Nous devons faire reculer le patriarcat, autonomiser les femmes et les filles, et éradiquer les violences à leur encontre.
Nous devons lutter contre la stigmatisation, la discrimination et la criminalisation, et garantir les droits de l’homme à tous les groupes marginalisés.
Nous devons investir dans davantage d’innovations scientifiques touchant à la prévention, au dépistage, au traitement et aux soins, mais aussi autonomiser les organisations communautaires afin qu’elles prennent les rênes de la riposte sur le terrain. Nous devons trouver des solutions nationales pour assurer la pérennité du financement des ripostes au sida. Nous pouvons réussir tout cela. Nous disposons d’une incroyable feuille de route pour réussir !
Et si nous réussissons, nous ne mettrons pas uniquement fin au sida. Nous obtiendrons aussi des sociétés plus justes, plus égalitaires et dont les membres seront en meilleure santé.
Nous aurons instauré des sociétés reposant sur l’égalité des sexes et la justice pour tous.
Nous vivrons des existences où chacun est apprécié à sa juste valeur et peut jouir de ses droits, et où personne n’est oublié.
C’est le message que j’envoie pour la Journée mondiale de lutte contre le sida. C’est le message du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Le monde n’a plus qu’un an et un mois pour atteindre les objectifs 2020.
Le monde n’a plus que 11 ans pour tenir sa promesse de mettre fin à l’épidémie de sida et pour réaliser les Objectifs de développement durable.
Nous n’avons pas une seconde à perdre. Nous pouvons y arriver.
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Augmentation continue du nombre de personnes suivant un traitement contre le VIH
02 décembre 2019
02 décembre 2019 02 décembre 2019Pour les personnes vivant avec le VIH, suivre un traitement présente deux avantages : elles restent en bonne santé et, si leur charge virale atteint un niveau indétectable, alors elles ne peuvent plus transmettre le virus à leurs partenaires sexuels.
Le nombre de personnes séropositives suivant une thérapie antirétrovirale continue d’augmenter. On l’estimait à 24,5 millions à la mi-2019, soit plus du double par rapport à 2012. Toutefois, l’intensification de l’accès au traitement accuse toujours un retard par rapport à l’objectif de 30 millions de personnes vivant avec le VIH prenant des antirétroviraux fixé pour fin 2020. Avec une population de 37,9 millions de personnes séropositives à la fin 2018, l’écart entre les besoins et l’accès réel au traitement est encore trop important.
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Discours de Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA à l’occasion de la publication du rapport de l’ONUSIDA, Power to the people
26 novembre 2019
26 novembre 2019 26 novembre 2019Introduction
Madame la ministre, Monsieur le gouverneur adjoint James Nyoro, chers collègues du système des Nations Unies. Jambo !
Vous êtes mes héros, vous, les bénévoles du secteur de la santé dans les communautés. Je suis heureuse d’être aujourd’hui parmi vous, ici, dans le comté de Kiambu au Kenya.
Je vous remercie de l’accueil chaleureux que nous a réservé votre communauté à l’occasion de la publication du rapport de l’ONUSIDA, Power to the people.
Merci à vous, les jeunes. J'exprime, en particulier, toute ma gratitude à la jeune handicapée qui vient de s’adresser à nous. Elle nous rappelle que toutes les personnes vivant avec le VIH ne se ressemblent pas. Elles sont toutes différentes et, par conséquent, nous devons adopter une approche inclusive. Nous ne l’oublierons pas. Nous allons agir en conséquence.
Je souhaite aussi exprimer mes sincères condoléances et ma solidarité aux habitants de West Pokot qui ont perdu des êtres chers et leurs biens suite à des pluies torrentielles et à des glissements de terrain. Je compatis avec votre douleur.
Publication du rapport Power to the people
Je suis ici aujourd’hui, car l’Afrique reste le continent le plus touché par l’épidémie du VIH.
Plus de 25 millions de personnes vivent avec le virus en Afrique subsaharienne, soit plus des deux tiers des 37,9 millions de cas dans le monde entier.
Je suis ici également, car de nombreux pays d’Afrique sont pionniers pour mettre fin à l’épidémie du sida. Nous sommes des héros, nous luttons contre l’épidémie.
Au Kenya, les décès liés au sida ont reculé de plus de 50 % depuis 2010 et les nouvelles infections au VIH de 30 %. C’est extraordinaire d’arriver à de tels résultats en si peu de temps.
Aujourd’hui, je suis en mesure d’annoncer que, dans le monde, 24,5 millions de personnes vivant avec le VIH ont désormais accès à un traitement qui leur sauve la vie. Il s’agit d’une excellente nouvelle et d’un grand pas en avant.
Rejoindre le marathon pour mettre fin au sida
Aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres pour moi.
Je présente en effet mon premier rapport de l’ONUSIDA.
Au travers de ce nouveau document, je rends hommage aux familles et aux communautés dévastées par le sida, aux groupes de citoyennes et aux organisations communautaires qui ont créé une mobilisation et transformé la riposte au sida. Merci beaucoup. Nous vous devons énormément.
Dans les villages de mon pays, les femmes se sont regroupées, ont acheté des casseroles et des couvertures, ont pris soin les unes des autres, ont enterré les morts et elles n’ont laissé personne souffrir seul. Ce sont les femmes de nos communautés qui ont fait cela.
Aujourd’hui, je promets que l’ONUSIDA va prendre de grandes mesures et un nouveau cap.
Lutter contre les inégalités et la pauvreté
Le premier aspect consiste à s’attaquer aux inégalités et aux injustices qui favorisent l’épidémie de VIH.
Le sida meurtrit les personnes vivant dans la pauvreté. C’est un problème pour tout le monde, mais en particulier pour les plus pauvres.
Nous devons lutter contre cette inégalité. Nous ne pouvons pas accepter que certaines personnes obtiennent un traitement et vivent de longues années, alors que d’autres n’ont pas accès aux soins de santé et meurent du sida.
Nous devons lutter contre les inégalités, sortir les personnes de la pauvreté.
Nous devons fournir davantage de services : éducation, santé, protection sociale. Ainsi, nous mettrons fin au sida.
L’égalité des sexes et les droits des femmes sont essentiels
Nous devons promouvoir les droits des femmes si nous voulons mettre fin au sida. Par conséquent, le second aspect dans notre course contre l’épidémie consiste à nous attaquer aux inégalités entre les sexes.
Malgré les progrès en matière de prévention et de traitement, le VIH reste la première cause de mortalité dans le monde pour les femmes âgées de 15 à 49 ans.
Chaque semaine, 6 000 nouvelles jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont infectées par le virus.
En Afrique subsaharienne, le taux de contamination au VIH est beaucoup plus élevé chez les jeunes femmes et les filles que chez les hommes et les garçons.
Là-bas, les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont deux fois plus de risques de vivre avec le VIH que les hommes du même âge.
Nous devrions avoir honte de ces chiffres.
Cette injustice basée sur le genre a des conséquences tragiques. Pourquoi les jeunes femmes sont-elles plus vulnérables ?
Si nous souhaitons tenir nos promesses, nous devons mettre un terme aux rapports déséquilibrés entre les genres qui accentuent l’exposition et la vulnérabilité au VIH.
Nous devons devenir les hérauts de l’égalité des sexes et autonomiser les jeunes femmes et filles afin de transformer nos sociétés.
Dans le monde entier, une femme sur trois sera victime de harcèlement sexuel ou physique au cours de sa vie.
Dans beaucoup trop de nos communautés, la première expérience sexuelle d’une femme est marquée par la violence et a lieu sous la contrainte. C’est une réalité.
Hier, nous avons lancé une campagne de 16 jours contre la violence basée sur le genre. Chaque jour, nous devrions nous engager en faveur de l’égalité pour les femmes et les filles afin de mettre un terme à leur vulnérabilité face à aux violences.
Ici, au Kenya, je suis préoccupée par le taux de féminicides.
Aucune semaine ne se passe sans que les médias relatent l’histoire d’une femme, souvent d'une jeune femme, tuée par son partenaire.
Nous devons nous engager pour ces femmes, demander justice et mettre fin à la situation d’impunité. Le monde doit devenir un endroit sûr pour chacune d’entre nous.
L’ONUSIDA va accorder une attention accrue à la lutte contre les lois, traditions, cultures et pratiques qui autorisent et perpétuent la violence basée sur le genre. Le corps d’une femme n’appartient qu’à elle.
Il est urgent pour nous de garantir que toutes les femmes et filles, quel que soit leur âge, aient librement accès aux services de santé de la reproduction et sexuelle.
Nous ne pouvons pas accepter que des millions de femmes n’aient pas à leur disposition de moyens de contraception, car nous savons pertinemment que ce droit est essentiel à leur autonomisation dans tous les aspects de leur vie.
Nous faisons également du tort à des millions de jeunes qui n’ont toujours pas accès aux services fondamentaux de santé dont ils ont besoin : préservatifs gratuits, test du VIH sans autorisation parentale et prophylaxie pré-exposition.
Par ailleurs, garantir que les filles demeurent scolarisées réduit leur risque d’infection au VIH. Nous devons nous assurer que l'ensemble des jeunes puisse rester à l’école, et que chaque établissement fournisse une éducation sexuelle complète et de qualité afin que ces jeunes aient des connaissances sur leur corps et leur santé.
L’ONUSIDA et ses coparrainants : le Fonds des Nations Unies pour la population, l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, ainsi que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, vont s’engager en faveur des femmes et des filles, en particulier en Afrique.
Droits humains
Les droits humains sont le troisième aspect que je nous demande de prendre en compte aujourd’hui.
Les droits humains et civiques des femmes et filles, gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, travailleur(se)s du sexe, ainsi que des personnes transgenres, consommatrices de drogue ou incarcérées sont bafoués.
Sans juger ces populations, nous devons nous assurer qu’elles ont accès aux services liés au VIH afin de pouvoir mettre fin à cette maladie. Nous devons les considérer comme des citoyennes et des citoyens à part entière jouissant de leur droit à la santé et profitant de services qui les protègent du VIH ainsi que leurs partenaires.
Un tiers des populations clés ne connaît pas son statut sérologique.
Dans de nombreux pays, nous constatons que des lois continuent de pénaliser les populations clés ou de discriminer les personnes vivant avec le VIH. Par conséquent, elles doivent entrer dans la clandestinité et se cacher, et perdent ainsi leur droit à la santé.
Les mesures répressives, les restrictions et les campagnes visant les groupes gays, bisexuels, transgenres et intersexuels sont inacceptables.
On continue de juger et de condamner des jeunes pour leur identité et leur orientation sexuelle.
Nous n’arriverons jamais à mettre fin au sida, sauf si les droits humains sont garantis à tous et à toutes, notamment aux populations clés.
Financements et ressources
Malgré les progrès réalisés ces dernières années, les ressources disponibles pour mettre fin à l’épidémie du sida ne suffisent toujours pas. Les pays pauvres continuent de rencontrer des difficultés pour financer leurs besoins : santé, éducation, routes, eau, équipements sanitaires.
La santé devrait avoir la priorité absolue. Nous n’arriverons en effet pas à aller de l’avant sans une population en bonne santé.
Deux tiers des pays d’Afrique font toujours payer les soins et des millions de personnes vivent dans la peur de tomber malade, ce qui pourrait les précipiter dans l’extrême pauvreté.
Malgré l’engagement international pour mettre en place la couverture sanitaire universelle, la part de la population mondiale payant elle-même des frais de santé aux conséquences funestes n’a fait qu’augmenter au cours des cinq dernières années. La santé ne devrait pas être un privilège réservé aux riches, elle devrait être un droit pour tous et toutes.
La dette publique, quant à elle, dépasse 50 % du produit intérieur brut dans la moitié des pays d’Afrique subsaharienne. Disposant d’une faible marge de manœuvre budgétaire, les gouvernements doivent trouver des moyens de financer leur riposte au VIH sur le long terme. Nous souhaitons collaborer avec eux pour trouver des solutions, libérer une marge de manœuvre budgétaire et les aider à gérer leurs priorités alors que leur budget est impacté par le remboursement de la dette.
Au cours de la reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme organisée il y a peu, les pays et les fondations ont fait une avance financière historique en vue de mettre fin au sida. Toutefois, il reste encore fort à faire pour garantir que chaque dollar, euro et shilling soient utilisés à bon escient.
Dans de nombreux pays à revenu intermédiaire, les gouvernements payent des milliers de dollars en plus pour la même qualité de médicaments mis à disposition des pays à faible revenu pour seulement quelques centimes par jour. Cela est inacceptable. Nous allons tout faire pour réduire cette facture.
L’accès universel à des soins de santé de qualité n’est pas une marchandise, c’est un droit humain.
Conclusion
Je ne sous-estime pas les défis qui nous attendent, mais je suis impatiente de voir les progrès qui seront faits pour les populations. Nous marchons sur les traces des personnes qui ont lutté avant nous. Nous nous devons de réussir.
Les points que je viens d'aborder exigent des changements urgents.
Des changements dans notre conception du possible et de l’impossible.
Offrir des soins de santé à tous et à toutes, ce n’est pas impossible.
Des changements sur la rapidité de nos actions.
Des changements dans la manière dont nous travaillons en tant qu’ONUSIDA. Nous devons nous regarder dans le miroir.
Mais gardons une conviction : nous pouvons mettre fin au sida.
J’ai perdu des êtres qui m’étaient chers.
Ouvrons la voie à un avenir d'accès universel à la santé.
Madame la ministre, mesdames, messieurs les activistes qui êtes ici aujourd’hui, mes vœux de réussite vous accompagnent. Vous avez le soutien de l’ONUSIDA.
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Les travailleur(se)s du sexe ont rarement accès à la prévention du VIH
18 novembre 2019
18 novembre 2019 18 novembre 2019Malgré la multiplication d’outils et de méthodes efficaces de prévention du VIH, ainsi que la démocratisation de la thérapie antirétrovirale au cours des dernières années, les progrès restent insuffisants pour réduire les nouvelles infections. Ces dernières n’ont en effet reculé que de 16 % dans le monde depuis 2010.
La Déclaration politique de 2016 sur le VIH et le sida de l’Assemblée générale des Nations Unies appelle toutefois les pays à garantir que 90 % des personnes exposées à un risque d’infection au virus aient accès à des services complets de prévention d’ici 2020. Malheureusement, dans bien des cas, les travailleur(se)s du sexe et d’autres populations clés n’ont pas accès aux services de prévention nécessaires. Les données pays fournies à l’ONUSIDA au cours des trois dernières années révèlent que la couverture apportée par les services de prévention combinée du VIH est très contrastée.
Il suffit de voir que les travailleuses du sexe ont 21 fois plus de risque de contamination par rapport à la population générale pour comprendre qu’un accès à des options adaptées de prévention du VIH est vital.
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Déclaration d’engagement pour intensifier les efforts en vue de mettre fin au sida, d’éliminer les injustices sociales, mais aussi d’atteindre les femmes et filles laissées pour compte
12 novembre 2019
12 novembre 2019 12 novembre 2019Cette année marque le 25e anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) qui a vu 179 gouvernements adopter un Programme d’action historique. Ce document affirme clairement que les droits à la santé de la reproduction font partie intégrante des droits humains, qu’ils sont essentiels à l’autonomisation et à l’émancipation des femmes et des filles, mais aussi pour parvenir de manière plus générale à l’égalité des sexes et au développement durable.
Du 12 au 14 novembre, les gouvernements kenyan et danois ainsi que le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) organisent ensemble le Sommet de Nairobi dont l’objectif est de mobiliser la volonté politique et les engagements financiers nécessaires pour mettre enfin en place le Programme d’action dans sa totalité.
Au cours de cette conférence, l’ONUSIDA soulignera l’importance de la prévention, du traitement et des soins liés au VIH en tant que partie intégrante de l’agenda de la CIPD. L’ONUSIDA se prononcera également en faveur de services de santé de la reproduction et sexuelle pour tous, ainsi que pour l’accès à des services adaptés aux besoins des adolescentes et des jeunes femmes.
Le premier jour de cette conférence, la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a fait une déclaration d’engagement au nom du Secrétariat de l’ONUSIDA en vue d’intensifier les efforts pour mettre fin au sida, d’éliminer des injustices sociales, mais aussi d’atteindre les femmes et filles laissées pour compte.
En ma qualité de Directrice exécutive de l’ONUSIDA et de coorganisatrice de la Global HIV Prevention Coalition (GPC), je vais accélérer les activités inachevées du Programme d’action de la CIPD, de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, ainsi que de la Déclaration politique sur le VIH et le sida.
Chaque semaine, 6 200 adolescentes et jeunes femmes sont infectées du VIH. La mortalité maternelle est la première cause de décès chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans. Cette situation est intolérable, immorale et déraisonnable, et ce, 25 ans après Le Caire.
Malgré les progrès réalisés dans la prévention du VIH auprès des adolescentes et des jeunes femmes, trop restent encore oubliées, en particulier celles victimes de formes croisées de stigmatisation, de discrimination et d’inégalités. Elles sont ainsi exposées à un risque élevé de contamination au VIH et aux IST, de grossesse non désirée, d’avortement dangereux, mais aussi de violences basées sur le genre et de pratiques néfastes. Rien de surprenant à cela : les normes et les tabous liés au genre et touchant à leurs vies et droits sexuels et de la reproduction sont omniprésents, l’accès à une éducation sexuelle complète reste limité et la piètre qualité des services réduit leurs choix et n’arrive pas à apporter aux jeunes femmes toutes les interventions nécessaires à leur émancipation. Le GPC estime qu’en 2018, moins de la moitié des zones à forte prévalence du VIH disposait de programmes de prévention du VIH spécialisés. Un résultat bien loin de l’objectif mondial de fournir ces services à 90 % des adolescentes et des femmes d’ici 2020.
Nous disposons pourtant du savoir-faire pour leur transmettre le potentiel inhérent à la prévention et satisfaire leurs droits. Nous devons agir sans attendre pour les écouter, leur rendre justice et nous assurer que la CSU leur corresponde.
Nous saluons les 28 ministres représentant les pays parmi les plus touchés par le VIH pour leur leadership politique et leurs engagements pris ici, à Nairobi, le 11 novembre, au cours de la réunion des ministres du GPC.
Nous avons également entendu les appels à l’action et les demandes de jeunes femmes. Notre engagement s’adresse à toutes les adolescentes, et à tous les jeunes, appartenant notamment aux populations clés confrontées à l’épidémie du VIH dans le monde entier.
L’ONUSIDA s’engage au plus haut niveau et en collaboration avec nos entités sœurs du Programme conjoint de l’ONUSIDA et de la famille de l’ONU au sens large à promouvoir une volonté politique qui fera la différence en matière de prévention du VIH, mais aussi des droits et de la santé de la reproduction et sexuelle des jeunes femmes. Et cela, grâce au soutien que nous apportons ensemble aux gouvernements nationaux et avec la participation active de la société civile et des organisations communautaires de femmes et de jeunes, dans toute leur diversité, dans notre prise de décision ;
En particulier sur le continent africain, où les jeunes femmes sont les plus touchées par l’épidémie, nous nous engageons à poursuivre une initiative stratégique avec l’UNFPA et l’ONU Femme pour éliminer les barrières et les normes sociales néfastes qui favorisent leur plus grande vulnérabilité face au VIH.
D’ici fin 2020, le partenariat GPC aidera des pays à :
- Supprimer les lois imposant aux ados d'obtenir l’accord parental pour accéder à des services de santé de la reproduction et sexuelle, dont la contraception, ainsi que le dépistage, la prévention et le traitement liés au VIH, dans 4 pays d’Afrique subsaharienne : le Lesotho, le Malawi, l’Ouganda et la Zambie. Ce type de lois menace la santé publique et ne fait que nuire grandement aux jeunes.
- Garantir aux adolescentes et jeunes femmes l’accès à des informations, à une éducation et à des services intégrés de santé de la reproduction et sexuelle dans des régions où le VIH est extrêmement présent, dans 7 pays : le Botswana, l’Eswatini, le Lesotho, le Mozambique, la Namibie, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe. L’accent sera mis sur une prévention efficace du VIH et des IST au sein des services de contraception et d’élargir le choix de la contraception. Il s’agira également de s’attaquer aux violences sexuelles et basées sur le genre au sein de programmes transversaux intensifiés afin de libérer les facteurs sociaux et économiques permettant aux jeunes femmes de s’épanouir, ainsi que d’exercer leurs droits à la santé de la reproduction et sexuelle.
Dans le monde entier, nous nous engageons auprès des ados et des jeunes et de toutes les communautés les plus touchées par l’épidémie du VIH à :
- Tirer le maximum du leadership et des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour répondre au mieux aux besoins et aux exigences des adolescentes, des jeunes femmes et d’autres populations clés vivant avec le VIH ou exposées à un risque élevé de contamination, dans toute leur diversité. L’accent sera mis sur les actions de prévention au niveau local et de terrain, ainsi que sur des approches qui luttent contre la pauvreté, la discrimination et les violences basées sur le genre.
- Galvaniser la volonté politique pour mettre fin aux injustices sociales dans 30 pays répartis dans toutes les régions par le biais du Partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH. Nous devons affronter ouvertement la peur, les menaces, la violence, la persécution, les lois pénales, les traitements humiliants, ainsi que les violations des droits essentiels et des libertés fondamentales de chaque être humain auxquels sont confrontées au quotidien certaines des communautés les plus oubliées du monde, en particulier les populations clés fortement touchées par l’épidémie du VIH comme les professionnel(le)s du sexe, les personnes transgenres, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes ayant une autre orientation sexuelle ou identité de genre, les personnes qui consomment de la drogue, en détention et migrantes, pour ne citer que ces groupes.
- Pour finir, le Secrétariat de l’ONUSIDA élaborera et fournira une méthodologie simplifiée pour aider les pays à recueillir des données fiables sur les populations clés afin d’améliorer la planification et la mise en place de la prévention, du traitement et des services d’aide liés au VIH, ainsi que de protéger les droits, la sécurité et la dignité d’être humain de ces groupes. Certaines communautés sont tellement marginalisées et discriminées que des gouvernements refusent même de reconnaître leur existence et encore moins de considérer leurs membres comme des citoyennes et citoyens à part entière de leur pays.
Il est indispensable de mettre en place rapidement tous ces engagements si nous voulons garantir que les promesses prises au Caire atteignent tout le monde dans nos efforts pour parvenir aux ODD d’ici 2030. Ce n’est qu’en plaçant les communautés au centre de notre travail et en investissant dans les ripostes dirigées par des organisations communautaires, des femmes et des jeunes que nous serons en mesure de léguer un monde meilleur aux jeunes générations actuelles et à celles à venir.
Conférence internationale sur la population et le développement


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Encore trop de discriminations liées au VIH
12 novembre 2019
12 novembre 2019 12 novembre 2019Au début de l'épidémie de VIH, la stigmatisation et la discrimination généralisées des personnes présentant un risque élevé d'infection au VIH ainsi que de celles vivant avec le virus ont pratiquement paralysé la riposte au sida. Cette forme de discrimination empêche en effet ces personnes d'accéder aux services du VIH dont elles ont besoin pour rester en bonne santé, tout en affectant parfois leurs revenus et leur subsistance, ainsi que de nombreux aspects de leur vie.
Dans un nombre bien trop élevé de pays, les comportements discriminants envers les personnes vivant avec le VIH restent monnaie courante. Des études récentes menées auprès de la population de 26 pays révèlent que 16,9 % des 15-49 ans en Afrique du Sud et jusqu'à 80 % en Guinée adoptent une attitude discriminante envers les personnes vivant avec le VIH.
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Plus de la moitié des nouvelles infections au VIH dans le monde ont touché les populations clés et leurs partenaires sexuels
05 novembre 2019
05 novembre 2019 05 novembre 2019En 2018, la répartition mondiale des nouvelles infections au VIH a passé un cap. Les populations clés et leurs partenaires sexuels ont en effet représenté pour la première fois la majorité des cas.
Cette évolution est due aux progrès formidables réalisés dans des situations à forte prévalence du virus en Afrique orientale et australe, ainsi qu’à une situation plus contrastée dans les régions moins touchées.
Les populations clés forment une petite portion de la population totale, mais elles sont exposées à un risque extrêmement élevé d’infection. Les données disponibles indiquent qu’en 2018 le risque de contamination au VIH parmi les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes était 22 fois plus élevé que parmi l’ensemble de la population masculine adulte. Ce taux est le même pour les personnes s’injectant des drogues par rapport à celles ne le faisant pas. Par ailleurs, ce risque est respectivement 21 fois et 12 fois supérieur pour les professionnel(le)s du sexe et les femmes transgenres par rapport à la population adulte entre 15 et 49 ans.