

Feature Story
Hommage à Gita Ramjee
01 avril 2020
01 avril 2020 01 avril 2020Le 9 mars, je quittais mon hôtel au Brésil. Nous venions tout juste de clore une rencontre passionnante sur l’intégration du VIH dans d’autres programmes de santé et avec d’autres maladies. Nous nous sommes beaucoup salués avec le coude et nous avons souvent eu un sourire embarrassé parce que nous ne pouvions pas échanger d’accolades avec nos collègues du Brésil et du monde entier. Nous savions que la vague approchait immanquablement, mais la plage n’avait rien perdu de sa beauté. Nous avons même accompagné notre dîner d’une bière Corona.
J’étais enchanté et j’ai pris mes billets pour me rendre directement à Boston pour l’édition 2020 de la CROI, la conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes. Outre l’excellente qualité toujours au rendez-vous des travaux scientifiques présentés au CROI, j’ai un faible pour ses couloirs. Les occasions n’ont jamais manqué d’y rencontrer des amis et des collègues, réunis pour beaucoup par 25 ans ou plus de lutte contre la pandémie du VIH. J’y ai vu Gita Ramjee à chaque fois et j’étais impatient de la revoir.
Malheureusement, le sort en a décidé autrement. Un bip sur mon téléphone m’a signalé l’arrivée d’un e-mail annonçant que la conférence n’allait plus avoir lieu à Boston, mais en ligne.
Gita était déjà en transit à Londres entre l’Afrique du Sud et la conférence. Elle a été très contente d’apprendre que la CROI allait être « virtualisée », ce qui lui permettait de rester quelques jours de plus à Londres. Ses séjours londoniens se multipliaient dernièrement, car elle souhaitait passer un moment avec ses fils et son petit-fils qui y vivent. Elle s’est rendue dans la London School of Hygiene and Tropical Medicine dont elle détient un titre de professeure émérite pour ses travaux sur les essais pour la prévention du VIH. Mes collègues là-bas m’ont dit qu’elle était comme d'habitude : attentionnée, coopérative, directe, intègre au possible et débordante de détermination pour faire avancer les choses. Elle est rentrée le week-end suivant en Afrique du Sud d’où elle a donné un cours à distance à la London School le 17 mars. Deux semaines plus tard, elle nous quittait, l’une des premières victimes de la COVID-19 en Afrique du Sud.
Gita est un superbe exemple de résilience et de détermination. Née en Ouganda, elle fuit le régime d’Idi Amin. Elle poursuit sa scolarité en Inde avant d’aller à l’université au Royaume-Uni, où elle rencontre son futur mari, un Sud-Africain également d’origine indienne. Ils déménagent au Transvaal, mais elle abhorre la ségrégation aux antipodes de la société plus ouverte qu’elle avait trouvée au Royaume-Uni. Ils vivent ensuite dans une ville qui leur correspond davantage, Durban, où elle commence à bâtir les deux piliers de sa vie : sa famille et sa carrière.
Elle devient une figure de proue de la recherche sur la prévention du VIH, en particulier chez les femmes, surtout les femmes défavorisées et les travailleuses du sexe. Son travail est reconnu dans le monde entier et a été récompensé par des prix d’excellence scientifique en Afrique du Sud, un Outstanding Female Scientist Award de l’European Development Clinical Trials Partnerships et des titres universitaires honorifiques. Je me souviendrai toujours de son visage amical et d’une personne agréable à rencontrer et avec qui parler, pas uniquement sur des thèmes scientifiques, mais aussi sur nos fils et petits-fils, Londres, Durban et ailleurs.
La vague de COVID-19 est en train de s’abattre sur nous avec une puissance impressionnante. Gita est une victime de la première heure de l’épidémie en Afrique, car elle était une personnalité internationale. Sa mort nous adresse un signal fort. Des millions de pauvres en Afrique australe et orientale, dont beaucoup de personnes séropositives, font maintenant face à un défi dévastateur. La fragilité des systèmes de santé et d’assurance sociale, la dépendance envers le travail à la tâche, les logements surpeuplés, le manque d’eau et d’électricité... tout cela forme le terreau d’une catastrophe annoncée. Le nombre de décès va augmenter en flèche, en partie à cause des infections directes au virus, mais surtout à cause de son impact sur des systèmes de santé débordés et sur la fragile sécurité offerte par la protection sociale. Comment garantir le respect d’une distance physique lorsque des millions de personnes terrorisées se partagent des logements surpeuplés et dépendent de leur paye quotidienne pour acheter leur nourriture ?
Gita a lutté en faveur des droits et du bien-être des travailleuses du sexe, car elle y croyait. En 2007, elle confiait au quotidien The Guardian : « Les histoires qu’elles nous racontaient étaient épouvantables. C’est à ce moment-là que j’ai su que je voulais m’impliquer dans la prévention des infections au VIH chez les femmes. » Gita attend de nous que nous relevions le défi de la COVID-19, pas uniquement en tant que crise de santé publique, mais surtout pour barrer la route à l’injustice, à la pauvreté et au manque de solidarité internationale.
Peter Godfrey-Faussett, Conseiller scientifique principal de l’ONUSIDA
Notre action
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Les droits humains aux temps du COVID-19 — Les leçons du VIH pour une réponse efficace, et dirigée par la communauté.
20 mars 2020
En tant que communauté mondiale, nous sommes actuellement face à une situation imprévisible et hautement dynamique. Cependant, comme nous l’avons vu avec la solidarité, le soutien et le pouvoir des communautés dans l’épidémie de VIH et déjà dans les communautés répondant à la pandémie de COVID-19, la réponse ne doit pas être la peur et la stigmatisation. Nous devons instaurer une culture de solidarité, de confiance et de gentillesse. Notre réponse au COVID-19 doit s’appuyer sur les réalités de la vie des gens et être axée sur l’élimination des obstacles auxquels les individus sont confrontés pour pouvoir se protéger et protéger leurs communautés. L’autonomisation et les consignes, plutôt que les restrictions, peuvent permettre de s’assurer que les individus puissent agir sans peur de perdre leurs moyens de subsistance, disposent d’une quantité suffisante de nourriture et vivent dans le respect de leur communauté. Cela nous procurera finalement une réponse plus efficace, plus humaine et plus durable à l’épidémie.
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Feature Story
Thaïlande : les hôpitaux délivrent trois à six mois d’antirétroviraux
25 mars 2020
25 mars 2020 25 mars 2020Les hôpitaux en Thaïlande sont tenus de fournir des médicaments correspondant à trois à six mois de thérapie antirétrovirale afin d’éviter que les personnes vivant avec le VIH n’épuisent leurs réserves. Cette démarche vise à moins solliciter le système de santé pendant la pandémie de COVID-19.
Cette nouvelle décision jouit du soutien de la National AIDS Commission présidée par le vice-premier ministre et ministre de la Santé thaïlandais. Elle sera déployée dans tout le royaume afin de réduire le risque d’exposition à la COVID-19 des personnes vivant avec le VIH et de délester si possible le système de santé et le personnel soignant.
Les personnes séropositives suivant une thérapie antirétrovirale fournie par le National Health Security Office (NHSO), ce qui représente 70 % de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH sous traitement dans le pays, profitent dès à présent de la mise en place de cette mesure. Les hôpitaux dépendant du NHSO sont ainsi invités à allonger la durée des ordonnances pour une thérapie antirétrovirale destinée aux personnes ayant un état stable, autrement dit celles prenant une thérapie antirétrovirale depuis au moins un an sans interruption, dont la charge virale est indétectable, qui ne souffrent pas d’effets secondaires et qui ne sont pas enceintes.
« Le National Health Security Office a confirmé avoir suffisamment de réserves d’antirétroviraux pour fournir toutes les personnes séropositives qui suivent un traitement dans le pays », a indiqué Rataphon Triamwichanon, secrétaire général adjoint du NHSO.
« Au cours de la pandémie de COVID-19, les bénéficiaires du Plan d’assurance de la sécurité sociale seront en mesure de retirer des médicaments correspondant à au moins trois mois de thérapie antirétrovirale », a déclaré Amphan Thuwawitm, secrétaire permanent adjoint du ministère du Travail.
À partir d’octobre 2020, le NHSO et le Plan d’assurance de la sécurité sociale vont harmoniser les règles régissant la délivrance d’ordonnance conformément au Plan de couverture sanitaire universelle. Cette mesure prévoit d’autoriser la prescription d’une thérapie antirétrovirale pour six mois aux personnes vivant avec le VIH éligibles.
« L’ONUSIDA salue l’exemple de la Thaïlande et les efforts communs de tous les partenaires. Cela se traduit par des décisions prises au bon moment concernant l’autorisation de délivrer des antirétroviraux pour plusieurs mois afin d’aider les personnes vivant avec le VIH », a indiqué Patchara Benjarattanaporn, directrice pays de l’ONUSIDA en Thaïlande. L’ONUSIDA coopère étroitement avec le ministère de la Santé publique, le NHSO, le ministère du Travail et le Thai Network of People Living with HIV en vue d’étendre cette mesure à l’ensemble des types d’assurance maladie, y compris les hôpitaux privés.
« Les informations que nous livrent les membres de notre communauté dans toute la Thaïlande nous permettent de nous assurer que les hôpitaux et le personnel médical mettent en place cette nouvelle mesure et délivrent véritablement des antirétroviraux pour plusieurs mois », explique Apiwat Kwangkeaw, président du Thai Network of People Living with HIV. « Les éducateurs et éducatrices issus de notre communauté, en tant que membres du Continuum of Care Centre, ont également commencé à sensibiliser sur le thème de la COVID-19 chez les personnes vivant avec le VIH et à leur indiquer les précautions à prendre pour éviter une infection au coronavirus », a ajouté M. Apiwat.
Le Thai Red Cross AIDS Research Center (TRCARC), une organisation de la société civile sous l’égide du Comité international de la Croix-Rouge qui jouit du soutien de Son Altesse royale Princesse Soamsawali, l’ambassadrice de bonne volonté de l’ONUSIDA pour la prévention du VIH pour l’Asie et le Pacifique, a également pris des mesures considérables pour continuer à garantir l’accès aux services de prévention du VIH pour les populations vulnérables, et ce, dans des délais raisonnables.
« Nous ne voulons pas que la COVID-19 se transforme en un facteur empêchant de faire un test du VIH. Parmi les mesures mises en place, nous avons installé une plateforme en évidence devant notre Anonymous Clinic offrant un système de contrôle systématique de la température et des symptômes respiratoires de chaque personne venant se faire dépister. Les membres de l’équipe de conseil et du laboratoire ont désormais quitté le bâtiment pour travailler sur la plateforme. Ils y fournissent un dépistage du VIH et du matériel de prévention comme des préservatifs, la prophylaxie post-exposition et la prophylaxie pré-exposition (PPrE), en cas de besoin. Pour les personnes qui prennent déjà la PPrE, nous organisons des livraisons à domicile lorsqu’elles en font la demande sur Internet », explique Nittaya Phanuphak, responsable de la prévention au TRCARC.
Toutes les mesures prises en Thaïlande aideront à éviter d’éventuelles perturbations de la prévention du VIH, des services de dépistage et de traitement au cours de la pandémie de COVID-19 et à garantir que les personnes vivant avec le VIH et les populations clés ne vont pas être oubliées.
NOTRE ACTION
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VIH et COVID-19 informations à l’intention des personnes séropositives
01 juin 2021
La COVID-19 est une maladie à prendre au sérieux. Toutes les personnes vivant avec le VIH doivent respecter l’ensemble des mesures préventives afin de minimiser leur exposition au virus à l’origine de la COVID-19 et d’éviter toute infection. À l’instar de la population en général, les personnes âgées vivant avec le VIH ou les personnes séropositives ayant des problèmes cardiaques ou pulmonaires sont potentiellement exposées à un risque plus élevé de contracter le virus et de développer des symptômes plus graves.
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Press Release
Épidémie de COVID-19 : l’ONUSIDA demande une stratégie prenant en compte les droits humains et mettant l’accent sur les communautés
20 mars 2020 20 mars 2020GENÈVE, le 20 mars 2020—L’ONUSIDA appelle les pays à adopter une approche basée sur les droits de l’homme pour lutter contre l’épidémie mondiale de COVID-19. Cette stratégie doit mettre l’accent sur les communautés et respecter les droits et la dignité de toute personne. L’ONUSIDA a rédigé un nouveau guide qui s’inspire des leçons tirées de la riposte à l’épidémie du VIH. Ce document vise à aider les gouvernements, les communautés et d’autres acteurs à élaborer et mettre en place des mesures pour contenir la pandémie : Rights in the time of COVID-19: lessons from HIV for an effective, community-led response.
Ce nouveau guide de l’ONUSIDA se fonde sur la législation et les obligations internationales en matière de droits humains. Il souligne un principe important : la riposte à une épidémie ne consiste pas à trouver un équilibre entre la santé publique et les droits humains, mais elle nécessite que nous les respections pour réussir efficacement. Ce document a été élaboré par un groupe d'expertes et d’experts internationaux issus de communautés, du domaine de la santé publique, du monde universitaire, ainsi que des Nations Unies.
« Toute riposte réussie à une épidémie mondiale puise toujours ses racines dans le respect des droits humains et le leadership des communautés », a déclaré Winnie Byanyima, la Directrice exécutive de l’ONUSIDA. « Les pays qui réussissent le mieux à réduire l’impact du VIH sont ceux qui ont adopté des stratégies encourageant les communautés à faire un dépistage ou un test et, le cas échéant, à se soigner, à se protéger et à protéger les autres de la contamination au virus. »
Ce guide fournit des informations importantes tirées de la riposte au sida. Elles sont indispensables pour assurer une approche efficace des urgences sanitaires basée sur les droits de l'homme : lutter contre la stigmatisation et la discrimination dont sont victimes des individus et des communautés affectés, prioriser les mesures envers les populations les plus vulnérables, supprimer les obstacles aux droits humains, instaurer la confiance entre les communautés et les autorités sanitaires, ainsi que protéger le personnel médical en première ligne.
Comme l’indique ce document, les épidémies ont tendance à révéler et à exacerber les inégalités sociales existantes en se faisant souvent particulièrement sentir parmi les groupes marginalisés et vulnérables. Il faut supprimer les barrières financières et d’autre nature qui empêchent les personnes d’obtenir l’assistance médicale et les conseils nécessaires, que ce soit pour eux ou pour améliorer la santé publique au sens large.
Ce guide met aussi en garde contre les restrictions généralisées obligatoires des déplacements et les sanctions pénales envers les personnes touchées par une épidémie comme celle de COVID-19. De telles mesures ont tendance à toucher de manière disproportionnée les groupes les plus vulnérables et à freiner davantage l'accès à la santé. Les restrictions imposées doivent respecter les droits humains et être nécessaires, raisonnables, étayées par des données probantes et pour une durée limitée. Encourager la population à se protéger et à protéger les autres par des mesures volontaires permet d'optimiser l'impact.
« La situation est grave et difficile pour tout le monde, » a dit Mme Byanyima. « Pour la surmonter, nous devons puiser dans l’expérience précieuse tirée de ripostes à d’autres épidémies mondiales comme le VIH, mais aussi l'enraciner dans les droits humains, impliquer les communautés et n’oublier personne. »


Feature Story
Apparition de chaînes de solidarité et de bonté au cours de l’épidémie de COVID-19
20 mars 2020
20 mars 2020 20 mars 2020La responsable de la mobilisation de la communauté au sein du bureau de pays de l’ONUSIDA en Chine, Liu Jie, est habituée à recevoir des appels à toute heure du jour et de la nuit. À cause de l’épidémie de COVID-19 en Chine, toute l’équipe s’active pour aider les personnes vivant avec le VIH à continuer d’obtenir leur traitement, en particulier dans la province du Hubei où la pandémie s’est déclarée. Mme Liu a toutefois été surprise de recevoir récemment un appel de Pologne.
« Un ressortissant chinois s’est présenté en disant qu’il était bloqué en Pologne et qu’il lui restait deux jours avant de finir ses médicaments contre le VIH », explique Mme Liu.
Avec les restrictions de déplacements paralysant de plus en plus de pays, cet homme ne pouvait ni rentrer chez lui ni obtenir de médicaments. Mme Liu indique que, ne sachant pas quoi faire, il avait pris contact avec une organisation de la communauté chinoise, la Birch Forest National Alliance, puis, par ce biais, avec l’ONUSIDA à Beijing.
Cet homme, comme tant d'autres personnes à l’étranger, s'est trouvé pris au piège des conséquences de l’épidémie de COVID-19. Quelques jours plus tôt, le bureau de pays de l’ONUSIDA en Chine avait aidé une autre personne séropositive chinoise à obtenir des médicaments alors qu’elle était bloquée en Angola. Dans ces deux cas, des collègues à Beijing ont pris contact avec les bureaux de l’ONUSIDA dans les pays et avec l’équipe de mobilisation de la communauté située à Genève en Suisse. Le directeur pays de l’ONUSIDA en Angola s’est tourné vers l’Angolan Network of AIDS Service Organisations et la personne a obtenu des médicaments en un rien de temps.
Pour le cas en Pologne, Jacek Tyszko, membre polonais de l’équipe de mobilisation de la communauté de l’ONUSIDA, a su exactement quoi faire. « Comme nous avions déjà eu des contacts avec des réseaux régionaux de personnes vivant avec le VIH en Europe centrale et de l’Est, il m’a suffi de passer un appel », raconte M. Tyszko.
Anna Marzec-Boguslawska, directrice du National AIDS Center en Pologne, a accepté rapidement de prendre le relai. Elle a toujours été très réactive ce qui nous permet d’agir sans attendre sur le terrain. Vingt-quatre heures plus tard, Mme Liu recevait la photo d’un homme tenant une boîte de médicaments devant un bâtiment gris. Quelques minutes plus tard, son téléphone sonnait.
« C’était à nouveau cet homme qui appelait de Pologne », se souvient-elle. « Il pleurait de joie en me disant qu’il avait ses médicaments et que c’était lui sur la photo que je venais de recevoir. »
Et d’ajouter : « il répétait sans cesse qu’il n’arrivait pas à croire que nous avions réussi à faire l’impossible. »
Le directeur de la Birch Forest National Alliance, Bai Hua, a également remercié l’ONUSIDA. « Cette histoire montre combien l’ONUSIDA est implantée efficacement au sein des communautés », conclut-il.
Ressources
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Opinion
Les ripostes efficaces aux épidémies mondiales sont celles qui placent les individus au cœur des préoccupations
12 mars 2020
12 mars 2020 12 mars 2020L’épidémie de COVID-19 attire l’attention sur les ripostes nationales et internationales aux urgences sanitaires. Elle révèle les déficits de nos systèmes, mais aussi nos forces, et elle puise dans l’expérience précieuse apportée par d’autres ripostes comme celle contre le VIH. À l’ONUSIDA, nous savons que l’apparition du virus à l’origine du COVID-19 est source de questions et de préoccupations chez les personnes séropositives. Si nous avons appris une chose de la riposte à l’épidémie du VIH, c’est que nous devons être à l’écoute des plus touchées et apprendre de leur expérience. L’ONUSIDA continue d’être fidèle à ce précepte.
Nous ne disposons pas à l’heure actuelle de preuves irréfutables indiquant que les personnes vivant avec le VIH sont davantage susceptibles de contracter le COVID-19 ou, lorsqu’elles le contractent, que leurs chances de guérison sont moins bonnes. À l’instar de la population en général, les personnes âgées vivant avec le VIH ou les personnes séropositives ayant des problèmes cardiaques ou pulmonaires sont potentiellement exposées à un risque plus élevé de contracter le virus et de développer des symptômes plus graves. Les personnes vivant avec le VIH, comme toute la population, doivent prendre toutes les mesures préventives pour minimiser leur exposition et éviter d’être infectées. Alors que le COVID-19 continue sa progression dans le monde, les recherches en cours dans des contextes à forte prévalence du VIH dans la population générale doivent faire toute la lumière sur les interactions biologiques et immunologiques entre le VIH et le nouveau coronavirus.
Mais des mesures légitimes pour contenir le virus peuvent avoir des effets pervers inattendus sur les personnes vivant avec le VIH. Par exemple, au début de l’épidémie du COVID-19 en Chine, l’ONUSIDA a mené une enquête auprès des personnes séropositives afin de connaître leurs besoins. Une étude complémentaire a montré que certaines d’entre elles commencent à rencontrer des difficultés pour obtenir le renouvellement de leur ordonnance ce qui nourrit un sentiment d’inquiétude. En réponse, l’ONUSIDA travaille avec des réseaux de personnes vivant avec le VIH et des fonctionnaires afin de faciliter des livraisons spéciales de médicaments vers des points de collecte spécifiques. Un numéro d'urgence a été ouvert en Chine pour que les personnes vivant avec le VIH aient la possibilité d’exprimer leurs peurs tant que dure l’épidémie. Avec nos partenaires, nous allons également suivre de près les évolutions au sein des chaînes d’approvisionnement internationales. Nous voulons ainsi garantir que les stocks de produits médicaux essentiels continuent de parvenir à celles et ceux qui en ont besoin, mais aussi maintenir au minimum les perturbations au niveau de la production de principes pharmaceutiques actifs.
L’ONUSIDA enjoint aux pays de préparer leur riposte au COVID-19 afin de garantir que les personnes vivant avec le VIH puissent accéder sans problème à leur traitement. Les pays doivent de toute urgence mettre totalement en œuvre les lignes directrices actuelles de l’Organisation mondiale de la Santé sur le traitement du VIH pour que la plupart des personnes séropositives disposent de trois mois de traitement, au minimum. Cette mesure permettra ainsi de délester les établissements de soins en cas d’arrivée du COVID-19, mais aussi de garantir que toutes et tous puissent poursuivre leur traitement sans interruption et sans avoir à s’exposer à un risque plus élevé d’infection au COVID-19 lors de la collecte de leurs médicaments.
La riposte au sida a dispensé une leçon fondamentale: la stigmatisation et la discrimination sont non seulement injustifiables, mais contreproductives, aussi bien pour la propre santé des individus que pour la santé publique en général. C’est la raison pour laquelle l’ONUSIDA apporte son soutien aux campagnes visant à réduire la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des victimes du COVID-19. La stigmatisation et la discrimination n’ont jamais permis de mettre un terme à une menace de santé. Notre riposte au COVID-19 doit puiser dans les enseignements tirés de la lutte contre le VIH. Nous devons les écouter, instaurer la confiance et maintenir les échanges entre elles et les autorités sanitaires, même avant que l’épidémie ne sévisse.
Nos plus grandes victoires contre le VIH ont eu lieu dans les pays qui luttent efficacement contre la stigmatisation et la discrimination. Cela favorise le dépistage au sein de la population et, le cas échéant, l’obtention d’un traitement. Utilisons les canaux de communication recommandés par les spécialistes de la santé publique pour être à l’écoute des victimes du COVID-19 et puiser dans leur vécu afin de renforcer notre riposte au virus.
Les décès imputables à l’épidémie de COVID-19 sont une tragédie. Mes condoléances vont aux familles et aux proches des défunts. Mais si nous agissons judicieusement, la communauté internationale et chaque pays utiliseront cette expérience pour continuer à renforcer les systèmes de surveillance et réaliser des investissements adaptés dans les infrastructures de santé aussi bien au niveau international que national. L’ONUSIDA enjoint aux gouvernements et aux fonctionnaires de la santé dans le monde entier de ne pas attendre pour mettre en place des programmes d’éducation publics portant sur les mesures pratiques pour limiter la transmission et la propagation du virus à l'échelle locale.
Nous devons impérativement adopter une stratégie mettant l’accent sur les individus. Chacune et chacun a droit à la santé, notre meilleur rempart contre les épidémies mondiales.
Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA
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Press Statement
L'ONUSIDA salue la nomination de Deborah Birx au poste de Coordinatrice pour la riposte au coronavirus à la Maison Blanche
29 février 2020 29 février 2020GENÈVE, le 29 février 2020—L'ONUSIDA salue la nomination de Deborah Birx au poste de Coordinatrice pour la riposte au coronavirus à la Maison Blanche. Mme Birx est une experte médicale de renommée mondiale à la carrière exceptionnelle. En tant que Coordinatrice de la lutte contre le sida dans le monde et représentante spéciale des services diplomatiques des États-Unis d'Amérique chargés de la santé mondiale, elle a joué un rôle dans les progrès récents de la riposte mondiale au VIH et elle s’engage aux côtés des communautés touchées par le VIH.
« Le Vice-Président Mike Pence a pris une sage décision en nommant Deborah Birx au poste de Coordinatrice pour la riposte au coronavirus de la Maison Blanche », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Mme Birx a fait preuve à plusieurs reprises de compétences inégalées pour endiguer des maladies infectieuses et elle est tout à fait à même d’élaborer un plan efficace pour lutter contre le COVID-19 aux États-Unis d’Amérique. »
Mettre rapidement en lien les personnes qui en ont besoin avec les services de prévention ou de soins de la maladie requiert des compétences spécifiques que Mme Birx a perfectionnées en trente ans d'expertise de la santé publique. Son expérience dans la lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées à une maladie, ainsi que ses connaissances de l’élaboration d’une riposte de santé efficace pour la population sont inestimables dans son nouveau poste.
« Je suis certaine que Mme Birx saura appliquer au COVID-19 l’expertise qu’elle a tirée du VIH », a continué Mme Byanyima. « Les informations collectées pendant la riposte au VIH peuvent aider à contenir cette nouvelle menace virale. Nous avons toutefois besoin d’intensifier la collaboration entre les différentes catégories de maladies. En effet, même lorsque nous luttons contre de nouvelles maladies, nous ne devons pas perdre des yeux les épidémies qui ont lieu en même temps. »
Contact
UNAIDS GenevaSophie Barton-Knott
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Press Release
Épidémie de COVID-19 : collaboration de l’ONUSIDA et de la Chine afin de garantir la continuité du traitement des personnes vivant avec le VIH
19 février 2020 19 février 2020GENÈVE, le 19 février 2020—Une enquête menée auprès de personnes vivant avec le VIH révèle que l’épidémie actuelle de coronavirus dit COVID-19 a un impact considérable sur la vie des personnes séropositives en Chine.
Cette enquête montre que près d’un tiers d'entre elles (32,6%) craint de ne plus avoir de médicaments d’ici quelques jours à cause de l’état d’urgence et des restrictions de déplacement dans certaines régions de Chine. La moitié d’entre elles (48,6%) indique ne pas savoir où obtenir le prochain renouvellement de leur thérapie antirétrovirale. Cependant, le gouvernement et des partenaires communautaires ont lancé un partenariat étroit afin de garantir la continuité de l’accès à ce traitement indispensable à l’heure où le pays lutte pour juguler le COVID-19.
Ainsi, le Chinese National Center for AIDS/STD Control and Prevention a chargé des administrations locales de permettre aux personnes vivant avec le VIH d'obtenir leurs médicaments même hors de leur lieu de résidence habituel. Le centre a également publié et diffusé une liste des cliniques fournissant une thérapie antirétrovirale. Le bureau pays de l’ONUSIDA en Chine, quant à lui, travaille avec BaiHuaLin, une alliance de personnes vivant avec le VIH, ainsi qu’avec d’autres partenaires communautaires afin d’établir de toute urgence un lien avec les personnes séropositives qui risquent de manquer de médicaments dans les 10 à 14 jours prochains et de leur apporter l’assistance nécessaire. L’ONUSIDA va également donner des équipements de protection individuelle à des organisations de la société civile apportant de l’aide aux personnes vivant avec le VIH, aux hôpitaux, etc. L’objectif consiste à améliorer la qualité des soins fournis aux personnes dans les établissements de santé et d’empêcher que les personnes vivant avec le VIH ne contractent le COVID-19.
« Les personnes vivant avec le VIH doivent continuer à obtenir les médicaments dont elles ont besoin pour rester en vie », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA. « Je salue les efforts du Chinese National Center for AIDS/STD Control and Prevention pour aider les personnes vivant avec le VIH et touchées par l’état d’urgence à obtenir leurs médicaments. Nous devons garantir que quiconque ayant besoin d’un traitement au VIH y ait accès, peu importe où il ou elle se trouve. »
L’épidémie du COVID-19 en Chine a déclenché une riposte sans pareil, mais les hôpitaux et le personnel médical sont maintenant débordés par les soins à apporter aux victimes du coronavirus. L’état d’urgence a en outre été déclaré dans certaines villes. Cela signifie pour les personnes séropositives originaires d’une autre localité, qui se trouvent néanmoins dans ces zones qu’elles ne peuvent plus rentrer chez elles et accéder aux services liés au VIH, y compris leur traitement, fournis par leur prestataire de santé habituel.
Alors que la grande majorité des personnes interrogées (82 %) déclare avoir reçu les informations nécessaires pour évaluer leurs propres risques et prendre des mesures préventives contre le COVID-19, la plupart (près de 90 %) souhaitent davantage d’informations sur les mesures de protection spécifiques destinées aux personnes vivant avec le VIH. À l’image du reste de la population, 60 % d'entre elles indiquent avoir manqué d’équipement de protection individuel et domestique, comme des masques, du savon et du désinfectant, de l’alcool médical ou des gants. Près d’un tiers indique avoir peur et avoir besoin d’un soutien psychologique au cours de l’épidémie de COVID-19.
« Nous devons savoir combien de personnes vivant avec le VIH ont contracté le COVID-19, si elles sont davantage exposées à un risque de contamination et, en cas de contamination au coronavirus, si leur résistance est réduite. Au stade actuel de l’épidémie, il reste encore de nombreuses inconnues. Nous devons combler ces lacunes, et ce, sans perdre une seconde », a ajouté Mme Byanyima.
Cette enquête a été élaborée et menée conjointement par l’ONUSIDA et BaiHuaLin, une alliance de personnes vivant avec le VIH avec le soutien du Chinese National Center for AIDS/STD Control and Prevention. Pour cette étude, l’ONUSIDA a mobilisé l’aide des communautés et a attiré l'attention sur Internet afin d’obtenir autant de réponses que possible. Plus de 1 000 personnes vivant avec le VIH y ont participé. Les réponses ont été recueillies du 5 au 10 février 2020. Il est prévu qu’une étude complémentaire détaillée soit réalisée en partenariat avec la faculté de médecine de l’université de Zhongshan. Elle portera sur les besoins des communautés et se penchera sur les problèmes lié au système de santé avec un impact direct sur les services de lutte contre le VIH.