

Feature Story
« J’ai sauvé des vies en étant en première ligne de la pandémie de COVID-19 en Chine »
28 avril 2020
28 avril 2020 28 avril 2020Xiao Yang n’oubliera jamais l’hiver 2019/2020 qu’il a passé dans la ville chinoise de Wuhan où il a travaillé en tant qu’infirmier aux urgences d’un hôpital de fortune pendant 60 jours. Il y a été témoin de la vie et de la mort, du bonheur et du chagrin, de pleurs et des rires.
M. Xiao s’est porté volontaire dans sa ville natale, Beijing, pour aller sauver des vies à Wuhan. « La responsabilité de tout personnel médical est de sauver des vies », explique-t-il. Cet engagement est une tradition familiale. 17 ans auparavant, son père, médecin, s’est trouvé en première ligne de l’épidémie de SRAS.
M. Xiao a caché jusqu’à la dernière minute à son partenaire qu’il partait pour Wuhan. « Il ne voulait pas que j’y aille, mais il a respecté ma décision », indique-t-il.
En arrivant de nuit à Wuhan, les volontaires ont été répartis en deux groupes : soins intensifs et cas bénins.
M. Xiao a été envoyé aux soins intensifs. Pour sa propre protection, on lui a demandé de porter cinq paires de gants et deux masques. Toutefois, la plupart des gants étaient trop petits pour lui et lui faisaient mal au bout de 20 minutes. Il avait également du mal à respirer. « J’avais l’impression que quelqu’un me couvrait la bouche en permanence », raconte-t-il.
Le pire, c’est que M. Xiao est asthmatique. Si jamais il avait fait une crise, il n’aurait jamais eu le temps d’atteindre ses médicaments à cause de tout l’équipement de protection qu’il portait.
« Chaque membre du personnel médical a enregistré sur son téléphone ses derniers mots pour sa famille », continue-t-il.
Son partenaire, Lin Feng, est policier. La pandémie de COVID-19 a aussi augmenté sa charge de travail. Lorsque le coronavirus s’est déclaré à Beijing, il a passé de longues heures à patrouiller les autoroutes, les routes et les zones résidentielles.
À cause de la distance, les messages instantanés restaient le seul moyen de communication pour le couple. Après avoir envoyé une photo de lui couvert de neige à la fin de son service de nuit, M. Lin a reçu un message de M. Xiao lui rappelant de s’habiller plus chaudement. Il lui a répondu : « Prends soin de tes patients. Je prendrai soin de toi. »
Six jours après son arrivée à Wuhan, M. Xiao s’est rendu compte que la mort pouvait le saisir à tout moment.
Au cours d’une visite dans son service, il a vu un patient subir une baisse brutale du niveau d’oxygénation du sang et éprouver des difficultés respiratoires. Il s’est empressé de l’intuber, le meilleur moyen et le plus rapide pour maintenir le patient en vie. Mais il a agi trop énergiquement, ce que n’a pas supporté sa combinaison de protection qui s’est déchirée dans le dos. Un collègue a refermé le trou avec du scotch afin qu’il puisse continuer à travailler.
Une fois l’état de son patient stabilisé, M. Xiao pouvait à peine respirer et il ressentait des douleurs vives aux mains, aux oreilles et au visage. Il avait porté des masques, des gants et sa combinaison de protection pendant trop longtemps. La peur l’a assailli une fois les douleurs passées. Il aurait pu facilement attraper le nouveau coronavirus à cause de la déchirure. Elle lui a aussi rappelé les risques qu’il prenait tous les jours. « Je peux seulement espérer que tout ira bien », raconte-t-il. « Je m’étais préparé au pire en décidant de venir ici. »
Des personnes de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexuée, comme M. Xiao et M. Lin, ont été nombreuses à travailler dur pour contenir le virus et sauver des vies pendant la pandémie. Au Wuhan Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Center, 26 bénévoles se sont engagés 24h/24 pour livrer des médicaments aux personnes vivant avec le VIH. L’ONUSIDA a soutenu fièrement leurs efforts en créant un lien entre le centre et les autorités sanitaires locales afin de faciliter la livraison de médicaments, en aidant à fournir leur thérapie aux Chinois vivant avec le VIH à l’étranger et en encourageant la création d’une ligne téléphonique délivrant des conseils aux personnes séropositives. Résultat : le centre a été en mesure de fournir des médicaments à plus de 2 600 personnes et l’assistance téléphonique a été utilisée par 5 500 personnes.
« J’avais prévu de rester une semaine, puis cela a été prolongé à trois semaines, puis encore plus longtemps », continue M. Xiao au bord des larmes.
Il a fini par partir fin avril, lorsque la pandémie de COVID-19 s’est calmée dans la ville. Il dit qu’il n’oubliera jamais rien, mais qu’il ne souhaite pas le revivre. Et personne ne le devrait.
Maintenant qu’il est revenu sain et sauf auprès de son partenaire à Beijing, il se souvient de l’annonce du capitaine de l’avion pour Wuhan : « Ce vol est de Beijing à Beijing avec une escale à Wuhan. Lorsque vous aurez gagné la bataille, nous vous ramènerons à la maison. »
Notre action
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Press Release
Vives inquiétudes de l’ONUSIDA et de MPact devant la stigmatisation et les abus que subissent les personnes LGBTI pendant l’épidémie de COVID-19
27 avril 2020 27 avril 2020
L’ONUSIDA et MPact appellent les gouvernements et les partenaires à protéger, soutenir et respecter les droits humains des personnes LGBTI au cours de la riposte à la COVID-19
GENÈVE, le 27 avril 2020—L’ONUSIDA et MPact Global Action for Gay Men’s Health and Rights sont alarmés d’apprendre que des personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées) sont visées spécifiquement dans des groupes, accusées, victimes d’abus, incarcérées et stigmatisées à la suite d’allégations les faisant passer pour des vecteurs de maladie au cours de la pandémie de COVID-19. L’ONUSIDA et MPact sont ainsi extrêmement préoccupés par le fait que ces actes discriminatoires aggravent les difficultés que rencontrent déjà les personnes LGBTI pour faire valoir leurs droits, notamment pour accéder à des services de santé sûrs et de qualité.
« Le VIH nous a appris que la violence, les agressions et la discrimination ne servent qu’à marginaliser davantage les personnes les plus défavorisées », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Tout le monde, indépendamment de son orientation sexuelle, de son identité ou expression de genre, a droit à la santé et à la sécurité, sans exception. Le respect et la dignité sont nécessaires aujourd’hui plus que jamais. »
Au Belize, des informations détaillées dénoncent les exactions de la police dont a été victime un homme gay. Ce dernier a été arrêté, humilié et battu pour n’avoir pas respecté le couvre-feu instauré pour freiner la propagation du coronavirus. Cet homme de 25 ans vivait avec le VIH et on pense qu’il est mort des complications des blessures infligées par la police.
« Nous avons reçu des rapports indiquant que des gouvernements et des leaders religieux dans certains pays font de fausses déclarations et répandent des informations erronées sur la COVID-19 qui incitent à la violence et à la discrimination envers les personnes LGBTI », explique George Ayala, Directeur exécutif du MPact. « Des descentes de police prennent pour cible des organisations et des domiciles, des personnes LGBTI sont battues et les arrestations et menaces de reconduite à la frontière pour les demandeur(se)s d’asile LGBTI augmentent. »
En Ouganda, 20 membres de la communauté LGBTI ont été récemment arrêtés au cours d’une razzia visant un refuge. Les autorités de police ont justifié cette action en les accusant de ne pas respecter les mesures de distanciation sociale. Aux Philippines, trois personnes LGBTI se trouvaient parmi un groupe qui a été humilié publiquement pour les punir de ne pas avoir respecté le couvre-feu. Après que des scènes de l’incident sont devenues virales sur Internet, le capitaine de police a été forcé de présenter des excuses pour avoir ciblé distinctement les personnes LGBTI du groupe et pour leur avoir ordonné de danser et de s’embrasser.
« L'utilisation gouvernementale des technologies en ligne et les smartphones pour surveiller les déplacements de la population pendant le confinement ou le couvre-feu inquiète de plus en plus pour ce qui est de la protection de la vie privée et de la confidentialité », ajoute M. Ayala. « Les hommes gays et les personnes anti conformistes au genre sont souvent les premières cibles et parmi les populations les plus touchées par un renforcement des mesures de police et de surveillance. »
Pour certaines personnes LGBTI, le confinement volontaire et la distanciation sociale peuvent être des expériences particulièrement difficiles, voire dangereuses. Beaucoup d’entre elles sont victimes de violences ou de mauvais traitements alors qu’elles sont cloîtrées avec des membres de leur famille qui ne les acceptent pas. Les personnes LGBTI peuvent également souffrir de la violence exercée par un partenaire intime en restant chez elles sans avoir la possibilité de signaler ces abus à la police par peur des conséquences. Le confinement peut aussi exacerber des difficultés psychologiques existantes qui sont monnaie courante parmi la communauté LGBTI, y compris la solitude, la dépression, l’angoisse et les tendances suicidaires.
La pandémie de COVID-19 laisse de nombreux hommes gays et femmes transgenres sans outils adaptés pour prendre en main leur santé sexuelle et leurs droits. Les hommes gays représentent près de 20 % des nouvelles infections au VIH et présentent 22 fois plus de risques d’infection par rapport au reste de la population masculine. Le risque d’infection au VIH des femmes transgenres est 12 fois plus élevé que pour la population générale.
Les mesures appelant à rester chez soi, en particulier lorsqu’elles ne tolèrent pas d’exceptions, aggravent les difficultés que ces groupes rencontrent déjà pour accéder à la thérapie antirétrovirale, à la prévention du VIH et aux services de réassignation sexuelle, y compris les thérapies hormonales. C’est particulièrement vrai pour les personnes LGBTI pauvres, au chômage, sans domicile ou dans une situation de logement précaire.
L’ONUSIDA et MPact enjoignent aux pays de :
- Dénoncer les fausses informations qui prennent pour bouc émissaire, diffament ou font porter la responsabilité de la propagation de la COVID-19 d’une tout autre manière aux personnes LGBTI.
- Arrêter les razzias visant les organisations, les refuges et les espaces dirigés par la communauté LGBTI, ainsi que de cesser d’arrêter des personnes à cause de leur orientation sexuelle, de leur identité ou expression de genre.
- Garantir que toutes les mesures de protection de la santé publique ne sont pas disproportionnées, sont étayées par des données probantes et respectent les droits humains.
- Empêcher l'État de surveiller les personnes LGBTI via les technologies de communication individuelle.
- Investir dans la riposte à la COVID-19 tout en préservant les fonds et les programmes de santé sexuelle/sur le VIH qui sont inclusifs et prennent en compte les besoins des personnes LGBTI.
- Garantir l’accès ininterrompu à un soutien médical vital, y compris à la réduction des risques, aux préservatifs et aux lubrifiants, à la prophylaxie pré-exposition, à la thérapie antirétrovirale, aux hormonothérapies substitutives et aux services de santé mentale destinés aux personnes LGBTI.
- Proposer des options souples pour fournir les services, depuis la délivrance d’ordonnances pour plusieurs mois de traitement jusqu’aux livraisons dans la communauté, les consultations en ligne et les services d'assistance.
- Penser à désigner des organisations de services dirigées par la communauté en tant que prestataires essentielles, de sorte qu'elles puissent fournir en toute sécurité des services fondamentaux en sachant s’adapter.
- Inclure les personnes LGBTI dans les programmes nationaux de protection sociale, y compris les aides liées à la perte de revenus.
- Améliorer l’accès à un hébergement d’urgence adapté pour les personnes LGBTI sans domicile et récemment expulsées.
- Impliquer les personnes LGBTI dans la planification de la santé publique et la communication concernant la COVID-19.
- Mettre en place une surveillance de la sécurité et une protection contre le piratage informatique au cours des réunions en ligne.
Aujourd’hui plus que jamais, nous devons nous mobiliser et faire groupe pour protéger et promouvoir les droits humains et à la santé des personnes LGBTI du monde entier.
MPact
MPact Global Action for Gay Men’s Health and Rights a vu le jour en 2006 à l’initiative d’un groupe de militants préoccupés par les disparités liées au VIH ainsi que par la stigmatisation, la discrimination, les violences et la criminalisation dont sont victimes les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes dans toutes les régions du monde. MPact est aujourd’hui un réseau bien ancré au niveau international qui s’engage à lutter pour garantir un accès équitable aux services du VIH à tous les hommes gays tout en assurant la promotion des droits humains et du droit à la santé. L'organisation entretient des liens directs avec près de 150 organisations de la communauté dans 62 pays et des milliers d’autres utilisent ses différentes plateformes sur les réseaux sociaux pour alimenter leur lutte. MPact accomplit sa mission en : assurant une veille des gouvernements, des financeurs et autres décisionnaires ; renforçant les capacités des organisations de la communauté et les prestataires de santé ; apportant son soutien à la multiplication de réseaux dirigés par des hommes gays ; menant et mandatant des recherches ; et en facilitant l’échange d’informations entre les régions.
Contact
UNAIDS GenevaSophie Barton-Knott
tel. +41 79 514 68 96
bartonknotts@unaids.org
MPact, Oakland, USA
Greg Tartaglione
gtartaglione@mpactglobal.org
Ressources


Feature Story
La riposte à la COVID-19 doit préserver et protéger les droits humains des professionnel(le)s du sexe
24 avril 2020
24 avril 2020 24 avril 2020Le Réseau mondial des projets sur le travail du sexe (NSWP) et l’ONUSIDA ont publié récemment une déclaration commune invitant les pays à prendre des actions fondamentales et immédiates en vue de protéger la santé et les droits des professionnel(le)s du sexe pendant la pandémie de COVID-19.
La pandémie de COVID-19, comme toute autre crise sanitaire, révèle au grand jour les inégalités existantes et touche de manière disproportionnée les populations déjà criminalisées, marginalisées, se trouvant dans une situation sanitaire et économique précaire, et qui souvent ne bénéficient pas des mécanismes de protection sociale.
Dans le monde entier, la riposte des gouvernements à la crise de la COVID-19 ne prend pas en compte les professionnel(le)s du sexe. Leur clientèle étant aussi confinée, les professionnel(le)s du sexe perdent toute protection, et leur vulnérabilité augmente au point de ne plus être en mesure de subvenir à leurs besoins ni à ceux de leur famille. En Équateur, le Colectivo Flor De Azalea (association des professionnelles du sexe) a souligné que leur communauté est soudainement confrontée à un manque de soutien et d’accès aux services fondamentaux. « Les professionnelles du sexe sont davantage touchées par la crise sanitaire. Nous descendons sur le trottoir la peur au ventre et nous craignons les violences. Nous n’avons pas d’argent ni pour acheter à manger ou des médicaments ni pour payer notre loyer. Les services de santé sont fermés. Nous n’avons pas accès aux préservatifs. Des collègues sont mortes de la COVID-19. »
« La législation sur les droits humains stipule qu’ils sont inaliénables, universels, interdépendants et indivisibles », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Il est essentiel au cours de cette pandémie de garantir qu'ils s’appliquent sans exception, en particulier aux plus vulnérables d'entre nous. Cela permettra aussi de bâtir les communautés résilientes que nous souhaitons voir émerger de cette crise. »
Alors que des professionnel(le)s du sexe signalent, par endroit, ne plus pouvoir se fournir en préservatifs à cause de la pandémie, celles et ceux vivant avec le VIH indiquent être en train de perdre l'accès aux médicaments essentiels. En Eswatini, Voice of Our Voices rapporte que « les personnes qui suivent un traitement contre le VIH ont du mal à se rendre à leurs consultations faute de transports. Quant aux produits de prévention, ils sont difficiles à obtenir. »
Alors que le commerce du sexe est criminalisé dans pratiquement tous les pays, les professionnel(le)s du sexe souffrent également davantage des mesures punitives liées à l’application des règlements relatifs à la COVID-19. Une présence accrue des forces de l’ordre peut les exposer à une recrudescence d’abus et de violences. Cela s’est déjà traduit dans plusieurs pays par des razzias à leur domicile, un dépistage obligatoire de la COVID-19, mais aussi des arrestations et des menaces de reconduite à la frontière pour les professionnel(le)s du sexe migrant(e)s. Pour celles et ceux qui se retrouvent à la rue après avoir perdu leur toit, comme c’est le cas pour nombre de professionnel(le)s du sexe migrant(e)s et exerçant dans des maisons de passe, l’absence d’aide engendre une grande insécurité ou une insuffisance de moyens pour respecter les exigences gouvernementales.
La criminalisation du travail du sexe dans la plupart des pays dresse également des obstacles spécifiques à cette activité pour bénéficier des aides gouvernementales. Aux États-Unis d’Amérique, les porte-paroles de SWOP-Tucson (the Sex Workers Outreach Project) ont expliqué que beaucoup de ces programmes demandent de prouver la perte d’emploi ou d’une partie de l’activité à cause de la COVID-19. Vu que le travail du sexe est criminalisé, il n’est pas possible de fournir les documents et les justificatifs nécessaires concernant la perte d’activité ou une situation difficile. Par conséquent, les professionnel(le)s du sexe ne peuvent pas bénéficier de moratoires de paiement sur le loyer/les prêts immobiliers, des abattements sur leur facture d’eau et d’électricité ou des primes de chômage. »
Même dans les pays où le commerce du sexe est partiellement légalisé, nombre de professionnel(le)s du sexe font l’amère découverte que le système d’aides élargies au secteur formel ne s’applique pas à leur communauté. C’est le cas par exemple en Allemagne où des professionnel(le)s du sexe mettent en avant les difficultés à se faire aider que rencontrent celles et ceux vivant en dehors du système. « Alors que le gouvernement fournit un éventail d’aides pour les indépendant(e)s (déclaré(e)s), il ne prend pas en compte les professionnel(le)s du sexe de manière spécifique, et personne en situation irrégulière ici n’a aucune chance d’obtenir de l’argent du gouvernement. »
Alors que la crise mondiale s’intensifie, la pression s’accroît sur les professionnel(le)s du sexe qui doivent choisir entre s’isoler sans revenu ni aide ou travailler en mettant leur santé et leur sécurité en jeu. La fermeture de la majorité du parc d’hébergements à court terme abordables pose un autre problème à l’heure où les professionnel(le)s du sexe ont des difficultés à payer leur loyer ou leur chambre d’hôtel. La disparition de ce type de logements conjuguée à la fermeture brutale des lieux de travail se traduit par une perte de domicile soudaine pour les professionnel(le)s du sexe dans de nombreux pays. La situation est encore plus grave pour la partie migrante de cette communauté largement piégée par la fermeture des frontières.
Malgré leur exclusion systématique des groupes de planification d’urgence de la santé publique, la communauté des professionnel(le)s du sexe a commencé à coordonner sa propre riposte à la crise. Plusieurs campagnes de collecte de fonds d’urgence et d’entraide ont ainsi vu le jour, qui permettent aux communautés et à leurs membres d’accéder à des moyens financiers et à des produits de première nécessité et de les distribuer. And Soppeku, une organisation sénégalaise dirigée par des professionnel(le)s du sexe, a lancé une telle initiative. Elle distribue des rations alimentaires et des kits d’hygiène à ses membres dans trois régions (Dakar, Thies et Kaolack). En l’absence d’action et d’aide de la part des gouvernements, des initiatives similaires sont déployées dans le monde entier.
Toutefois, les organisations autogérées de personnes et de groupes ne doivent pas être considérées comme un substitut à un soutien gouvernemental nécessaire de toute urgence. La législation internationale sur les droits humains impose aux gouvernements de les faire respecter, protéger et mettre en oeuvre sans discrimination, y compris en situation d’urgence.
Les professionnel(le)s du sexe et leurs organisations demandent la même protection légale et et le même accès au soutien financier et aux soins de santé. L’ONUSIDA se rallie à cet appel. L’organisation souligne l’importance d’une approche basée sur les droits de l’homme aux ripostes à la COVID-19, une approche qui fait la part belle à l’autonomisation et à l’engagement des communautés.
Les témoignages cités dans cet article ont été recueillis au cours de l’étude COVID-19 Impact Survey du NSWP qui s’adresse aux professionnel(le)s du sexe et à leurs organisations. L’objectif de cette enquête est d’assurer un suivi de l’action des gouvernements en faveur de cette communauté
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Press Statement
L’ONUSIDA lance un appel en faveur d’un renforcement des dépenses de santé et de la protection sociale, aspect essentiel de la riposte économique à la COVID-19
17 avril 2020 17 avril 2020
Déclaration de la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, concernant la riposte économique à la COVID-19. Allocution faite au cours d’un évènement en ligne organisé le 16 avril 2020 et coparrainé par le Global Development Policy Center et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement
La COVID-19 tue. Toutefois, l’ampleur et les conséquences de la pandémie sont humaines.
Le décès de milliers de personnes et la disparition des moyens de subsistance de millions d’autres étaient évitables. Ces pertes résultent des inégalités extrêmes profondément ancrées dans notre économie mondiale.
La hausse brutale des courbes de mortalité, l’ampleur des pertes économiques et l’agitation sociale dans plusieurs pays sont le fruit de nos choix politiques, une conséquence du modèle économique que nous avons créé.
La COVID-19 a fait entrer la planète dans une phase de récession. Le Fonds monétaire international indique que les répercussions de la vague de confinement vont être plus catastrophiques que celles de la crise financière mondiale de 2008. L’Organisation internationale du Travail s’attend à ce que la COVID-19 détruise l’équivalent de 195 millions de postes à plein temps.
Comme nous l’avons appris de celle du VIH, les épidémies causent des ravages dans un monde pétri d’inégalités. Elles se gorgent de celles existantes et affectent surtout les populations les plus vulnérables et marginalisées : celles qui n’ont pas accès aux soins de santé, qui ne disposent pas de systèmes de protection sociale, de congés maladie ou qui n’ont pas d’eau pour se laver les mains. Les personnes dont le droit à la santé est bafoué sont les premières touchées et sont celles qui payent le prix le plus fort.
Lorsque les gouvernements accordent la priorité aux régimes de santé privés par rapport aux soins de santé universels financés par des deniers publics, ils font un choix et déclarent que le droit à la santé devient le privilège de quelques personnes qui peuvent se le permettre. En période d’épidémie, ce choix détermine ni plus ni moins qui va vivre et qui va mourir. Quiconque jouit du privilège d’accéder aux soins de santé survit, les autres meurent.
Les gouvernements doivent investir dans une protection sociale universelle. Les communautés pauvres du monde entier nous disent : « Si nous ne travaillons pas, nous allons mourir de faim avant même d’attraper le coronavirus. » C’est un choix auquel personne ne devrait être confronté. Cette crise sanitaire se transforme rapidement en une crise alimentaire.
Notre économie foisonne d'exemples de modèles commerciaux qui fonctionnent sur du personnel dépourvu de protection. Ces modèles exploitent la main-d’œuvre et les sous-traitants, ne les aident pas ou ne les protègent pas.
La crise climatique est une autre conséquence de notre modèle économique pernicieux qui exploite les écosystèmes dont nous dépendons. Et, ici aussi, ce sont les plus pauvres, les moins responsables de cette exploitation, qui sont touchés de plein fouet. À l’heure où je vous parle, dans le Pacifique, des populations ne luttent pas uniquement contre la COVID-19, mais sont en train de reconstruire après le passage du cyclone Harold.
Rien de tout cela n’est fortuit. C’est intentionnel. Je viens d'affirmer que nous récoltons les fruits des choix humains, mais il s’agit souvent de ceux des HOMMES. Les hommes continuent de monopoliser les conseils d’administration des entreprises et de peupler les couloirs de la politique, alors que c’est aux femmes que revient en grande majorité la tâche de s’occuper des autres. Les femmes doivent prendre soin des malades dans leur famille au cours d’une pandémie ou marcher encore plus longtemps pour trouver de l’eau potable.
Mais tout espoir n’est pas entièrement mort. Nous apercevons quelques lueurs ici ou là, et les enseignements font leur chemin. Des gens prennent conscience que la santé et la protection sociale sont importantes. Cela signifie que si nous surmontons cette crise, nous devons repartir sur de nouvelles bases, pas reprendre d’où nous étions.
Nous voyons des pays créer des impôts de « solidarité » sur les grandes entreprises et sur les riches contribuables. Nous entendons parler de l’annulation de la dette des étudiantes et étudiants, de la suppression des frais de santé, y compris des redevances, et d’une augmentation du soutien apporté aux aidantes et aidants. Voilà de nouvelles perspectives.
Néanmoins, nous voyons d’autres pays s’engager sur une tout autre voie : baisses d’impôts pour les plus riches ou sauvetage financier de grandes entreprises sans garantie que ces aides amélioreront le sort du personnel et des sous-traitants sur le terrain. Bref, nous enregistrons des signaux contradictoires.
L’enveloppe destinée à la santé et à la protection sociale doit être revue à la hausse. Cela pourrait jeter les fondements de la reconstruction, afin que cette dernière ne se limite pas à un sauvetage financier improvisé.
Nous devons sortir autres de cette crise, avec la détermination de changer de modèle économique. Nous avons besoin d’un Global Green New Deal qui incite à penser en priorité aux personnes et à la planète.
Un nouveau modèle économique qui démocratise la couverture sanitaire et la protection sociale universelles auprès de toutes et tous, qui favorise des conditions de travail décentes et paye des salaires décents, où les fruits sont distribués tout au long de la chaîne d’approvisionnement et où chaque partie prenante en profite de manière équitable. Un modèle qui respecte les engagements de l’Accord de Paris sur le climat.
Nous nous trouvons à la croisée des chemins et je prie pour que les leaders du monde entier se décident en faveur de choix différents.
Notre action





Feature Story
Pakistan : garantir que le traitement contre le VIH reste disponible à l’heure de la COVID-19
15 avril 2020
15 avril 2020 15 avril 2020Assise à côté de sa fenêtre cassée, Ashee Malik (nous avons changé son nom), une femme transgenre vivant dans la province pakistanaise du Punjab, compte son argent pour constater que ses revenus ont sérieusement baissé. Son unique source de revenus consiste à danser, demander l’aumône et divertir ses clients, mais depuis le 20 mars, le jour où le confinement a été institué pour arrêter la COVID-19, elle n’a pas pu sortir de chez elle. Ses tenues chamarrées sont remisées dans son armoire avec son nécessaire de maquillage qu’elle n’a pas touché depuis des semaines. « Nous avons peur pour notre bien-être, car nous n’avons pas assez pour subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles », explique-t-elle.
La vie de Mme Malik comme celle de la plupart des personnes transgenres au Pakistan est marquée par la stigmatisation, la discrimination et l’isolement social. L’accès aux services de santé, à l’éducation et à l’emploi est l’un des nombreux défis auxquels est confrontée cette communauté malgré l’adoption en 2018 du Transgender Persons Protection of Rights Act. La COVID-19 et le confinement qui l’accompagne ne font que tout compliquer. Au 15 avril, plus de 5 900 cas confirmés de COVID-19 et 107 décès avaient été signalés au Pakistan.
Il y a un véritable risque que les restrictions de déplacement auxquelles est soumise la population perturbent des services essentiels pour les personnes vivant avec le VIH, une infection qui touche de manière disproportionnée la communauté transgenre au Pakistan.
La Khawaja Sira Society (KSS), qui s’engage en faveur des personnes transgenres, s’est mise à fournir de l’aide en travaillant avec les plus marginalisées et en fournissant des informations sur la façon de se protéger contre le VIH et la COVID-19.
« La communauté transgenre est particulièrement vulnérable à cause des préjugés, de la stigmatisation et de la discrimination à son encontre. Nous devons mettre en place un modèle de prévention de la COVID-19 qui prenne en compte les dynamiques et les problèmes que rencontre cette communauté au cours de la pandémie », explique la responsable des programmes de la KSS, Mahnoor alias Moon Ali.
Certains problèmes ont été évoqués plusieurs fois au cours des discussions menées par la KSS auprès de 150 personnes transgenres, dont 30 % environ sont séropositives. Il s’agit par exemple de la perte totale de revenus et de la promiscuité au sein des Dheras, ces maisons communes où quatre ou cinq personnes transgenres cohabitent, ce qui complique la distanciation sociale. À cela s’ajoute que la plupart des personnes contactées sont analphabètes, si bien qu’elles passent à côté des campagnes de santé publique expliquant comment éviter une infection au coronavirus. La peur de tomber malade est importante, ce qui affecte aussi leur santé mentale. Le gouvernement pakistanais a annoncé vouloir apporter une aide alimentaire. Il n’est toutefois pas certain que les personnes transgenres pourront en profiter, car ce programme repose sur un contrôle de la carte nationale d’identité, un document dont ne dispose tout bonnement pas la majorité des membres de la communauté transgenre du pays.
Par ailleurs, on assiste à une utilisation renforcée des médias sociaux pendant le confinement. Avec l’aide de l’ONUSIDA au Pakistan, la KSS diffuse des informations sur l’hygiène, les mesures de prévention et la distanciation sociale sur les médias sociaux et elle aborde le thème de la COVID-19 avec la communauté. La KSS, en lien avec les administrations provinciales, s’engage également pour garantir que les personnes vivant avec le VIH puissent se faire livrer chez elles leur thérapie antirétrovirale en quantité suffisante pour plusieurs mois.
« Nous, les personnes transgenres vivant avec le VIH, avons l’impression que le fait de nous rendre dans les centres gérés par le gouvernement qui délivrent une thérapie antirétrovirale nous expose à un risque. Nous avons besoin de nous faire livrer la thérapie antirétrovirale directement chez nous », explique Guddi Khan, une femme transgenre séropositive.
Comme l’accès ininterrompu à une thérapie antirétrovirale est essentiel pour les personnes vivant avec le VIH, la Pakistan Common Management Unit for AIDS, TB and Malaria, en collaboration avec l’ONUSIDA et d’autres partenaires, a mis en place des plateformes virtuelles et des lignes d’assistance téléphonique afin de garantir la continuité de la coordination. Un stock d’urgence d’antirétroviraux a été mis à la disposition des personnes vivant avec le VIH pour les deux prochains mois. En outre, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme contribue à constituer un stock tampon afin d’éviter toute interruption du traitement en cas d’éventuelles difficultés d’importation de médicaments.
« Nous collaborons étroitement avec l’Association of People Living with HIV, les gouvernements fédéraux et provinciaux, ainsi qu’avec la famille de l’ONUSIDA afin de suivre la situation et d’apporter rapidement une aide pour surmonter les obstacles empêchant l’accès à des services vitaux du VIH en cette période extrêmement difficile marquée par la crise de la COVID-19, » explique Maria Elena Borromeo, la Directrice pays de l’ONUSIDA au Pakistan et en Afghanistan.
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L’ONUSIDA condamne l’usage abusif des pouvoirs exceptionnels à l’encontre des populations marginalisées et vulnérables
09 avril 2020 09 avril 2020GENÈVE, le 9 avril 2020—L’ONUSIDA se montre très préoccupée par les informations qui lui parviennent indiquant que l’épidémie de COVID-19 sert de prétexte pour cibler les populations marginalisées et vulnérables, rogner l’espace alloué à la société civile et renforcer les pouvoirs de la police. L’organisation est en particulier extrêmement inquiète au sujet des nouvelles lois adoptées dans le but de réduire les droits et les libertés, qui prennent aussi pour cible des groupes criminalisés, et ce, d’une manière qui nuira aux droits et à la santé des personnes vivant avec le VIH ou exposées au virus.
« En temps de crise, il est crucial d’attribuer des pouvoirs exceptionnels et de faire preuve d’agilité. Toutefois, cela ne doit pas se faire au dépens des droits des plus vulnérables », a déclaré Winnie Byanyima, la Directrice exécutive de l’ONUSIDA. « L'exercice des freins et contrepoids, socle fondamental de l'état de droit, requiert d’éviter tout abus. Dans le cas contraire, nous pourrions reculer sur les droits humains, le droit à la santé et la riposte au sida. »
S’il y a une bien chose que nous avons apprise des épidémies passées et présentes, c’est qu’une riposte efficace aux crises sanitaires comme celle de la COVID-19 doit reposer fermement sur la confiance, la solidarité humaine et le respect indéfectible des droits humain. Toutefois, ces derniers temps, il a été signalé que certains pays utilisent des pouvoirs exceptionnels ou la santé publique pour justifier la restriction de droits liés à l’autonomie des personnes, l’identité sexuelle, la liberté d’expression, ainsi que les droits et la santé de la reproduction et sexuelle. Il est également fait état d’une recrudescence inquiétante des sanctions pénales liées à la transmission et à l’exposition au VIH, à la non-divulgation du statut sérologique, ainsi que du recours aux forces de l’ordre pour cibler, via des arrestations et des violences policières, des groupes vulnérables et criminalisés, comme les professionnel(le)s du sexe, les toxicomanes, les personnes vivant avec le VIH, ainsi que des membres de la communauté LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexes).
En Hongrie, depuis la promulgation d’une nouvelle loi, les personnes ont perdu le droit de changer de genre et de nom sur les documents officiels afin que ces derniers reflètent leur identité sexuelle. Cela représente une violation flagrante des droits humains internationaux en faveur de la reconnaissance légale de l’identité sexuelle.
En Pologne, un amendement au droit pénal a été adopté au cours d’une procédure accélérée afin d’alourdir les sanctions liées à l’exposition, la non-divulgation et la transmission du VIH. Ces dernières sont maintenant passibles d’une peine d’emprisonnement allant de six mois à huit ans, ce qui enfreint clairement les obligations relatives aux droits humains internationaux de supprimer les lois du code pénal qui reposent uniquement sur le VIH.
L’ONUSIDA se préoccupe que des pays aient recours au droit pénal, comme la criminalisation de la transmission de la COVID-19, arrêtent et emprisonnent des personnes ne respectant pas les restrictions. Notre expérience avec l’épidémie de VIH nous a appris que criminaliser la transmission du virus est le premier pas de violations importantes des droits humains. Outre qu'elle entrave la riposte, cette démarche ne repose sur aucun fondement scientifique. Il est quasiment impossible de prouver qui est à l’origine d’une transmission ainsi que l’intention en ce sens. Par conséquent, cela ne satisfait pas le principe des exigences légales de la pénalisation. En outre, la pénalisation visent souvent les communautés vulnérables et stigmatisées. En Ouganda, 23 personnes qui entretenaient des liens avec un refuge fournissant des services à la communauté LGBTI ont été arrêtées. 19 d’entre elles ont été accusées de négligence pouvant favoriser la propagation d’une infection ou d’une maladie. Ces 19 personnes se trouvent en prison sans espoir d’accéder à un tribunal, à une représentation légale ou à des médicaments.
L’ONUSIDA est également préoccupée d’entendre parler de violences policières dans de nombreux pays dans le cadre de l’application de mesures. Des rapports signalent des violences physiques, du harcèlement et le ciblage de groupes marginalisés, notamment les professionnel(le)s du sexe, les toxicomanes et les sans-abris. Le recours au droit pénal et à la violence pour appliquer les restrictions à la liberté de circulation est disproportionné et n’est pas étayé par des données probantes. La mise en œuvre discriminatoire de ce type de stratégies touchent de manière démesurée les personnes les plus vulnérables (personnes qui pour une raison ou pour une autre ne peuvent pas rester chez elles, sont sans domicile ou doivent travailler afin d’assurer leur subsistance).
Au Kenya, des organisations de la société civile alarmées par des mesures de riposte à l'épidémie irrespectueuses des droits humains, ont publié un avis consultatif appelant à adopter une approche basée sur les droits humains pour riposter à la COVID-19. Leur courrier demande de mettre l’accent sur l’engagement communautaire et sur ce qui fonctionne en matière de prévention et de traitement plutôt que sur des approches disproportionnées et coercitives.
La réponse à une crise peut nécessiter de limiter certains droits afin de protéger la santé et la sécurité publiques, mais ces restrictions doivent avoir un objectif légitime. Pour la COVID-19, il s’agit de contenir la pandémie. Ces restrictions doivent être proportionnées, nécessaires, non arbitraires, étayées par des données probantes et légitimes. Un tribunal doit également être en mesure de contrôler chaque décret/loi ou action des autorités répressives. De même, les pouvoirs de ces dernières doivent être définis avec précision, proportionnés et nécessaires.
L’ONUSIDA enjoint à tous les pays de garantir que toute loi et tout pouvoir en lien avec la situation d’urgence se limitent à une durée raisonnable et qu’un renouvellement ne soit possible qu’en passant par une procédure parlementaire participative appropriée. En outre, le recours aux forces de l’ordre doit être clairement défini. Un système indépendant de surveillance des actions de la police, ainsi qu’un dispositif de redressement des torts occasionnés par les forces de l’ordre doivent être garantis. Toute restriction de droits relatifs à la non-discrimination sur la base du statut sérologique, à la santé de la reproduction et sexuelle, à la liberté d’expression et à l’identité sexuelle comme cité précédemment ne renforce pas la riposte à la COVID-19, par conséquent, sa finalité n’est pas légitime. L’ONUSIDA appelle les pays à supprimer toute loi mise en place pour laquelle il n’est pas possible d’affirmer que son objectif est légitime pour la riposte ou le contrôle de la pandémie de COVID-19.
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Cartographier les innovations afin de renforcer la riposte à la COVID-19
08 avril 2020
08 avril 2020 08 avril 2020La carte Coronavirus Innovation Map a été lancée par StartupBlink en partenariat avec Health Innovation Exchange, une initiative de l’ONUSIDA qui cherche à exploiter le potentiel d’innovations afin d’améliorer la santé de l’humanité, et Moscow Agency of Innovations.
Cette carte répertorie des centaines d’innovations et de solutions venues des quatre coins du monde. Elle permet de soutenir et de renforcer la riposte à la COVID-19, d’aider les personnes à adapter leur style de vie au cours de la pandémie, mais aussi de mettre en lien des créatrices et créateurs afin de favoriser la collaboration sur des solutions.
Cette carte fournit des informations dans cinq catégories : prévention, diagnostic, traitement, information, ainsi qu’adaptation de la vie personnelle et professionnelle (prevention, diagnosis, treatment, information et life and business adaptation). La catégorie Prevention présente par exemple l’appli Track Virus qui suit la propagation du virus en Israël, ainsi qu’un kit de dépistage de la COVID-19 mis au point par E25Bio qui permettra à terme de fournir un résultat en une demi-heure.
Le site liste également différentes manières d’obtenir des médicaments sans sortir de chez soi. Les solutions de télésanté et de livraison de médicaments à domicile seront en effet tout aussi importantes pour riposter à la COVID-19 qu'au sida.
La catégorie Information montre comment obtenir rapidement des informations exactes sur la crise et les innovations, alors que la catégorie Life and business adaptation indique aux personnes comment s’adapter à la situation grâce au numérique. Des écoles et des universités ont ainsi adopté en un rien de temps l’apprentissage en ligne, et le télétravail devient un substitut du bureau.
La carte est pensée pour fournir des informations aux fonctionnaires, aux responsables d'entreprises ou d'investissement en capital-risque, etc. afin de renforcer la riposte à la COVID-19, et d’affronter la pandémie et ses répercussions.
« Nous faisons face à un défi d’une ampleur inédite et nous devons travailler ensemble pour rassembler les meilleures idées afin de battre le virus. Coronavirus Innovation Map vise à fournir une plateforme aux innovatrices et innovateurs, à chacune et chacun d’entre nous, afin d’encourager la collaboration et l’engagement au sein de la riposte », a déclaré le directeur du bureau de l’innovation de l’ONUSIDA, Pradeep Kakkattil.
« La plateforme permet d’échanger des idées ou d’entrer en contact avec des actrices et acteurs de l’innovation. Nous constatons que des solutions et des innovations existantes sont détournées de leur finalité première et fournissent de bons résultats contre la COVID-19. Nous avons la conviction que la plateforme va mettre plus rapidement les nouvelles solutions entre les mains de celles et de ceux qui se trouvent en première ligne de la riposte », a ajouté Eli David, le PDG de StartupBlink.
Plus de 500 innovations ont déjà fait leur entrée sur la plateforme. Health Innovation Exchange prévoit par ailleurs de rédiger un rapport portant sur une sélection d’innovations qui seront mises à disposition de partenaires nationaux dans le cadre de la riposte à la COVID-19.
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Vivre avec le VIH à l’heure du confinement
07 avril 2020
07 avril 2020 07 avril 2020Pumza Mooi se fait du souci. Cette habitante de Port Elizabeth en Afrique du Sud fait partie des 2,5 millions de compatriotes qui vivent avec le VIH, mais ne suivent pas de thérapie antirétrovirale.
« J’ai décidé qu’il est temps de m’y mettre », explique Mme Mooi. « Peu importe si j’ai un taux élevé de CD4 ou que ma charge virale est basse, un traitement contre le VIH m’apportera le meilleur résultat possible. Je dois le faire pour moi-même, pour mes enfants et pour tous ceux et celles qui ont besoin de moi. J’ai peur de tomber malade », continue-t-elle.
La décision de Mme Mooi s’inscrit dans un contexte d’incertitudes pour les personnes ayant un système immunitaire affaibli, qui craignent de développer une forme grave de l’infection dite COVID-19. Il n’existe à l’heure actuelle aucune preuve que les personnes vivant avec le VIH sont davantage exposées à un risque de contamination à la COVID-19. Toutefois, une infection au coronavirus pourrait provoquer des symptômes plus graves chez les personnes séropositives qui ne prennent pas d’antirétroviraux.
Le gouvernement sud-africain a proclamé trois semaines de confinement en vue de ralentir la propagation de la COVID-19 et le ministre de la Santé, Zweli Mkhize, a invité la population à prendre des précautions pour éviter une infection. Il a souligné l’importance de connaître son statut vis-à-vis du VIH, de faire un dépistage et de commencer sans attendre un traitement si le résultat se révèle positif.
« J’ai peur rien qu’à l’idée d’attraper la COVID-19 », indique Mme Mooi. « C’est suffisamment difficile de savoir que mon corps lutte déjà contre un virus [le VIH]. Je me demande : mon corps est-il suffisamment fort, mon système immunitaire peut-il tenir le coup ? »
Mme Mooi a contracté le VIH il y a plusieurs années, à une époque où l’on conseillait généralement aux personnes séropositives de commencer un traitement uniquement lorsque leur taux de CD4 baissait, autrement dit à partir du moment où elles tombaient malades. Elle surveille l’évolution du VIH depuis qu’elle connaît son statut. En 2016, l’Organisation mondiale de la Santé a publié de nouvelles lignes directrices recommandant une thérapie antirétrovirale à vie pour les enfants, les ados et les adultes, y compris toutes les femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH, indépendamment de leur taux de CD4. Autrement dit, toute personne séropositive devrait commencer un traitement immédiatement après le diagnostic du VIH.
L’ONUSIDA observe activement l’impact de la COVID-19 et travaille avec des réseaux de personnes vivant avec le VIH, le gouvernement et des partenaires de développement afin d’assurer que les préoccupations des personnes séropositives soient entendues et prises en compte dans la riposte au coronavirus. Il s’agit d’identifier entre autres les difficultés auxquelles sont confrontés les services de santé, d’encourager l’allongement de la durée de prescriptions d’antirétroviraux à plusieurs mois et d’aider les communautés à fournir des solutions.
Le rôle des réseaux sociaux
Le confinement est particulièrement dur pour les personnes vivant dans des habitats informels. L’ONUSIDA est consciente qu’elles font face à des difficultés pour se protéger elles-mêmes et respecter la distanciation sociale et le confinement. À cela viennent s’ajouter des informations inexactes sur le coronavirus qui attisent les peurs. « On entend beaucoup de choses, mais tout n’est pas vrai », dit Mme Mooi. « Je rappelle aux gens que le gouvernement met à disposition un numéro sur WhatsApp où nous pouvons obtenir des informations exactes et qu’ils ne doivent pas faire attention aux autres informations. Le gouvernement nous communiquera ce qui est vrai. »
Mme Mooi a la chance d'avoir constitué un solide réseau de soutien autour d’elle après avoir partagé son statut sérologique en ligne il y a plusieurs années. « Je sais que l’on s’occupera de moi », explique-t-elle. Elle anime des groupes d’entraide sur Facebook et WhatsApp destinés à des personnes vivant avec le VIH, qui regroupent des dizaines de membres. Le plus jeune a 16 ans et est né avec le VIH, la plus âgée est une femme de 62 ans qui vit depuis longtemps avec le virus.
Ces dernières années, de nombreux membres du groupe partagent leur expérience de vie avec le VIH et avec le traitement contre le virus. Elles et ils évoquent la stigmatisation, la discrimination et la manière de ne pas baisser les bras. Selon Mme Mooi, les membres sont d’accord pour dire que la meilleure option consiste à suivre et à respecter un traitement contre le VIH.
Un nouveau thème est apparu dernièrement dans les groupes. « La COVID-19 suscite beaucoup d'interrogations », explique Mme Mooi. « Je leur dis de ne pas se faire de souci, de rester à la maison et de respecter les règles d’hygiène. » Pour le moment, tout le monde sait qu’il faut s’armer de patience et s’entraider à distance pour surmonter cette phase d’isolation prolongée.
Les groupes reposent surtout sur les contributions des femmes, mais les hommes les consultent. « Des hommes m’écrivent pour me demander pourquoi nous n’abordons pas les problèmes auxquels ils sont confrontés, mais s’ils n’en parlent pas, ils ne recevront pas toujours l’aide dont ils ont besoin », poursuit-elle. « J’encourage les hommes à partager leur expérience afin que nous puissions nous entraider. »
Penser à demain
Comme la plupart des gens, Mme Mooi attend déjà avec impatience de pouvoir retrouver une certaine liberté de mouvement et de commencer un traitement contre le VIH. Elle fait ce qu’elle peut pour prendre soin d’elle, de sa mère et de sa fille chez elle et pour encourager les personnes vivant avec le VIH dans ses réseaux. « Nous faisons ce que l’on nous dit de faire comme nous laver les mains et garder nos distances, et nous prions tout simplement et espérons des jours meilleurs », conclut-elle.
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La riposte à la COVID-19 ne doit pas oublier les professionnel(le)s du sexe
08 avril 2020 08 avril 2020GENÈVE, le 8 avril 2020—La pandémie de COVID-19, comme toute autre crise sanitaire, révèle au grand jour les inégalités existantes et touche de manière disproportionnée les populations déjà criminalisées, marginalisées et se trouvant dans une situation précaire qui ne bénéficient souvent pas des mécanismes de protection sociale.
Au cours de cette période difficile, le Réseau mondial des projets sur le travail du sexe (NSWP) et l’ONUSIDA souhaitent attirer l’attention sur les difficultés et les préoccupations spécifiques aux professionnel(le)s du sexe du monde entier. Les deux organisations appellent les pays à garantir le respect, la protection et l’application de leurs droits humains.
La pandémie de COVID-19 place les professionnel(le)s du sexe du monde entier face à des épreuves, à une perte totale de revenus, ainsi qu’à une hausse de la discrimination et du harcèlement. La majorité des pays criminalisent divers aspects du commerce du sexe, ce qui complique davantage leur situation déjà précaire au sein de l’économie informelle. Leur clientèle étant aussi confinée, les professionnel(le)s du sexe perdent toute protection, et leur vulnérabilité augmente au point de ne plus être en mesure de subvenir à leurs besoins ni à ceux de leur famille.
Tout autour du globe, et en particulier dans les pays où le commerce du sexe est criminalisé, des organisations de professionnel(le)s du sexe notent que cette population n’a pas accès aux programmes nationaux de protection sociale et qu’elle est exclue des mesures d’urgence de protection sociale mises en place pour le reste de la population active. Là et lorsque c’est possible, les professionnel(le)s du sexe prennent leurs responsabilités et se confinent pour respecter les décisions gouvernementales. Cependant, lorsque ces personnes sont exclues des ripostes à la COVID-19 pour ce qui est de la protection sociale, elles se retrouvent confrontées au choix difficile de mettre leur sécurité, leur santé et leur vie en danger juste pour survivre.
Le NSWP et l’ONUSIDA sont par ailleurs préoccupés par le signalement de mesures répressives, dont sont victimes des professionnel(le)s du sexe : razzias à leur domicile, dépistage obligatoire de la COVID-19, arrestations et menaces de reconduite à la frontière de professionnel(le)s du sexe migrant(e)s.
L’ONUSIDA invite les pays à prendre des actions essentielles et immédiates dans le respect des droits humains afin de protéger la santé et les droits des professionnel(le)s du sexe. Voici ce que les mesures devraient inclure :
- L'accès aux programmes nationaux de protection sociale pour les professionnel(le)s du sexe, y compris aux plans d’aide liés à la perte de revenus.
- Une séparation stricte et immédiate des services de santé de ceux de l’immigration afin de garantir que les professionnel(le)s du sexe migrant(e)s puissent accéder aux services de santé.
- Une aide financière d’urgence accordée aux professionnel(le)s du sexe en situation de pauvreté, en particulier aux migrant(e)s qui n'ont pas accès aux aides financières soumise au statut de résidence.
- L’arrêt immédiat des expulsions et l’accès à un logement d’urgence décent pour les professionnel(le)s du sexe sans domicile.
- L’arrêt des razzias au domicile de professionnel(le)s du sexe et dans les lieux où s’exercent le commerce du sexe ; et la garantie que toutes les mesures de protection de la santé publique ne sont pas disproportionnées.
- L'arrêt immédiat des arrestations et des poursuites à cause d’activités en lien avec le commerce du sexe ; l'abandon d’un système reposant sur des mesures punitives et sur la criminalisation et l'adoption d'un système au service des personnes les plus défavorisées.
- L’arrêt immédiat du recours au droit pénal pour appliquer les restrictions liées à la COVID-19, y compris le dépistage forcé de la COVID-19 et les poursuites judiciaires liées.
- Suite au renforcement des restrictions de déplacement, extension automatique des visas arrivant à leur terme. Les systèmes de rétention de migrant(e)s doivent les aider en les hébergeant dans des infrastructures sures.
- L’implication des communautés de professionnel(le)s du sexe dans les ripostes : ces organisations doivent être représentées efficacement dans les groupes de planification d’urgence de la santé publique.
Comme toujours, l’ONUSIDA est prête à aider les pays à mettre en place les recommandations susmentionnées.
Notre action


Press Statement
L’ONUSIDA salue la décision du Portugal de régulariser temporairement les immigrant(e)s et les demandeurs et demandeuses d’asile
02 avril 2020 02 avril 2020GENÈVE, le 2 avril 2020—L’ONUSIDA salue chaleureusement la décision prise par le gouvernement portugais d’accorder des droits de séjour temporaire aux immigrant(e)s et aux demandeurs et demandeuses d’asile ayant déposé un dossier dans le pays avant le 18 mars 2020, date à laquelle l’état d’urgence lié à la COVID-19 a été prononcé. Ces personnes accéderont ainsi aux prestations sociales et de santé, dont le service national de santé, un compte en banque et les contrats de travail et de location, au moins jusqu’au 1er juillet 2020.
« L’ONUSIDA appelle tous les pays à adopter une approche basée sur les droits de l’homme pour lutter contre la COVID-19. Cette stratégie doit mettre l’accent sur les personnes et respecter les droits et la dignité de toutes et tous », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA. « Le Portugal montre l’exemple et fait preuve de compassion en priorisant les mesures protégeant les plus vulnérables dans sa riposte à la COVID-19. »
La COVID-19 représente la même menace sanitaire pour les migrant(e)s que pour les populations locales. Il faut donc les inclure afin de garantir l’efficacité de la riposte qui prend aussi bien en compte l’impact sanitaire que socioéconomique de la pandémie. Souvent, les migrant(e)s et les autres populations clés et vulnérables n’ont pas accès aux services sociaux et de santé, par crainte d’une reconduction à la frontière, du coût financier, des obstacles juridiques, de la barrière de la langue, de l’exclusion, de la stigmatisation et de la discrimination. La suppression de freins à l’obtention de soins médicaux et de prestations sociales améliorera les retombées sur la santé publique dans son ensemble, garantira les droits humains des plus vulnérables et bâtira une riposte plus forte, efficace et juste contre la COVID-19.
Depuis les prémices de l’épidémie de VIH, le Portugal fait figure de pionnier pour ce qui est de la riposte respectant les droits humains. Le pays a créé une législation propice, a mis en place des règlements progressistes en matière de drogue et a instauré la gratuité pour toutes et tous du traitement contre le VIH, indépendamment du statut migratoire de la personne. Le Portugal continue aujourd’hui de montrer la voie. Il encourage des modèles de soin reposant sur les communautés et une meilleure intégration des services de santé.
L’ONUSIDA a rédigé un nouveau guide qui s’inspire des leçons tirées de la riposte à l’épidémie du VIH. Ce document vise à aider les gouvernements, les communautés et d’autres acteurs à élaborer et mettre en place des mesures pour contenir la vague de COVID-19 : Les droits humains aux temps de la COVID-19 — Les leçons du VIH pour une réponse efficace et dirigée par la communauté.
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