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La réduction des risques pour les toxicomanes continue en Côte d’Ivoire au cours de la COVID-19
26 juin 2020
26 juin 2020 26 juin 2020Il est 10h du matin à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Comme chaque jour, Arouna Bakari (nous avons changé son nom), masque sur le visage, se lave les mains avant d’entrer dans ce que les toxicomanes appellent un fumoir, un de ces lieux de consommation ouverte de drogues à Abidjan. Il vérifie que le lavabo placé en face du fumoir fonctionne correctement. Après, il commence à travailler et à distribuer des équipements de prévention contre la COVID-19 aux personnes présentes.
M. Bakari travaille pour Parole Autour de la Santé (PAS), une organisation communautaire composée d'(ex)toxicomanes, de leurs proches et de spécialistes des sciences sociales. La PAS gère la première « communauté thérapeutique » d’Afrique de l’Ouest, un programme d’hébergement mixte destiné aux consommateurs et consommatrices de drogues.
Depuis sa création en Côte d’Ivoire en 2016, la PAS s’occupe de la santé des toxicomanes par le biais de la réduction des risques et des services liés à la lutte contre le VIH, la tuberculose, les infections sexuellement transmissibles et l’hépatite. Depuis octobre 2019, grâce à un financement de l’OSIWA (l’Open Society for West Africa), la PAS a consolidé ses activités en mettant l’accent sur le respect des droits humains des toxicomanes qui forment une communauté encore extrêmement stigmatisée et discriminée, ainsi que sur leur accès aux services de santé. C’est ce qui explique pourquoi M. Bakari organise aussi des formations pour le personnel de santé et de sécurité, ainsi que pour les journalistes en plus de travailler dans les fumoirs.
Des programmes de réduction des risques existent déjà depuis plusieurs années en Côte d’Ivoire. Des organisations communautaires ont vu le jour et collaborent avec le programme national contre le sida, les institutions nationales responsables de la législation sur les drogues et l’organisation non gouvernementale internationale Médecins du Monde.
La pandémie de COVID-19 et les restrictions de déplacement imposées pour la juguler ont tout d’abord paralysé l’action de la PAS, mais l’organisation a très vite retrouvé ses marques pour continuer à fournir ses services.
« Les toxicomanes ont remarqué l’absence sur le terrain d’associations ou d’organisations non gouvernementales malgré le fait que la consommation de drogues se concentre à certains endroits et que les toxicomanes continuent de partager leur matériel (pipes à crack, joints, cigarettes, seringues, aiguilles) avec le risque d’infection au VIH, à l’hépatite et à la tuberculose qui s’ensuit. Avec l’arrivée de la COVID-19, les usagers et usagères de drogues ont aussi perdu tout accès aux informations et à un équipement de prévention fiables pour lutter contre ce nouveau défi sanitaire, » explique Jérôme Evanno, l'un des membres fondateurs de la PAS.
Ainsi, la PAS a décidé d’aller chercher et de distribuer du matériel de prévention à la COVID-19 et de poursuivre son travail de réduction des risques. Le personnel de l’association a suivi une formation sur la prévention de la COVID-19. De plus, la PAS a produit un vidéoclip en nouchi sur l’importance de bien se laver les mains. Le nouchi est l’argot ivoirien utilisé comme langue vernaculaire dans les fumoirs.
Une étude au sein de la communauté a été menée afin de connaître le point de vue des toxicomanes à l’heure de la COVID-19 et de comprendre leurs peurs et besoins spécifiques face au nouveau coronavirus. Les conclusions et les recommandations tirées de l’enquête ont été communiquées aux partenaires pour militer et adapter leurs programmes en prenant en compte les attentes et les besoins des consommateurs et consommatrices de drogues.
Afin de réduire le risque d’épidémie de COVID-19 en prison, la PAS demande également la libération de personnes incarcérées et la distribution de matériaux de prévention du coronavirus aux personnes détenues dans l’infirmerie de la prison d’Abidjan.
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Épidémie de COVID-19 : l’ONUSIDA soutient la lutte contre l’insécurité alimentaire en Angola
19 juin 2020
19 juin 2020 19 juin 2020« L’histoire de l’Angola est marquée par les épidémies », explique le directeur pays de l’ONUSIDA pour l’Angola, Michel Kouakou. « Entre le choléra, le paludisme, la polio et la fièvre jaune, le pays est bien préparé et peut compter sur du personnel compétent, dont du personnel médical, pour lutter contre les épidémies », indique-t-il.
Ainsi, dès l’arrivée de la COVID-19, le président de l’Angola, João Lourenço, a pris des mesures immédiates en annonçant l’application du confinement à tout le territoire national, la fermeture des frontières et l’interruption des vols internationaux.
Ces mesures ont permis de limiter les nouveaux cas de COVID-19, mais beaucoup de personnes, surtout celles travaillant dans le secteur informel, l’ont payé en perdant leur moyen de subsistance.
Afin de répondre à l’insécurité alimentaire en résultant et dont souffrent en particulier les personnes séropositives, le bureau pays de l’ONUSIDA pour l’Angola a utilisé ses partenariats pour distribuer des rations alimentaires à des milliers de personnes de la capitale, Luanda.
Dans le cadre de la campagne Naître libre pour briller qui a pour objectif d’éliminer la transmission du VIH de la mère à l’enfant en Angola, la Première Dame, Ana Afonso Dias Lourenço, en partenariat avec la Saham Angola Insurance Company, l’Association of HIV-Positive People et l’ONUSIDA, a distribué 1 000 colis de nourriture à des personnes vivant avec le VIH, dont la moitié à des femmes séropositives enceintes.
Alors que le confinement se prolongeait, Yola Semedo, une vedette angolaise de la chanson et Ambassadrice nationale de bonne volonté de l’ONUSIDA, a organisé un concert virtuel qui a été retransmis à la télévision nationale. Elle a rassemblé des dons permettant de fournir 14 000 colis alimentaires supplémentaires qu’elle a ensuite distribués dans les provinces de Luanda et de Benguela. 500 personnes vivant avec le VIH dans la capitale ont profité de cette action.
« Nos concitoyen-nes sont dans une situation de vulnérabilité à cause de la COVID-19 et, en ce moment, je suis très heureuse d’être une enfant de ce pays. Nous nous rendons compte maintenant que nous pouvons compter sur un soutien réciproque », déclare Mme Semedo.
L’Angola Network of AIDS Service Organizations, un partenaire de longue date de l’ONUSIDA issu de la société civile qui vient en aide aux personnes et aux familles vivant avec le VIH, a quant à lui distribué 1 500 rations alimentaires. Ce chiffre augmente quotidiennement.
L’Association des policières d’Angola s’est également jointe au mouvement en donnant 120 colis de nourriture à l’organisation confessionnelle Associação de Solidariedade Cristã e Ajuda Mútua afin que cette dernière les distribue à des professionnelles du sexe qui ont perdu leur source de revenus à cause de la pandémie de COVID-19.
« Alors que de nombreux pays de la région se servent du confinement pour criminaliser davantage les populations clés, y compris les professionnel-les du sexe, cette action est la preuve que la solidarité est essentielle dans la situation actuelle », conclut M. Kouakou.
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L’Allemagne renforce sa contribution à la riposte au VIH en donnant 20 millions d’euros supplémentaires à l’ONUSIDA
25 juin 2020 25 juin 2020GENÈVE, le 25 juin 2020—Le gouvernement allemand a annoncé son intention de donner 20 millions d’euros supplémentaires à l’ONUSIDA en 2020 afin de renforcer la riposte au VIH au cours de la pandémie de COVID-19. Cette somme vient s’ajouter à sa contribution annuelle au budget de base de 5 millions d’euros. Le ministre fédéral de la Santé, Jens Spahn, a fait part de cette décision au cours d’une rencontre avec la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, organisée à Genève en Suisse, dans le cadre de la 46e réunion du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA.
« Nous félicitons le travail de l’ONUSIDA dans la lutte contre la COVID-19 qui met l’accent sur l’implication des communautés, l’accès des populations clés et vulnérables aux services de santé essentiels, dont ceux de lutte contre le VIH, la protection des droits fondamentaux et la réduction de l’impact socio-économique de l’épidémie », a déclaré M. Spahn. « Avec cette enveloppe supplémentaire, nous encourageons l’ONUSIDA à poursuivre son travail essentiel aux côtés de l’Organisation mondiale de la Santé et d’autres partenaires internationaux de santé. »
Le gouvernement allemand, ainsi que les parlementaires, la société civile et des partenaires en Allemagne font preuve depuis longtemps de leur engagement en faveur de la riposte au VIH, de la santé et de la sécurité sanitaire dans le monde. L’Allemagne s’est ainsi engagée à hauteur de 1 milliard de dollars lors de la dernière reconstitution des financements du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le gouvernement allemand, partenaire privilégié de l’ONUSIDA, contribue pleinement à mettre un terme au sida, qui menace la santé publique, d’ici 2030 et investit des ressources importantes pour n’oublier personne.
« L’ONUSIDA apprécie ce geste de soutien de la part de l’Allemagne qui vient reconnaître le travail réalisé par l’ONUSIDA avec les pays et les partenaires afin de répondre au VIH au cours de la pandémie de COVID-19. C’est une source d’encouragement. Par la même occasion, il reconnaît également que des leçons et expériences ont été tirées des dernières décennies de la riposte au VIH et qu’elles sont appliquées à l’heure actuelle dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 », a ajouté Mme Byanyima. « J’invite tout le monde à suivre l’exemple de l’Allemagne et à continuer à investir dans la riposte mondiale au VIH. »
Le soutien accru apporté par l’Allemagne est un investissement essentiel pour sauver des vies et protéger la dignité des personnes vivant avec le VIH ou exposées au virus. À l’heure où l’humanité est confrontée au double spectre de la pandémie de VIH et de COVID-19, l’Allemagne continue d’être un exemple de responsabilité partagée et de solidarité internationale, toutes deux nécessaires. Des simulations prédisent qu’une interruption totale de six mois des services du VIH due à la COVID-19 pourrait multiplier par deux les décès liés au sida en Afrique subsaharienne et les faire retomber au niveau de 2008, et que cela pourrait provoquer jusqu’à 162 % d’augmentation des nouvelles infections au VIH chez les enfants.
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Disponibilité et prix des antirétroviraux : impact de la COVID-19 et atténuation des risques
22 juin 2020 22 juin 2020Une étude de l’ONUSIDA montre que l’impact de la COVID-19 sur la production et la logistique pourrait avoir des conséquences considérables sur l’approvisionnement en thérapie antirétrovirale dans le monde entier. Des mesures peuvent néanmoins être prises dès à présent pour en limiter les effets
GENÈVE, le 22 juin 2020— Une nouvelle analyse de l’ONUSIDA met en lumière les répercussions potentielles de la pandémie de COVID-19 sur l’approvisionnement en antirétroviraux génériques utilisés pour soigner le VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire du monde entier.
Cette étude révèle que les mesures de confinement et les fermetures de frontières imposées pour enrayer la COVID-19 affectent aussi bien la production que la distribution de médicaments, ce qui pourrait augmenter leur coût et poser des problèmes d’approvisionnement, voire provoquer des ruptures de stock dans les deux prochains mois.
« Il est indispensable que les gouvernements élaborent sans attendre des stratégies pour pallier l’éventualité et les répercussions liées à une augmentation des prix et à une disponibilité limitée des antirétroviraux », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « J’appelle les gouvernements et les acheteurs de médicaments utilisés dans le traitement du VIH à agir sans attendre afin de garantir que les personnes suivant une thérapie puissent la poursuivre. Cela permettra de sauver des vies et d’empêcher les nouvelles infections au VIH. »
En juin 2019, on recensait 24,5 millions de personnes suivant une thérapie antirétrovirale. Une interruption de leur traitement mettrait en danger des millions de personnes, aussi bien elles-mêmes que des tiers à cause de l’augmentation du risque de transmission du VIH. Une simulation récente portant uniquement sur l’Afrique subsaharienne est arrivée à la conclusion qu’une interruption de six mois de la thérapie antirétrovirale pourrait se traduire par 500 000 décès supplémentaires liés au sida.
La production d’antirétroviraux est affectée à plusieurs titres. D’une part, le ralentissement considérable du transport aérien et maritime freine la distribution de matières premières et d’autres produits, comme les matériaux d’emballage, dont les entreprises pharmaceutiques ont besoin pour fabriquer les médicaments. D’autre part, l’éloignement physique et le confinement restreignent également la disponibilité des ressources humaines sur les sites de production. La pénurie combinée de matières premières et de personnel pourrait provoquer des problèmes d’approvisionnement et une pression sur les prix dans les mois à venir. Une telle situation toucherait en particulier certains régimes de traitement de première instance et ceux pour les enfants.
Un concours de circonstances aggrave la pression sur les coûts généraux des antirétroviraux finaux. L’augmentation des frais généraux et de transport, la nécessité de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement pour les matières premières essentielles et les substances pharmaceutiques actives, ainsi que les fluctuations monétaires engendrées par le choc économique attendu se combinent pour tirer vers le haut le prix de certains traitements antirétroviraux. On estime qu’une augmentation de 10 à 25 % de ces éléments pourrait alourdir de 100 à 225 millions de dollars la facture annuelle des antirétroviraux en provenance d’Inde. Lorsque l’on pense qu’en 2018 le déficit du financement de la lutte contre le VIH dépassait les 7 milliards de dollars, le monde ne peut pas se permettre qu’une charge supplémentaire s’abatte sur les investissements de la riposte au sida.
L’ONUSIDA et ses partenaires œuvrent toutefois pour limiter cet impact. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial) fournit un financement immédiat pouvant atteindre 1 milliard de dollars afin d’aider les pays à lutter contre la COVID-19. Par ailleurs, il permet aussi aux bénéficiaires n’appartenant pas au Fonds mondial d’utiliser sa plateforme d’approvisionnement. Le Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida, quant à lui, encourage la continuité des soins contre le VIH, la mise en place de nouvelles stratégies comme la télémédecine et une certaine souplesse concernant les exigences de reporting, ainsi que de réallocation du personnel et des financements des programmes. De son côté, l’Organisation mondiale de la Santé compile, échange et analyse les informations sur les services de lutte contre le VIH touchés. Elle coopère aussi avec les fabricants d’antirétroviraux pour ce qui est de l’approvisionnement d’urgence et avec les pays pour les inviter à choisir d’autres produits disponibles de qualité équivalente et à envisager des mesures possibles de limitation de l’impact. Pour finir, l’ONUSIDA coordonne les efforts pour surmonter les difficultés de gestion de l’approvisionnement en thérapie antirétrovirale provoquées par la riposte à la COVID-19.
Le rapport fournit aux gouvernements et aux fournisseurs une liste de recommandations concernant une action coordonnée afin de résoudre ces problèmes et de minimiser leur impact sur les chaînes d’approvisionnement et les prix. Une gestion efficace des stocks actuels et futurs d’antirétroviraux permettrait en effet d’assurer l’approvisionnement de toute personne nécessitant un traitement.
L’analyse de l’ONUSIDA a recueilli des informations auprès des huit fabricants d’antirétroviraux génériques en Inde qui représentent à eux seuls plus de 80 % de la production mondiale d’antirétroviraux. Cette étude a également pris en compte les services gouvernementaux dans sept autres pays producteurs d’antirétroviraux, qui assurent la majorité de la production nationale d’antirétroviraux génériques dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
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L’action des organisations communautaires sénégalaises s’appuie sur les compétences et les connaissances locales
18 juin 2020
18 juin 2020 18 juin 2020Masques, désinfectant, savon. Rations alimentaires, argent pour le loyer. Informations sur la manière de se protéger et de protéger les siens du virus... La liste ne s’arrête pas là.
Il est parfois difficile d’obtenir le nécessaire vital pendant cette pandémie de COVID-19, mais les communautés s’organisent et fournissent des services et des produits essentiels aux personnes qui en ont le plus besoin. Et celles ayant déjà participé à la riposte à une autre épidémie valorisent cette expérience pour lutter contre la COVID-19.
« Les organisations dirigées par des personnes vivant avec le VIH et des populations clés ou à destination de ces groupes dirigent aujourd’hui les programmes nécessaires de toute urgence pour affronter la COVID-19 et garantir la santé et le bien-être de leurs communautés », explique Demba Kone, directeur pays de l’ONUSIDA pour le Sénégal.
Le Sénégal, à l’image de nombreux autres pays du monde, fait face à une pénurie de masques et d’autres équipements de protection individuelle. Toutefois, l’organisation non gouvernementale Enda Santé a trouvé une solution rapide et efficace. Elle s’est tournée vers les talents de la couture et de la confection exerçant sur place en grand nombre, qui disposaient de stocks de tissu. En réponse à l’appel « Viens travailler avec nous », ces professionnel-les ont confectionné des milliers de masques d’excellente qualité en un temps record et à un prix défiant toute concurrence. Cette production locale signifie aussi que l’argent reste dans l’économie nationale déjà malmenée par la pandémie.
Enda Santé a également commencé à négocier avec des donateurs qui financent les programmes pour le VIH. Les fonds destinés à des activités liées au VIH, mais que la situation actuelle empêche, ont été octroyés au travail de lutte contre la COVID-19 au sein des communautés les plus touchées.
Concentrer les bonnes ressources au bon endroit est crucial lorsqu’il s’agit d’apporter une réponse à des épidémies qui se propagent rapidement au sein des communautés. Enda Santé a ainsi axé son action sur l’identification des communautés les plus vulnérables et démunies.
En utilisant des statistiques gouvernementales ainsi que ses propres connaissances sur la démographie, la disponibilité et l’accessibilité des services de santé, Enda Santé s’est penchée sur le niveau de pauvreté au sein des communautés, sur les quartiers les plus surpeuplés et sur les zones où les gens rencontraient des difficultés pour accéder aux soins de santé. Une évidence s’est imposée : les personnes les plus exposées au VIH sont également aujourd’hui très vulnérables à la COVID-19.
Enda Santé a alors concentré son action sur ces communautés. Elle a distribué du matériel de prévention, a mobilisé des personnalités influentes parmi les jeunes et les femmes de ces communautés, leur a donné une formation au porte-à-porte pour expliquer à la population comment se protéger, identifier les infections et orienter les gens vers les infrastructures de soin.
Il est devenu clair que de nombreuses personnes affectées par le VIH avec lesquelles Enda Santé travaillait étroitement (personnes vivant avec le VIH, professionnel-les du sexe, consommateurs et consommatrices de drogues injectables, adolescentes et jeunes femmes) avaient perdu leur source de revenus à cause du confinement et étaient maintenant confrontées à l’impact conjugué du VIH, de la COVID-19 et de la pauvreté. En réponse, Enda Santé a organisé la livraison de nourriture et des transferts d’espèces.
En réfléchissant à cette dynamique, Daouda Diouf, directeur exécutif d’Enda Santé, a déclaré : « Nous avions déjà appris comment faire tout cela dans le contexte du VIH, donc nous avons tout simplement transféré les compétences acquises au cours de 25 ans de riposte au VIH et nous les appliquons désormais à la COVID-19. La rapidité de l’action, l’engagement des membres des communautés en leur laissant jouer un rôle central, la stratégie de porte-à-porte, l’anticipation du risque de transmission, la fourniture de kits de prévention, etc. Nous avons été en mesure de réagir très rapidement. »
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L’ONUSIDA met en avant six actions essentielles en vue de placer l’égalité des sexes au centre de la riposte à la COVID-19
15 juin 2020
15 juin 2020 15 juin 2020Si le monde a bien appris une chose de la riposte au sida, c’est que lutter contre une maladie ne se fait pas sans protéger les droits humains et promouvoir l’égalité des sexes. Et la COVID-19 renforce ce constat.
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, l’ONUSIDA ne cesse de demander aux gouvernements de respecter les droits humains, de prévenir la violence basée sur le genre et de lutter contre elle. Ce problème est d’autant plus crucial aujourd’hui, que les mesures de confinement exposent les femmes et les filles à un risque encore plus élevé de violences sexuelles et exercées par un partenaire intime. Par ailleurs, l’ONUSIDA adopte une position sans ambiguïté concernant les services de santé de la reproduction et sexuelle : il s’agit de services essentiels qui doivent être reconnus en tant que tels.
Un nouveau rapport de l’ONUSIDA montre comment les gouvernements peuvent lutter contre les répercussions négatives, discriminantes et sexistes, de la COVID-19 et vise à intégrer ce thème dans les tables rondes de décision et les priorités de la riposte. Il présente six domaines nécessitant impérativement des actions pour satisfaire les besoins et protéger les droits des femmes et des filles au cours de la pandémie. Le rapport met en avant les besoins des femmes et des filles dans toute leur diversité, en particulier les plus marginalisées, et l’importance de leur fournir un accès aux services de santé essentiels. Il aborde par ailleurs les thèmes suivants : invisibilisation de la vague de violences basées sur le genre, recours abusif au droit pénal et à des mesures punitives, importance de l’éducation, de la santé et du bien-être, valorisation du travail des femmes et nécessité de faire que les activités non rémunérées de soins aux personnes soient l’affaire de tout le monde.
« La pandémie de COVID-19 lève le voile sur les discriminations contre lesquelles les femmes et les filles luttent tous les jours de leur vie, de la même manière que le VIH a révélé avant lui des inégalités et des injustices », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Nous retrouvons de nombreux facteurs d’inégalité connus de l’épidémie de VIH dans les sources d’inégalité et d’injustice de la pandémie de COVID-19. La seule manière de lutter efficacement contre ces deux épidémies consiste à mettre l’égalité des sexes au cœur de la riposte. »
Le rapport souligne que les droits et la santé de la reproduction et sexuelle sont souvent les premières victimes d’une épidémie et qu’il est nécessaire de protéger les avancées réalisées au cours des dix dernières années. Il indique aussi clairement que les rares ressources doivent être investies en priorité au profit des femmes et des filles les plus marginalisées, y compris les professionnelles du sexe, les femmes incarcérées et migrantes, ainsi que toutes celles dépourvues de justificatif d’emploi ou de résidence.
Le rapport présente une série de mesures pratiques que l’ONUSIDA prend actuellement avec des partenaires dans des pays afin de préserver les services de santé essentiels, de mobiliser une protection légale d’urgence et d’aider les populations victimes de violation de leurs droits fondamentaux au cours de l’épidémie de COVID-19.
Par exemple, au Nigeria et en Côte d’Ivoire, l’ONUSIDA et l’International Community of Women Living with HIV s’allient pour aider les femmes vivant avec le VIH à travailler en tant que pharmaciennes au sein de leurs communautés. Ces dernières collectent et effectuent des livraisons à domicile de thérapie antirétrovirale et d’autres médicaments aux personnes que les restrictions imposées à cause de la COVID-19 empêcheraient d’accéder à leur traitement.
En Amérique latine, le Fonds des Nations Unies pour la population et l’ONUSIDA proposent des moyens de contraception et un dépistage du VIH, ainsi que des kits de produits d’hygiène et des informations sur la violence basée sur le genre et le VIH aux femmes qui se trouvent en quarantaine obligatoire après avoir fui la République bolivarienne du Venezuela à cause de la COVID-19.
Au Maroc, l’ONUSIDA en partenariat avec le ministère de la Santé, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et la société civile est en train de mobiliser des groupes d’entraide, des services d’assistance médicale et psychosociale, ainsi que des services de médiation familiale à destination des populations les plus exposées au risque d’infection au VIH. Les collaborations entre le gouvernement et la société civile permettent de garantir un accès ininterrompu à la thérapie antirétrovirale, au traitement de substitution aux opiacés et à une aide alimentaire au cours de la pandémie.
Mais le message qu’envoie avant tout ce rapport, c’est que la santé, la sécurité, la dignité et les droits, en particulier pour les femmes et les filles dans toute leur diversité, ne doivent pas être mis en danger et que les femmes doivent mener les revendications en faveur du changement.
« Sortez de chez vous et battez-vous, faites entendre vos revendications et agissez pour vos communautés », a ajouté Mme Byanyima.
Six concrete measures to support women and girls in all their diversity in the context of the COVID-19 pandemic
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Un nouveau groupe issu de la communauté du VIH lutte contre la COVID-19 en Guinée
12 juin 2020
12 juin 2020 12 juin 2020Les communautés continuent de jouer un rôle important pour lutter contre les épidémies en Afrique. Dans le cadre de la riposte au VIH, leur engagement suit un principe fondamental : ne faites rien pour nous sans nous impliquer. Depuis le début de la riposte au sida, la société civile a été en première ligne en exigeant l’accès au traitement et le respect des droits humains, ainsi qu’en apportant son soutien aux services liés au VIH fournis par des communautés.
En Guinée, l’engagement des communautés se traduit par une amélioration continue des programmes du VIH et par des progrès considérables en matière de dépistage, de prévention, d’adhésion au traitement et d’assistance psychosociale. La promotion et la défense des droits humains sont également des thèmes essentiels pour les communautés. Leur implication permet de s’attaquer à la stigmatisation et à la discrimination, ainsi que de contrôler la qualité des services et d’affronter les défis.
Les leçons tirées de l’épidémie d’Ebola qui a touché le pays de 2013 à 2016 indiquent clairement que les communautés et le public doivent participer pleinement à la riposte à la COVID-19. Ce constat a motivé la création de la National Platform of Civil Society Organizations on HIV and TB (PNOSC-HIV/TB). Cette plateforme regroupant 28 associations a vu le jour avec le soutien technique et financier de l’ONUSIDA. Elle joue un rôle central dans l’élaboration du plan d’accès d’urgence du ministère de la Santé qui vise à réduire l’impact de la COVID-19 sur les services de santé, en particulier ceux liés au VIH.
La PNOSC-HIV/TB concentre son action sur les populations y compris les personnes incarcérées, vivant dans des camps de réfugiés ou des villes solidaires (des lieux où vivent des personnes ayant un handicap). Elle appuie activement la prévention contre la COVID-19 en sensibilisant sur le thème de l’éloignement physique que ce soit par le biais de médiateurs et de médiatrices issus des communautés, d’artistes locaux, des médias et d’activités de porte-à-porte.
Une ligne téléphonique gérée par deux réseaux de personnes vivant avec le VIH, dont un spécialisé dans les populations clés, apporte par ailleurs une assistance psychosociale. La PNOSC-HIV/TB promeut également la délivrance de plusieurs mois de thérapie antirétrovirale et son élargissement à tout le pays.
« La PNOSC-HIV/TB nous permettra de parler d’une voix, de nous affirmer encore plus, d’organiser et de renforcer notre contribution pour vaincre la COVID-19 et éliminer le sida en Guinée d’ici 2030 », a déclaré Mahawa Diallo Sylla, présidente de la PNOSC-HIV/TB.
La PNOSC-HIV/TB participe également à l’Observatoire des traitements communautaires qui surveille le respect des droits humains à l’heure de la COVID-19 et qui signale les violations au gouvernement et à l’Institution nationale des droits de l’homme.
« Je suis impressionnée par la volonté affichée par la PNOSC-HIV/TB pour combler le retard par le biais de sa participation à la riposte nationale au VIH. Je suis persuadée que le dynamisme et l’énergie générés depuis sa création marqueront durablement les ripostes du VIH et de la COVID-19 en Guinée », a souligné Dado Sy Kagnassy, directrice pays de l’ONUSIDA pour la Guinée.
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Cinq directeurs et directrices pays de l’ONUSIDA à la tête de la riposte à la COVID-19
11 juin 2020
11 juin 2020 11 juin 2020L’expérience de Celina Miranda, médecin et directrice pays de l’ONUSIDA au Salvador, s’est révélée très précieuse à l’heure de l’épidémie de COVID-19. Elle s’est sentie très honorée lorsque la coordonnatrice résidente des Nations Unies l’a nommée à la tête de l’équipe nationale de riposte à la COVID-19 au sein des Nations Unies.
« J’ai accepté ce défi, car j'ai acquis les compétences nécessaires pour gérer ce type de situations grâce à mon expérience professionnelle avec l’ONUSIDA sur le VIH », explique-t-elle.
À l’heure actuelle, elle s’est occupée de six cas confirmés de COVID-19 au sein du personnel de différentes agences des Nations Unies. « Quelques malades ont dû passer par l’hôpital, d’autres par la quarantaine volontaire, mais la phase critique de l’infection est dépassée pour tout le monde », ajoute Mme Miranda.
Le travail de coordination de la lutte contre la COVID-19 consiste en particulier à déterminer la capacité des hôpitaux locaux à recevoir et à soigner le personnel des Nations Unies et leurs proches. Le Salvador n’était pas prêt à affronter la pandémie, indique-t-elle, ce qui a compliqué la tâche.
Les équipes pays des Nations Unies ont nommé Mme Miranda et quatre de ses collègues responsables de la coordination de la lutte contre la COVID-19 dans leur pays respectif.
Pour Vladanka Andreeva au Cambodge, Yafflo Ouattara au Tchad, Job Sagbohan au Burkina Faso et Medhin Tsehaiu au Kenya, endosser une telle responsabilité est également un grand honneur.
Mme Andreeva explique comment les Nations Unies au Cambodge ont créé début mars une équipe interne de préparation et de riposte à la COVID-19. On s’est ensuite tourné vers elle pour diriger les efforts afin de garantir que les quelque 2 500 membres du personnel des Nations Unies et leurs proches ont accès aux informations, traitement, soins et soutien les plus à jour pour la COVID-19. Elle a élaboré un plan d’accès d’urgence destiné à la famille des Nations Unies et a encouragé la mise en place d’une procédure d’évacuation médicale, ainsi que des services d’assistance psychologique destinés au personnel.
M. Sagbohan est épidémiologiste et a travaillé pour l’Organisation mondiale de la Santé au cours des épidémies d’Ebola et de fièvre jaune. Il raconte avoir passé beaucoup de temps à rassurer le personnel pour qu'il surmonte le stress et la peur. « Les membres du personnel avaient peur. Ainsi, au cours du confinement, j’ai reçu jusqu’à 300 appels par semaine malgré les comptes rendus des assemblées générales virtuelles régulières qui leur étaient destinés dans tout le Burkina Faso. »
Et d’expliquer que malgré l’équipe restreinte et le manque de ressources de l’ONUSIDA par rapport à d’autres agences, les connaissances sur les maladies infectieuses ont été d’une grande aide. Il a rapidement demandé à avoir des contacts dans différentes organisations et a organisé un groupe de travail des Nations Unies contre la COVID-19. « J’ai pu m'appuyer sur le relais de personnes fiables et motivées pour m’aider et cela a fait toute la différence. »
Selon Yafflo Ouattara, la fonction de coordination de la lutte contre la COVID-19 convient parfaitement aux directeurs et directrices pays de l’ONUSIDA. « Nous avons l’habitude d’obtenir l’adhésion de nos cosponsors, nous avons donc le travail d’équipe dans la peau », dit-il. Au Tchad, son travail consiste principalement à étendre la couverture des unités de soins intensifs et d’établir un système de référence solide pour gérer les cas graves. Près de 7 000 personnes, membres du personnel des Nations Unies et leurs proches, vivent dans le pays, parfois à des endroits où les établissements de santé sont fermés la nuit.
À l’instar d'autres collègues, il a également apporté son aide au plan national d’urgence contre la COVID-19 afin de garantir que les personnes vivant avec le VIH accèdent à leur traitement et aux soins.
Il déclare que la pandémie a révélé au grand jour des lacunes importantes du système de santé du pays. « Non seulement des investissements essentiels dans les soins intensifs n’ont pas été faits, mais certains produits de première nécessité comme les gants, les masques ou le savon manquent tout simplement. »
Vivre dans un monde marqué par la COVID-19 ne se fait pas sans un certain nombre de changements. « [La crise] nous donne une chance d’intervenir et de nous faire entendre pour réformer les systèmes », déclare M. Ouattara.
Medhin Tsehaiu est d’accord avec lui. Elle est fière de l’implication de l’ONUSIDA dans des problématiques plus larges.
« Nous sommes bien là et nous contribuons activement et volontiers à notre part du travail », indique-t-elle. Mais elle est persuadée que la COVID-19 a changé pour toujours la manière de travailler.
Elle explique qu’avec toutes les réunions en ligne et l’arrêt des déplacements, le personnel était beaucoup plus disponible et qu’il n’y avait ainsi pas de temps mort dans la communication, mais que cela était très chronophage. « La crise nous rassemble, que cela nous plaise ou non, et cela nécessite une collaboration intense », continue Mme Tsehaiu.
Outre sa longue liste de tâches liées à sa fonction de coordinatrice pour la COVID-19, elle a lancé avec quelques autres personnes le fonds de solidarité des Nations Unies pour le Kenya. Après avoir pesé le pour et le contre, un compte en banque a été ouvert où le personnel peut choisir de faire des dons pendant trois mois afin que l’argent récolté soit distribué à des personnes dans le besoin.
« C’est une manière pour le personnel de montrer son empathie et son soutien à la population kényane en ces temps difficiles », indique-t-elle.
Pour ce qui est de la solidarité, Mme Andreeva explique que la pandémie a été véritablement un test pour la réforme des Nations Unies au niveau des pays, pas uniquement à propos de la riposte à la pandémie, mais aussi en ce qui concerne les aspects du devoir de diligence. Selon une étude menée en mai, 90 % du personnel au Cambodge indique que la direction des Nations Unies au niveau du pays prend les bonnes décisions pour gérer la crise.
Récemment, au cours d’une assemblée générale virtuelle rassemblant 300 membres du personnel des Nations Unies au Salvador, les retours étaient aussi positifs. Mme Miranda déclare ne pas chercher les éloges ni les remerciements supplémentaires. « Tout ce que j’aime, c’est aider les gens et les voir guérir, croquer la vie à pleines dents. »
Notre action
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31 octobre 2024


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Prendre les professionnelles du sexe pour cible n’est pas la solution
08 juin 2020
08 juin 2020 08 juin 2020Lorsque le gouvernement du Cameroun a demandé à toute la population de rester chez elle dans le cadre de la riposte à la COVID-19, Marie-Jeanne Oumarou (nous avons changé son nom) s’est dépêchée de faire des courses, d’aller chercher ses trois enfants et de les envoyer à la campagne.
Elle espérait ainsi pouvoir continuer à travailler en les sachant entre de bonnes mains.
« Je n’avais pas conscience de l’ampleur des difficultés qui découleraient du confinement », explique-t-elle. « Il est totalement inadapté pour nous, les professionnelles du sexe. »
Au cours des 10 dernières années, Mme Oumarou a appris à connaître comme sa poche les couloirs, ces avenues bordées de petits hôtels où exercent les professionnel-les du sexe dans la capitale du Cameroun, Yaoundé. Elle s’est lancée dans cette profession en 2010 après avoir été abandonnée avec ses jeunes enfants. Elle a appris à connaître les différentes femmes plus âgées, elles-mêmes d’anciennes professionnel-les du sexe, à qui elle paye un accès à des lieux où elle peut travailler en toute sécurité. La COVID-19 a toutefois chamboulé sa vie du jour au lendemain.
« Les hôtels étaient fermés, les clients se faisaient rares et la police était omniprésente. Je ne pouvais plus survivre », se souvient-elle.
Denise Ngatchou, directrice d’Horizons Femmes, une organisation non gouvernementale qui vient en aide aux femmes vulnérables, explique avoir été choquée de constater la manière dont les professionnelles du sexe ont été soudainement prises pour cible.
« La police a arrêté et détenu des femmes sans fournir aucune information », indique-t-elle. « Nous nous sentions démunies, car le gouvernement était en position de force avec la batterie de mesures contre la COVID-19. »
Rosalie Pasma, responsable d’un centre de santé d’Horizons Femmes, hausse les épaules en signe d’assentiment au cours d’une interview sur Skype.
« La COVID-19 a compliqué beaucoup de choses », indique-t-elle. « Les effets du confinement se font sentir de différentes manières qu’il s’agisse des femmes qui ne peuvent plus venir à leur rendez-vous de suivi à cause de problèmes de transport ou de nos juristes qui n’ont pas accès aux commissariats pour défendre les professionnelles du sexe arrêtées. »
Et Mme Ngatchou d’intervenir en déclarant qu’il n’y avait aucune raison de baisser les bras. Horizons Femmes s’est jurée de rester ouverte. Une équipe réduite à peau de chagrin a continué d’assurer une permanence avec des horaires restreints et de fournir un dépistage du VIH ainsi que d’autres services tout en respectant les mesures de prévention.
« Les gens nous ont dit d’arrêter toutes nos visites de sensibilisation sur le terrain, mais nous avons tenu autant que possible en apportant aux femmes des conseils sur le coronavirus afin qu’elles soient conscientes des dangers potentiels », explique-t-elle.
L’association distribue également des masques et a lancé un projet de financement participatif afin de pouvoir acheter davantage d’équipement de protection. Mme Ngatchou est très préoccupée d’avoir assisté à tant de choses et de pouvoir faire si peu.
« Assouplir la législation contre le commerce du sexe et mettre un terme aux arrestations arbitraires envers les professionnelles du sexe aurait déjà un impact », indique-t-elle.
En fait, elle est persuadée que les punir ne fait qu’empirer la situation.
« N’êtes-vous pas d’avis que si elles se cachent, elles seront plus susceptibles de travailler et de se faire contaminer que si des structures d’assistance les aidaient ? », demande-t-elle.
En réfléchissant à ce qu’elle vient de dire, elle ajoute que cela s’applique aussi bien à la COVID-19 qu’au VIH.
Début avril, l’ONUSIDA et le Réseau mondial des projets sur le travail du sexe ont tiré la sonnette d’alarme concernant les difficultés et les préoccupations spécifiques aux professionnel-les du sexe dans le monde. Les deux organisations ont appelé les gouvernements à garantir le respect, la protection et l’application des droits humains des professionnel-les du sexe.
« Les autorités doivent comprendre que nous n’encourageons pas le commerce du sexe, mais que nous encourageons la santé », conclut Mme Ngatchou. « Voilà la priorité. »