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Limiter l’impact de la COVID-19 auprès des populations clés
04 juin 2020
04 juin 2020 04 juin 2020La pandémie de COVID-19 touche tout le monde, y compris les populations clés exposées à un risque élevé de contamination au VIH. Les perturbations occasionnées par la COVID-19 menacent d’anéantir les progrès réalisés contre d’autres maladies infectieuses, dont le VIH. C’est dans ce contexte que s’inscrit un nouveau rapport publié par FHI 360 en collaboration avec l’ONUSIDA. Ce document fournit des conseils sur la manière de limiter l’impact de la COVID-19 auprès des populations clés.
« Ces lignes directrices mettent l’accent sur les populations clés. Elles viennent ainsi s’ajouter aux efforts en cours pour protéger l’accès aux services et aux produits de prévention du VIH, aux services de santé sexuelle et de planification familiale, à la prévention de la violence basée sur le genre et aux activités de conseil, de dépistage et de traitement du VIH au cours de la pandémie de COVID-19 », a déclaré la coordinatrice de la Global HIV Prevention Coalition auprès de l’ONUSIDA, Paula Munderi. « Il est vital de préserver les services essentiels du VIH à destination des populations clés et de promouvoir la santé et le bien-être du personnel et des membres des communautés au cours de la pandémie de COVID-19 afin de ne pas perdre les progrès chèrement acquis pendant la riposte au sida. »
Le rapport fournit des conseils pratiques sur la manière d’éviter une interruption des services apportés aux personnes séropositives et aux populations clés. Son objectif est ainsi d’aider les acteurs mettant en place les programmes à poursuivre leur travail.
« Les populations clés sont particulièrement vulnérables aux interruptions de services du VIH et à d’autres dangers au cours de la pandémie de COVID-19. Nous demandons instamment des solutions reposant sur les droits qui préservent ou améliorent l’accès des populations clés aux services de lutte contre le VIH tout en minimisant l’exposition potentielle à la COVID-19 et en promouvant la sécurité des personnes. Ces solutions doivent encourager l’éloignement physique et la décongestion des établissements de santé, tout en prenant en compte la situation réelle des populations clés », a indiqué Rose Wilcher du FHI 360.
Ce rapport propose des solutions pratiques dans trois grands domaines.
Le premier concerne la protection des prestataires et des membres des communautés face à la COVID-19. Les services du VIH ne pourront continuer d’être assurés au cours de la pandémie de COVID-19 que si des mesures sont prises pour empêcher toute contamination au coronavirus du personnel, des prestataires et des bénéficiaires des programmes. Ces services peuvent comprendre un renvoi vers un dépistage et des soins pour la COVID-19, ainsi que vers des solutions de protection de la santé mentale des prestataires et des bénéficiaires.
Le second domaine consiste à assurer un accès sans danger et pérenne aux services et aux produits liés au VIH. Les programmes du VIH peuvent ainsi intégrer des mesures d’éloignement physique, proposer des consultations en ligne et fournir des ordonnances pour plusieurs mois de traitement. Quant au travail de proximité auprès des communautés, il devrait continuer en personne lorsque c’est possible.
Le troisième et dernier domaine abordé par ce rapport porte sur le suivi de la continuité des services et sur l’amélioration des résultats. Des perturbations étant inévitables, les programmes du VIH devront ajuster leurs systèmes de suivi et d’évaluation afin de permettre des analyses régulières de la continuité des services du VIH et de l’impact de la COVID-19 sur les programmes du VIH et sur leurs bénéficiaires. Pourquoi ne pas établir des systèmes d’information stratégique conformes aux mesures d’éloignement physique, par exemple en virtualisant la collecte de données et les outils de reporting.
« La pandémie de COVID-19 ne devrait pas être utilisée comme excuse pour ralentir les efforts de la riposte mondiale au VIH auprès des populations clés. Au contraire ! Cette pandémie est le moment de tirer des leçons de notre action pour mettre fin au sida. C’est aussi l’occasion de délester les systèmes de santé mis à rude épreuve par la COVID-19 en apportant un financement complet aux organisations communautaires dirigées par des hommes gays et bisexuels, des toxicomanes, des professionnel-les du sexe et des personnes transgenres en vue de garantir un meilleur accès aux services du VIH pour les populations clés », a indiqué le directeur de MPact, George Ayala.
Le rapport a été rédigé par FHI 360 dans le cadre du projet Meeting Targets and Maintaining Epidemic Control (EpiC) qui jouit du soutien de l’USAID et du Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida. L’ONUSIDA et ses partenaires ont fourni des informations et des conseils.
RESSOURCES ANNEXES
Strategic Considerations for Mitigating the Impact of COVID-19 on Key-Population-Focused HIV Programs (Analyse stratégique en vue de limiter l’impact de la COVID-19 sur les programmes du VIH destinés aux populations clés, en anglais)
FHI 360: Five strategies for preserving key population-focused HIV programmes in the era of COVID-19 (FHI 360 : cinq stratégies pour préserver les programmes du VIH destinés aux populations clés à l’heure de la COVID-19, en anglais)
Global HIV Prevention Coalition
Lessons from HIV prevention for preventing COVID-19 in low- and middle-income countries (Enseignements tirés de la prévention du VIH permettant d’empêcher la propagation de la COVID-19 dans les pays à revenu faible et intermédiaire)
Condoms and lubricants in the time of COVID-19 (Préservatifs et lubrifiants à l’heure de la COVID-19, en anglais)
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Leçons tirées du VIH applicables à la COVID-19 au Sénégal
03 juin 2020
03 juin 2020 03 juin 2020Quatre décennies de riposte à l’épidémie de VIH ont fourni une expérience considérable venant étayer l’importance d’une approche basée sur les droits de l’homme à chaque épidémie. L’ONUSIDA s’est entretenue avec Abdoulaye Ka, responsable des questions relatives aux droits humains au sein du Conseil national de lutte contre le sida (aussi connu sous l’acronyme CNLS au Sénégal), au sujet des leçons que le CNLS a tirées de la riposte au VIH et qui peuvent s’appliquer à la lutte contre la COVID-19.
Comment le Sénégal lutte-t-il contre la stigmatisation et la discrimination au cours de la pandémie de COVID-19 ?
L’expérience de lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées aux services du VIH a permis au CNLS d’attirer l’attention du comité national de gestion de la COVID-19 et de l’opinion publique sur l’importance de mettre en place des supports de communication adaptés aux différentes communautés. Impliquer les communautés touchées dans la définition, la mise en place et le suivi des programmes de la COVID-19 contribue à réduire la stigmatisation gravitant autour de la maladie.
Le Secrétaire exécutif du CNLS s’est exprimé plusieurs fois pour expliquer combien nous devons simplifier les messages destinés aux communautés, y compris en les aidant à proposer leur propre riposte.
L’unité de soin psychosocial de Dakar jouit également du soutien du CNLS pour tirer des leçons des expériences liées au VIH, ainsi qu’à la stigmatisation et à la discrimination dans son travail contre la COVID-19.
Quelles mesures sont prises pour lutter contre les conséquences socioéconomiques de la COVID-19 au Sénégal ?
Dans sa volonté de contrer l’impact socioéconomique de la COVID-19 pour les personnes et les foyers, le Sénégal a mis en place un programme de résilience économique et social et a réservé un budget de 1 000 milliards de francs CFA (env. 1,5 milliard d’euros) afin de venir en aide aux secteurs économiques les plus touchés par la crise et d'apporter une aide alimentaire aux plus vulnérables. Au total, 59 milliards de francs CFA (env. 90 millions d’euros) ont été assignés à l’achat de vivres pour un million de foyers éligibles.
Le CNLS coopère en particulier avec l’ONU Femmes en vue d’augmenter la résilience des femmes vivant avec le VIH en leur distribuant de la nourriture et des kits d’hygiène.
De quelle manière la riposte à la COVID-19 du Sénégal répond-elle aux besoins spécifiques des personnes vivant avec le VIH ?
Le pays est en train de passer à la délivrance d’ordonnances correspondant à plusieurs mois de thérapie antirétrovirale, conformément à la ligne directrice de l’Organisation mondiale de la Santé, afin de répondre aux besoins identifiés par le réseau national de personnes vivant avec le VIH. Nous collaborons avec des prestataires de services et des communautés pour évaluer les besoins et éviter les ruptures de stock.
Par ailleurs, le CNLS a mis en place un numéro vert pour les personnes vivant avec le VIH au Centre de traitement ambulatoire de Dakar. Il anime aussi un réseau sur WhatsApp regroupant l'ensemble des responsables de centres de soin de thérapie antirétrovirale et leur apporte des recommandations sur la manière d’adapter la fourniture de soins aux personnes vivant avec le VIH, y compris pour ce qui est de la délivrance de médicaments pour au moins trois mois de traitement contre le VIH.
Quel est le rôle des organisations communautaires ?
Les organisations et les réseaux communautaires sont depuis longtemps un pivot de la riposte au sida. Ils sont essentiels pour sensibiliser, informer, balayer les idées reçues et lutter contre les fausses informations, mais aussi pour fournir des services aux populations marginalisées et vulnérables.
Aujourd’hui plus que jamais, il faut soutenir les acteurs communautaires dans leurs efforts pour innover et pour être reconnus en tant que prestataires de services essentiels pour le VIH comme pour la COVID-19.
Les prestataires communautaires ont innové rapidement dans le contexte de la COVID-19 au Sénégal en adoptant un système de prise de rendez-vous qui limite le nombre de personnes présentes en même temps dans un établissement et en proposant des sessions de formation en ligne.
Le CNLS apporte à l’heure actuelle un soutien logistique aux personnes vivant avec le VIH pour la distribution d’antirétroviraux assurée par les communautés.
Le droit à l’information est inscrit dans la constitution du Sénégal. Quel est son rôle dans la prévention et la protection des épidémies ?
Le CNLS a rédigé et diffusé très rapidement des messages, des communiqués de presse et des bannières sur les réseaux sociaux afin d’attirer l’attention sur les mesures préventives à prendre contre la COVID-19, en particulier pour les personnes vivant avec le VIH. Nous avons également informé en temps réel les personnes séropositives concernant les nouvelles connaissances sur le VIH et la COVID-19.
Les informations ont été énoncées dans des termes simples et servent aussi à lutter contre les fausses informations/la désinformation qui peuvent entraver l’accès aux services de santé, y compris de vaccination, qui sont utiles pour préserver la santé des personnes, notamment des enfants vivant avec le VIH.
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Venir en aide aux professionnel-les du sexe transgenres au Guyana et au Suriname à l’heure de la COVID-19
02 juin 2020
02 juin 2020 02 juin 2020Twinkle Paule, militante transgenre du Guyana, a émigré aux États-Unis d’Amérique il y a deux ans. Alors que la crise de la COVID-19 s’aggravait, elle a pensé à ses « sœurs » restées au pays ainsi qu’au Suriname voisin. Pour beaucoup d’entre elles, le seul moyen de subsistance est le commerce du sexe, mais Twinkle Paule savait que le couvre-feu allait leur couper les vivres. Elle craignait également que certaines aient des problèmes avec la loi si elles se sentaient contraintes à travailler la nuit.
Ses peurs ont été confirmées après avoir pris contact avec des personnes sur place. Elle a fait personnellement un don, mais elle était consciente que c’était loin de suffire.
« Ayant arpenté les mêmes rues, je savais que nous devions créer une mobilisation pour venir en aide à notre communauté. Je sais ce que c’est que d’être enfermée chez soi et de devoir de l’argent à un propriétaire... que d’être mise à la rue parce que l’on ne peut pas payer son loyer », déclare Mme Paule.
Elle a collaboré alors avec deux militantes new-yorkaises, Cora Colt et Ceyenne Doroshow, les fondatrices de la Gays and Lesbians in a Transgender Society (GLITS Inc), afin de lancer une campagne d’appel aux dons sur GoFundMe. Depuis son lancement le 12 mai, elles ont déjà reçu suffisamment de dons pour payer un mois de loyer à six professionnelles du sexe transgenres. L’argent a été envoyé à Guyana Trans United (GTU), l’organisation pour laquelle Mme Paule a travaillé en tant qu’éducatrice lorsqu’elle a arrêté le commerce du sexe en 2015.
Le fait que Mme Paule puisse aujourd’hui s'appuyer sur sa notoriété pour mobiliser une aide d’urgence constitue en soi une réussite phénoménale. Au moment où elle a émigré, elle pensait sérieusement au suicide. La charge émotionnelle liée à l’exclusion et à l’injustice pesait lourdement sur ses épaules.
Depuis que sa demande d’asile a été acceptée, elle étudie à plein temps la communication au Borough of Manhattan Community College. Elle a terminé ses études secondaires l’année dernière, ce qu’elle n’avait pas pu faire au Guyana. En parallèle de ses études, elle a travaillé sur le terrain pour le GMHC (Gay Men’s Health Crisis).
Et c’est tout naturellement qu’elle s’est glissée dans la peau d’une militante pour demander l’année dernière à la mairie de supprimer la loi § 240.37 du Code pénal de l’État de New York relative au racolage qui est utilisée pour cibler les femmes transgenres. Elle a immédiatement reconnu que ce paragraphe est issu de la même tradition que les lois sur le vagabondage dont elle a souffert au début au Guyana avant de lutter contre elles.
Mme Paule est tout à fait consciente que son émigration a changé ses perspectives du tout au tout.
« Mon expérience illustre combien le fait de donner à quelqu’un les possibilités et les bons outils fait la différence pour prendre d’autres décisions dans sa vie. J’ai pris conscience que ce qui me manquait, c’était des ressources adaptées et l'accès à un environnement sans craindre la discrimination et la violence. Je ne dis pas que tout est parfait ici, mais mon quotidien n’est plus marqué par le même niveau d’injustice. J’ai pu accéder à un traitement hormonal. Et pour moi, le plus important est d’avoir pu retourner à l’école », raconte-t-elle.
Sa mère est morte lorsqu’elle était encore enfant, puis son père a fondé une nouvelle famille. Des proches se sont alors occupés de l’élever. L’argent manquait parfois pour assurer son éducation. Certains week-ends, elle nettoyait une église pour gagner un peu d’argent.
Mais la pauvreté n’était pas le seul problème. Elle se souvient s’être sentie très tôt différente. Elle n’avait pas de mot pour qualifier ce qu’elle ressentait, mais elle a su d’instinct que ce ne serait pas accepté. À l’école, elle a tout fait pour ne pas se faire remarquer. Un jour, son cœur s’est arrêté lorsqu’un camarade de classe lui a dit qu’elle s’exprimait comme un « antiman », un terme péjoratif utilisé au Guyana pour les personnes gays.
Pendant des années, elle a entendu à plusieurs reprises des adultes de son entourage être d’accord pour dire qu’il faudrait la mettre à la porte si jamais elle était gay. C’est ce qui arrive alors qu’elle a 16 ans, lorsqu’un membre de sa famille la voit « danser comme une fille » à une fête. La voilà sans domicile.
Mme Paule se réfugie auprès d’autres femmes transgenres et, comme elles, a recours au commerce du sexe pour survivre. L’émergence d’un mouvement régional s’intéressant aux besoins des communautés vulnérables et marginalisées change alors sa vie. La nouvelle association Guyana Sex Work Coalition lui apporte des informations sur les rapports sexuels à moindre risque et lui permet d’accéder à des solutions en ce sens. Lorsque certaines femmes dans sa situation commencent à se rendre à des conférences, elles découvrent qu’il existe un mot pour décrire leur expérience. Elles n’étaient pas « antimen ». Elles étaient transgenres.
Mais la vie sur le trottoir était brutale. Si l’une d’entre elles se faisait dévaliser ou violer, elle n’avait pas la possibilité de le signaler à la police.
« La police vous dit en face : « Qu’est-ce que tu fais ici alors que tu sais que la prostitution et la sodomie vont à l’encontre de la loi » », se souvient-elle.
Elle explique que, parfois, des officiers de police véreux les menaçaient de poursuites pour pouvoir leur extorquer de l’argent.
Une fois, dans un commissariat, la police l’a incarcérée avec d’autres femmes transgenres au milieu d'hommes et a lancé des préservatifs dans la cellule, donnant ainsi le feu vert aux autres détenus. Elle était adolescente à cette époque.
Un autre jour, elle a accompagné une amie au commissariat pour déposer plainte pour violence intrafamiliale. Un policier a renversé la situation en lui déclarant : « Vous pratiquez la sodomie. Je vous boucle. »
En 2014, un groupe d’entre elles a été arrêté pour commerce du sexe au Suriname. Parmi les exactions subies, un gardien de prison les a forcées à se déshabiller et à s’accroupir devant leur cellule en présence d’autres détenus.
Il y a sept ans, une de ses amies a été assassinée, et son corps jeté derrière une église. Le crime n’a donné lieu à aucune enquête.
Un enchaînement de traumatismes qui laisse des cicatrices.
La peur est toujours présente, même lorsque tout est calme. Est-ce que je vais me faire jeter du taxi ? Des gens vont-ils m’insulter dans la rue ? Vais-je avoir des problèmes à cause de ce que je porte ?
« Les filles ont l’impression que c’est leur faute », explique Mme Paule. « Même en ce qui me concerne, j’avais l’impression que les gens avaient le droit de me maltraiter, car mon comportement ne respectait pas les conventions sociales. »
Lorsqu’elle a commencé à militer, elle ne sentait toujours pas complètement elle-même. Elle tente de se suicider et commence à boire ou à fumer un joint avant d’aller travailler. Il y a deux ans, elle était à la dérive. Aujourd’hui, elle est une force vive au service de sa communauté.
Mme Paule attribue au travail d’organisations comme la Society against Sexual Orientation Discrimination et GTU le mérite de faire avancer le débat concernant l’inclusion au Guyana.
« La sécurité et l’égalité sont deux choses qui manquent encore à ma communauté », insiste-t-elle. « Nous avons besoin que le gouvernement affirme : « Nous devons protéger ces personnes ». La communauté transgenre n’a pas de travail, nous arrêtons notre scolarité à cause du harcèlement et nous sommes victimes de brutalités policières. Tout cela ne va pas. Nous avons besoin que nos élu-es s’engagent vraiment. »
Notre action
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Aux Caraïbes, des organisations communautaires appellent à une action forte pour mettre un terme aux abus et au cyberharcèlement à caractère homophobe
29 mai 2020
29 mai 2020 29 mai 2020Ulysease Roca Terry était un couturier gay vivant avec le VIH au Belize. Il venait de perdre sa mère et traversait une dépression, la période était donc déjà difficile avant la nouvelle pandémie.
Il a été arrêté en avril pour avoir enfreint les lois instaurant un couvre-feu à cause de la COVID-19. Au cours de sa garde à vue, il a été victime d’insultes et de harcèlement à caractère homophobe de la part d’un policier. Une vidéo montrant ces abus a été publiée sur les médias sociaux. Il a également déclaré avoir fait l’objet d’agressions physiques durant sa détention. Quelques jours plus tard, il mourait.
Ce mois-ci, aux Bahamas, une vidéo a circulé sur les médias sociaux montrant une femme ne correspondant pas à la représentation traditionnelle des genres être assaillie par trois hommes hurlant des insultes homophobes. On voit l’un d’eux la frapper à la tête avec un morceau de bois, et les autres la gifler et lui donner des coups de poing. La vidéo a circulé sur Internet et certains commentaires tournent la victime en dérision.
Alors que les pays dans les Caraïbes se concentrent sur la lutte contre la COVID-19, des organisations communautaires se font entendre pour dénoncer le harcèlement verbal, physique et émotionnel qui est monnaie courante dans la vie d’un trop grand nombre de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) de la région. Elles tirent le signal d’alarme en constatant qu’Internet devient de plus en plus l’endroit où s’exprime cette forme de cruauté.
Pour Caleb Orozco de l’United Belize Advocacy Movement (UNIBAM), l’affaire Roca Terry l’attriste, mais aussi le motive à agir. M. Orozco est un habitué des combats difficiles. En 2016, il s’est opposé avec succès à la loi nationale interdisant les rapports sexuels consensuels entre partenaires du même sexe.
« La police ne peut pas saper la confiance de la population, pour qui elle tient le rôle de gardienne de la paix. Elle ne peut pas laisser libre cours à des manifestations, qui méprisent la dignité et les droits des individus appartenant aux groupes les plus vulnérables : ceux souffrant de troubles de la santé mentale, vivant avec le VIH ou ayant une orientation sexuelle différente », déclare M. Orozco. « Les services de police sont responsables et doivent faire preuve de discernement dans leur application du couvre-feu. Lorsque la police se moque de certaines personnes, la population perd confiance dans sa mission, qui est de protéger les citoyen-nes ordinaires. »
L’UNIBAM exige l’ouverture d’une enquête transparente, l’examen du rapport d’autopsie, ainsi que des actions visant à améliorer la manière dont la police se comporte envers les membres des communautés vulnérables et marginalisées, en particulier dans le cadre des restrictions liées à la COVID-19.
Le Belize mène des discussions au niveau national autour de la proposition de loi sur l’égalité des chances (Equal Opportunities Bill). Un sondage mené en 2013 par l’ONUSIDA au sein de la population a révélé que le Belize faisait partie des pays les plus tolérants des Caraïbes. En effet, 75 % des participant-es convenaient qu’il ne faudrait pas traiter différemment des personnes à cause de leur orientation sexuelle. Mais cet incident nous rappelle qu’en dépit des avancées réalisées au niveau de l’attitude du public et de la législation, des difficultés bien ancrées demeurent en matière de préjugés et d’abus de pouvoir.
La Bahamas Organization of LGBTI Affairs qualifie l’attaque publiée sur les réseaux sociaux de crime de haine et exige que les auteurs soient poursuivis en justice.
« Dans le monde entier, ce type de crime de haine, agresser une personne à cause de ce qu’elle est avec une extrême violence, est dénoncé et figure parmi les comportements humains les plus répréhensibles qui soient », indique Rights Bahamas.
Alexus D’Marco, directrice exécutive de la Bahamas Organization of LGBTI Affairs, souligne qu’il faut élargir le dialogue et les actions pour faire évoluer les comportements de la société.
« Le fait que beaucoup considèrent cela comme une source de moqueries et de blagues, qu’est-ce que cela révèle sur nous en tant que personne ? Que penser lorsque tant de coupables sont des femmes aussi, qui devraient plutôt se montrer solidaires afin d’affronter les nombreuses injustices que nous rencontrons toutes comme membres d’un genre oppressé dans cette société ? », se demande Mme D’Marco.
Les Bahamas sont le seul pays des Caraïbes à avoir dépénalisé les rapports sexuels entre adultes consentants du même sexe dans une loi du parlement. Néanmoins, il reste encore fort à faire pour que le comportement de la société reflète cette loi. Des militant-es plaident pour l'adoption d'une législation relative aux crimes de haine et sa mise en place de toute urgence.
Aux Bahamas et au Belize, des administrations officielles ont dénoncé ces attaques aux côtés de la société civile. Le Comité national de lutte contre le sida, le Bureau de l’Envoyé spécial pour les Femmes et les Enfants et le ministère du Développement humain, de la Transformation sociale et de la réduction de la pauvreté demande que le dossier de M. Roca Terry soit examiné en détail. Aux Bahamas, le ministère des Services sociaux et du Développement urbain a exigé des poursuites rapides afin de montrer que le gouvernement et la société ne tolèrent aucune violence basée sur le genre.
« Outre les réformes légales et les programmes destinés aux populations clés, nous devons poursuivre le dialogue social et renforcer l’application de la loi afin d’instaurer des sociétés caribéennes plus paisibles et inclusives pour tout le monde », a déclaré James Guwani, directeur de l’ONUSIDA pour les Caraïbes.
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« Mon souci numéro 1, c’est d’obtenir mes antirétroviraux » : l’Amérique latine face au VIH et à la COVID-19
28 mai 2020
28 mai 2020 28 mai 2020Depuis le début de la pandémie de COVID-19, Marcela Alcina du Latin American and the Caribbean Movement of Positive Women (MLCM+) reçoit plus de 20 appels par jour de personnes ayant besoin d’aide, pour obtenir soit de la nourriture ou des médicaments, soit des conseils sur la manière de gérer le confinement.
Yesenia Rodriguez (nous avons changé son nom) a été l’une d’entre elles. Cette Colombienne de naissance a vécu pendant plus de 24 ans dans la République bolivarienne du Venezuela, mais la crise humanitaire dans ce pays l’a poussée il y a six mois à retourner à Cali en Colombie pour poursuivre son traitement contre le VIH.
« Nous sommes huit : mes quatre enfants, mon mari, mes deux petits-enfants et moi », explique-t-elle.
Mme Rodriguez est sans emploi et a besoin d’aide pour nourrir sa famille et avoir accès à ses antirétroviraux. « Je suis rentrée à Cali juste pour me retrouver confrontée à une autre crise. Mon souci numéro 1, c’est d’obtenir mes antirétroviraux, mais je n’ai pas accès aux soins de santé en Colombie », continue-t-elle. « La situation est extrêmement difficile pour mon partenaire et moi, car nous sommes tous les deux séropositifs. Mes enfants et mon mari sont au chômage. Les enfants ne peuvent pas s’accommoder de la faim comme les adultes. »
Mme Rodriguez a été mise en contact avec Yani Valencia de la Lila Mujeres Organization qui fait partie du réseau MLCM+. Elle a obtenu un colis alimentaire pour toute la famille et entre actuellement en relation avec quelqu’un qui sera mesure de lui garantir l’accès à sa thérapie antirétrovirale. « J’ai failli m’évanouir quand on m’a apporté ces courses tellement j’étais heureuse. »
L’ONUSIDA recommande que les personnes vivant avec le VIH aient des stocks suffisants de médicaments indispensables, surtout pendant la pandémie de COVID-19. Les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la Santé sur le traitement du VIH préconisent à présent la délivrance de médicaments pour trois mois ou plus à la plupart des personnes venant faire une visite de routine. Toutefois, si l’on en croit une enquête récente menée par l’ONUSIDA en Amérique latine et dans les Caraïbes concernant les besoins des communautés de personnes vivant avec le VIH à l’heure de la pandémie de COVID-19, seule une personne sur 10 signale avoir des antirétroviraux pour trois mois.
« Nous avons rencontré des personnes qui n’avaient aucun accès aux soins de santé. Un de nos collègues en Colombie a emprunté la moto d’un voisin pour assurer la distribution de médicaments. Nous constatons que nos communautés sont souvent oubliées, alors que nous devons faire partie de la réponse. Nous ne pouvions plus attendre, il nous fallait entreprendre quelque chose », indique Mme Alcina.
Les communautés ont joué un rôle fondamental dans la riposte au sida aussi bien au niveau local, national qu’international, et elles continuent. Désormais, elles occupent un rôle essentiel dans la lutte contre la COVID-19. Le MLCM+ a mis en place un réseau de 850 bénévoles dans 17 pays de la région. Sa mission consiste à répandre la solidarité au cours de la pandémie de COVID-19 tout en concentrant son action sur les personnes vivant avec le VIH.
« Nous distribuons des produits alimentaires et de nettoyage, nous faisons des masques qui sont offerts avec les thérapies antirétrovirales, nous apprenons aux gens les méthodes de prévention, nous donnons des préservatifs et nous aidons les personnes à trouver un refuge pour se protéger de violences intrafamiliales », poursuit Mme Alcina.
Le MLCM+ est actif dans toute la région et jouit du soutien technique ou financier de l’ONUSIDA, de l’ONU Femmes, du Fonds des Nations Unies pour la population et de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.
« L’ONUSIDA nous fournit des ressources, des spécialistes et des webinaires de formation. De son côté, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture nous aide financièrement. Ainsi, nous mettons en place une stratégie qui vient renforcer l’action des gouvernements, mais pas la remplacer », souligne Mme Alcina.
« Nous constatons que les inégalités sont plus marquées au cours de la pandémie de COVID-19. Les inégalités, en particulier celles de genre, sont exacerbées en temps de crise. Les femmes séropositives doivent se trouver au cœur des ripostes aussi bien du VIH que de la COVID-19 et ne pas être oubliées », conclut le directeur de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Amérique latine et les Caraïbes, César Núñez.
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Pia Wurtzbach nous parle de son action pour soutenir la riposte à la COVID-19
27 mai 2020
27 mai 2020 27 mai 2020Pia Wurtzbach, Miss Univers 2015 et Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUSIDA pour l’Asie et le Pacifique, s’engage depuis longtemps en faveur de la riposte au sida aux Philippines et dans le reste de la région. Elle a ajouté récemment une nouvelle corde à son arc en apportant son soutien à la riposte à la COVID-19 Elle a ainsi lancé un appel aux dons afin de distribuer 25 000 masques aux hôpitaux de Manille et elle s’implique dans des campagnes de prévention de la COVID-19 et du VIH sur les réseaux sociaux.
L’ONUSIDA s’est entretenue avec Mme Wurtzbach sur son engagement en ces temps difficiles.
Comment en êtes-vous venue à organiser une collecte pour donner des masques à des établissements de santé de Manille ?
J’ai commencé par acheter 5 000 masques à mes frais afin d’identifier un fournisseur abordable et fiable. J’en ai trouvé un et j’ai passé commande avant de donner les masques à quatre hôpitaux. Une fois prête et en sachant que cela marchait, j’ai lancé la collecte de fonds en me tournant vers le secteur privé aux Philippines et vers les contacts de mon réseau. À l’heure actuelle, j’ai pu donner des masques à 30 hôpitaux dans le Grand Manille. Nous avions prévu d'en fournir à d’autres hôpitaux en dehors de la capitale, mais le confinement ne nous le permet pas encore. Par ailleurs, j’ai offert des repas à une unité de soins intensifs dans l’un des hôpitaux du Grand Manille. Le personnel de santé du service vit en effet à l’hôpital et ne rentre pas chez lui. Grâce à mes dons, j’ai l’impression de les aider.
Comment continuez-vous à soutenir la riposte au VIH en tant qu’Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUSIDA ?
Je suis chaque jour en contact avec LoveYourself, l’organisation issue de la société civile pour laquelle je m’engage bénévolement aux Philippines. Nous faisons le point sur ce qui se passe et nous identifions les besoins des personnes vivant avec le VIH. J’utilise mes profils sur les réseaux sociaux pour publier des informations sur la prévention du VIH et de la COVID-19, ainsi que sur la manière de rester en bonne santé. J’informe mes abonné-es sur l’aide offerte par LoveYourself aux personnes séropositives au cours de la pandémie de COVID-19, comme les livraisons à domicile d’antirétroviraux.
Quelles questions sur le VIH et la COVID-19 recevez-vous des personnes vivant avec le VIH ou appartenant aux populations clés ?
Les questions les plus fréquentes concernent la manière d’accéder aux médicaments, et les gens veulent savoir si les stocks suffiront pour les renouvellements d’ordonnance. C’est fantastique que des organisations comme LoveYourself aux Philippines aident des personnes vivant avec le VIH à obtenir leur traitement. J’admire beaucoup Vinn (Ronivin Garcia Pagtakhan), le fondateur de LoveYourself, car il utilise sa propre voiture pour livrer des médicaments aux quatre coins de la ville directement chez les gens. C’est un super-héros des temps modernes.
Comment trouvez-vous la motivation pour continuer votre action en ces temps difficiles ?
J’ai tellement de chance d’avoir beaucoup de proches dans le secteur, qui sont aussi infirmiers ou infirmières. Vous seriez surpris de savoir que la personne qui s’occupe de me maquiller est diplômée en soins infirmiers et que des photographes le sont aussi. Aux Philippines, il y a énormément d’infirmiers et infirmières qui finissent par faire autre chose tout en restant dans le domaine médical et en connaissant beaucoup de gens dans ce secteur. J'entends tellement de leurs histoires et je sais qu’elles reflètent la réalité des hôpitaux et leur environnement de travail.
À les écouter, j’ai ressenti le besoin de faire quelque chose. J’ai conscience d’avoir beaucoup de chance de pouvoir rester chez moi. Je me suis alors dit : que puis-je faire pour me rendre utile ? C’est ce qui m’a poussé à lancer mon appel aux dons. Le personnel médical m’a envoyé des messages de remerciement et même une vidéo où l’équipe me remercie. Lorsque je vois que des personnes en première ligne prennent le temps de me dire merci, cela me donne envie d’en faire encore plus.
La collecte de dons me donne l’impression d’avoir une mission et un objectif. Le message que je souhaite passer, c’est : si tu es chez toi et que tu as des abonné-es sur Instagram ou que tu es peut-être un-e influenceur-se ou une célébrité, ou populaire dans ton école, utilise cette plateforme ! C’est le moment ! Nous ne pouvons pas rester là à attendre que cela passe. La solution doit venir de nous.
Qu’est-ce qui vous manque le plus de la vie avant la pandémie de COVID-19 ?
J’ai l’impression que je considérais beaucoup de petites choses comme normales. Aller au travail était normal, voyager était normal, ma vie accaparée par mon travail était normale. Je me souviens qu’avant le confinement j’ai fait un burn-out, car je travaillais trop. Je n’avais jamais un jour ou un week-end de libres. Je travaillais du lundi au dimanche. Et je me disais que j’avais besoin de m’accorder du temps rien que pour moi. Et tout à coup, c’est arrivé. Je prends juste le temps maintenant de réfléchir et de me demander ce qui compte vraiment pour moi.
Tout me manque. Marcher dans la rue me manque, la circulation me manque, voir d’autres personnes me manque. J’ai l’impression que le confinement nous donne véritablement le temps de réfléchir sur ce qui compte pour nous. J’ai le sentiment que lorsque nous sortirons de quarantaine et d’isolation volontaire, nos priorités seront claires.
Comment s’organisent vos journées pendant cette quarantaine chez vous ?
Vous savez, le bon côté du confinement, c’est que j’ai plus de temps pour moi. Tous les jours, je vais sur la terrasse sur le toit de mon immeuble pour faire du sport, j’emporte mon tapis de yoga avec moi et je passe quelques heures à faire le plein de lumière et de sport. J’ai mon programme quotidien. J’ai l’impression qu’avoir un petit rituel donne du sens à ma journée. Lorsque je me réveille le matin, j’essaie d’envoyer tous mes e-mails et de travailler un peu. L’après-midi, je fais de l’exercice. Et le soir, je fais des gâteaux ou je regarde la télévision ou Netflix. En résumé, mon quotidien se compose de travail, de lumière et de temps pour moi. J’ai l’impression que c’est un bon équilibre, car je suis plus productive et je prends soin de moi.
Quels sont vos prochains objectifs une fois que vous aurez donné les 25 000 masques ?
Rien n’est encore décidé, mais mon équipe et moi réfléchissons aux moyens d’aider les personnes qui ont besoin d’un soutien financier et de leur donner de la nourriture. Par ailleurs, j’aimerais me concentrer sur les réseaux sociaux sur des messages concernant la santé mentale en prodiguant des conseils sur la manière de contrôler ou gérer ses peurs. Les gens sont chez eux et sur leurs téléphones. Ils pourraient aussi bien lire quelque chose qui les aide à gérer leur stress.
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« Si nous demandons aux gens de s’isoler, nous devons garantir que ces gens ont de quoi manger et se soigner »
26 mai 2020
26 mai 2020 26 mai 2020Au Sénégal, la fermeture des magasins non essentiels et des marchés en réponse à l’épidémie de COVID-19 dans le pays et l’arrêt des déplacements entre les régions ont fait perdre leur source de revenus à de nombreuses personnes vivant du secteur informel, y compris des personnes séropositives. Le spectre de la faim est devenu une réalité pour beaucoup d’entre elles.
Le Réseau National des Associations de Personnes Vivant avec le VIH du Sénégal (RNP+) s’est mobilisé en l’espace de quelques jours. Il présente à ses membres les différentes mesures d’aide alimentaire gouvernementales au million de foyers éligibles et fournit des conseils sur la manière de se protéger d’une infection au coronavirus.
« Si nous demandons aux gens de s’isoler, nous devons garantir que ces gens ont de quoi manger et se soigner. Les communautés de personnes vivant avec le VIH s’entraident pour que leurs membres prennent soin d’eux, s’isolent, accèdent à leur traitement lorsque nécessaire et s’occupent des familles des uns et des autres », a déclaré la présidente du RNP+, Soukèye Ndiaye.
De grandes figures issues de communautés et des organisations non gouvernementales jouent un rôle actif au Sénégal en apportant des informations claires et précises afin d’éviter toute panique, mais aussi en luttant contre la stigmatisation et la discrimination liées aussi bien au VIH qu’à la COVID-19. Le RNP+ surveille la riposte à la COVID-19 au fur et à mesure de son déploiement, suit la manière dont le coronavirus touche les plus vulnérables et attire l’attention du gouvernement et des prestataires de services sur des problématiques qui ne peuvent attendre.
Le soutien de l’Alliance nationale des communautés pour la santé (ANCS) et d’ENDA Santé a permis au RNP+ de distribuer plus de 200 colis alimentaires et d’hygiène aux familles de personnes séropositives les plus démunies. Le bureau pays de l’ONUSIDA au Sénégal est intervenu en fournissant une subvention afin de garantir que le programme « Une Famille, Un Kit » continue de distribuer de l’aide aux personnes les plus défavorisées.
Le RNP+ se mobilise également pour que les personnes séropositives devant se rendre dans un centre de santé obtiennent une aide afin de compenser la hausse des coûts du transport. L’organisation plaide aussi pour un soutien financier destiné à renforcer le travail du personnel de santé des communautés qui s’implique dans la fourniture d’une thérapie antirétrovirale.
Au cours de la pandémie de COVID-19, il est en effet vital d’assurer la continuité du traitement du VIH en distribuant des antirétroviraux en quantité suffisante pour plusieurs mois. Aussi, le RNP+ a appelé le gouvernement à fournir à toutes les personnes vivant avec le VIH un renouvellement d’ordonnance portant sur plusieurs mois. Néanmoins, tout le monde ne peut pas en bénéficier à cause des déficiences de la chaîne logistique, dues notamment à une mauvaise évaluation de l’approvisionnement nécessaire en thérapie antirétrovirale pour certains établissements et à l’irrégularité de l’approvisionnement central. L’ONUSIDA apporte son soutien au gouvernement pour ce qui est du suivi des commandes d’antirétroviraux et du renforcement de la chaîne logistique.
Le rôle des communautés, en particulier les plus défavorisées, est essentiel à l’heure de la COVID-19. « L’histoire de l’épidémie du VIH nous montre clairement que l’efficacité d’une riposte dépend de l’implication totale des communautés touchées, et ce, depuis la planification de mesures jusqu’au suivi en passant par leur mise en œuvre. C’est la seule manière pour qu’une telle riposte reflète la situation et les besoins de tout le monde », a déclaré le directeur pays de l’ONUSIDA au Sénégal, Demba Kona.
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Nous ne vaincrons pas la COVID-19 sans inclure l’Afrique dans la riposte mondiale
25 mai 2020
25 mai 2020 25 mai 2020Cet article a été publié pour la première fois ici le 19 mai 2020
L’Afrique est à peine mentionnée dans les discussions autour de la COVID-19 dans le monde. Mais les risques liés à la crise du coronavirus sont pourtant beaucoup plus importants en Afrique que dans tout autre endroit du monde et ils s’aggraveront si la riposte mondiale marginalise ce continent. Vaincre la COVID-19 en Afrique est, en soi, essentiel pour vaincre le virus dans le monde. Le leadership africain et la solidarité mondiale sont tous les deux essentiels pour surmonter la crise de la COVID-19 en Afrique, et les citoyens et citoyennes d’Afrique ne demandent rien de moins que cela.
La probabilité de mourir de la COVID-19 est fortement influencée par les déterminants socio-économiques à l'oeuvre derrière une mauvaise santé. Les pauvres vivant dans des pays pauvres seront les plus en danger, car davantage susceptibles d’être déjà malades et ces pays comptent des centaines de millions de personnes souffrant de malnutrition ou immunovulnérables. Alors qu’il est indéniable que l’Afrique dispose d’une expérience vitale dans la gestion des épidémies, il est également vrai que ses systèmes de santé manquent cruellement de ressources et sont souvent hors de portée des pauvres, donc pas de taille pour vaincre la COVID-19.
Vaincre la COVID-19 en Afrique est possible, mais cela nécessite de changer la donne. Nous avons besoin de toute urgence d’accélérer l’accès au dépistage, de garantir l’égalité d’accès aux équipements afin de protéger le personnel médical en première ligne et de soigner les personnes malades, d’assurer le financement correct des systèmes de santé, d’atteindre un consensus mondial sur la gratuité pour toutes et tous de tout vaccin pour la COVID-19 et de contrôler que l’impact social et économique de la crise de la COVID-19 est réduit au minimum grâce à des mesures de protection sociale à grande échelle et à un développement économique pérenne qui réduit les inégalités.
L’Union Africaine, par l’entremise de ses Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), est en train de devenir une figure de proue de la riposte à l’épidémie. Elle a instauré un nouveau partenariat au sein de la stratégie continentale commune de l’Union africaine contre le COVID-19 le Partenariat pour accélérer les tests de la COVID-19 (Partnership to Accelerate COVID-19 Testing ou PACT), qui jouit du soutien total du Bureau des chefs d’État et des gouvernements de l’Union Africaine. L’ONUSIDA est fière d’être la première à signer ce partenariat qui vise à combler le retard en matière de dépistage. Elle soutient les efforts des pays africains en vue de renforcer rapidement leurs capacités de test et de traçage des contacts. À l’image de ce qui se passe dans d’autres régions du monde, il s’agit d’une étape cruciale pour réduire le nombre d’infections et de morts. Le PACT appelle également à instaurer sans tarder un système africain dirigé par le CDC qui doit permettre de grouper les approvisionnements en matériel de diagnostic de la COVID-19 et pour la riposte.
La bonne nouvelle, c’est que le nombre de diagnostics augmente dans certains pays : début mai, l’Afrique du Sud avait réalisé plus de 300 000 tests et le Ghana plus de 100 000. Ils se sont appuyés pour cela en partie sur l’infrastructure existante de dépistage du VIH. D’autres pays comme le Nigeria prévoient de suivre leur exemple. Mais Africa CDC estime qu’au cours des quatre prochains mois l’Afrique aura besoin de 10 millions de tests pour faire face à la pandémie. Par ailleurs, l’Organisation mondiale de la Santé estime que plus de 100 millions de masques et de gants, ainsi que 25 millions de respirateurs devront être acheminés tous les mois vers des pays africains afin de lutter efficacement contre la COVID-19, à l’heure où la planète entière s’est engagée dans une course à l’approvisionnement.
Le monde entier doit augmenter sa production de kits de dépistage et de produits médicaux de première nécessité et coordonner ses efforts pour acheminer les tests et l’équipement de protection individuelle aux endroits et aux personnes qui en ont le plus besoin. En Afrique, cela signifie nos bidonvilles surpeuplés, mais aussi notre personnel médical et notre personnel de santé dans les communautés qui luttent en première ligne contre l’épidémie. Nous avons également besoin de puiser dans les services du VIH qui existent déjà afin de renforcer les capacités de dépistage, d’isolement, de traçage des contacts et de traitement de la COVID-19.
Aujourd’hui plus que jamais, les pays africains doivent investir en priorité dans les services fondamentaux. Cela comprend de s’engager concrètement contre l’évasion fiscale massive des entreprises et de garantir que les plus fortunés payent le plus d’impôts, ce qui inclut de mettre un terme aux exonérations de l’impôt sur les sociétés. Par ailleurs, aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de la solidarité mondiale pour financer une riposte à hauteur de plusieurs milliards de dollars qui prenne en compte les pays à revenu faible et intermédiaire en Afrique et dans le reste du monde. Cela passe par le financement total du Plan de réponse humanitaire global COVID-19 des Nations Unies à hauteur de 2 milliards de dollars, et par des subventions permettant de supprimer les redevances pour les services de santé. Cette pandémie montre également que, dans l’intérêt de tout le monde, les personnes qui ne se sentent pas bien ne devraient pas commencer par compter leurs sous avant de chercher de l’aide. Alors que la lutte continue pour museler une forme virulente de coronavirus, l’abolition immédiate des redevances dans le domaine de la santé est devenue une nécessité extrême. Les institutions financières internationales et les acteurs financiers privés doivent prolonger les moratoires sur le remboursement de la dette annoncé récemment et aller encore plus loin. La dette de l’Afrique engouffre, en effet, 60 % environ de son produit intérieur brut, ce qui est tout sauf pérenne. Nous devons soulager les gouvernements afin d’investir dans la riposte et renforcer la fourniture de soins de santé financés par le denier public, ce qu’énonce le principe de l’universalité du droit à la santé. En ripostant à la COVID-19, nous devons veiller à ne pas détourner des ressources destinées à d’autres menaces sanitaires comme l’épidémie de VIH, la tuberculose ou le paludisme qui font déjà des ravages en Afrique.
Une modélisation mandatée par l’Organisation mondiale de la Santé et l’ONUSIDA estime que faute d’efforts pour maintenir la continuité des services de santé et éviter les ruptures de stock au cours de la pandémie de COVID-19, une interruption de six mois de la thérapie antirétrovirale pourrait provoquer plus de 500 000 décès supplémentaires imputables à des maladies opportunistes, comme la tuberculose, en Afrique subsaharienne en 2020-2021.
Un consensus international préalable doit, en outre, assurer que tout vaccin ou traitement découvert pour la COVID-19 sera mis gratuitement à disposition de tous les pays. Nous ne devons pas répéter l’expérience de l’épidémie de VIH pour laquelle les médicaments sont restés trop longtemps inaccessibles provoquant la mort de millions de personnes, et pour laquelle aujourd’hui d’autres personnes attendent toujours de commencer un traitement.
Une reprise forte est essentielle pour instaurer des sociétés résilientes capables de résister à la prochaine crise imprévisible. La santé et les moyens de subsistance étant étroitement liés, tous les pays devront renforcer leurs systèmes de protection sociale pour améliorer la résilience. Ils auront, par ailleurs, besoin de créer des économies plus durables, ce qui passe notamment par des emplois décents et bien payés pour la jeunesse africaine et la reconnaissance du travail sous-estimé et souvent sous-payé effectué par les femmes pour s’occuper de leur famille et de leurs proches.
Si cette pandémie nous a appris une chose, c’est que nos destins sont interconnectés en tant que communauté mondiale et que, comme l’a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, le monde est aussi fort que son système de santé le plus faible. Toute riposte mondiale à la COVID-19 qui marginaliserait les citoyens et citoyennes d’Afrique serait non seulement non avenue, mais surtout contre-productive. En outre, les citoyens et citoyennes en Afrique ne le permettront pas. Malgré les contraintes exceptionnelles que pose cette pandémie, les citoyens et citoyennes en Afrique s’organisent pour revendiquer leur droit aux soins de santé et à la protection sociale. Nous, Africaine et Africain, faisons front à leurs côtés et refusons d’être les parents pauvres de la riposte à la COVID-19.
Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA
John Nkengasong, Directeur du Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies
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« Nous sommes toutes et tous dans le même bateau » : l’action de Uganda Young Positives contre la COVID-19
25 mai 2020
25 mai 2020 25 mai 2020Kuraish Mubiru se lève tous les jours à l’aube pour se rendre dans différents établissements de santé. Il va y chercher des renouvellements de thérapie antirétrovirale qu’il livre ensuite à des connaissances et à d’autres membres de la communauté vivant avec le VIH. Voilà ce qu’est devenu son quotidien depuis ces sept dernières semaines.
M. Mubiru est directeur exécutif de l’Uganda Young Positives (UYP), une organisation communautaire qui rassemble des jeunes vivant avec le VIH et tirant leur subsistance principalement du secteur informel. L’UYP concentre son action sur le renforcement des services de prévention, de soin et d’aide liés au VIH à destination de ses quelque 50 000 membres.
Lors de son discours à la nation du 18 mars à propos de la pandémie mondiale de COVID-19, le président ougandais Yoweri Museveni a annoncé la mise en place de mesures comme des restrictions s’appliquant aux grands rassemblements, la fermeture de la plupart des magasins et l’arrêt des transports publics. Depuis lors, les personnes vivant avec le VIH et la tuberculose éprouvent des difficultés à accéder à leurs soins habituels ou aux renouvellements de leurs médicaments vitaux.
Suite à ces mesures, M. Mubiru s’est mis à recevoir des appels de jeunes dont la subsistance et le traitement du VIH dépendaient d’établissements fermés. L’impact des restrictions commençait à se faire sentir. Des jeunes ne pouvaient plus se rendre dans leurs établissements de santé afin d’accéder à des soins et à leur traitement ou encore s’offrir un repas.
Même si les centres de santé et des organisations issues de la société civile ont fait des efforts pour rapprocher les antirétroviraux de la population, les groupes communautaires de soutien et les établissements de santé signalent qu’une partie non négligeable de la population ne reçoit toujours pas d’antirétroviraux. Ces personnes ont peur de la stigmatisation et de la discrimination qu’elles pourraient rencontrer au sein de leur communauté et de leur famille.
« Cela a été une période difficile pour la communauté et notre résilience a été mise à rude épreuve, car nos membres avaient plus que jamais besoin de nous », explique M. Mubiru. « Nous avons dû quitter notre zone de confort, réfléchir et agir vite afin que la riposte nationale au VIH ne perde pas tous ses acquis à cause de la COVID-19. »
M. Mubiru s’est porté volontaire et a mis sa voiture à disposition pour aider les personnes dans sa situation à obtenir leur traitement contre le VIH. Au début, il a payé l’essence et acheté de la nourriture sur ses fonds propres, mais il a rapidement épuisé ses économies.
L'une de ses principales difficultés en commençant a été de faire le plein de sa voiture pour continuer ses livraisons quotidiennes de médicaments, puis ces dernières ont été menacées par le durcissement des restrictions s’appliquant aux moyens de transport privés. Grâce au soutien de l’ONUSIDA, de l’Infectious Disease Institute et du ministère de la Santé, M. Mubiru a obtenu une autorisation lui permettant de poursuivre son action pour sa communauté.
Au cours d’une de ses livraisons quotidiennes, la police a saisi la voiture de M. Mubiru pendant plus de quatre heures et l’a fait attendre. Il a fallu que la hiérarchie de la police s’en mêle pour que M. Mubiru retrouve sa liberté et sa voiture. La police l’a arrêté plus d’une fois pour savoir où il allait, ce qui le mettait en retard et l’obligeait à rentrer chez lui après 19 h, l’heure du couvre-feu.
La volonté de M. Mubiru pour aider sa communauté est toutefois inébranlable. Il sait que certaines personnes auraient du mal à se rendre dans l’établissement de santé le plus proche pour renouveler leur ordonnance d’antirétroviraux, à avouer aux autorités locales la raison pour laquelle elles ont besoin d’une autorisation de déplacement ou à avoir une voiture arborant le nom d’une organisation communautaire garée devant leur porte.
« Ce sont de telles situations qui me motivent à me lever tous les matins. Nous sommes toutes et tous dans le même bateau. La COVID-19 passera et la vie reprendra son cours », continue-t-il.
M. Mubiru livre en moyenne huit traitements par jour environ à des membres de sa communauté. Outre les longues distances et les endroits difficiles d’accès où il doit se rendre, la nourriture est l’une des plus grandes problématiques, car les gens peuvent avoir plus de mal à suivre leur traitement s’ils sont faim. La stigmatisation et la non-divulgation du statut sérologique posent aussi un sérieux problème aux personnes souhaitant obtenir des antirétroviraux dans un établissement à proximité de leur domicile.
« L’épidémie de COVID-19 est en train d’avoir un impact considérable sur les personnes vivant avec le VIH », souligne la directrice pays de l’ONUSIDA pour l’Ouganda, Karusa Kiragu. « Nous devons garantir qu’elle n’aura pas d’incidence sur l’adhésion au traitement du VIH. La solution pour cela consiste à fournir des antirétroviraux pour plusieurs mois tout en confiant une riposte solide aux communautés », conclut-elle.
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Modéliser les situations extrêmes : COVID-19 et mortalité liée au sida
25 mai 2020
25 mai 2020 25 mai 2020Kimberly Marsh travaille depuis six ans pour l’ONUSIDA en tant que conseillère senior en modélisation et en épidémiologie. Elle aide les pays à évaluer l’impact de l’épidémie du VIH aussi bien au niveau mondial que régional.
Pouvez-vous m’en dire plus sur votre dernier rapport de modélisation ? Si je ne me trompe pas, vous vous êtes penchée sur des scénarios possibles en Afrique subsaharienne à l’heure de la COVID-19.
Les modèles portaient sur différentes perturbations possibles des services de lutte contre le VIH en Afrique subsaharienne dues à la pandémie de COVID-19. Ces perturbations peuvent avoir un impact sur l’incidence du VIH (le nombre de nouvelles infections au VIH) et sur le nombre de décès supplémentaires liés au sida par rapport à ce que nous aurions recensé si la pandémie de COVID-19 ne s’était pas déclarée.
Ces questions nous intéressent tout particulièrement, car nous savons que plus des deux tiers des personnes vivant avec le VIH dans le monde se trouvent en Afrique subsaharienne. On parle pour 2018 de 25,7 millions de personnes séropositives, de 1,1 million de nouvelles infections et de 470 000 décès de causes liées au sida environ. Parmi toutes les personnes vivant avec le VIH dans la région, 64 % suivent une thérapie antirétrovirale indispensable à leur survie et qui les empêche aussi de transmettre le virus.
Pour nous, il est vraiment important de pouvoir garantir qu’elles auront accès aux services. Les modèles actuels portaient sur différentes perturbations : un arrêt total de tous les services liés au VIH sur une période de trois et six mois. Et nous avons regardé les conséquences à un an et à cinq ans. Gardez toutefois à l’esprit qu’il ne s’agit que de scénarios poussés à l’extrême. Nous ne nous attendons pas à ce qu’ils se produisent, mais ils nous permettent de répondre à deux questions. La première : quels sont les services essentiels liés au VIH pour éviter des décès et de nouvelles infections supplémentaires ? La deuxième : que pourrait-il se passer si nous ne limitons pas ces perturbations ou si nous ne luttons pas contre.
Quelles sont les deux grandes idées à tirer de cette masse gigantesque de travail ?
Cette modélisation prédit qu’un arrêt de six mois du traitement au VIH pourrait se traduire par 500 000 décès supplémentaires en Afrique subsaharienne. Ainsi, lorsque l’on compare avec les estimations de l’ONUSIDA concernant l’évolution de la mortalité du sida au cours des ans, cela nous ramènerait au niveau de 2008 où nous avions près d’un million de décès.
Le traitement du VIH est essentiel, c’est indubitable. Garantir la disponibilité du traitement du VIH pendant les trois à six mois à venir aux personnes qui en ont besoin, telle doit être la priorité des pays qui veulent éviter une recrudescence des décès et de l’incidence du VIH. Tous les pays devraient s’assurer que leurs chaînes d’approvisionnement leur fournissent suffisamment de médicaments à distribuer et que les personnes aient assez de médicaments pour traverser les prochains mois.
La seconde chose à dire est qu’il s’agit de projections. Il est toujours temps de garantir que les personnes reçoivent les services de traitement du VIH dont elles ont besoin.
Évitons les prévisions de ce modèle et fournissons aux personnes séropositives les médicaments contre le VIH.
Qu’en est-il de la prévention du VIH ? Assurer la disponibilité de préservatifs a-t-elle un impact ?
Lorsque l’on regarde les services de prévention de plus près, nos modèles révèlent que la disponibilité des préservatifs influe sur les résultats. Il est important de dire que le traitement est primordial, mais que des aspects comme l’accès aux préservatifs jouent un rôle primordial. Nous avons constaté une augmentation relative de l’incidence du VIH de 20 à 30 % sur un an si les préservatifs manquent pendant six mois. Ils doivent donc véritablement figurer dans nos priorités.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’évolution de la transmission de la mère à l’enfant du VIH dans vos scénarios ?
Dans nos scénarios, nous avons regardé l’impact d’une interruption des services de dépistage du VIH, ainsi que des perturbations empêchant les femmes d’obtenir leur traitement pour protéger leurs enfants de la transmission du VIH. Depuis cinq à dix ans, ces médicaments ont notablement réduit les nouvelles infections du VIH chez les enfants. Les différents modèles ont révélé que leur suppression provoquerait une augmentation des nouvelles infections du VIH chez les enfants pouvant atteindre 162 % dans les pays que nous avons étudiés. Il est donc vraiment essentiel de maintenir les services de prévention de la transmission de la mère à l’enfant du VIH.
Vous avez dit qu’il s’agit d’un scénario extrême, pas d’une prophétie, mais vous continuez de croire en la modélisation ?
Les modèles sont très importants pour explorer les questions que les pays posent régulièrement à l’ONUSIDA et à l’Organisation mondiale de la Santé lorsqu’ils réfléchissent à des approches stratégiques concernant leur riposte au VIH. Les modèles ne sont pas parfaits, mais ils ont beaucoup à nous apprendre. Je pense que cette modélisation met vraiment en avant des stratégies qui deviendront importantes dans les prochains mois alors que la COVID-19 s’abattra véritablement ou potentiellement sur l’Afrique subsaharienne.
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