East and Southern Africa




Feature Story
#NotYetUhuru : Patson Manyati, 60 ans, parle de sa vie d’homme gay au Zimbabwe*
17 mai 2021
17 mai 2021 17 mai 2021La figure solitaire de Patson Manyati détone dans cette pièce grouillant de jeunes dans leur vingtaine. Avec son allure élégante, sa barbe grisonnante et sa chemise bleue, il lui faudrait perdre au moins 40 ans pour se fondre dans la masse.
Nous rencontrons M. Manyati au cours d’une des premières visites au centre d’accueil de Gays and Lesbians of Zimbabwe (GALZ) situé à Mutare dans l’est du pays. Le GALZ est une association sur adhésion qui promeut, représente et protège les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) au Zimbabwe.
Bien que M. Manyati puisse donner l’impression de ne pas être à sa place, il ne s’est jamais senti aussi « à l’aise » qu’au GALZ de toute sa vie de sexagénaire gay vivant au Zimbabwe.
« Je suis très heureux lorsque je vois des gens comme moi », raconte M. Manyati de sa voix douce et mélodieuse. Ses yeux pétillent lorsqu’il parle, ce qui peut paraître surprenant pour quelqu’un qui a grandi dans une société où l’homophobie est omniprésente et qui a vu en 2017 l’ex-président décrire les gays comme étant « pire que des chiens et des porcs ».
Le GALZ déclare que la haine et la peur causées par les répercussions de la campagne homophobe du dernier président « sont toujours présentes aujourd’hui au Zimbabwe ».
Même si M. Manyati se sent bien au GALZ, il doit rester sur ses gardes et être vigilant dès qu’il quitte l’enceinte de l’association, et ce, pas uniquement pour se protéger des insultes. Le risque d’emprisonnement en effet est réel, car le Zimbabwe punit les relations sexuelles entre personnes du même sexe de peines de prison pouvant atteindre 14 ans.
Outre la menace de l’incarcération, il existe encore des manifestations quotidiennes de discrimination et de violence, ainsi que des crimes de haine auxquels sont confrontées les personnes LGBTI, non seulement au Zimbabwe, mais aussi dans les 69 pays du monde qui criminalisent les relations sexuelles entre personnes de même sexe.
Et même dans les pays où cela ne l’est pas, comme dans l’Afrique du Sud voisine. Bien que le mariage entre personnes du même sexe y est légal et que les droits LGBTI sont inscrits dans la constitution, être gay continue d’y être dangereux. Au cours du premier semestre 2021, la communauté LGBTI a été endeuillée par une série d’assassinats de jeunes gays. Elle a alors demandé au gouvernement, aux médias et au grand public de prendre plus au sérieux les crimes de haine.
Dans ces conditions, le simple fait de vivre est un acte de bravoure et encore plus d’afficher son bonheur.
Le bonheur est quelque chose que M. Manyati a tenté et tente toujours de se construire pour lui-même, non sans difficultés.
Né à Mutoko, une bourgade de la province du Mashonaland oriental au Zimbabwe, M. Manyati explique que ses parents voulaient qu’il se marie dans sa vingtaine avec une femme et qu’il perpétue ainsi le nom de sa famille en tant que l’un des sept fils Manyati.
M. Manyati a tenu bon tout le temps que ses parents ont insisté sur un mariage. Étant donné qu’il était le seul à s’occuper de ses parents et de ses frères et sœurs, ils ont fini par accepter et il a vécu une vie de célibataire sans jamais annoncer son homosexualité à ses parents.
« Me marier était impossible parce que j’ai le corps d’un homme, mais, à l’intérieur, je me sens comme une femme. Je sais que je suis... que je me sens... comme une femme. Alors pourquoi devrais-je me marier avec une femme ? », dit-il visiblement en proie à des concepts complexes sur son identité de genre sans avoir les mots pour l’exprimer.
Ici au GALZ, toutes les personnes lui disent « qui elles sont », raconte M. Manyati. Il finira peut-être à mettre un nom sur ses sentiments en revenant encore quelques fois et en continuant de parler avec les jeunes autour de lui qui sont tellement plus à l’aise avec leur orientation sexuelle et leur identité de genre.
Le GALZ est une bouffée d’air frais pour ses membres. Il propose régulièrement des journées dédiées à la santé dans son centre d’accueil de Harare et renvoie vers d’autres établissements dans ses autres centres d’accueil à Mutare et Masvingo. L’association propose différents services de santé, y compris la prévention et le traitement du VIH. Elle fournit également des services de conseil essentiels et un espace protégé pour que les personnes LGBTI puissent sociabiliser et souffler, loin de la dure réalité de la rue.
La direction du GALZ affirme que la situation s’améliore lentement pour la communauté LGBTI au Zimbabwe.
En 2017, le GALZ a été inclus en tant que participant officiel à la proposition de financement élaborée pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. L’association a ainsi obtenu 2 millions de dollars destinés à des programmes en faveur des gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Il s’agit du plus important investissement jamais réalisé dans une riposte au VIH et à la santé sexuelle et reproductive pour la communauté. Cette enveloppe a permis d’ouvrir les trois centres d’accueil du GALZ.
Avec le soutien de l’ONUSIDA, le National AIDS Council (NAC) du Zimbabwe dispose d’un forum pour les populations clés auquel le GALZ appartient. Le NAC œuvre véritablement à améliorer la santé et le bien-être des populations clés, même si leurs activités restent criminalisées.
Malgré les progrès, la stigmatisation et la discrimination auxquelles la communauté LGBTI est toujours confrontée au Zimbabwe ont conduit M. Manyati et sa génération à vivre dans l’isolement.
« Je me sens plus en sécurité lorsque je suis seul », explique M. Manyati, ajoutant que tous ses amis et toutes ses connaissances au sein de la communauté LGBTI sont décédés aujourd’hui. « Parfois je pleure », soupire-t-il.
Lorsque les amis de M. Manyati étaient en vie, ils profitaient au maximum de la vie, même si la loi était une épée de Damoclès et qu’ils n’ont jamais été heureux en amour avec les hommes qu’ils ont rencontrés.
« [On sentait qu’]il ne vous aime pas vraiment parce qu’il a quelqu’un d’autre ailleurs et que vous n’en êtes qu’une aventure sans lendemain. Au final, il se marie et vous quitte ». Voici le constat que tire M. Manyati de ces rencontres.
M. Manyati est persuadé qu’il est maintenant « trop vieux » pour chercher l’amour et il préfère se concentrer sur sa santé comme l’un des 1,4 million de Zimbabwéennes et Zimbabwéens que l’on estime vivre avec le VIH.
M. Manyati a découvert sa séropositivité lorsqu’il s’est mis à tousser il y a cinq ans. Il s’est rendu dans une organisation non gouvernementale locale, New Start, pour se faire dépister du VIH et après un traitement contre la tuberculose il a obtenu immédiatement une thérapie contre le VIH. Sa santé est sa priorité.
« Je continue de prendre mon traitement contre le VIH. C’est comme ça que j’ai l’air en bonne santé aujourd’hui », conclut M. Manyati sans jamais se départir du pétillement dans ses yeux.
* Not Yet Uhuru est une citation du militant kenyan pour la liberté Oginga Odinga. Uhuru est un mot swahili signifiant « liberté » ; traduite librement, cette citation signifie « pas encore libre ». Le GALZ utilise régulièrement ce hashtag dans ses publications sur les réseaux sociaux.
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L’ONUSIDA et l’Union africaine renouvèlent leur partenariat pour une riposte au sida plus forte et plus résiliente sur le continent
17 mars 2021
17 mars 2021 17 mars 2021L’ONUSIDA et l’Union africaine viennent de signer un nouveau mémorandum d’accord en vue de renforcer leur partenariat et de renouveler l’engagement des États membres en faveur de l’éradication du sida en utilisant le Cadre catalytique pour éliminer le sida, la tuberculose et le paludisme à l’horizon 2030.
Le mémorandum engage les partenaires à lutter contre l’impact socioéconomique et politique du VIH en Afrique et à accélérer la réalisation de l’objectif de la couverture sanitaire universelle afin de sortir le sida de l’isolement. Il ouvrira la voie à des systèmes de santé plus résilients, souples et inclusifs en Afrique.
« Le renouvellement du mémorandum entre l’Union africaine et l’ONUSIDA ouvre de nouvelles possibilités de coopérations et de nouvelles opportunités pour mettre fin au sida en Afrique. Nous devons tenir cette promesse qui est réalisable », a déclaré Amira Elfadil Mohammed Elfadil, Commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social, au cours de la cérémonie de signature.
Ce service de l’Union africaine, de son ancien nom le service des affaires sociales, assurera la coordination des services et des entités de la Commission de l’Union africaine pour garantir que le VIH demeure une priorité sur le continent et qu’il est intégré dans le développement au sens large, aux droits humains, à l’agenda humanitaire, de la paix et de la sécurité de l’Union africaine.
« Je suis ravie de signer le renouvellement du mémorandum avec l’Union africaine », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA. « L’Union africaine est l’un des partenaires fondamentaux de l’ONUSIDA. Je suis impatiente de renforcer nos relations afin de mettre les communautés au cœur de la riposte au VIH, de lutter contre d’autres défis sanitaires comme la COVID-19 et de réduire les inégalités qui fragilisent les populations. »
2021 est une année charnière, alors que les États membres des Nations Unies doivent renouveler leur engagement en faveur de la riposte au VIH en adoptant une nouvelle déclaration politique en juin. L’accord de partenariat avec l’Union africaine est signé alors que le continent fait face à des systèmes de santé surchargés et sous-financés mis à mal par la pandémie de COVID-19.
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Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo et de l’Union africaine en 2021, appelle ses pairs à tirer les leçons du VIH et à renforcer leurs systèmes de santé
15 février 2021
15 février 2021 15 février 2021La 34e session ordinaire des chef-fes d’État et de gouvernement de l’Union africaine s’est tenue en ligne les 6 et 7 février 2021.
Le président de la République démocratique du Congo et nouveau président de l’Union africaine, Félix Tshisekedi (photo ci-dessus), a enjoint aux États membres de ne pas oublier les épidémies mondiales dévastatrices, comme le paludisme et le sida, et d’en tirer les leçons pour renforcer les systèmes de santé, y compris en consolidant le Centre africain pour le contrôle et la prévention de maladies.
« Contre l’expérience du combat, contre l’adversité et nos capacités d’adaptation, ne baissons pas les bras, et ne perdons pas de vue d’autres pathologies qui continuent de sévir au point d’être parfois de loin plus mortelles, comme la malaria ou le VIH », recommande le président de la République démocratique du Congo.
L’assemblée a reconnu le rôle de l’Union africaine pour organiser un partenariat uni, innovant et solide parmi les États membres afin de lutter contre la pandémie de COVID-19 qui affecte considérablement l’économie africaine et continue à fragiliser les systèmes de santé.
Les chef-fes des États ont pris l'engagement de maintenir leurs efforts pour inverser la propagation du virus et atténuer son impact socio-économique en utilisant l’accord sur la Zone continentale africaine de libre-échange et pour mettre en place un programme de vaccination coordonné par le biais de l’équipe spéciale africaine d’acquisition de vaccins afin de garantir de n’oublier aucun pays.
« La pandémie nous force à être à la pointe de l’innovation. Nous avons créé la plateforme africaine révolutionnaire de matériel médical pour aider les États membres de l’Union africaine à obtenir du matériel et des équipements médicaux à des tarifs abordables », a déclaré le président sud-africain, Cyril Ramaphosa (photo ci-dessus).
Le président de l’Afrique du Sud a salué le rôle extraordinaire et décisif des chef-fes d’État pour lutter contre la crise de la COVID-19. Il s’est montré consterné par l’augmentation des violences à l’égard des femmes et a appelé l’assemblée du continent à mettre l’accent sur l’émancipation économique des femmes et à élaborer une convention visant à promouvoir, à protéger et à satisfaire les droits des femmes. Il a enjoint aux États membres de ratifier la Convention n° 190 de l’Organisation internationale du Travail afin de mettre un terme à la violence et au harcèlement dans le monde du travail.
Outre le passage de relais à la tête de l’Union africaine entre l’Afrique du Sud et la République démocratique du Congo, cette rencontre de deux jours a été le cadre de décisions cruciales sur la mise en place de la réforme institutionnelle de l’Union africaine, dont sa Commission, et de l’élection de quatre nouveaux commissaires. Moussa Faki Mahamat a été réélu au poste de président de la Commission de l’Union africaine pour un second mandat de quatre ans et a pour adjointe Monique Nsanzabaganwa, fraîchement élue et première femme de l’histoire à siéger au sein de Commission.
« Je félicite le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, pour sa prise de fonction au poste de président de l’Union africaine pour 2021 et je salue son appel à ses pairs pour maintenir leurs efforts dans la riposte au sida et renforcer les systèmes de santé en Afrique alors que nous sommes toujours en proie à la pandémie de COVID-19. Je réaffirme ici le soutien de l’ONUSIDA envers l’Union africaine. Sauver des vies, lutter contre les inégalités et promouvoir les soins de santé universels sont des leçons que nous avons apprises du sida et que nous pouvons appliquer avec succès pour répondre aux pandémies actuelles et futures », a déclaré Clémence Aissatou Habi Baré, Directrice du bureau de liaison de l’ONUSIDA auprès de l’Union africaine et de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique.
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« C’est peut-être moi qui ai eu de la chance »
03 février 2021
03 février 2021 03 février 2021La vie de Martha Clara Nakato a changé du jour au lendemain suite à un test spontané du VIH qui s’est révélé positif. Lorsque cette citoyenne ougandaise a découvert sa séropositivité, elle avait 14 ans et n’avait jamais eu de rapports sexuels.
« Je suis juste allée avec mon frère jumeau pour ne pas qu’il fasse le test tout seul. Je n’aurais jamais cru qu’un dépistage allait changer ma vie à jamais », explique-t-elle en se souvenant du choc et de la confusion qui ont suivi l’annonce du résultat.
Le test de son frère s’est quant à lui révélé négatif.
Mme Nakato a appris peu après par son père qu’elle était née avec le VIH. Elle était la seule sur huit enfants à avoir été contaminée par leur mère séropositive qu’elle a perdue à cinq ans des suites de maladies opportunistes.
« Je ne sais pas pourquoi cela m’est arrivé. Si cela se trouve, c’est moi qui ai eu de la chance. Peut-être qu’il y avait une raison à cela pour moi. Quand je regarde mon passé, je sais maintenant que la seule manière de découvrir sa raison d’être consiste à penser à la chose qui fait le plus mal », raconte Mme Nakato.
Mme Nakato a puisé dans sa douleur pour agir. Elle travaille aujourd’hui en tant que militante des droits humains et de la lutte contre le VIH au sein de l’Uganda Network of Young People Living with HIV/AIDS (UNYPA).
En 2019, pour la sixième campagne mondiale de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, elle est l’une des cinq personnes à avoir été choisies pour illustrer la lutte du Fonds mondial.
« Je fais beaucoup de mentorat et d’interventions pour motiver les gens », explique Mme Nakato qui puise dans sa propre histoire pour montrer comment le respect du traitement du VIH permet aux personnes séropositives de vivre pleinement et en bonne santé.
L’activité de sensibilisation et de mentorat de Mme Nakato implique beaucoup d’interactions avec des jeunes directement dans leurs communautés. Suite à l’arrivée de la COVID-19, elle a dû revoir sa manière de rencontrer ce public tout en respectant les mesures d’éloignement physique mises en place.
« Il n’était plus possible de réaliser la plupart des interventions en face à face. Nous avons eu beaucoup de mal à entrer en contact avec les jeunes vivant dans les zones rurales qui n’ont pas accès à Internet ou un smartphone », se souvient Mme Nakato.
Mme Nakato et son équipe ont alors pris conscience de l’importance de rencontrer les jeunes sur les médias sociaux, comme Facebook, pour faire passer son message.
L’ONUSIDA apporte un soutien technique et financier au concours de beauté Y+ et au congrès des jeunes que l’UNYPA organise tous les ans. Le concours de beauté élit un Mister et une Miss Y+ afin d’encourager les jeunes séropositifs à se rassembler, à être fiers et fières de leur beauté et à lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH.
Au cours de l’épidémie de COVID-19, l’ONUSIDA a garanti aux organisations communautaires comme l’UNYPA un accès aux plateformes nationales, par exemple, au secrétariat national sur la COVID-19, afin d'échanger avec le gouvernement et de fournir une aide et une assistance alimentaire de meilleure qualité aux communautés dans le besoin.
Mme Nakato est née en 1996 alors qu’aucun traitement du VIH n’était disponible en Ouganda. Cette année-là, 34 000 enfants âgés de 0 à 14 ans ont été infectés par le VIH.
Aujourd’hui, 95 % des femmes enceintes vivant avec le VIH en Ouganda ont accès aux services de prévention de la transmission verticale du VIH (de la mère à l’enfant). Ce type de transmission a fortement reculé et le pays a réussi à réduire de 86 % les infections au VIH chez les enfants depuis 2009.
« Je ne veux pas accoucher d’un enfant séropositif ou que cela arrive à une autre femme. Nous avons maintenant les moyens d’éviter cela, ce qui n’était pas le cas pour de nombreuses personnes par le passé », continue-t-elle.
En tant que militante de la cause du sida, Mme Nakato a des objectifs pour elle et pour la société. Elle espère voir un jour le monde libéré du sida. Elle souligne l’importance de respecter le traitement du VIH afin que cela puisse arriver un jour.
« S’il y a bien une chose que je sais, c’est que je suis la preuve vivante [de l’efficacité] du traitement. Je suis la preuve vivante que l’on peut s’aimer soi-même », conclut-elle.
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Hommage à Andrew Mosane, militant de la cause du sida et personnalité « radicale » et progressiste
21 janvier 2021
21 janvier 2021 21 janvier 2021L’Afrique du Sud pleure Andrew Mosane, un de ses militants les plus courageux de la cause du sida et de la justice sociale. M. Mosane est décédé le 15 janvier 2021 à 45 ans et a été inhumé le 20 janvier.
Ce militant de longue date de la cause du sida avait réussi à placer les besoins des personnes et des communautés marginalisées au cœur de la riposte au sida. Il était connu en Afrique du Sud et dans le monde entier comme un défenseur infatigable des droits humains.
M. Mosane était un homme noir qui ne cachait ni son homosexualité ni sa séropositivité, ce qui lui a valu d’être victime de la stigmatisation et de discriminations. Toutefois, cela ne l’a pas découragé et il a lutté sans compter sa peine pour éliminer les nombreux obstacles rencontrés par les personnes vivant avec le VIH. Il avait le militantisme dans la peau et c’est tout naturellement qu’il s’est aussi penché sur les problématiques raciales, de classe et de genre. Il a représenté les populations séropositives, lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles, ainsi que les travailleurs et travailleuses du sexe devant le forum de la société civile du South African National AIDS Council (SANAC) dont il faisait partie.
À l’aise avec sa réputation de personnalité radicale, il avait un rire communicatif et une intelligence rare, et il faisait preuve de sincérité et de précision. Il défendait haut et fort les droits humains sans faire de concessions. Ses proches militants et militantes se souviendront de lui comme quelqu’un de « fougueux, dévoué, chaotique, agréable, déterminé et passionné. »
M. Mosane était en contact avec l’ONUSIDA, ainsi qu’avec des réseaux et des institutions dans toute l’Afrique du Sud et au-delà. Il militait pour les droits et la santé sexuelle et reproductive, et il encourageait les jeunes à s’impliquer dans la riposte au VIH et à lutter contre la violence basée sur le genre. Il lui arrivait de poser des questions à l’ONUSIDA pour mieux comprendre la nature de notre travail et la manière dont ce dernier reflète les expériences vécues de personnes vivant avec le VIH et de communautés au sens large.
Le directeur pays de l’ONUSIDA pour l’Afrique du Sud, Mbulawa Mugabe, a déclaré que M. Mosane avait apporté une contribution durable à la riposte au sida. « Excellent médiateur, il avait fait ses armes dans le programme d’information sur les traitements, la Treatment Action Campaign, une organisation qu’il était fier de diriger et d’aider. Il savait y faire pour vulgariser des informations scientifiques à destination des communautés. C’était sa marque de fabrique. Elle va nous manquer à présent », explique M. Mugabe. « Nous avons perdu un héraut de la justice sociale et de la cause du sida qui a changé la vie de tant de personnes. »
M. Mosane était en contact avec l’ONUSIDA, ainsi qu’avec des réseaux et des institutions dans toute l’Afrique du Sud et au-delà. Ci-dessus, en compagnie de la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima.
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Lutter contre la stigmatisation pour jouir du droit à la santé
20 janvier 2021
20 janvier 2021 20 janvier 2021Les adolescentes et les jeunes femmes ne doivent pas avoir peur de revendiquer haut et fort des informations et des services sur la santé et les droits sexuels et reproductifs La stigmatisation et les normes néfastes au genre dans le contexte des droits et de la santé sexuelle et reproductive empêchent la situation d’évoluer, explique Nyasha Phanisa Sithole, une figure de proue dans ce domaine au Zimbabwe.
« Si vous avez peur de la stigmatisation, alors vous n’allez pas oser accéder à ces services, car la situation n’est pas près de changer », indique-t-elle.
En tant que militante et leader régionale des droits et de la santé sexuelle et reproductive en charge de la sensibilisation, du leadership et de la formation des jeunes femmes au sein d’Athena Network, Mme Sithole est persuadée que tout le monde a un rôle à jouer pour changer la donne et influencer les décisions prises.
« Mon histoire n’a rien d’extraordinaire. C’est celle d’une adolescente de 16 ans qui cherche à obtenir des moyens de prévention du VIH, mais qui n’a à sa disposition que des préservatifs et, dans des cas exceptionnels, une prophylaxie pré-exposition. » C’est par ces mots que Mme Sithole raconte son adolescence.
Malgré cette expérience partagée par beaucoup, les services complets sur les droits et la santé sexuelle et reproductive, sur le VIH, ainsi que sur la violence sexuelle et basée sur le genre manquent toujours cruellement en Afrique orientale et australe.
Dans la région, les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans représentent 29 % des nouvelles infections au VIH chez les adultes de plus de 15 ans, alors qu’elles ne comptent que pour 10 % de la population. Chaque semaine, plus de 3 600 adolescentes et jeunes femmes sont ainsi contaminées par le VIH dans la région, soit deux fois plus que les hommes du même âge (1 700 infections par semaine).
La stigmatisation et la discrimination vécues par les jeunes, et surtout par les adolescentes et les jeunes femmes, qui souhaitent obtenir des services sur les droits et la santé sexuelle et reproductive dressent de nombreux obstacles sur leur route, notamment au niveau individuel, interpersonnel, communautaire et sociétal.
Par ailleurs, les violations des droits à la santé documentées comprennent la divulgation non autorisée du statut de santé, le refus de services sur les droits et la santé sexuelle et reproductive, et la violence psychologique qui en résulte.
En 2014, Mme Sithole s’est rendue sous une fausse identité dans un centre de santé destiné aux jeunes et situé dans un arrondissement de la capitale Harare où se trouvent des quartiers résidentiels et des écoles. La première personne qu’elle rencontre est un agent de sécurité un peu trop curieux.
« Il m’a demandé : « Qu’est-ce que tu veux ? » Un examen médical, j’ai répondu, ce à quoi il m’a demandé : « Asi wakarumwa ? » Ce qui signifie « Tu as été mordue ? » en shona, l’argot utilisé dans la rue, lorsqu’il s’agit de savoir si quelqu’un a une infection sexuellement transmissible », se souvient-elle.
Mme Sithole déclare que cela aurait pu lui faire rebrousser chemin si elle n’avait pas été bien informée. « Une telle situation peut faire peur ou décourager. On peut se demander : « Ce n’est qu’un agent de sécurité, pourquoi se moque-t-il de moi ou de ma situation ? ». Et si j’avais vraiment voulu obtenir des soins pour une maladie, que se serait-il passé ? »
Mme Sithole raconte que le personnel de santé se montre parfois condescendant et moralisateur envers les adolescentes et les jeunes femmes qui cherchent à obtenir des services sur les droits et la santé sexuelle et reproductive. Il arrive qu'on leur demande : « Quel âge as-tu et pourquoi as-tu besoin de préservatifs ou d’un moyen de contraception ? »
Face à cette stigmatisation dans le cadre des services sur les droits et la santé sexuelle et reproductive, les organisations communautaires jouent un rôle essentiel pour aider les adolescentes et les jeunes femmes. Elles doivent les autonomiser en leur fournissant des informations et des services dans ce domaine.
Toutefois, la COVID-19 et les mesures de confinement mises en place pour ralentir la propagation du virus ont énormément ralenti leur action au Zimbabwe.
« À mon avis, tous les gouvernements ont fait une erreur en promulguant des restrictions qui touchent aussi les organisations travaillant au sein des communautés », déclare Mme Sithole avant d’ajouter que les jeunes ont ainsi eu plus de mal à accéder aux services sur les droits et la santé sexuelle et reproductive.
Afin de limiter ces risques, la Global HIV Prevention Coalition coprésidée par l’ONUSIDA et le Fonds des Nations Unies pour la population est passée à l’action en apportant un soutien technique et financier à Athena Network dans 10 pays, y compris au Zimbabwe, afin d’assurer la présence dans chaque pays d’un groupe d’action What Girls Want. Au cours de la pandémie de COVID-19, ces groupes composés d’adolescentes et de jeunes femmes ont invité les femmes de leur âge à échanger sur WhatsApp pour parler de leurs problèmes et pour s’entraider.
Mme Sithole déclare que les gouvernements devraient investir dans le changement politique et le développement afin de créer un environnement permettant aux adolescentes et aux jeunes femmes d’accéder aux informations et aux services sur les droits et la santé sexuelle et reproductive, ainsi que sur le VIH.
Malgré la stigmatisation et la discrimination liées à l’accès à ce type de services, Mme Sithole invite les adolescentes et les jeunes femmes à prendre conscience qu’elles ont une voix et à unir leurs forces pour obtenir ce dont elles ont besoin.
« Pensez à votre vie, car c’est ce que vous avez de plus important. Ainsi, peu importe les conséquences, si vous connaissez l’existence d’un service que vous pouvez utiliser, foncez ! », conseille-t-elle.
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L’ONUSIDA demande que la communauté LGBT en Ouganda soit toujours traitée avec respect et dignité
12 janvier 2021 12 janvier 2021GENÈVE, le 12 janvier 2021—L’ONUSIDA s’inquiète que les diffamations à l’encontre des communautés lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) en Ouganda puissent alimenter les violences, la stigmatisation et la discrimination à leur encontre et diminuer leur accès aux services essentiels, dont ceux liés au VIH. Récemment, lors d’une interview dans les médias, le président Yoweri Museveni a décrit comme une « déviance » le fait d’être LGBT.
« Rien ne justifie l’utilisation de termes humiliants comme « déviance » pour décrire les personnes LGBT », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA. « La stigmatisation et la discrimination reposant sur l’orientation sexuelle violent les droits de personnes et les écartent des services de dépistage, de traitement, de prévention et de soin du VIH. L’épidémie de VIH ne prendra jamais fin si certains groupes sont exclus des services de santé. »
Dans le monde, l’ONUSIDA lutte aux côtés d’organismes gouvernementaux législatifs ou autres, ainsi que de la société civile en faveur de l’adoption de lois anti-discrimination et de protection. Leur objectif est d’éliminer la discrimination et les violences à l’encontre de la population LGBT et d’encourager le droit universel à la santé.
Ces dernières années, l’Ouganda a accompli des progrès considérables contre l’épidémie du VIH. On estime que sur les 1,5 million de personnes vivant avec le VIH dans le pays en 2019, 1,3 million d’entre elles connaissait leur statut sérologique et 1,2 million suivait un traitement. En Ouganda, plus de 95 % des femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH reçoivent une thérapie antirétrovirale pour les maintenir en bonne santé et empêcher la transmission du virus à leur enfant.
Toutefois, en Ouganda, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes sont moins susceptibles de recourir aux services de dépistage, de traitement, de prévention et de soin du VIH qui leur permettraient de rester en bonne santé. Cette situation est due entre autres à la stigmatisation et à la discrimination dont fait l’objet cette population au sein du système de santé et de la société.
« Pour mettre un terme à l’épidémie de sida, il est certain que nous avons besoin d’instaurer une société plus inclusive où tout le monde jouit du droit à la santé. L’ONUSIDA est prête à travailler avec l'ensemble des partenaires pour éradiquer la stigmatisation et la discrimination dont est victime la communauté LGBT et pour qu’elle puisse jouir pleinement de ses droits humains universels », a conclu Mme Byanyima.
Notre action
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Unis pour lutter contre le coût des inégalités
15 décembre 2020
15 décembre 2020 15 décembre 2020« Mon petit commerce a été touché par le coronavirus. Avant le coronavirus, je vendais au moins 10 plateaux d’œufs par semaine. Au plus fort de la pandémie, je pouvais me considérer heureux si j’arrivais à en vendre deux », se lamente George Richard Mbogo, séropositif, père de deux enfants et gérant d'un négoce de poules, œufs et frites à Temeke, un quartier du sud de Dar es-Salaam en République unie de Tanzanie.
La crise de la COVID-19 a eu un impact négatif sur les moyens de subsistance de personnes vivant avec le VIH en République unie de Tanzanie. Elle a aggravé leurs difficultés, par exemple pour ce qui est des services disponibles liés au VIH, et a renforcé les inégalités sociales et économiques.
« Le coronavirus a rendu la vie très difficile. J’ai eu mon lot de soucis et de stress. En tant que chauffeur de bodaboda (mototaxi), je dois aller dans des endroits animés et être très proche d’autres personnes. J’ai eu du mal à ne pas céder à la peur et à la dépression, à jongler entre obtenir mon traitement du VIH et le travail. Il y a eu des moments où j’ai pensé arrêter mes médicaments, mais j’ai continué », raconte Aziz Lai, un chauffeur de mototaxi vivant aussi à Dar es-Salaam.
Les pandémies concomitantes du VIH et de la COVID-19 touchent durement les plus pauvres et les plus vulnérables. Toutefois, la mobilisation des ressources nationales a transformé la crise du coronavirus en une chance qui a permis aux partenaires de se mobiliser afin d’aider leurs communautés.
Les efforts conjugués du gouvernement, de partenaires de développement, y compris le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida, l’USAID et l’ONUSIDA, le National Council of People Living with HIV (NACOPHA) et de personnes impliquées dans les communautés sont cruciaux pour répondre à la COVID-19. Ensemble, ils ont permis de fournir des informations, des services, une protection sociale et de l’espoir aux personnes vivant avec le VIH au cours de ces temps éprouvants et sans précédent.
Hebu Tuyajenge est une de ces initiatives. Menée par le NACOPHA et financée par l’USAID, son objectif consiste à encourager l’utilisation du dépistage et du traitement du VIH, ainsi que des services de planification familiale chez les adolescent-es et les personnes vivant avec le VIH. Par ailleurs, elle cherche à renforcer le potentiel d’action des organisations et des structures communautaires, ainsi qu’à créer un environnement propice à la riposte au VIH en redonnant de l’autonomie aux personnes séropositives.
Caroline Damiani, séropositive, élève seule ses trois enfants et gagne sa vie en élevant des poules et des canards. « Hebu Tuyajenge nous a donné des équipements de protection individuelle, du désinfectant, du savon et des seaux. Elle nous a informés sur la COVID-19 et sur la manière de nous protéger afin de rester en bonne santé au cours de cette pandémie », explique-t-elle.
Les services apportés par les communautés sont venus s’ajouter à la prise en charge dans les établissements de santé. Au cours de la crise, des membres de communautés ont apporté des services anti-VIH essentiels. Ils ont par exemple renvoyé des personnes séropositives vers un traitement et les ont aidées à respecter leur traitement.
Pour Elizabeth Vicent Sangu, séropositive depuis 26 ans, ses « résultats » parlent d’eux-mêmes.
« Concernant les rendez-vous de suivi dans ma communauté, j’ai renvoyé 80 personnes vers le dispensaire pour le dénombrement de leurs cellules CD4, j’ai inspiré 240 personnes à faire un test, j’ai signalé 15 cas de violence basée sur le genre et j’ai apporté des informations à 33 groupes, y compris des groupes de jeunes et de chrétiens », annonce-t-elle, la fierté se lisant sur son visage.
Le NACOPHA a aidé Mme Sangu à accepter son statut et l’a accompagné à toutes les étapes menant à son autonomie.
« Depuis que je milite en faveur du traitement pour Hebu Tuyajenge, j’ai obtenu de l’aide sur l’entrepreneuriat et des informations sur le VIH. Maintenant, j’éduque les autres. J’ai permis à des personnes d’être fières de vivre avec le VIH et d’aller se faire tester », continue-t-elle.
Le partenariat entre les militant-es communautaires et les centres de soin a porté ses fruits.
« Au début, nos patient-es et nous-mêmes avions peur, mais grâce aux informations et aux formations, les choses se sont améliorées. Le plus important pour nous a été de donner des informations toutes les heures et tous les jours sur le coronavirus et de nous assurer que les gens respectaient une distance physique correcte », raconte Rose Mwamtobe, médecin au Tambukareli Care and Treatment Centre de Temeke.
« En République unie de Tanzanie, mais aussi dans le monde entier, la COVID-19 révèle une fois de plus le coût des inégalités. La santé mondiale, y compris la riposte au sida, est intimement liée aux droits humains, à l’égalité des sexes, à la protection sociale et à la croissance économique », explique Leopold Zekeng, directeur pays de l’ONUSIDA pour la République unie de Tanzanie.
« Pour mettre un terme au sida et à la COVID-19, tous les partenaires doivent s’unir, au niveau national et mondial, afin de garantir de n’oublier personne », poursuit-il.
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Stephen Watiti : un cheminement personnel, un exemple pour d’autres
27 novembre 2020
27 novembre 2020 27 novembre 2020Après quatre décennies ou presque de riposte au VIH, l’accès au traitement du VIH s’est amélioré dans le monde. Aujourd’hui, 26 millions de personnes séropositives suivent un traitement et peuvent ainsi vivre longtemps et en bonne santé. Mais à quoi ressemblent les soins de santé pour une population vieillissante de personnes vivant avec le VIH ?
Séropositif depuis plus de 30 ans, l’Ougandais Stephen Watiti, 66 ans, se pose cette question.
« Mes besoins vont changer... et, à l’avenir, la plupart des personnes séropositives auront 50 ans ou plus », explique ce médecin renommé du Mildmay Uganda Hospital de Kampala.
En Afrique orientale et australe, sur les 20,7 millions de personnes vivant avec le VIH, 3,6 millions d’entre elles ont plus de 50 ans.
Le nouveau rapport de l’ONUSIDA pour la Journée mondiale de lutte contre le sida, Prevailing against pandemics by putting people at the centre, appelle à adopter une riposte différenciée au VIH qui permettent d’atteindre plus efficacement les personnes encore oubliées aujourd’hui. Il s’agit entre autres d’étendre l’accès équitable au traitement en proposant des services de santé intégrés centrés sur les individus et adaptés à leur âge.
Les personnes vivant avec le VIH devraient être accompagnées pour vivre longtemps et en bonne santé et celles de plus de 50 ans doivent bénéficier d’un accès identique à la protection sociale, à l’emploi et à l’intégration sociale.
M. Watiti explique que ce phénomène manque de reconnaissance. « Nous avons beaucoup fait pour le VIH chez les enfants. Par compte, personne n’est formé pour se préparer au VIH chez les personnes âgées », souligne-t-il.
En 1999, M. Watiti a développé plusieurs maladies opportunistes alors que l’Afrique orientale et australe manquait totalement de traitements, d’un bagage de connaissances et de personnel formé pour lutter contre le VIH. Il a vu la mort de près, une expérience « terrifiante », lorsque son taux de CD4 s’est effondré. Son organisme fragilisé a dû combattre la tuberculose, la méningite cryptococcale et le sarcome de Kaposi... en même temps.
M. Watiti a commencé un traitement contre le VIH en 2000. Toutefois, à cause de difficultés pour payer et obtenir les antirétroviraux prescrits à cette époque, il n’a pas pu le suivre correctement et est tombé malade suite à cet échec thérapeutique.
En 2003, grâce à un nouveau traitement antirétroviral et au soutien indéfectible d’un membre de l’équipe de conseil de l’AIDS Support Organization en Ouganda, M. Watiti s’est rendu compte qu’il « n’allait plus mourir ».
C’est à ce moment qu’il a ressenti le besoin d’informer et d’inspirer ses patients et patientes vivant avec le VIH. Ni une, ni deux, il s’est remis à travailler.
M. Watiti revient de loin. Malgré les incertitudes liées à son appartenance à une génération vieillissante vivant avec le VIH, M. Watiti entend bien vivre pleinement et continuer à exercer en tant que médecin après ses 70 ans.
« Je vais devoir continuer à prendre ces médicaments, sauf si un remède est trouvé d’ici là », déclare-t-il.
Toutefois, M. Watiti veut savoir ce qui peut être fait pour garantir une bonne qualité de vie aux personnes séropositives sous traitement, ce qui comprend un accès à des services de santé mentale.
Il a abordé ce problème au cours d’un entretien avec la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, à l’occasion du lancement du rapport de l’ONUSIDA pour la Journée mondiale de lutte contre le sida.
Mme Byanyima est d’accord avec lui. « Savoir que l’on devra prendre des médicaments pour le restant de ses jours et que des personnes vivent parfois dans la pauvreté ou cachent leur secret par peur de la stigmatisation peut peser beaucoup sur le bien-être psychologique et émotionnel d’une personne », a-t-elle indiqué. « Les personnes vivant avec le VIH ont besoin d’une offre complète plus large de services qui couvre également la santé mentale. Il serait faux de limiter la riposte au sida uniquement aux médicaments. »
M. Watiti a apporté de l’espoir aux personnes séropositives à un moment où les chances de survie du sida étaient faibles. Il est un exemple de résilience pour les personnes vivant aujourd’hui avec le VIH.
M. Watiti raconte qu’il a l’impression de s’adresser à lui-même lorsqu’il conseille à ses patientes et patients de dépasser la stigmatisation du VIH et qu’il leur explique l’importance de suivre scrupuleusement leur traitement : « Pour ne rien vous cacher, s'il y a bien une personne que j’ai aidée, c’est moi. »
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Acquisition des connaissances sur le VIH : un progrès trop lent chez les jeunes femmes en Afrique orientale et australe
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09 novembre 2020 09 novembre 2020Les jeunes doivent savoir comment se protéger d’une infection au VIH et aussi où accéder en toute sécurité aux services de prévention du VIH et de santé de la reproduction et sexuelle. Il s’agit en effet d’un outil essentiel de la riposte au VIH.
Une analyse d’études menées auprès de populations depuis 2000 révèle que l'acquisition de connaissances complètes sur le VIH progresse très nettement chez les jeunes femmes et les jeunes hommes en Afrique occidentale et centrale, ainsi que chez les hommes en Afrique orientale et australe. Toutefois, la diffusion de ces connaissances parmi les jeunes femmes vivant en Afrique orientale et australe est plus lente.
Des enquêtes récentes indiquent qu’il reste encore fort à faire. On s’aperçoit à partir d’études menées de 2011 à 2018 que seulement 39 % des jeunes femmes (âgées de 15 à 24 ans) en Afrique orientale et australe et 28 % en Afrique occidentale et centrale disposent de connaissances complètes sur le VIH. Ces taux sont respectivement de 46 % et 31 % parmi les jeunes hommes de la même classe d’âge. En 2001, les pays signataires de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida s'engageaient à garantir qu'en 2005, 90 % des jeunes de 15 à 24 ans, et 95 % en 2010, disposeraient des informations, de l’éducation, des services et des compétences psychosociales pour réduire leur vulnérabilité face à une infection au VIH.