Eastern Europe and Central Asia

Press Statement

Les partenaires de santé redoublent d'efforts pour obtenir des médicaments et des services vitaux anti-VIH pour les personnes touchées par la guerre en Ukraine

Alors que les livraisons de traitement antirétroviral arrivent, les obstacles se multiplient pour les remettre aux personnes qui en ont besoin

GENÈVE, le 5 avril 2022—La guerre en Ukraine a déclenché une crise humanitaire catastrophique. Le nombre de décès et de blessé-es, de destructions de villes et d’agglomérations entières et d’attaques inadmissibles contre des établissements de santé et d’autres cibles civiles ne cesse d’augmenter. Tout cela met gravement en danger la population ukrainienne vivant avec le VIH.

« Il devient de plus en plus difficile pour les personnes d’accéder aux soins dont elles ont besoin, y compris les services anti-VIH », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Avant l’éclatement de la guerre, l’ONUSIDA estimait à 260 000 le nombre de personnes séropositives en Ukraine, dont 152 000 qui prenaient quotidiennement des médicaments contre le VIH. Le VIH ne peut pas être soigné. Sans accès aux médicaments antirétroviraux, les personnes vivant avec le VIH mourront. »

L’Organisation mondiale de la Santé estime qu’il y a eu 82 attaques distinctes contre des hôpitaux, des ambulances et des médecins en Ukraine depuis le début de la guerre, tuant 72 personnes et blessant au moins 43 personnes. Près de 50 % des pharmacies ukrainiennes sont potentiellement fermées et nombre de professionnel-les de santé sont déplacé-es ou incapables de travailler.

L’ONUSIDA et ses coparrainants, l’OMS et l’UNICEF, ainsi que USAID, le PEPFAR et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme œuvrent pour fournir aux personnes séropositives en Ukraine des médicaments pour 12 mois. Une livraison de 209 000 traitements antirétroviraux pour 90 jours est arrivée à Lviv, en Ukraine, afin d’être apportée aux personnes qui en ont besoin. Cependant, la distribution dans le pays risque d’être difficile, en particulier dans les zones de conflit. L’ONUSIDA appelle au respect et à la protection des corridors humanitaires pour permettre la distribution de l’aide humanitaire et un passage sans danger des civils vers des zones où il n’y a pas de combats.

Le Secrétaire général des Nations Unies a appelé à garantir « un accès sans entrave à toutes les personnes et communautés touchées » et à mettre fin à la guerre.

« Grâce à des efforts remarquables de la société civile et du gouvernement, la plupart des sites fournissant un traitement antirétroviral fonctionnent encore au moins en partie, mais la guerre a perturbé les chaînes d’approvisionnement et l’accès des patients et patientes à ces sites », a déclaré Mme Byanyima. « Les partenaires sur le terrain s’efforcent de fournir des médicaments essentiels aux personnes en faisant attention à la sécurité. La souplesse dont dispose la société civile pour atteindre les personnes est primordiale et des fonds sont nécessaires de toute urgence pour soutenir et renforcer ces liens vitaux. »  

L’ONUSIDA a lancé un appel à financement pour aider les personnes vivant avec le VIH et les populations clés à accéder aux services anti-VIH et aux besoins humanitaires de base, y compris la fourniture ininterrompue d’un traitement anti-VIH et des services de réduction des risques tels que le traitement de substitution aux opioïdes (TSO – un traitement efficace contre la dépendance aux opiacés). Les personnes vivant avec le VIH sont invitées à contacter la ligne Info VIH en Ukraine* pour obtenir plus d’informations sur la disponibilité du traitement anti-VIH.

Plusieurs prisons ne sont plus contrôlées par le gouvernement ukrainien. Les personnes incarcérées dans le besoin doivent avoir accès à un traitement antirétroviral contre le VIH ou un TSO (en cas de dépendance aux opiacés).

Plus de 4 millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis le début de la guerre. On estime que jusqu’à 1 % des réfugiés et réfugiées pourraient vivre avec le VIH et avoir besoin de services anti-VIH. L’ONUSIDA et ses coparrainants, l’OMS et l’UNHCR, ont tenu des discussions avec les pays riverains de l’Ukraine : la Roumanie, la Slovaquie, la Moldavie, la Hongrie et la Pologne. Au cours de ces échanges, ils ont informé les gouvernements respectifs et les responsables de la santé sur les besoins des réfugié-es vivant avec le VIH ainsi que sur l’importance de fournir des services de prévention du VIH.

Dans le cadre des efforts visant à assurer la continuité du traitement du VIH, l’OMS,  coparrainant de l’ONUSIDA, a contribué à un accord avec le groupe pharmaceutique ViiV Healthcare portant sur des dons de médicaments anti-VIH à la Pologne, à la République tchèque et à d’autres pays de l’Union européenne accueillant un grand nombre de personnes réfugiées venant d’Ukraine. Le site de l’initiative ART Initiative for Ukrainians Abroad, établie en coordination avec le Centre de santé publique ukrainien, apporte une assistance supplémentaire aux personnes réfugiées ukrainiennes vivant avec le VIH.

L’Organisation mondiale de la Santé travaille avec le Centre de santé publique ukrainien sur la collecte de données, tout en préservant la confidentialité, afin de comprendre où se trouvent les personnes vivant avec le VIH touchées par la guerre et quels sont leurs besoins. Il n’existe actuellement aucune donnée précise sur les mouvements de personnes séropositives qui ont déjà quitté le pays.

L’ONUSIDA surveille la situation et travaille en étroite collaboration avec les organisations de la société civile pour aider les réfugié-es et les personnes vivant avec le VIH en Ukraine. L’ONUSIDA œuvre également pour garantir que les personnes issues des populations clés, notamment les membres de la communauté LGBTI, encore en Ukraine ou ayant fui le pays, ont accès à l’aide humanitaire. 

*Ligne Info VIH en Ukraine : 0800 500 451

Contact

UNAIDS Geneva
Sophie Barton-Knott
tel. +41 79 514 68 96
bartonknotts@unaids.org
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communications@unaids.org

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« Avec les milliards dépensés pour cette guerre dénuée de sens, l’humanité pourrait trouver un remède contre le VIH, mettre fin à la pauvreté et résoudre d’autres crises humanitaires »

23 mars 2022

Yana Panfilova est Ukrainienne et est née avec le VIH. À 16 ans, elle a créé Teenergizer, une organisation de la société civile qui vient en aide aux adolescentes, adolescents et jeunes vivant avec le VIH en Ukraine. Teenergizer s’est internationalisée en 2016 et elle milite pour les droits des ados et des jeunes en Ukraine et dans sept villes de cinq pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale. En 2019, l’organisation a commencé à fournir des consultations par des pairs et une assistance psychologique aux ados. Elle a formé plus de 120 psychologues-conseils sur Internet pour soutenir les jeunes dans toute la région. En juin 2021, Yana Panfilova est intervenue lors de l’ouverture de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/sida. Lorsque la guerre a commencé en Ukraine, elle a quitté Kiev avec sa famille et s’est rendue à Berlin, en Allemagne, où elle poursuit son travail pour aider les jeunes vivant avec le VIH dans son pays.

Pourquoi et comment avez-vous quitté Kiev ?

Dans les jours qui ont suivi le début de l’invasion russe, j’ai compris que nous devions prendre une décision qui allait bouleverser nos vies. Des gens avec des mitraillettes patrouillaient dans les rues. J’ai dû convaincre ma mère de partir, car elle était réticente. Nous avons fait nos valises en moins d’une heure, nous sommes allées à la gare de Kiev, nous avons laissé notre voiture là-bas et nous sommes montées dans le premier train que nous pouvions trouver. La gare était pleine de gens, de mères, d’enfants, de pères et de frères qui faisaient leurs adieux à leur famille, et beaucoup de gens étaient paniqués. Nous sommes restées debout 12 heures dans le train, avec nos valises et notre chat. Lorsque notre grand-mère nous a retrouvées au premier arrêt, nous avons traversé ensemble l’Ukraine avec son chien, puis nous sommes passées en Pologne avant d’arriver à Berlin. Le voyage a duré sept jours en tout. C’était le voyage le plus long et le plus difficile de ma vie. Je n’avais pas l’intention de laisser ma superbe ville de Kiev sans savoir où nous allions arriver. Aujourd’hui, nous sommes ici à Berlin, réfugiées, en sécurité, mais nous avons toujours du mal à croire ce que nous avons vécu et ce que vit le peuple ukrainien. Mais au moins, nous sommes en sécurité et ensemble : ma mère, ma grand-mère et son chien, ainsi que moi et mon chat. J’ai eu la chance d’avoir emporté suffisamment de traitement antirétroviral pour tenir environ deux mois.

Êtes-vous bien installée à Berlin ?

Je vis toujours dans l’incertitude, comme c’est le cas pour des millions d’autres femmes et enfants qui ont fait ce voyage depuis l'Ukraine. Mais toutes les personnes que nous avons rencontrées à chaque étape de ce périple ont été vraiment gentilles et accueillantes. Nous sommes en train de clarifier les questions juridiques pour rester ici à Berlin les prochaines semaines, ainsi que la manière dont nous pouvons accéder aux services médicaux et sociaux de la ville. Nous ne savons même pas avec certitude comment louer un appartement. Nous avons pris rendez-vous en ligne avec les services de la ville de Berlin pour éclaircir ces détails avec eux. Ils essaient de me fournir une assurance médicale afin que je puisse accéder aux soins médicaux et poursuivre sans interruption mon traitement anti-VIH.

Je suis également en contact avec la Berliner Aids-Hilfe, l’une des plus anciennes organisations non gouvernementales de lutte contre le VIH en Europe. Depuis la guerre en ex-Yougoslavie, elle a beaucoup d’expérience dans le travail avec des migrants et migrantes qui vivent avec le VIH. L’équipe est incroyable. Elle est prête à m’aider à trouver une thérapie antirétrovirale ainsi qu’à apporter une solution aux autres besoins que les Ukrainiens et Ukrainiennes vivant avec le VIH auront ici à Berlin.

Vous êtes donc plus ou moins en sécurité maintenant. Comment vont les autres jeunes de Teenergizer ?

La plupart des ados vivant avec le VIH et membres de l’association ont déjà quitté l’Ukraine et sont désormais en Estonie, en Allemagne, en Lituanie, en Pologne et dans d’autres pays. Nous sommes quotidiennement en contact avec la plupart. Certains de nos activistes ont choisi de rester avec leurs parents à Kiev et dans d’autres villes qui sont la cible d’attaques. Nous étudions les dernières informations et essayons de savoir où se trouve tout le monde et si chacun, chacune est en sécurité. Mais ce n’est pas quelque chose de facile ou rapide. Tout le monde essaie en ce moment de survivre et de rester en contact. Notre personnel, nos pairs-éducateurs et éducatrices, ainsi que notre clientèle vivent désormais dans différents pays, chacun avec des lois, des régimes de traitement et un accès à Internet différents. Les personnes toujours à Kiev sont en lien avec nos partenaires qui continuent d’offrir un accès à une thérapie antirétrovirale et à l’aide humanitaire d’urgence. La plupart de nos psychologues-conseils fournissent toujours une assistance en ligne aux personnes qui en ont le plus besoin.

Quels problèmes rencontrez-vous pour rester à Berlin ?

Les Berlinois-es et l'ensemble des Allemand-es que nous rencontrons depuis notre arrivée ont fait preuve d'une incroyable gentillesse et d'un sens de l'accueil phénoménal. Nous en sommes très reconnaissantes. Je sais que toutes les villes d’Europe s’efforcent d’aider des millions de compatriotes, mais je ne pense pas que nous aurions pu trouver un endroit plus sûr et plus tolérant que Berlin.

Bien entendu, nos problèmes les plus pressants sont de nature juridique en lien avec le statut temporaire ici, puis viennent les questions concernant l’accès aux soins médicaux et au traitement antirétroviral. La troisième grande question concerne le logement. Je n’aurais jamais imaginé que la question du logement serait si importante ou si usante mentalement. Les associations locales de bénévoles nous aident 24 heures sur 24 et des millions d’Européen-nes nous ouvrent les portes de leur foyer. Mais pour les centaines de milliers de personnes restées en Ukraine, qui vivent encore dans des entrepôts, des abris et d’autres hébergements temporaires, ne pas avoir d’endroit digne du nom de logement temporaire peut plomber le moral.

Selon vous, qu’est-ce qui est le plus important pour continuer maintenant ?

Quelle que soit l’évolution de la guerre, nous devons continuer à nous serrer les coudes au sein de la famille Teenergizer. En Ukraine, nous avons passé des années à lutter pour la protection de la santé et des droits des jeunes vivant avec le VIH. Et maintenant, il semble que beaucoup de nos victoires chèrement acquises ont disparu du jour au lendemain. Au milieu de cette crise, nous devons continuer à défendre nos droits et nous concentrer sur les besoins urgents auxquels sont confrontés les membres les plus vulnérables de notre réseau Teenergizer. J’ai beaucoup de chance d’être en vie et de me trouver ici en sécurité sous la protection de l’Allemagne. Mais bon nombre de nos proches se trouvent toujours à Kiev et dans d’autres villes d’Ukraine et se battent pour défendre leur vie et notre pays. Un bon nombre n’a pas les moyens de quitter le pays et d’autres ne veulent pas laisser leur maison et leur famille. Aujourd’hui plus que jamais, ces gens ont besoin de notre soutien et de savoir que nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider quand c'est le plus nécessaire.

Premièrement, nous devons les aider à traverser cette nouvelle crise et préserver les services vitaux : le traitement du VIH pour les cas urgents, ainsi que les services de prévention et de dépistage. Deuxièmement, pendant cette crise, nous devons continuer à fournir aux jeunes des services de santé mentale, en particulier des consultations menées par des pairs. Dans notre région, le VIH est plus un problème social qu’un problème de santé. Aujourd’hui, en Ukraine, les jeunes vivant avec le VIH sont confrontés à trois crises : une crise sanitaire, une crise sécuritaire, ainsi qu’une crise liée au stress et à la dépression graves causés par la guerre. Les psychologues appellent cela le stress post-traumatique. Ce traumatisme touche une génération entière d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes. Les jeunes qui ont besoin d’un soutien psychologique professionnel commenceront à consommer des drogues et certains de ces jeunes contracteront le VIH, mais auront trop peur ou honte de demander de l’aide dans la crise actuelle. Il en va de même pour les adolescentes et les femmes qui ne peuvent pas exercer leurs droits reproductifs et sexuels, ou les jeunes qui n’utilisent pas de préservatif lors de rapports sexuels, ou les millions de femmes ukrainiennes qui risquent d’être exploitées lorsqu’elles seront seules en Europe, loin de leur famille et de leurs proches. Aujourd’hui, en Ukraine, il y a toujours des milliers d’ados vivant avec le VIH qui ont peur de révéler leur statut sérologique. Beaucoup ne savent pas comment se protéger du VIH et des violences liées à la guerre. Des millions de jeunes en Ukraine vivent dans la solitude face à leurs peurs et à leurs angoisses, et toute une génération sera touchée par des troubles post-traumatiques, ce qui nécessite une attention urgente. Je suis convaincue que si nous leur fournissons dès maintenant des conseils et un soutien même de base, les jeunes confrontés à de multiples crises seront mieux à même de faire face à leurs problèmes pour les années à venir.

Et quoi qu’il en soit, nous devons également pousser les responsables politiques à écouter les jeunes et leur permettre d’influencer le processus de prise de décision sur leur propre santé et leur avenir. Les voix des jeunes, en particulier celles des jeunes femmes, devraient être entendues pour mettre fin à la guerre et reconstruire l’Ukraine.

Comment voyez-vous l’avenir de Teenergizer maintenant ?

Aujourd’hui, ma famille et mon pays sont confrontés à la plus grande crise de notre vie. Donc, ne sachant pas ce que demain réserve, il m’est difficile de prédire en quoi l’avenir consistera. Au fil des années, nous avons construit une vraie famille, des équipes de jeunes leaders Teenergizer présentes dans différentes villes d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, au Kazakhstan, au Kirghizstan, au Tadjikistan, en Ukraine, et même en Russie. Mais maintenant nous ne sommes plus ensemble. Après la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill a prédit qu’il y aurait un mur. Et je pense qu’un nouveau mur est en train de se former.

Que diriez-vous aujourd’hui si vous vous teniez à nouveau sur la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies ?

Il s’agit d’une guerre entre l’ancien et le nouveau monde.

Nous sommes des jeunes qui souhaitent vivre dans un monde nouveau, où il n’y a pas de guerres, où les pandémies telles que le VIH, la tuberculose et la COVID-19 sont terminées, où la pauvreté et le changement climatique sont résolus. Dans ce nouveau monde, toutes les personnes, peu importe qui elles sont ou qui elles aiment, quelle que soit la langue qu’elles parlent ou le passeport qu’elles détiennent, peuvent profiter de la liberté et vivre leur vie avec dignité, et voyager et traverser des frontières ouvertes, entre des pays pacifiques. Ces dernières années, lorsque nous avons pu voyager, nous avons appris à quel point cela est important et précieux. Nous avons pu voir comment des gens pacifiques vivaient dans d’autres parties du monde, et cela nous a fait apprécier la beauté et la liberté que nous avons en Ukraine. Aujourd’hui plus que jamais, nous comprenons seulement ce que nous voulons reconstruire dans notre propre pays en le comparant aux valeurs que nous trouvons dans d’autres pays.

Et c’est cet ancien monde qui finance et soutient cette guerre. C’est un non-sens.

Avec les milliards dépensés pour cette guerre dénuée de sens, l’humanité pourrait trouver un remède contre le VIH, mettre fin à la pauvreté et résoudre d’autres crises humanitaires.

Le nouveau monde est synonyme de développement, pas de destruction. Il s’agit de pouvoir s’améliorer soi-même, d’améliorer sa qualité de vie et d’aider vraiment les autres à faire de même.

Tout a une fin. La guerre aussi, un jour. Que ferez-vous le premier jour après la fin de la guerre ?

Je me mettrai à lire Guerre et paix de Léon Tolstoï.

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Collaborer pour aider les populations réfugiées en République de Moldavie

24 mars 2022

Au début de l’invasion de l’Ukraine, le gouvernement de la République de Moldavie voisine de l’Ukraine a estimé qu’environ 300 000 personnes pourraient fuir vers le pays. Cette estimation est désormais passée à 1 million de personnes réfugiées : un chiffre énorme pour ce pays de seulement 2,6 millions d’habitantes et habitants, qui compte parmi les plus pauvres d’Europe.

Peu après le début de la guerre, plusieurs organisations humanitaires, agences des Nations Unies et partenaires de la société civile, placés sous l’égide du gouvernement, ont formé des groupes de coordination de la riposte. Ils ont commencé à répondre aux besoins les plus pressants des personnes fuyant la guerre, notamment pour ce qui est de l’hébergement, de l’alimentation, de la santé, de la protection sociale, de la prévention de la violence sexiste et du soutien en matière de santé mentale.

« Nous devons en premier lieu nous concentrer sur les besoins fondamentaux. Il reste encore beaucoup à faire en matière de coordination avec les nombreuses organisations humanitaires qui participent à la riposte. C’est également la première fois que les Moldaves affrontent une crise de cette ampleur. Ainsi, nous apprenons et tirons des leçons au fur et à mesure », a déclaré Iurie Climasevschi, coordinateur national pour le sida à l’hôpital de dermatologie et des maladies transmissibles de la République de Moldavie.

Svetlana Plamadeala, responsable pays de l’ONUSIDA pour la République de Moldavie, a visité plusieurs centres de personnes déplacées près de la frontière ukraino-moldave. « Les gens y sont bien accueillis. Le gouvernement veille à apporter un hébergement et de la nourriture et essaie de garantir que les enfants aillent à l’école ou à la crèche. En effet, 75 % des personnes réfugiées environ sont des femmes et des enfants et on recense quelque 40 000 enfants de moins de 18 ans dans les centres », a-t-elle expliqué.

Selon Mme Plamadeala, près de la moitié des personnes réfugiées sont hébergées chez la population locale. « Nous voyons l’extraordinaire mobilisation de gens ordinaires, qui apportent un soutien remarquable aux personnes qui fuient la guerre », a-t-elle déclaré. 

Le gouvernement s’engage à ce que les personnes réfugiées ukrainiennes reçoivent les mêmes services que les Moldaves, y compris ceux liés au VIH. « Si une personne réfugiée demande une thérapie antirétrovirale, nous lui fournirons. Nous ne refuserons pas d’aider quelqu’un si nous pouvons le faire », a annoncé M. Climasevschi.

« L’ONUSIDA a participé au processus de planification dès le début de la crise afin de garantir que les personnes réfugiées aient accès à tous les services liés au VIH dont disposent les Moldaves, y compris la thérapie antirétrovirale, le traitement de substitution aux opioïdes et le dépistage du VIH et de la tuberculose  », a indiqué Mme Plamadeala. « La stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH demeurent monnaie courante. Il est possible que toutes les personnes vivant avec le VIH n’aient pas pu accéder aux services, c’est pourquoi nous nous engageons avec nos partenaires de la société civile à fournir de notre propre initiative des informations aux personnes afin qu’elles sachent où se tourner pour obtenir de l’aide. »

Ruslan Poverga, de l’organisation non gouvernementale Initiativa Pozitiva, a déclaré que l’organisation s’occupe actuellement d’identifier les personnes réfugiées qui ont besoin d’un traitement antirétroviral et de les orienter vers des services d’assistance. « Nous avons déjà pris l’initiative d’informer les gens et, si nécessaire, de fournir un ensemble intégré de services de prévention du VIH, y compris le dépistage du VIH, de la tuberculose et de l’hépatite, ainsi que la fourniture de préservatifs et de solutions de réduction des risques. Nous aurons une meilleure compréhension des besoins pour ces types de services dans un avenir proche. »

Le Bureau pays de l’ONUSIDA pour la République de Moldavie a réalloué des fonds pour répondre à des besoins humanitaires urgents. Cela augmentera la capacité du Programme national de lutte contre le sida à fournir un traitement antirétroviral à un nombre beaucoup plus important de personnes réfugiées vivant avec le VIH. Des tests de la charge virale sont disponibles pour vérifier si un changement de régime de traitement est nécessaire.

« La situation évolue. Nous la surveillons de très près pour comprendre quand et auprès de qui chercher plus de soutien. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est prêt à procéder à des réallocations si nécessaire, et la République de Moldavie est en mesure d’accéder aux ressources du fonds d’urgence du Fonds mondial. Dans le cas où le Programme national de lutte contre le sida ne serait pas en mesure de répondre à ces besoins, nous chercherons à obtenir davantage d’aide du Fonds mondial, de l’ONUSIDA, du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance et de l’Organisation mondiale de la Santé », a déclaré Mme Plamadeala.

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Un membre du personnel de l’ONUSIDA témoigne de l’invasion de l’Ukraine

18 mars 2022

Le 24 février, Olena Sherstyuck, responsable de la présence mondiale de l’ONUSIDA en Ukraine, n’a pas eu d’autre choix que de fuir Kiev. Nous avons discuté avec elle depuis son nouveau refuge dans l’ouest de l’Ukraine.

Le 24 février, à quoi avez-vous pensé en premier ?

Ma journée a commencé très tôt. Mon fils m’a envoyé un message à 5 heures du matin en me disant : « On dirait que la guerre est déclenchée. » Lorsque je suis sortie sur mon balcon, j’ai entendu des bruits puissants qui ressemblaient à des bombes.

Avez-vous décidé à ce moment-là de quitter Kiev ?

Au début, je suis montée en voiture avec mes chats, puis, après avoir contacté le directeur national et le reste du personnel, j’ai décidé d’aller dans ma maison de campagne qui a un jardin, hors de la ville. J’y ai retrouvé mon fils et sa femme.

Le lieu était-il suffisamment sûr ?

Lorsque je suis arrivée, j’ai compris que c’était pire qu’en ville. En effet, ma maison se trouve près de l’aéroport de Hostomel qui était la cible de missiles. Nous avons à peine dormi. Le ciel était rouge. Ce que j’aime dans cette maison, ce sont ses baies vitrées panoramiques, mais cette fois-ci, c’était loin d’être agréable. Les vitres vibraient sans cesse.

Qu’avez-vous fait ensuite ?

Le 25 février à minuit, nous avons décidé de partir pour l’ouest de l’Ukraine. J’avais travaillé dans la région pendant cinq ans alors que je travaillais pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance et j’y suis retournée après. Par conséquent, cette région montagneuse m’a semblé être une bonne option.

Pour cela, il a fallu conduire 28 bonnes heures, car nous avons dû zigzaguer pour éviter les combats et changer plusieurs fois d’itinéraire parce que des routes étaient fermées ou des ponts détruits. Notre itinéraire changeait constamment. Le trajet a été plutôt difficile.

J’ai demandé à des amis de la région de m’aider à trouver un endroit où loger et nous vivons maintenant dans une maison en bois de cinq pièces avec une cuisine commune.

Avez-vous pris contact avec votre équipe et votre responsable ?

Le bureau de l’ONUSIDA en Ukraine est un petit bureau et depuis la COVID-19, nous restons en contact par toutes sortes de moyens, en utilisant WhatsApp, Viber, etc. Tous les matins, nous avons notre réunion d’équipe habituelle. Cela nous aide à maintenir le contact. Des collègues de la région et de la plateforme mondiale ont également pris des nouvelles, ce qui me donne une impression de normalité.

Une impression de normalité, vraiment ?

Je n’arrive pas à dormir ni à manger, mais le travail, les réunions et les efforts de coordination m’aident à garder la tête sur les épaules. Cela me permet de continuer.

Cependant, je suis scotchée aux infos. Je n’arrive pas à arrêter de regarder et de lire ce qui se passe. Je pense à mon appartement en ville et à mon jardin, et quand nous pourrons toutes et tous retourner à Kiev.

Je n’ai aucun regret d’être partie. Je ne suis ni une combattante ni dans l’armée, donc je ne veux pas gêner les personnes qui combattent. La première semaine, j’étais sous le choc et je pensais que cela se terminerait rapidement, mais cela fait maintenant trois semaines.

Je suppose que vous avez pris votre passeport et votre téléphone, mais qu’en est-il de la nourriture et des vêtements ?

J’ai pris mes papiers importants, mon passeport et mon ordinateur de travail, mais je n’avais que des vêtements de jardinage dans ma maison, donc je porte une veste d’homme à tout faire depuis. Disons simplement que j’ai l’air un peu débraillée, mais je ne suis pas la seule ! (Rire.)

Pour ce qui est de la nourriture, il y a des petits marchés et jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de pénurie. Nous essayons de nous occuper en aidant des femmes de la région à faire du pain et d’autres activités communes sont organisées dans le village.

(Une pause) Vous entendez ça, Charlotte ? Vous avez entendu la sirène annonçant un raid aérien ? Elle s’est tue maintenant.

N’ayant jamais vécu une telle situation, quel conseil avez-vous pour nous ?

Tout d’abord, dans ces moments-là, les relations personnelles avec des gens sont très utiles. Non seulement j’ai pu entrer en contact avec mes collègues du moment, mais je l’ai aussi fait avec mes ancien-nes ami-es du travail.

Et dès le premier jour, j’ai pu contacter les nombreux réseaux de personnes vivant avec le VIH et d’autres organisations non gouvernementales avec lesquelles je travaille pour voir comment elles gèrent la situation. Autrement dit, j’ai passé beaucoup de temps au téléphone, mais ce sont des relations professionnelles et personnelles que j’ai établies au fil des ans. Je voulais savoir si tout le monde était en sécurité.

Je dois dire que l’ONUSIDA a très bien communiqué et transmis des informations clés sur les services disponibles, le lieu et avec quel acteur, des services tels que les renouvellements de thérapie antirétrovirale ou le traitement de substitution aux opioïdes, puis elle a mis à jour les informations. Avant la guerre, j’étais membre du comité national de surveillance et du comité programmatique qui supervise les subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Par conséquent, mes collègues et moi essayons d’assurer le suivi des points du programme. Ce n’est pas facile, et pour le suivi par exemple, de nombreuses personnes se terrent encore dans les caves, ce qui complique les choses.

Par ailleurs, il est vraiment difficile d'élaborer une stratégie. Au début, tout le monde prend des décisions sur le vif. Nos partenaires, d’autres organisations internationales, en fait tout le monde s’efforçait d’aider et malheureusement, nous avons fait beaucoup de choses en double. Un jour, on me demandait de trouver des matelas, un autre, quelqu’un avait besoin de gaz, maintenant les choses semblent être mieux organisées.

J’ai appris qu’il faut du temps pour comprendre comment agir et réagir et qu’il est important de trouver sa niche. Il faut éviter de trop se disperser.

Merci pour ces bons conseils. Autrement dit, il s’agit de distribuer les rôles et d’exploiter les points forts de chaque organisation pour travailler mieux de manière générale ?

C’est cela. L’aide de la plateforme mondiale est aussi utile. Je travaille principalement avec des partenaires sur place. Pour moi, cela représente 90 % de mon temps et, en raison des choses à faire dans tous les sens et de la situation en constante évolution, il a été utile que le siège nous donne une vue d’ensemble.

Comment ?

C’est rassurant de savoir que des pays comme la Pologne et la République de Moldavie et des personnes se sont engagés à aider l’Ukraine. Je sais maintenant ce que font nos collègues dans la région en ce qui concerne les stocks de thérapie antirétrovirale et le recours à l’aide internationale. En Ukraine, nous avons adopté davantage de normes européennes, de sorte que, par exemple, nos réglementations sur les médicaments et la propriété intellectuelle sont proches des normes européennes et ont peu de points communs avec les anciens pays satellites soviétiques. Notre législation contient des chapitres sur les populations clés et interdit la discrimination. Le gouvernement ukrainien a financé des services de prévention de base du VIH pour des centaines de milliers de personnes issues des populations clés. Nous avons également vraiment encouragé les services de réduction des risques, car le VIH en Ukraine touche principalement les consommateurs et les consommatrices de drogues injectables. Des milliers de personnes suivent un traitement de substitution aux opioïdes et utilisent la prophylaxie préexposition. Les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées font également partie intégrante de la stratégie du pays en matière de droits humains.  Je ne peux pas imaginer de telles évolutions dans de nombreux pays d’Europe de l’Est.

D'autres réflexions avant de conclure ?

C’est vraiment important pour moi d’avoir des contacts humains, alors n’hésitez pas à me contacter. Et je dois dire que je suis impressionnée par les gens qui se rassemblent, l’Ukraine me semble plus unie. C’est ma touche d’optimisme dans tout cela. Les gens se serrent vraiment les coudes, c’est fantastique. Gloire à l’Ukraine ! 

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Garantir que la réduction des risques reste disponible en Ukraine

09 mars 2022

Dix jours après le début du conflit en Ukraine, l’ONUSIDA s’est entretenue avec Oleksii Kvytkovskyi, responsable de l’antenne Volna Donbas Resource Center de l’Association ukrainienne des personnes dépendantes aux drogues, une organisation non gouvernementale qui travaille avec des consommateurs et consommatrices de drogues injectables dans le pays.

Comment vous sentez-vous Oleksii ?

J’en ai assez d’avoir peur et de fuir. J’ai décidé de continuer à faire ce que je fais depuis 14 ans : défendre les droits des communautés clés, notamment des consommateurs et consommatrices de drogues injectables et des personnes dans le besoin.

Il ne s’agit pas du premier conflit que vous traversez, n’est-ce pas ?

Il y a huit ans, j’étais là lors du conflit entre la Fédération de Russie et la partie orientale de l’Ukraine. Comme vous le savez, [ces zones] sont désormais des républiques autoproclamées. J’ai trois enfants et deux sont nés pendant ce conflit, l’un en 2014 et l’autre en 2019.

Je travaille toujours dans quatre villes de l’oblast (région) de Luhansk qui sont sous contrôle du gouvernement ukrainien et se trouvent pratiquement sur la ligne de front : Sievierodonetsk, Lysychansk, Rubizhne et Kreminna.

En quoi consiste aujourd’hui votre travail ?

Dans notre organisation non gouvernementale, nous recevons et redistribuons ensuite des traitements de substitution aux opioïdes (TSO), ainsi que de la nourriture et de l’eau aux personnes qui en ont besoin. Notre stock de TSO tiendra jusqu’à la fin du mois. Cela représente environ 28 jours. Après je ne sais pas ce que nous ferons.

L’accès à la thérapie antirétrovirale est également problématique dans certaines villes. Pour faire simple, nous regardons qui manque de quoi et s’il y a des risques d’interruption [du traitement].

Beaucoup de personnes ont-elles quitté votre région ?

Rares sont les personnes à s’en aller, car elles n’ont pas assez d’argent pour le faire. Jusqu’à présent, la priorité est accordée à l’évacuation des femmes, des enfants en bas âge et des personnes âgées.

Notre organisation non gouvernementale s’est tournée vers des organisations internationales et nous avons reçu l’aide du Réseau eurasien de réduction des risques, du Réseau eurasien des consommateurs et consommatrices de drogues et de Volna, ce qui nous aide vraiment à fournir une aide d’urgence.

Et vous ?

J’ai imploré ma femme de prendre les enfants et de partir pour Lviv. Je leur ai même trouvé un endroit où vivre, mais elle m’a dit qu’elle ne me quitterait pas, et elle est restée.

Mais j’ai peur. J’ai peur pour mes enfants et pour ma femme que j’aime.

Qu’est-ce qui vous fait avancer ?

Je vais au travail tous les jours. Les gens me demandent si je crains pour ma vie. Je réponds toujours : « Lorsque l’on résout les problèmes de quelqu’un, on oublie la peur et la guerre sans s'en rendre compte. Alors, résoudre le problème d’une personne de la communauté devient votre objectif numéro un et on se met à aider d’une manière ou d’une autre. »

Opinion

Nous ne pouvons pas laisser le conflit en Ukraine anéantir le traitement du VIH, de la tuberculose et de la COVID-19 en Europe de l’Est

09 mars 2022

Michel Kazatchkine — Cet article est paru à l’origine sur The Telegraph

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé sans surprise un appel demandant que de l’oxygène et du matériel médical essentiel atteignent en toute sécurité les personnes en ayant besoin en Ukraine, et elle œuvre pour instaurer un transit sûr pour les livraisons à travers la Pologne. Mais cet appel n’est pas nouveau non plus. Nous l’avons déjà entendu par le passé.

L’annexion russe de la Crimée et le conflit dans les oblasts de Donetsk et Luhansk dans l’est de l’Ukraine en 2014 ont menacé l’approvisionnement en médicaments contre le VIH et la tuberculose. Les efforts fragiles de part et d’autre de la frontière intérieure et des financements du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ont permis de continuer à approvisionner en médicaments les territoires séparatistes malgré le conflit des huit dernières années. 

Si la Russie vient à occuper de nouveaux territoires en Ukraine, il faut s’attendre à ce qu'il soit aussi difficile de garantir l’accès à ces médicaments pour les personnes vivant avec la tuberculose et le VIH ; les risques sont élevés si toutefois [cet accès] n’est pas déjà perdu.

Les autorités séparatistes du Donbass et l’administration russe en Crimée ont ainsi brusquement arrêté le traitement par agoniste opioïde (TAO) pour les consommateurs et consommatrices de drogues injectables, ce qui a entraîné beaucoup de souffrances et de décès par overdose et des suites d’une tentative de suicide.

Les ONG travaillant avec les communautés touchées au Donbass ont littéralement été fermées. Des décennies de lutte contre le VIH et la tuberculose nous ont appris à quel point la société civile, le leadership communautaire et les droits humains sont essentiels pour mettre fin à ces maladies.

La Fédération de Russie refuse de considérer le TAO comme une mesure de réduction des risques pour réduire le risque de transmission du VIH lorsque des personnes se partagent des aiguilles.

À l’inverse, l’Ukraine est un exemple en matière de réduction des risques, notamment en ce qui concerne le TAO et les programmes d’échange des aiguilles. Cela n’est pas rien en Europe de l’Est et en Asie centrale où l’épidémie de VIH continue d’enregistrer la croissance la plus rapide au monde.

Quelque 1,6 million de personnes vivent avec le VIH dans la région (dont 70 % en Russie) et ce chiffre augmente de 146 000 nouvelles infections environ chaque année. La consommation de drogues représente près de 50 % des nouvelles contaminations, mais les rapports sexuels non protégés devraient devenir la première cause dans les années à venir.

Toutefois, l’Ukraine affiche une des plus belles réussites dans la région pour ce qui est de garantir l’accès aux médicaments antirétroviraux (146 500 bénéficiaires l’année dernière).

Ces progrès étaient déjà menacés avant le conflit, alors que les restrictions liées à la COVID-19 ont entraîné une baisse d’un quart du nombre de personnes testées en 2020. Les semaines et les mois de conflit à venir entraîneront l’anéantissement total de ces efforts. 

L’Europe de l’Est reste également l’épicentre mondial de la tuberculose multirésistante. Malgré les progrès réalisés au cours des dix dernières années, la prévalence de la tuberculose, les niveaux de mortalité et, en particulier, l’incidence de la tuberculose multirésistante restent élevés en Ukraine. Ainsi, le pays concentre la deuxième population de cas la plus importante dans la région. 

La tuberculose pharmacorésistante représente environ 27,9 % des nouveaux cas de tuberculose et 43,6 % des patients et patientes déjà sous traitement. La réussite du traitement de la tuberculose multirésistante est d’environ 50 %.

Si la COVID-19 a déjà réduit de moitié le nombre de détections de cas en 2020, il n’est pas difficile d’imaginer que la situation actuelle le réduira à zéro.

Alors que les systèmes de santé s’effondrent et que les services de traitement et de prévention sont interrompus, la mortalité due au VIH, à la tuberculose, à la tuberculose multirésistante et à la COVID-19 augmentera rapidement en Ukraine. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et des villes comme Lviv manquent de médicaments et de matériel médical.

Il est inquiétant de voir que les répercussions du conflit vont aussi dépasser les frontières de l’Ukraine : plus d’un million de personnes réfugiées ont déjà fui pour sauver leur vie. L’impact de cette situation se fera sentir dans toutes les villes et régions frontalières d’Europe centrale dont la riposte à la tuberculose, au VIH et, plus récemment, à la COVID-19 a été fragile. 

Les points aux frontières et les pays voisins devront anticiper et faire face à une avalanche de nouveaux besoins en matière de santé. Nous sommes dans une impasse : la coopération internationale et la solidarité envers la région de l’Europe de l’Est n’ont pas été des axes forts de la riposte mondiale à la pandémie au cours des deux dernières années.

L’arrivée du matériel de santé de l’OMS et la formation d’un couloir sécurisé pour les personnes réfugiées sont des bribes de bonnes nouvelles sur fond de tragédie. Nous avons besoin de beaucoup plus.

Les systèmes et les installations de santé doivent être protégés, fonctionnels, sûrs et accessibles à toutes les personnes qui ont besoin de services médicaux essentiels, et le personnel de santé doit être protégé.

Michel Kazatchkine est maître de conférence au Graduate Institute for International Affairs and Development de Genève, en Suisse, et ancien Secrétaire général des Nations Unies et Envoyé spécial de l’ONUSIDA pour le VIH/sida en Europe de l’Est et en Asie centrale. Auparavant, il était Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Feature Story

En Ukraine, le réseau de lutte contre le VIH réfléchit et s’organise rapidement

08 mars 2022

Lorsqu’elle est réveillée par les bombardements sur Kiev le 24 février, premier jour du conflit, Valeriia Rachynska se retourne dans son lit et essaie de se rendormir. Originaire de Luhansk, elle a en effet déjà traversé un conflit en 2014.

« Je pense que mon cerveau a analysé le bruit et s’est rendu compte que j’étais suffisamment loin du danger », a-t-elle déclaré lors d’une vidéoconférence tenue depuis un petit village de l’ouest de l’Ukraine. « Mais quand j’ai vu mes enfants pleurer et avoir peur, j’ai su qu’il était temps de déménager encore une fois. »

Ses deux garçons et elles passent alors la nuit suivante dans un abri antiaérien avant de quitter leur maison dans la capitale avec son frère et sa famille.

Directrice des droits humains, du genre et du développement de la communauté pour 100% Life, le plus grand réseau de personnes vivant avec le VIH en Ukraine, elle explique que pour pouvoir continuer à aider les gens, elle doit d’abord trouver un endroit plus sûr.

« C’est comme lorsque l’oxygène manque dans un avion », explique Mme Rachynska. « Vous mettez d’abord votre masque, puis vous aidez les autres. »

Pour elle et son organisation, il était essentiel d’avoir accès à Internet, un réseau de téléphonie mobile stable, des banques ouvertes et un relatif sentiment de sécurité. Ces derniers temps, elle a l’impression de gérer un central téléphonique.

« Je réponds à tous les appels et j’essaie de les rediriger vers les bonnes personnes », explique-t-elle. « Cela n’arrête pas et à cause des nombreuses attaques et de l'imprévisibilité de la situation, je ne peux anticiper qu’une étape à la fois. »

Elle tire son chapeau à Dmytro Sherembey, responsable de 100% Life, pour avoir déjà pris ses dispositions.

« Beaucoup de gens nous ont dit : « Vous paniquez pour rien », mais chez 100% Life, nous avons transféré nos serveurs informatiques, nos documents et tout ce qui était jugé sensible vers l’ouest de l’Ukraine, voire jusqu’en Pologne et en l’Allemagne. »

Quelques collègues sont restés à Kiev en pensant tenir bon, mais 10 jours plus tard, beaucoup ont aussi pris la route.

« Nous nous concentrons désormais sur l’évacuation et l’hébergement des personnes vivant avec le VIH et de leurs familles, ainsi que des groupes marginalisés. Nous louons pour cela des bus », a déclaré Mme Rachynska, emmitouflée dans un sweat-shirt bleu à capuche. « Pour celles qui ne vivent pas à Kiev, nous envoyons de l’argent par virement bancaire pour leur permettre d’acheter de la nourriture et d’autres produits essentiels. »

Le pays dispose de suffisamment de réserves de médicaments anti-VIH jusqu’en avril, mais avec l’aide de partenaires internationaux et de la coordination de l’ONUSIDA, 100% Life a organisé très rapidement la livraison de médicaments vitaux supplémentaires en Pologne. Le gouvernement polonais a mis à disposition un entrepôt et a accepté d’apporter une aide logistique pour fournir une thérapie antirétrovirale aux personnes vivant avec le VIH en Ukraine.

L’Ukraine est le deuxième pays le plus touché par l’épidémie de sida dans cette région. On estime à 250 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH en Ukraine. Plus de la moitié suit une thérapie antirétrovirale qui consiste en la prise quotidienne de médicaments pour que les personnes séropositives restent en bonne santé.

« Notre plus grand défi en ce moment est de sauver des vies, d’assurer la sécurité et de faire en sorte que les gens restent sous traitement », a-t-elle déclaré. Le réseau 100% Life a déjà retravaillé des aspects clés de son programme en vue d’obtenir des financements du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme afin de répondre aux besoins immédiats.

Depuis son arrivée en 2011 au sein de 100% Life, Mme Rachynska a observé les progrès accomplis par l’Ukraine pour inverser la tendance de l’épidémie de sida. Elle est particulièrement fière de l’impact positif que les programmes de réduction des risques, y compris le traitement de substitution aux opioïdes et les stratégies d’échanges d’aiguilles et de seringues, ont eu en Ukraine pour réduire les nouvelles infections à VIH. Dans le pays, le VIH continue d’affecter de manière disproportionnée les consommateurs et consommatrices de drogues injectables et l’offensive militaire en cours risque de perturber les options de thérapies de substitution. Elle a déclaré que 100% Life travaillait activement pour éviter cela.

Ses autres préoccupations concernaient la protection des travailleuses et travailleurs du sexe, des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées et des consommateurs et consommatrices de drogues injectables. Connaissant la violence et la stigmatisation subies par ces groupes pendant le conflit dans l’est de l’Ukraine, elle craint que les populations clés deviennent les cibles de la violence.

« Notre prochaine mission sera de commencer à recenser les violations des droits humains », a-t-elle déclaré. « C’est très important pour moi. »

Press Statement

L’ONUSIDA appelle à la protection des personnes séropositives et touchées par le virus en Ukraine et à la continuité des services de santé et de lutte contre le VIH

GENÈVE, le 25 février 2022 —Au milieu de l’offensive militaire en cours contre l’Ukraine, l’ONUSIDA appelle à la protection du personnel de santé et à la continuité des services anti-VIH et de santé pour toutes les personnes, y compris celles vivant avec le VIH et touchées par le virus. L’Ukraine est le deuxième pays le plus touché par l’épidémie de sida dans cette région. On estime que 260 000 personnes vivent avec le VIH en Ukraine, dont 152 000 suivent une thérapie antirétrovirale. Celle-ci consiste en la prise quotidienne de médicaments pour que les personnes restent en vie et en bonne santé.

« Les personnes vivant avec le VIH en Ukraine n’ont plus que quelques semaines de thérapie antirétrovirale et leur vie est en jeu si l’accès [aux médicaments] est interrompu », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Les centaines de milliers de personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus en Ukraine doivent avoir un accès ininterrompu aux services vitaux de lutte contre le VIH, notamment à la prévention, au dépistage et au traitement du VIH. »

À ce jour, le gouvernement ukrainien, en collaboration avec la société civile et les organisations internationales, a mis en œuvre l’une des ripostes au VIH les plus vastes et les plus efficaces d’Europe de l’Est et d’Asie centrale. Cependant, avec l’offensive militaire en cours, les efforts et les progrès accomplis dans la riposte au VIH risquent sérieusement d’être perdus, mettant encore plus de vies en danger.

Le droit à la santé et l’accès aux services anti-VIH doivent toujours être protégés, et le personnel de santé, les porte-paroles de la société civile, les utilisateurs et les utilisatrices ne doivent jamais être des cibles dans un conflit. Le conflit militaire en cours touche tout le monde en Ukraine, mais il risque d’être particulièrement difficile pour les personnes vivant avec le VIH et les populations clés, y compris les toxicomanes, les travailleurs et travailleuses du sexe, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que les personnes transgenres. 

Comme l’a souligné le Secrétaire général des Nations Unies, les Nations Unies s’engagent à soutenir dans cette période de besoin les personnes en Ukraine, qui ont déjà souffert « de tant de décès, de destruction et de déplacement » à cause de l’offensive militaire. 

Avec le soutien du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, du Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida et de l’ONUSIDA, le gouvernement ukrainien et les partenaires de la société civile fournissent des services de prévention et de traitement du VIH aux personnes séropositives et aux populations clés dans tout le pays depuis de nombreuses années et sont prêts à apporter un soutien supplémentaire pendant la crise actuelle.

Le personnel de l’ONUSIDA reste sur le terrain en Ukraine. Il œuvre pour que les personnes vivant avec le VIH et les populations clés en Ukraine aient un accès continu aux services vitaux en mettant l’accent sur les civils les plus vulnérables. L’ONUSIDA continuera de soutenir la prévention, le dépistage, le traitement, les soins et l’assistance en matière de VIH pour les personnes touchées par la crise en Ukraine. 

Contact

UNAIDS Geneva
Sophie Barton-Knott
tel. +41 79 514 68 96
bartonknotts@unaids.org

Press Statement

L’ONUSIDA condamne fermement les violences à l’encontre d’activistes LGBTI à Tbilissi en Géorgie

GENÈVE, le 7 juillet 2021—L’ONUSIDA condamne fermement les attaques contre les activistes et journalistes lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexuels (LGBTI) dans les bureaux de la Tbilisi Pride et à proximité, qui ont contraint l'organisation à annuler des événements autour de la Gay Pride dans la ville. L’ONUSIDA exprime sa solidarité avec toutes les personnes LGBTI en Géorgie.

« La violence choquante subie par les activistes et journalistes LGBTI à Tbilissi est totalement inadmissible », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Les autorités doivent prendre des mesures urgentes pour protéger les droits humains de la communauté LGBTI, y compris le droit à la liberté d’expression et de rassemblement, et pour amener les responsables des attaques devant la justice. »

Le 1er décembre 2018, Tbilissi a signé la Déclaration de Paris pour mettre fin à l’épidémie de sida d’ici 2030, rejoignant ainsi plus de 300 municipalités dans le cadre de l’initiative Les villes s’engagent, initiée par la maire de Paris et l’ONUSIDA en 2014. L’initiative engage Tbilissi à travailler en étroite collaboration avec les communautés, y compris les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les personnes transsexuelles, afin de promouvoir l’égalité sociale.

Par ailleurs, la nouvelle Stratégie mondiale contre le sida 2021–2026 : Mettre fin aux inégalités, mettre fin au sida stipule clairement que la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des personnes LGBTI violent les droits humains, renforcent les inégalités et sont un frein sérieux pour parvenir à l’objectif de mettre fin au sida comme menace de santé publique d’ici 2030. Un élément crucial de la stratégie est de relever les défis auxquels sont confrontées les populations clés (gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, travailleurs et travailleuses du sexe, personnes transsexuelles et toxicomanes) afin que moins de 10 % de leurs membres soient victimes de stigmatisation, de discrimination et de violence d’ici 2025. La stratégie appelle les pays à prendre des mesures immédiates pour réduire les attitudes stigmatisantes et la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, car il s’agit d’un élément critique pour mettre fin au sida d’ici 2030.

Feature Story

La République de Moldavie, pionnière du suivi de l’épidémie par les communautés à l’aide de technologies de pointe

31 mai 2021

La République de Moldavie a lancé une plateforme en ligne, ScorecardHIV, pour mesurer les progrès réalisés dans la riposte au VIH dans le pays.

Ce nouvel outil comprend des indicateurs et des données sur l’épidémiologie, le financement et l’approvisionnement, les programmes, les droits humains et les services dirigés par les communautés. Il permettra aux institutions gouvernementales, aux responsables des programmes de santé, aux organisations de services de lutte contre le VIH, aux communautés et aux autres parties prenantes de suivre les progrès et d’évaluer l’efficacité des programmes de lutte contre le VIH dans le pays. Un système de filtrage des données permet de personnaliser les indicateurs en fonction des intérêts et des besoins des utilisatrices et utilisateurs.

« Le ministère dirigera l’initiative et fournira un soutien politique pour garantir une mise en œuvre efficace, systématique et durable de l’outil », a déclaré Denis Chernelya, secrétaire d’État au ministère de la Santé, du Travail et de la Protection sociale. « Il s’agira d’un outil extrêmement utile pour le suivi interne ainsi que pour comprendre les principaux facteurs qui contribuent à la réalisation des objectifs fixés ou les entravent. »

L’initiative ScorecardHIV vise à assurer un suivi ouvert, transparent et collectif de la riposte au VIH par l’État et les communautés. Elle contribuera à analyser les données en temps réel et à riposter rapidement au VIH en utilisant des données probantes. La plateforme a été mise au point par le bureau pays de l’ONUSIDA pour la République de Moldavie avec l’organisation non gouvernementale Positive Initiative et d’autres organisations de la société civile locale sous l’égide du ministère de la Santé, du Travail et de la Protection sociale, ainsi que du Programme national de prévention et de contrôle du VIH/sida et des infections sexuellement transmissibles.

La carte d’indicateurs de la fiche d’évaluation, discutée et approuvée par toutes les parties prenantes, provient du programme national de lutte contre le VIH, des ministères, des agences gouvernementales et des organisations de la société civile. Elle est mise à jour régulièrement (tous les mois, trimestres ou semestres) en fonction de l’indicateur sélectionné. La plateforme permet d’agréger les données de différentes applications et sources et de visualiser quasiment en temps réel les progrès et les échecs dans la mise en œuvre du programme de lutte contre le VIH. Un groupe de travail composé de plusieurs organisations communautaires mettra à jour la fiche d’évaluation et la vérifiera périodiquement.

ScorecardHIV illustre bien comment les données en temps réel, la technologie et l’innovation peuvent servir à prendre des décisions éclairées par des données probantes et renforcer la coopération entre le gouvernement et les communautés.

« Si nous devons prendre des décisions aujourd’hui, alors nous avons besoin des données les plus récentes à l’instant T. Nous avons concentré nos efforts sur la numérisation de tous les processus possibles, la création d’une infrastructure et l’identification de solutions informatiques permettant de regrouper les données, puis sur la création d’un outil d’analyse qui nous livrera les principaux indicateurs », a déclaré Ruslan Poverga, directeur de Positive Initiative.

« Nous saluons une avancée aussi importante en République de Moldavie », a déclaré Alexander Goliusov, directeur par intérim de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.  « La fiche d’évaluation a été élaborée conformément aux principes fondamentaux de la nouvelle stratégie mondiale de lutte contre le sida. Ces derniers comprennent notamment une participation significative et quantifiable de la société civile, une riposte nationale basée sur les preuves scientifiques et les connaissances techniques disponibles, et le respect des droits humains et de l’égalité des sexes. Je pense que la capacité de suivre les progrès en temps réel et d’identifier les domaines prioritaires pour des mesures rapides, ainsi que la volonté politique et l’adhésion de l’administration nationale permettra à la République de Moldavie d’accélérer considérablement les progrès en vue d’atteindre l’objectif de mettre fin au sida d’ici 2030. »

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