Injecting drug use IDU


Feature Story
Pour en finir avec le sida d'ici à 2030, il faut investir dans les programmes de réduction des risques pour les consommateurs de drogues injectables
10 octobre 2016
10 octobre 2016 10 octobre 2016Pour en finir avec l'épidémie de sida d'ici à 2030, la riposte mondiale au VIH ne doit laisser personne de côté, y compris les consommateurs de drogues injectables. Il est nécessaire d'avoir des politiques de lutte contre les drogues et des services de prévention, de traitement, de soins et d'appui anti-VIH qui tiennent compte des droits humains et répondent aux besoins de santé des consommateurs de drogues injectables.
Les estimations montrent que, dans le monde, il existe environ 12 millions de consommateurs de drogues injectables, dont 1,6 million (14 %) vivent avec le VIH et 6 millions (50 %) vivent avec l'hépatite C. La prévalence du VIH chez les femmes qui consomment des drogues injectables est souvent plus élevée que chez leurs homologues masculins. Selon l'ONUSIDA, 140 000 consommateurs de drogues injectables ont été nouvellement infectés par le VIH dans le monde en 2014 et aucune baisse n'a été enregistrée dans le nombre annuel de nouvelles infections à VIH chez les consommateurs de drogues injectables entre 2010 et 2014.
Le rapport de l'ONUSIDA intitulé Pour moins de risque – santé, droits humains et consommateurs de drogues indique que des lois et des politiques moins répressives à l'égard des consommateurs de drogues et une hausse des investissements dans les programmes et les services de réduction des risques se traduisent par une baisse des nouvelles infections à VIH et un meilleur état de santé, tout en apportant des bénéfices sociaux de manière plus générale.
L'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l'ONUSIDA recommandent l'emploi de ces programmes et services sous la forme d'un ensemble complet, tel que décrit dans les Lignes directrices unifiées de l'OMS sur la prévention du VIH, le diagnostic, le traitement et les soins pour les populations clés.
La réduction des risques, ça fonctionne
Les preuves sont incontestables : la réduction des risques fonctionne. Le traitement substitutif aux opiacés a été associé à une réduction de 54 % du risque d'infection à VIH chez les consommateurs de drogues injectables et une baisse du risque d'infection par le virus de l'hépatite C, une augmentation de l'observance du traitement antirétroviral pour le VIH, une baisse des dépenses de santé non remboursées et une réduction du risque d'overdose aux opiacés de près de 90 %.
En Australie, 10 années de programmes aiguilles-seringues ont vu diminuer le nombre de cas de VIH jusqu'à 70 % et celui d'hépatite C jusqu'à 43 %.
Les données probantes montrent aussi clairement que les lois et les politiques qui empêchent les consommateurs de drogues d'accéder aux services de santé ne fonctionnent pas. Par exemple, la surveillance policière des lieux de soins et de services de réduction des risques décourage les consommateurs de drogues injectables d'accéder à ces services.
« Accélérer la riposte au sida nécessite de défendre les droits des consommateurs de drogues d'accéder à des services de réduction des risques de haute qualité, éclairés par des données probantes, et de supprimer les obstacles à l'accès à ces services », explique Aldo Lale-Demoz, Directeur exécutif adjoint de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.
Appliquer des lois qui proposent une alternative aux poursuites judiciaires et à l'incarcération pour usage et possession de drogues pour consommation personnelle permet de réduire les effets nocifs pour la santé associés à la consommation de drogues et n'aboutit pas à une augmentation de la consommation de drogues.
Les programmes de réduction des risques pilotés par les communautés peuvent atteindre les consommateurs de drogues injectables à travers les programmes aiguilles-seringues et d'autres services et orienter vers le dépistage, le traitement et les soins pour les personnes vivant avec le VIH. Au Pakistan par exemple, le Nai Zindagi Trust, un programme de proximité piloté par des pairs, fonctionne depuis 25 ans et s'occupe d'environ 13 000 consommateurs de drogues injectables vivant dans la rue par l'intermédiaire de plus de 600 pairs-éducateurs formés.
Le problème de l'investissement
Pourtant, malgré un large corpus de preuves, seulement 80 des 158 pays dans lesquels la consommation de drogues injectables a été recensée disposent d'au moins un lieu proposant un traitement substitutif aux opiacés, et seulement 43 pays ont mis en place des programmes dans les prisons. Les programmes aiguilles-seringues sont disponibles dans 90 pays uniquement et seuls 12 pays fournissent le seuil recommandé de 200 aiguilles stériles par consommateur de drogues injectables et par an.
La combinaison entre l'indisponibilité des services de réduction des risques et une couverture inadéquate là où ils existent met en péril le progrès de la riposte au VIH. Cela revient aussi à refuser des services de santé vitaux aux millions de consommateurs de drogues injectables.
« Lorsqu'il s'agit de consommateurs de drogues, les preuves sont nécessaires mais insuffisantes pour catalyser les engagements impératifs des gouvernements et des donateurs. La réduction des risques est une méthode de prévention du VIH qui fonctionne clairement, a la faveur des gens qui en ont besoin et coûte peu cher. Le désengagement financier n'a aucun sens, ni scientifiquement, ni moralement », déclare Daniel Wolfe, de l'Open Society Foundations.
Les investissements actuels dans les services de réduction des risques sont insuffisants. De même, le maintien des niveaux actuels ne suffira pas pour en finir avec l'épidémie de sida d'ici à 2030 et être à la hauteur des engagements pris dans la Déclaration politique de 2016 sur la fin du sida. La majorité des consommateurs de drogues injectables vivent dans les pays à revenu intermédiaire et élevé, mais les politiques actuelles des donateurs détournent l'aide internationale hors des pays à revenu intermédiaire, mettant en danger la continuité des services existants avec un risque de revirement des succès remportés à ce jour.
Il faut espérer que les gouvernements des pays touchés, la reconstitution réussie du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ainsi que de nouvelles initiatives comme le Fonds d'investissement pour les populations clés, contribueront de manière significative à l'intensification des programmes fondés sur des données probantes pour les consommateurs de drogues injectables.
« Les consommateurs de drogues injectables figurent parmi ceux qui ont été le plus laissés de côté par la riposte mondiale au VIH », déclare Mauro Guarinieri du Fonds mondial. « Nous devons admettre que le niveau de criminalisation, de discrimination et de violence auquel sont confrontés les consommateurs de drogues ne peut que se traduire par l'incitation à des comportements de prise de risque, en les excluant des systèmes d'appui sociaux et de santé dont ils ont besoin. Nous devons aller vers un traitement universel, pour tout le monde y compris les consommateurs de drogues, parce que ce sont des êtres humains comme nous ».
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L'ONUDC présente son Rapport mondial sur les drogues 2016
23 juin 2016
23 juin 2016 23 juin 2016L'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a présenté son Rapport mondial sur les drogues annuel, qui montre que le nombre de personnes décrites comme dépendantes aux drogues a augmenté pour atteindre plus de 29 millions en 2014, contre environ 27 millions l'année précédente. En 2014, environ 250 millions de personnes entre 15 et 64 ans ont consommé au moins une drogue, un chiffre qui est resté stable ces quatre dernières années.
Ce rapport arrive peu après la Session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies (UNGASS) sur le problème mondial de la drogue, qui s'est tenue en avril et a débouché sur une série de recommandations concrètes que les pays peuvent adopter pour réduire l'impact des drogues.
À la veille de l'UNGASS, l'ONUSIDA avait publié un rapport intitulé Pour moins de risque, qui montrait que la non-adoption par de nombreux pays d'approches basées sur la santé et les droits de l'Homme s'était traduite par l'absence de baisse du nombre de nouvelles infections à VIH chez les consommateurs de drogues injectables dans le monde entre 2010 et 2014.
Quotes
« En donnant un aperçu complet des principales évolutions sur les marchés des stupéfiants, dans les routes de trafic et dans l'impact sanitaire de la consommation de drogues, le Rapport mondial sur les drogues 2016 met en avant l'appui en faveur d'approches globales, équilibrées et intégrées fondées sur les droits, comme le reflète le document final de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies. »
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Protéger la santé et les droits humains des consommateurs de drogues
20 avril 2016
20 avril 2016 20 avril 2016Michel Sidibé, le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, a participé à une table ronde sur la réduction de la demande et les mesures sanitaires lors de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le problème mondial de la drogue qui a eu lieu à New York, aux États-Unis, du 19 au 21 avril.
M. Sidibé a déclaré qu'après 40 années de mesures répressives envers les consommateurs de drogues, il était temps de passer à une approche plus globale basée sur la santé et les droits humains. Il a ajouté que le monde était incapable de protéger la santé et les droits humains des consommateurs de drogues.
Faisant référence à un nouveau rapport de l'ONUSIDA intitulé Pour moins de risque – santé, droits humains et consommateurs de drogues, il a souligné que le monde n'avait pas atteint l'objectif fixé en 2011 par l'Assemblée générale des Nations Unies de réduire la transmission du VIH de 50 % d'ici 2015 chez les consommateurs de drogues injectables.
M. Sidibé a fait remarquer qu'une couverture insuffisante des programmes de réduction des risques et des politiques qui criminalisent et marginalisent les consommateurs de drogues injectables ne permettent pas de faire baisser les nouvelles infections à VIH. Il a souligné qu'une approche plus pragmatique était nécessaire, car il n'y aura jamais de monde sans drogues.
Parmi les autres intervenants de la table ronde se trouvaient Svatopluk Němeček, Ministre de la Santé de République tchèque, Bernt Hoie, Ministre norvégien de la Santé et des Services de soins, K. Shanmugham, Ministre des Affaires intérieures et de la Justice de Singapour, et Lamine Touré, membre de l'organisation non gouvernementale sénégalaise Sopi Jikko.
La plupart des intervenants ont soutenu l'appel de M. Sidibé en faveur d'une plus grande couverture de réduction des risques pour les consommateurs de drogues, même si M. Shanmugham a précisé que les approches d'application des lois avaient fonctionné pour dissuader la consommation de drogues à Singapour. Il s'est dit impressionné par les programmes de réduction des risques proposés par des pays comme la République tchèque et la Norvège, mais a ajouté que cela dépendait beaucoup du contexte culturel.
M. Němeček a expliqué que la République tchèque avait obtenu de meilleurs résultats en matière de santé en dépénalisant la consommation de drogues et en étendant davantage la couverture de réduction des risques et les programmes volontaires de traitement de la dépendance aux drogues.
Quotes
« Nous avons besoin d'une approche centrée sur les personnes, qui rétablisse la dignité des consommateurs de drogues, qui les fasse sortir de l'ombre pour les intégrer dans les services ; une approche qui soit axée sur la santé et les droits de chaque individu, et qui veille à ce que personne ne soit laissé de côté. »
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Press Statement
L'ONUSIDA demande instamment aux pays d'adopter une approche axée sur la santé publique et les droits humains à l'égard des personnes qui consomment des drogues
19 avril 2016 19 avril 2016NEW YORK/GENÈVE, 19 avril 2016—L'ONUSIDA se félicite de l'appel de l'Assemblée générale des Nations Unies adressé aux États membres en vue d'envisager des mesures de santé publique efficaces pour améliorer les conditions de vie des personnes qui consomment des drogues et demande aux pays d'appliquer rapidement des programmes qui réduisent les méfaits associés à l'usage des stupéfiants.
Le document final adopté lors de la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies (UNGASS) sur le problème de la drogue dans le monde, tenue à New York, aux États-Unis, invite les pays à envisager des mesures telles que des traitements médicalement assistés, des programmes de distribution de matériel d'injection et des traitements antirétroviraux pour éviter la transmission du VIH, de l'hépatite virale et autres virus à diffusion hématogène.
Le document final souligne également l'importance du respect total des droits humains et des libertés fondamentales des personnes qui consomment des drogues, notamment un procès équitable et des peines proportionnelles à la gravité de l'infraction pour ceux qui sont arrêtés ou condamnés en lien avec le trafic de drogues. Il encourage également les pays à envisager des peines de substitution.
« Le monde a fait un pas vers une démarche plus rationnelle et compatissante envers les personnes qui s'injectent des drogues, » a déclaré Michel Sidibé, le directeur exécutif de l'ONUSIDA. « Les pays peuvent endiguer leurs épidémies de VIH uniquement s'ils appliquent des politiques et des programmes qui ont fait leurs preuves et mettent les personnes au premier plan, y compris celles qui consomment des drogues. »
Lors de la période précédent l'UNGASS, l'ONUSIDA a mis l'accent sur le fait que la couverture des programmes de réduction des risques est insuffisante et que les politiques qui pénalisent et marginalisent les personnes consommant des drogues n'ont pas réduit les infections à VIH, en particulier chez celles qui s'injectent des drogues entre 2010 et 2014. Le monde a perdu une occasion d'atteindre l'objectif de l'Assemblée générale des Nations Unies de 2011 visant à réduire la transmission du VIH de 50 % parmi les personnes qui s'injectent des drogues prévu en 2015.
Le rapport de l'ONUSIDA récemment publié, Ne faites pas de tort : la santé, les droits humains et les personnes qui consomment des drogues, montre que les pays qui ont appliqué des approches axées sur les droits et la santé ont réduit les infections à VIH parmi les personnes qui s'injectent des drogues. Des pays ont arrêté de mettre des personnes en prison pour des méfaits liés à la drogue et leur donnent accès à des programmes de traitement étendus affichent les meilleurs résultats. Les pays doivent s'engager à traiter les personnes avec respect et soin, au lieu de les punir. L'ONUSIDA recommande la dépénalisation et la suppression de la détention pour les personnes arrêtées pour consommation et possession de drogues à usage personnel.
Le document final de l'UNGASS reconnaît le besoin de développer une coopération plus étroite entre la santé, la justice et les autorités d'application des lois et insiste sur le rôle de la société civile, la communauté scientifique et académique dans la lutte contre le problème de la drogue. Il réaffirme l'engagement de l'Assemblée générale d'en finir avec l'épidémie du SIDA et la tuberculose dans le cadre des Objectifs de développement durable et de réduire les impacts de l'hépatite virale et d'autres maladies infectieuses, notamment parmi les personnes qui consomment des drogues.
La démarche d'accélération des actions de l'ONUSIDA présente un ensemble d'objectifs pour 2020 qui comprend la réduction des nouvelles infections à moins de 500 000. Elle invite également les pays à garantir que 90 % des plus de 12 millions de personnes qui s'injectent des drogues dans le monde ont accès à des services combinés de prévention du VIH, y compris des programmes aiguilles et seringues, le traitement de substitution aux opiacés, des préservatifs ainsi que l'accès à des conseils, des soins, un dépistage et des services de traitement pour la tuberculose et des virus à diffusion hématogène tels que le VIH et les hépatites B et C. Atteindre ces objectifs marquera une grande étape pour en finir avec l'épidémie du SIDA en tant que menace contre la santé publique d'ici 2030.
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Press Release
L’ONUSIDA exhorte les pays à adopter une approche axée sur les personnes, les droits et la santé afin de faire reculer l’épidémie du VIH chez les consommateurs de drogues injectables
15 avril 2016 15 avril 2016Selon un nouveau rapport de l’ONUSIDA, une couverture insuffisante des programmes de réduction des risques conjuguée à des politiques qui criminalisent et marginalisent les consommateurs de drogues injectables empêchent la réduction des nouvelles infections à VIH
GENÈVE, 15 Avril 2016 – À la veille de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le problème mondial de la drogue, qui se tiendra à New York, États-Unis, du 19 au 21 avril, l’ONUSIDA a publié un nouveau rapport intitulé Do no harm: health, human rights and people who use drugs (Risque zéro : santé, droits humains et consommateurs de drogues),
Selon ce rapport l’incapacité de nombreux pays à adopter des approches axées sur la santé et sur les droits s’est traduite par une absence de réduction du nombre total de nouveaux cas d’infections à VIH chez les consommateurs de drogues injectables entre 2010 et 2014. La communauté internationale n’a visiblement pas réussi à atteindre l’objectif fixé en 2011 par l’Assemblée générale des Nations Unies, qui tablait sur une réduction de 50 % de la transmission du VIH chez les consommateurs de drogues injectables avant 2015.
« De toute évidence, le maintien du statu quo ne nous mène nulle part » a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif d’ONUSIDA. « Le monde doit tirer les leçons des 15 années qui se sont écoulées et suivre l’exemple des pays qui ont fait reculer l’épidémie de VIH chez les consommateurs de drogues injectables par le biais de l’adoption d’approches de réduction des risques, qui mettent l’accent sur la santé et les droits humains des personnes. »
Le rapport de l’ONUSIDA apporte des données probantes associées à cinq recommandations politiques et à dix recommandations opérationnelles que les pays doivent appliquer en vue d’inverser leur courbe de progression de l’épidémie de VIH parmi les consommateurs de drogues injectables. Ces recommandations comprennent la pleine mise en œuvre de programmes de réduction des risques et la décriminalisation de la consommation et de la possession de drogues pour un usage personnel.
Les données indiquent que les pays qui mettent en œuvre des approches axées sur la santé et sur les droits ont enregistré une réduction des nouveaux cas d’infection à VIH parmi les consommateurs de drogues injectables. Dans d’autres pays, des stratégies reposant sur la criminalisation et sur une application rigoureuse de la loi ont créé des entraves à la réduction des risques, tout en n’ayant qu’un impact limité, voire nul, sur le nombre de consommateurs de drogues injectables. L’incarcération des personnes pour consommation et possession de stupéfiants destinés à un usage personnel augmentent par ailleurs la vulnérabilité de celles-ci vis-à-vis du VIH et d’autres maladies infectieuses, telles que l’hépatite B, l’hépatite C et la tuberculose, au cours de leur internement.
L’ONUSIDA a mis au point la stratégie ONUSIDA 2016-2021, qui vise l’éradication dans le monde de l’épidémie du SIDA en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030, un enjeu figurant au sein des objectifs de développement durable. Dans cette approche d’accélération de la riposte, l’extension d’une combinaison de prévention du VIH et de services de réduction des risques, de sorte à toucher 90 % des consommateurs de drogues injectables d’ici 2020, occupe une place primordiale.
Atteindre cet objectif passe par un accroissement des investissements annuels consacrés aux actions de proximité, à la distribution d’aiguilles et seringues et au traitement substitutif aux opiacés dans les pays à revenu faible et intermédiaire, à hauteur de 1,5 milliard de dollars d’ici 2020, qui ne représente qu’une fraction des 100 milliards de dollars estimés déjà dépensés chaque année pour réduire l’offre et la demande de stupéfiants. Dans de nombreux pays à revenu intermédiaire et à populations élevées de consommateurs de drogues injectables, la réduction des risques est principalement financée par des donateurs internationaux et des fondations privées.
Le rapport de l’ONUSIDA fournit de nombreux exemples de pays qui arrivent à améliorer la situation des consommateurs de drogues injectables par le biais de l’adoption d’une approche axée sur la santé.
- Le programme de méthadone volontaire et gratuit lancé en Chine au début des années 2000 compte désormais plus de 180 000 bénéficiaires. Les consommateurs de drogues injectables représentaient moins de 8 % des personnes nouvellement diagnostiquées comme porteuses du VIH dans le pays en 2013, au lieu de 43,9 % en 2003.
- Dans les prisons de la République islamique d’Iran, des cliniques médicales fournissent des services intégrés pour le traitement et la prévention des infections sexuellement transmises, pour la consommation de drogues injectables et le VIH, lesdits services comprenant la distribution de préservatifs, d’équipement stérile d’injection et la mise à disposition de traitement substitutif aux opiacés. Fin 2014, 81,5 % des consommateurs de drogues injectables interrogés indiquaient avoir utilisé un équipement stérile d’injection lors de la dernière injection réalisée. Les nouveaux cas rapportés de VIH parmi les consommateurs de drogues injectables en République islamique d’Iran sont passés du pic de 1897 cas enregistrés en 2005 à 684 cas en 2013.
- Un programme d’actions de proximité par les paires a été lancé en 2011 dans cinq villes du Kenya, avec pour but celui d’inciter à l’utilisation d’équipement stérile lors de l’injection de drogues. Suite au lancement de ce programme pilote, 51,6 % des consommateurs de drogues injectables indiquaient avoir utilisé une seringue stérile lors de la dernière injection. Cette proportion est passée à 90 % en 2015.
- En République de Moldavie, le système carcéral a mis en place, de manière progressive, un programme exhaustif de réduction des risques. Initié en 1999, celui-ci repose sur la distribution de seringues et de préservatifs, ainsi que sur un traitement substitutif aux opiacés. La couverture par traitement antirétroviral auprès de la population carcérale porteuse du VIH a progressé de 2 % en 2005 à 62 % en 2013.
- En 2000, le Portugal a adopté une loi selon laquelle l’achat, la possession et la consommation de faibles quantités de stupéfiants étaient rabaissés d’infractions pénales à infractions administratives, une mesure accompagnée par l’augmentation des fonds consacrés aux programmes axés sur la santé. En 2013, d’un total de 1 093 nouvelles infections à VIH recensées, seulement 78 étaient associées à la consommation de drogue, alors qu’en 2000, 1 497 nouvelles infections à VIH étaient dénombrées chez les consommateurs de drogues parmi un total de 2 825 nouvelles infections à VIH. Une tendance à la baisse similaire chez les consommateurs de drogue a été observée en termes de nouvelles infections à VHC et VHB.
En plus d’être tournés vers l’aspect humain et la santé, les programmes axés sur les personnes sont également rentables et permettent d’obtenir de plus amples avantages sociaux, tels que des indices moindres de criminalité liée à la drogue et une pression réduite sur les systèmes de soins de santé. Par exemple, chaque dollar dépensé dans le cadre du programme australien d’échange des aiguilles et seringues présente un retour sur investissement sur la durée de vie estimée allant jusqu’à 5,50 dollars en termes de coûts de soins de santé évités. Le traitement substitutif aux opiacés s’est avéré rentable dans sa capacité à réduire les infections à VIH (son rapport coût-efficacité augmente sensiblement lorsque sont pris en compte les avantages plus vastes pour la santé, économiques, psychologiques et sociaux dérivés de celui-ci).
« La santé est un droit humain. Investir dans des politiques axées sur les personnes et dans des programmes orientés vers les consommateurs de drogue constitue le fondement essentiel d’une politique mondiale de lutte contre la drogue qui non seulement sauve des vies, mais qui est en outre rentable » ajoute M. Sidibé.
L’approche d’accélération de la riposte de l’ONUSIDA englobe une série d’objectifs à atteindre d’ici 2020 qui comprennent la réduction des nouveaux cas d’infection en-deçà de la barre des 500 000. Cette stratégie appelle également les pays à garantir que 90 % des plus de 12 millions de consommateurs de drogues injectables de par le monde ait accès à une combinaison de services de prévention du VIH, comprenant des programmes d’échange d’aiguilles et seringues, de traitement substitutif aux opiacés, de distribution de préservatifs, et d’accès à des services de conseil, de dépistage, de soins et de traitement pour la tuberculose et pour des virus à diffusion hématogène, tels que le HIV ou l’hépatite B et C. Atteindre ces objectifs constituera un grand pas en avant vers l’éradication, à l’orée de 2030, de l’épidémie du SIDA comme menace pour la santé publique.
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Promouvoir la santé, les droits humains et le développement au moyen d'une politique de réduction des risques
16 mars 2016
16 mars 2016 16 mars 2016À l'occasion d'une table ronde organisée lors de la 59e session de la Commission des stupéfiants des Nations Unies, qui se tient à Vienne, en Autriche, du 14 au 22 mars, des représentants de l'Union européenne, de l'Union africaine, de l'ONUSIDA et de la société civile ont souligné l'importance d'adopter une politique de réduction des risques afin d'assurer de meilleurs résultats sur le plan sanitaire et social pour les consommateurs de drogues injectables.
Intitulée « Promouvoir la santé, les droits humains et le développement au moyen d'une politique de réduction des risques », cette table ronde a lieu un mois avant la Session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies (UNGASS) sur le problème mondial de la drogue, qui aura lieu à New York, aux États-Unis, et adoptera un nouveau document de conclusion qui devra fixer la future orientation de la politique mondiale en matière de stupéfiants. Les participants à la réunion de Vienne, dont Luiz Loures, Directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA, ont reconnu que le document final de l'UNGASS devra inclure des engagements forts envers les stratégies de réduction des risques au niveau mondial, régional et national.
Les participants ont également souligné que les droits humains des consommateurs de drogues devaient être placés au cœur des actions de prévention et de traitement et que les consommateurs de drogues devaient jouer un rôle central dans l'élaboration des politiques de réduction des risques. À l'échelle mondiale, le nombre de consommateurs de drogues injectables est estimé à 12,7 millions, dont 13 % vivant avec le VIH.
Outre M. Loures, les participants à la table ronde incluaient Martin van Rijn, Ministre de la Santé, de la Sécurité sociale et des Sports des Pays-Bas, Hendrietta Ipeleng Bogopane-Zulu, Vice-ministre chargée du développement social d'Afrique du Sud, et Oanh Thi Hai Khuat, Directrice exécutive du Centre de soutien aux initiatives de développement communautaire au Viet Nam. Les débats étaient animés par Louise Van Deth de Stop AIDS Now!.
Quotes
« La politique sur les stupéfiants n'est pas une question d'idéologie, mais de faits. Les interventions devraient s'appuyer sur des données probantes et sur les meilleures pratiques observées sur le terrain. »
« Des gens meurent inutilement à cause de l'absence d'investissement dans des programmes de réduction des risques. Nous savons que la réduction des risques fonctionne. Nous devons rendre leur dignité aux consommateurs de drogues pour qu'ils puissent accéder aux services dont ils ont besoin. »
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Perspectives, avancées et partenariats pour atteindre les populations clés en Afrique
23 décembre 2015
23 décembre 2015 23 décembre 2015La Deuxième Conférence africaine sur les populations clés dans l'épidémie de VIH, consacrée aux principales perspectives, avancées et partenariats, a eu lieu à Dar es Salaam, en Tanzanie, du 16 au 18 décembre.
La conférence a réuni plus de 200 chercheurs, décideurs politiques, acteurs communautaires, prestataires de services de santé et représentants gouvernementaux de toute l'Afrique pour discuter des expériences, des leçons acquises et des conclusions des recherches concernant le VIH et les populations les plus exposées. Ces populations clés incluent les professionnel(le)s du sexe, les personnes transsexuelles, les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les consommateurs de drogues injectables et d'autres personnes particulièrement exposées.
Ces populations sont vulnérables à l'infection à VIH et ont été laissées de côté par la riposte au sida. Lois répressives, stigmatisation et discrimination constituent des obstacles importants sur tout le continent pour toutes les populations clés ; par ailleurs, l'inégalité entre les sexes aggrave les problèmes rencontrés par les professionnelles du sexe. La migration de ces populations à l'intérieur et entre les pays constitue un autre facteur à relier à leur vulnérabilité au VIH.
Les participants à la conférence ont reconnu que les approches qui s'appuient sur les interventions de pairs et les communautés sont celles qui fonctionnent le mieux et doivent être élargies. Des interventions efficaces devraient également être développées en étroite collaboration avec les populations clés. Ils ont également souligné que les données ont leur importance dans le dialogue politique et la facilitation de l'engagement communautaire.
La conférence s'est conclue par un appel à l'action pour s'assurer que les services dédiés aux populations clés correspondent à leurs besoins et leur vécu, et que ces populations soient associées de manière judicieuse à tous les domaines qui concernent leur santé et leur bien-être. Les participants ont également appelé les gouvernements à éliminer les obstacles juridiques répressifs, faciliter l'accès au système judiciaire et allouer davantage de ressources au service des populations clés dans la riposte au sida.
Quotes
« La prochaine phase de la riposte devra s'attacher à ne laisser personne de côté, de manière à pouvoir mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030. Pour cela, il faudra s'attaquer à un ensemble de problèmes d'ordre social, politique, juridique et programmatique qui touchent les populations clés dans nos pays. »
« Nous n'atteindrons pas l'objectif de zéro nouvelle infection à VIH, zéro décès dû au sida et zéro discrimination sans les populations clés et vulnérables. »
« Les actions de terrain contre le VIH représentent la meilleure façon d'avancer pour la riposte mondiale. Le savoir est utile uniquement lorsqu'il est partagé. »
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Le problème de la drogue dans le monde : pour une approche centrée sur les individus, la santé et les droits humains
10 décembre 2015
10 décembre 2015 10 décembre 2015À l'occasion d'un événement spécial de haut niveau organisé en marge de la 58e session reconvoquée de la Commission des stupéfiants des Nations Unies (CND), les participants ont appelé à une approche centrée sur les individus, la santé et les droits humains dans la lutte contre le problème mondial de la drogue. Réunie à Vienne, en Autriche, du 9 au 11 décembre, la CND a mené des débats préparatoires en vue de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies (UNGASS) sur le problème mondial de la drogue, qui aura lieu à New York, aux États-Unis, en avril 2016.
Coorganisé par les gouvernements de Colombie, de Norvège et de Suisse, cet événement était le dernier d'une série de consultations menées dans la perspective de l'UNGASS l'an prochain ; Arthayudh Srisamoot, actuel Président de la CND, et Khaled Shamaa, Président du comité de l'UNGASS, étaient présents. Les débats étaient animés par le Représentant permanent de la Suisse, Claude Wild, qui s'est dit heureux de voir autant d'organes des Nations Unies réunis pour appeler à un rééquilibrage des programmes et politiques de lutte contre les stupéfiants afin de les centrer davantage sur les individus et moins sur les substances elles-mêmes.
Carlos Medina Ramirez, Vice-ministre colombien de la Justice, a déclaré qu'il était impossible de parvenir à un monde sans drogues et que la santé publique et les droits humains devaient être au cœur de la lutte contre les stupéfiants. Outre la prise en compte des besoins des consommateurs de drogues, il a expliqué que les autres personnes vulnérables, notamment les cultivateurs et les membres des communautés défavorisées, devaient être prises en considération dans l'élaboration de nouvelles stratégies.
Selon Luiz Loures, Directeur exécutif adjoint de l'ONUSIDA, le monde dispose aujourd'hui de connaissances suffisantes pour transformer la réalité du problème de la drogue. Il a déclaré que les politiques de réduction des risques, comme les programmes aiguilles-seringues et le traitement substitutif aux opiacés, ont non seulement changé la vie des personnes directement touchées, mais aussi permis d'économiser des milliards de dollars en termes de dépenses pour la santé publique à l'échelle mondiale. Les personnes qui consomment des drogues injectables sont 28 fois plus susceptibles d'être infectées par le VIH que la population générale. Seuls 14 % des consommateurs de drogues injectables vivant avec le VIH ont accès aux médicaments antirétroviraux.
Dans sa contribution, Flavia Pansieri, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l'homme, a décrit cinq problématiques principales : le droit à la santé ; les droits en lien avec la justice pénale ; la lutte contre la discrimination, notamment contre les femmes et les minorités ethniques ; les droits des enfants ; et les droits des populations indigènes. Elle a expliqué que le Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme avait validé les appels lancés par le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à la santé, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l'ONUSIDA, selon lesquels les États devraient envisager de dépénaliser la possession et l'usage de stupéfiants. Mme Pansieri a ajouté qu'elle espérait que le document qui ressortira de l'UNGASS aura pour effet la future intégration des droits humains dans le droit et les pratiques à l'échelon national.
Marie-Paule Kieny, Sous-Directrice générale de l'OMS, a défendu une politique de lutte contre les stupéfiants qui soit adaptée à l'agenda pour après 2015 et vise un meilleur accès aux médicaments essentiels. Selon elle, il est inacceptable que seulement 17 % des personnes qui en ont besoin aient accès aux médicaments anti-douleur. Avec une population vieillissante, ce problème va devenir de plus en plus pressant, a-t-elle ajouté.
Le Directeur exécutif adjoint de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Aldo Lale-Demoz, a déclaré quant à lui que l'usage de stupéfiants nécessitait un traitement éclairé par des données probantes plutôt qu'une réponse répressive. Il a expliqué que l'ONUDC croyait en l'abandon d'une approche orientée sur la sanction pour aller vers une approche axée sur la santé. Selon lui, l'application de la loi devrait se concentrer sur les délits graves, comme le trafic de stupéfiants et le blanchiment d'argent, tout en proposant des alternatives à la répression et à l'incarcération pour les petits délinquants. Il a ajouté que la réalisation des Objectifs de développement durable nécessitera aussi bien l'application de la règle de droit que la mise en œuvre de politiques, stratégies et programmes efficaces, justes et humains pour le contrôle des stupéfiants.
Heather Haase, du Consortium international sur les politiques des drogues, a déclaré que la société civile était unanime face à la nécessité d'une approche du problème de la drogue qui soit axée sur la santé publique, fondée sur les droits humains et impliquant un traitement éclairé par des données probantes et centré sur les individus, comme les programmes de réduction des risques par exemple.
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Le sida en chiffres 2015
24 novembre 2015
Le monde a enrayé et inversé la propagation du VIH. L’épidémie a été contrainte de reculer. Les nouvelles infections à VIH et les décès liés au sida ont considérablement chuté depuis le pic de l’épidémie. Maintenant la riposte franchit une étape de plus – mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030.
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Press Release
Les pays adoptent la Stratégie d’accélération de l’ONUSIDA pour doubler le nombre des personnes sous traitement contre le VIH d’ici à 2020
24 novembre 2015 24 novembre 2015On estime que 15,8 millions de personnes sont désormais sous traitement contre le VIH, soit deux fois plus qu’il y a cinq ans, tandis que les pays adoptent la Stratégie d’accélération à l’aide de données permettant d’affiner la prestation des services de prévention et de traitement du VIH afin d’atteindre les personnes laissées pour compte
GENÈVE, 24 novembre 2015—Avant la Journée mondiale de lutte contre le sida 2015, l’ONUSIDA a publié un nouveau rapport qui montre que les pays sont sur la voie de l’accélération pour mettre fin au sida d’ici à 2030 dans le cadre des objectifs de développement durable. En s’adaptant à un environnement mondial en mutation et en maximisant les innovations, les pays constatent une plus grande efficacité et de meilleurs résultats.
Les avancées de la riposte au VIH au cours des 15 dernières années ont été extraordinaires. En juin 2015, l’ONUSIDA estime que 15,8 millions de personnes avaient accès à la thérapie antirétrovirale, contre 7,5 millions de personnes en 2010 et 2,2 millions de personnes en 2005. À la fin de 2014, l’ONUSIDA estime que les nouvelles infections à VIH avaient chuté de 35% depuis le pic de 2000 et que les décès liés au sida ont diminué de 42% depuis le pic de 2004.
« Tous les cinq ans nous avons plus que doublé le nombre des personnes sous traitement salvateur, » a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « Il nous faut le faire encore une seule fois pour briser l’épidémie de sida et l’empêcher de rebondir. »
Les avantages de la thérapie antirétrovirale qui transforment la vie des gens signifient que les personnes vivant avec le VIH vivent plus longtemps et en meilleure santé, ce qui a contribué à accroître le nombre des personnes vivant avec le VIH dans le monde. À la fin de 2014, l’ONUSIDA estime que 36,9 millions de personnes vivaient avec le VIH. Une fois diagnostiquées, les personnes doivent avoir un accès immédiat à la thérapie antirétrovirale.
Les pays se préparent à doubler le nombre des personnes sous traitement contre le VIH d’ici à 2020. Cette approche d’accélération contribuera à réaliser l’objectif de traitement 90-90-90 de l’ONUSIDA, soit de faire en sorte que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut VIH, 90% des personnes qui connaissent leur séropositivité au VIH reçoivent un traitement et que 90% des personnes sous traitement aient une charge virale supprimée.
« Aujourd’hui nous avons plus d’options pour la prévention du VIH que jamais. Et avec de meilleures données, nous pouvons devenir de meilleurs intermédiaires, et trouver les bonnes options de prévention pour les bonnes personnes, » a poursuivi M. Sidibé.
Pour mettre fin au sida en tant que menace de santé publique, une méthode accélérée et plus ciblée est nécessaire à l’aide de meilleures données pour cartographier et atteindre les gens dans les endroits où surviennent la plupart des nouvelles infections à VIH. Pour soutenir les pays dans cette approche, l’ONUSIDA a publié un nouveau rapport, Focus on location and population : on the Fast-Track to end AIDS by 2030 [L’accent sur le lieu et la population : sur la voie de l’accélération pour mettre fin au sida d’ici à 2030], qui fournit des exemples de plus de 50 communautés, villes et pays qui utilisent des approches innovantes pour atteindre davantage de personnes à l’aide de services complets de prévention et de traitement du VIH.
Par le biais d’une utilisation judicieuse d’ensembles de données nationales détaillées, les pays sont à même de cibler un niveau plus précis, cartographiant où surviennent les nouvelles infections à VIH et où les gens ont le plus besoin de services. Le rapport montre comment les pays peuvent redistribuer les ressources pour améliorer l’accès aux services de prévention et de traitement du VIH. Grâce à l’approche d’accélération et à des investissements initiaux, les écarts sont comblés plus rapidement et les ressources sont mieux utilisées et dès 2020 les besoins annuels en ressources commenceront à diminuer.
Le rapport souligne la manière dont des programmes de prévention et de traitement du VIH à fort impact, tels que la prophylaxie préexposition, la circoncision médicale masculine volontaire et les services de santé sexuelle et reproductive, sont mis en œuvre avec succès dans divers lieux et pour différentes populations, notamment les adolescentes et les jeunes femmes et leurs partenaires, les femmes enceintes vivant avec le VIH, les professionnel(le)s du sexe, les personnes transgenres, les hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que les personnes qui s’injectent des drogues.
Parmi les programmes à fort impact :
- Au Kenya, une cartographie au niveau du pays a contribué à atteindre davantage de professionnelles du sexe à l’aide d’un ensemble complet de services de lutte contre le VIH et de réduire le nombre des nouvelles infections à VIH parmi les professionnelles du sexe. Plus radicale : la réduction de l’incidence des infections sexuellement transmissibles, qui sont passées de 27% parmi les personnes dépistées en 2013, à 3% à peine en 2015.
- Au Botswana, un changement de politique a accru l’accès à l’école secondaire. Il a été démontré que chaque années supplémentaire d’enseignement secondaire réduisait le risque cumulé de contracter le VIH de 8,1 points de pourcentage.
- En République islamique d’Iran en 2002-2003, seule une prison fournissait de la méthadone pour à peine 100 détenus dépendants aux opiacés. En 2009, toutefois, 142 prisons à travers l’ensemble des 30 provinces offraient ce service vital de réduction des risques, atteignant 25 000 détenus.
- Un quart des personnes transgenres d’El Salvador vivent dans la capitale, San Salvador. En 2014, des centres communautaires ont été établis dans les trois plus grandes villes du pays pour fournir un ensemble complet de services de prévention du VIH et de soins de santé adaptés aux besoins spécifiques de cette population hautement marginalisée. Au cours des six premiers mois de 2015, ces services spécialisés avaient atteint un quart de la population transgenre de San Salvador.
Ces programmes innovants utilisent des données nationales et infranationales ainsi que les connaissances locales des populations les plus exposées au risque de VIH pour diriger des services de lutte contre le VIH et autres services adaptés afin d’atteindre les personnes qui sont actuellement laissées pour compte, avec pour résultat un impact plus fort à moindre coût.
- Depuis juillet 2014, l’organisation communautaire Colectivo Amigos contra el SIDA (CAS) fournit des services complets de lutte contre le VIH dans la ville de Guatemala, qui sont promus sur les sites web des réseaux sociaux populaires et les applications pour des sites de rencontres gays. Les services sont ensuite fournis par le biais d’activités de proximité dans les lieux de rencontre populaires, tels que parcs, allées piétonnières, saunas et nightclubs. Ces activités ont accru la portée des services de prévention du VIH de 61% et le nombre des personnes testées a augmenté de 32%. Toutefois, la carte montre que la couverture des services est toujours très faible dans de nombreuses parties de la ville.
- Dans le district de Blantyre au Malawi, des kits pour l’autodiagnostic du VIH ont été fournis à 16 000 résidents. Quelque 76% des résidents ont pratiqué l’autotest et communiqué leurs résultats à un conseiller volontaire en l’espace d’un an.
- En 2012 et 2013, des établissements de santé du Guangxi (Chine) ont commencé à proposer l’instauration immédiate de la thérapie antirétrovirale à la suite d’un diagnostic de VIH. De ce fait, le laps de temps entre le diagnostic de VIH et le lancement du traitement a chuté de 53 jours à cinq jours. La mortalité est également tombée des deux tiers environ, de 27% à 10% au cours de la même période.
- Le Rwanda a intégré des programmes pour prévenir la transmission mère-enfant du VIH dans des services de santé maternelle, néonatale et infantile et en 2014 avait réduit les nouvelles infections à VIH parmi les enfants de 88% comparé à 2009.
Dans le rapport l’ONUSIDA identifie 35 pays sur la voie de l’accélération qui représentent 90% des nouvelles infections à VIH. Le fait de cibler le lieu et la population ainsi que les programmes qui ont le plus fort impact donnera ses fruits d’ici à 2030 : 21 millions de décès liés au sida évités ; 28 millions de nouvelles infections à VIH évitées ; et 5,9 millions de nouvelles infections parmi les enfants évitées.
« Chacun a droit à une vie longue et en bonne santé, » a déclaré M. Sidibé. « Nous devons amener les services de lutte contre le VIH aux personnes qui sont les plus affectées, et faire en sorte que ces services soient fournis au sein d’un environnement sûr, respectueux, dans la dignité et sans discrimination. »
Le rapport montre que les régions dans lesquelles les personnes vivant avec le VIH sont moins nombreuses et où la prévalence du VIH est plus faible sont plus susceptibles d’avoir des attitudes discriminatoires que les régions où les cas de VIH sont plus nombreux. Ce résultat, qui peut sembler contradictoire, s’explique par le fait que l’éducation et la compréhension au sujet du VIH sont généralement meilleures dans les pays où le VIH est plus prévalent et où davantage de personnes reçoivent un traitement. Toutefois, ces attitudes discriminatoires font qu’il est plus difficile pour les gens vivant dans des zones de faible prévalence de se présenter pour demander à bénéficier des services de lutte contre le VIH de crainte de stigmatisation et de représailles.
Grâce à l’adoption de l’approche d’accélération de l’ONUSIDA par le biais d’un leadership et d’investissements solides au sein des communautés, des villes et des pays les plus affectés, l’on pourra mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030 dans le cadre des objectifs de développement durables.
15,8 millions de personnes avaient accès à la thérapie antirétrovirale (juin 2015) 36,9 millions [34,3 millions–41,4 millions] de personnes vivaient avec le VIH dans le monde (fin 2014) 2 millions [1,9 million–2,2 millions] de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH (fin 2014) 1,2 million [980 000–1,6 million] de personnes sont décédées de maladies liées au sida (fin 2014) |
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