Injecting drug use IDU

Feature Story

Bien plus que des aiguilles propres

12 mars 2018

La question fondamentale que je pose aux clients est toujours la suivante : « êtes-vous prêts à changer ? ». Charles décrit ainsi sa fonction au Centre de santé du Conseil tribal de Saskatoon : « je suis là pour aider ». « Nous disposons des ressources qui peuvent et vont aider les gens, si et quand ils le veulent et en ont besoin. Je sais vers où orienter les gens pour un logement, de la nourriture, un abri. S’ils veulent une désintoxication, je sais où ils doivent aller ; je connais très bien les centres de traitement et le cycle de traitement ».

Charles est conseiller en addictions au centre, et il est lui-même une ancienne personne dépendante.

Au bout de presque 16 ans d’alcoolisme et six ans de consommation de drogues, Charles est très bien placé pour comprendre ces questions. Il est particulièrement conscient des problèmes rencontrés par ses clients en tant que parents célibataires. Lui-même père isolé avec trois enfants, la détérioration de ses relations avec ses enfants a été le catalyseur qui l’a poussé à demander de l’aide. « Je n’avais pas compris que j’avais un problème, car tout était si normal. L’alcool était normal, la drogue était normale, tout était normal. J’ai entamé un traitement en 2007. Mais je savais que la lutte serait dure pour m’en sortir ».

Saskatoon est la plus grande ville de la province canadienne de la Saskatchewan, où les jeunes gens issus des populations autochtones sont davantage susceptibles de finir en prison que d’obtenir un diplôme d’études secondaires, et où le taux de suicide est cinq à sept fois plus élevé qu’au sein de la population non autochtone. Les taux de dépendance aux drogues et à l’alcool et de problèmes complexes de santé mentale sont élevés.

Le VIH et la tuberculose (TB) représentent également des préoccupations sanitaires majeures au sein de nombreuses communautés autochtones. Parmi les personnes issues des Premières Nations du Canada dans la Saskatchewan, la prévalence de la TB est 31 fois plus élevée que la moyenne nationale et celle du VIH est 11 fois plus élevée que le taux national. Près de 50 % des infections à VIH sont transmises par la consommation de drogues injectables.

Il existe également de hauts niveaux de stigmatisation et de discrimination dans le système de santé général, et c’est pourquoi le Centre de santé du Conseil tribal de Saskatoon représente un lien important avec le système de santé, dont les clients considèrent l’accès comme sûr.

À la clinique, Charles voit défiler entre 6 et 18 personnes par jour. Ses clients viennent de toute la région de Saskatoon, avec des parcours de vie différents et des origines ethniques diverses, et des âges allant de 18 à 60 ans.

« Chacun d’entre eux a un problème avec l’alcool et la drogue. Ce problème peut être lié à la pauvreté, à l’absence de logement stable. Ces personnes peuvent venir de la rue et avoir un parcours très difficile. Leurs histoires sont uniques, parfois totalement destructrices par rapport aux choses auxquelles ils ont été exposés. Mais ils ont tous un point commun : ils sont là parce qu’ils nous font confiance ».

Le centre est ouvert tous les jours de l’année et propose des services de santé et d’appui. Il dispose d’un programme aiguilles et seringues qui fournit aux personnes du matériel d’injection stérile, afin de faire en sorte que les consommateurs de drogues injectables ne partagent pas leurs aiguilles et leurs seringues. La clinique propose également un espace sécurisé pour que les clients puissent se débarrasser des aiguilles et des seringues usagées. Le centre distribue plus de 1,5 million d’aiguilles propres chaque année et sa base de clientèle de 2 600 personnes ne cesse de croître, avec plusieurs personnes en plus chaque jour.

Le Conseil tribal de Saskatoon s’attaque à une crise chronique dans le domaine des drogues et de la santé mentale au sein des populations autochtones. L’objectif principal du centre est de constituer une clinique complète et pluridisciplinaire accessible sans rendez-vous au cœur des quartiers défavorisés de Saskatoon, offrant une large variété de services pour le traitement du VIH, d’autres infections sexuellement transmissibles et de l’hépatite C, en particulier pour les personnes d’origine autochtone.

Le centre du Conseil tribal de Saskatoon est bien plus qu’un lieu où l’on peut accéder à des aiguilles propres. C’est une plaque tournante, un centre important de ressources et de connexions, un espace sûr et une zone de non-discrimination où l’on peut bénéficier d’une aide et de conseils. C’est un endroit où les clients savent qu’ils seront accueillis avec un sourire chaleureux, une boisson chaude et quelque chose à manger. Twila, membre de l’équipe, résume ainsi la vocation du centre : « Les gens ont besoin de nous et nous faisons une différence ».


La 61e session de la Commission des stupéfiants des Nations Unies (CND) se tient à Vienne, en Autriche, du 12 au 16 mars 2018. La CND est l’organe des Nations Unies dont la responsabilité première est le contrôle des stupéfiants. Selon les termes de son mandat, la CND suit la situation mondiale en matière de stupéfiants, élabore des stratégies pour le contrôle international des stupéfiants et recommande des mesures pour lutter contre le problème de la drogue dans le monde.

L’ONUSIDA encourage tous les pays à adopter une approche de la consommation de drogues centrée sur les individus, la santé publique et les droits de l’homme et à envisager des alternatives à la criminalisation et à l’incarcération des consommateurs de drogues. Les données probantes montrent que les approches de réduction des risques telles que le programme aiguilles et seringues de Saskatoon permettent de limiter les effets néfastes de la consommation de drogues sur la santé et la situation sociale et économique des individus, des communautés et de la société en général. Elles ne suscitent pas la hausse de la consommation de drogues. L’ONUSIDA encourage tous les pays à faire en sorte que les consommateurs de drogues injectables aient accès à des services de réduction des risques, notamment des programmes aiguilles et seringues et des traitements substitutifs aux opiacés.

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À Genève, Première Ligne présente son centre d’injection sécurisé aux membres du CCP de l’ONUSIDA

19 décembre 2017

Impossible de rater cette structure en forme de bloc couleur citron vert, baptisée Quai 9 et située juste en face de la principale gare ferroviaire très animée de Genève. Le bâtiment abrite un centre d’injection sécurisé sous surveillance géré par l’organisation non gouvernementale Première Ligne. « Quai 9 » propose également des services de soins de santé primaires dans son centre d’accueil sans rendez-vous consacré à la réduction des risques pour les consommateurs de drogues.

À l’occasion de la 41e réunion du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA mi-décembre, le gouvernement suisse a organisé cette visite à l’attention des membres du CCP de l’ONUSIDA.

Elle a permis de mettre en avant la façon dont la réponse aux besoins des consommateurs de drogues injectables selon une approche fondée sur la santé publique et les droits de l’homme permet de réduire considérablement les risques d’infection à VIH et de mettre les personnes en relation avec la prise en charge médicale.

M. Valentin Zellweger, Ambassadeur de la Suisse auprès des Nations Unies, a rappelé que dans les années 1980 et 1990, la Suisse présentait l’un des plus forts taux d’incidence du VIH en Europe chez les consommateurs de drogues injectables. En réponse à cette crise, la Suisse a mis en place une politique fondée sur « quatre piliers », axés sur la prévention, le traitement, la réduction des risques et l’application de la loi.

La création de centres d’injection et une collaboration accrue entre la police et les établissements de santé font partie des résultats obtenus.

En conséquence, les infections à VIH chez les consommateurs de drogues injectables ont très vite reculé en Suisse.

Plus tôt dans la semaine, Mme Ruth Dreifuss, ex-Présidente de la Confédération suisse et Ministre de la Santé et actuelle Présidente de la Commission mondiale sur la Politique des drogues, s’était adressée aux membres du CCP de l’ONUSIDA. Mme Dreifuss, qui a piloté la politique des « quatre piliers » pendant son mandat, a déclaré que les preuves parlaient d’elles-mêmes en matière de réduction des risques et de dépénalisation de la consommation de drogues. Elle a invité les États membres à ne laisser personne pour compte en veillant à ce que la consommation de drogues soit traitée comme une question de santé publique. Cet appel a été relayé par les membres de la délégation des ONG. 

Le Directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA Luiz Loures a félicité la Suisse pour son approche multisectorielle innovante de la réduction des risques. Il a indiqué que l’ONUSIDA continuera de défendre des ripostes au sida éclairées par des données probantes et fondées sur les droits de l’homme, telles que Quai 9.

Quotes

Les besoins des femmes qui consomment des drogues injectables sont très particuliers et complexes : la nécessité d’échanger des rapports sexuels contre de l’argent et de la drogue, leurs besoins spécifiques en matière de protection. Nous tentons de rester attentifs, même si elles ne viennent pas toujours régulièrement.

Martine Baudin Coordonnatrice de « Quai 9 »

En tant que policiers, notre rôle n’est pas de juger, mais d’adopter une approche pragmatique et réaliste, et c’est ce qui a permis de réduire le nombre d’overdoses de drogues et la consommation de drogues en public, ainsi que d’améliorer la santé publique.

François Schmutz Chef de la Police judiciaire du canton de Genève

Ce type de bonnes pratiques doit être mis en avant et élargi, et les pays doivent s’orienter dans cette direction pour répondre aux impératifs en matière de santé publique et de droits de l’homme.

Carlos Durán Salinas Vice-ministre chargé de la gouvernance en matière de santé, Quito, Équateur

Il était important de faire cette visite, car une telle occasion d’interagir avec ceux qui travaillent sur le terrain et avec les bénéficiaires est essentielle pour guider notre travail.

Ehab Salah Conseiller Prisons et VIH, Section VIH/sida, ONUDC

Traiter la consommation de drogues comme un problème de santé publique a permis à la Suisse de faire baisser considérablement les infections à VIH chez les consommateurs de drogues injectables. Cette visite auprès de Quai 9 démontre comment notre politique a été mise en œuvre sur le terrain.

Valentin Zellweger Ambassadeur de la Suisse auprès des Nations Unies

Les politiques et services éclairés par des données probantes et fondés sur les droits de l’homme qui concernent la consommation de drogues et les consommateurs de drogues répondent aux besoins de ces consommateurs de drogues et des communautés au sens large, en assurant la dignité de tous. Ils sauvent aussi des vies.

Luiz Loures Directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA

Region/country

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Les gouvernements du Belarus et des Pays-Bas échangent leurs meilleures pratiques

29 septembre 2017

À l’occasion d’une visite de deux jours au Belarus les 25 et 26 septembre, le Directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA Luiz Loures et l’Ambassadeur des Pays-Bas chargé de la santé et des droits sexuels et reproductifs et du VIH/sida, Lambert Grijns, ont rencontré des organisations de la société civile et des communautés de consommateurs de drogues injectables, de femmes vivant avec le VIH, d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et de professionnel(le)s du sexe, afin d’entendre leur point de vue sur les besoins actuels et les problèmes de la riposte au sida dans le pays.

M. Loures et M. Grijns ont également rencontré le Ministre de la Santé du Belarus, Valery Malashko, ainsi que le Premier Vice-ministre de la Santé, Dmitry Pinevich, pour évoquer l’épidémie de VIH dans la région et échanger sur les meilleures pratiques de la riposte au sida en Europe occidentale et orientale, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre des politiques et des programmes de prévention. La collaboration potentielle entre les Pays-Bas et le Belarus a également été abordée.

Lors de cette rencontre, M. Loures a loué les efforts menés par le Belarus dans l’élargissement de sa riposte au sida en s’appuyant sur des ressources nationales. Le pays est en bonne voie pour atteindre les objectifs 90-90-90 d’ici à 2020 et s’est engagé à étendre les programmes de prévention du VIH, y compris les programmes pour les populations clés.

M. Grijns a reconnu les progrès du Belarus dans la réduction des risques, la baisse du prix du traitement antirétroviral et l’élimination de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Il a également salué la collaboration étroite avec la société civile et l’allocation de fonds nationaux aux organisations non gouvernementales, assurant ainsi la continuité des actions de proximité dans les communautés et la prestation des services.

Quotes

« D’un point de vue sanitaire et en tant que partenaires européens, nous devons voir ce que nous pouvons faire ensemble, en ciblant les populations clés et les jeunes. »

Lambert Grijns Ambassadeur des Pays-Bas chargé de la santé et des droits sexuels et reproductifs et du VIH/sida

« Il est très important de reconnaître et de faciliter les meilleures pratiques au Belarus et de les étendre au reste de la région. »

Luiz Loures Directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA

« Nous avons déjà parcouru un long chemin sur la voie de la réussite, mais pour atteindre les objectifs de réduction des nouvelles infections à VIH, de recul des décès dus au sida et d’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH d’ici à 2020, il faudra davantage que des efforts d’organisation et de mobilisation des ressources. Notre tâche commune est d’atteindre ces objectifs. »

Valery Malashko Ministre de la Santé du Belarus

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Belarus : quand la réduction des risques peut changer une vie

18 juillet 2017

L’Agenda 2030 pour le développement durable applique à plus grande échelle ce sur quoi la riposte au sida travaille depuis 30 ans : une approche multisectorielle, fondée sur les droits et centrée sur les individus, qui s’attaque aux facteurs déterminants pour la santé et le bien-être. Les différentes histoires de cette série mettent en lumière les liens entre le VIH et les Objectifs de développement durable (ODD), chacune étant racontée du point de vue personnel d’individus touchés par le VIH. Cette série dresse un tableau de l’interconnexion entre le VIH et les ODD et de l’interdépendance entre les ODD eux-mêmes. Par ailleurs, ces histoires nous montrent surtout les progrès accomplis dans la riposte au sida et ce qu’il reste à faire pour atteindre les ODD.  

Au bout de 15 années de consommation de drogues injectables, Sergueï avait abandonné tout espoir. Il avait essayé à plusieurs reprises de sortir de son addiction, mais il avait échoué lamentablement à chaque fois.

En 2009, en désespoir de cause, il s’inscrit au programme de traitement substitutif aux opiacés du Belarus.

« Mes proches n’ont pas cru que ce programme pourrait m’aider et pensaient que ce n’était qu’une énième tentative désespérée pour sortir de la consommation de drogues », explique Sergueï.

Il raconte que son plus grand défi a été de prouver aux médecins et à ses proches qu’il voulait vraiment arrêter les drogues injectables et que ce programme l’aiderait à surmonter son addiction aux drogues.

Chaque jour, il se rend au centre gouvernemental de traitement substitutif aux opiacés (TSO) à Minsk pour recevoir une dose de méthadone, qui permet de soulager sa dépendance aux opiacés.

Un ami vivant en Allemagne lui avait parlé des programmes de réduction des risques et de traitement substitutif aux opiacés, mais il n’aurait jamais imaginé qu’un tel système serait disponible un jour au Belarus.

Sergueï fait partie d’un groupe de près de 900 personnes inscrites au programme de TSO, qui a démarré en 2007 grâce à des subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Il prévoit la fourniture de méthadone sous stricte surveillance médicale, des bilans médicaux réguliers, un soutien psychologique et les services de travailleurs sociaux. De plus, le TSO aide les personnes vivant avec le VIH qui consommaient des drogues injectables à bien observer leur traitement antirétroviral au quotidien.

Aujourd’hui, il existe 19 sites gouvernementaux de TSO au Belarus, mais ils couvrent moins de 5 % des consommateurs de drogues injectables du pays. Le Belarus souhaite étendre la couverture à au moins 40 % des consommateurs de drogues injectables afin de faire baisser le nombre de nouvelles infections à VIH au sein de cette population.

Dans le cas de Sergueï, le programme a contribué à changer sa vie. Non seulement il a trouvé un travail et a réussi à le garder, mais il se met aussi à faire des projets pour lui-même.

 


 

ODD 3 : Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge

Une bonne santé est une condition sine qua non pour en finir avec le sida. Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge, y compris pour les personnes vivant avec le VIH ou exposées au risque, est essentiel pour le développement durable. À titre d’exemple, pour réussir à en finir avec l’épidémie de sida, il faudra élargir massivement les services de santé, en donnant la priorité aux services communautaires, aux stratégies de dépistage ciblées, en veillant à ce que le traitement soit proposé aux individus après le diagnostic (avec des protocoles appropriés pour les bébés, les enfants et les adolescents) et en assurant un appui et un suivi pour les personnes qui prennent des médicaments antirétroviraux. Éliminer la transmission du VIH de la mère à l’enfant implique un traitement immédiat pour les femmes enceintes vivant avec le VIH, l’intégration des services anti-VIH et des services de santé sexuelle et reproductive, ainsi que la participation des partenaires masculins aux services de prévention et de traitement.

Accroître l’intégration des services d’une façon qui réponde aux besoins des individus, que ce soit en combinant les services anti-tuberculose et anti-VIH ou en proposant des services anti-VIH et de santé sexuelle et reproductive adaptés aux jeunes, permettra d’avancer vers la mise en place de services de santé efficaces, accessibles et équitables pour le VIH et au-delà. Le VIH ne pourra être vaincu qu’en défendant le droit de tous d’accéder à des services de santé et anti-VIH de qualité sans discrimination.

Ces histoires illustrent le lien étroit entre l’ODD n° 3 – Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge – et la fin du sida. Pour chaque individu, se protéger et rester en bonne santé est indispensable pour pouvoir jouer ses multiples rôles au sein de la famille, de la communauté, de la société et de l’économie. L’histoire de Mona relate son combat contre le VIH et la tuberculose, ainsi que sa lutte contre la discrimination et pour le droit d’être traitée avec équité et dignité. Lidia travaille avec des partenaires au sein des services de santé, du système de santé communautaire et du secteur privé pour faire en sorte que les femmes saisonnières embauchées pour la cueillette du café bénéficient des informations et des services dont elles ont besoin pour prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Sergueï parle de son expérience en racontant comment un programme de réduction des risques l’a aidé à surmonter son addiction tout en suivant un traitement antirétroviral. Christine raconte comment, en tant qu’agent de santé communautaire, elle aide les femmes où et quand elles en ont besoin pour prévenir la transmission de la mère à l’enfant.

The Sustainable Development Goals and the HIV response: Stories of putting people at the centre

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Programmes de réduction des risques : sauver des vies chez les consommateurs de drogues injectables

21 juin 2017

Les programmes de réduction des risques permettent de sauver des vies chez les consommateurs de drogues injectables. Malheureusement, les personnes qui en ont besoin n’ont pas toutes accès à ces services. L’ONUSIDA a produit une série de vidéos de sensibilisation à la réduction des risques pour appeler à la prestation de services de réduction des risques pour toutes les personnes qui en ont besoin.

Les consommateurs de drogues injectables comptent parmi les populations clés les plus exposées au risque de contracter ou de transmettre le VIH. Pourtant, ce sont aussi ceux qui ont le moins accès aux services de prévention, de soins et de traitement du VIH, car leur consommation de drogues est souvent stigmatisée et criminalisée.

Les estimations montrent que, dans le monde, il existe environ 12 millions de consommateurs de drogues injectables, dont 1,6 million (14 %) vivent avec le VIH et 6 millions (50 %) vivent avec l’hépatite C. La prévalence du VIH chez les femmes qui consomment des drogues injectables est souvent plus élevée que chez leurs homologues masculins. Selon l’ONUSIDA, 140 000 consommateurs de drogues injectables ont été nouvellement infectés par le VIH dans le monde en 2014 et aucune baisse n’a été enregistrée dans le nombre annuel de nouvelles infections à VIH chez les consommateurs de drogues injectables entre 2010 et 2014. 

 

Les outils et les stratégies requis pour améliorer la santé et la vie des consommateurs de drogues sont bien connus et facilement disponibles. Les programmes aiguilles-seringues diminuent la propagation du VIH, de l’hépatite C et d’autres virus véhiculés par le sang. Le traitement substitutif aux opiacés et d’autres formes de traitement de la dépendance aux drogues éclairées par des données probantes permettent de limiter la consommation de drogues, de réduire la vulnérabilité aux maladies infectieuses et d’améliorer le recours aux services sanitaires et sociaux.

Les preuves sont incontestables : la réduction des risques fonctionne. Le traitement substitutif aux opiacés a été associé à une réduction de 54 % du risque d’infection à VIH chez les consommateurs de drogues injectables et une baisse du risque d’infection par le virus de l’hépatite C, une augmentation de l’observance du traitement antirétroviral pour le VIH, une baisse des dépenses de santé non remboursées et une réduction du risque d’overdose aux opiacés de près de 90 %.

En Australie, 10 années de programmes aiguilles-seringues ont vu diminuer le nombre de cas de VIH jusqu’à 70 % et celui d’hépatite C jusqu’à 43 %.  

Les données probantes montrent aussi clairement que les lois et les politiques qui empêchent les consommateurs de drogues d’accéder aux services de santé ne fonctionnent pas. Par exemple, la surveillance policière des lieux de soins et de services de réduction des risques décourage les consommateurs de drogues injectables d’accéder à ces services.

Appliquer des lois qui proposent une alternative aux poursuites judiciaires et à l’incarcération pour usage et possession de drogues pour consommation personnelle permet de réduire les effets nocifs pour la santé associés à la consommation de drogues et n’aboutit pas à une augmentation de la consommation de drogues.

Les programmes de réduction des risques pilotés par les communautés peuvent atteindre les consommateurs de drogues injectables à travers les programmes aiguilles-seringues et d’autres services et orienter vers le dépistage, le traitement et les soins pour les personnes vivant avec le VIH. Au Pakistan par exemple, le Nai Zindagi Trust, un programme de proximité piloté par des pairs, fonctionne depuis 25 ans et s’occupe d’environ 13 000 consommateurs de drogues injectables vivant dans la rue par l’intermédiaire de plus de 600 pairs-éducateurs formés.

Pourtant, malgré un large corpus de preuves, seulement 80 des 158 pays dans lesquels la consommation de drogues injectables a été recensée disposent d’au moins un lieu proposant un traitement substitutif aux opiacés, et seulement 43 pays ont mis en place des programmes dans les prisons. Les programmes aiguilles-seringues sont disponibles dans 90 pays uniquement et seuls 12 pays fournissent le seuil recommandé de 200 aiguilles stériles par consommateur de drogues injectables et par an.

La combinaison entre l’indisponibilité des services de réduction des risques et une couverture inadéquate là où ils existent met en péril le progrès de la riposte au VIH. Cela revient aussi à refuser des services de santé vitaux aux millions de consommateurs de drogues injectables.  

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Belarus : réduire les risques et prévenir les nouvelles infections à VIH

12 avril 2017

Victoria est une infirmière qui administre un traitement substitutif aux opiacés (TSO) à 50 personnes par jour. Le programme de TSO au Belarus a démarré en 2007 sous la forme d’un projet pilote subventionné par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Aujourd’hui, le programme est étendu à 19 sites répartis dans tout le pays et fournit un TSO à près de 900 personnes ; néanmoins, ce chiffre représente moins de 5 % des consommateurs d’opiacés dans le pays.

Trente-sept pour cent des personnes ayant accès au TSO au Belarus vivent avec le VIH. Victoria explique que le TSO aide les personnes vivant avec le VIH qui consommaient des drogues injectables à poursuivre leur traitement antirétroviral. Les personnes séronégatives au VIH comptent également sur le programme pour éviter une transmission de l’infection à VIH par l’injection de drogues.

Le programme de TSO du Belarus est ouvert aux adultes dépendants aux opiacés. Il prévoit la fourniture de méthadone, des bilans médicaux réguliers, un soutien psychologique et les services de travailleurs sociaux. Eugene Halubitski est à la tête du programme de TSO d’une clinique de Minsk depuis 2010. Il apporte un soutien médical et psychologique à de nombreux clients, notamment Sergueï.

Sergueï a adhéré au programme de TSO en 2009. Depuis, il a trouvé un travail, s’est marié et est devenu père. Une étude de 2014 a montré que chaque dollar investi dans le TSO permettait d’économiser 6 dollars sur les conséquences de la dépendance aux drogues, comme la délinquance, le chômage, la fourniture d’un traitement antirétroviral et les décès dus au sida.

Les personnes qui suivent les programmes de TSO se rendent chaque jour dans une clinique pour prendre une dose de méthadone, qui permet de soulager leur dépendance aux opiacés.

L’Organisation mondiale de la Santé recommande d’accroître la couverture du TSO à 40 % des consommateurs de drogues injectables afin de faire baisser le nombre de nouvelles infections à VIH.

Le financement de la réduction des risques au Belarus est en train de passer progressivement du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme à des ressources nationales. Le TSO est quasi intégralement financé par l’État.

Il y a treize ans, Alexander a participé à un programme de désintoxication. Aujourd’hui, il est psychologue et il aide les autres à sortir de la dépendance aux drogues grâce au conseil par des pairs, à la méditation et à la psychothérapie. Son expérience montre qu’une vie sans drogue est possible.

À l’occasion d’une visite au Belarus, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA Michel Sidibé a rencontré le personnel et les clients d’un centre de TSO de Minsk, où il a salué le travail effectué par le personnel du centre.

« Je peux dire en toute confiance qu’il s’agit de l’un des meilleurs programmes de traitement substitutif aux opiacés que j’ai eu l’occasion de connaître », a-t-il déclaré. « Il propose des services complets et holistiques centrés sur les individus ».

Les clients ont raconté à M. Sidibé leurs parcours personnels. « Désormais, ils croient en leur avenir. Le programme de traitement substitutif aux opiacés respecte la dignité des personnes et rétablit le capital social », a-t-il conclu.

« Nous constatons que le programme de réduction des risques fonctionne au Belarus et il doit être élargi », a-t-il ajouté.

Les preuves de l’efficacité de la réduction des risques forment la base d’un ensemble complet d’interventions pour prévenir la propagation du VIH et réduire les autres risques associés à la consommation de drogues.

Photos : ONUSIDA/Alexandr Konotop

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Transformer des vies grâce à un traitement basé sur le volontariat

16 mars 2017

Hendro était chauffeur pour une société privée de Jakarta, en Indonésie, quand l’un de ses collègues lui a fait goûter à l’héroïne il y a deux ans.

« Je suis devenu accro », explique Hendro, qui préfère donner seulement son prénom. « Mon corps a vite connu un état de manque quand je ne prenais pas de drogue. Je n’arrivais pas à me concentrer. Ça a duré environ sept mois jusqu’à ce que ma vie devienne une descente aux enfers ».

Son travail en a pâti et il se disputait tous les jours avec sa femme. Il s’est alors dit : « Ce n’est pas bien. Je vais me détruire. Tous les jours, j’essayais de rester à l’écart de la drogue, mais le manque était trop douloureux. Vous ne pouvez pas imaginer ».

Un jour, Hendro entend parler d’un programme de désintoxication innovant situé dans une grande bâtisse de Bogor, à une heure de Jakarta. Le bâtiment, très gai avec sa pelouse fraîchement tondue, dégage une ambiance chaleureuse et conviviale, accentuée par les deux chiens qui viennent gentiment accueillir les visiteurs avec quelques coups de truffe amicaux.

Sam Nugraha a créé Rumah Singgah PEKA en 2010. « PEKA est différent des autres centres de traitement, car il est entièrement basé sur le volontariat », explique-t-il. « Chaque client a pris lui-même la décision de participer ».

Dans la région Asie-Pacifique, 4 millions de personnes consomment des drogues injectables, soit un tiers du chiffre mondial. La région se place ainsi au premier plan du grand problème de la consommation de drogues injectables à l’échelle internationale.

L’une des réponses courantes à l’usage de drogues dans la région est la rétention des consommateurs de drogues injectables dans des centres de traitement et de désintoxication obligatoires.

« L’approche de PEKA ne peut pas être appliquée à tout le monde. Les clients doivent être conscients de ce qu’ils doivent faire et être prêts à changer », explique M. Nugraha.

Avant leur intégration dans PEKA, ils doivent se plier à une longue évaluation destinée à déterminer si l’installation correspond à leurs besoins.

« Quand je suis arrivé à PEKA, j’étais décidé à me ressaisir et à redécouvrir la personne qui s’était perdue à cause de la drogue », se souvient Hendro.

Les clients discutent du meilleur plan de traitement avec leur conseiller. Ils peuvent choisir de vivre sur place ou en dehors de PEKA, mais s’ils choisissent de devenir pensionnaires, ils doivent respecter la tolérance zéro de l’établissement sur la consommation de drogues lors de leur séjour. Certains clients choisissent l’abstinence totale, d’autres s’engagent dans un traitement substitutif aux opiacés et, pour ceux qui souhaitent continuer de consommer des drogues injectables, PEKA propose un programme aiguilles et seringues. Tous les clients sont encouragés à suivre des séances de thérapie de groupe et individuelles.

« 90 % des membres de notre personnel ont expérimenté la consommation de drogues », déclare M. Nugraha, « ils comprennent donc les problèmes auxquels sont confrontés les clients, ainsi que le type d’aide dont ils ont besoin ».

Hendro a décidé de vivre sur place et de participer au programme de substitution à la méthadone. Un conseiller l’a accompagné dans une clinique publique, où un médecin a déterminé sa dose optimale de méthadone. Il a commencé avec 50 mg par jour, mais au bout d’un an la dose s’est mise à diminuer.

PEKA travaille en partenariat avec les cliniques publiques. Non seulement le personnel accompagne les clients dans leur accès à la méthadone, mais il récupère également un stock de méthadone pour cinq jours destiné aux individus qui ont mis en place une routine régulière et le ramène dans l’établissement.

« Les horaires d’ouverture des établissements de santé publique sont limités et nous compensons donc en assurant un service 24h/24 », explique M. Nugraha. « Les gens peuvent venir ici à tout moment ».

Agustina Susana Iswati, Chef de la clinique Gedung Badak, approuve. « La coopération avec les groupes communautaires est absolument indispensable car ils connaissent la réalité des choses ».

Les personnes qui consomment des drogues injectables sont vulnérables au VIH, aux hépatites, à la tuberculose et à d’autres maladies infectieuses. La prévalence du VIH chez les personnes qui consomment des drogues injectables est supérieure à 30 % dans plusieurs villes d’Asie. Seuls 30 % des consommateurs de drogues injectables connaissent leur statut vis-à-vis du VIH en Asie et dans le Pacifique.

« Nous proposons à nos clients un accès au dépistage du VIH. En cas de résultat positif, nous les aidons à démarrer un traitement antirétroviral aussitôt que possible », explique M. Nugraha.

Evi Afifah, de l’Hôpital Mahdi Bogor, trouve la collaboration avec PEKA très utile sur les services anti-VIH. « PEKA nous aide à atteindre ceux de nos amis qui ont le plus besoin d’un dépistage, d’un traitement et de soins anti-VIH », explique-t-elle.

Depuis 2010, PEKA a fourni ses services à près d’un millier de clients. Les études de suivi menées auprès des personnes qui sont passées par l’intégralité du programme de traitement montrent des résultats prometteurs. Un nombre important de clients indiquent que leur dépendance aux drogues et leur qualité de vie se sont améliorées et que leur implication dans des activités criminelles a nettement baissé.

Cette réussite a gagné une reconnaissance à l’échelon local. L’organisation a été nommée Institution d’excellence en 2014 et en 2016 par le Maire de Bogor.

« PEKA est une organisation qui s’inscrit dans la durée », a déclaré Bima Arya Sugiarto, Maire de Bogor. « Avec sa grande expérience, PEKA mérite notre reconnaissance, ce qui pourra aussi motiver d’autres groupes communautaires à faire un travail cohérent et ciblé ».

Pour PEKA, la réussite la plus importante ce sont ses clients, dont certains travaillent aujourd’hui pour l’organisation.

Iko, pair-éducateur sur le VIH, raconte : « En plus d’aider d’autres consommateurs de drogues, je m’aide moi-même en réalité. C’est le principal. Ça me rend heureux ».

Après neuf mois passés à PEKA, Hendro a pu retourner à la maison auprès de sa famille et il a repris son travail de chauffeur. Cette expérience a changé sa vie.

« À PEKA, j’ai à nouveau senti que je faisais partie d’une famille. Quand je consommais des drogues, j’étais exclu et abandonné. Ici, j’ai repris des forces », conclut Hendro.

 

L’ONUSIDA aide les pays à atteindre les objectifs fixés dans la Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida, qui inclut la garantie de l’accès à des options de prévention combinée du VIH, notamment avec la réduction des risques pour 90 % des personnes qui consomment des drogues injectables. 

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Faire cesser l’augmentation des nouvelles infections à VIH chez les consommateurs de drogues injectables

16 mars 2017

Dans le cadre de ses efforts visant à stopper l’augmentation des nouvelles infections à VIH chez les consommateurs de drogues injectables, l’ONUSIDA a lancé un message insistant à la Commission des stupéfiants des Nations Unies réunie à Vienne, en Autriche, pour sa soixantième session. Dans une déclaration à la Commission, l’ONUSIDA met en garde contre l’augmentation alarmante des infections à VIH chez les consommateurs de drogues injectables, tout en notant que les pays n’investissent pas dans des stratégies efficaces pour lutter contre ce problème croissant, ou ne les appliquent pas.

L’infection à VIH chez les consommateurs de drogues injectables est un enjeu majeur à l’échelle mondiale. Entre 2011 et 2014, les nouvelles infections à VIH ont augmenté de 33 % chez les consommateurs de drogues injectables. À l’échelle mondiale, environ 14 % des 12 millions de consommateurs de drogues injectables, soit 1,6 million de personnes, vivent aujourd’hui avec le VIH.

L’ONUSIDA estime que les personnes qui consomment des drogues injectables sont jusqu’à 24 fois plus susceptibles de vivre avec le VIH que la population générale. Malgré ces chiffres, les consommateurs de drogues injectables sont souvent exclus et marginalisés et restent hors de portée des services qui font de la santé et des droits de l’homme leur priorité.

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des programmes simples et rentables qui fonctionnent. Le traitement de substitution à la méthadone, par exemple, a été associé à une baisse de 54 % du risque d’infection à VIH chez les consommateurs de drogues injectables, et pourtant de nombreux pays se montrent encore réticents à mettre en œuvre des approches qui ont fait leurs preuves. Environ 50 % seulement des pays comptant une population de consommateurs de drogues injectables appliquent des programmes efficaces de réduction des risques.

Des études ont montré que si les pays mettaient à disposition le traitement de substitution, 130 000 nouvelles infections à VIH pourraient être évitées chaque année en Afrique subsaharienne : un énorme pas en avant vers la fin de l’épidémie de sida comme menace de santé publique d’ici à 2030.

Il existe également d’importantes lacunes dans le financement ; en effet, la majeure partie des fonds pour les programmes de réduction des risques provient de sources internationales, surtout dans les pays à faible revenu. Entre 2010 et 2014, seulement 3,3 % des fonds alloués à la prévention du VIH sont allés aux consommateurs de drogues injectables. Pour pouvoir atteindre cette population clé avec des programmes efficaces de prévention de l’infection à VIH, l’ONUSIDA estime que les investissements annuels dans la prévention du VIH chez les consommateurs de drogues injectables dans les pays à revenu faible et intermédiaire devront être multipliés par plus de 10, pour s’élever à 1,5 milliard de dollars d’ici 2020.

Il est évident que les choses doivent changer pour obtenir des résultats. En 2016, les États membres des Nations Unies ont adopté une Déclaration politique sur la fin du sida dans laquelle ils s’engageaient à veiller à ce que 90 % des populations clés, y compris les consommateurs de drogues injectables, aient accès aux services de prévention combinée du VIH.

Proposer un ensemble de services complet, notamment des programmes aiguilles et seringues et un traitement substitutif aux opiacés, dans un environnement juridique et politique permettant l’accès aux services, sera essentiel pour prévenir les nouvelles infections à VIH et faire baisser le nombre de décès dus à des maladies liées au sida, à la tuberculose, aux hépatites virales et aux infections sexuellement transmissibles. L’ONUSIDA travaille en étroite collaboration avec les pays pour les aider à atteindre ces objectifs importants dans les délais.

Quotes

« Pour mettre fin à l’épidémie de sida et atteindre les Objectifs de développement durable, nous avons besoin d’approches centrées sur les individus qui garantissent l’accès de tous aux services de santé et aux services communautaires. »

Luiz Loures Directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA

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Le Vietnam ouvre son premier service de traitement substitutif aux opiacés pour les détenus

25 novembre 2016

« En 2010, j'ai participé à un voyage d'étude pour en savoir plus sur les programmes de substitution à la méthadone dans les prisons en Espagne. J'ai pu constater les impacts positifs de ces programmes sur les détenus en tant qu'individus et sur les établissements pénitentiaires dans leur ensemble, et j'ai fait part des résultats et des recommandations de cette visite au Ministère de la Sécurité publique », raconte Nguyen Xuan Truong, Directeur de la prison de Phu Son. « Il a fallu attendre un certain temps depuis, mais je suis heureux que Phu Son soit la première prison du Vietnam à proposer des services de substitution à la méthadone aux détenus ».

Le lancement du service pilote de traitement substitutif aux opiacés à la prison de Phu Son marque une étape considérable dans les efforts de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et du gouvernement vietnamien en faveur de la prévention, du traitement et des soins anti-VIH dans les prisons du pays.

« Depuis 2009, l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime travaille avec le gouvernement vietnamien pour proposer un traitement substitutif aux opiacés dans le cadre d'un ensemble de services anti-VIH complet pour les personnes qui vivent et travaillent dans les prisons », explique Christopher Batt, Responsable de l'ONUDC.

Le traitement substitutif aux opiacés est un service fondé sur des données probantes pour la dépendance aux opiacés. Il permet de réduire la consommation d'opiacés en éliminant les symptômes de privation et l'état de manque et de faire reculer le risque de transmission du VIH ou d'autres infections transmissibles par voie sanguine ainsi que les comportements criminels. Il permet en outre d'intégrer le patient dans un continuum de soins pendant et après son séjour en prison.

« L'unité de service de traitement substitutif aux opiacés devrait améliorer la qualité de vie des détenus, en réduisant la transmission du VIH et d'autres maladies et en faisant baisser le taux de rechute et d'overdose dans les établissements de détention », ajoute M. Batt.

Selon les estimations du Ministère de la Sécurité publique vietnamien, trois détenus sur dix consomment des drogues.

Les détenus sont davantage exposés au risque d'infection à VIH ou d'autres infections transmissibles par le sang, notamment les hépatites virales B et C, ainsi qu'au risque de rechute ou d'overdose si leurs besoins en traitement ne sont pas couverts.

Une deuxième unité de service de traitement substitutif aux opiacés sera bientôt mise en place à la prison de Thanh Xuan et il est prévu d'étendre le service à d'autres prisons. 

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La France ouvre son premier site d'injection sécurisé pour les consommateurs de drogues

13 octobre 2016

Le premier site d'injection sécurisé de France pour les consommateurs de drogues injectables a ouvert ses portes à Paris.

Relié à l'Hôpital Lariboisière de la ville, l'établissement peut accueillir jusqu'à 400 personnes par jour, avec la présence d'une équipe complète de médecins, d'infirmières et de travailleurs sociaux. Il se compose de trois zones : une salle d'attente, une salle de consommation et un local où les gens peuvent se reposer avant de quitter le site.

L'objectif de cet endroit, ouvert aux adultes à partir de 18 ans, est de minimiser les risques associés à la consommation de drogues injectables, notamment l'infection à VIH. Les études montrent que les sites d'injection surveillés permettent également de réduire la délinquance et les autres troubles sociaux liés à la consommation de drogues sur la voie publique.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA, a félicité la Ministre française de la santé, Marisol Touraine, et la Maire de Paris, Anne Hidalgo, pour l'ouverture de ce site.

L'ouverture de nouveaux sites de consommation de drogues est prévue dans d'autres villes françaises, dont Strasbourg et Bordeaux, dans un avenir proche.

La ville de Paris est l'un des signataires fondateurs de la Déclaration de Paris, par laquelle les villes s'engagent à mettre fin à l'épidémie de sida d'ici à 2030 en adoptant une stratégie d'accélération concernant leur épidémie de VIH.

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