La 51e réunion du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA s’est achevée aujourd’hui avec des engagements en faveur d’une action audacieuse visant à remettre l’humanité sur la bonne voie pour éradiquer le sida d’ici 2030. Cette rencontre, qui a réuni les États membres, la société civile et les organismes des Nations Unies, a été le cadre d’une série d’engagements et d’accords en faveur d’un travail conjoint qui permettra de lutter contre les inégalités qui alimentent la pandémie de sida.
« La réunion de cette semaine a vu des avancées cruciales : sur les ressources, les communautés et les inégalités. Les représentants et représentantes se sont engagés à financer pleinement la riposte au sida, à soutenir le leadership des communautés, à renforcer le message U=U (Undetectable=Untransmittable, indétectable = non transmissible), à lutter contre la stigmatisation et la discrimination et à soutenir l’éducation, l’autonomisation et l’éducation sexuelle complète. En concrétisant les engagements pris cette semaine, l’humanité sera sur la bonne voie pour éradiquer le sida d’ici 2030 », a indiqué la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Nous n’avons pas le droit à l’échec. Tout échec se traduira par des morts. Ensemble, nous devons gagner. En veillant à ce que les organisations communautaires soient responsabilisées et incluses, à ce que les inégalités soient combattues et à ce que la riposte au VIH soit entièrement financée, cette génération de leaders peut être celle qui vaincra la pandémie de sida. »
Le Conseil de coordination du Programme a souligné qu’il est indispensable de financer totalement l’ONUSIDA et de lui donner le personnel nécessaire pour progresser et mettre fin au sida. Comme l’a dit la délégation des ONG : « La survie est en jeu, des vies bien réelles sont en jeu, nous avons besoin de votre aide maintenant, pas plus tard. » Plusieurs pays donateurs, dont le Royaume-Uni et l’Irlande, ont annoncé une augmentation de leurs contributions financières. Les pays donateurs ont indiqué vouloir passer à un financement à plus long terme, et donc plus prévisible, en optant pour des engagements pluriannuels. Les représentants et représentantes se sont également engagés à soutenir la collecte de fonds auprès de nouveaux donateurs de tous les secteurs. Les membres du Conseil ont salué les recommandations formulées dans le rapport du Bureau du CCP. Celles-ci reposent sur les recommandations de l’Équipe de travail multipartite informelle sur la situation de financement de l’ONUSIDA et sont en mesure de garantir un financement complet de l’ONUSIDA.
« Voir les représentants et représentantes s’engager à trouver les fonds nécessaires au travail de l’ONUSIDA pour mener des actions dans le monde pour mettre fin au sida a été un spectacle très encourageant », a déclaré Anutin Charnvirakul, vice-premier ministre thaïlandais de la Santé publique et président du Conseil de coordination du Programme. « Avec les crises mondiales et les inégalités oubliées qui ont mis en danger la riposte au sida, l’humanité ne peut pas risquer un sous-financement du Programme commun de l’ONUSIDA. Financer entièrement le travail intégré et vital du secrétariat et des 11 organismes coparrainants qui fournissent les données favorise les changements politiques essentiels et fait entendre les voix des communautés. Cela permettra de sauver des vies et d’aider à mettre fin à la pandémie la plus mortelle au monde. Les représentants et représentantes ont parlé vigoureusement et sans ambiguïté. En 2023, nous nous engageons tous et toutes à veiller à ce que l’ONUSIDA dispose des ressources dont le monde a besoin. »
Au cours de cette rencontre, la première définition internationale d’une riposte communautaire à une pandémie a été publiée. Elle est le fruit d’un processus de consultation de deux ans qui a réuni 11 gouvernements, représentant chaque région du monde, et 11 figures de la société civile. À partir de ces nouvelles définitions et recommandations, le ministre allemand de la Santé, Karl Lauterbach, et la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, ont publié aujourd’hui un article dans The Lancet où ils appellent à intégrer « toute l’infrastructure communautaire de lutte contre les pandémies » au sein des nouveaux plans, accords internationaux et financements de la lutte, de préparation et de riposte contre les pandémies.
Les organisations de personnes vivant avec le VIH ont présenté, par le biais du rapport du représentant du CCP ONG, des résultats vitaux sur l’importance de renforcer la communication du message « U=U » ou « Undetectable = Untransmittable » (Indétectable = non transmissible). Cette formule synthétise le fait que les personnes vivant avec le VIH qui atteignent et maintiennent une charge virale indétectable ne peuvent pas transmettre le VIH par voie sexuelle. Ce comité a expliqué comment la communication de ces informations importantes joue en faveur du dépistage et du traitement, mais aussi contribue à lutter contre la stigmatisation à laquelle sont confrontées les personnes vivant avec le VIH. Son appel à intensifier la communication du message U=U a reçu un large soutien de la part des représentants et des représentantes.
Le travail du Partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH, qui compte à présent 33 pays, a également été reconnu. La Barbade a reçu des éloges en devenant cette semaine le dernier pays en date à mettre fin à la criminalisation des relations entre personnes de même sexe.
Considérant le pouvoir de l’éducation pour lutter contre les inégalités entre les sexes et aider à prévenir la transmission du VIH, le CCP a approuvé l’appel à une riposte au VIH intégrée, multisectorielle et coordonnée. Le comité soutient des initiatives telles que Education Plus qui fait des écoles un point d’entrée pour répondre à tous les besoins des élèves en matière d’éducation, de santé et de protection. Par ailleurs, il approuve la collaboration intersectorielle entre les ministères, les familles, le corps enseignant, l’administration scolaire et les communautés locales pour protéger les droits. Il a pris conscience de la nécessité de mettre en place des mécanismes alternatifs pour répondre aux besoins des jeunes déscolarisés, ainsi que de l’importance de l’appui de l’ONUSIDA aux pays pour renforcer leur éducation sexuelle complète.
La rencontre a mis en lumière des lacunes inacceptables dans l’accès aux services anti-VIH, notamment dans le cadre d’une partie thématique sur les manières de changer les contreperformances actuelles par rapport aux objectifs mondiaux de lutte contre le VIH chez les hommes. Une table ronde de grande envergure a présenté des approches innovantes pour impliquer cette population dans toute sa diversité, en trouvant des moyens de surmonter les normes de genre néfastes qui freinent les progrès. Ce point est crucial pour atteindre l’objectif 2030 de mettre fin au sida.
La réunion s’est tenue à Chiang Mai en Thaïlande. C’est la première fois depuis 14 ans que le Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA ne s’était pas réuni à Genève. Ce changement important rapproche la prise de décision des communautés les plus touchées. Les représentants et les représentantes ont visité des programmes pionniers dirigés par des communautés et des organisations publiques qui aident la Thaïlande à lutter contre le VIH. Ils ont notamment appris les raisons et la manière dont la Thaïlande est passée d’une approche punitive à une approche de réduction des risques. L’objectif étant d’aider à réduire les risques de contamination au VIH et d’autres risques pour les consommateurs et consommatrices de drogues injectables. La délégation a également vu comment les communautés religieuses s’engagent pour lutter contre la stigmatisation à laquelle sont confrontées les personnes LGBT. Cette approche inclusive a permis à la Thaïlande de réduire considérablement les nouvelles infections.
« La Thaïlande a su montrer les leçons importantes clés que nous avons tirées de la riposte dans le monde », a déclaré la directrice pays de l’ONUSIDA pour la Thaïlande, Patchara Benjarattanaporn, « y compris en autonomisant et soutenant les communautés, en décriminalisant les populations marginalisées et en luttant contre la stigmatisation. La Thaïlande s’est également inspirée des leçons tirées du monde entier et a retrouvé un nouvel élan pour nous garantir d’achever notre travail : mettre fin au sida d’ici 2030. »
La direction du Conseil pour 2023 a été aussi élue : l’Allemagne assurera la présidence, le Kenya la vice-présidence et le Brésil aura la fonction de rapporteur. Le Conseil a approuvé la composition de la délégation des ONG au CCP pour l’année prochaine. Dans un message vidéo adressé au Conseil de coordination du Programme, Karl Lauterbach, ministre allemand de la Santé, a déclaré : « Des tâches difficiles nous attendent, mais je suis convaincu que, ensemble, nous pourrons y répondre efficacement en 2023. Pour ceux et celles que nous avons perdus à cause du sida au fil des dizaines d’années, pour les millions de personnes vivant avec le virus, pour les communautés et les pays touchés, et pour ces personnes, principalement des jeunes, que nous pouvons empêcher d’être infectés, faisons en sorte de garder notre envie commune de mettre fin au sida comme menace de santé publique d’ici 2030 et travaillons ensemble. »
ONUSIDA
Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. » L’ONUSIDA conjugue les efforts de 11 institutions des Nations Unies – le HCR, l’UNICEF, le PAM, le PNUD, l’UNFPA, l’UNODC, ONU Femmes, l’OIT, l’UNESCO, l’OMS et la Banque mondiale. Il collabore étroitement avec des partenaires mondiaux et nationaux pour mettre un terme à l’épidémie de sida à l’horizon 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable. Pour en savoir plus, consultez le site unaids.org, et suivez-nous sur Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.