Men who have sex with men

Feature Story

Limiter l’impact de la COVID-19 auprès des populations clés

04 juin 2020

La pandémie de COVID-19 touche tout le monde, y compris les populations clés exposées à un risque élevé de contamination au VIH. Les perturbations occasionnées par la COVID-19 menacent d’anéantir les progrès réalisés contre d’autres maladies infectieuses, dont le VIH. C’est dans ce contexte que s’inscrit un nouveau rapport publié par FHI 360 en collaboration avec l’ONUSIDA. Ce document fournit des conseils sur la manière de limiter l’impact de la COVID-19 auprès des populations clés.

« Ces lignes directrices mettent l’accent sur les populations clés. Elles viennent ainsi s’ajouter aux efforts en cours pour protéger l’accès aux services et aux produits de prévention du VIH, aux services de santé sexuelle et de planification familiale, à la prévention de la violence basée sur le genre et aux activités de conseil, de dépistage et de traitement du VIH au cours de la pandémie de COVID-19 », a déclaré la coordinatrice de la Global HIV Prevention Coalition auprès de l’ONUSIDA, Paula Munderi. « Il est vital de préserver les services essentiels du VIH à destination des populations clés et de promouvoir la santé et le bien-être du personnel et des membres des communautés au cours de la pandémie de COVID-19 afin de ne pas perdre les progrès chèrement acquis pendant la riposte au sida. »

Le rapport fournit des conseils pratiques sur la manière d’éviter une interruption des services apportés aux personnes séropositives et aux populations clés. Son objectif est ainsi d’aider les acteurs mettant en place les programmes à poursuivre leur travail.

« Les populations clés sont particulièrement vulnérables aux interruptions de services du VIH et à d’autres dangers au cours de la pandémie de COVID-19. Nous demandons instamment des solutions reposant sur les droits qui préservent ou améliorent l’accès des populations clés aux services de lutte contre le VIH tout en minimisant l’exposition potentielle à la COVID-19 et en promouvant la sécurité des personnes. Ces solutions doivent encourager l’éloignement physique et la décongestion des établissements de santé, tout en prenant en compte la situation réelle des populations clés », a indiqué Rose Wilcher du FHI 360.

Ce rapport propose des solutions pratiques dans trois grands domaines.

Le premier concerne la protection des prestataires et des membres des communautés face à la COVID-19. Les services du VIH ne pourront continuer d’être assurés au cours de la pandémie de COVID-19 que si des mesures sont prises pour empêcher toute contamination au coronavirus du personnel, des prestataires et des bénéficiaires des programmes. Ces services peuvent comprendre un renvoi vers un dépistage et des soins pour la COVID-19, ainsi que vers des solutions de protection de la santé mentale des prestataires et des bénéficiaires.

Le second domaine consiste à assurer un accès sans danger et pérenne aux services et aux produits liés au VIH. Les programmes du VIH peuvent ainsi intégrer des mesures d’éloignement physique, proposer des consultations en ligne et fournir des ordonnances pour plusieurs mois de traitement. Quant au travail de proximité auprès des communautés, il devrait continuer en personne lorsque c’est possible.

Le troisième et dernier domaine abordé par ce rapport porte sur le suivi de la continuité des services et sur l’amélioration des résultats. Des perturbations étant inévitables, les programmes du VIH devront ajuster leurs systèmes de suivi et d’évaluation afin de permettre des analyses régulières de la continuité des services du VIH et de l’impact de la COVID-19 sur les programmes du VIH et sur leurs bénéficiaires. Pourquoi ne pas établir des systèmes d’information stratégique conformes aux mesures d’éloignement physique, par exemple en virtualisant la collecte de données et les outils de reporting.

« La pandémie de COVID-19 ne devrait pas être utilisée comme excuse pour ralentir les efforts de la riposte mondiale au VIH auprès des populations clés. Au contraire ! Cette pandémie est le moment de tirer des leçons de notre action pour mettre fin au sida. C’est aussi l’occasion de délester les systèmes de santé mis à rude épreuve par la COVID-19 en apportant un financement complet aux organisations communautaires dirigées par des hommes gays et bisexuels, des toxicomanes, des professionnel-les du sexe et des personnes transgenres en vue de garantir un meilleur accès aux services du VIH pour les populations clés », a indiqué le directeur de MPact, George Ayala.

Le rapport a été rédigé par FHI 360 dans le cadre du projet Meeting Targets and Maintaining Epidemic Control (EpiC) qui jouit du soutien de l’USAID et du Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida. L’ONUSIDA et ses partenaires ont fourni des informations et des conseils.

RESSOURCES ANNEXES

 

Strategic Considerations for Mitigating the Impact of COVID-19 on Key-Population-Focused HIV Programs (Analyse stratégique en vue de limiter l’impact de la COVID-19 sur les programmes du VIH destinés aux populations clés, en anglais)

 

FHI 360: Five strategies for preserving key population-focused HIV programmes in the era of COVID-19 (FHI 360 : cinq stratégies pour préserver les programmes du VIH destinés aux populations clés à l’heure de la COVID-19, en anglais)

 

Global HIV Prevention Coalition

 

Les droits humains aux temps du COVID-19 — Les leçons du VIH pour une réponse efficace, et dirigée par la communauté

 

Lessons from HIV prevention for preventing COVID-19 in low- and middle-income countries (Enseignements tirés de la prévention du VIH permettant d’empêcher la propagation de la COVID-19 dans les pays à revenu faible et intermédiaire)

 

Condoms and lubricants in the time of COVID-19 (Préservatifs et lubrifiants à l’heure de la COVID-19, en anglais)

 

Maintaining and prioritizing HIV prevention services in the time of COVID-19 (Maintenir les services de prévention du VIH et leur donner la priorité à l’heure de la COVID-19, en anglais)

Notre action

Press Statement

L’ONUSIDA salue l’arrivée d’un nouvel outil de prévention du VIH à destination des gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et des femmes transgenres

Une nouvelle étude révolutionnaire révèle l’efficacité d’une solution injectable à effet prolongé pour protéger du VIH

GENÈVE, le 19 mai 2020—L’ONUSIDA est heureuse d’apprendre que le cabotegravir, une solution injectable à effet prolongé, est sans danger et efficace pour empêcher les infections au VIH chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que chez les femmes transgenres. L’étude HIV Prevention Trials Network (HPTN) 083 a porté sur près de 4 600 personnes séronégatives réparties sur plus de 40 sites en Amérique du Nord et du Sud, en Asie et en Afrique.

« Cette avancée aura un impact considérable sur la vie des gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que sur celle des femmes transgenres lorsque ces groupes sont exposés à un risque élevé d’infection au VIH », a indiqué la Directrice exécutive adjointe de la branche Programme de l’ONUSIDA, Shannon Hader. « Nous sommes en particulier heureux de constater que l’étude a atteint ses objectifs d’inclure un nombre important de jeunes hommes noirs ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que des femmes transgenres noires. Il s’agit en effet précisément des populations qui continuent d’avoir beaucoup de mal à obtenir une prévention efficace du VIH. »

L’ONUSIDA estime à 1,7 million le nombre de nouvelles infections au VIH en 2018. 54 % d’entre elles concernaient les populations clés et leurs partenaires sexuels, notamment les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les femmes transgenres, les professionnel-les du sexe, les consommateurs et consommatrices de drogues injectables, les personnes incarcérées, les clients de professionnel-les du sexe et les partenaires sexuels des autres populations clés.

La prophylaxie pré-exposition (PPrE, la prise d’antirétroviraux par des personnes séronégatives afin d’empêcher une contamination au VIH) est l'un des outils importants de prévention combinée du VIH. La PPrE permet aux personnes de réduire leur risque d’infection au VIH, surtout lors de périodes de leur vie marquées par une exposition plus élevée à une contamination. Elle leur permet également de reprendre confiance en elles et d’avoir moins peur lorsque les risques sont incertains.

Avant d’être distribué à grande échelle, le cabotegravir doit encore décrocher son autorisation de mise sur le marché et être produit à faible coût, mais ensuite les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes auront ainsi le choix entre trois formes très efficaces de PPrE pour se protéger d’une infection au VIH : la prise quotidienne de comprimé, la prise avant et après l’activité sexuelle (PPrE liée à un évènement prévu) ou une injection tous les deux mois. Les femmes transgenres auront le choix entre les injections ou la prise quotidienne, car l’Organisation mondiale de la Santé ne recommande pas la PPrE liée à un évènement prévu à cause des interactions possibles avec certaines hormones. Les injections de cabotegravir tous les deux mois sont une option importante pour les personnes ayant des difficultés à prendre un médicament tous les jours, mais qui sont néanmoins exposées à une contamination au VIH.

Il était prévu que l’essai se poursuive au moins encore une année, mais la première analyse intermédiaire des données a été avancée de quelques semaines par crainte d’éventuelles perturbations des procédures d’essais cliniques de haute qualité à cause de la pandémie de COVID-19. Le Data and Safety Monitoring Board (DSMB) aux États-Unis d’Amérique a analysé les données recueillies jusqu’en mars 2020. Il a déjà pu découvrir des preuves indiscutables de la grande efficacité du cabotegravir qui n’est pas inférieure au régime de PPrE oral recommandé à l’heure actuelle.

La moitié des volontaires à l’essai a reçu une PPrE sous forme de comprimés et l’injection d’un placebo, l’autre moitié a reçu une injection de cabotegravir et a pris des pilules placebo. L’étude a enregistré 12 infections au VIH au sein du groupe obtenant la PPrE par injection par rapport à 38 dans le groupe prenant un comprimé tous les jours. Les effets secondaires des deux traitements étaient relativement faibles. Seuls 2,2 % des personnes dans le groupe recevant une injection de cabotegravir ont choisi d’arrêter les injections à cause de réactions douloureuses. Au vu de ces résultats, le DSMB a ainsi recommandé de suspendre l’essai et d’en informer les volontaires. Les volontaires auront la possibilité de choisir la formule pour poursuivre leur PPrE.

Malgré le bon suivi du traitement au sein du groupe oral et peu d’arrêts dans le groupe des injections, l’incidence générale des infections au VIH au cours de cette étude était de 0,79 par 100 personnes-années. Les analyses programmées se pencheront sur les raisons des 50 infections qui ont été constatées chez les 4 565 volontaires.

Une étude complémentaire (HPTN 084) est en cours pour déterminer l’efficacité de cette injection à effet prolongé chez les femmes non transgenres. À l’heure actuelle, plus de 3 000 femmes sexuellement actives vivant dans sept pays africains se sont portées volontaires. Les résultats sont attendus pour novembre.

« Nous attendons avec impatience les résultats de l’étude HPTN 084 qui a lieu actuellement auprès de femmes africaines », a expliqué la docteure Hader. « Nous espérons que la fin de l’année apportera une nouvelle tout aussi bonne aux femmes du monde entier. »

L’étude HPTN 083 a été menée par le HPTN et financée par ViiV Healthcare et le United States National Institute of Allergy and Infectious Diseases. Aucune autorité de réglementation dans le monde n’a encore autorisé le cabotegravir pour soigner ou prévenir le VIH en tant qu’agent simple. ViiV Healthcare prévoit d’utiliser les données de l’essai HPTN 083 pour de nouvelles demandes de mises sur le marché.

L’ONUSIDA félicite les équipes de recherche et appelle à poursuivre le financement de la recherche et du développement de vaccins, diagnostics, médicaments préventifs, traitement et remède contre le VIH.

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HPTN 083

Press centre

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Press Statement

L’ONUSIDA appelle les gouvernements à mettre fin aux arrestations arbitraires et discriminatoires envers les personnes LGBTI et à protéger les droits humains de cette communauté

 

GENÈVE, le 15 mai 2020— À quelques jours de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOT) organisée le 17 mai, l’ONUSIDA appelle les gouvernements à mettre immédiatement un terme aux arrestations arbitraires et discriminatoires de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) qui reposent uniquement sur leur orientation sexuelle ou leur identité de genre et à promulguer des lois protégeant les droits humains de cette communauté.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, il a été fait état de personnes transgenres assassinées au Puerto Rico, d’arrestations de personnes LGBTI en Égypte, en République unie de Tanzanie et en Ouganda, ainsi que d’une augmentation des violences et des abus au Cameroun et en République de Corée.

« Les arrestations et les abus arbitraires et discriminatoires envers les personnes LGBTI doivent cesser », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « La crise de la COVID-19 révèle et exacerbe les inégalités, les violences et les abus dont est victime chaque jour la communauté LGBTI. Nous devons briser l’omerta contre ces lois draconiennes qui servent uniquement à pousser ces personnes davantage en marge de la société », a-t-elle ajouté.

En décembre 2019, plus de 70 pays criminalisaient les comportements sexuels entre personnes de même sexe. Conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme et au Programme de développement durable à l’horizon 2030, les gouvernements ont une obligation morale et légale de supprimer ces lois et d’adopter des lois qui protègent la population de la discrimination.

Il y a quelques semaines, l’ONUSIDA et MPact ont publié un programme en 12 points en vue de protéger les droits humains des personnes LGBTI et de garantir qu’elles sont prises en compte dans les stratégies de riposte à la COVID-19.

De manière générale, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont 27 fois plus de risques de vivre avec le VIH que le reste de la population. On estime que ce groupe représentait 18 % des nouvelles infections au VIH en 2017 dans le monde. Au sein de la population adulte en âge de procréer, les femmes transgenres ont 12 fois plus de chances d’être infectées par le VIH. On estime que 0,1 à 1,1 % de la population mondiale est transgenre et que 16,5 % des femmes transgenres sont séropositives.

L’IDAHOT, journée mondiale pour fêter la diversité sexuelle et de genre, a choisi cette année le thème « Breaking the silence », briser le silence, en hommage à la décision prise en 1990 par l’Organisation mondiale de la Santé de retirer l’homosexualité de la liste des troubles mentaux.

Chaque année, cette journée est un temps fort du calendrier international. Elle permet d’attirer l’attention des législateurs, des médias, du public, des entreprises, des leaders d’opinion et des administrations locales sur la situation alarmante à laquelle sont confrontées les personnes ayant une orientation sexuelle, une identité ou une expression de genre et des caractéristiques sexuelles autres.

« Nous avons besoin de solidarité pour sauver des vies et nous avons besoin de créer des communautés et des sociétés en bonne santé afin de pouvoir riposter au VIH, à la COVID-19 et à la prochaine pandémie », a terminé Mme Byanyima.

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Press Release

Vives inquiétudes de l’ONUSIDA et de MPact devant la stigmatisation et les abus que subissent les personnes LGBTI pendant l’épidémie de COVID-19

 

L’ONUSIDA et MPact appellent les gouvernements et les partenaires à protéger, soutenir et respecter les droits humains des personnes LGBTI au cours de la riposte à la COVID-19

GENÈVE, le 27 avril 2020—L’ONUSIDA et MPact Global Action for Gay Men’s Health and Rights sont alarmés d’apprendre que des personnes LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées) sont visées spécifiquement dans des groupes, accusées, victimes d’abus, incarcérées et stigmatisées à la suite d’allégations les faisant passer pour des vecteurs de maladie au cours de la pandémie de COVID-19. L’ONUSIDA et MPact sont ainsi extrêmement préoccupés par le fait que ces actes discriminatoires aggravent les difficultés que rencontrent déjà les personnes LGBTI pour faire valoir leurs droits, notamment pour accéder à des services de santé sûrs et de qualité.

« Le VIH nous a appris que la violence, les agressions et la discrimination ne servent qu’à marginaliser davantage les personnes les plus défavorisées », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Tout le monde, indépendamment de son orientation sexuelle, de son identité ou expression de genre, a droit à la santé et à la sécurité, sans exception. Le respect et la dignité sont nécessaires aujourd’hui plus que jamais. »

Au Belize, des informations détaillées dénoncent les exactions de la police dont a été victime un homme gay. Ce dernier a été arrêté, humilié et battu pour n’avoir pas respecté le couvre-feu instauré pour freiner la propagation du coronavirus. Cet homme de 25 ans vivait avec le VIH et on pense qu’il est mort des complications des blessures infligées par la police.

« Nous avons reçu des rapports indiquant que des gouvernements et des leaders religieux dans certains pays font de fausses déclarations et répandent des informations erronées sur la COVID-19 qui incitent à la violence et à la discrimination envers les personnes LGBTI », explique George Ayala, Directeur exécutif du MPact. « Des descentes de police prennent pour cible des organisations et des domiciles, des personnes LGBTI sont battues et les arrestations et menaces de reconduite à la frontière pour les demandeur(se)s d’asile LGBTI augmentent. »

En Ouganda, 20 membres de la communauté LGBTI ont été récemment arrêtés au cours d’une razzia visant un refuge. Les autorités de police ont justifié cette action en les accusant de ne pas respecter les mesures de distanciation sociale. Aux Philippines, trois personnes LGBTI se trouvaient parmi un groupe qui a été humilié publiquement pour les punir de ne pas avoir respecté le couvre-feu. Après que des scènes de l’incident sont devenues virales sur Internet, le capitaine de police a été forcé de présenter des excuses pour avoir ciblé distinctement les personnes LGBTI du groupe et pour leur avoir ordonné de danser et de s’embrasser.

« L'utilisation gouvernementale des technologies en ligne et les smartphones pour surveiller les déplacements de la population pendant le confinement ou le couvre-feu inquiète de plus en plus pour ce qui est de la protection de la vie privée et de la confidentialité », ajoute M. Ayala. « Les hommes gays et les personnes anti conformistes au genre sont souvent les premières cibles et parmi les populations les plus touchées par un renforcement des mesures de police et de surveillance. » 

Pour certaines personnes LGBTI, le confinement volontaire et la distanciation sociale peuvent être des expériences particulièrement difficiles, voire dangereuses. Beaucoup d’entre elles sont victimes de violences ou de mauvais traitements alors qu’elles sont cloîtrées avec des membres de leur famille qui ne les acceptent pas. Les personnes LGBTI peuvent également souffrir de la violence exercée par un partenaire intime en restant chez elles sans avoir la possibilité de signaler ces abus à la police par peur des conséquences. Le confinement peut aussi exacerber des difficultés psychologiques existantes qui sont monnaie courante parmi la communauté LGBTI, y compris la solitude, la dépression, l’angoisse et les tendances suicidaires.

La pandémie de COVID-19 laisse de nombreux hommes gays et femmes transgenres sans outils adaptés pour prendre en main leur santé sexuelle et leurs droits. Les hommes gays représentent près de 20 % des nouvelles infections au VIH et présentent 22 fois plus de risques d’infection par rapport au reste de la population masculine. Le risque d’infection au VIH des femmes transgenres est 12 fois plus élevé que pour la population générale.

Les mesures appelant à rester chez soi, en particulier lorsqu’elles ne tolèrent pas d’exceptions, aggravent les difficultés que ces groupes rencontrent déjà pour accéder à la thérapie antirétrovirale, à la prévention du VIH et aux services de réassignation sexuelle, y compris les thérapies hormonales. C’est particulièrement vrai pour les personnes LGBTI pauvres, au chômage, sans domicile ou dans une situation de logement précaire.

L’ONUSIDA et MPact enjoignent aux pays de :

  • Dénoncer les fausses informations qui prennent pour bouc émissaire, diffament ou font porter la responsabilité de la propagation de la COVID-19 d’une tout autre manière aux personnes LGBTI.
  • Arrêter les razzias visant les organisations, les refuges et les espaces dirigés par la communauté LGBTI, ainsi que de cesser d’arrêter des personnes à cause de leur orientation sexuelle, de leur identité ou expression de genre.
  • Garantir que toutes les mesures de protection de la santé publique ne sont pas disproportionnées, sont étayées par des données probantes et respectent les droits humains.
  • Empêcher l'État de surveiller les personnes LGBTI via les technologies de communication individuelle.
  • Investir dans la riposte à la COVID-19 tout en préservant les fonds et les programmes de santé sexuelle/sur le VIH qui sont inclusifs et prennent en compte les besoins des personnes LGBTI.
  • Garantir l’accès ininterrompu à un soutien médical vital, y compris à la réduction des risques, aux préservatifs et aux lubrifiants, à la prophylaxie pré-exposition, à la thérapie antirétrovirale, aux hormonothérapies substitutives et aux services de santé mentale destinés aux personnes LGBTI.
  • Proposer des options souples pour fournir les services, depuis la délivrance d’ordonnances pour plusieurs mois de traitement jusqu’aux livraisons dans la communauté, les consultations en ligne et les services d'assistance.
  • Penser à désigner des organisations de services dirigées par la communauté en tant que prestataires essentielles, de sorte qu'elles puissent fournir en toute sécurité des services fondamentaux en sachant s’adapter.
  • Inclure les personnes LGBTI dans les programmes nationaux de protection sociale, y compris les aides liées à la perte de revenus.
  • Améliorer l’accès à un hébergement d’urgence adapté pour les personnes LGBTI sans domicile et récemment expulsées.
  • Impliquer les personnes LGBTI dans la planification de la santé publique et la communication concernant la COVID-19.
  • Mettre en place une surveillance de la sécurité et une protection contre le piratage informatique au cours des réunions en ligne.

Aujourd’hui plus que jamais, nous devons nous mobiliser et faire groupe pour protéger et promouvoir les droits humains et à la santé des personnes LGBTI du monde entier.

MPact

MPact Global Action for Gay Men’s Health and Rights a vu le jour en 2006 à l’initiative d’un groupe de militants préoccupés par les disparités liées au VIH ainsi que par la stigmatisation, la discrimination, les violences et la criminalisation dont sont victimes les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes dans toutes les régions du monde. MPact est aujourd’hui un réseau bien ancré au niveau international qui s’engage à lutter pour garantir un accès équitable aux services du VIH à tous les hommes gays tout en assurant la promotion des droits humains et du droit à la santé. L'organisation entretient des liens directs avec près de 150 organisations de la communauté dans 62 pays et des milliers d’autres utilisent ses différentes plateformes sur les réseaux sociaux pour alimenter leur lutte. MPact accomplit sa mission en : assurant une veille des gouvernements, des financeurs et autres décisionnaires ; renforçant les capacités des organisations de la communauté et les prestataires de santé ; apportant son soutien à la multiplication de réseaux dirigés par des hommes gays ; menant et mandatant des recherches ; et en facilitant l’échange d’informations entre les régions.

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MPact, Oakland, USA
Greg Tartaglione
gtartaglione@mpactglobal.org

Les droits humains aux temps de COVID-19

Ressources

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En Norvège, des organisations communautaires œuvrent en faveur de la santé, de la dignité et des droits

17 mars 2020

Aujourd’hui n’est pas un matin pas comme les autres pour Winnie Byanyima. La Directrice exécutive de l’ONUSIDA monte en effet dans le camping-car de l’hépatite à Oslo, en Norvège, afin d’en savoir plus sur le travail de ProLAR. Cette organisation d’aide aux toxicomanes fournit différents services, notamment un traitement de substitution aux opiacés, ainsi qu’un dépistage du VIH et de l’hépatite C. Elle milite également en faveur du changement de la législation sur les drogues, afin qu’elle soit étayée par des données probantes et implique les communautés touchées.

« Nous accueillons les toxicomanes au chaud dans un espace où ils et elles n’ont rien à craindre. Nous pouvons ainsi parler, mieux nous connaître, avant d’effectuer les tests nécessaires », explique Ronny Bjørnestad, directeur exécutif de ProLAR.

D’après l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, en 2019, la Norvège comptait près de 9 000 personnes consommant des drogues injectables, en particulier dans les deux plus grandes villes du pays, Oslo et Bergen. En 2015, le gouvernement norvégien avait dévoilé un plan d’action sur la toxicomanie et les addictions qui mettait l’accent sur la prévention, les interventions précoces, le traitement et la réinsertion des personnes consommant des drogues. En 2018, le Centre européen de contrôle des maladies a indiqué que seules six nouvelles infections au VIH avaient été identifiées parmi les personnes s’injectant des drogues en Norvège.

Dans la capitale norvégienne, Mme Byanyima a également visité Sjekkpunkt (Checkpoint) qui offre gratuitement et de manière anonyme aux gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes un service de dépistage du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles. Rolf Martin Angeltvedt, le directeur de l'organisation Helseutvalget qui chapeaute Sjekkpunkt, explique que « Sjekkpunkt ne refuse personne qui vient discuter et faire un test. Nous proposons un dépistage gratuit, anonyme et rapide. »

Au cours des dernières années, la tendance est fortement à la baisse pour ce qui est des nouvelles infections chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en Norvège. Dans ce pays, le mode de transmission du VIH le plus signalé en 2018 était la transmission hétérosexuelle.

Après avoir quitté Sjekkpunkt, Mme Byanyima a rencontré des représentants d’organisations de la société civile qui se consacrent aux problématiques des personnes vivant avec le VIH et touchées par le virus. Les discussions ont tourné autour du travail du sexe, du chemsex, du vieillissement des populations, des migrations, des jeunes et des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées.  En Norvège, les groupes issus de la société civile jouent un rôle essentiel dans la lutte contre l’épidémie de sida, car ils viennent renforcer les efforts de prévention, de traitement et de soins.

« Les réseaux et les organisations de personnes vivant avec ou touchées par le VIH qui aident celles dans la même situation ont une importance capitale. Plus que jamais, la société civile occupe une place primordiale pour lever les barrières de l'accès à la santé, à la dignité et à la jouissance des droits humains. Je vous encourage à construire des ponts avec des organisations de la société civile actives dans d’autres régions du monde. Nous devons travailler ensemble pour inverser la tendance actuelle inquiétante marquée par le recul des libertés et le manque de financement de la société civile, sinon nous n’atteindrons pas l’objectif de mettre un terme à l’épidémie de sida d’ici 2030 », conclut Mme Byanyima.

Region/country

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Apporter des services liés au VIH aux groupes marginalisés de Papouasie-Nouvelle-Guinée

11 mars 2020

On estime que 45 000 personnes environ vivent avec le VIH en Papouasie-Nouvelle-Guinée. La plupart d’entre elles appartiennent à des groupes marginalisés notamment les travailleuses du sexe ou d’autres femmes échangeant des faveurs sexuelles contre de l’argent, des biens et leur protection, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que les femmes transgenres. Toutefois, moins de la moitié des personnes appartenant à ces groupes vulnérables a déjà fait un test pour connaître son statut sérologique.

En novembre 2018, l’ONUSIDA, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ainsi que d’autres partenaires ont mis en place un nouveau programme de proximité dans la capitale, Port Moresby. L’objectif était de réduire l’impact du VIH parmi ces groupes en cartographiant l’épidémie et en élargissant la portée des services de prévention et de traitement du VIH. Dans le cadre de ce projet, plusieurs équipes de proximité ont été créées pour faire connaître ces services afin d’augmenter leur utilisation, mais aussi, le cas échéant, pour amener les personnes vers les services de prévention et de soin du VIH.

Entre le début du projet et avril 2019, ces équipes ont rencontré 5 000 personnes et testé 3 000 d’entre elles. Elles ont fourni des conseils et de l’aide afin que chaque personne comprenne le résultat de son test.

« J’aime me rendre dans des endroits où le test du VIH n’a jamais été proposé », explique un membre de l’une des équipes de proximité. « Ce qui me motive, c’est de rencontrer des jeunes filles et de les aider en m’assurant qu’elles prennent leurs médicaments. »

Les membres de ces équipes sont parfois la cible de harcèlement au cours de leur travail. Ils quittent alors leur uniforme officiel pour être en civil afin que leur interlocuteur se sente plus en confiance pour leur parler. Malgré cela, ils estiment que leur travail est extrêmement gratifiant.

« J’ai perdu des amis des suites du sida. Cela me motive à poursuivre dans cette voie », déclare un autre membre. « Je m’implique encore plus dans mon travail lorsque je vois que nous évitons de perdre quelqu’un d’autre à cause de cette maladie. »

Les groupes de proximité sont dirigés par des membres de groupes marginalisés, ce qui est essentiel pour gagner la confiance et la collaboration de la communauté. Par ailleurs, les responsables apportent des formations, de l’aide et des conseils au personnel travaillant quotidiennement sur le terrain afin que leur action soit le plus efficace possible.

Ce programme de proximité sauve des vies. Un autre membre sur le terrain se souvient avoir réussi à persuader une personne transgenre d’essayer un traitement suite à un test positif. 

« Il m’a dit que parce qu’il était transgenre, il ne voulait parler qu’à un ami, et quand il m’a vu, il a su que j’étais un ami. Plus tard, il est venu avec son compagnon pour qu’il se fasse lui aussi dépister. »

« Ce programme montre ce qui est de l’ordre du possible lorsque nous accordons notre confiance aux services et aux programmes du VIH dirigés par les communautés », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA, au cours d’une discussion avec le personnel de proximité organisée pendant sa visite en Papouasie-Nouvelle-Guinée avec la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed. « Ces groupes de proximités sont des héros qui sauvent des vies. »

Le programme de proximité est également rentable et on s’attend à ce qu’il fasse économiser des centaines de milliers de dollars au cours des deux prochaines années.

Mettre à jour

Supprimer les barrières à la PPrE

09 décembre 2019

La prophylaxie pré-exposition (PPrE) orale s’est montrée très efficace dans la réduction des nouvelles infections lorsqu’elle est proposée en tant qu’option supplémentaire de prévention du VIH chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, aux personnes transgenres et aux travailleur(se)s du sexe.

Cette méthode est à présent déployée en Afrique subsaharienne où elle s’adresse aux couples sérodifférents, ainsi qu’aux adolescentes et aux jeunes femmes qui sont exposées à un risque supérieur de contamination. Ce moyen de prévention est bien accepté lorsque des mesures sont prises pour lutter contre la stigmatisation et les idées préconçues dans les communautés, lorsque les femmes et les filles disposent d’informations précises et pertinentes sur la PPrE et lorsque cette solution est présentée comme une méthode de prévention autonomisante et un choix en faveur d’une vie épanouie.

Cependant, pour continuer à étendre l'accès à la PPrE dans le monde, les pays doivent se pencher sur les aspects réglementaires et sur les obstacles qui empêchent les personnes souhaitant l’utiliser de le faire

Feature Story

Hommage au leadership de Charlot Jeudy

03 décembre 2019

Charlot Jeudy, le président de Kouraj, l’association haïtienne des communautés lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT), a été retrouvé mort chez lui en novembre. L’enquête sur les circonstances de sa mort est en cours. M. Jeudy restera dans la mémoire de l’ONUSIDA sous les traits d’un militant courageux des droits de l’homme.

Suite au tremblement de terre dévastateur de 2010, la population haïtienne s’est efforcée de surmonter la destruction de foyers, d’entreprises et de services publics, mais aussi la perte de plus de 100 000 vies. Mais au milieu de cette expérience traumatisante et de la détermination partagées par tous, un discours malsain a commencé à se faire entendre.

Des gens se sont mis à porter la faute aux masisi, un terme injurieux en créole haïtien désignant les gays. Selon eux, cette catastrophe était une punition divine pour les péchés de la communauté LGBT. Pour les membres des minorités sexuelles et de genre, ce discours s’est traduit par un renforcement de l’exclusion et une multiplication des abus. Des organisations des droits de l’homme ont ainsi rapporté des cas où des personnes LGBT se sont vues refuser l’accès à des abris d’urgence, à de la nourriture, à des soins de santé et à du travail. Des agressions physiques et des viols homophobes ont également été signalés.

Plutôt que d’accepter la situation, Charlot Jeudy a décidé d’agir. Il a créé Kouraj qui signifie courage en créole haïtien. Dans le cadre de la lutte pour l’égalité de droits, Kouraj a mis l’accent sur l’importance de l’autonomisation de la communauté et a cherché à inspirer fierté et confiance aux personnes LGBT.

« Nous voulons proposer un discours alternatif sur l’homosexualité en Haïti, car depuis trop longtemps seuls les homophobes discutent de cette réalité et proposent leur interprétation », a déclaré M. Jeudy en 2011.

Au cours des huit années qui ont suivi, Kouraj s’est développée jusqu’à offrir à la communauté des formations, des services juridiques et psychosociaux, ainsi qu’une éducation à la santé sexuelle. L’association est devenue un acteur incontournable de la lutte contre les discriminations envers les personnes LGBT en Haïti et a joué un rôle essentiel contre l’entrée en vigueur de lois discriminatoires.

L’organisation porte bien son nom, car ses membres font face à des agressions verbales et à des menaces de mort. Il y a trois ans, elle a dû annuler un festival en l’honneur de la communauté LGBT afro-caribéenne suite aux nombreux appels à la violence. Selon ses amis, M. Jeudy faisait la sourde oreille lorsqu’ils l’imploraient de quitter le pays tant qu’il était encore temps. En réponse à une envolée signalée l’année dernière des violences dans l’espace public visant les personnes LGBT, il a travaillé avec les Nations Unies sur un projet visant à renforcer la tolérance et l’égalité des droits.

John Waters, responsable du programme de la coalition des communautés vulnérables caribéennes, a rendu hommage au rôle de pionnier de M. Jeudy.

« J’ai vu Charlot Jeudy passer du stade de jeune militant impatient et passionné à celui de leader stratégique réfléchi, capable d’utiliser les droits de l’homme non pas comme une épée, mais comme un bouclier », a-t-il dit. « Il a su se frayer un chemin dans le cœur et l’esprit de ses interlocuteurs pour en faire des alliés. La disparition de M. Jeudy crée un vide

gigantesque dans l’action en faveur des droits de l’homme dans les Caraïbes. Il a placé la barre très haut pour tous ceux qui reprendront le flambeau. »

M. Jeudy était également un représentant actif de la société civile au sein de l’entité de surveillance de la gestion de la riposte d’Haïti au VIH, à la tuberculose et au paludisme.

« Sous l’égide de Charles Jeudy, Kouraj était un partenaire modèle », a indiqué Fritz Moise, directeur exécutif de la Fondation pour la Santé Reproductive et l’Education Familiale. « Sa mort est une perte considérable pour la riposte au VIH en Haïti. »

L’ONUSIDA également a présenté ses condoléances et a rendu hommage au rôle exemplaire de M. Jeudy.

« Charlot Jeudy a montré comment les organisations communautaires peuvent se faire le relais des sans-voix et apporter des changements nécessaires dans la vie des gens », a déclaré Mame Awa Faye, directrice pays de l’ONUSIDA pour Haïti. « Cette année, pour la Journée mondiale de lutte contre le sida, nous avons mis à l’honneur le potentiel des organisations communautaires pour faire la différence. Et c’est exactement ce qu’a fait M. Jeudy. »

Mettre à jour

Plus de la moitié des nouvelles infections au VIH dans le monde ont touché les populations clés et leurs partenaires sexuels

05 novembre 2019

En 2018, la répartition mondiale des nouvelles infections au VIH a passé un cap. Les populations clés et leurs partenaires sexuels ont en effet représenté pour la première fois la majorité des cas.

Cette évolution est due aux progrès formidables réalisés dans des situations à forte prévalence du virus en Afrique orientale et australe, ainsi qu’à une situation plus contrastée dans les régions moins touchées.

Les populations clés forment une petite portion de la population totale, mais elles sont exposées à un risque extrêmement élevé d’infection. Les données disponibles indiquent qu’en 2018 le risque de contamination au VIH parmi les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes était 22 fois plus élevé que parmi l’ensemble de la population masculine adulte. Ce taux est le même pour les personnes s’injectant des drogues par rapport à celles ne le faisant pas. Par ailleurs, ce risque est respectivement 21 fois et 12 fois supérieur pour les professionnel(le)s du sexe et les femmes transgenres par rapport à la population adulte entre 15 et 49 ans.

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Ramener la prévention du VIH sur le devant de la scène lors la Marche des fiertés au Brésil

17 octobre 2019

En juin 2019, plus de 3 millions de personnes sont descendues dans les rues de São Paulo pour fêter ensemble la Marche des fiertés lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles (LGBTI), ainsi que le 50e anniversaire des émeutes de Stonewall qui ont marqué un tournant dans la lutte pour les droits LGBTI. Pour Almir Nascimento, chef d’entreprise gay, 2019 a été l’année de son retour dans l’organisation de cette manifestation après 20 ans d’absence.

Sa décision est la conséquence d’un constat alarmant : au Brésil, le nombre de nouvelles infections au VIH ne cesse d’augmenter chez les jeunes, en particulier les jeunes gays et les femmes transgenres. Pendant longtemps, M. Nascimento avait pourtant cru que la mobilisation des années 1990 et l’arrivée de la thérapie antirétrovirale suffiraient à mettre un terme à l’épidémie du VIH.

« L’épidémie avait atteint son point culminant lorsque j’ai participé pour la première fois à l’organisation de la Marche en 1999 et 2000. À l’époque, j’avais l’impression que nous avions fait des progrès majeurs et j’étais persuadé que cela suffirait pour arrêter le VIH », se souvient-il. « Mais, il y a quatre ou cinq ans, j’ai commencé à remarquer une recrudescence des nouvelles contaminations parmi les personnes gays, bisexuelles et transgenres et, pire encore, qu’elles décédaient très jeunes des suites du sida. Cette situation m’a poussé à revenir. J’ai aidé à l'organisation du défilé en mettant en place une discussion publique sur le VIH et le sida au sein de notre communauté. »

En 2018, 900 000 personnes environ vivaient avec le VIH au Brésil et les nouvelles infections avaient augmenté de plus de 20 % par rapport à 2010. La prévalence du VIH parmi la population adulte est estimée à 0,5 %, mais elle atteint 30 % environ chez les personnes transgenres et près de 18,3 % chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

M. Nascimento est le propriétaire d’un sauna gay à São Paulo. Il déclare qu’il s’efforce de s’assurer que ses clients savent se protéger correctement du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles. Il fait également équipe avec les services de santé de São Paulo, par exemple pour distribuer gratuitement des préservatifs. Plus récemment, une équipe de recherche dans le domaine de la santé a été invitée dans son sauna pour recruter des volontaires dans le cadre de projets pilotes sur la PPrE (prophylaxie pré-exposition), un comprimé qui empêche la contamination au VIH.

« Il est indéniable que les gays et les personnes transgenres sont les populations les plus touchées au Brésil. J’ai toutefois remarqué que les associations organisatrices de rassemblements lesbiens, gays, bisexuels et transgenres, dont la Marche de São Paulo, ne proposaient plus de programmes efficaces contre le VIH », explique-t-il. « C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’inviter des délégations des Prides organisées dans les 27 capitales fédérales du Brésil, ainsi que dans une douzaine des plus grandes villes de l’État de São Paulo. Nous estimons en effet que ces évènements rassemblent au total plus de 18 millions de personnes par an. »

Un tel public représente pour M. Nascimento non seulement une chance, mais aussi une responsabilité d’envoyer des messages de prévention du VIH et de non-discrimination à l’attention de la communauté LGBTI.

« Certaines équipes d'organisation de ces marches rechignent toujours à intégrer des discussions sur le sida à leur manifestation par peur de la stigmatisation et de la discrimination. Au contraire, ces évènements soudent tout le monde. Nous devons saisir l’opportunité de discuter ouvertement et d’informer les gens sur la prévention du VIH. Cela peut sauver des vies. »

Jouissant du soutien du bureau de l’ONUSIDA au Brésil et d’autres partenaires clés, M. Nascimento et la São Paulo LGBT Pride Parade Association organisent actuellement la troisième réunion de prévention et de santé destinée aux jeunes LGBTI. Elle se tiendra en novembre.

« Après notre première réunion en 2017 dédiée à la prévention du VIH parmi les jeunes lesbiennes, gays, bisexuel(le)s et transgenres, plus de 20 % des associations organisatrices d’une Marche participantes ont commencé à proposer des discussions similaires dans leur ville. Notre objectif est simple : que chaque responsable de défilé sache comment mener ce type de format, et que les associations organisent leurs propres réunions au cours de la semaine des fiertés et tout au long de l’année. »

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