Men who have sex with men

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Recul de la pénalisation des relations sexuelles entre personnes du même sexe

07 octobre 2019

Cinquante ans après les émeutes de Stonewall à New York qui ont marqué un tournant dans la lutte moderne en faveur des droits des communautés lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuelles, le nombre de personnes jouissant des droits défendus par les manifestants de Stonewall augmente. Le nombre d’êtres humains vivant dans des pays criminalisant les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe baisse continuellement depuis 1969.

En juin 2019, le Botswana est devenu le plus récent pays à dépénaliser les relations homosexuelles, mais l’Afrique reste le continent où vit près de la moitié de la population mondiale soumise à des lois contre les homosexuel(le)s. En 2018, la part de la population mondiale vivant dans un pays pénalisant les relations sexuelles entre personnes du même sexe a connu une forte baisse, passant de 40 % à 23 %. Ce recul est dû à la décision de la Cour suprême indienne de dépénaliser toute relation sexuelle entre adultes consentants. Il s’agissait de la plus forte diminution annuelle depuis 1997, lorsque la Chine a dépénalisé les relations sexuelles entre personnes du même sexe.

Les lois et réglementations défavorisant les populations clés augmentent la vulnérabilité au VIH de ces dernières. Il est ainsi vital de garantir le respect total des droits humains pour toutes les personnes indépendamment de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre. Cela passe par l’abrogation des lois qui interdisent les relations sexuelles en privé entre adultes consentants, l’adoption de lois les protégeant contre la violence et les discriminations, ainsi que la lutte contre l’homophobie et la transphobie.

67 pays et territoires au moins pénalisent toujours les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe, à travers le monde.

Feature Story

Mr Gay England met les stigmatisations liées au VIH sur le devant de la scène

06 septembre 2019

En devenant Mr Gay England 2018, Philip Dzwonkiewicz souhaitait utiliser sa visibilité pour parler du VIH. Après avoir lutté pendant des années pour assumer son statut sérologique, il a décidé de ne plus le cacher.

« Aujourd’hui, j’ai arrêté de vivre plusieurs vies en parallèle », a-t-il déclaré. « Mon statut sérologique n’est plus un secret, ce qui m’a enlevé un poids énorme des épaules. »

L’année suivante, il a également utilisé la compétition Mr Gay Europe 2018, où il a fini troisième, pour continuer d’attirer l’attention sur le VIH. « Je suis toujours surpris lorsque les gens me disent que je n’ai pas l’air d’avoir le VIH. Cela montre bien que les idées fausses ont la peau dure », continue-t-il.

Ce danseur et performeur londonien dans l’âme n’a pas hésité un instant pour être au cœur d’un documentaire. Le film Jus+ Like Me montre comment M. Dzwonkiewicz accepte son statut sérologique, ainsi que les répercussions sur ses relations avec ses partenaires et sa famille. Depuis son lancement, ce documentaire a remporté les European Cinematography Awards ainsi que le Queen Palm International Film Festival. Il a également atteint les demi-finales des London Independent Film Awards et des ARFF Berlin International Awards.

« Je suis sud-africain, donc le sida ne m’est pas inconnu, mais j’ai été surpris par le nombre de personnes qui sont sorties de l’ombre après avoir vu le film et ont raconté leur quotidien avec le VIH », raconte Tom Falck, le producteur exécutif du film. Il a senti que l’histoire de M. Dzwonkiewicz avait beaucoup de potentiel. En effet, l'une de ses relations s’est terminée parce qu’il n’avait pas dit qu’il avait le VIH. Tom Falck respecte cependant la décision prise par certaines personnes de ne pas révéler leur statut sérologique. « L’histoire de Phil est tellement inspirante et authentique. Beaucoup s’y retrouvent », explique-t-il.

Le film a reçu de manière générale un très bon accueil, mais les producteurs sont conscients que les stigmatisations sont toujours monnaie courante.   « Les messages de haine sur les réseaux sociaux confirment totalement que nous avons atteint notre objectif », continue-t-il. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’être spectateurs. Il est important de lutter ensemble contre les injustices et les discriminations. »

Dans le film, M. Dzwonkiewicz espère que le documentaire aidera quelqu’un « dans la même situation. » M. Falck et lui ainsi que le metteur en scène Samuel Douek ont lancé la campagne #JUSTLIKEME pour éviter que le sujet ne tombe aux oubliettes. Ils souhaitent ainsi encourager d’autres personnes à sortir de l’ombre pour partager leur histoire.

M. Dzwonkiewicz explique qu’il conseille depuis plusieurs années ses amis à titre privé, mais qu’il a rejoint aujourd’hui l’équipe de Positive East, une organisation non gouvernementale apportant des services d’assistance liés aux VIH, où il aide des gens dans sa situation. « Je veux apporter ma petite contribution et aider comme je peux celles et ceux qui en ont besoin », continue-t-il. Son travail auprès d’autres malades lui ouvre les yeux sur la situation dans d’autres communautés.

« Les personnes que je rencontre ont une autre origine sociale que moi, mais toutes leurs histoires se ressemblent », explique M. Dzwonkiewicz. Il est convaincu que les personnes concernées doivent s’entraider. Il se souvient comment 56 Dean Street, la principale clinique londonienne du National Health Service dédiée à la santé sexuelle, l’a accompagné à toutes les étapes, depuis le dépistage en passant par le traitement jusqu’à comprendre le concept « U = U » (untransmittable = undectectable, non transmissible = indétectable). À l’instar des personnes prenant quotidiennement des antirétroviraux, M. Dzwonkiewicz ne peut plus transmettre le VIH, car le virus est maintenant indétectable dans son sang.

« Ma qualité de vie s’est nettement améliorée depuis que j’apporte ici des conseils, de l’aide et un soutien psychologique », poursuit-il à propos de 56 Dean Street.

« Je ne suis pas mon statut sérologique », déclare-t-il. « Je suis comme tout le monde qui vit à 100 %. »

Jus+ Like Me

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Press Statement

L'ONUSIDA salue la décision de la Haute Cour du Botswana qui met un terme aux lois criminalisant et discriminant la population LGBT

GENÈVE, le 11 juin 2019— L'ONUSIDA applaudit la décision historique rendue par la Haute Cour du Botswana, qui a jugé que les dispositions fondamentales des articles 164 et 167 du Code pénal du Botswana vont à l'encontre de la Constitution. En criminalisant certains actes sexuels privés, ces dispositions ont favorisé la discrimination et les violences envers les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) du pays.

« Il s'agit d'une décision historique pour les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) au Botswana », a déclaré Gunilla Carlsson, Directrice exécutive adjointe de l'ONUSIDA. « La communauté LGBT retrouve ainsi vie privée, respect et dignité. C'est l'occasion de mettre en avant la fierté, la compassion et l'amour. Je remercie du fond du cœur les militants, les organisations issues de la société civile et les groupes issus des communautés qui ont déployé tellement d'efforts pour arriver à ce résultat. »

L'ONUSIDA travaille avec des groupes LGBT, des organisations issues de la société civile et d'autres partenaires afin de promouvoir l'adoption d'un cadre juridique plus favorable dans le pays. Ces dernières années, les tribunaux au Botswana ont défendu et plaidé pour les droits de l'homme des groupes marginalisés.

Criminaliser les relations sexuelles consenties entre deux personnes du même sexe est une violation de ces droits et encourage la stigmatisation, la discrimination et les violences à l'encontre de la communauté LGBT. La criminalisation empêche les personnes d'avoir accès à la prévention du VIH, aux tests et aux traitements ainsi que d'y avoir recours. Cela augmente leur risque d’infection à VIH.

À l'échelle mondiale, le risque d'infection à VIH est 28 fois plus élevé parmi les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes que parmi la population générale. Il est également 13 fois plus important pour les femmes transgenres. Un cadre juridique et légal prohibitif et un manque de services adaptés aux populations clés en font des cibles encore plus vulnérables pour le VIH. L'ONUSIDA enjoint les pays à garantir le respect total des droits de l'homme pour toutes les personnes indépendamment de leur orientation sexuelle. Cela passe par l'abrogation des lois qui interdisent les relations sexuelles en privé entre adultes consentants, l'adoption de lois les protégeant contre la violence et les discriminations, la lutte contre l'homophobie et la transphobie, ainsi que la mise à disposition de services de santé essentiels.

« J'espère que cette décision reflète une tendance mondiale de fond en faveur d'une approche plus humaine, empathique et basée sur la loi des relations entre personnes du même sexe . Elle doit encourager d'autres pays à mettre un terme à des lois injustes qui criminalisent les relations sexuelles entre personnes du même sexe et qui empêchent l'accès de ces personnes aux services essentiels, ce qui inclut les soins de santé », explique Mme Carlsson.

67 pays et territoires à travers le monde criminalisent toujours les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe.

Feature Story

En route vers l’égalité pour les personnes LGBTI en Inde

24 mai 2019

« Le travail ne fait que commencer. Nous avons beaucoup avancé, mais il reste encore beaucoup à faire ». Tel était le message d’Ajit Prakash Shah, qui avait annoncé la décision de la Haute Cour de Delhi en 2009, laquelle avait ouvert la voie à l’abrogation finale en 2018 de la section 377 du Code pénal indien, qui criminalisait les relations entre personnes de même sexe.

Aujourd’hui à la retraite, l’ancien Président de la Haute Cour de Delhi s’exprimait à l’occasion d’une réunion organisée les 15 et 16 mai par l’ONUSIDA et ses partenaires à New Delhi, en Inde, sur les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) en Inde.

« Notre objectif est de mobiliser et d’organiser la communauté pour que ses membres puissent être solidaires », a déclaré Bilali Camara, Directeur national de l’ONUSIDA en Inde.

Les intervenants ont indiqué que malgré les récentes décisions de justice, notamment l’abrogation de la section 377 et la décision rendue par la Cour Suprême d’Inde en 2014 sur les droits des personnes transgenres, la situation des personnes LGBTI en Inde n’a pas changé de manière radicale. Cependant, certains ont noté la perception d’une compréhension croissante de la part du grand public à propos des problèmes des personnes transgenres.

« La raison du pic de crimes commis à l’encontre des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes est imputable en partie à l’augmentation du nombre de cas qui sont signalés aujourd’hui, alors qu’ils ne l’étaient pas auparavant. L’Organisation nationale de contrôle du sida a travaillé avec ces communautés qui, à un moment de l’histoire, sont passées de l’autre côté de la loi. Elle a créé des modèles qui fonctionnent et sont reproduits dans toute l’Inde », a déclaré Shree Alok Saxena, Secrétaire commun de l’Organisation nationale de contrôle du sida.

Marietou Satin, Directrice adjointe d’USAID en Inde, a déclaré quant à elle : « Exclure un pan de la société, quel qu’il soit, est non seulement contraire à la morale, mais a aussi un impact sur le pays dans son entier. On refuse ainsi à beaucoup de gens le droit d’être des membres productifs de la société. En les incluant, on investit aussi dans l’économie du pays. Ces personnes ont le droit d’apporter leur contribution. Pour cela, elles doivent avoir accès à l’emploi et à la sécurité sur leur lieu de travail ».

Cette réunion a aussi vu la création d’un groupe de travail sur les personnes LGBTI, destiné à fournir des avis stratégiques à l’ONUSIDA et au Programme des Nations Unies pour le développement en Inde concernant les questions actuelles et émergentes autour des personnes LGBTI, ainsi que sur les politiques, les programmes et les services consacrés à ces questions.

Les participants ont pris note de la nécessité de mettre un terme à la discrimination, de sensibiliser les responsables politiques et les décideurs et de faire en sorte que la communauté LGBTI ait accès à tous les services, y compris en matière de santé, d’éducation et d’emploi.

Region/country

Press Statement

L’ONUSIDA regrette profondément la décision de la Haute Cour du Kenya de maintenir des lois qui criminalisent et créent de la discrimination à l’égard des personnes LGBT

 

GENÈVE, 24 mai 2019 — L’ONUSIDA déplore la décision prise par la Haute Cour du Kenya de maintenir les principales dispositions des sections 162 et 165 du Code pénal kenyan. Ces dispositions criminalisent certains actes sexuels privés et conduisent à la discrimination et la violence envers les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) au Kenya.

« La décision rendue aujourd’hui est une occasion ratée pour le Kenya de défendre les droits de l’homme et de rétablir le droit à la vie privée, le respect et la dignité des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) », a déclaré Gunilla Carlsson, Directrice exécutive de l’ONUSIDA par intérim. « Je partage la déception et la frustration ressenties par la communauté LGBT au Kenya et je souhaite les assurer de la poursuite du soutien de l’ONUSIDA pour obtenir la justice et l’égalité pour tous ».

L’ONUSIDA a œuvré en collaboration avec la Coalition nationale pour les droits des personnes gays et lesbiennes et d’autres groupes LGBT, ainsi qu’avec des organisations de la société civile et d’autres partenaires afin de promouvoir un environnement juridique propice au Kenya.

Certains signes laissent penser qu’il va être fait appel de cette décision.

La criminalisation des relations entre personnes consentantes de même sexe est une violation des droits de l’homme et légitime la stigmatisation, la discrimination et les actes de violence à l’encontre des personnes LGBT. Elle empêche ces personnes d’accéder et de recourir aux services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH et accroît leur risque de contracter le VIH.

« L’échec de la dépénalisation des relations entre personnes consentantes de même sexe va compromettre le but fixé par le Kenya de mettre en place une couverture santé universelle », a ajouté Mme Carlsson.

À l’échelle mondiale, le risque de contracter le VIH est 28 fois supérieur à celui de la population générale pour les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, et 13 fois supérieur pour les femmes transgenres. Des environnements juridiques et politiques prohibitifs et le manque de services adaptés aux populations clés accroissent leur vulnérabilité au VIH. L’ONUSIDA appelle les pays à garantir le respect des droits humains de tous les individus, quelle que soit leur orientation sexuelle, par le rejet des lois interdisant les relations sexuelles entre adultes consentants en privé, la mise en exécution de lois pour protéger ces personnes contre la violence et la discrimination, la lutte contre l’homophobie et la transphobie et la mise à disposition des services de santé les plus essentiels.

« Dans le monde entier, nous devons tendre vers une approche plus humaine, bienveillante et fondée sur les droits à l’égard des relations entre personnes de même sexe. Cette décision conforte des lois injustes qui criminalisent les relations entre personnes de même sexe et bloque l’accès de ces personnes à des services essentiels, notamment en matière de santé », a déclaré Mme Carlsson.

Feature Story

« Sois le changement » : faire entendre la voix des hommes professionnels du sexe au Malawi

27 mai 2019

« Si je veux voir un changement, je dois être ce changement », affirme Aniz Mitha, Directeur exécutif de Community Health Rights Advocacy (CHeRA), une organisation qui travaille avec les hommes professionnels du sexe au Malawi. Quand M. Mitha parle de changement, il le fait avec l’autorité calme et inflexible de quelqu’un qui sait bien de quoi il parle.

Issu d’une famille musulmane conservatrice du Malawi, M. Mitha a été chassé très jeune de son foyer, lorsque ses parents ont découvert qu’il était gay. N’ayant nulle part où aller et ne pouvant compter que sur lui-même, il est parti pour Johannesburg, en Afrique du Sud, où il a passé de nombreuses années comme professionnel du sexe. « Mon but était de survivre, je ne pensais pas à ma santé », explique-t-il.

Quand il est tombé malade, il a passé un test de dépistage du VIH, et il a appris qu’il vivait avec le virus. Immigrant en situation irrégulière, il n’a pas pu accéder aux services de santé en Afrique du Sud. Il est alors rentré au Malawi, où il a entamé un traitement anti-VIH et créé CHeRA. « Je me suis dit : comment aider les autres à ne pas vivre la même expérience que moi ? », raconte-t-il.

CHeRA a pour mission de sensibiliser et de renforcer les capacités des hommes professionnels du sexe en matière de prévention et de traitement du VIH, de santé et de droits sexuels et reproductifs, d’autonomisation économique, de soutien psychosocial et d’accès à la justice. Grâce à un accord de financement avec l’ONUSIDA, l’organisation est intervenue récemment auprès de plus de 250 professionnels du sexe dans trois districts prioritaires du Malawi, avec la distribution de plus de 30 000 préservatifs et de lubrifiant, et l’orientation de six professionnels du sexe vivant avec le VIH vers des services de soins et de traitement. Dans le cadre d’un autre programme financé par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l’organisation a formé 50 pairs-éducateurs et distribué plus de 6 000 préservatifs et du lubrifiant adapté à l’usage du préservatif.

M. Mitha évoque avec passion les nombreux problèmes rencontrés par les hommes professionnels du sexe, des problèmes auxquels il a lui-même été confronté. « Au Malawi, le commerce du sexe n’est pas reconnu comme un vrai métier, et il n’y a donc pas de loi pour protéger les professionnel(le)s du sexe. De plus, la plupart de nos professionnels du sexe sont des hommes gays ou ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, ce qui fait qu’ils vivent dans la crainte de se faire arrêter car l’homosexualité est illégale au Malawi », raconte-t-il.

Selon lui, la stigmatisation et la discrimination sont institutionnelles. « Les hommes professionnels du sexe ne sont pas reconnus comme une population clé dans la riposte au VIH au Malawi, et nous ne faisons donc pas partie des priorités dans les plans du gouvernement. De plus, les attitudes négatives des professionnels de santé nous éloignent des soins ».

M. Mitha ajoute : « Admettons que je me fasse agresser ou frapper et que j’aille au commissariat. On me posera des questions du genre « pourquoi êtes-vous habillé comme ça » ou « pourquoi parlez-vous comme ça ». C’est ça, l’institutionnalisation des abus. Elle nous met à l’écart, et dans le domaine de la santé, c’est ce qui fait que nous allons dans des cliniques privées, où il faut payer, même si nous n’avons pas d’argent ».

CHeRA est aujourd’hui enregistrée en tant qu’organisation non gouvernementale. Bien qu’elle ait été créée en 2016, elle n’a été inscrite qu’en 2017, après que l’ONUSIDA a joué un rôle essentiel dans la modification des dispositions de la Loi de 2018 sur le contrôle et la gestion du VIH et du sida au Malawi, qui criminalisaient ou établissaient une discrimination à l’encontre de certains groupes, notamment les professionnel(le)s du sexe. Cette inscription a ouvert la voie à l’enregistrement d’autres organisations de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes et de professionnel(le)s du sexe.

Comme c’est le cas de nombreuses personnes qui se mettent au service des autres, son travail a fini par déborder sur sa vie privée. Sachant ce que l’on ressent quand votre propre famille vous renie, M. Mitha offre un toit à des personnes qui n’ont nulle part où aller, et qui restent chez lui aussi longtemps que nécessaire jusqu’à ce qu’elles puissent se prendre en charge.

À travers son travail et sa vie, il a développé un sens inébranlable de lui-même, de la famille et de la communauté. « Je vis ouvertement avec le VIH et en tant que personne gay ; je suis un exemple à suivre pour beaucoup. Ils voient que c’est possible. Je constate qu’il y a beaucoup plus de personnes comme moi qui cessent de se cacher et vivent ouvertement leur homosexualité et leur séropositivité au VIH », affirme-t-il.

M. Mitha souhaite que CHeRA devienne une organisation qui défende fermement un accès équitable aux soins pour les hommes professionnels du sexe.

« Nous avons besoin d’un soutien financier accru pour développer notre action », ajoute-t-il. « Nous fournissons l’accès à l’information et aux services de prévention du VIH à une population laissée pour compte. C’est ce qui fait la différence. Quand on travaille en tant qu’organisation communautaire, ce qui touche ma communauté me touche également », conclut-il.

Press Statement

L’ONUSIDA appelle les pays à abroger les lois discriminatoires et à adopter des lois qui protègent les individus contre la discrimination

Les lois discriminatoires plongent les populations clés dans la clandestinité, hors de portée des services sanitaires et sociaux essentiels.

GENÈVE, 16 mai 2019 — À l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie (IDAHOT) qui a lieu le 17 mai, l’ONUSIDA lance un appel à tous les pays pour qu’ils abrogent les lois discriminatoires à l’encontre des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI).

La stigmatisation envers les populations clés (hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, professionnel(le)s du sexe, personnes transgenres, consommateurs de drogues injectables, détenus et autres personnes incarcérées) est renforcée par la législation pénale, qui alimente à son tour la violence, l’exploitation et le climat de peur, compromettant ainsi les efforts pour rendre les services anti-VIH accessibles à ceux qui en ont besoin.

« Nous avons tous l’obligation morale et légale d’abroger les lois discriminatoires et d’adopter des lois qui protègent les individus contre la discrimination », a déclaré Gunilla Carlsson, Directrice exécutive de l’ONUSIDA par intérim. « Pour pouvoir en finir avec l’épidémie de sida, nous allons avoir besoin de protection contre la violence, de justice et d’égalité pour tous. »

Plus de 65 pays pénalisent les relations entre personnes de même sexe, dont huit qui imposent la peine de mort. À l’échelle mondiale, les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes sont environ 28 fois plus susceptibles de contracter le VIH que la population générale, et beaucoup moins enclins à recourir aux services anti-VIH. En 2017, les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont représenté 18 % des nouvelles infections à VIH dans le monde.

« Il est absolument capital de créer un monde dans lequel toutes les personnes pourront accéder aux services sociaux et de santé dont elles ont besoin, à l’abri de toute menace de violence et de discrimination. La couverture santé universelle doit atteindre tout le monde : les minorités sexuelles et de genre ont le même droit à la santé que n’importe qui d’autre », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé.

Les personnes transgenres, dont on estime qu’elles représentent 0,1 à 1,1 % de la population mondiale, sont souvent confrontées à la stigmatisation, à la discrimination et au rejet social dans leurs foyers et leurs communautés. Discrimination, violence et criminalisation sont autant de raisons qui empêchent les personnes transgenres d’accéder aux services anti-VIH dont elles ont besoin pour rester en bonne santé. On estime que les femmes transgenres sont 13 fois plus susceptibles de contracter le VIH que les autres adultes en âge de procréer et que 16,5 % des femmes transgenres vivent avec le VIH.

« La justice et la protection pour tous sont des éléments fondamentaux pour avancer sur l’Agenda 2030 pour le développement durable et les Objectifs de développement durable. Adopter et faire appliquer des lois et des politiques non discriminatoires, abroger les lois répressives et assurer l’accès à la justice pour tous sont autant de mesures essentielles à prendre pour respecter l’engagement de ne laisser personne pour compte », a déclaré Achim Steiner, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement.

L’ONUSIDA rejoint le Secrétaire général des Nations Unies et le Haut-Commissaire aux droits de l’homme dans cet appel pour la fin de la criminalisation des personnes LGBTI, leur protection contre la violence et la discrimination et leur total accès aux services de santé et autres services sociaux.

L’IDAHOT, journée hommage à la diversité sexuelle et de genre dans le monde entier, est célébrée chaque année le 17 mai.

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L’ONUSIDA et la Fondation LGBT lancent une étude inédite sur le bonheur, le sexe et la qualité de vie chez les personnes LGBTI

Une nouvelle étude mondiale vise à combler les lacunes en matière de données relatives au bien-être mental des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI), dans le but de créer de meilleures conditions et d’améliorer leur santé.

GENÈVE, 14 mai 2019 — L’ONUSIDA et la Fondation LGBT ont lancé une enquête en ligne visant à évaluer le bonheur, l’épanouissement sexuel et la qualité de vie des personnes LGBTI. Cette enquête, la première du genre, s’inscrit dans le cadre d’une campagne qui a pour but de collecter davantage d’informations et de renseignements sur les problèmes rencontrés par les personnes LGBTI. Les données ainsi recueillies permettront de faire entendre les préoccupations et de plaider pour une amélioration des conditions et du traitement des personnes LGBTI, notamment en leur assurant l’accès à des services sociaux et de santé inclusifs.

« De nombreuses personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) sont confrontées à la stigmatisation et à la discrimination au quotidien dans l’éducation, au travail, dans les établissements de santé et dans les services sociaux. Nous voulons comprendre de quelle manière cette situation influe sur leur bien-être, notamment mental, mais aussi leurs réactions et leurs moyens de résilience », a déclaré Gunilla Carlsson, Directrice exécutive adjointe par intérim de l’ONUSIDA. « En examinant en profondeur comment les variables économiques, socioécologiques, homophobes et autres influent sur la vie des personnes LGBTI, nous pourrons plaider avec plus de force pour un changement intelligent afin d’améliorer leur vie ».

Les personnes LGBTI doivent lutter contre la stigmatisation et la discrimination et sont souvent confrontées à un manque d’opportunités économiques et d’accès aux prestations sociales et de santé. Elles sont aussi exposées à un risque bien plus élevé d’infection à VIH. Les estimations montrent que le risque de contracter le VIH est 27 fois plus élevé chez les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, et 13 fois plus élevé chez les personnes transgenres ; pourtant, des études montrent aussi que beaucoup d’hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et de personnes transgenres évitent de s’adresser aux services de santé par crainte de la stigmatisation et de la discrimination.

Bien qu’il existe des études qui évaluent le bien-être des personnes LGBTI en mesurant les niveaux de violence, le statut juridique et la santé (souvent au moyen du risque de VIH et de séropositivité au VIH), peu d’entre elles se penchent sur le bien-être mental des personnes LGBTI, qui est essentiel pour garantir leur accès général à la santé et aux opportunités économiques.

Les données font aussi défaut en ce qui concerne les personnes LGBTI en Afrique, en Asie et en Amérique latine, que l’enquête en question espère toucher. Disponible dans plus de 17 langues, l’enquête a été diffusée par l’intermédiaire des réseaux sociaux auprès de plus de 25 millions de personnes dans le monde entier, et se poursuivra jusqu’à fin juillet 2019.

« Nous voulons faire des progrès en matière de bien-être des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI). Nous voulons agir maintenant et cette enquête va y contribuer. C’est une grande initiative, dans laquelle les personnes LGBTI pourront s’exprimer en toute confidentialité et permettront de créer une base de connaissances pour leur donner des moyens, défendre leur cause et sensibiliser le grand public, dans le but ultime d’éliminer la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des personnes LGBTI. Ce sera d’une grande aide pour la communauté », a déclaré Sean Howell, Directeur général de la Fondation LGBT.

L’enquête a été élaborée en collaboration avec l’Université d’Aix-Marseille et l’Université du Minnesota, et elle a été conçue en collaboration avec des représentants de la communauté LGBTI, y compris des personnes vivant avec le VIH. Afin de garantir le plus haut niveau de confidentialité et de protection des données personnelles, l’enquête est conforme au règlement général sur la protection des données (RGPD européen).

En vue de garantir et de préserver l’anonymat, l’accès est ouvert au moyen d’un lien web sécurisé, qui établit une liaison cryptée entre un serveur web et un navigateur. Le protocole de recherche pour cette enquête a été approuvé par le Comité d’éthique de l’Université d’Aix-Marseille et par la Commission d’éthique de l’Organisation mondiale de la Santé.

L’enquête est ouverte à la participation jusqu’au 31 juillet 2019 et il faut compter environ 12 minutes pour y répondre.

Pour participer à cette étude inédite, cliquer sur le lien suivant : https://www.research.net/r/LGBTHappinessResearch.

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L’ONUSIDA se félicite de nouvelles données probantes montrant qu’un traitement antirétroviral efficace permet de stopper la transmission du VIH

Les résultats d’une étude européenne à grande échelle menée auprès de couples gays sérodifférents montrent que l’observance d’un traitement efficace empêche la transmission du VIH.

GENÈVE, 3 mai 2019 – L’ONUSIDA se félicite des résultats de l’étude PARTNER2, qui montrent que la transmission du VIH est évitée lorsqu’une personne vivant avec le VIH se trouve sous traitement antirétroviral efficace. Cette étude, à laquelle ont participé près de 1 000 couples gays dans lesquels l’un des partenaires vivait avec le VIH et pas l’autre, a montré que si la personne vivant avec le VIH prenait un traitement antirétroviral efficace et présentait une charge virale indétectable, il n’y avait pas de transmission du VIH au sein du couple. 

« C’est une excellente nouvelle. Les personnes vivant avec le VIH ont désormais la confirmation qu’à condition de prendre leur traitement régulièrement et d’avoir une charge virale indétectable, elles ne seront pas contagieuses », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « Il s’agit d’un message fort et positif qui va permettre de réduire la stigmatisation autour du VIH et d’améliorer l’estime de soi et la confiance en soi chez les personnes vivant avec le VIH ».

À la fin de cette étude qui a duré huit ans, on a dénombré 15 personnes infectées par le VIH. Une analyse du virus a montré qu’aucune de ces nouvelles infections n’était liée au partenaire séropositif au VIH du couple concerné par l’étude, mais provenait d’un partenaire sexuel extérieur au couple. Les chercheurs ont estimé que dans le cadre de l’étude, qui s’est déroulée dans 14 pays européens, près de 472 transmissions du VIH ont été évitées au cours de ces huit années.

L’ONUSIDA espère que ces résultats vont encourager davantage de personnes à se faire dépister le plus tôt possible et à prendre un traitement efficace. Ces dernières années, on a observé une forte expansion dans le déploiement et le recours au traitement antirétroviral. En 2017, sur les 36,9 millions de personnes vivant avec le VIH, 59 % (21,7 millions) ont eu accès au traitement et 47 % ont vu leur charge virale devenir indétectable. Des efforts concertés sont nécessaires pour faire en sorte que toutes les personnes vivant avec le VIH aient accès à un traitement antirétroviral efficace et l’observent correctement.

La majeure partie des transmissions du VIH continue d’avoir lieu avant que les personnes ne prennent connaissance de leur état sérologique. Le risque de transmission du VIH est au maximum durant les semaines et les mois suivant immédiatement l’infection, lorsque la charge virale est élevée et que la personne qui a contracté le virus est peu susceptible de connaître son état sérologique, n’est pas sous traitement et ne présente pas une charge virale indétectable. Cela démontre l’importance critique de poursuivre les efforts de prévention du VIH, y compris l’emploi du préservatif et la prophylaxie pré-exposition, c’est-à-dire la prise de médicaments par une personne séronégative au VIH afin de prévenir l’infection à VIH.

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Feature Story

Le Burkina Faso à la tête d’un projet pilote sur la PrEP

08 avril 2019

Depuis quatre mois, Benjamin Sana se rend régulièrement à la Clinique de l’Oasis à Ouagadougou, au Burkina Faso, pour y consulter un médecin qui lui fait un bilan complet.

Le médecin vérifie également si M. Sana a des questions concernant son traitement de prophylaxie pré-exposition (PrEP) et des pairs-éducateurs, spécialement formés, sont à sa disposition pour assurer un accompagnement psycho-social plus personnel.  La PrEP est destinée aux personnes séronégatives au VIH, mais exposées à un fort risque d’infection, et ce traitement s’est révélé très efficace pour protéger les personnes contre le VIH.

« Deux plus un, plus un », répond M. Sana, interrogé sur le moment où il doit prendre ses comprimés : deux comprimés avant un rapport sexuel, puis un le lendemain et à nouveau un le jour suivant, ou un par jour jusqu’à son dernier rapport sexuel. Une fois son bilan médical achevé, cet homme gay de 34 ans déclare : « La PrEP me protège et je me sens rassuré ». Il utilise toujours des préservatifs et du lubrifiant, mais quand il ne le fait pas, il dit se sentir plus en sécurité.



M. Sana est l’un des 100 hommes qui participent au projet pilote de PrEP auprès de la Clinique de l’Oasis, gérée par l’Association African Solidarité (AAS). Des établissements de santé communautaire de Côte d’Ivoire (Espace Confiance), du Mali (Arcad-Sida) et du Togo (Espoir de Vie) participent également à ce projet pilote, en cours depuis 2017.

Camille Rajaonarivelo, médecin de l’AAS, explique que la PrEP fait partie d’une approche de prévention combinée qui inclut aussi la paire éducation. Selon elle, le projet va servir à mesurer l’observance du traitement et à vérifier si les participants prennent correctement la PrEP.

« Le but final de ce projet pilote est d’élargir et de déployer la PrEP à l’échelle nationale une fois que les autorités auront donné le feu vert », indique-t-elle. 

L’étude vise à évaluer l'acceptabilité de la PrEP par les HSH et son accessibilité dans un contexte ouest-africain.  Financé par l’Agence publique française de recherches sur le sida (ANRS) et l'Initiative 5% d'Expertise France, le projet est coordonné par trois instituts de recherche (IRD, l'INSERM, et l'Institut de Médecine Tropicale d'Anvers) en partenariat avec Coalition PLUS. Cette étude permettra d’obtenir des données et de vérifier si le traitement fait reculer le nombre de nouvelles infections à VIH chez les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

Le Burkina Faso ne pénalise pas l’homosexualité, mais la stigmatisation à son encontre est élevée. En conséquence, les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes cachent souvent leur sexualité et ont tendance à éviter les services de santé. Au Burkina Faso, la prévalence du VIH est de 1,9 % chez les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, soit plus du double du taux au sein de la population générale.

Les premiers résultats définitifs du projet pilote sur la PrEP à Ouagadougou devraient être disponibles en 2020. M. Sana raconte que beaucoup de ses amis ont montré un intérêt pour la PrEP. « Comme le nombre de participants au projet pilote est limité, beaucoup de gens ont été refusés », explique-t-il.

Il pense que la PrEP va sauver des vies, en particulier chez les hommes jeunes. « De nos jours, les jeunes hommes prennent beaucoup de risques et ils ne se protègent pas », ajoute M. Sana. Mme Rajaonarivelo approuve et ajoute que cela s’applique aussi bien aux jeunes hommes qu’aux jeunes femmes. « Je suis stupéfaite du nombre de nouveaux cas de VIH que j’observe chaque semaine », déclare-t-elle. « Il faut renforcer à nouveau la prévention et la sensibilisation au VIH ».

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