Men who have sex with men

Feature Story

Ils ne me jugent pas, alors pourquoi je les jugerais ?

28 février 2019

« J’ai de la chance », déclare Charles Somé. Ce défenseur des droits de l’homme hyperactif originaire du Burkina Faso se souvient d’être allé à une session de formation et avoir blâmé quelques hommes présents à propos de leur orientation sexuelle. « J’avais des préjugés et je leur ai demandé « Vous ne voulez donc pas vous marier, avoir des enfants» ? », raconte-t-il. Un jeune homme s’ouvre alors à lui et, au bout de plusieurs jours de franche discussion, M. Somé voit son opinion changer radicalement.

« J’ai réalisé que si je n’étais pas jugé, je n’avais pas à juger les autres », explique M. Somé, responsable du plaidoyer à REVS PLUS/Coalition PLUS. Depuis, lorsqu’il s’exprime pour défendre les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, il utilise le mot « nous ».

L’homosexualité n’est pas illégale au Burkina Faso, mais la stigmatisation et la discrimination restent très fortes. Beaucoup d’hommes se marient et cachent leur double vie. Des groupes de soutien aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres se sont formés, mais la discrétion reste fondamentale.

« Je suis obligé de me cacher car je ne suis pas accepté », explique Rachid Hilaire (son nom a été changé). Il a rejoint un groupe de parole informel dans sa ville natale, Bobo-Dioulasso, au sein duquel des jeunes hommes parlent ensemble de relations, de sexe, du VIH et d’autres sujets. « J’ai eu beaucoup de doutes sur moi-même, mais lorsque j’ai eu davantage confiance en moi, je me suis dit que je pouvais aider les autres », explique-t-il. À l’extérieur de la salle de réunion de REVS PLUS, il plaisante avec M. Somé en lui disant qu’il garde un œil sur lui. M. Hilaire est l’un des 50 pairs-éducateurs de REVS PLUS qui animent des discussions informelles comme celle à laquelle il a assisté, conçues pour les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Après sa formation, avec un autre pair-éducateur, il s’est mis à organiser des dialogues ouverts avec les hommes.

Selon M. Hilaire, le plus gros défi reste d’éduquer le grand public, ainsi que les responsables politiques et religieux. « J’en veux à nos aînés pour leur manque de sensibilisation », explique-t-il. « Tout le monde mérite d’être libre et j’ai envie d’avoir cette sensation de liberté », ajoute-t-il. 

Yacuba Kientega (son nom a été changé) a fui son foyer à Bobo-Dioulasso pour aller s’installer à Ouagadougou quand sa famille a découvert qu’il avait des relations avec des hommes. « Je suis finalement revenu pour suivre mes études à Bobo-Dioulasso, mais j’habite dans un autre quartier », explique-t-il. D’après lui, la situation s’est améliorée pour les hommes gays, mais il ne va pas abandonner la lutte pour autant.

En tant que lobbyiste pour un réseau regroupant plusieurs organisations de lutte contre le VIH, le combat de M. Somé pour les droits des individus ne s’arrête jamais.

« Je fais de mon mieux pour que les communautés sous-représentées soient entendues par le gouvernement et les parlementaires », explique-t-il. Il estime que les groupes de soutien et l’éducation par les pairs ont permis d’atteindre les populations clés, comme les consommateurs de drogues injectables, les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les professionnel(le)s du sexe. « Nous avons observé une hausse de la fréquentation des services de santé en ciblant certaines communautés et j’espère que cette tendance se maintiendra », déclare M. Somé. « Pour en finir avec le sida, il va falloir s’attaquer vraiment à la stigmatisation et insister sur la prévention », ajoute-t-il.

Le Directeur national de l’ONUSIDA au Burkina Faso, Job Sagbohan, ne peut qu’approuver. « La riposte au VIH doit suivre l’évolution de l’épidémie », déclare-t-il. « À une époque, il a fallu sauver des vies et nous avons réussi en nous concentrant sur le traitement pour tous », explique-t-il. « Pour en finir avec le VIH comme menace de santé publique, nous devons cibler la prévention et la sensibilisation. C’est la seule façon de maintenir notre progression et d’en finir avec le sida ».

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République démocratique populaire lao : le dépistage salivaire du VIH pour les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

17 janvier 2019

Au Laos, un tiers seulement des hommes gays et des autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes connaissent leur état sérologique vis-à-vis du VIH, notamment en raison de la stigmatisation et de la discrimination, qui restent un obstacle à l’accès au dépistage du VIH dans les hôpitaux publics et les dispensaires. Des protocoles complexes, les inégalités de traitement et parfois les préjugés des prestataires de santé, ainsi que l’absence de confidentialité des résultats du dépistage ont également un impact sur le dépistage du VIH.

« Beaucoup de nos amis ont peur de passer un test de dépistage du VIH parce qu’ils pensent que les différentes étapes de dépistage sont compliquées et souvent désagréables », explique Phoulikhan Siphabouddy, militant communautaire de LaoPHA, une organisation non gouvernementale laotienne.

Afin d’y remédier, USAID a apporté son soutien au gouvernement et à LaoPHA pour l’organisation d’une campagne de dépistage salivaire menée dans trois provinces.

La plupart des gens croient qu’une prise de sang est nécessaire pour le dépistage. Mais le dépistage salivaire permet de détecter les anticorps du VIH, pas le virus lui-même. Le test consiste à effectuer un frottis à l’aide d’un bâtonnet au niveau des gencives supérieures et inférieures de la personne, puis le bâtonnet est placé à l’intérieur d’une éprouvette contenant un réactif. Le résultat est connu en 20 minutes.

Des membres de la communauté, les pairs-éducateurs, forment des bénévoles pour le dépistage salivaire. Ce dépistage est rapide, facile et peut être effectué n’importe où.

Selon le Ministère de la Santé, près de 82 % des personnes concernées par cette campagne ont accepté de passer un test de dépistage du VIH au moyen d’un test salivaire, contre seulement 17 % des personnes redirigées vers les dispensaires.

« Cette nouvelle approche a permis de dépasser les objectifs de dépistage du VIH au Laos de plus de 200 %, un chiffre spectaculaire », indique Bounpheng Philavong, Directeur du Centre laotien pour le VIH/sida et les IST.

Tout comme LaoPHA, il est convaincu que les services gérés par les communautés créent un environnement favorable aux populations clés pour accéder à des services anti-VIH à l’abri de toute discrimination. Les mises en relation avec les services de soins et d’appui aux personnes vivant avec le VIH se sont également améliorées pour les personnes diagnostiquées séropositives, et ce sont les mêmes bénévoles communautaires qui aident et redirigent les personnes vers des dispensaires de confiance.

Press Statement

L’ONUSIDA salue une décision courageuse de la Cour suprême indienne qui abolit les lois criminalisant les personnes LGBTI

GENÈVE, 6 septembre 2018 — L’ONUSIDA salue la décision de la Cour suprême indienne qui vient annuler des dispositions importantes de l’article 377 du Code pénal indien. L’article 377 criminalise les relations sexuelles entre les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI).

« Ce jour est un jour de fierté pour les gays, un jour de fête, le jour où le respect et la dignité des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes ont enfin été rétablis en Inde », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « Je félicite les courageux activistes, les organisations de la société civile et les groupes communautaires qui ont bataillé longuement et durement pour que cette injustice cesse ».

La criminalisation des relations entre adultes consentants de même sexe est une violation des droits de l’homme et légitime les préjugés et les actes de violence à l’encontre des personnes LGBTI. Elle empêche ces personnes d’accéder et de recourir aux services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH et accroît leur risque de contracter le VIH.

En Inde, chez les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, la prévalence du VIH est de 2,7 %, et chez les personnes transgenres, elle s’élève à 3,1 %, contre seulement 0,26 % pour la prévalence du VIH dans l’ensemble de la population adulte à l’échelle nationale. Environ trois hommes gays sur dix et quatre personnes transgenres sur dix qui vivent avec le VIH en Inde ne connaissent pas leur état sérologique vis-à-vis du virus. De nombreuses personnes LGBTI vivant avec le VIH n’ont pas accès au traitement.

Dans le monde, les hommes gays représentent 18 % de toutes les nouvelles infections à VIH. L'ONUSIDA appelle les pays à garantir le respect des droits humains de tous les individus, quelle que soit leur orientation sexuelle, par le rejet des lois interdisant les relations sexuelles entre adultes consentants dans le privé, la mise en exécution de lois pour protéger ces personnes contre la violence et la discrimination, la lutte contre l’homophobie et la transphobie et la mise à disposition des services de santé les plus essentiels.

« J’espère que cette décision va ouvrir la voie à des décisions analogues dans d’autres pays pour abroger les lois injustes qui criminalisent l’homosexualité », a déclaré M. Sidibé.

En juin 2016, les États membres des Nations Unies s’étaient engagés, dans la Déclaration politique sur la fin du sida, à promouvoir des lois et des politiques garantissant l’exercice de tous les droits humains et libertés fondamentales pour les enfants, les adolescents et les jeunes, en particulier ceux qui vivent avec le VIH, qui sont exposés au risque ou qui sont touchés par le virus, de manière à éliminer la stigmatisation et la discrimination auxquelles ils sont confrontés.

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Pour la communauté LGBTI, l’intelligence artificielle n’est pas forcément bénéfique

21 mai 2018

L’un des événements médiatiques les plus suivis de l’année a laissé Cynthia Weber plutôt sceptique : l’utilisation par Sky News de l’intelligence artificielle (IA) lors du mariage du Prince Harry et de Meghan Markle est-elle une bonne chose ?

Pour la première fois de l’histoire, une chaîne d’information a eu recours à une technologie de reconnaissance faciale par IA lors d’une diffusion en direct. Professeure en relations internationales et études sur le genre à l’Université du Sussex, Cynthia explique que l’emploi d’un logiciel pour nommer les invités au mariage représente certes un « truc » plutôt habile, mais ses implications soulèvent quelques inquiétudes.

« Certains prétendent que cette technologie est capable de déterminer l’orientation sexuelle d’une personne », a déclaré Cynthia dans son intervention lors d’un événement organisé à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie au siège de l’ONUSIDA à Genève.

Elle faisait référence à une étude de l’Université de Stanford qui a analysé plus de 35 000 images sur un site de rencontre en ligne américain, représentant des individus de race blanche valides âgés de 18 à 40 ans, dans laquelle les chercheurs ont procédé à une comparaison entre les orientations sexuelles générées par IA pour ces individus et celles qu’ils ont trouvées dans leurs profils. L’étude fait valoir que la technologie de reconnaissance faciale par IA permettrait de déterminer l’orientation sexuelle d’une personne avec une précision jusqu’à 30 % supérieure à ce que les gens peuvent faire.

Cynthia ajoute que les organisations de défense LGBTI ont qualifié cette étude de « science au rabais », car elle s’appuie sur un échantillon déséquilibré en termes de race et d’âge et met sur le même plan orientation sexuelle et activité sexuelle. « Le résultat, c’est que l’algorithme d’intelligence artificielle de l’étude trouve uniquement ce pourquoi il a été programmé : des stéréotypes sur les personnes hétérosexuelles, les gays et les lesbiennes », conclut Cynthia.

Cynthia estime que les connaissances en IA sont évidemment susceptibles de créer des opportunités dans de nombreux domaines, mais elle perçoit beaucoup plus de risques et de dangers que d’avantages pour les personnes LGBTI.

Quand l’IA rencontre la technologie de reconnaissance faciale et un algorithme d’orientation sexuelle, ce sont au moins quatre problèmes qui apparaissent. À commencer par la vie privée. En droit national et international, le visage d’une personne n’est pas protégé par les lois sur la protection de la vie privée. Les visages peuvent donc être scannés et examinés par n’importe qui, du gouvernement à la chaîne Sky News.

Ensuite, la précision. « En dehors du mariage royal, dans le monde réel, la technologie de reconnaissance faciale par intelligence artificielle est loin d’être parfaite, même lorsqu’elle se contente d’essayer de faire correspondre des noms et des visages, et encore moins lorsqu’elle tente de trouver une correspondance entre un visage et une orientation sexuelle présumée », explique Cynthia.

Pour Cynthia, l’élément clé, c’est la connaissance. Comment un algorithme d’orientation sexuelle peut-il connaître la sexualité d’un individu mieux que la personne concernée ? Cynthia estime que l’approche binaire d’un code et de données informatisées n’est pas compatible avec le vaste spectre en matière de genre et de sexualité.

Enfin, ce qui inquiète Cynthia, c’est la finalité de l’utilisation des informations générées par l’IA. « Que Sky News s’en serve pour commenter un mariage, c’est une chose, mais qu’en est-il d’une utilisation par la police dans les pays où l’homosexualité est hors-la-loi ? », se demande Cynthia.

Pour elle, IA et orientation sexuelle ne se traduisent pas forcément par un bénéfice réciproque. Cynthia admet que l’IA influence l’imagination et stimule l’innovation, mais elle pense que le fait de classer les gens dans des catégories induit généralement un effet plus négatif que positif.

Elle conclut en déclarant que « les gens doivent veiller à ce que l’intelligence artificielle s’appuie sur l’éthique, et pas seulement sur la technologie ».

L’événement, qui s’est tenu le 16 mai, était organisé en collaboration avec l’association LGBTI suisse Pride@Work et UN Globe, une organisation LGBTI des Nations Unies.

Partenaires

Journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie

Press Statement

L'ONUSIDA en appelle à des partenariats renforcés pour ne laisser personne pour compte

GENÈVE, 16 mai 2018 — A l'occasion de la Journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOT), l'ONUSIDA en appelle à des partenariats renforcés pour soutenir les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) et leurs familles vivant avec le VIH ou face à la discrimination.

Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, a déclaré : « La stigmatisation, la discrimination et la violence sociale et physique contre les minorités sexuelles et de genre les empêchent d'accéder aux services de santé. Chacun a droit à la santé, peu importe son sexe ou son orientation sexuelle. Pour cela, nous avons besoin d'éviter toute forme de discrimination pour tout le monde, partout ».

Les hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ainsi que les femmes transgenres font partie des populations les plus touchées par le VIH dans le monde.

Plus de 40 % des 100 pays qui ont répondu à l'ONUSIDA criminalisent les relations homosexuelles. La criminalisation des personnes en raison de leur sexe ou de leur orientation sexuelle les oblige à se rétracter, s'éloignant des services sociaux et de santé essentiels, ce qui les rend vulnérables à une mauvaise santé et à l'itinérance.

Pour mettre fin au sida, il est essentiel de veiller à ce que les personnes puissent accéder aux technologies de prévention du VIH, notamment les préservatifs et la PrEP, et à un traitement et des soins de qualité contre le VIH sans discrimination. ONU Femmes, le Programme des Nations Unies pour le développement et l'ONUSIDA travaillent avec le Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH pour mettre fin à toutes les formes de stigmatisation et de discrimination liées au VIH. L'initiative nécessitera un appui multisectoriel rapide et un leadership de la société civile, et permettra de concrétiser les engagements assortis d'un délai déterminé par les États Membres des Nations Unies pour mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030.

Un engagement politique croissant et des investissements pour la santé et le bien-être de certaines des personnes les plus vulnérables de la société permettront de garantir que personne ne soit laissée pour compte.

IDAHOT, une manifestation mondiale de la diversité sexuelle et de genre, est commémorée chaque année le 17 mai. Le thème de cette année est : Alliances pour la solidarité afin de faire respecter les personnes LGBTI et leurs familles. 

Contact

UNAIDS
Charlotte Sector
tel. +41227915587
sectorc@unaids.org

Press centre

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Améliorer les données sur les populations clés

14 mars 2018

L’ONUSIDA a relancé son Atlas des populations clés. Cet outil en ligne, qui fournit toute une série d’informations concernant les personnes issues des populations clés dans le monde (professionnel(le)s du sexe, hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, consommateurs de drogues injectables, personnes transgenres et détenus), inclut désormais des informations nouvelles et actualisées dans plusieurs domaines. Outre les données concernant les cinq populations clés, des données relatives aux personnes vivant avec le VIH sont également disponibles.

Les nouvelles informations portent principalement sur les lois répressives, comme le refus d’enregistrement des organisations non gouvernementales, et sur les lois qui reconnaissent les droits des personnes transgenres. La refonte du site a été réalisée en concertation avec les représentants des organisations de la société civile, notamment l’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes, qui ont fourni une partie des nouvelles données concernant les lois répressives.

Des données relatives au nombre d’utilisateurs de Hornet, un réseau social gay, dans divers pays ont été transmises par les développeurs de Hornet pour l’atlas, et Harm Reduction International a fourni les informations concernant la mise en place de programmes de réduction des risques dans les prisons.

« Avoir des données sur les personnes les plus touchées par le VIH est fondamental pour mettre à disposition les services anti-VIH adéquats aux endroits correspondants », explique Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « L’Atlas des populations clés permet à l’ONUSIDA de partager les informations pour un impact maximal ».

L’Atlas des populations clés est un outil de visualisation qui permet aux utilisateurs de naviguer entre les données sous-nationales pays par pays qui concernent les populations particulièrement vulnérables au VIH. On retrouve par exemple des données sur la prévalence du VIH chez les consommateurs de drogues injectables dans 11 secteurs du Myanmar, sur les effectifs des populations clés, sur la couverture du traitement antirétroviral chez les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes sur 13 sites en Inde, ainsi que sur les services de prévention spécifiques et les comportements préventifs. Des données actualisées sur de nombreux indicateurs qui ont été obtenues dans le cadre de l’exercice de suivi de la pandémie de VIH/sida réalisé en 2017 sont désormais disponibles sur le site web.

Au cours des semaines à venir, les informations relatives aux personnes vivant avec le VIH vont être élargies, avec l’ajout de nouveaux indicateurs, et les données du Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida 2018 seront intégrées dès leur publication plus tard dans l’année.

Atlas des populations clés

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Mesurer l’homophobie pour améliorer la vie de tous

08 mars 2018

Un nouvel indice destiné à mesurer les niveaux d’homophobie a été élaboré, afin d’illustrer l’impact que l’homophobie exerce sur les pays.

Définie ici comme toute attitude, croyance ou action négative envers des personnes ayant une orientation sexuelle ou une identité de genre différente, l’homophobie est reconnue depuis longtemps comme un problème qui nuit à la santé publique. Les hommes gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes confrontés à la stigmatisation sont davantage susceptibles de s’engager dans des comportements sexuels à risque et moins enclins à suivre un traitement antirétroviral, et leurs taux de dépistage du VIH sont plus faibles. La connaissance du niveau d’homophobie, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, reste pourtant rare.

Ce nouvel indice, publié dans la revue European Journal of Public Health, combine à la fois des données sur l’homophobie institutionnelle, reflétée dans les lois par exemple, et l’homophobie sociale, qui concerne les relations entre les individus et des groupes de personnes. Les données qui alimentent l’indice proviennent d’une large variété de sources, notamment des Nations Unies, du Fonds monétaire international et de l’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes. Plus de 460 000 personnes ont été interrogées sur leurs réactions à l’homosexualité dans le cadre d’enquêtes menées à l’échelon régional, qui ont également servi de sources pour l’indice.

L’Indice de climat homophobe donne des estimations pour 158 pays. Il révèle que l’Europe occidentale est la région la plus inclusive, suivie de l’Amérique latine. L’Afrique et le Moyen-Orient sont les régions qui comptent les pays les plus homophobes, à l’exception de l’Afrique du Sud et du Cap-Vert, qui figurent parmi le top 10 des pays à revenu faible et intermédiaire les plus inclusifs. Parmi les pays à revenu faible et intermédiaire, la Colombie est la plus inclusive, tandis que la Suède occupe le premier rang mondial en étant le pays le plus inclusif de tous.

En comparant les résultats de l’indice avec d’autres données, les chercheurs ont découvert que les pays dont les niveaux d’homophobie sont plus élevés sont les mêmes que ceux qui présentent de hauts niveaux d’inégalité entre les sexes, des violations des droits de l’homme, une faiblesse des dépenses de santé et un faible niveau de satisfaction de la vie. Il apparaît que les hausses de l’Indice de climat homophobe dans un pays sont associées à une baisse de l’espérance de vie masculine et à une plus faible production économique.

L’indice montre ainsi les effets préjudiciables de l’homophobie sur la vie et le bien-être de chaque individu dans un pays, et pas seulement les gays et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. « Cet indice propose aux communautés des données intéressantes capables de les aider dans leur action de sensibilisation en faveur de sociétés plus inclusives », explique Erik Lamontagne, Conseiller économique principal à l’ONUSIDA.

En connaissant les effets néfastes de l’homophobie, les pays seront en bien meilleure capacité pour y répondre et améliorer la vie de tous.

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Devenir activiste pour en finir avec la discrimination

28 février 2018

Mis à la porte par ses parents lorsqu’ils découvrent qu’il est gay, Ezechiel Koffi n’a jamais baissé les bras.

« Mes parents m’ont dit que je leur faisais honte et que je vivais la vie d’un pécheur », raconte le jeune homme originaire de Côte d’Ivoire. Ce qui lui fait le plus de mal, ce sont les insultes de sa mère, qui lui dit qu’il n’a aucun respect pour leurs valeurs religieuses. Il les supplie de comprendre qu’il est leur fils et qu’ils devraient l’accepter tel qu’il est.

M. Koffi, âgé à l’époque de 24 ans, séjourne quelque temps auprès d’Alternative, une organisation non gouvernementale lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexe (LGBTI) située à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où il est alors bénévole depuis trois ans. Il continue de suivre des cours, tout en admettant qu’il lui arrive alors souvent d’avoir le ventre vide. Psychologiquement, il se sent anéanti. « C’était difficile, mais je ne pouvais plus me cacher », explique-t-il.

Grâce à l’appui de sa sœur aînée, ses parents le laissent finalement rentrer à la maison au bout de six mois. Bien qu’il ait à nouveau un toit permanent au-dessus de la tête et mange correctement, Alternative est devenu son second foyer. Depuis ce temps-là, il est entièrement engagé dans l’organisation. Devenu éducateur VIH et agent de santé communautaire, il brandit fièrement ses certificats sur son téléphone mobile.

Philippe Njaboué, le coordonnateur de projet d’Alternative, décrit l’inépuisable énergie de M. Koffi. « On peut l’appeler à toute heure de la journée ou de la nuit, il est toujours prêt à donner un coup de main et il va souvent au-delà de son rôle en intégrant des gens qui ont été rejetés ». Quand on lui demande s’il est une sorte de famille de substitution pour beaucoup de personnes LGBTI, M. Koffi sourit timidement.

Les nombreux groupes de discussion et de soutien lui ont permis, selon lui, de partager son expérience et d’aider d’autres personnes. Le garçon réservé s’est émancipé. Il n’hésite plus à révéler sa séropositivité au VIH. « Ça fait 10 ans que je vis avec le VIH », explique-t-il.

Il se souvient qu’à l’époque il ne pouvait pas toujours négocier l’utilisation d’un préservatif. Aujourd’hui, il met un point d’honneur à dire à tout le monde que le VIH est une réalité. « Utilisez des préservatifs, on peut vous aider, vous n’êtes pas seuls », s’exclame-t-il.

Il dit se sentir pleinement vivant au sein de la communauté LGBTI très soudée de la ville. « Je suis à l’aise, je peux m’exprimer et c’est épanouissant », ajoute-t-il. Mais il fronce les sourcils quand il évoque la discrimination constante que ses pairs et lui-même rencontrent au quotidien. En plus des moqueries et des doigts accusateurs, M. Koffi déclare que les commentaires homophobes sont omniprésents sur les réseaux sociaux.

« Nous méritons les mêmes droits que les autres et c’est ce qui me motive », explique M. Koffi.

M. Njaboué fait remarquer que la société, la religion et l’État jouent tous un énorme rôle dans le tabou qui entoure l’homosexualité en Côte d’Ivoire. « Un discours récent du directeur d’Alternative a été qualifié par un site web de « Discours du Roi des homosexuels », avec à la clé d’innombrables menaces de mort », raconte-t-il.

Ajoutant que ce cas n’est qu’un exemple parmi d’autres, il estime que la situation ne peut changer que si le gouvernement prend à bras-le-corps la question des droits de l’homme.

« La plupart des gens ne connaissent pas leurs droits, ni la loi, y compris un grand nombre de personnes chargées de la sécurité publique », explique M. Njaboué. « Non seulement le gouvernement doit éduquer les gens, mais il doit aussi condamner les comportements illégaux », ajoute-t-il.

Pour M. Koffi, sa visibilité lui fait prendre des risques, mais il va de l’avant. « Je veux vivre dans un monde sans discrimination fondée sur la race, la religion ou la sexualité ».

Mettre à jour

Ukraine : les populations clés ont maintenant leur plate-forme

13 décembre 2017

Les 11 et 12 décembre, les représentants des quatre populations les plus exposées au risque d’infection à VIH (consommateurs de drogues injectables, professionnel(le)s du sexe, personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexe et anciens détenus) se sont réunis à Kiev, en Ukraine, pour le lancement officiel de la Plate-forme nationale pour les communautés clés, ainsi que pour la définition des principales priorités en matière de sensibilisation et des modalités de gestion et de fonctionnement de cette plate-forme.

Parmi les priorités de la plate-forme figureront les moyens d’influer sur les politiques et les processus de décision, l’élaboration d’un ensemble de services de prévention du VIH répondant aux besoins des populations clés et la lutte contre la discrimination.

Les participants se sont mis d’accord sur le positionnement, le rôle et les contributions de la plate-forme dans le cadre de la riposte nationale au sida, sur la mise en œuvre d’une stratégie d’accélération et sur la forme que va prendre la campagne de 100 jours d’action pour la prévention du VIH. Ils ont également salué avec enthousiasme la collaboration avec les autorités néerlandaises, l’ONUSIDA et la société civile et se sont entendus sur une vision stratégique harmonisée de la participation de la société civile et de la plate-forme à des événements importants tels que la Conférence internationale sur le sida, qui se tiendra à Amsterdam, aux Pays-Bas, en 2018.

Les trois principaux domaines d’action de la plate-forme en matière de sensibilisation seront les suivants :

  • la participation des communautés aux décisions concernant la santé, une riposte efficace au VIH et à la tuberculose et la protection des droits de l’homme ;
  • l’ouverture de l’accès pour les groupes clés à des services ciblés sur les besoins des communautés, gérés par les communautés et financés par les budgets nationaux et locaux ;
  • la protection des droits et la prévention de la discrimination.

Quotes

« Nous allons faire de notre mieux pour faire de la plate-forme un instrument de sensibilisation efficace qui nous permettra d’atteindre nos objectifs communs et d’influer sur les processus de prise de décision qui touchent nos vies et notre santé. »

Velta Parkhomenko Plate-forme nationale pour les communautés clés, Ukraine

« Le gouvernement néerlandais ne cessera de soutenir cette initiative pilotée par les communautés pour faire entendre la voix conjointe des populations clés en Ukraine et les faire participer aux décisions stratégiques au niveau national, régional et international. »

Monique Middelhoff Ministre des Affaires étrangères, Pays-Bas

« La Plate-forme nationale pour les communautés clés est un forum solide, transparent et auto-régulé de dirigeants communautaires et d’individus ayant une compréhension approfondie de l’activisme et qui formulent des positions et des déclarations conjointes. »

Jacek Tyszko Directeur national de l’ONUSIDA en Ukraine

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