Young people

Press Release

Un nouveau rapport de l’ONUSIDA montre qu’il est possible de mettre fin au sida d’ici 2030 et décrit la marche à suivre pour y parvenir

GENÈVE, le 13 juillet 2023—Un nouveau rapport publié aujourd’hui par l’ONUSIDA montre qu’il existe une voie bien précise pour mettre fin au sida. Cette voie aidera également l’humanité à se préparer et à répondre aux futures pandémies et contribuera à la réalisation des Objectifs de développement durable. Le rapport « The Path that Ends AIDS » contient des données et des études de cas qui montrent que l’éradication du sida est un choix politique et financier, et que les pays et les leaders qui suivent déjà cette voie enregistrent des résultats extraordinaires.

Le Botswana, l’Eswatini, le Rwanda, la République unie de Tanzanie et le Zimbabwe ont déjà atteint les objectifs 95-95-95. Cela signifie que 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur état sérologique, que 95 % de ces personnes suivent un traitement antirétroviral vital et que 95 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable. Seize autres pays, dont huit en Afrique subsaharienne, la région où vivent 65 % des personnes séropositives, sont également sur le point d’atteindre cet objectif.

« La fin du sida est l’occasion pour les leaders d’aujourd’hui de laisser une trace incroyable dans l’Histoire », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Les générations futures pourraient se souvenir d’eux comme les personnes qui ont mis un terme à la pandémie la plus mortelle au monde. Ils pourraient sauver des millions de vies et protéger la santé de tous et toutes. Ils pourraient incarner le potentiel du volontarisme politique. »  

Le rapport souligne que les ripostes efficaces contre le VIH sont celles qui s’enracinent dans un engagement politique fort. Cela passe par l’utilisation des données, de la science et des preuves, la lutte contre les inégalités qui freinent les progrès, le soutien apporté au rôle essentiel des communautés et des organisations de la société civile dans la riposte et la garantie d’un financement adéquat et pérenne.

Les pays et les régions où les investissements financiers sont les plus importants sont là où l’on enregistre les meilleurs progrès. Ainsi, en Afrique orientale et australe, les nouvelles contaminations au VIH ont diminué de 57 % depuis 2010.

Grâce à l’accent mis sur le sida pédiatrique et aux investissements pour y mettre fin, 82 % des femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH dans le monde avaient accès à un traitement antirétroviral en 2022, contre 46 % en 2010. Ces efforts ont entraîné une baisse de 58 % des nouvelles contaminations au VIH chez les enfants entre 2010 et 2022, soit le niveau le plus bas depuis les années 1980.

Les avancées de la riposte au VIH se trouvent renforcées lorsque le cadre juridique et politique ne porte pas atteinte aux droits humains, mais les garantit, permet leur application et les protègent. En 2022 et 2023, plusieurs pays ont supprimé des lois néfastes, dont cinq (Antigua-et-Barbuda, les îles Cook, la Barbade, Saint-Christophe-et-Niévès et Singapour) qui ont dépénalisé les relations sexuelles entre personnes du même sexe.

Le nombre de personnes sous traitement antirétroviral a quadruplé, passant de 7,7 millions en 2010 à 29,8 millions en 2022.

Cependant, le rapport indique également que le sida ne s’éradiquera pas de lui-même. En 2022, une personne est morte chaque minute du sida. Environ 9,2 millions de personnes ne sont toujours pas sous traitement, dont 660 000 enfants séropositifs.

Les femmes et les filles sont toujours touchées de manière disproportionnée, en particulier en Afrique subsaharienne. En 2022, dans le monde, 4 000 jeunes femmes et filles ont contracté le VIH chaque semaine. Seuls 42 % des districts dont l’incidence du VIH dépasse 0,3 % en Afrique subsaharienne bénéficient actuellement de programmes de prévention du VIH dédiés aux adolescentes et aux jeunes femmes.

Près d’un quart (23 %) des nouvelles contaminations au VIH se sont produites en Asie et dans le Pacifique, où les nouvelles infections augmentent de manière alarmante dans certains pays. Les nouvelles contaminations continuent d’augmenter fortement en Europe de l’Est et en Asie centrale (+49 % depuis 2010), ainsi qu’au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (+61 % depuis 2010). Ces évolutions sont essentiellement imputables à l’absence de services de prévention du VIH à destination des populations clés et marginalisées, ainsi qu’aux obstacles créés par des lois punitives et la discrimination sociale.

Le financement de la lutte contre le VIH a également reculé en 2022, aussi bien pour ce qui est des sources nationales qu’internationales, retombant au même niveau qu’en 2013. Les financements s’élevaient à 20,8 milliards de dollars en 2022, bien en deçà des 29,3 milliards de dollars nécessaires d’ici 2025. 

Nous avons aujourd’hui la possibilité de mettre fin au sida en raffermissant la volonté politique, en investissant dans une riposte au VIH pérenne et en finançant ce qui compte le plus : la prévention et le traitement du VIH fondés sur des données probantes, l’intégration des systèmes de santé, des lois non discriminatoires, l’égalité des sexes et l’autonomie des réseaux communautaires.

« Nous avons espoir, mais nous ne sommes pas habités d’un optimisme désinvolte qui s’installerait parce que tout se passe comme prévu. Il s’agit plutôt d’un espoir qui s’enracine en nous à la vue d’une opportunité de succès, d’une opportunité corrélée à des actions », a déclaré Mme Byanyima. « Les informations et les chiffres contenus dans ce rapport ne montrent pas que nous, l’humanité, sommes déjà sur la bonne voie, mais ils nous disent que nous pouvons l’être. La marche à suivre est claire. »

En 2022, on estimait que :

  • 39 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde
  • 29,8 millions de personnes avaient accès à une thérapie antirétrovirale
  • 1,3 million de personnes ont été infectées au VIH
  • 630 000 personnes sont mortes de maladies opportunistes

Contact

ONUSIDA Genève
Michael Hollingdale
tel. +41 79 500 2119
hollingdalem@unaids.org

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Résumé

Fiche d'information

Contenu pour les réseaux sociaux

Diapositives clés sur les données épidémiologiques

Feature Story

Il est urgent d’assurer la prévention du VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes

01 juin 2023

Je m’appelle Naadu Awuradwoa Addico et je travaille en tant que Project Officer au sein de l’association ghanéenne de planning parental, Planned Parenthood Association of Ghana (PPAG). Le 24 mai, j’ai assisté à une rencontre ministérielle organisée par la Coalition mondiale de prévention du VIH intitulée « Dialogue de haut niveau sur l’accélération de la prévention du VIH et de la préparation aux futures pandémies. »

Lors de cette rencontre, j’ai raconté l’histoire d’Abena, une jeune Ghanéenne qui, à 19 ans, a contracté le VIH auprès d’un homme de 40 ans, qui l’a contrainte à avoir des rapports sexuels en lui promettant de financer sa scolarité.

Je n’aborderai pas certains aspects évidents, mais j’ai néanmoins quelques questions : Et si Abena avait pu négocier des rapports sexuels protégés ? Et si elle avait eu accès à la prophylaxie pré-exposition (PPrE) ? Et si elle avait vécu au sein d’une communauté disposant de systèmes d’assistance sociale forts qui auraient répondu à ses besoins ?

Vous voyez : voici quelques-unes des raisons pour lesquelles la prévention du VIH n’attend pas !

De nombreuses adolescentes comme Abena sont confrontées à la pauvreté, au handicap, à la marginalisation, à la discrimination et à l’exploitation. Ces facteurs perpétuent la transmission du VIH et entravent une riposte au sida efficace. Rien que l’année dernière, une adolescente ou une jeune femme a contracté le VIH toutes les deux minutes.

Cette situation n’est pas juste préoccupante, elle est bien pire !

Les politiques et les lois doivent permettre aux jeunes filles non seulement d’accéder aux services de prévention du VIH comme la PPrE, mais aussi de poursuivre leur scolarité, quelles que soient leur vie et les circonstances. Abena n’aurait pas dû payer un prix aussi élevé pour assurer sa scolarité.

Une expression populaire dit que « le travail d’équipe fournit un travail d’exception ». Ainsi, les jeunes femmes et les filles ont un rôle crucial à jouer dans nos efforts pour mettre fin au sida. Lors de la rencontre, j’ai donc appelé les gouvernements, ainsi que les responsables du monde entier, les donateurs et toutes les parties prenantes à fournir des ressources et à garantir que des filles comme Abena accèdent librement aux informations, à l’assistance et à des espaces sécurisés afin qu’elles échappent à une contamination au VIH.

Lorsque vous élaborez et mettez en œuvre des programmes de prévention du VIH à destination des jeunes et que vous prenez des décisions cruciales pour notre santé et notre bien-être, faites entendre nos voix et relayez-les. Nous souhaitons travailler avec vous.

Related: UNAIDS alerts countries to an unprecedented opportunity to stop new HIV infections, end AIDS and prepare for future pandemics

Documents

Rapport mondial actualisé sur le sida 2022

27 juillet 2022

De nouvelles données de l’ONUSIDA sur la riposte mondiale au VIH révèlent un ralentissement des progrès de la lutte contre la pandémie de VIH et une réduction des ressources au cours des deux dernières années de COVID-19 et d’autres crises mondiales ce qui met des millions de vies danger. Le nouveau rapport, En Danger, est présenté en amont de la Conférence internationale sur le sida organisée à Montréal au Canada. Communiqué de presse

Feature Story

Mplus en Thaïlande : des services anti-VIH qui ont du style

13 décembre 2022

« Je ne risque pas de rencontrer ma mère ici ! », s’est exclamé un visiteur étonné.

Des bannières aux brochures, tous les supports donnent envie de les lire et débordent de joie de vivre. Les visages souriants et les torses musculeux sont omniprésents. Le violet se retrouve dans tout le bâtiment. Même les dossiers et les masques que porte le personnel sont dans cette couleur. Deux modérateurs sur Facebook Live ont le style et l’énergie de stars de la K-pop. Et le slogan de l’organisation est résolument optimiste : « Là où la communauté fait votre bonheur ».

En près de vingt ans, la Mplus Foundation a peaufiné son style unique pour fournir des services anti-VIH complets aux populations clés, y compris aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et aux femmes transgenres.

Sa méthode va bien au-delà d’une identité de marque cool. Mplus s’est appuyée sur des partenariats nationaux et internationaux pour créer un service de santé axé sur les populations clés qui enregistre des résultats impressionnants. L’organisation distribue plus de la moitié de la PPrE dans la province thaïlandaise de Chiang Mai.

Cette année, elle a fait un dépistage pour 95 % des quelque 8 000 personnes qu’elle a rencontrées avec ses services en direct. Parmi les personnes testées positives, 91 % reçoivent maintenant une thérapie alors que le dossier des 9 % restants est en cours de traitement. Et 100 % des tests de charge virale de leur patientèle ont indiqué une charge virale indétectable.   

« Les organisations communautaires sont les mieux à même d’inviter les populations clés à avoir accès aux services. Nous constatons que les personnes qui ne veulent pas se faire dépister à l’hôpital sont à l’aise avec les gens qui ont vécu ce qu’elles vivent », explique le directeur de la Fondation Mplus, Pongpeera Patpeerapong.   

Depuis sa création en 2003, Mplus a évolué pour fournir une gamme complète de services. Elle dispose désormais de centres de santé dans quatre provinces, tandis que leurs unités de test mobiles vont sur le terrain dans cinq autres districts. Son personnel soutient un hôpital local dans chaque province pour relier les personnes aux soins et les aider à respecter leur traitement. Mplus fournit des tests rapides, une surveillance de la charge virale et de CD4, et est également autorisée à délivrer des médicaments. Une petite flotte de motos livre même la PPrE à des bénéficiaires vivant dans des zones reculées.

Les actions sur Internet et hors ligne de Mplus sont toutes ancrées dans une stratégie dirigée par des pairs. Sa présence sur les réseaux sociaux est impressionnante, que ce soit sur Twitter ou Tik Tok. Elle possède des groupes Facebook fermés et des applications spéciales pour que les personnes puissent se connecter à la communauté. Hors ligne, elle ne propose pas que des stands d’information, mais organise des soirées et des rencontres sportives. Il ne s’agit pas seulement de mesures pour créer des liens. Les personnes prennent rendez-vous en ligne et les interactions en face à face donnent souvent lieu à un dépistage.

Mplus fournit également une assistance technique à d’autres pays. Elle soutient une organisation au Laos en intervenant sur Internet et aide des groupes communautaires au Cambodge à développer des campagnes de promotion de la PPrE.

Elle a joué un rôle clé dans la lutte au niveau national en faveur de l’accréditation du personnel de santé communautaire. Toute l’équipe de Mplus est certifiée par le Département de contrôle des maladies à la suite d’un cursus rigoureux mêlant connaissances théoriques et pratiques à des évaluations.

Le programme continue de progresser.  Mplus renforce son offre de soutien psychologique et émotionnel en matière de santé et s’efforce d’obtenir la certification pour fournir un traitement contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST).

Alors que, par le passé, le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida finançait plus lourdement le programme par l’intermédiaire de l’United States Agency for International Development, la moitié de ses investissements proviennent aujourd’hui d’entités de l’Office national de sécurité sanitaire.

« Le financement national est très important pour développer nos systèmes », a déclaré M. Patpeerapong. « Les organisations communautaires doivent pouvoir accéder à des fonds nationaux pour s’attaquer à plus de problèmes, comme la stigmatisation et la discrimination. »

L’autonomisation des services de santé dirigés par les populations clés joue un rôle crucial pour que les programmes de lutte contre le VIH enregistrent de meilleurs résultats en Thaïlande. Dans le pays, une personne séropositive sur cinq a été identifiée et orientée par un service de santé dirigé par une population clé dans le cadre du programme de financement de la santé nationale. Quatre personnes sur cinq prenant une PPrE sont prises en charge par des organisations communautaires. Ces services jouent un rôle essentiel dans la stratégie thaïlandaise « Reach, Recruit, Test, Treat, Prevent, Retain » (Atteindre, Rencontrer, Dépister, Soigner, Prévenir, Fidéliser).

« La Thaïlande est bien positionnée pour montrer comment satisfaire les besoins d’une riposte durable dirigée par les communautés dans le cadre de l’infrastructure sanitaire », a déclaré la directrice pays de l’ONUSIDA pour la Thaïlande, Patchara Benjarattanaporn. « En créant un système favorisant les services de santé de proximité, nous pouvons lutter contre le diagnostic tardif et offrir de meilleurs services aux populations clés. »

La Thaïlande intègre les services anti-VIH dans sa politique de couverture sanitaire universelle et augmente les investissements dans les services de santé dirigés par les populations clés et les communautés. Les membres du Conseil de coordination du Programme de l’ONUSIDA (CCP) ont visité Mplus et d’autres services de santé dirigés par les communautés en amont de la 51e réunion du CCP organisée à Chiang Mai en Thaïlande.

Press Release

Message des Nations Unies : les inégalités entravent la fin de la pandémie de sida

DAR ES SALAAM / GENÈVE, le 29 novembre 2022—Une analyse menée par les Nations Unies à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida révèle que les inégalités entravent la fin du sida. Au rythme actuel, le monde n’arrivera pas à atteindre les objectifs internationaux de lutte contre le sida. Le nouveau rapport de l’ONUSIDA, Inégalités dangereuses, montre que des actions urgentes sont nécessaires pour lutter contre les inégalités et permettre à la riposte mondiale au sida de respecter ses objectifs.

L’ONUSIDA a indiqué plus tôt cette année que la riposte au sida était en danger : les nouvelles infections augmentent et des personnes continuent d’en mourir dans de nombreuses régions du monde. Aujourd’hui, un nouveau rapport de l’ONUSIDA montre que les inégalités sont la raison sous-jacente. Par ailleurs, il indique comment les leaders du monde entier peuvent lutter contre ces inégalités et il leur demande de faire preuve de courage pour prendre des actions fondées sur les preuves fournies.

Le rapport Inégalités dangereuses révèle l’impact sur la riposte au sida de différentes inégalités : celles entre les sexes, celles auxquelles sont confrontées les populations clés et celles entre les enfants et les adultes. Il explique par ailleurs comment l’aggravation des contraintes financières complique la lutte contre ces inégalités.

Le rapport montre comment les inégalités entre les sexes, ainsi que les normes de genre néfastes freinent la fin de la pandémie de sida.

« Le monde ne pourra pas vaincre le sida tout en renforçant le patriarcat », a déclaré la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima. « Nous devons lutter contre les multiples inégalités auxquelles sont confrontées les femmes. Dans les régions très touchées par le VIH, les femmes victimes de violences commises par leur partenaire intime ont jusqu’à 50 % de risque en plus de contracter le VIH. Dans 33 pays, entre 2015 et 2021, seuls 41 % des femmes mariées âgées de 15 à 24 ans prenaient leurs propres décisions en matière de santé sexuelle. La seule feuille de route efficace pour mettre fin au sida, atteindre les objectifs de développement durable et garantir la santé, les droits et la prospérité partagée est une feuille de route féministe. Les organisations et les mouvements de défense des droits des femmes sont déjà en première ligne de ce travail ambitieux. Les leaders doivent les soutenir et apprendre d’eux. »

Les effets des inégalités entre les sexes sur les risques liés au VIH chez les femmes sont particulièrement prononcés en Afrique subsaharienne, où les femmes représentaient 63 % des nouvelles infections au VIH en 2021.

Dans cette région, les adolescentes et les jeunes femmes (15-24 ans) sont trois fois plus susceptibles de contracter le VIH que les adolescents et les jeunes hommes du même âge. Le facteur principal est un déséquilibre entre les sexes. Une étude a montré que le fait de permettre aux filles de finir leur scolarité secondaire peut réduire de moitié leur vulnérabilité à une infection au VIH. Ce risque diminue encore plus lorsque cette mesure est accompagnée par une série d’aides à l’émancipation. Les leaders doivent s’assurer que toutes les filles sont scolarisées, protégées contre des violences souvent perçues comme la norme, y compris les mariages d’enfants, et ont des possibilités économiques qui leur garantissent un avenir prometteur.

En mettant fin au déséquilibre endémique du rapport de force, les politiques peuvent réduire la vulnérabilité des filles au VIH.

Les formes toxiques de masculinité découragent les hommes à se soigner. En 2021, alors que 80 % des femmes vivant avec le VIH avaient accès à des médicaments, seuls 70 % des hommes séropositifs suivaient un traitement. Multiplier les programmes de transformation des relations entre femmes et hommes dans de nombreuses régions du monde est essentiel pour stopper la pandémie. Une plus grande égalité entre les sexes profitera à tout le monde.

Le rapport montre que les inégalités d’accès au traitement entre les adultes et les enfants freinent la riposte au sida. Alors que plus des trois quarts des adultes vivant avec le VIH suivent une thérapie antirétrovirale, seule un peu plus de la moitié des enfants séropositifs prennent des médicaments qui leur sauvent la vie. Ce déséquilibre a des conséquences mortelles. En 2021, les enfants représentaient 4 % des personnes vivant avec le VIH, mais 15 % des décès dus au sida. Combler l’écart de traitement pour les enfants sauvera des vies.

La discrimination, la stigmatisation et la criminalisation des populations clés coûtent des vies et empêchent le monde d’atteindre les objectifs convenus en matière de sida.

Une nouvelle analyse n’a montré aucune baisse significative des nouvelles infections chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en Afrique occidentale et centrale, ainsi qu’en Afrique orientale et australe. Face à un virus infectieux, l’absence de progrès parmi les populations clés sape l’ensemble de la riposte au sida et contribue à expliquer le ralentissement des avancées.

Partout dans le monde, plus de 68 pays criminalisent encore les relations sexuelles entre personnes du même sexe. Une autre analyse soulignait dans le rapport que les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes qui vivent dans des pays africains où les lois sont extrêmement répressives sont plus de trois fois moins susceptibles de connaître leur statut sérologique vis-à-vis du VIH que leurs homologues vivant dans des pays où les lois sont les moins répressives et où les progrès sont beaucoup plus rapides. Les travailleurs et travailleuses du sexe qui vivent dans des pays où le commerce du sexe est criminalisé ont 7 fois plus de risques d’être séropositifs que les pays où le commerce du sexe est légal ou partiellement légalisé.

Le rapport montre les progrès possibles dans la lutte contre les inégalités et souligne les domaines dans lesquels la riposte au sida a fait de grands pas en avant. Par exemple, alors que les enquêtes auprès des populations clés mettent souvent en évidence une couverture de services plus faible pour ces groupes sociaux, trois comtés du Kenya ont atteint une couverture de traitement du VIH plus élevée chez les travailleuses du sexe que parmi la population générale féminine (15-49 ans). Ce bon résultat a été facilité au fil des années par de solides programmes de lutte contre le VIH qui intègrent aussi des services dirigés par les communautés.

« Nous savons quoi faire pour mettre fin aux inégalités », a déclaré Mme Byanyima. « Garantir la scolarisation, la sécurité et l’émancipation de toutes nos filles. Lutter contre les violences sexistes. Soutenir les organisations de femmes. Promouvoir des formes de masculinité saine afin de remplacer les comportements toxiques qui exacerbent les risques pour tout le monde. Garantir que les services pour les enfants vivant avec le VIH les atteignent et répondent à leurs besoins, en comblant l’écart de traitement afin que nous mettions définitivement fin au sida pédiatrique. Décriminaliser les relations entre personnes du même sexe, les travailleurs et travailleuses du sexe, ainsi que les toxicomanes, et investir dans des services dirigés par les communautés qui permettent leur inclusion. Tout cela aidera à éliminer les obstacles aux services et à prendre soin de millions de personnes. »

Le nouveau rapport montre que le financement des donateurs contribue à catalyser l’augmentation du financement national : les augmentations du financement externe de la lutte contre le VIH pour les pays du PEPFAR et du Fonds mondial en 2018-2021 ont accompagné l’augmentation du financement national par une majorité de gouvernements nationaux. Il est urgent d’effectuer de nouveaux investissements pour lutter contre les inégalités liées au VIH. À l’heure où nous avons plus que jamais besoin de la solidarité internationale et d’un regain de financement, trop de pays à revenu élevé réduisent leur aide à la santé mondiale. En 2021, il manquait 8 milliards de dollars aux financements disponibles pour les programmes de lutte contre le VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire. L’augmentation du soutien des donateurs est vitale pour remettre la riposte au sida sur la bonne voie.

Les budgets doivent donner la priorité à la santé et au bien-être de toutes les personnes, en particulier les populations vulnérables les plus touchées par les inégalités liées au VIH. Les pays à revenu faible et intermédiaire ont besoin d’une bouffée d’air budgétaire pour investir dans la santé. Cela passe entre autres par une annulation de dette importante et une fiscalité progressive. L’éradication du sida coûte beaucoup moins cher que ne pas mettre y fin.

En 2021, 650 000 personnes sont mortes des suites du sida et 1,5 million d’autres ont été contaminées par le VIH.

« L’action attendue des leaders mondiaux est claire comme de l’eau de roche », a déclaré Mme Byanyima. « En un mot : pousser pour l’égalité. L’égalité de l’accès aux droits, l’égalité de l’accès aux services, l’égalité de l’accès aux meilleures découvertes scientifiques et aux meilleurs médicaments. Pousser l’égalité n’aidera pas seulement les populations marginalisées. Tout le monde en profitera. »

Journée mondiale de lutte contre le sida 2022

Inégalités dangereuses — Rapport de la Journée mondiale de lutte contre le sida 2022

DIFFUSION EN DIRECT LE 29 NOVEMBRE à 08h30 GMT

Feature Story

Au Sénégal, de jeunes personnalités féminines demandent d’améliorer l’éducation de leurs pairs

24 mai 2022

Dans le cadre de l’initiative Education Plus, de jeunes militantes sénégalaises ont rencontré des femmes influentes de la région pour discuter de l’éducation des filles en Afrique subsaharienne et des défis auxquels elles sont confrontées.

Une étudiante en deuxième année de formation professionnelle en travail social, a déclaré que les jeunes femmes qui, comme elle, vivent avec le VIH sont toujours confrontées à la stigmatisation et à la marginalisation économique dans la plupart des domaines de la vie. « Parfois, les médicaments ne sont pas disponibles en stock et il n’est pas rare que les jeunes femmes vivant avec le VIH doivent partager leurs médicaments entre elles en attendant la prochaine livraison. » Selon cette étudiante, l’éducation garantit un meilleur avenir aux jeunes, tout comme elle l’a aidée à surmonter les défis auxquels elle est confrontée en raison de son statut sérologique et de son enfance difficile.

Une autre participante, Maah Koudia Keita (connue sous le nom de Lady Maah Keita), une musicienne sénégalaise albinos, a déclaré que les femmes atteintes d’albinisme étaient victimes de harcèlement et que la majorité d’entre elles sont la cible de viol et de violence sexuelle.

Elle est l’une des trois bassistes professionnelles en Afrique et la seule au Sénégal. Elle a déclaré : « les gens comme moi qui ont eu la chance d’aller à l’école ont maintenant le devoir de détruire les idées reçues sur les femmes albinos, surtout celles qui favorisent la violence. » Selon Mme Keita, plus le niveau d’éducation et de sensibilisation de la communauté augmentera, plus les femmes et les personnes albinos auront les moyens de se défendre.

Au cours de la réunion, Adama Pouye, militante féministe et membre du collectif féministe sénégalais qui a mené le mouvement Buul Ma Risu (Laisse-moi tranquille), a abordé longuement la question de la sensibilisation sur les agressions sexuelles dans les transports en commun.

« La violence verbale est omniprésente et les femmes finissent par croire qu’elles l’ont bien méritée », a-t-elle déclaré. « On vous fixe des limites en se fondant sur des normes mises en place par une société patriarcale, par des hommes et par des normes religieuses, mais notre religion ne peut pas être interprétée de manière à opprimer les femmes », a continué Mme Pouye.

Les jeunes femmes sont des relais essentiels à l’initiative Education Plus. Cette dernière travaille avec elles pour rassembler les leaders politiques, les partenaires de développement et les communautés afin que le droit à l’éducation et à la santé de chaque adolescente soit respecté en permettant à toutes les filles de suivre une éducation secondaire de qualité sans être exposées à des violences.

Comme l’a souligné lors de la réunion la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima : « les filles sont très vulnérables ici en Afrique occidentale et centrale. »

Elle a également expliqué que quatre jeunes femmes sur dix sont mariées avant leurs 18 ans et que le mariage des enfants est une grave violation de leurs droits et qu’il empêche les filles de développer leur plein potentiel.

« La scolarisation des filles jusqu’à la fin de l’école secondaire est un levier de protection des filles contre le VIH. Nous avons lutté par le passé pour l’école primaire et nous avons réussi. Nous devons maintenant en faire de même pour l’école secondaire », a expliqué Mme Byanyima.

La secrétaire exécutive adjointe du Conseil national de lutte contre le sida au Sénégal, Fatou Nar Mbaye Diouf, a abondé en ce sens. « Nous savons qu’en permettant aux filles de finir leur éducation secondaire, cela les protège du VIH et améliore de nombreux autres facteurs de santé et de développement, » a-t-elle déclaré.

Communiquant des chiffres clés du Sénégal, Mme Nar a indiqué que le niveau de connaissances complètes sur le VIH augmentait avec le niveau d’éducation. « Parmi les jeunes femmes, il est de 10 % chez les personnes sans éducation et de 41 % chez les personnes avec une éducation secondaire ou supérieure, tandis que parmi les jeunes hommes, la connaissance du VIH varie de 9 % chez les personnes sans éducation à 51 % avec éducation », a-t-elle déclaré. « L’éducation est essentielle. »

La directrice régionale pour l’Afrique occidentale et centrale de l’ONU Femmes, Oulimata Sarr, a conclu cette réunion intergénérationnelle en déclarant que l’éducation des filles n’était pas une menace et ne devait pas non plus être considérée comme telle. « Nous voulons changer le paradigme et le changer avec les jeunes femmes », a-t-elle déclaré.

Mme Sarr souhaite que la prochaine génération soit soutenue dans ses revendications pour être davantage entendue dans la prise de décision. « Nous devons passer le flambeau aux jeunes qui disposent d’autres formes d’organisation que nous, créer un héritage intergénérationnel avec des jeunes qui nous demanderont des comptes. »

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Angola : un examen de la législation recommande une réforme des lois sur le dépistage du VIH pour aider le pays à réduire les nouvelles infections chez les jeunes et à assurer le traitement

11 mai 2022

Les nouvelles infections au VIH chez les jeunes représentent un défi d’envergure en Angola. En 2020, 7 000 jeunes entre 15 et 24 ans ont contracté le virus. Les règles empêchant les jeunes de faire un dépistage du VIH sont un obstacle à la réduction des nouvelles infections et à l’accès à un traitement dans cette tranche d’âge.

De fait, à l’instar de plusieurs pays, l’Angola n’autorise pas les jeunes de moins de 18 ans à faire un test sans l’accord préalable de leurs parents. Comme les jeunes ont souvent peur d’aborder le thème du dépistage du VIH avec leurs parents, beaucoup n’essayent pas de faire un test et restent donc sans connaître leur statut sérologique. Cette décision les expose à de graves risques et a un impact négatif sur les mesures de santé publique.

L’Angola a reçu le soutien du Technical Support Mechanism dans le cadre de ses efforts visant à éliminer ces obstacles. Ce mécanisme géré par l’ONUSIDA, piloté par les pays et financé par l’USAID aide les nations à surmonter les défis politiques et programmatiques liés au VIH.

Le Technical Support Mechanism a examiné les lois, réglementations et politiques angolaises concernant l’âge de consentement pour le dépistage du VIH et les conseils anti-VIH. Il a comparé leur adéquation avec les normes et standards en matière de santé publique et de droits humains, et a évalué dans quelle mesure elles entravent l’accès aux services.

L’examen s’est soldé sur une recommandation fondée sur des preuves qui invite l’Angola à supprimer les obstacles juridiques empêchant les jeunes, y compris les jeunes membres des populations clés, d’accéder aux services de dépistage du VIH et de la tuberculose. La mise en place de ces mesures permettrait aux jeunes à partir de 14 ans, et aux moins de 14 ans si ces personnes sont suffisamment matures, de rechercher et d’accéder au dépistage du VIH et aux conseils sans avoir à demander l'accord de leurs parents. Cela contribuerait à établir un environnement juridique propice au diagnostic précoce du VIH. En retour, l’accès aux informations et aux services anti-VIH réduirait la probabilité de transmission du VIH et contribuerait à une baisse des nouvelles infections au VIH et des décès dus au sida.

En permettant à davantage de jeunes d’accéder aux services de dépistage du VIH, l’Angola pourra également tirer parti des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour atteindre les jeunes membres des populations clés, car cela figure parmi les priorités pour atteindre les objectifs nationaux en matière de VIH. Les leçons stratégiques tirées de cette expérience pourraient également fournir des informations précieuses pour un soutien technique similaire en Afrique orientale et australe et dans d’autres régions.

« Il est essentiel de veiller à ce que les jeunes connaissent leur statut sérologique vis-à-vis du VIH. Les règles exigeant un accord parental empêchent dans les faits beaucoup de jeunes d’accéder au dépistage du VIH. Par conséquent, les jeunes ne connaissant par leur état sérologique et n’accèdent pas à des services vitaux contre le VIH. Les lois imposant un âge de consentement au dépistage du VIH doivent être supprimées dans l’intérêt de la santé de l’humanité. Cela sauvera des vies et aidera l’Angola à mettre fin au sida », a déclaré Michel Kouakou, directeur pays de l’ONUSIDA pour l’Angola.

Feature Story

Deuxième phase de l’observatoire des jeunes sur les progrès accomplis vers les objectifs 2025

06 avril 2022

La Déclaration politique des Nations Unies de 2021 sur le VIH et le sida : « Mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030 » a réaffirmé l’importance du leadership des jeunes dans la riposte au VIH.

Le Réseau mondial des jeunes vivant avec le VIH (Y+ Global) et le PACT sont deux réseaux innovants dirigés par des jeunes. Ce réseau est l'une des vitrines de l’esprit d’innovation et de l’ingéniosité des jeunes dans la riposte au VIH. Avec le soutien de l’ONUSIDA, ces jeunes déploient actuellement un outil de suivi sous leur direction, l’#UPROOT Scorecard 2.0, dans sept pays : le Burundi, le Ghana, le Kirghizstan, les Philippines, l’Ouganda, le Vietnam et le Zimbabwe.

Il s’agit de la deuxième phase de l’observatoire mené par les jeunes dont la première étape a débuté en 2017 avec le programme #UPROOT. L’initiative réunit les jeunes et les invite à s’impliquer pour évaluer la manière, dont la riposte de leur pays fonctionne pour la jeunesse et si cette riposte respecte les engagements envers les jeunes nécessaires pour atteindre les objectifs de 2025 en matière de VIH et l’Objectif de développement durable 3.

Tinashe Grateful Rufurwadzo, directeur des Programmes, de la Gestion et de la Gouvernance chez Y+ Global, travaille en étroite collaboration avec l’ONUSIDA sur le déploiement de l’outil. « L’équité, l’inclusion et la solidarité sont des principes fondamentaux pour veiller à ce que nous mettions fin à l’épidémie de sida d’ici 2030. L’outil #UPROOT Scorecards 2.0 continuera à renforcer le suivi dirigé par les jeunes au niveau national. Il permet de recueillir davantage de preuves en vue de sensibiliser et de responsabiliser nos gouvernements. Il y a un besoin continu d’améliorer la qualité des soins que reçoivent les jeunes vivant avec le VIH et touché-es par le virus dans notre diversité et de veiller à ce que nous menions tous et toutes une vie heureuse, saine et épanouissante. #UPROOT Scorecard 2.0 est une plateforme pour faire entendre notre voix et assurer notre avenir ! », a-t-il déclaré.

Ekanem Itoro, président du PACT, a souligné à nouveau la nécessité de disposer de données sur les jeunes. « Il est extrêmement crucial dans la riposte mondiale au VIH de renforcer l’engagement des adolescents et adolescentes, ainsi que des jeunes à l’aide de systèmes de données en temps réel et de plateformes interpersonnelles. Cela permettra d’avoir une influence positive sur les connaissances, les attitudes et les changements sociaux et comportementaux, mais aussi de renforcer la responsabilité sociale des prestataires de services et des décisionnaires en vue d’améliorer la qualité de vie des jeunes vivant avec le VIH et d’autres minorités sexuelles. »

Les jeunes représentent 16 % de la population mondiale, mais 27 % des nouvelles infections au VIH en 2020. Malgré le taux disproportionné de VIH chez les jeunes, cette classe d’âge continue de faire face à la discrimination et à l’exclusion des systèmes de santé et au manque d'information sur leurs droits sexuels et reproductifs, la réduction des risques et les services anti-VIH. En complétant les fiches d’évaluation, le PACT et Y+ Global souhaitent générer des données qualitatives précises pour les organisations nationales et locales dirigées par les jeunes afin de responsabiliser leurs gouvernements et leurs prestataires de services pour ce qui est des engagements pris en matière de santé et de bien-être des jeunes. Cela aidera à concentrer la mobilisation sur les priorités nationales identifiées pour atteindre les objectifs fixés dans la Déclaration politique sur le VIH/sida et la Stratégie mondiale contre le sida 2021–2026 : Mettre fin aux inégalités, mettre fin au sida.

« Le leadership des jeunes a été reconnu comme essentiel pour parvenir aux objectifs mondiaux qui ont été fixés. L’obtention de ces données sera primordiale pour renforcer le travail déjà crucial des réseaux de jeunes dans le monde entier », a déclaré Suki Beavers, Directrice du Département de l’ONUSIDA pour l’égalité des sexes, les droits humains et l’engagement communautaire.

L’ONUSIDA va continuer de collaborer avec des organisations dirigées par des jeunes en vue de promouvoir leur leadership dans la riposte au VIH.

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Indonésie : former le personnel de santé afin d'améliorer les services anti-VIH pour les jeunes populations clés

30 mars 2022

« Les jeunes d'ici n’ont pas un accès régulier aux services anti-VIH. Je veux vraiment inciter mes proches à se faire dépister, mais tout le monde a tellement peur. Les informations manquent, leur famille ne les soutient pas assez et mes proches ont peur de connaître leur statut », explique Andika Bayu Aji, un jeune originaire de Papouasie occidentale en Indonésie.

L’épidémie de VIH chez les jeunes en Asie et dans le Pacifique est négligée, même si environ un quart des nouvelles infections au VIH dans la région touchent les personnes âgées de 15 à 24 ans. La grande majorité des jeunes touchés par le VIH dans la région appartiennent aux populations vulnérables : personnes vivant avec le VIH, gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, personnes transgenres, travailleurs et travailleuses du sexe et consommateurs et consommatrices de drogues injectables.

Comme dans de nombreux pays de la région, les infections au VIH chez les jeunes en Indonésie, qui représentent près de la moitié des nouvelles infections, sont imputables à la stigmatisation et à la discrimination, à un manque d'éducation pour sensibiliser sur le VIH, à l’absence de services adaptés aux jeunes et à des tabous sociaux.

« Les jeunes sont bien trop souvent victimes de stigmatisation et de discrimination dans les environnements de santé. Le personnel de santé représente la première interface humaine. Si les services sont mauvais, les jeunes ne les utiliseront pas et diront aux autres jeunes de ne pas les utiliser. Ce qui nous limite, c'est que nous avons accès à quelques établissements seulement, parce que beaucoup, voire la plupart, ne sont pas adaptés aux jeunes », explique Sepi Maulana Ardiansyah, connu sous le nom de Davi et qui est coordinateur national d’Inti Muda, le réseau national des populations clés de jeunes en Indonésie.

Une étude récente menée par Inti Muda et l’Université de Padjaran a révélé une très faible propension chez les jeunes à accéder aux services dans des provinces comme la Papouasie occidentale, principalement en raison du manque de services adaptés à cette classe d'âge et du fait que le personnel de santé comprend mal les problèmes des populations clés. Les jeunes rencontrent souvent des difficultés d’accès aux services en raison de l’éloignement des cliniques et des hôpitaux, ainsi que des obstacles tels que l’âge minimum autorisé pour faire un dépistage.

La stigmatisation et la discrimination, en particulier la discrimination de la part des prestataires de soins de santé, découragent de nombreuses populations clés de jeunes à accéder aux services anti-VIH. Les principales problématiques concernent des préoccupations relatives à la vie privée et à la confidentialité. Parmi les autres obstacles, le rapport indique que les heures d’ouverture des cliniques publiques sont souvent inadaptées au quotidien des personnes, et que le personnel de santé peut porter un jugement dans ses suppositions et à travers son comportement, en particulier sur les questions liées à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre et à la santé mentale.

Entre le 14 et le 18 mars, Inti Muda, avec le soutien technique de Youth LEAD et de l’ONUSIDA, a organisé une formation de sensibilisation destinée au personnel de santé de deux villes, à Sentani et Jayapura, dans la région de la Papouasie occidentale. Plus de 50 personnes y ont participé. Quelques jours avant la formation, Inti Muda a organisé un festival qui a rassemblé plus de 80 jeunes. Cette manifestation s'inscrivait dans une volonté d'impliquer les jeunes dans la riposte au VIH et de générer une dynamique pour demander accès aux services anti-VIH.

« Avant cette formation, je ne connaissais pas les différents besoins des populations clés, ce qui entrave notre capacité à les toucher. Nous avons découvert des techniques importantes pour atteindre les jeunes, comme fournir des consultations adaptées, être sur Internet et les encourager à se faire dépister », résume Kristanti du District Health Office de Jayapura.

« J’ai appris que les jeunes ont des besoins variés. La formation nous permettra d’améliorer nos services pour qu’ils soient adaptés aux jeunes, ce qui est désormais notre priorité », ajoute Hilda Rumboy, sage-femme responsable du Département des services anti-VIH au Centre de santé primaire de Waibhu.

La formation et le festival ont été soutenus par le ministère australien des Affaires étrangères et du Commerce (DFAT). L’investissement récent de 9,65 millions de dollars australiens réservé par le gouvernement australien à partir de la sixième reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial), y compris le financement du DFAT de 2 millions de dollars australiens précédemment promis à l’ONUSIDA, vise à réduire le nombre annuel de nouvelles infections au VIH parmi les populations clés au Cambodge, en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux Philippines.

« Pour mettre un terme à l’épidémie de sida, il est essentiel de s'assurer que les jeunes et les groupes vulnérables aient accès à des informations précises et digestes sur la manière de se protéger du VIH, et que les équipements de dépistage soient bon marché et accessibles. C'est avec fierté que nous travaillons aux côtés des communautés locales et de l’ONUSIDA pour augmenter la disponibilité des informations sur le VIH, améliorer la portée et la qualité des services médicaux et encourager les jeunes et les groupes vulnérables à se faire dépister », a déclaré Simon Ernst, conseiller ministériel par intérim dans le domaine de la Gouvernance et du Développement humain auprès de l’Ambassade d’Australie en Indonésie.

La formation repose sur le manuel élaboré par Youth LEAD en 2021. Ce guide a bénéficié du soutien financier du Fonds mondial par le biais du Programme de développement durable des services anti-VIH pour les populations clés en Asie, ainsi que de l'assistance de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Asie et le Pacifique. Dans le cadre de la subvention DFAT octroyée pour les deux prochaines années, Youth LEAD étendra la formation à deux autres pays, le Cambodge et les Philippines, en soutenant des réseaux dirigés par des jeunes dans ces pays afin de proposer cette formation.

« Les jeunes rencontrent encore de nombreux défis qui les empêchent d’accéder aux soins de santé vitaux dont ils ont besoin. Le Bureau pays de l’ONUSIDA pour l’Indonésie travaille en étroite collaboration avec l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions et le DFAT pour veiller à ce que les réseaux dirigés par des jeunes aient la possibilité et les capacités de leadership pour prendre le contrôle de la riposte au VIH et s’impliquer directement dans la création d’espaces sans danger où les jeunes peuvent accéder aux services anti-VIH sans stigmatisation ni discrimination », a déclaré Krittayawan Boonto, directrice pays de l’ONUSIDA pour l’Indonésie.

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