Reportage
Une norme internationale du travail pour renforcer la riposte au sida sur le lieu de travail
21 juillet 2008
21 juillet 200821 juillet 2008Une majorité des 33 millions de personnes
qui vivent avec le VIH à travers le monde
travaillent et sont dans leurs années les
plus productives.
Photo: ONUSIDA/OIT/C.Serge
Une majorité des 33 millions de personnes qui vivent avec le VIH à travers le monde travaillent et sont dans leurs années les plus productives. Elles génèrent les revenus nécessaires pour soutenir leur famille et leurs compétences et expériences représentent une contribution importante pour leur lieu de travail et leur pays. Cependant, malgré des évolutions majeures au niveau des attitudes vis-à-vis du VIH et de la connaissance du virus, de nombreux travailleurs restent confrontés à la discrimination, la stigmatisation et la peur de perdre leur emploi.
Pourtant, le lieu de travail peut être l’un des milieux les plus efficaces pour combattre le sida dans la mesure où c’est une communauté où les gens se retrouvent, discutent et apprennent les uns des autres. Les structures et les installations existantes, telles que les services de santé du travail, peuvent aussi être utilisées pour proposer des services de prévention, de soins et d’appui en rapport avec le VIH.
Nouvelle norme internationale du travail
Pour élargir et renforcer le rôle du lieu de travail dans la riposte mondiale au sida, l’Organisation internationale du Travail (OIT), coparrainant de l’ONUSIDA, a lancé une procédure pour adopter une nouvelle norme internationale du travail sous la forme d’une ‘recommandation autonome’.
Les normes internationales du travail sont des instruments juridiques élaborés par les constituants de l’OIT – gouvernements, employeurs et employés – et qui fixent les principes et les droits de base au travail.
Renforcement du Recueil de directives pratiques
Si elle est adoptée, la nouvelle norme viendrait compléter, renforcer et élargir l’impact du Recueil de directives pratiques sur le VIH/sida et le monde du travail déjà publié par le BIT qui est axé sur la protection et la promotion des droits. Elle accroîtrait aussi la contribution du lieu de travail à la concrétisation de l’accès universel aux services de prévention, de traitement, de soins et d’appui en rapport avec le VIH.
Malgré des évolutions
majeures au niveau des
attitudes vis-à-vis du VIH et de
la connaissance du virus, de
nombreux travailleurs restent
confrontés à la discrimination,
la stigmatisation et la peur de
perdre leur emploi.
Photo: ONUSIDA/OIT/J.Maillard
Le Recueil de directives pratiques actuel du BIT a été intégré dans des lois et des politiques de nombreux pays, mais dans la mesure où c’est un instrument facultatif, son utilisation est optionnelle. En outre, il n’y a pas de disposition pour le suivi de la qualité ou l’étendue de son utilisation, comme ce serait le cas pour une norme.
Bien que la mise en œuvre d’une nouvelle norme ne soit pas une obligation pour les Etats Membres, elle devra être soumise, une fois adoptée, aux autorités nationales ‘en vue d’une action législative ou de toute autre action’. Cela fournira à l’OIT et à ses constituants l’opportunité d’examiner les mesures prises.
La norme offre une bonne occasion pour améliorer les services d’appui en rapport avec le VIH sur le lieu de travail selon le Dr Sophia Kisting, Directrice du Programme du BIT sur le VIH/sida et le monde du travail : « Ce processus d’introduction de la norme nous offre une opportunité exceptionnelle pour travailler de manière étroite avec différents départements de l’OIT, avec nos constituants, l’ONUSIDA et avec les réseaux de personnes vivant avec le VIH. Nous sommes encouragés par les réponses positives et les appuis qui nous avons reçus, et espérons élargir et intensifier les actions concrètes sur le lieu de travail grâce à un environnement juridique/de politiques renforcé ».
‘Le VIH/sida et le monde du travail’
La discussion d’une nouvelle norme internationale du travail est à l’ordre du jour des sessions 2009 et 2010 de la Conférence internationale du Travail. En prévision de cette discussion, le BIT a préparé un rapport global intitulé ‘Le VIH/sida et le monde du travail’ qui inclut la compilation la plus complète à ce jour des lois et politiques nationales sur le VIH et couvre 170 pays.
Le rapport révèle que plus de 70 Etats Membres de l’OIT ont adopté, ou sont sur le point de le faire, une loi générale sur le VIH alors que 30 pays ont adopté, ou sont sur le point de le faire, des règles spécifiques pour les lieux de travail. D’autres pays traitent la question du VIH dans le cadre soit de lois de santé publique soit de lois sur l’égalité des chances, et certains ont intégré la lutte contre le VIH dans le droit du travail.
Le lieu de travail peut être l’un des milieux
les plus efficaces pour combattre le sida
dans la mesure où c’est une communauté
où les gens se retrouvent, discutent et
apprennent les uns des autres.
Photo: ONUSIDA/J.Spaull
Ce rapport et le questionnaire qui l’accompagne ont été adressés aux Etats Membres de l’OIT. Il a été demandé aux gouvernements de répondre au questionnaire en consultation avec les employeurs et les travailleurs dans la mesure où il pose des questions sur leurs opinions quant à la portée et à la teneur de la norme proposée. Il a également été conseillé aux Ministères du Travail de consulter d’autres ministères nationaux et institutions concernés par la question du VIH, et de faire participer des organisations de personnes vivant avec le VIH et d’autres organisations engagées dans les programmes nationaux.
Etabli à partir des réponses au questionnaire, un deuxième rapport sera alors publié avec des conclusions préliminaires qui seront à débattre lors de la session 2009 de la Conférence internationale du Travail – laquelle préparera le terrain pour l’adoption de la nouvelle norme internationale du travail en 2010.
Le « Recueil de directives pratiques sur le VIH/sida et le monde du travail » du BIT a été adopté en 2001 après une large consultation incluant les constituants tripartites dans toutes les régions. Il a été traduit dans 57 langues à ce jour. En tant que cadre pour agir sur le lieu de travail, il contient des principes pour élaborer des politiques et des directives pratiques pour établir des programmes au niveau des entreprises, des communautés et des pays ; il couvre les principaux domaines suivants :
- Prévention du VIH
- Gestion et atténuation de l’impact du sida sur le monde du travail
- Soins et appui pour les travailleurs infectés et affectés par le VIH/sida
- Eradication de la stigmatisation et de la discrimination basées sur la séropositivité au VIH réelle ou perçue.