Reportage
Le Président sud-africain annonce une ère nouvelle pour la riposte de son pays
01 novembre 2009
01 novembre 200901 novembre 2009La riposte sud-africaine au sida a reçu une puissante impulsion grâce au discours historique que le Président de la République sud-africaine, Jacob Zuma, a prononcé devant le Conseil national des provinces le 29 octobre 2009. Ce discours laisse présager qu’un souffle nouveau va permettre d’élargir plus rapidement l’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’appui en matière de VIH dans ce pays, qui compte le plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH. Le Président exhorte l’ensemble des leaders à unir leurs efforts et à faire en sorte que la riposte de l’Afrique du Sud au sida repose sur des données probantes.
Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, a félicité le Président pour son vigoureux leadership, avec ces mots : « Le Président Zuma a fait preuve d’une clairvoyance extraordinaire en classant le sida parmi les priorités nationales de son pays. Sa volonté de mettre un terme à la négation de la réalité et d’entreprendre une campagne de mobilisation à l’échelle de la nation permettra de sauver des milliers de vies. »
Dans son discours, le Président a indiqué qu’il souhaitait que des progrès majeurs soient réalisés pour réduire de moitié le nombre de nouvelles infections à VIH et permettre qu’au moins 80% des gens qui en ont besoin aient accès à un traitement antirétroviral. L’ONUSIDA apportera son soutien au gouvernement sud-africain dans la concrétisation de cette promesse.
Quelques extraits du discours du Président Zuma devant le Conseil national des provinces figurent ci-dessous.
L’intégralité du discours peut être consultée en ligne.
Le Président Zuma a fait preuve d’une clairvoyance extraordinaire en classant le sida parmi les priorités nationales de son pays. Sa volonté de mettre un terme à la négation de la réalité et d’entreprendre une campagne de mobilisation à l’échelle de la nation permettra de sauver des milliers de vies.
Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA
« Notre jeune démocratie doit faire face à des difficultés importantes. Certes nous avons déjà atteint nombre d’objectifs, mais il nous reste davantage à accomplir. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous laisser submerger par ces difficultés, de même que nous ne devons pas les sous-estimer. Si nous voulons construire la nation prospère pour laquelle nous n’avons épargné aucun effort et pour laquelle tant de personnes ont déjà fait tellement de sacrifices, nous devons prendre la mesure de leur nature et de leur étendue.
Je souhaiterais mettre en avant deux difficultés majeures, qui risquent, chacune à sa manière, de saper les efforts que nous déployons pour améliorer la vie de notre peuple.
La première a trait à notre économie. L’économie mondiale traverse une crise majeure. Aucun secteur de notre société n’est épargné. Des entreprises, petites et grandes, ont fermé. Des milliers de travailleurs se retrouvent sans emploi. En quête d’assistance, nombre de familles ayant perdu leurs moyens d’existence et d’entreprises au bord de la faillite se tournent vers le gouvernement. » […]
« La seconde difficulté que je souhaite mettre en avant n’est pas moins grave. En effet, si nous ne réagissons pas de toute urgence et avec détermination, notre ambition de construire une nation prospère risque bien d’être contrecarrée.
Des statistiques établies récemment par le Ministère de la Santé, le Conseil pour la recherche en sciences humaines, le Conseil de recherche médicale, Statistics SA et d’autres sources, brossent un tableau inquiétant de la situation sanitaire de notre pays. Elles indiquent que près de six personnes sur dix décédées en 2006 en Afrique du Sud avaient moins de 50 ans. Un examen des tendances de la mortalité sur les dix dernières années montre que l’âge auquel les gens meurent évolue de façon dramatique. Le nombre de décès chez les jeunes augmente et risque de devenir plus élevé, proportionnellement, que le nombre de décès chez les personnes plus âgées.
Membres honorables, la mortalité de l’Afrique du Sud augmente rapidement. Le nombre de décès a fait un bond, passant de 573 000 en 2007 à 756 000 en 2008. Cela présente un véritable danger : la proportion des décès risque de dépasser bientôt celle des naissances. Les naissances enregistrées au cours de cette période s’élevaient à un million deux cent cinq mille cent onze (1 205 111). En septembre 2008 et août 2009, la Commission électorale indépendante a même dû retirer des listes 396 336 électeurs décédés.
La proportion de décès chez les jeunes femmes en pleine jeunesse, en âge de procréer, est encore plus inquiétante. En 2006, l’espérance de vie des hommes sud-africains à la naissance était de 51 ans environ, contre 70 ans en Algérie et 60 ans au Sénégal. Voilà quelques-unes des sinistres statistiques qui témoignent des effets dévastateurs du VIH et du sida dans notre pays.
Même les plus jeunes ne sont pas épargnés. Plusieurs études indiquent que 57% des enfants décédés avant l’âge de cinq ans en 2007 sont morts des conséquences du VIH. La forte prévalence de la tuberculose aggrave cette situation. Le taux, très élevé, de coïnfection VIH/tuberculose s’élève désormais à 73%. D’après des statistiques, 481 584 Sud-Africains sont atteints de la tuberculose. Mais ces chiffres ne traduisent pas totalement les ravages que fait cette maladie. Il faut se rendre dans les hôpitaux, les dispensaires et les centres de soins palliatifs pour voir les répercussions du VIH et du sida sur les personnes qui se trouvent, en théorie, dans la fleur de l’âge.
Il faut pénétrer dans les foyers pour voir les familles aux prises avec un triple fardeau : pauvreté, maladie et stigmatisation. À travers tout le pays, des gens déplorent la fréquence des décès parmi leurs amis et les membres de leur famille. » […]
« Certes nous sommes dotés d’une stratégie exhaustive de lutte contre le VIH et le sida qui a été distinguée au niveau international, et nous disposons du programme de traitement antirétroviral le plus étendu du monde, mais je tiens à souligner que nous ne sommes toujours pas en passe de gagner cette bataille. En tant que Sud-Africains, nous sommes tenus de mettre fin à cette situation.
Acceptons de devoir travailler encore plus dur et avec un nouvel élan pour mettre en œuvre la stratégie que nous avons élaborée collectivement. Il nous faut faire plus, plus efficacement, et ensemble. Pour relever ce défi colossal, nous devons agir de toute urgence et avec ténacité.
Arrêter la progression de la maladie au sein de toute la société passe nécessairement par l’adoption de mesures exceptionnelles. Nous serons amenés à mobiliser l’ensemble de la population, afin que tout le monde prenne en charge sa santé et son bien-être individuels ainsi que ceux de ses partenaires, de sa famille et de sa communauté.
Il faut absolument que tous les Sud-Africains sachent qu’ils sont exposés et qu’ils prennent des décisions éclairées en vue de réduire leur vulnérabilité à l’infection ou, dans le cas des personnes infectées, freiner la progression de la maladie. Chaque citoyen doit surtout avoir connaissance de son état sérologique vis-à-vis du VIH et être informé des possibilités de traitement qui s’offrent à lui. Certes le VIH et le sida constituent une grave menace pour le bien-être du pays, mais il y a lieu de les traiter comme n’importe quelle autre maladie. La honte, la discrimination et les récriminations n’ont pas leur place chez nous. Il est impératif que nous mettions fin à la stigmatisation qui entoure le sida.
Dans à peine plus d’un mois, nous célébrerons, comme d’autres personnes à travers le monde, la Journée mondiale sida. Décidons d’ores et déjà que ce jour-là, nous commencerons à redresser la situation dans le domaine du combat contre le sida. Décidons d’ores et déjà que ce jour-là, nous présenterons les grandes lignes des nouvelles mesures qui s’imposent pour intensifier nos efforts.
Faisons de la Journée mondiale sida, le 1er décembre 2009, le point de départ d’une campagne de mobilisation massive qui touche l’ensemble des Sud-Africains et les incite à adopter un comportement qui préserve leur santé et celle de la nation. Il s’agit d’une entreprise d’envergure, mais tout à fait à notre portée, et il faut dès à présent commencer à nous préparer pour mener cette nouvelle attaque contre l’épidémie.
Dans notre pays, les niveaux de sensibilisation sont spectaculaires, dépassant largement 95%. Il convient maintenant de nous employer activement à traduire ce savoir en un changement de comportement. Nous avons prouvé par le passé qu’en travaillant main dans la main en tant que nation, il nous était possible de surmonter les plus ambitieux des défis. Il est en notre pouvoir de relever celui-ci et nous y parviendrons.
Pour commencer, il ne faut pas nier la véritable nature de la difficulté que nous sommes tenus d’affronter. Il serait bon de ne pas se laisser décourager par les résultats. Nous avons plutôt intérêt à agir en montrant une énergie et une motivation encore plus intenses dans le but de vaincre.
Dans le cadre de la préparation de la Journée mondiale sida, j’ai chargé le Ministre de la Santé de donner plus de précisions à la nation quant à l’incidence du VIH et du sida sur la population. Il le fera la semaine prochaine.
Il est fondamental que notre peuple soit muni d’informations. La connaissance nous permettra de mettre un terme à la négation de la réalité et à la stigmatisation liée à l’épidémie. Sur cette base, nous comptons sur le Conseil national d’Afrique du Sud sur le sida pour élaborer, sous la conduite du Vice-Président de la République, Kgalema Motlanthe, une batterie de mesures visant à renforcer les programmes existants. Nous ne devons pas perdre de vue les objectifs fondamentaux que nous avons définis dans notre plan stratégique national.
Parmi ces objectifs figurent la réduction de moitié du taux de nouvelles infections et un élargissement à 80% du programme de traitement antirétroviral à l’intention de ceux qui en ont besoin, à l’horizon 2011. La prévention demeure une composante essentielle de notre stratégie. Il nous faut parvenir à un changement de comportement à grande échelle, surtout parmi les jeunes. Nous devons tous nous allier pour atteindre cet objectif.
Au moment de préparer la Journée mondiale sida et d’engager les programmes qui en découleront nécessairement, mettons à profit les expériences acquises de la mobilisation à grande échelle et de la participation de la société. Il faut que tous les secteurs commencent dès maintenant à insuffler une vigueur nouvelle à la lutte contre le sida et à la mobilisation de la population en vue de la Journée mondiale sida. En nous donnant la main, nous ne pouvons échouer.
Quels que soient les défis auxquels nous devons faire face, nous vaincrons. Quelles que soient les épreuves que nous devons endurer, nous triompherons. Car c’est en unissant nos efforts que nous nous donnerons les moyens de construire une nation prospère et que nous y parviendrons.