Reportage
Plein feu sur le Botswana: « la riposte au sida a eu un effet catalyseur sur le renforcement de notre système de santé »
21 septembre 2010
21 septembre 201021 septembre 2010ONUSIDA: D'après vous, quelle est la plus grande réussite à ce jour dans la riposte du Botswana au sida?
M. Malthare : Il y a deux niveaux de réussite : gouvernance et performances du programme En matière de gouvernance, il existe un leadership et une volonté politiques marqués pour la riposte au sida. Cela s'est traduit par une allocation des ressources financières nationales qui couvrent entre 70 et 90 pour cent des besoins de la riposte nationale.
Au niveau programmatique, le succès prend la forme de solides programmes de traitement antirétroviral et de prévention de la transmission de la mère à l'enfant (PTME) dont les taux de couverture sont respectivement de 93 % et 94 %. La qualité de vie des personnes vivant avec le VIH a été améliorée et le nombre de décès liés au sida a été réduit de 50 % depuis le début du programme de traitement. La transmission de la mère à l'enfant a été réduite à moins de 4 %.
La fréquentation des services de conseil et test volontaires est également élevée et atteint près de 56 % de la population sexuellement active et nous avons également remarqué une assimilation de 90 % du dépistage dans les établissements de santé.
ONUSIDA: Pourriez-vous évoquer quelques-uns des principaux obstacles à la réalisation de l'OMD 6 au Botswana ?
M. Malthare : Bien que nous n'ayons pas mesuré l'incidence, l'indicateur proxy de la prévalence du VIH chez les jeunes de 15 à 19 ans, selon les études sentinelles du Comité national de lutte contre le sida, indique que le Botswana a été en mesure d'arrêter la propagation du VIH et est passé d'une prévalence du VIH chez les adultes de 24,7 % en 2001 à 13,2 % en 2009. Toutefois, les objectifs nationaux de réduction de 50 % des taux d'incidence d'ici 2016 n'ont pas encore été réalisés. Le rapport « Know Your Epidemic and Response » publié récemment montre que les rapports hétérosexuels à faible risque sont le principal vecteur de transmission. Ici, ce sont des facteurs contextuels qui constituent le principal obstacle au changement. Il faut redoubler d'attention et d'efforts pour mobiliser les communautés et les individus en vue d'un changement de comportement plus important et soutenu. Mais pour ce faire, il faut mieux comprendre les interventions qui donnent de meilleurs résultats dans notre contexte.
ONUSIDA: En quoi les investissements réalisés par le Botswana dans la riposte au sida contribuent-ils à la réalisation des autres OMD ?
M. Malthare : La progression du VIH au Botswana a poussé notre système de santé jusquà ses limites et a mis en évidences des manques critiques qui avaient un effet sur la santé. La riposte au sida a eu un effet catalyseur sur le renforcement de notre système de santé. Parmi les principaux avantages, je citerai l'augmentation des ressources humaines formées, le renforcement des entrepôts médicaux centralisés dans la gestion de la chaîne logistique et la mise à niveau des services de laboratoire. L'impact de ces améliorations n'est pas limité au seul VIH mais touche l'ensemble des OMD liés à la santé.
Un autre domaine à citer est la prise en charge des orphelins et des enfants vulnérables. Ces actions ont un effet direct sur l'OMD 1, à savoir la réduction de la pauvreté. À la différence de ce qui se passe dans certains pays, le programme sida du Botswana n'établit pas de distinction entre les orphelins du sida et les autres. Tous les orphelins bénéficient du programme. De plus, l'offre d'un traitement antirétroviral gratuit signifie qu'une personne vivant avec le sida n'a pas besoin d'utiliser une partie de son revenu disponible pour acheter ces médicaments qui sauvent des vies. Ce programme a réduit la pauvreté et a allongé l'espérance de vie. Ce ne sont là que quelques exemples de l'impact de la riposte au sida sur d'autres OMD.
ONUSIDA: La riposte du Botswana au sida doit-elle être traitée comme un problème de santé publique indépendant ou en association avec d'autres mouvements internationaux pour la santé ?
M. Malthare : L'accent mis sur le VIH dans le premier cadre stratégique national a joué un rôle critique dans la dynamisation et la mise en œuvre d'une riposte efficace et il faut être prudent afin de ne pas perdre de vue les avantages qu'il y a à traiter le VIH en tant que problème de santé autonome. Ceci étant dit, alors que nous entrons dans le deuxième cadre stratégique national, il faut adopter une démarche plus holistique via une prestation de services intégrée tout en suivant toujours l'approche multisectorielle. Ainsi, les gains obtenus jusqu'à présent seront consolidés tandis que la rentabilité et des économies d'échelle seront atteintes.
ONUSIDA: Que se passe-t-il au Botswana pour faire de la prévention du VIH une priorité ?
M. Malthare : La prévention est la priorité n°1 dans notre nouvelle politique de lutte contre le VIH et dans le deuxième cadre national stratégique. De plus, le Botswana a développé un plan de prévention qui fournit une orientation à toutes les parties prenantes. Afin de garantir la réussite au niveau de la communauté, les partenaires ont été mobilisés afin d'adopter des initiatives de prévention qui ont fait leur preuve. Le pays est prêt à augmenter l'allocation de ressources pour la prévention afin de tenir compte de cette nouvelle priorité. Par exemple, la circoncision a été adoptée et son lancement va venir compléter d'autres efforts de prévention.
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