Reportage
La ministre de la Santé d'Indonésie promet de transformer la riposte nationale au sida
23 octobre 2012
23 octobre 201223 octobre 2012La ministre de la Santé d'Indonésie, Nafsiah Mboi, s'est engagée pour intensifier les programmes de dépistage du VIH et de traitement vers l'objectif zéro nouvelle infection à VIH et zéro décès dû au sida. La ministre Mboi a rencontré mardi le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, le premier jour de son voyage de deux jours en Indonésie.
L'Indonésie est l'un des nombreux pays d'Asie où il y a une progression des nouvelles infections à VIH. La ministre de la Santé estime que plus de 600 000 personnes vivent avec le VIH et qu'il y a plus de 76 000 nouvelles infections à VIH chaque année. Actuellement, la couverture pour le traitement contre le VIH est à moins de 20%.
Ceci étant, la ministre Mboi a promis une nouvelle approche à la riposte nationale au sida. Elle déclare qu'elle garantira que chacun connaîtra son statut sérologique et aura accès à un traitement contre le VIH. Les autorités de santé se concentreront sur 141 districts où les populations les plus exposées au risque sont les plus nombreuses. L'épidémie en Indonésie est concentrée sur les populations les plus exposées au risque comme les consommateurs de drogue, les professionnel(le)s du sexe et leurs clients ainsi que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
La couverture de santé universelle est un déclencheur de changement pour l'Indonésie. Je suis ravi de savoir que le traitement contre le VIH sera inclus dans ce programme national. Cela détermine l'étape pour un financement durable des programmes contre le VIH.
Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA
L'Indonésie prend un rôle actif dans la riposte au sida en Asie. En tant que président du sommet de l'ANASE (Association des Nations de l'Asie du Sud-Est), le pays a insisté pour l'adoption de la Déclaration d'engagement de l'ANASE visant zéro nouvelle infection à VIH et zéro décès dû au sida.
L'Indonésie prévoit également de devenir l'un des pays de la région qui propose des soins de santé universels d'ici 2014. La ministre de la Santé déclare que le traitement du VIH sera inclus dans la couverture de santé.
« L'Indonésie est un partenaire clé dans le pilotage pour stopper l'épidémie de sida, » déclare M. Sidibé. « La couverture de santé universelle est un déclencheur de changement pour l'Indonésie. Je suis ravi de savoir que le traitement du VIH sera inclus dans ce programme national. Cela détermine l'étape pour un financement durable des programmes de lutte contre le VIH. »
Les investissements nationaux dans riposte au VIH ont augmenté de manière significative en Indonésie depuis 2010, mais il y a encore un grand écart et, en 2015, l'Indonésie ne sera plus éligible au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
« L'Indonésie essaye de garantir la pérennité des services de lutte contre le VIH pour les personnes vivant avec le VIH une fois que les pays donateurs arrêteront d'apporter les fonds » déclare la ministre Mboi. « La ministre de la Santé prépare une stratégie de sortie. Nous prévoyons de couvrir 100% des traitements du VIH par le budget national du gouvernement, » ajoute t-elle.
Les autorités de santé augmentent les efforts pour cibler les programmes de lutte contre le VIH sur les communautés nécessitant le plus d'attention. Le partage des seringues parmi les consommateurs de drogue a été l'une des sources de l'épidémie de VIH en Indonésie. Depuis 2009, la Direction générale des corrections déclare qu'elle a renforcé ses programmes de lutte contre le VIH à 149 structures de correction dans 25 provinces.
M. Sidibé a visité la Narcotics Prison Cipinang dans l'Est de Jakarta, l'une des onze prisons modèles mettant en œuvre un programme de lutte contre le sida cohérent. Il a rencontré les autorités carcérales et a ensuite découvert la prison, visitant la clinique où sont fournis les traitements antirétroviraux et de substitution à la méthadone. Il a également visité le centre de formation d'activités où les détenus apprennent de nouvelles compétences, incluant la pâtisserie, la couture et l'artisanat.
« Ma visite aujourd'hui montre que même dans les prisons il est possible de restaurer la dignité des personnes, » déclare M. Sidibé. « La prison peut être une expérience transformative. Le gouvernement indonésien démontre un grand courage et de l'innovation avec son remarquable programme de moindre mal et de lutte contre le VIH dans les prisons. J'espère que le programme inspire d'autres pays pour montrer le même esprit d'entreprise, » ajoute t-il.
Mardi, la ministre de la Santé a organisé un dialogue entre M. Sidibé et les organisations confessionnelles comprenant des groupes religieux islamiques, chrétiens, hindous, bouddhistes et confucéens. Les leaders religieux sont des membres importants de la communauté et leur coopération est essentielle pour garantir le soutien à la prévention de lutte contre le VIH, le traitement et les soins. Les leaders ont admis que les organisations confessionnelles nécessitent plus d'éducation et de formation sur les questions liées au VIH pour qu'elles puissent aider leurs communautés.
Anggia Ermarini, secrétaire de l'unité de soins du Conseil Ulama d'Indonésie, l'organisme clérical musulman du pays déclare « De nombreux leaders religieux ne connaissent rien au sida. Nous souhaitons que les Nations Unies nous informent de la situation dans notre pays ».
Franz Magnis Suseno, un prêtre jésuite de l'Institut de philosophie Driyakara, a déclaré qu'il était d'avis que les organisations confessionnelles devaient commencer à éduquer les populations par rapport à la sexualité. Il a déclaré qu'il y avait une grande résistance à l'éducation sexuelle, mais que celle-ci était nécessaire.
M. Sidibé est en Indonésie au début d'une visite de trois pays en Asie, il visitera également la Birmanie et la Thaïlande.
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